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[RP] Que des batards de barbares *

Matalena
[Campement de l'armée La Salamandre de Digoine]

Reproduction : Ensemble des processus par lesquels une espèce se perpétue, en suscitant de nouveaux individus.

Dans le creux de sa main basanée, sèche, durcie par les armes... De petits doigts blancs. Grands ouverts, immobiles, abandonnés dans la poigne de l'adulte. Au cœur du couffin, trois minuscules silhouettes ensommeillées côte à côte. Un soupir, et la noiraude laça les cordons de sa chaisne pour y dissimuler le parpal rondit par la maternité. Lorsque leurs yeux se fermaient, ne demeuraient plus que trois enfançons aux brunes crinières. Pour dire le vrai, elle était alors la seule à les pouvoir différencier sans hésitation : à d'infimes signes qui caractérisaient ces presque triplets comme autant d'individus. Et c'était justement cela, le problème.
Plume trouve sa place dans sa paume, vélin sous la plume. Profitant de ces quelques heures de solitude avant le retour de son époux, la donzelle écrit et fait suivre, par un petit vas-y-dire, le courrier à quelques dizaines de mètres à peine...




A la Reyne Frondeuse, A Agnès de Saint-Just, A ma suzeraine, A une femme avant tout

Salutations,

Je prends la plume ce jour, non point pour les considérations stratégiques et politiques qui vous occupent jour et nuit, mais pour une question toute autre, et que vous comprendrez.

- Sachez que je ne reconnais pas en vous cette femme fuyante, hésitante, qui ne sait que faire sans tergiverser à l'infini, choisissant de fuir ses responsabilités au lieu de les affronter.

- Sachez que le petit être que j'abrite près de ma descendance depuis des semaines déjà est doté de cheveux noirs très drus, de longs cils, qui s'ouvrent fréquemment sur des yeux d'ambre toujours animés, et fort pétillants.

- Sachez que loin de partager le silence scrutateur de mon aîné, il babille du matin au soir, soucieux d'apprendre et de communiquer avec le monde entier, si bien que je l'appelle Petit Merle... Un pseudonyme qui s'accorde tant à ses couleurs que sa naturelle inclination.

Sachez que cet être est votre fils. Et qu'il lui faut un nom.

Vostre toujours dévouée,
Matalena


* Mai Lan - Gentiment je t'immole, adaptation de Bâtards de Barbares de Caution
_________________
Gnia
[Campement de l'armée La Salamandre de Digoine, quelques tentes plus loin]


Déni : Mécanisme de défense qui consiste à nier la réalité, ou tout du moins, à l'éviter.

Carte étalée sur la table, retenue à un coin par un godet de vin à un autre par la cruche, les deux derniers lestés de deux cadavres d'épis de maïs grillé rognés.
Penchée au dessus et grommelant tout en déplaçant des petits pions colorés, la trogne concentrée de la Saint Just.
Jusqu'à ce qu'un gamin vienne déranger ses intenses marmonnements en lui tendant missive.

A la lecture, le sourcil se hausse haut, plissant le front tandis que nez se fronce. Une moue passablement emmerdée vient compléter le tout tandis qu'un profond soupir s'échappe du giron comtal.


Ladivèze, vous m'faites chier !

Foutue empêcheuse de nier en rond !

Citation:
A la Sombre qui fronde avec moi, A Matelana Ladivèze d'Assay, à ma vassale, à celle qui sait être mère.

Salutations,

Je comprends.
Quand bien même je ne le voudrai pas, il s'avère que vous en avez décidé autrement.

Dès lors, sachez que concernant l'affaire dont vous m'entretenez, je ne varie guère dans ma façon de la gérer que pour les précédents en la matière, qui valent jurisprudence quant à mon attitude.
Si ce n'est qu'une certaine illégitimité vient en sus corser un manque d'intérêt certain et relativement usuel pour ma progéniture, tant qu'elle n'a pas passé sa première année.

