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[RP] A la recherche du mouton perdu

Ellya
Il aurait été digne d’intituler ce chapitre palpitant de vie « Sergent Mucius à la recherche du mouton perdu ». Un fouet à la taille, un chapeau enfoncé sur son crâne, sur une chanson trépidante (jouée au luth, évidemment), il aurait sauvé, la veuve et l’orphelin. Moutons. Restons dans le sujet !
Hélas, hélas, le sergent Mucius n’avait de Mucius que le nom, comme l’avait plus ou moins compris la nonnette et le lui avait confirmé le fameux non-sergent.



Tout avait commencé un soir d’avril tandis qu’à la lueur de deux chandeliers et à l’ombre de trois pichets de bière avaient discuté filleule et marraine.
Diia. Je t’assure, ma chère marraine, durant ses leçons, il a fait montre d’un savoir hors-norme !
Ellya. Tu crois que je devrais laisser cinq minutes de mon discours pour Saint Etienne lors de l’intronisation d’Alfonse ?
Diia. Il savait tout. TOUT. Et il a contourné chaque piège.
Ellya. Mhm non, restons concentrés sur Sainte Illinda. Je prierai ce soir pour Etienne, tout ira bien.
Diia. Mieux, il a su réciter par cœur le …
Ellya. Oui! Je parlerai avec mon cœur, oui, bien évidemment.
Diia. Le crime ne restera pas impuni avec quelqu’un comme lui à mes côtés ! Tu verras, tu verras !
Ellya. Non, Alfonse restera derrière moi. Chaque chose en son temps. On ne peut pas voir la bénédiction et l’extrême onction en même temps !
Diia. MUHAHAHA ! Nous serons célèèèèèbres !
Ellya. Hein ? Quoi ?
Diia. Mucius et moi !



L’intronisation promettait d’être formidable ! Tout était prêt, la Prieure y avait veillé.
Mais voilà… Ce pluvieux matin d’avril, l’humeur joyeuse avait laissé place à une crainte sans nom. Que découvrit-elle en se rendant à sa bergerie ? Trois moutons ! Trois ! Et non quatre ! Le dodu, le maigre, le normal. Il manquait le petit dernier: le décharné.

Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, avait-elle hurlé, courant vers ses chers petits.

Blanc IV avait disparu. Volé. Kidnappé ! Et peut-être était-il sous le joug d’affreux supplices sur l’heure. Le nom de Mucius lui était alors automatiquement revenu en mémoire.
Et c’est ainsi qu’ils avaient convenu d’un rendez-vous ultra secret à la nuit tombée. Ni une, ni deux, elle avait revêtu sa robe de bure mauve et une cape grise (la tenue habituelle des Cisterciens du Rivet, en fait) : dis-crè-tion était le mot d’ordre. Elle s’était ensuite rendue en taverne pour rassurer ses ouailles chéries :
« J’ai un rendez-vous mais je ne rentrerai pas trop tard ! ». Puis elle avait prié, prié, prié et hop, à côté de son 'cheval' (personne n’avait jamais daigné lui apprendre à monter dessus ; y rester, encore, elle savait faire, mais monter ? Ce bougre de quatre-pattes avançait dès lors qu’elle osait lever une jambe, un comble !) elle s’était rendue dans la vieille grange abandonnée connue de tout un chacun.

Si elle avait su, elle aurait fait le pigeon pour annoncer à son sauveur qu'elle venait d'arriver: elle l'imaginait l'épier, du haut de cet arbre ou dans le fond de ce puits.


Hiiii Haaaaan.
Chut!

Maudit canasson. S'il brayait si fort, comment pourrait-elle entendre le mot de passe secret à la faveur de la nuit?
_________________
Mucius
Tout avait commencé dans une taverne. Cela commence toujours dans une taverne. Mais ici, point de noble compagnie attiré par une quête mystérieuse, point d'amis réunis par la poigne du Destin, et encore moins de dragon (au singulier) ou de princesses (au pluriel). D'ailleurs, ça n'aurait même pas dû commencer dans une taverne. Au petit matin, le ci-devant Mucius Scaevola, dont la description ne vous sera pas épargné, avait reçu un pigeon. Cet homme bien bâti, à l'âge indéterminé oscillant encore entre les vertes années et la première sagesse, en caressa d'étonnement sa barbe rousse parfaitement taillée. Il lut le message à trois reprises tant le contenu lui en semblait incongru. Une prieure ? Ainsi une prieure n'était pas une espèce rare d'oiseaux à couleur mauve comme il l'avait toujours pensé.Premier sujet d'étonnement. Et une si illustre personnage requérais son aide, à lui l'encore-apprenti sergent ? Une occasion pareille, ce n'était pas à manquer ! Une dame de cette qualité devait avoir des coffres regorgeant d'or, de bijoux, de pierreries et serait forcément fort généreuse s'il retrouvait ce mouton ! Puis il se reprit en se souvenant qu'il allait bientôt intégrer la Prévôté. Intégrité. Honneur. Dignité. La cupidité ne faisait pas parti de la liste. Mais après tout, rien ne l'empêchait de vendre des billets pour le bal de la Prévôté légèrement plus chers que le prix habituel...personne ne lui en voudrait d'empocher la différence comme...prime ?

