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[RP ouvert] Histoire d'un aller et retour *

Syuzanna.
[Sarlat - Jour du départ]

Le jour du départ est enfin arrivé. Depuis le temps qu'ils en parlent ! Il est temps, songe la rousse en sellant son alezan. Non pas qu'elle ne se plaise pas à Sarlat. La ville et les habitants sont très agréables, mais la jeune femme a besoin de la route, des chemins, des rencontres éphémères et souvent enrichissantes, en un mot, d'aventure. De sentir le vent dans ses cheveux alors qu'elle lance son cheval au galop. De voir s'étaler devant elle l'infini horizon. Les vertes vallées, le miroitement du soleil sur les lacs, la cîme des arbres des forêts. Depuis son exil, elle n'a jamais vraiment cessé de voyager. De longs arrêts, à Compiègne, à Laval, à Sarlat, mais toujours cette envie, ce désir, ce besoin, de reprendre la route à un moment.

Cette fois, Søren et elle ne seront plus seulement tous les deux. Une fillette les accompagne. Sensiblement le même âge que Loh, caractère bien plus trempé, histoire bien plus malheureuse. Enigma a décidé de venir avec eux jusqu'au bout de leur périple. Elle n'a pas fini de manger du caractère Ecossais, la petite !

Menant son propre cheval par la bride, ainsi que la pouliche de la jeune fille, la rousse s'avance vers le point de rendez-vous. La porte Est. La petite jument aussi blanche que la neige suit le mouvement, aussi docile qu'on peut l'être. La selle neuve risque de faire mal à Enigma, au début, mais elle se ferait au contact du derrière de sa propriétaire, au fil des semaines.

Elle avait, dans l'après-midi, envoyer son faucon déposer les missives à Søren et Enigma, leur indiquant l'heure du départ, et le lieu. Elle espère qu'ils ne tarderont pas. L'heure du départ approche.
Son chien, Touffu, ne la quitte plus désormais. Assis devant le cheval de Syu, il respire bryuamment, la gueule ouverte, langue pendante sur le côté. Il a son air bon et doux, confiant. Il va manger des kilomètres, lui aussi. Mais il en a déjà fait beaucoup, et il semble pouvoir tenir la distance.
Regardant autour d'elle, la Saxonne examine les alentours, les va et viens des passants. Quand arriveront-ils ?


*Référence au livre de Bilbon le Hobbit, sur son aventure anté-Seigneur des Anneaux

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Jessienigma
[Sarlat - Crépuscule]

*Cela faisait maintenant plusieurs jours que le voyage était annoncé et la jeune fille avait préparé avec soin cette première vadrouille avec ses amis. Elle avait toujours voyagé avec presque rien, se contentant de peu de nourriture et travaillant uniquement quand il le fallait pour ne pas rester l'estomac vide. On avait beau dire, mais son passé d'esclave lui avait au moins appris à profiter du peu qu'elle pouvait avoir du moment où elle était en vie et ne souffrait pas et ces dernières semaines avaient presque ressemblé à une idylle depuis qu'elle s'était réveillée au coin du feu dans une taverne pour rencontrer Seurn et Syu.

Au crépuscule, elle laisse sa petite maison en construction aux bons soins d'Edouardo qui se faisait un point d'honneur de la terminer pour son retour et elle prit son petit baluchon avec ses quelques miches, son petit livre et quelques fruits secs pour Aenyon, son bâton, acheté expressément au nain du village pour qu'il ne fasse pas une fois et demie sa taille, et le bébé écureuil qui avait choisit de se nicher au creux de son cou, comme devinant qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Elle jeta un dernier regard au lac de la ville avec une petite pointe d'amertume tant les baignades et la vue de ce miroir scintillant allaient lui manquer pendant leur périple, et elle se dirigea vers la porte Est de la Ville, tout-à-fait à l'opposé de son petit lopin de terre.

Elle avait hésité à accepter de les accompagner, ayant peur de les gêner dans leur petit couple mais également de leur montrer ce qu'elle pouvait devenir sur les routes mais elle avait décidé de faire fi de ces inquiétudes. Elle les considérait comme des amis et quelque part, un peu comme une famille également. Il était absolument hors de question de les perdre et il aurait été trop dommage de rester sans les voir pendant plusieurs jours.

Syu était déjà sur place et elle n'avait pu s'empêcher de se la jouer mère poule en sellant déjà la jolie jument aussi pure que la neige. Enigma ne put s'empêcher de sourire intérieurement. Elle l'avait bien dit que parfois, Syu avait des comportements franchement maternels. Comme si elle avait besoin de ça. Ca avait beau être agréable, elle avait l'habitude de prendre soin d'elle ... suffisamment que pour avoir survécu jusque là en tout cas.

Fermant sa grande gueule, la mioche se dirigea droit vers la rousse avec un sourire aux lèvres et lui plaque une grosse bise sur le front en lui emmêlant sa tignasse rousse pour changer.*


J'suis pas en retard ! Et sans pigeon s'il vous plait ! T'as vu ça !

*Elle s'approcha de la jument et posa doucement sa main sur l'encolure de la bête. Elle était jeune, encore un peu sauvage comme elle. Nul doute qu'elle avait été fort bien choisie. La jeune fille glissa son visage contre le pelage éclatant de la jument, sentant palpiter son sang chaud dans ses veines et étira ses petits bras pour caresser son poil soyeux.*

Oh tu es belle ! Toi et moi, nous allons bien nous entendre ... Nyanata. Ca te plait ce nom ? ... Je savais que ça te plairait !

*Elle se retourna alors vers Syu en lui faisant un sourire charmeur.*

Elle est magnifique !
Soren
[Pile j'éclaire, Face je sombre...]