Ce point étant éclairci, je suis fort aise d'apprendre qu'à défaut de ravir ses parents, cet enfançon est plaisant à votre vue et à votre ouïe.
Soyez louée pour vos attentions.

Concernant la nécessité d'un nom, je vous rejoints et ne saurais guère plus tarder à sommer son père d'en choisir un.
Vous savez mon goût pour les prénoms issus des Textes, et réflexion faite, j'aime assez Sylphaël, dont l'hagiographie est édifiante.
En voilà donc déjà un, espérons que son géniteur s'acquitte d'un autre.

Vostre obligée,
Agnès.


Pli qui prend le chemin inverse porté par les mêmes courtes jambes quelques mètres plus loin.

Autre pli, autre moyen de locomotion, destination plus lointaine.
Le message de la Ladivèze est glissé avec, en supplément hors série.


Citation:
Quelques lignes qui, j'espère, te trouverons au moins aussi mal en point que je ne t'ai quitté si ce n'est mieux, mais de grasce, évite moi le pire.

Je reviens sur un point qui a créé discorde et fait voler les cruchons, mais qu'il convient à présent de l'envisager sans grincer outre mesure des dents, et en profiter que je sois loin pour éviter tout projectile impromptu pouvant interrompre ta réflexion.

Je te laisse découvrir le problème au travers des revendications écrites de la Dame de Cohitte.
De mon côté, j'ai déjà payé mon tribut.

Sylphaël, Archange du plaisir, à l'hagiographie édifiante, j'espère que la facétie de ce choix te plaira.
Libre à toi de préserver ton sang d'un surnom d'oiseau ou d'un nom d'Archange.

A ton tour.

A.

_________________
Finn
[Dans le giron protecteur d'un Sein Teigneux, quelques armées plus loin.]


Démission: Attitude personnelle ou collective de fuite devant la tâche à accomplir. Soumission passive.

Des jours et des nuits de veille intensive sur les routes de Bourgogne et d'ailleurs, à tenter de se faufiler entre les mailles tranchantes de la soldatesque zélée du bon Roy Vonafred. Les rares haltes qu'il consentait à offrir à ses compagnons ne lui laissaient guère de temps pour savourer les joies d'une paternité dont il se serait bien passé.

Mais il était là, attablé devant son écritoire, les deux plis en main, ne pouvant davantage repousser l'échéance de sa réponse à sa suzeraine et amante. Indécise, la plume maintenue entre des doigts filandreux tourna en rond un long moment avant de frapper
.



A celle qui donne des ailes aux cruchons, à toi Agnès.

Salut,

Comme toujours, je plussoie ton choix. Va pour cet archange qui, je l'espère, saura le mener sur des chemins moins escarpés que les nôtres.
J'approuve également Cohitte qui semble toujours aussi brillante dans la recherche de sobriquets improbables, pour elle comme pour les autres. Petit Merle, donc. Lonàn, chez moi.

Passé ces menus détails, je tiens à te faire savoir que l'ennemi n'a pas encore eu raison de moi. Le pire n'est pas pour tout de suite. J'espère que tu pardonneras cette réponse tardive mais je ne prête que peu de crédit à la furtivité des volatiles portant missives lorsqu'il s'agit de traverser les lignes ennemies. Il me fallait attendre un lieu sûr.

Enfin, Dieu nous a chargé d'un bien lourd fardeau et sans nous concerter. Pour autant, je n'oublie pas la promesse que je t'ai faite. J'assumerai comme je le pourrai ma part ainsi que la tienne si, pour quelque raison que ce soit, celle-ci venait à manquer. Et ce, car je ne peux te blâmer plus longtemps ni oublier que tu m'as donné un fils.

Eperdument tiens.

F.


Des mots, ce n'était que des mots et, pourtant, il les éprouvait. L'avenir dirait s'il continuerait à tenir parole.