Sur ces joyeuses et clinquantes pensées il sortit de chez lui après avoir convenu d'un rendez vous le soir même, la chemise d'un gris-jadis-blanc gonflée par l'impatience de secourir cette noble Dame. Puis il se rendit aux champs afin de les labourer. Il s'occupa de lettres de médiation à destination de plusieurs criminels. Il écrivit un long texte pour sa mairesse. Il fit l’acquisition de poissons pour la mairie. A la fin de la journée, épuisé, il ne pensait plus qu'à s'écraser sur le banc de la taverne et d'y écluser quelques godets. A la mi-nuit, il gesticulait debout sur une table pour raconter comment il avait arrêté toute une armée aux portes de la ville à un auditoire goguenard. Quelques heures plus tard, le tavernier allait le raccompagner jusqu'à la porte, interrompant sa grande discussion avec le douanier à propos de la taille réglementaire des miches de pain, quand le contact de sa main avec la missive dans sa poche lui rendit instantanément la mémoire


Par les Saintes Culottes de Mac Grégor ! La curetonne ! Je suis pas sensé être en taverne mais au rendez vous !


Paniqué, il bondit littéralement hors du troquet, avisa un cheval, sauta en selle et parti au triple galop. Au bout d'une dizaine de battements de coeur, il eut l'esprit assez clair pour poser quelque constatations. Déjà, il n'avait jamais su y faire avec les bêtes, ce cheval ne faisait pas exception. Ensuite, ce cheval ne lui appartenait pas. Enfin, il était en retard et ignorait totalement où était le lieu de rendez vous. Sans avoir eu le temps de dire fou, ou ouf, il avait déjà quitté Bordeaux et galopait dans la plaine. Enfin le cheval galopait, lui s'accrochait à la crinière en fermant les yeux. Curieusement, il venait de retrouver la foi. Ce n'est qu'à la dix huitième promesse de changement en cas de survie que le cheval fit une embardée soudaine qui projeta son fardeau à terre. Mucius se redressa, s’épousseta pour retrouver un semblant de dignité, et mira le paysage autour de lui. Des champs, quelque arbres, un talus. Au dessus des étoiles. Il était perdu.

Il choisit donc une direction au hasard et partit à travers champs. Dans l'obscurité de la nuit la chance devait lui faire un joli sourire car il tomba sur un chemin de terre au bout de quelques minutes. Il l'emprunta, désespérant de trouver quelqu'un à qui demander son chemin. Et justement, quelques instants après encore, alors qu'il pensait que son moral avait atteint le plus bas niveau, le son des sabots d'un cheval se fit entendre. Un cavalier arrivait au pas face à lui. Mucius ne pu en discerner plus qu'à quelques pas de l'homme. Un étrange halo sombre l'éclairait et pourtant on distinguait les contours de sa silhouette avec netteté grâce à la lumière de la pleine lune. Il portait une armure complète et très sombre, heaume et écu. Il stoppa à trois enjambées, distance que Mucius combla rapidement pour s'adresser directement à lui:


- Hola mon brave, le chemin de Marmande je vous prie ?
- Coupez à travers champs en suivant cette étoile et vous y serez dans quatre heures messire.
- Je vous remercie bien, méritant inconnu. Et connaissez vous une bâtisse abandonnée à proximité de la ville ?
- Mais bien entendu, vous la trouverez sur le même chemin mais bien plus tôt en ce cas
- Vous êtes d'une amabilité confondante. Dites, c'est amusant, j'étais en train de me dire, votre armure noire et votre écu frappé de lys et de lions dorés, c'est pour ressembler au Prince Noir ? Vous vous rendez à un bal masqué ?
- Oh non mortel, le Diable me permet de sortir une fois par an pour une nouvelle Chevauchée !!
- Ben c'est bien, c'est bien. Et chevauchez prudemment hein !


Le cavalier piqua des éperons et s'engouffra dans la noirceur de la nuit en poussant un terrifiant rire fantomatique. Mucius haussa les épaules en murmurant qu'on trouvait toujours des cinglés sur les routes la nuit.

Il reprit la route dans la direction indiquée, et au bout d'une bonne heure de marche il parvint aux environs de la grange. Cela lui faisait bien trois heures de retard mais il était là, c'est le principal. Il s'approcha à pas de loup mais en pleine plaine, ce qui rendait toute arrivée furtive assez improbable. A la porte mi close de la grange, il voulu se saisir du parchemin et lire le mot de passe particulièrement corsé qu'on lui avait proposé. Malheureusement, la missive avait dû glisser de sa poche durant sa folle cavalcade. Et évidemment plus moyen de se souvenir de la phrase. Mais il n'avait pas fait tout ce chemin pour le rebrousser ensuite. Il passa la tête par l'ouverture et tenta


Les chiens aboient, la caravane passe !
Ellya
Le feu s'était propagé à peu près à ce moment-là.


L'attente avait commencé normalement. Son bourricot et elle s'étaient rendus à l'intérieur de la grange. Il ne cessait de Hihanner au grand damne de la jolie Duranxie qui lui flattait l'encolure.

Tout va bien. Qui irait dans un lieu abandonné en pleine nuit, hein?! Nous sommes en sécurité, Jupiter!
Hiiii Haaaaan!
Et ça remuait des sabots, et ça soufflait des naseaux. Ça trépignait.
Emmitouflée dans sa cape fourrée de lapin -elle avait bien fait vœu de pauvreté mais les cadeaux de son estimé époux ne se refusaient pas- elle lorgnait les étoiles. En effet, la pauvre grange avait en son centre un trou suffisamment large pour que l'on puisse y observer la voûte céleste. Seul l'astre lunaire se faisait absent, trop excentré.