Il y avait eu du bon et du moins bon pendant mon séjour à Sarlat. Et pas forcément là où je m'y attendais. Les retrouvailles avec ma Mère? La découverte du clan McFadyen? Eh bien finalement, ça s'était déroulé bien mieux que je ne l'avais anticipé. Certes, j'avais bien eu quelques démêlés avec Pattricia, mais au final ce n'était que des chamailleries sans grande conséquence. J'étais d'ailleurs convaincu qu'elle viendrait à mon secours en cas de besoin, tout comme je le ferais pour elle. La première partie de mon séjour s'était donc bien passée, oui. je ne plaisais tellement à Sarlat que j'en avais même fait mon village de résidence, abusant au passage de l'hospitalité de la môme au loup. Syu semblait se plaire également et Enigma, la fillette rencontrée à Tulle avait elle aussi décidé de les rejoindre.

Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes visiblement. La bière n'avait pas d'arrière goût de noisette comme à Mayenne. Les tavernes étaient souvent bondées, même tard la nuit. Le lac semblait être un lieu de visite apprécié.

Et puis tout a basculé. Les racines de ce mal, je ne les perçus pas tout de suite. Mais cette nuit fut terrible. Cette nuit où, la fièvre me tenaillant au corps, je me suis levé. Cette nuit où j'ai erré seul dans la nuit. Cette nuit où j'ai découvert ces cadavres dans une hutte qui se consumait sous l'assaut des flammes. Ces corps que j'ai sorti dehors, espérant qu'il y aurait encore des personnes en vie. Mais non! Pas un n'y avait réchappé. Ils avaient été massacrés, tous autant qu'ils étaient. Là, sans doute, je puis trouver l'origine du mal qui me ronge.

La réunion du clan McFadyen me permit d'oublier, pour un instant du moins, ces tracas, ces tourments. Mais les évènements négatifs se succédèrent. Ce fut l'annonce par la baronne de Gorron de la mort de sa fille Loh. Ce fut ce bâton que j'ai cru un instant avoir perdu. Ce fut cette brosse phénoménale que je pris en taverne un Dimanche soir... et une bosse pas moins impressionnante après le coup de poing que je reçus de Arth à ma demande. Ce fut encore ce mal de crâne le lendemain, et cette dispute, brève, en taverne avec Syu. Il m'avait fallu évacuer le noir qui montait en moi. Pendant deux jours et deux nuits j'errais dans la forêt de Sarlat. Le noir avait viré au rouge… au rouge sang! … La voile claque au vent, le renard glapît dans le champ. Toile rouge au vent, vent de l'ouragan, vent de guerre, loi des géants…… Le sang avait coulé. La Loire était bien trop loin pour rouler le sang, mais la forêt de Sarlat, elle s'en rappelait encore.

Par ailleurs, les nouvelles qui me vinrent de Pattricia n'étaient guère du genre à me remonter le moral. Personne dans le clan McFadyen n'était capable de neutraliser le poison qui empêchait ma blessure de guérir. Elle m'avait conseillé de me rendre au monastère de la Sainte-Trinité située quelque part dans l'Orléanais. C'est ça ou…mieux valait ne pas en parler! C'est ainsi qu'en ce 29 Avril, je rejoins Syu et Enigma à la porte Est de Sarlat. Mes vêtements sont sales d'avoir trainer dans la forêt. Ils sont arrachés par endroit. Tachés. Sales. Puants.. un odeur âcre s'en dégage. Syu et Enigma sont déjà arrivés. Tant mieux! On ne perdra pas de temps inutilement. Je leur jette à peine un regard. Je selle ma monture, cale mon sac de voyage et grimpe sur la monture à laquelle je n'attache aucune importance pour peu qu'elle ait quatre pattes solides!


Je suis prêt! Direction Tulle! Et on ne s'arrête pas dans cette ville-cimetierre! Ce n'est guère le moment de perdre du temps dans un lieu si ennuyant!

Telles sont mes premiers mots, mes premières gentillesses. Le noir est toujours là et il commence à m'agacer sérieusement! Il faut croire que l'écu est tombé sur face...
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Jessienigma
[Ca t'arracherait la gueule ?]

*Alors qu'elle observait son compagnon à quatre pattes sous toutes les coutures et que l'écureuil trouvait lui-même le meilleur endroit où se nicher au chaud et à l'abri de tout, c'est presque une apparition qui se faisait en la personne de Seurn. Elle écarquilla les yeux en le voyant ainsi. Il puait la mort, était absolument dégoutant. Ses vêtements semblaient avoir trainé dans les pires bas-quartiers de la ville ou dans les coins les moins praticables d'une forêt touffue. Il avait réellement une sale gueule et dans l'esprit de la jeune fille, c'était un mélange d'interrogation et d'inquiétude, avec une petite pointe d'énervement tant elle s'était inquiétée pour cet abruti.

Sans hésiter une seconde, elle grimpa sur la jument et cala son baluchon sur la selle avant d'amener sa monture juste devant celle de Seurn et de plonger son regard dans celui de son ami avant de lui parler particulièrement sèchement.*


Ca t'arracherait la gueule de dire bonjour ? Tu sais qu'on s'est inquiétées pour toi ?

*Puis se calmant légèrement*

Que t'est-il arrivé bon sang ! On dirait que tu viens de sortir d'une tombe ! Tu ne peux pas partir comme ça ! D'ailleurs tu pues la mort ! Même une simple trempette dans le lac tout habillé te fera sentir meilleur !

*Elle jeta un regard inquiet à Syu, se demandant si une telle chose s'était déjà produite et était normale. Si elle était bien d'accord pour Tulle, elle ne pouvait cependant que remarquer son humeur massacrante et que quelque chose ne tournait pas rond...

Qu'avait-il bien pu se passer à Sarlat qui le mette dans un tel état ? *
Syuzanna.
[Un état bien dangereux : croire comprendre *]

Ce n'est pas la colère qui l'envahit lorsqu'elle l'aperçut dans cet état. Ce fut une souffrance, comme elle n'en avait jamais ressenti de toute sa vie. Elle aurait préféré assister cent fois à la mort de son père et Duncan, plutôt que de le voir ainsi. C'est comme si ses propres épées s'enfoncent dans sa chair. Elle empoigne à pleines mains la crinière de son alezan, pour ne pas tomber de selle. Pour la seconde fois de sa vie, elle sent les larmes venir poindrent au coin de ses yeux. Mais elle se mord la lèvre inférieure, ferme les paupières, expire et inspire profondément. A quoi diable sert de pleurer ? Qui voudrait d'une femme pleurnicheuse ? Personne.
Mais pourtant... Ce creux, dans son estomac. Elle ne sait plus, en cet instant, si ses poumons sont vides d'air, ou trop plein.
N'a-t-elle pas dit qu'elle serait toujours là pour lui ? Et qu'a-t-elle fait pour l'aider ? Rien. Elle le croyait avec sa famille, avait accepté de moins le voir, parce qu'il devait avoir besoin de découvrir sa mère, et les autres MacFadyen.