_________________
Gnia
[Côté Salamandre, liaison inter-tentes]


A la bonne heure, l'Irlandais lui donnait l'absolution !
Ainsi donc, elle n'était plus, pour l'heure, le ventre coupable d'avoir enfanté, comme si, pour parvenir à commettre ce genre d'horreur le semeur n'était pas aussi blâmable que la terre.
Soupir tenu à la lecture de la missive qui aurait dessiné un sourire niais sur les lèvres de la grande majorité des destinatrices.
Mais la Saint Just ne retient ni promesse ni affection, seul rougeoit en lettres de feu sur le parchemin le rappel de la culpabilité que Finn voulait lui faire porter.
Comme si la Ladivèze ne suffisait pas.
Tsss.

En parlant d'elle, d'ailleurs...


Citation:
A vous, ma chère Matalena,

Le verdict paternel est enfin revenu.
Le petit merle écope de deux sobriquet pour le prix d'un.

Lonàn Sylphaël de Pommières.

Vous serez ravie d'apprendre que le Seigneur de Cazayous s'est contenté de traduire en son dialecte le petit surnom que vous aviez donné à l'enfançon.

Il lui fallait un nom.
Vous voici exaucée.

Agnès.

_________________
Matalena
Et il en va des missives comme des secrets ; plus elles sont petites, plus elles sont aisées à cacher, et le cas échéant à détruire. Fort peu de vélin serait usé ce jour, et le petit drôle qui assurait la navette entre les deux tentes s'en trouvait tout essoufflé... Surpris de n'avoir à transporter que des billets d'une si courte teneur. Mais ainsi sont les femmes, ou du moins cette sorte de femmes, qu'elle préfèrent parfois ne se point voir pour se mieux parler.



J'en suis fort aise. Le sobriquet de "bâtard" dont l'affublait sans cesse mon époux commençait à me chauffer les oreilles, quoi qu'il soit justifié. Dans l'attente que le sir des Pommes et vous puissiez décider de l'avenir de l'oiseau, sachez que j'en assurerai la garde auprès des miens comme s'il était leur frère.

Servant toujours vos intérêts, quels qu'ils soient,
Matalena

_________________
Matalena
[Angers, auberge du Repos des âmes vigoureuses. Sans rire.]

La jeune femme espincha le mercenaire du coin de l’œil, son attention détournée par le rire grave qu'il tentait vaguement de retenir pour ne pas être repéré dans ses sombres machinations. Assit sur le lit, armes posées au sol, le blond s'occupait de harceler leur aîné en capturant les minuscules petons d'icelui dans ses pognes calleuses, les agitant de droite et de gauche pour la plus grande exaspération du mouflet.
Soucieux de préserver les apparences, celui-ci ne manquait pas de crucifier l'adulte du hautain mépris de ses yeux vairons, muré dans un obstiné silence. A leurs côtés, et comme d'accoutumé, la petite dormais, et le troisième brun de la portée signifiait au monde son interprétation propre de l'ordre du cosmos et de l'évolution des espèces, discours qui eut été sans doute ô combien palpitant si quiconque avait pu en piger un seul mot. Tout en devisant de la sorte, le Petit Merle ne manquait pas de triturer l'opulente et noire chevelure de sa voisine de chambrée afin d'attirer son attention, mais peine perdue : des trois, elle était la plus grande, et au regard de son imperturbable et perpétuel sommeil, ça n'était guère étonnant.
Un cri indigné de bébé finit par retentir dans la pièce, aussitôt suivit d'un cri triomphant de borgne, et la réformée soupira, tentant de se concentrer sur sa missive.




A vous,

En espérant que ces mots traversent les lieux et les armées sans encombre... Sachez que nous sommes parvenus à bon port, tous les cinq. J'ai appris vos blessures. Vous remettez-vous ?
Mon bon jour à la rouge, et un baiser pour toutes deux.

Tenez-moi au courant lorsque les quartiers d'hiver seront choisis.

M.L.


Courte, assez peu détaillée pour ne présenter aucun problème si elle venait à être saisie avant d'avoir pu rejoindre les rangs. Pliant le vélin, la brune se releva finalement de son écritoire, lançant à sa tribu un regard lourd de menaces...