Hiiii Haaaaaaaaaan!

La pluie commença à tomber, par petites gouttes d'abord, puis ce fut l'averse. Recroquevillée dans un coin de la grange, il fallait bien avouer ce qui se passait: elle était terrorisée, la sainte nitouche. Et si son petit mouton était dehors, là? Et s'il n'avait pas mangé depuis deux jours? Pis! et si les kidnappeurs l'avaient... tondu?!

Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!

Le pauvre âne ne put jamais finir sa tirade.
Jupiter se vit électrocuter. L'éclair était là au mauvais endroit, au mauvais moment. Ou était-ce le canasson?
En bonne religieuse, oubliant durant quelques minutes son rendez-vous ultra secret, elle décida donc d'incinérer la pauvre bête: autant dire qu'elle se faisait grave ch*er, qu'elle était morte de froid, en deuil (plus pour le mouton que pour l'âne qui, de toute façon, ne lui appartenait pas) et impatiente. 3 heures! On avait dit 3 heures, s'insurgeait-elle intérieurement.
Le reste se passa diablement vite. Faute de force pour traîner l'animal à l'extérieur, elle décida de tout faire brûler: plus rapide. D'autant que cette grange ne servait à personne et qu'un bon feu ne lui ferait pas de mal.

Elle contourna donc le bâtiment et, une fois derrière, créa l'étincelle.


Les chiens aboient, la caravane passe ! hurla le vent.
Amen, répondit-elle pour l'âme du petit mouton... ou celui de l'âne? tandis que l'incendie démarrait.

edit: faute->vite
_________________
Mucius
Il s'attendait à se prendre un coup de pelle sur la tête pour n'avoir pas donné le bon mot de passe. Aussi ne rouvrit il les yeux qu'une poignée de secondes après avoir fini sa phrase.

Personne

C'était presque vexant. Certes il était en retard, mais il avait bravé canasson et ampoules aux pieds pour arriver ici. Il avait même conçu une excellente excuse à base de sorciers et de malédictions. Sauf que là, la grange était aussi vide que...qu'une vieille grange délabrée et vide quoi. Il eut beau se fendre d'un ou deux "ouh ouh !" bien vite emportés par le vent et la pluie, cela ne déclencha aucune réaction. Son instinct s'éveilla alors. Quelque chose n'allait pas. Selon tous les éléments en sa possession, une prieure encapuchonnée comme pour un rendez vous galant aurait dû se trouver là. Comme pour confirmer ce sixième sens hérité d'un passé sans nom où l'homme et la bête étaient si peu différents que les chevaux faisaient aussi des tiercés, une planche calcinée chuta à ses pieds. Mucius était un homme pragmatique. Si une planche lui tombait dessus, il levait les yeux en l'air. Pour se rendre compte que ce qui restait de la toiture était rongé par les flammes et menaçait de s'effondrer à tout moment. Seul le vent avait couvert le bruit de l'incendie à ses oreilles.

Mucius voulut crier sa peur du feu, qu'il tirait de la même époque que son instinct, mais il se ravisa rapidement en avisant un panache de fumée sombre rabattu par les bourrasques et qui noya l'intérieur de la grange. C'était un piège, nul doute possible ! Leurs pigeons avaient été interceptés ! Mais alors, la bigote devait être là, quelque part, peut être blessée ! Il était de son devoir de la secourir plutôt que de prendre ses jambes à son cou. Tâtonnant, jurant, trébuchant, Mucius déambula dans la grange. La fumée lui irritait gorge et yeux, et il sentait que bientôt la ruine serait un piège mortel pour ses occupants.

Fort heureusement, il buta à ce même moment sur un corps allongé dans la paille. La cliente ! Il saisit une de ses jambes - plutôt poilue se dit il aussitôt - et la traina au plus vite en direction d'une sortie. Courbé en deux, il parvint à quitter le piège en traînant le corps inanimé...de l'âne...
Ellya
Bonne chose de faite, murmura l'Oblate pour elle-même tandis qu'elle avançait légèrement les mains vers le feu en les frottant l'une contre l'autre pour les réchauffer. Il faisait frisquet, décidément. Puis elle allait devoir rentrer à pied.

Damned.

Tout ça à cause de lui! Elle en était sûre, ou presque. S'il n'avait pas pris Blanc IV, elle aurait pu être dans sa bourgeoise demeure, devant l'âtre brûlant, aux pieds de son époux, sous le joug de sa canne ou de ses railleries. Au lieu de cela, elle se retrouvait seule, en liberté totale et venait d'incinérer son canasson. Chienne de vie.

Ce furent des toussotements qui la sortirent de ses pensées. D'abord, elle crut qu'il s'agissait du vent joueur qui s'amusait à chatouiller les arbres alentours. Elle se ravisa bien vite. Le vent avait voix beaucoup plus mélodieuse.
Quittant à regret sa place, elle contourna la baraque en feu jusqu'à en atteindre l'entrée calcinée. Quelle ne fut pas sa surprise d'y trouver Jupiter, à moitié cramé, et un brigand accroché à sa patte!