Et maintenant... Maintenant, elle comprend. Croit comprendre. Et sa douleur empire alors qu'elle martèle ces mots, dans son crâne. Elle a envie de hurler, de frapper, de se terrer dans un coin et de pleurer toutes les larmes de son corps. Comment faire, lorsque notre monde s'écroule sous nos pieds ? Se raccrocher aux branches ? Mais non, il n'y a pas d'arbre. Juste la crinière de son cheval, qu'elle sert de toutes ses forces. En détachant l'un après l'autre ses doigts de sa prise, elle constate que l'intérieur de ses mains porte les stigmates de sa douleur. Quatre entailles dans chaque paumes. Marques de ses ongles
.

- Nous longerons la rivière, finit-elle par articuler. A la première halte, tu prendras un bain et tu te changeras.

Elle prononce ces mots en le détaillant. Quel comportement adopter, désormais ? Doit-elle être celle qu'elle a été pour lui ces dernières semaines, ou l'Ecossaise à la langue tranchante comme le fil de ses épées ? Tu te trompes, ma fille, fait une voix dans sa tête. Pour une guerrière, tu as beaucoup d'imagination, je trouve ! D'un geste agacé de la tête, elle fait taire la petite voix dans son esprit. Arrête, ça ne sert à rien ! Je suis ta Raison, et même si tu m'oublies depuis quelques temps, ferme le clapet de ton coeur, nigaude ! Etudie, observe, comprends, réunis des preuves, au lieu de tirer des conclusions hâtives ! La voix n'a pas tort. Il lui faut se reprendre, contrôler ses émotions. Ce n'est pas en fondant en larmes comme une enfant que la situation s'améliorera. Et depuis quand elle pleure, elle ? Tout ne tourne pas autour de toi, bourrique, se morigène-t-elle. Il a du se passer quelque chose. Quelque chose de grave. S'il n'ouvrait pas la bouche d'ici là, elle tenterait d'en apprendre plus, en cours de route.
Faisant aller sa monture au-delà de la porte, elle se lance dans un trot rapide, sans même vérifier que les deux autres la suivent.


*Paul Valéry
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Soren
[Prendre le noir*… faire voeu de silence.]

A chaque pas de ma monture, elle avance. Elle étend son emprise sur une journée faiblarde, fatiguée d'avoir brillé si longtemps. Un à un, le moindre recoin passe sous le contrôle de l'obscurité, comme une chope de bière qui se répand sur une table. La nuit, les ténèbres reprennent une nouvelle fois leurs droits. Ils règnent en maître sur le Limousin comme le Noir règne en maître dans mon esprit. Le noir… avec un N Majuscule. Sa Majesté le Noir! Son emprise est forte en moi. Cela fait des lustres que je ne l'avais pas senti si forte! Il est si omniprésent qu'il se matérialise physiquement sur mon visage, au fond de la prunelle de mes yeux, dans ces mains serrées sur la bride de cette vieille carne dont je me fous comme de ma première épée!

J'avance seul, perdu dans de noires pensées. Enigma se porte à ma hauteur. Elle me parle et je ne comprends qu'un mot sur deux. Je la regarde, un instant surpris de son impertinence. Je n'ai ni le goût de rire, ni le goût de faire de longs discours.


Pourquoi dire bonjour quand il ne l'est pas?

Hum? J'espère qu'elle a compris le message! Ce n'est pas un bon jour pour moi fillette! Ni ceux d'avant, ni ceux qui viennent. Laisse-moi en paix! Je ne puis rien pour toi aujourd'hui. Et à son tour, Syu prend la parole. Ses mots résonnent dans ma tête comme un ordre. Comme si elle était mon supérieur. Cette simple phrase ne fait que répandre en moi un peu plus d'encre noire corrosive et subversive. Mes mâchoires se crispent. Je ferme les yeux sur l'attaque que je subis. Les murailles ont été lézardées ces derniers temps. Des brèches sont apparues. Les défenses ont été fragilisées. L'ennemi le sait. Il prend de multiples formes. Celui d'une fillette ou encore celui d'une rousse guerrière. Il ne manque plus qu'une bonne bande de brigands! Des brigands? Oui, je regrette presque que nous n'en n'ayons croisé un seul sur le trajet. J'ai besoin de me défouler. Encore et encore!

Le soir, autour du feu de camp, je n'ai pas sommeil. Je reste dans mon coin, perdu en moi-même, taciturne. J'ai annoncé froidement aux filles que je prendrai tous les tours de garde. Je ne peux dormir. Je ne veux dormir. Je ne veux plus qu'ils reviennent! Je ne veux pas qu'ils me hantent de nouveau! Je ne veux rien, ni personne. Je veux me refermer tel un coquillage de mer, me faire balayer au gré du flux et du reflux des vagues d'amertume.

Le lendemain matin, notre chemin croise la rivière que Syu avait annoncée. Sans prévenir personne, je quitte la route pour m'approcher de la berge. L'eau est vive ici. Son ronronnement est puissant, tellement puissant qu'il distrait un instant mon esprit de ses préoccupations actuelles. Lorsque je remonte à la hauteur du reste du groupe, je suis toujours aussi sale et je sens toujours aussi mauvais. Pas de trempette. Même pas le bout des orteils! A quoi bon? Cette crasse est comme une gangue protectrice pour moi. Elle enveloppe mon corps comme le noir enveloppe mon esprit. Le physique est en harmonie avec le spirituel. Au moins à ce niveau, il n'y a pas de conflit.