Gare à vous, seigneur des ténèbres ! Moi, chevalier de la Justice, m'en vais vous faire rendre gorge pour la torture de cet innocent ! YAAAAAAAAAAAAAAAAAa !

Se catapultant sur le plumard, toutes griffes tendues vers Maleus.
_________________
Gnia
[Maquis vendômois - Entre désolations et constellations.]


Le moulin en ruine s'était avéré être finalement un bon repli maquisard pour frondeurs en état de navrement avancé. D'autant qu'il semblait qu'on ne cherche pas tellement à les débusquer. Aussi, les faufilage en ville pour prendre des nouvelles du monde étaient relativement aisés et c'est ainsi que la Saint Just prit livraison des quelques lignes que lui faisait parvenir la Ladivèze.
Abandonnant pour un temps son traité d'astronomie, ses descriptions de constellations aux noms à coucher dehors, Agnès affuta plume et déboucha encrier pour répondre tout aussi laconiquement.


Citation:
Pour vous,

Les blessures les plus douloureuses sont celles que l'on ne voit pas et qui se rappellent à vous, pernicieuses.
Vous l'aurez compris, l'âme soufre plus que le corps tant l'inaction me pèse.
Heureuse de vous savoir arrivés, sains et saufs.

La transhumance est pour bientôt, je vous en tiendrai informée.

Des poutounes à vous cinq et quelques-uns de plus que vous saurez mieux dispenser que moi.

ASJ.


La plume est reposée avec une grimace, le poignet lentement tourné pour le dégourdir.
Soupir, et les descriptions des constellations décrites par Ptolémée sont de nouveau à l'ordre du jour.
Quitte à se faire chier, autant le faire bien.

_________________
Matalena


Ma chère, ma lointaine

NE ME PARLEZ PAS D'ENNUI !
Vous ne savez pas ce que c'est, à la vérité... Ou si tel était le cas, et que par un coup du sort terrible vous en soyez amenée à remplir vos journées d'un vide aussi écrasant que moi-même, sachez que je compatis très fortement à votre douleur, au point de la partager à chaque instant insignifiant que Deos croit bon de m'accorder.
Certes vous pourriez arguer toutes sortes de plausibles (et effectives) occupations... Les prières, sempiternels exercices de combat, l'administration draconienne qui se doit appliquer partout dans cette seigneurie laissée à l'abandon jusqu'alors, et la moins glorieuse mais non la moindre : éduquer la portée de bruns, mais ah ! Je n'en puis plus, dans ce pays où je ne reconnais rien ni ne connais personne, et erre comme un fantôme qui se serait trompé de baraque à hanter. Bon, la mauvaise langue qui me tient lieu d'époux arguerait que je ne fais guère d'efforts d'intégration, mais ne prêtons pas attention à ces vils racontars.

Histoire d'achever la partie "nouvelles" qui comme vous l'avez compris risque furieusement de manquer de substance, sachez que personne n'est malade (si ce n'est d'emmerdement), le borgne bougonne, je bouillonne, et puisqu'il faut bien en parler, les enfants poussent comme des champis sur une bouse. Pour vous résumer la situation :
Imaginez un instant un couloir de donjon empierré de frais sur lequel trotterait trois minuscules sentinelles au crin noir, en tête l'unité bouclée comme un mouton et toujours désireuse d'être première en tout, poursuivie en droite ligne par les vagissements puis l'agitée personne du Petit Merle, pour se conclure enfin sur la prestance dédaigneuse de mon vairon qu'on entendrait grogner de mépris sur ses amusements triviaux, n'était-ce son perpétuel silence.
Bref, vous l'aurez compris : ils ont apprit à se déplacer sur quatre pattes... Et il serait peu dire que d'appeler "Jeu de piste" les heures nécessaires par la suite à leur remettre la main dessus en suivant les objets cassés et les traces de bren qu'ils sèment sur leur passage de sauterelles sur champs de blés. Deos soit loué, la demeure est immense, ce qui leur laisse un espace de déambulation suffisant pour ne pas dévorer les serviteurs.
Sachez pour de plus amples détails que votre enfant s'encontre vif de corps comme d'esprit, semblant saisir aisément le monde qui l'entoure et faisant fi de l'ignorer pour mieux agir à sa guise, comme en témoigne alors le brillement malicieux de ses yeux d'ambre. Je pourrais bientôt, gage, vous envoyez les premiers tomes enluminés de leurs milles et unes conneries, mais j'imagine que ces détails domestiques ne vous passionneraient guère.