Fourbe! Mécréant! On ne vole pas les morts! Enfant du Sans Nom! Parjure! hurla-t-elle pour couvrir le bruit de l'incendie.

Et, crosse tendue devant (car toujours elle se baladait avec cette crosse chère à son coeur), elle menaça le voyou, dans un instant de bravoure. Évidemment, cet instant n'était pas fait pour durer. Qu'il la menace à son tour et elle le supplierait à genoux, lui promettant gloire, titres et fortune!

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Mucius
Cette soirée avait mal commencé. Elle allait certainement mal finir. Une chevauchée sauvage, une longue et épuisante marche, un incendie, et à présent il tombait de Charybde en Scylla. Les yeux toujours mi clos, Mucius n'avait eu que le temps de faire quelque pas hors du brasier que déjà on le menaçait d'un vigoureux coup de bâton. L'inconnu le surplombait et vitupérait des paroles sans queues ni têtes, le visage dissimulé par la fumée.

Était ce du courage ? Était ce un sursaut d'honneur viril ? Ou tout simplement le bordelais craqua-t-il ? Alors qu'il s'était accroupi pour reprendre son souffle, il bondit sans aucune forme de tactique vers l'ombre se découpant dans le paysage de flammes. Il voulait que tout cela s'arrête. Car on pouvait le battre, le voler, le brûler, jamais on ne lui prendrait sa liberté ! Il n'était plus que force, élan et fureur. Personne ne le traitait de mécréant, personne.

Mais il y avait la flaque de boue. Au moment même où il agrippait le gourdin à son extrémité la plus proche, ses pieds rencontraient une plaque de boue, consistance visqueuse et flasque contribuant grandement à désolidariser les pieds du plancher des vignes (on était près de Bordeaux hein). Et ce qui devait arriver arriva. Ses jambes partirent en avant dans une trajectoire un peu trop horizontale, son torse suivi, son cri de rage se transforma en un "euaaahhhh" pataud et ses mains lâchèrent le bâton. La scène aurait été très impressionnante vue au ralenti. Mucius lui, la vivait en accéléré. Il ne vit jamais la crosse monter dans les airs, tourner trois fois sur elle même, puis chuter en vrombissant et heurter violemment le poitrail du cadavre animal. Non, il était trop occupé à récupérer de ses trois toises de glissade non contrôlée. Il pu juste admirer le résultat, c'est à dire un âne dont le coeur était reparti sous le choc qui braillait la douleur des grands brûlés tout en galopant au hasard dans la plaine, créature démoniaque laissant dans son sillage poils calcinés et odeur de barbecue.

Hébété, Mucius n'osait même pas se relever, préférant demeurer assis pour découvrir la prochaine catastrophe que le Destin goguenard lui infligerait
Ellya
...

Bouche bée, la nonnette cligna plusieurs fois des yeux pour s'assurer de leur fiabilité. Vainement. Les images ne changèrent pas. Pis, elles devaient floues! Au loin, le canasson s'éloignait. Jupiter était reparti comme en l'an 40, avec quelques poils en moins et une odeur de barbecue en plus.


Un miracle...

Son clair regard se détourna alors pour considérer l'homme coupable de ce qui se passait. Impassible, il semblait constater son œuvre. L'Oblate mit cela sur le compte de l'habitude, impressionnée et sidérée tout à la fois. Qui était-il? Cela ne l'intéressait que plus grandement! C'est probablement une des raisons pour lesquelles elle se jeta à ses genoux, faisant fi de la boue et oubliant les convenances, et entreprit de lui baiser les mains avec autant d'avidité et de ferveur qu'elle l'aurait fait pour un prélat.

Sauveur, vous êtes un sauveur! Un Saint! Un faiseur de miracles!

Tout, elle avait tout oublié des injures précédentes. Le mécréant était devenu prodige à ses yeux.

Vous l'avez ramené à la vie au péril de la vôtre! Je suis votre humble servante!

Elle avait la foy. Et la crédulité en option.
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Mucius
La catastrophe attendue se manifesta sous la forme d'une jeune femme. Laquelle se rua sur lui. En temps normal, cela ne dérangeait nullement Mucius, mais il faut ajouter qu'elle portait une robe de bure dont la couleur mauve agressait les rétines, apparence que la pluie n'avait guère contribué à améliorer, qu'elle roulait des yeux fous et était très décoiffée, caractéristique habituelle des fous ou des pauvres. Mucius eut donc un bien compréhensible mouvement de recul avant de l'entendre s'extasier sur ses..."miracles" ?

C'est à ce moment que ses pensées reprirent un cours normal. Et qu'il comprit ce qui se passait. Il avait réussi ce qu'il faisait le mieux, être au bon endroit au bon moment. Elle le prenait pour un Sauveur. Un Saint. Un Faiseur de miracles !! A partir de cet instant, assis dans une boue qui sera bientôt une relique, il fondait sa nouvelle religion. Bientôt, cette naïve créature prostrée à ses pieds répandrait bientôt sa parole. Il suivrait, monté sur l'âne brûlé comme preuve de ses pouvoirs. Les foules s'inclineront devant lui ! Il sera leur maître, leur Dieu ! Rien ne pourra jamais l'arrêter. Très vite, la Guyenne toute entière tombera sous son joug. Ses fidèles bâtiront des temples démesurés à Sa Gloire, on lui sacrifiera des jeunes vierges et on mettra des boucs dans son lit. Ou l'inverse, il ne savait pas, il verrait bien, tout devenait possible ! A partir de là, tout s'enchaînerait très vite. Il lancerait les Vrais Croyants en croisade contre le reste du monde. Dans ce monde assoiffé de miracles, de petits artifices entraîneront des conversions de masse au culte de sa Grande Personne. Ils lui bâtiront un palais des Milles et Un Plaisirs, et puis une pyramide, et...