Et maintenant, Limoges!

Telles furent mes seules paroles de la journée…


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Jessienigma
[Et laisser la nuit les envahir...]

*Ca n'était clairement pas un bon jour apparemment mais elle s'était quand même largement faite moucher par le jeune homme. Tout à coup il ne lui semblait plus si jeune que ça et elle se rendit compte que son passé devait être encore moins glorieux qu'elle ne l'avait pensé. Il n'était pas la peine de le forcer mais elle ressentait sa douleur et savait qu'il n'y avait aucun moyen de l'apaiser tant qu'il resterait refermé sur lui-même.

La première journée s'écula dans un silence de mort, seulement entrecoupé de temps en temps par une indication de direction ou par quelques mots de la mioche à ses animaux et quelques mots échangés par la gente féminine à voix basse au détour d'une baignade ou d'un chemin. Seurn avait exprimé son envie de faire tous les tours de garde mais il n'en était pas ainsi aux yeux de ma mioche qui avait quand même préféré venir s'asseoir auprès du danois pendant une partie de la nuit, en silence. Quand elle avait voulu aller dormir, elle avait juste passé un bras autour de son épaule sans lui demander quoique ce soir et lui avait plaqué une bise sur le front.

Le lendemain matin, l'ambiance était toujours aussi tendue et l'odeur commençait à être intenable, au point de faire froncer les narines de la jeune fille, mais elle se décida à ne rien dire, ça ne servait encore à rien pour l'instant. La journée passait, la selle commençait à lui faire mal aux cuisses et au fesses à force de sentir le frottement à même sa peau dénudée.*


Je sais que vous avez l'habitude de chevaucher toute la journée, mais il me faut une pause ! Je n'ai toujours pas de braies et franchement, la peau sur le cuir, ça finit par bruler !

*Elle sauta de sa jument et mena cette dernière jusque la rivière où elle plongea elle-même sans hésiter, appréciant au plus haut point la caresse de l'eau sur la brulure qui commençait à devenir mordante. Elle ferma les yeux et se laissa couler doucement ... puis commença à se débattre dans l'eau en criant à l'aide, battant dans l'eau en éclaboussant les alentours, et glissant de plus en plus bas, remontant de moins en moins à la surface ...*
Syuzanna.
[Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort *]

L'ambiance est aussi chaleureuse qu'un cimetière. Quelques mots échangés, de temps en temps, comme pour se rappeler qu'elle est dotée d'une voix. Peu lui importe, de ne rien dire. Le silence est oprressant, mais la rousse n'a pas le temps de s'apesantir là-dessus. Cela lui rappelle, par certains côtés, les grandes parties de chasse, autrefois. Partir plusieurs jours, ne pas faire de bruit, ne pas faire fuir les proies. Ce ne sont pas des animaux, qu'ils traquent, mais elle l'étrange impression que parler le ferait fuir, lui. Et de cela, il n'en est pas question.
Elle se concentre sur la route, consulte de moins en moins la carte. Les réflexes reviennent rapidement. Comme si elle s'était bridée durant un temps, et qu'elle réaprennait à vivre sans liens.

La nuit arrive et avec elle, les crépitement des flammes. Il leur dit qu'il veut prendre tous les tours de garde. Cela ne l'empêche pas de ne pas trouver le sommeil. Quelques heures de sommeil, trois tout au plus, entâchées des cauchemars habituels. Réveil en sursaut, respiration courte, idées sombres. Elle se redresse, jette un oeil sur le dos du Danois. Que lui faut-il faire ? Elle s'approche, à pas feutrés, hésite à plonger ses doigts dans sa blonde chevelure en pagaille. Non, c'est tout sauf le moment. Alors, elle s'éloigne, lui tournant le dos, et soudain, se met à courir. De toutes ses forces, de toute son énergie. L'horizon danse devant ses yeux, ses cheveux se plaquent en travers de son visage et son cou, elle ne sait pas où elle va mais peu importe. Elle court, et c'est le principal.

Elle s'arrête soudain, les mains sur les genoux, le souffle court. Elle se tourne vers le campement. Elle aperçoit la lumière du feu, au loin. Bien au loin. A ses côtés, l'éternel, le fidèle, le loyal, Touffu. Lui aussi halète, mais la regarde tendrement. S'agenouillant près de lui, elle fourre son nez dans le soyeux de son poil. Combien de temps reste-t-elle ainsi ? Elle ne mesure pas le temps. Mais lorsqu'elle relève le nez, une fine ligne rose se dessine à l'horizon. Il est largement temps de revenir. Ce qu'elle fait, à petites foulées.

Puis la journée s'écoule, tout aussi morose. Seuls sons s'échappant de ses lèvres ? Les sifflements à l'adresse de Touffu, et la désignation d'endroits précis à Enigma, lui narrant rapidement quelques informations qu'elle tient sur ces lieux. Le chateau de tel Seigneur, l'arbre de tel ancien druide. L'endroit où telle sorcière fut brûlée vive, un autre réputé pour la beauté du village.

Soudain, Enigma émet le souhait de faire trempette. C'est vrai que la petite doit souffrir de l'intérieur des cuisses. Pause accordée, évidement. D'ailleurs l'Ecossaise ressent le besoin de s'étirer.
Elle regarde d'un oeil sa jeune amie plonger. Esquissant un sourire, elle démonte en souplesse, et laisse son alezan brouter à son grés. Touffu se chargera de l'empêcher de partir trop loin.
Puis... Un détail attire son attention. La petite ne remonte pas. Syu étudie rapidement les environs. Non, ni à droite, ni à gauche.
Se délestant en vitesse des deux épées croisées dans son dos, la voilà qui plonge en un bond. Mais le fait qu'elle porte toujours ses bottes l'attire un peu trop à son goût au fond de la maudite rivière.
Elémentaire, ma chère Syu, se gausse la voix dans sa tête. Sous l'eau à moitié de gré, à moitié contrainte, elle aperçoit enfin la chevelure brune d'Enigma. C'est d'ailleurs par là qu'elle l'empoigne, avant de l'attraper sous les aisselles. Remonter, vite, remonter. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire ! Ses bottes pleines d'eau l'en empêchent.
Tendant les bras, elle sait qu'elle est parvenue à mettre la tête d'Enigma à la surface. A l'air libre. Mais sa propre réserve d'oxygène s'amenuise en même temps que ses forces.
Puis soudain, un grand plouf. Une force colossale l'attrape par le col et la tire vers le haut. Touffu.