Or donc... Aucune nouvelle du royaume ne parvient jusqu'ici, nous voici coupés du monde comme moines en couvent ! Dites-moi, racontez-moi : que vous arrive-t-il, que se passe-t-il ? Et nos compagnons ?
Il ne se peut qu'après tant d'évènement règne un si profond silence ! Le roi lui-même doit regretter d'avoir bannit la fronde et se faire chier sévère à ce train là !
Dites-moi tout, j'attends vos lignes avec la plus parfaite impatiente.

M.L.

_________________
Matalena


Agnès, chère Agnès,

Êtes-vous malade ? Ou trop occupée ? Avez-vous contre moi quelques griefs qui me valent ce silence ? N'avez-vous point reçu ma lettre ? Je ne sais que penser, quand même la petite Isaure a su me convier à ses noces et son courrier me trouver, et de vous, rien ! J'ose croire que vos activités vous accaparent tout à fait... Mais ne vous cache pas qu'il me pèse quelque peu qu'un simple éloignement géographique signifie, manifestement, la fin de notre association. N'avez-vous plus confiance en moi ? Vous ai-je déçue d'une quelconque manière ?
J'attendais, naïve, vos instructions... Mais peut-être auriez-vous préféré que je sois auprès de vous pour apporter mon concours à leur mise en place ? Je sais que vous n'ignorez pas les difficultés que j'ai traversées avec monsieur mon époux. Toujours respectueux de votre cause et de votre personne, il ne se reconnaissait point dans ce conflit et, quoi que sans m'en vouloir de mes engagements, le point de mon désintérêt de notre nouvelle vie de famille a été de nombreuses fois soulevé. O, point ne cherche à le rendre responsable ou me disculper de mon absence, mais j'ai cru pouvoir un temps vous servir tout en me consacrant davantage à Maleus et ma progéniture, ce de la manière que vous savez. Me direz-vous enfin ce qu'il advient de vous, ou vais-je devoir m'adresser à d'autres pour obtenir quelqu'information ? En Anjou, tout est si calme qu'on en vient à oublier le monde, mais son appel persiste dans ma tête pourtant...
Parlez-moi, Agnès
S'il vous plait.

Matalena

PS : Je vous apprendrai peut-être que peu après notre arrivée icelieu, je m'encontre régulièrement sous le coup d'intempéris inexpliquées par les médicastres qui me clouent au lit parfois des jours durant. Rassurez-vous, il n'y a là rien de grave je crois, mais s'il m'arrivait de ne plus être en mesure de vous répondre pendant quelques temps (Dans l'espoir que je suis d'obtenir des lignes de votre main), il ne faudra pas vous en offusquer.

_________________
Finn
Trop occupée la Saint Just, c'était peu dire. L'Irlandais accueillit compte-rendu sommaire des correspondances angevines afin d'y relayer la main royale, aux prises avec les tracas de l'organisation d'une Fronde terrée en maquis bourguignon. Il tenait, de plus, à s'enquérir des nouvelles de sa progéniture partagée. Ce qui valait son pesant de chouquettes.



Peinée Cohitte,

Je prends la plume depuis cette chère Bourgogne afin d'excuser le silence épistolaire de notre débordée suzeraine. Rassure-toi, malgré quelques procédures judiciaires à l'encontre de certains de nos frères, nous nous portons bien. J'espère que tu pardonneras l'indiscrétion de Sa Majesté qui m'a brièvement rendu compte de la teneur de vos échanges.