Attendez voir ! C'était la même personne qui la minute d'avant le menaçait et le traitait de tous les noms ? Pour changer aussi vite d'avis la donzelle ne devait plus avoir tous ses moyens. Comme on disait par chez lui, elle avait tout l'air d'une tête de courants d'air. Voila qui expliquait le mauve de sa tenue. Impossible de fonder sa religion avec elle pour première disciple, personne ne le croirait jamais. Cruelle déception. Mucius préféra y faire face avec courage, se consolant avec l'espoir qu'un jour il l'aurait sa Croisade en son nom et son palais. Pour l'heure, il fallait s'occuper de cette malheureuse.


Tout va bien se passer mon enfant, relevez vous lui dit il calmement tout en la relevant. On a pas idée de se mettre dans des états pareils. A ce propos, vous n'auriez pas vu passer une abbesse en goguette ? Je devais la retrouver dans cette grange...la fin de sa phrase s'étrangla dans sa gorge. Était elle toujours dans le brasier ? Quelle était cette odeur de viande grillée ? La sauvageonne qui le pria avait elle allumé le feu ?
Ellya
Après qu'il l'eut relevée, elle ne lâcha pas ses mains, non, elle y resta cramponnée, comme le bulot à sa bouée, comme la marmaille aux jupons des mères, comme le mal de tête aux migraineux. Elle craignait trop qu'il parte vaquer à de miraculeuses occupations! Elle le voulait à elle, et pour elle. S'il lui apprenait à faire des prodiges, elle pourrait faire rayonner le Rivet, et peut-être même les moines à sa charge! Bon, sauf le Kro-magnon. Il ne fallait pas non plus croire à la magie!
Elle voulut lisser ses jupons, discipliner les mèches folles qui lui couraient sur la nuque mais se retint: jamais elle ne lâcherait le saint homme! Jamais! Ou alors, pas tout de suite... Elle avait le droit de savourer non? Son âme ne s'abreuvait-elle pas de l'âme du Miraculeux, ainsi côte à côte?


A ce propos, vous n'auriez pas vu passer une abbesse en goguette ? Je devais la retrouver dans cette grange...

Une étincelle passa dans le regard de la nonnette. Ou était-ce le reflet des flammes qui léchaient ladite grange?
"Une abbesse en goguette"... qu'il devait retrouver dans cette grange? La coïncidence était trop belle! Et si... Et si... La belle Duranxie fixa son interlocuteur, couvert de boue.


Je ne saurais trop vous dire... Peut-être que si vous m'aidiez... Certaines phrases sont... clés!

S'il connaissait le mot de passe hyper secret, plus de doute, elle aurait en face d'elle un saint mêlé d'un sauveur. Une chance inouïe...
_________________
Mucius
A la façon dont elle le fixait, il sentait bien qu'il avait dit une bêtise. Il percuta vite.

Ah euh ne faites pas de méprise n'est ce pas, je parlais d'un rendez vous tout ce qu'il y a de plus correct. Ce n'est pas parce qu'une nonne m'a dit de la retrouver en pleine nuit, dans le plus grand secret et le foin de cette masure, qu'il faut s'imaginer des choses pas aristotéliciennes.

Mais visiblement ce n'était pas ça qu'elle avait en tête


Je ne saurais trop vous dire... Peut-être que si vous m'aidiez... Certaines phrases sont... clés!

Nouveau percutage dans la tête du bordelais. Il commençait à avoir mal au front. Avait il affaire là à une simplette recueillie par la mère supérieure ? Sa commanditaire l'aurait alors postée ici pour ne pas se faire voir encore, avec pour mission d'exiger le mot de passe. Et la crémation d'un âne à demi mort ? S'agissait il aussi d'un signal ? En attendant, s'il ne parvenait pas à se remémorer le texte de trois pages qui tenait lieu de mot clé, jamais il ne pourrait capter la confiance de la sage et certainement riche collectionneuse d'ovins. Et visiblement la...brave, brave jeune fille ne le lâcherait pas. Mais comment faire ?

La présence d'un préposé céleste à l'écoute des réflexions intérieures du dénommé Mucius Scaevola devint alors de plus en plus probable quand une bourrasque venteuse plaqua sur son visage un parchemin. Non, pas un parchemin se rendit il compte après l'avoir décollé de sa peau, opération rendue très désagréable par la présence d'une grande quantité de boue, ô dieux ce qu'il haïssait cette boue, mais LE parchemin. Celui là même où elle avait couché de sa plus belle plume les dix lignes servant de reconnaissance.

Après un court merci à la personne qui s'amusait à pirater ses pensées tout là haut, il pu déclamer de la voix magnifique faisant sa fierté et sa gloire...