*Nietzsche
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Jessienigma
[Quelle idée stupide !]

*Si elle avait pensé faire réagir Seurn, c'était tout simplement raté ! Une perte de temps pure et simple, et un danger pour Syu. C'était sans doute la pire idée qu'elle ait eu jusque là. Elle n'avait pourtant aucun risque de se noyer, du moins le croyait-elle jusqu'à ce qu'elle sente le poids de Syu l'attirer vers le fond de l'eau à peine l'avait-elle fait en sortir.

Se maudissant intérieurement, elle se dégagea des bras de son amie en reprenant son souffle avant de replonger dans l'eau. La jolie rousse était entrainée dans le fond à cause de ses bottes et elle semblait commencer à manquer d'air. Ne réfléchissant pas une seule seconde, Enigma fonça droit sur elle pour tenter de faire remonter la belle à la surface, tâche plus que difficile avec sa force de moucheron. Ne sachant que faire, elle la voyait se débattre de plus en plus. Elle remonta rapidement à la surface en hurlant.*


Seurnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn

*Elle reprit une grande inspiration et replongea aussitôt, fonça directement sur Syu , prit son visage entre ses mains et posa ses lèvres sur celle de la jeune femme pour lui insuffler de l'air, ensuite elle se laissa glisser le long des jambes de la rousse pour commencer à détacher ses bottes quand elle vit que Touffu était là et tentait de l'aider à remonter la jeune femme. Avec l'aide du chien, ça devenait possible.

Elle remonta à la surface reprendre de l'air, en redonna une partie à Syu et commença à la pousser sous les fesses pour aider Touffu. Que foutait donc Seurn ?

Elle finit par ramener Syu à la surface avec l'aide du chien et elle la tira sur la berge. Elle semblait très mal et avait sans doute avalé pas mal de flotte. Elle était légèrement bleuie et était dans les vapes. Enigma glissa ses mains sous le dos de son amie, attrapa les lacets du corset et commença à les dénouer rapidement, redonnant un peu plus d'air à Syu*


Seurn, si tu ramènes pas ton cul immédiatement, c'est moi qui me charge de toi !

*Dans sa voix, l'inquiétude perçait et elle hésitait sur ce qu'il y avait lieu de faire. La jeune fille posa ses mains sous la poitrine de Syu et appuya fortement, essayant de dégager toute l'eau qui aurait pu entrer dans ses poumons.*
Soren
[Histoire d'eau]

Il a suffit un peu d'eau pour que la petite en oublie qu'on est en voyage, qu'on est pressé et que l'heure n'est vraiment pas aux bêtises. Il parait qu'on appelle ça l'insouciance de la jeunesse. Ouais! Mais pourquoi dois-je endurer ça moi? Je démonte tranquillement de cheval et je vais m'adosser à un vieil arbre aux branches fourchues et dont le tronc est envahi de mousse. Je farfouille dans mon sac, en sort une pomme et la coupe en quartier à l'aide de ma dague. Une fois celle-ci avalé, je lance d'un geste rageur ma dague dans l'arbre devant. Je ferme les yeux et me frotte l'occiput avec les deux mains. J'essaie de contrôler ma respiration qui cherche à s'emballer.

Au loin j'entends des cris! Eh bé! Je vois que l'on ne s'ennuie pas par là! Ça a l'air de folâtrer dans l'eau! Je m'allonge contre le sol en mordillant un brin d'herbe. J'essaie de ne plus penser à rien, faire le vide en moi. Faire le vide pour éviter la colère, pour empêcher mes instincts de tueur de faire surface. Il faut que je garde le contrôle, que j’évacue le noir. Il le faut. Et vite! Mais à chaque fois les images du passé ressurgissent. A chaque fois, le ressac des vagues de haine vient heurter les falaises de mon esprit, les entamant peu à peu. Je dois reprendre le dessus sinon, je sens que je vais sombrer dans la folie la plus complète.

Je me lève. Je ne tiens pas en place. Je vais chercher ma dague enfichée profondément dans le tronc. J'ai du mal à la retirer. Je tire de toutes mes forces. Je manque de partir à la renverse lorsqu'enfin le végétal libère l'arme blanche. Les reflets du soleil sur la lame me fascinent. Ils m'éblouissent, m'hypnotisent, m'attirent irrésistiblement. Je pointe la lame sur ma poitrine, au niveau de mon sein gauche. J'appuie légèrement. une goutte de sang perle au travers de la chemise. Il est étrange comme la vie ne me peut parfois tenir qu'à un fil. Il suffirait que j'appuie sur le manche. Un geste sec! Tout sera alors fini. Plus de souffrance! Plus de noir ni de rouge. Plus rien! La paix et la sérénité la plus complète. Enfin! Une paix intérieure que je n'ai pas connue depuis longtemps m'envelopperait ainsi de son infinie douceur. Ce serait si agréable. Alors... pourquoi hésiter? Vas-y Seurn! Pousse-là cette dague! Pousse-là! Ma main tremble. L'envie est là, mais la volonté fait défaut. Je relâche la pression sur ma poitrine. Je ferme les yeux. Le moment est passé. Je n'en n'ai pas le courage. Je suis un lâche! Non! Pas un lâche! Les lâches sont ceux qui s'ôtent la vie sans raison. Mourir en combat est bien plus glorieux et utile que ce que je m'apprêtais à faire. Je regarde une fois encore la lame et la lame au niveau de mon visage. et puis... une à une, les mèches de cheveux tombent autour de moi. Harfagre? Belle chevelure? Non! Plus de chevelure! Plus de Hakon Harfagre Eriksen! Plus rien! Ma dague fait des ravages dans la coupe de cheveux. La découpe est totalement irrégulière. Ça et là, des touffes de cheveux restent accrochés sur le cuir chevelu tandis qu'ailleurs la peau est à vif, rougie par le feu de la lame. je coupe tout ce qui me passe sous la main quand j'entends distinctement cette fois mon nom. C'est la voix de la petite.