En effet, celle-ci se trouve dans l'incapacité d'entretenir ce genre de liaison depuis le royal terrier qui lui sert de refuge en ces temps troubles. Mais qu'à cela ne tienne, l'humble auteur de ces lignes n'est pas soumis au même régime de prudence. Il semblerait que les autorités usurpatrices n'aient pas autant à tirer de mon enfermement qu'elles en ont du vôtre, ce dont je me réjouis et profite.

D'ailleurs, je crois me souvenir de ton désir de t'entretenir avec moi d'un obscur sujet dont tu as tu l'objet, lorsque nous nous trouvions encore en Bourgogne. C'est l'occasion. Néanmoins, s'il s'agit d'une quelconque pension d'ordre pécuniaire que tu me veux voir verser pour service rendu vis-à-vis du Petit Oisillon, je te saurais gré de t'abstenir.

A ce propos, j'ose espérer qu'il n'en est pas encore à craindre la claustration dans cette hypothétique montagne sous-marine qui recueille vos pécheurs. Je n'irais pas jusqu'à croire que tu veilles à l'assiduité de sa présence à l'office dominicale - si tant est qu'il y ait ce genre de curiosités en Anjou - mais j'apprécierais que l'on assure son enseignement spirituel avec sérieux. Par ailleurs, je tiens à te faire savoir que j'écoute avec un plaisir grandissant le récit de ses péripéties à tes côtés. Tu as don pour la maternité, je suis sûr qu'Agnès se félicites chaque jour de t'avoir choisie comme suppléante.

Bien sûr, je déplore ton absence parmi nous. Nous aurions bien besoin de davantage de gens dénués de tout attachement à leur propre existence. Mais j'imagine que ton rôle de mère t'accapare trop pour envisager l'éventualité de retrouvailles prochaines. Et puis, la tâche qui te garde éloignée de nos petites préoccupations quotidiennes est sans doute plus noble. Il te reste à enseigner à mon fils l'art de la monte, des armes, sans oublier celui de coucher ses idées sur le vélin et de parvenir à les relire. Tout cela doit se savoir très tôt, avant qu'il ne prenne la mauvaise habitude de se déplacer sur ses pieds ou de babiller d'assourdissantes conneries. Sans quoi, il se retrouvera aussi démuni que son père, ce dont tu ne me détromperas pas, je pense.

Voilà de quoi t'empêcher de lanterner.

Dieu te bénisse,
FdP.

PS: Je t'interdis d'octroyer à cette abréviation une quelconque signification insultante pour mon ascendance, même à raison.

_________________
Matalena


Intrépide Pommières

Quoi qu'il me déplait grandement d'user de ce tutoiement qui parsème ta conversation autant que tes courriers, cet insistance dont tu fais preuve me contraint à soumettre ma plume à la tienne, en ce que je ne tolèrerai pas d'avantage une usance qui ne soit partagée. Sache que ce privilège n'échoyait jusqu'alors qu'à ma tendre sœur de cœur au crin roux, et que toutes plaintes ou réclamations de sa part à ce sujet te seront directement adressées, en tant que responsable de cet état de fait.

Ce point étant éclaircit...

Permets-moi de sauter directement à mon passage favori (perçois ici l'ironie malgré la rudesse de tes mœurs) : la compensation financière. Quoi que nous n'ayons pas eut l'occasion de bavasser au sujet de la garde de ton enfant ni de nous connaitre mieux, il m'apparait comme évident que l'argent ou la dette symbolique n'entraient nullement dans mes calculs lors de cette décision. Garde tes précieuses pécunes, je n'en ai cure : quoi qu'étant huguenote, je suis avant tout aristotélicienne, et mon amour n'estime pas la bourse pour s'offrir ou s'abstenir.