Ôooooooo Créateur Tout-Parfait,
Viens-nous en aide car les hommes ont pêché !
Ils se sont montrés odieux, infâmes, méprisants
Et ont attaqué le plus faible d'entre nous pour une absconse raison ! Aiiide-nous à ouvrir les yeux !
Aiiide-nous à trouver la force de discerner le bien du mal,
Le bon du truand.
Que cette nuit soit porteuse d'espoirs et d'un jour nouveau !
Que le petit mouton soit retrouvé en vie ! »
Ellya
Quel coffre vous avez là! Quel air noble!
Oh, Sainte Illinda soit louée...! Vous êtes mon homme!


Elle en pleurait, l'Oblate. Non de joie, non d'admiration - quoi qu'elle ne pouvait qu'en avoir face à ce futur sergent- mais à cause des cendres qui voletaient ça et là et piquaient son regard fragile. Ses mains quittèrent à regret celles de celui qui l'aiderait à retrouver Blanc mouton pour attraper un mouchoir propre afin d'éponger le sel qui perlait à ses yeux.

Amen, ajouta-t-elle, se rappelant soudain que telle devait être la réponse au "petit" mot de passe.
L'on ne m'a pas menti sur vos talents, vous êtes impressionnant, mossu Scaevola.

En moins de temps qu'il faut pour en dire, il avait tout de même réussi à sauver un âne censé être mort!

Venez m'en en aide et, je puis vous en faire la promesse, à jamais je vous serai reconnaissante. Parole. Mais trouvons un endroit plus calme pour parler.
La grange est en feu.


Détail qu'elle se permet de rajouter le plus naturellement du monde, comme deux bons vieux amis parlent de la pluie et du beau temps.
_________________
Mucius
Comment ça "Amen" ?

C'était elle la prieure ?

Mucius s'attendait à voir surgir un convoi de palefrois étincelants harnachés de soie pourpre tirant un immense plateau où serait érigé un trône posé sur une mer de pierreries, un trône portant une femme au port majestueux et hautain, reine parmi les religieuses, qui lui parlerait d'une voix posée et docte afin de galvaniser son coeur avant de le jeter dans une Sainte Quête...

Au lieu de cela il avait un petit bout de femme à la robe de bure grossière et criarde, maculée de boue et de cendres, pleurant et tremblotante. Même quelqu'un surgissant en hurlant "Surprise surprise !" aurait suffit au bonheur de Mucius.


Puisque personne ne semblait se manifester, il revint à ses devoirs de galant homme. Il se débarrassa de son pourpoint, ne gardant qu'une chemise, pour le poser sur les épaules de la jeune femme. S'agirait pas qu'elle claque elle aussi, deux miracles dans la soirée ça ferait beaucoup.

...Mais trouvons un endroit plus calme pour parler.

L'idée était brillante venant de la part de celle qui manifestement avait déclenché la catastrophe pyrotechnique où il avait manqué de mourir. Braquant son regard tout autour de lui, le quasi-sergent repéra rapidement un cabanon délabré certes, mais à l'allure honnête. Après avoir fait comprendre ses intentions à sa compagnonne, ils rejoignirent le petit édifice d'un pas rapide, Mucius suivent l'Oblate à la démarche sûre afin de s'assurer qu'elle se portait bien. La porte n'était pas fermé, le toit s'approchait d'une étanchéité optimale, et une petite réserve de bois sec n'attendait qu'une étincelle. Il enjoignit la quasi-sainte de rester dans un coin et de le laisser faire, plus par sûreté que par galanterie. Il cercla donc de pierre un foyer, doubla le cercle en hauteur et en épaisseur, puis disposa quelques brindilles, y mit le feu à l'aide de son silex tout en gardant les yeux braqués sur la flammèche...ce n'est qu'au bout de quelques minutes, rasséréné, qu'il osa nourrir un peu plus le feu sans la laisser s'approcher. Il avait compris qu'il ne fallait surtout pas la laisser jouer avec une flamme.

Il pu enfin s'installer confortablement dans son propre coin, faisant face à sa missionnaire. Il préférait la laisser parler, cela la réchaufferait tout autant que le feu.
Ellya
Assise sur une de ces chaises qui grincent au moindre geste, la nonnette observait avec curiosité l'homme pour lequel elle vouerait le lendemain une admiration sans faille et la semaine d'après un respect infaillible. Sentiments qu'elle n'éprouvait pas encore dans leur totalité et ne pensait pas ressentir un jour pour ce parfait inconnu, évidemment. Il n'avait rien des chevalier servants dont parlent les chansons qu'elle écoutait en secret, plus jeune. Ceux-ci étaient bruns, blonds ou chauves, à la limite. Jamais l'on n'avait chanté un héros roux. Les roux, la plupart du temps, finissaient sur un bûcher à la fin de la première strophe ou servaient de petit déjeuner au limier du chevalier à la fin du lai s'ils avaient la chance d'être encore vivants à ce moment du chant. Roux. Il l'était, lui, jusqu'au bout de la barbe. Et sa chemise à la couleur incertaine n'était pas de soie, ni de laine de bonne facture. Ces détails l'empêcheraient-ils d'être un héros?