Je soupire! Il faut que j'aille voir ce qu'elle veut encore. Lorsque je les trouve, mes yeux se plissent de désapprobation. Je hoche la tête de gauche à droite. et m'agenouille devant Syu.


Tu t'y prends mal petite! Regarde!

D'un geste vif, je repousse la tête de Syu en arrière en plaçant deux doigts sous le menton. Je pince son nez et colle mes lèvres aux siennes en lui insufflant de l'air. Je réitère ce geste deux... trois fois!

As-tu compris? Il faut l'aider à retrouver sa respiration en lui permettant de dégager l'eau de ses poumons!
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Syuzanna.
[Bien sûr que ça se passe dans ta tête, Harry, mais pourquoi faudrait-il en conclure que ce n'est pas réel ? *]

De petites tapes sur ses joues lui firent papilloner les papupières. Ouvrant les yeux pour de bon, elle ne put que lui sourire. Il avait un air vaguement inquiet, mais il avait l'air de savoir qu'elle se serait éveillée à un moment ou un autre.

- Eh bien ma grande, lança-t-il en l'aidant à se redresser. Est-ce que c'est le moment de dormir ?

A ses côtés, MacDouggal se tenait aussi, tout droit et l'un de ses rares sourires se dessinant sur son visage buriné par les années.

- Tu peux m'expliquer ce que cela signifie ? fit-il en désignant quelque chose derrière elle.

Elle se retourna, et son coeur manqua un battement. Elle était allongée là, dans l'herbe, un peu plus loin. Un gros chien lui donnait de furieux coups de langue sur les joues, un homme aux blondes mèches éparses lui faisait quelque chose ressemblant à du bouche à bouche, et une brune fillette se tordait les mains, l'air affolé.
Syu se tourna vers son père et Duncan
.

- Je suis morte ?

- Pas encore, lui répondit son ami. Les Dieux te donnent la possibilité de choisir.

- Choisir entre eux, et nous, ta famille, ton Clan.

Elle fronça les sourcils. Le choix était si simple, en réalité ! Partir avec son meilleur ami, et son père, retrouver peut-être les autres membres du Clan, et qui savait, sa mère ? Ou rester là, avec un homme qui commençait à bâtir des barrières entre elle et lui, ainsi qu'avec une fillette qui avait mille projets, et qui, somme toute, finirait par l'oublier bien vite.

- Je reste, décida-t-elle. Je reste avec vous. Je ne veux pas les suivre, eux.

Duncan fronça les sourcils.

- Mais tu n'es pas censée être amoureuse folle de ce Danois ? D'ailleurs, ils se coiffent tous comme ça, où c'est juste pour faire chic ?

Elle éclata de rire et le prit dans ses bras. Déposa un baiser sur son front. Il était un peu plus grand qu'elle, aussi dut-elle se hisser sur la pointe des pieds pour y parvenir.

- Comme tu m'as manqué, Dun ! Et toi, Père... J'ai tant pensé à toi ! Je ne renonce pas à te venger, tu sais !

Il secoua la tête.

- Oublie cela ma fille. Là où nous sommes aujourd'hui, il y a ta mère, et je t'assure qu'elle m'a fait regretter mon comportement. Surtout vis-à-vis de toi.

- Ne t'excuse pas, Père. Sans ton éducation si particulière, je ne serais ce que je suis.

Il sourit, et la prit dans ses bras. Pour la première fois de sa vie.

- Tu es ma plus grande fierté, Syuzanna.

De même, c'était la première fois qu'il l'appelait par son prénom en entier, et qu'il lui faisait un tel compliment.
Elle tourna le dos à Søren et Enigma.


- Y allons-nous ?

Elle s'avançait déjà, lorsque les mains de William et de Duncan se posèrent sur ses épaules.

- Tu es ma fille, murmura MacDouggal. Tu es la descendance de Douggal MacNeil, fondateur de notre Clan. Tu dois réunir les notres autour de toi. Rapprocher nos gens, tu dois refonder la communauté. Nous te les enverrons un par un.

- Mais pas sans toi, Père ! Pas sans toi Dun ! Je refuse de rester !

- Vois ceci comme le dernier ordre d'un père à sa fille. Reprends ma place. Devient Cheffe de ton propre Clan. Celui des MacDouggal. Choisis un successeur. Et lorsque ceci sera fait, tu n'auras qu'à revenir ici, et prendre ton bain dans la rivière. Nous t'attendrons et te ramènerons chez nous. Et maintenant, va !

Elle les regarda jusqu'à la dernière seconde. Ils disparurent dans un rayon de soleil. Puis elle contempla le triste spectacle qui s'offrait à elle. Son propre corps, sur le point d'expirer. Elle hésita encore une longue minute. Il serait si facile de courir les rejoindre...
Mais elle avait reçu un ordre, et devait obéir. Elle se jura de revenir ici, de revenir une fois sa mission accomplie. Pour les rejoindre, enfin. Les hurlements désespérés d'Enigma et les froides explications de Søren ne la touchaient pas. Elle n'aspirait qu'au calme, et aux bras de personnes qui l'aimaient réellement. Mais la promesse...
Alors, lentement, elle ferma les yeux.


Et les rouvrent. Elle reprend une large goulée d'air, se redresse sur son séant. Son chien vient immédiatement s'allonger sur ses jambes. Elle le caresse doucement, fixant sans le voir un rayon de soleil tombant derrière la rivière. Elle peut aussi bien être seule, pour ce qu'elle s'intéresse à ses compagnons. Son coeur se met à battre à toute allure, si fort que cela se répercute, semble-t-il, dans tout son corps.
Sa respiration courte, saccadée, elle n'y prend pas garde. Elle ne quitte pas le point devant elle.


- Je vais bien,murmure-t-elle, mais pour qui ? Je vais bien.