Criiik

La Duranxie acheva de dompter les mèches blondes qui s'étaient échappées de la longue tresse qui lui battait l'épaule. Les mains à plat sur ses genoux, elle le considérait, encore, le futur-sergent. Les étranges regards en biais qu'il lui lançait dès qu'une brindille se mettait à crépiter l'empourpraient aussi violemment que lorsqu'il avait posé son vêtement sur ses frêles épaules. Il fallait bien avouer que l'Oblate n'était guère habituée aux démonstrations d'amabilité comme celles-ci. Pour la réchauffer, son époux avait trouvé une solution économique qui ne nécessitait qu'une canne en bois dur et quelques cris.

Criiik

Elle se décala légèrement sur la droite, pour le confort de son divin postérieur. Elle l'avait bien choisi, son héros. Même s'il était roux. L'on ne pouvait être parfait après tout. Il se tourna une nouvelle fois vers elle et elle lui offrit un sourire des plus charmants. Les mots lui brûlaient les lèvres mais le silence qui s'était installé paraissait nécessaire: elle ne voulait pas le déconcentrer. Faire un feu demandait un talent certain! En tant que membre viril de ce cabanon, elle imaginait qu'il voulait faire ses preuves: elle l'aurait volontiers aidé, sinon. Trop bonne, l'Oblate.

Criiik

Enfin il s'assit, tandis que dansaient dans l'âtre improvisé les flammes bénéfiques. Gênée, elle baissa un court instant les yeux. Elle regretta un court instant de ne pas l'avoir invité dans sa somptueuse demeure: habillée en parfaite bourgeoise, elle aurait pu lui servir un de ces crus fabuleux face à une de ces cheminées où un demi-tronc pouvait être mis à brûler. Las, le mouton appartenait à la religieuse et non à la bourgeoise et c'est donc en sacro-sainte qu'elle se devait de faire appel à lui. N'était-ce pas le rôle qu'elle préférait, au demeurant?

Criiik

Ellya se racla la gorge avant de se lever... de faire trois pas vers le feu... et d'y ajouter une brindille, le plus naturellement du monde.

J'ai grand besoin d'un homme tel que vous. Je ne sais plus à qui je puis me fier.

La suite aurait pu être grandiloquente et digne d'une véritable épopée: son fiancé abandonné et trahi, son époux mi-spinoziste, mi-misogyne, ses promesses à l'évêque mort comme de par hasard, l'enfant indésiré et probablement indésirable, bref. Mais la Prieure n'avait jamais eu le sens des priorités.

L'un de mes proches a volé un des moutons pour lesquels j'avais de grands projets. Ce mouton appartient au Rivet! Il doit être retrouvé. A tous prix. Et sous couvert de discrétion.
Serez-vous l'homme de la situation?

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Mucius
Contrairement à la destruction pyromaniaque de la grange, l'incandescente lueur avait quelque chose de rassurant. Dans ce monde de courroux et de fracas, dont la pluie s'écrasait bruyamment sur les planches autour d'eux, il y avait ce petit halo de paix et de chaleur. Mauvais maître, bon serviteur avait il toujours entendu dire. Les yeux rivés sur son oeuvre, il ne pouvait s'empêcher de laisser quelques souvenirs lui revenir en mémoire...la cheminée auprès de laquelle il aimait regarder le mur toute la soirée...les madeleines qu'il volait à sa tante...les moustaches du grand père qu'il fit brûler avec un tison...

Ce dernier reliquat de son enfance le tira de ses méditations tout en lui laissant la sensation tenace d'encore sentir l'empreinte des bottes sur son postérieur. Face à lui, quelqu'un le fixait. Ce n'était plus la jeune femme dépareillée rencontrée sous la pluie une poignée de minutes auparavant. Le feu avait séché ses vêtements, la lumière bien particulière lui donnait un air plus strict sans aller jusqu'au martial, et sa posture lui conférait une autorité certaine. Mucius se sentit pris de respect pour elle, pour cette femme respirant la confiance et l'assurance. Et qui n'avait point l'air austère et ridé attendu chez une grenouille de bénitier. En vérité elle était presque agréable à regarder, bien qu'il s'en garda de façon détaillée. Elle, en revanche, fixait avec attention son chef. Mucius se rendit compte de la présence persistance de son chapeau sur celui ci et l'ôta immédiatement. Ses souvenirs des convenances peinaient à revenir.

Le silence, entrecoupé des criiikements de la chaise de la prieure, n'était pas pesant. Il s'agissait d'un de ces moments décisifs jugea Mucius, un moment où après ces péripéties elle allait prendre le temps de le jauger et de se faire une idée sur lui. Il tenta de se faire le plus sérieux et le plus digne possible. Tâche qu'il estima impossible à mener correctement vu l'état dans lequel sa mise était. Mais après tout, il avait été convoqué pour une mission, pas un rendez-vous galant. Avec son titre elle avait dû épouser la religion et vivre dans une maison paisible entourée de tous ses chats, loin des hommes rustres et avinés.

Soudain, sans prévenir d'aucune façon, elle se leva vers les flammes...instinctivement Mucius se recroquevilla sur son siège. La main féminine se leva, s'approcha un peu plus..et lâcha une brindille dans l'âtre...la course du fétu de bois fut d'une lenteur insoutenable...il semblait au bordelais entendre l'air vrombir, fendu par ce bout de bois...il tombait, il tombait, il tombait...Mucius entendait déjà son oraison funèbre...sortiraient ils assez de ses restes calcinés pour remplir un cercueil ?...finalement le copeau s'écrasa sur les braises avec un naturel confondant, probablement acquis grâce à une grande connaissance de la gravité. Nulle explosion des forges de l'enfer, nulle éruption volcanique. Il se consuma rapidement. Peut-être qu'elle n'avait pas de malédiction liée au feu finalement...