Et dans l'air semble flotter, l'odeur de la bruyère, par le vent agité.

*J.K Rowling - Harry Potter et les Relique de la mort
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Jessienigma
[Perturbée ...]

*Seurn s'était enfin ramené et lui montrait comment s'y prendre mais ça semblait être trop long et elle ne revenait pas à elle. Folle d'inquiétude, la gamine le regardait faire en essayant de mémoriser les gestes jusqu'à ce que Syu revienne doucement à elle. Enigma soupira de soulagement et aida Syu à se relever.*

Je suis vraiment désolée Syu. On ferai mieux de reprendre la route j'en ai peur ... Tu as besoin de pouvoir te reposer dans un lit !

*Elle était confuse, l'avait mise en danger juste pour pouvoir faire sortir le danois de son état et avait failli la perdre par la même occasion. La jolie rousse ne semblait pas tout à fait elle-même. Son visage avait changé un peu, n'avait plus la même expression que ce qu'elle avait en temps normal.*

Aide laSeurn. On a tout intérêt à aller rapidement en ville. Il faut que quelqu'un vérifie si elle n'a rien.

*En se rendant vers sa jument, la fillette se maudissait intérieurement et se jurait de ne plus rien faire pour l'instant, refusant de mettre ses amis en danger. Elle essuya une larme qui coulait sur sa joue, voulant se montrer forte et grimpa sur sa monture en attendant que le blond et la rousse reviennent jusqu'à leurs bêtes pour partir.

Ils ne tardèrent pas à reprendre la route, dans un silence effrayant. C'est donc avec stupeur qu'Enigma se retrouva à discuter avec Syu qui lui proposait quelque chose de si énorme qu'elle se sentait encore plus mal de l'avoir mise en danger. Ainsi, elle pourrait être de sa famille sans même être écossaise ? Sans hésiter, elle répondit oui à la jeune femme en lui souriant, heureuse de cette marque de confiance énorme qu'elle lui faisait là...*
Syuzanna.
[Il n'y a rien de plus puissant que le vent. D'une brise, il se change en ouragan]

La voix d'Enigma lui parvient comme provenant de loin. Elle s'oblige à se concentrer sur les mots que la jeune fille prononce. Désolée ? Besoin d'un lit ? Elle secoue la tête sans comprendre. Depuis quand l'on s'excuse lorsque l'on se noie ? Quant à elle... Non, le lit attendra Patay. Il n'y a pas le temps pour cela.

- Nous n'avons pas le temps, Enigma, fait-elle en se redressant sur ses pieds. Nous devons arriver au plus vite.

En trois pas, elle se tient auprès de son alezan, en un bond, elle se juche sur sa selle. Elle jette un dernier regard au rayon de soleil. Un sourire tendre se dessine sur son visage, puis, tournant bride, elle fait aller sa monture au pas, se mettant juste à hauteur de la fillette. Elles attendent quelques minutes, que Søren monte son cheval. Puis l'Ecossaise imprime une légère pression sur les flans de son destrier, qui s'élance au trot.

Tout en cheminant, la proposition se fait, doucement. Alors qu'Enigma accepte de bon coeur, la rousse se plonge dans ses pensées. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas ressenti cette paix intérieure ? Jamais vraiment, comprend-t-elle soudainement. Il y a toujours eu quelque chose pour l'inquiéter, pour l'empêcher de dormir, pour lui donner envie de courir au beau milieu de la nuit. Il y a toujours eu quelqu'un pour lui donner des coups, sinon dans le dos, dans le coeur. Il y a toujours eu un moment où elle se sentait perdue, et se retrouvait dans l'incapacité d'agir. Et aujourd'hui, enfin, après deux décennies d'existence, elle connait pour la première fois ce sentiment étrange d'être débarassée de toutes entraves. D'être libre, jusqu'au plus profond d'elle-même.
Elle éclate soudain de rire. D'un rire heureux et insousciant. Elle fait aller plus vite son alezan. Nul besoin de prendre du retard. Ils doivent parvenir au plus tôt à Patay. Søren doit être conduit rapidement en ce monastère pour se faire soigner cette plaie. Et probablement aussi les blessures de son âme, qu'il refuse de partager. Non, vraiment, pour elle, nul besoin de repos. Elle n'a jamais été aussi bien qu'en cet instant.



[Entre Châteauroux et Saint-Aignan - au matin]


A l'instant où elle ouvre les yeux, elle se rend immédiatement compte qu'il s'est passé quelque chose durant la nuit.
Ils ont été volé durant leur sommeil. Agacée, elle fouille sans leurs besaces. Plus rien ! Plus aucun écu, plus de nourriture ! Les vilains ont agis sous couvert de la nuit sans lune. Mais qui montait la garde, durant l'attaque ? Comment n'ont-ils rien entendu ? Voilà qui est un peu fort de tisane !

Soupirant, elle secoue sans ménagement Enigma et Søren. Pas le temps de faire dans la dentelle, un air fleuri pour le réveil, joué à la cornemuse ! Elle leur désigne d'un geste rageur les sacs de provision éventrés et les bourses vidées. Farfouillant dans les fonds de sa selle, elle en sort un gros morceau de viande séchée, qu'elle lance à Touffu. Pas question de priver son chien de nourriture.

Ils chasseront en route, décide-t-elle. Du moins, elle chassera. Enigma n'a pas encore été initiée à l'art de la chasse, et vue la pâle figure du Danois, elle comprend aisément qu''il n'a pas du tout la tête à la traque du gibier. Aucune importance, elle s'en chargera seule.
Après avoir bu quelques gorgées d'eau à son outre, elle installe la peau de mouton sur le dos de son alezan, puis le selle avec la rapidité de l'habitude. Attendant qu'ils fassent de même, elle monte d'un mouvement souple sur le dos de sa monture, étudiant les alentours du regard. S'ils allaient vite, ils pouvaient arriver à destination dans deux jours. A condition de ne pas s'arrêter, pas même pour gagner de quoi se payer à manger. Elle-même s'en sent capable. Reste à voir les désirs de ses compagnons.

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Albanne
[Saint-Aignan - Taverne de l'Orchidée Blanche]

Je franchis les portes de la taverne. Quelques personnes sont présentes. Brume sur mes talons, je pénètre dans la vaste salle commune. Quelques hommes boivent. D'autres jouent aux osselets. Certains de font rien. Des femmes papotent. Des enfants sont assis par terre, directement sur la paille fraiche couvrant la terre battue. Il y a une bonne odeur de pain chaud.
Je prends place à une table. La tavernière ne tarde pas à s'approcher. Je désigne sur le tableau, la tisane à la rose. Je ne me souviens pas en avoir bu, mais je sais que j'aime. Mystère de l'amnésie. La tisane arrive, et je bois une gorgée. En effet, j'apprécie le goût fleuri.

Je regarde aux alentours de mes étranges yeux bleus couleur de ciel d'hiver. Certains hommes m'observent. L'un perd sa partie d'osselets, à force de me dévisager. La commisure de mes lèvres tremble légèrement en une esquisse de sourire. J'ai vu mon reflet dans le ruisseau de la forêt. J'ai vu les traits fins, réguliers. De beaux traits. Mais peut-être trop, justement.
Brume grogne soudain, sans raison. Je me retourne et croise le regard d'un garçon de mon âge. Plus vieux peut-être. Il doit avoir deux ans de plus que moi. Mais pas encore vingt ans. Il recule un peu en voyant les crocs de mon louveteau. Il me demande, à quelques pas de moi, mon nom. Il a l'air sympathique.


Mit navn er Albanne. *

Je ferme brièvement les yeux. Encore cette langue ! Je me concentre. Les mots, dans mon esprit, se changent en d'autres. Pourquoi ne puis-je parler françois de manière naturelle ! Je me suis éveillée en France. Et ne parle pas courament la langue. D'où puis-je venir ? Je ne sais même pas dans quel dialecte je m'exprime.

Mon nom être Albanne.

Il a l'air surpris par ma manière de parler sa langue. Je soupire doucement. Il s'éloigne, déçu. Je le regarde partir. Que les hommes sont étranges. Pourquoi venir me voir ? Cela ne rime à rien.
La tavernière s'approche. Elle doit vouloir ses sous. C'est d'ailleurs ce qu'elle me demande. Un écu. Je ne peux pas le lui donner. Je ne possède pas d'argent. Comment vais-je me débrouiller ? Je tente d'expliquer. Toujours cette langue étrange.


Jeg vente en ven ! Vente ! **

Elle ne comprend pas, à l'air quelque peu gênée. Confuse. Que faire, face à une étrangère ? Moi-même je me sens un peu honteuse. Je regarde par la fenêtre, me mordant la lèvre inférieure. Je ferme de nouveau les yeux. Une ou deux secondes. Puis les mots sortent, hachés.

Je attends quelqu'un

J'attends quelqu'un, oui. Mais qui tarde à venir.



[Danois]
* Je m'appelle Albanne
**J'attends quelqu'un ! Attendez !

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Syuzanna.
[Saint-Aignan - à la recherche d'un tonneau de bière assez grand pour s'y noyer]

La ville est... assez jolie. La forêt est splendide, et elle s'était fait une joie, la veille au soir, de chasser quelques lapins bien dodus.
Syu déambule de-ci, de-là, admirant avec peut-être un peu trop de vigueur, la banalité des monuments, l'agencement des maisons, les étals des maraichers. Rien de bien extraordinaire, mais elle a envie de voir tout cela comme étant splendide. Même si quelque part, dans son inconscient, elle sait tout à fait que tout cela ne casserait pas trois pattes à un canard.

Plongée dans ses pensées, elle songe à Søren et Enigma. Jeune fille entrevue un soir, Danois perdu de vue. Où peuvent-ils bien se cacher, tous les deux ? Mais le problème avec les gens malheureux qui ne veulent pas l'admettre, c'est qu'ils fuient la compagnie tout en espérant tomber sur une connaissance qui leur changerait les idées. Syu est-elle donc malheureuse ? Fatiguée serait le mot exact. Moralement, et physiquement. Et comme toujours dans ces cas là, elle est complètement surexcitée, proche de l'hystérie.

Elle aperçoit soudain, la devanture de l'Orchidée Blanche. Une taverne, voilà une bonne amie, songe-t-elle en poussant la porte. Et c'est une Ecossaise totalement débraillée qui entre dans la salle commune. Cheveux en pagaille, chaussettes ayant roulées sur ses mollets, chemise révélant une épaule, ceinture de travers, seul le kilt est resté bien en place.
Son regard fait le tour de la pièce spacieuse. Et s'arrête sur la jeune fille brune aux yeux incroyables. Albanne ! Mais oui, ne lui a-t-elle pas demandé de venir prendre une chope avec elle ? Depuis combien de temps attend-t-elle là ?

Lentement, elle s'avance vers la demoiselle, à l'air un peu perdu. Etrange, c'est la première fois qu'elle voit une émotion sur son visage de porcelaine.
Prenant place en face d'elle, elle hèle la tavernière, qui s'empresse de la servir. La femme potelée lui demande de bien vouloir payer la commande de son amie. Pas de problème, aussitôt dit aussitôt fait ! Elle balance sur la table une poignée d'écus. Parce qu'elle ne se contentera pas d'une seule bière, fait-elle. La tavernière hoche la tête, trop heureuse de ramasser tout cet argent. La commande arrive, et l'Ecossaise boit une belle lampée du liquide ambré. Par les Dieux, que cela fait du bien ! Reportant son attention sur la drôle de demoiselle, Syu lui adresse un bon sourire.


- Je suis désolée du retard, je n'en finissais pas de visiter la ville.

Et puis, parce que la curiosité la ronge, et qu'elle espère de tout coeur une réponse positive, elle se penche légèrement en avant, les yeux écarquillés.

- As-tu croisé Søren ? Il est Danois.

Enfin, plus vraiment, mais c'est tout comme.

- Il pourrait te comprendre, lui, quand tu parles dans ta langue.
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