Soupir de soulagement


Serez-vous l'homme de la situation ?

Il se leva égalemment. Fit quelque pas pour laisser du temps à sa reflexion et saisit sa pipe entre deux doigts pour la bourrer à nouveau. Malheureusement, il avait oublié sa bonne vieille pipe en bois auprès de son arbre et le cabanon était par trop exigu pour faire les cent pas. Il se contenta donc de deux, ce qui donnait une reflexion très courte, d'où sa réponse


J'accepte
Je ménerai cette périlleuse enquête pour vous. Bien entendu, j'ai besoin d'avoir carte blanche. Nous réglerons les menus soucis comme ma récompense à la fin, car pour l'heure je ne songe qu'à sauver cette pauvre créature.


Mucius s'était toujours moqué des animaux comme de son premier mandat d'arrêt, mais un animal comme celui là valait au minima une place au paradis. Après tout, aider une sainte revenait à être soit même saint selon le principe des vases communicants. Il fit demi tour, macula sa chausse de cendres, et revint prendre place sur sa chaise.

Pouvez vous me donner plus de détails sur l'enquête ? N'importe quoi, même le plus insignifiant, tout peut m'aider. Ce mouton avait il des ennemis ? Tout se passait bien dans la bergerie ? Qui est ce "proche" dont vous m'entretenez ?

Il la savait bouleversée par cette perte, aussi sa voix était plus posée, plus douce que jamais. Il n'était pas un policier à présent mais un vieil ami venu pour l'aider...
Ellya
Un sourire mélancolique flotta sur les lèvres de l'Oblate tandis qu'elle repensait à ce joli petit mouton.

***
M'dam! M'dam!
"Soeur" Alfonse. Combien de fois devrais-je vous le répéter? Dois-je vous charger des latrines pour que ce détail se grave dans votre mémoire?
...
Pardon... Excusez-moi mon bon Alfonse... Votre femme vient de rejoindre le Très-Haut, c'est vrai. Paix à son âme. Et... Hum... Non, non, ne pleurez pas! Je... Tenez, je vais m'en charger moi-même, de ces latrines! Vous n'aurez qu'à vous prélassez! Cela vous convient-il? Pas de pleurs, pitié.
... Mouè...
Bon. Bien. Parfait. Que puis-je faire pour votre bonheur, mon brave?
J'v'nais just' vous dir' qu'là bête s'est couchée. Le p'tiot va sortir.
Brebis Mignonne II? Vous êtes sûr?!
Aussi sû' qu'vous êt' pieuse, m'dam'!

Retroussant sa robe de bure, la nonnette s'était alors précipitée vers la bergerie, excitée de voir pour la première fois une délivrance! Au bout de dix pas, elle s'était arrêtée, haletante, et avait repris un rythme plus convenable pour la femme grosse de sept lunes qu'elle était alors. Oui, car si elle voulait assister à cela, c'était autant par curiosité inassouvie que pour se rassurer un peu. Si tout se passait bien pour la blanche brebis, tout irait de même pour sa personne. Le croyait-elle.

Au milieu de bêlements à fendre l'âme, Blanc IV avait vu le jour un petit matin frisquet de janvier.
Hélas, la Duranxie n'en gardait qu'un pâle souvenir. A peine arrivée, elle avait vu la brebis, avachie sur le sol neigeux, hurlant tandis qu'une bulle mystérieusement apparue au niveau de son ventre venait d'éclater. Une tête informe s'en échappa et, comme il l'était de rigueur, Ellya sombra dans l'inconscience et se retrouva, comme l'animal, avachie, sur la poudreuse boueuse.

***


Oh Mucius, je peux vous appeler Mucius?, ce petit mouton était tout ce qu'il y a de plus adorable. Un mouton béni du Très-Haut! Caractériel, cependant. Il s'est probablement défendu lorsqu'il fut capturé. Mais de ses frères et sœurs, il était aimé.

Bien droite, dos au feu, face à son roux chevalier, elle commença à lister les potentiels criminels.

Mais des ennemis humains, ça oui! Il en avait!

"J'en avais" aurait-elle dû préciser. Mais elle ne le concevait pas vraiment.

En premier, nous avons le frère Kro. Un grand barbu qui sent le jambon. Je ne serais pas étonnée qu'il ait voulu en faire son goûter.

Nous avons ensuite Elvire, une femme que je ne connais pas personnellement mais qui a dépensé une fortune pour acheter les vêtements fabriqués par notre Ordre. Il n'est pas impossible que, par soif de nouveauté, elle ait volé à la source notre meilleur lainier!

J'ai songé à Nestor, également. Un pauvre homme mais très pieux! Vous pouvez le croiser à la sortie de chaque messe, en train de faire l'aumône. Les rumeurs racontent qu'il ramasse ce qu'il trouve pour le vendre au plus offrant.

Enfin, il y aurait bien deux autres personnes mais...


De nouveau, la nonnette s'empourpra, mais de honte cette fois. Pouvait-elle les accuser, tous les deux? Oserait-elle? Elle jeta un regard bouleversé à son sauveur.
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