A ce titre, puisqu'il faut aborder les affaires concrètes, parlons de Lonàn. Ses dents d'enfance étant déjà parues, il ne se gène point pour me les planter goulument dans la peau, ce qui n'est pas sans rappeler certains traits paternels aux attraits féminins. Les petiots sont déjà très familiers de nos chevaux, et j'ai fais tailler des selles à leurs mesures équipées de harnais, ce qui permet de les faire jà monter, quoi qu'en disent les noblesses tafioles qui n'éduquent leurs mouflets qu'à se friser les poils des bras.
Ils sont par ailleurs dors et déjà fournis en épées de bois, quoi que s'en servant encore pour jouer plus que comme objets de morts, mais chaque chose en son temps. Dans cette catégorie comme dans l'autre, ton fils se montre rapidement dissipé et étourdi, mais son énergie et son enthousiasme compensent cette faiblesse de discipline. Aëronn se révélant le plus désireux de vaincre, peu importe la manière, Morrigan la plus assidue aux techniques et enchainements, et Lonàn le plus infatigable... Les entrainer ensemble permet une intéressante confrontation de leurs points forts que, j'espère, ils parviendront bientôt à s'inculquer mutuellement.
Je ne puis en dire autant, hélas, des travaux de lecture : nous en sommes à l'apprentissage des premiers mots, sais-tu. Il te faudra être patient. C'est là tout du moins où ton enfant se distingue, pour ce qu'il débite déjà quasiment des phrases entières quand mon aîné se borne à morigéner de temps à autres les quelques mots nécessaires à sa subsistance (Je le soupçonne cela dit d'en connaitre bien davantage, si ce n'était sa naturelle répugnance à s'exprimer) : le Petite Merle parlotte donc le plus souvent avec ma fille, ce qui ne manque pas d'exaspérer au plus au point son borgne de père.
Par ailleurs, les prières sont chez nous pratiquées quotidiennement, soit le matin, à tous les repas, et le soir, où messire d'Assay et moi-même alternons les lectures du Livre des Vertus et des prophètes. Il va sans dire qu'en ce domaine comme dans les autres, j'ai fais le choix de demeurer dans mes propres croyances, quoi que tu puisses en penser. Ainsi suis-je, et ainsi Agnès me connaissait-elle lorsqu'elle m'a confié son nouveau né.

Le sérieux ne manque donc pas, sois rassuré tout du moins sur ce point : je tente de leur donner les armes pour qu'ils soient plus tard, et de loin, les meilleurs, et ne fais jamais les choses à moitié.
D'autant plus que j'ai du temps à tuer à ne plus savoir qu'en faire.

Que dire, donc, de cette absence ! Vous seriez tous morts lors de mon départ que le résultat en serait identique. Nulle trace de vous, alors même que les nouvelles du royaume parviennent enfin jusqu'en Anjou. Au moins sommes-nous assurés que nos progénitures sont en sécurité, mais enfin ! Je me plais à imaginer quelque plan d'envergure dont la mise en place serait complexe et qui pourrait expliquer ce vide, mais si peu de pain porté à ma bouche ne me rassasie guère.
Agnès va-t-elle bien ? De corps comme d'esprit ? Prends-tu soin d'elle ? Prends-t-elle soin d'elle ? Il me déplait de ne pouvoir m'en assurer en personne, mais enfin puisqu'elle t'a estimé apte à me répondre en son lieu et place, je devrais me contenter de cela.

Du moins, à lanterner, m'épuisais-je suffisamment en duels avec mon époux pour avoir récupéré mon volume corporel ordinaire (Quoi qu'avec certaines modifications de la charpente avant que tu deviens aisément) et ne point perdre la main, pour quand reviendra enfin le jour des armes.

Donnes-donc du grain à moudre à mon esprit, des nouvelles fraiches, de l'air quoi.

Te saluant,
Matalena

PS : Rien de secret, je voulais simplement savoir si après avoir troussé ma suzeraine, je pourrais faire appel à tes autres compétences, et aller quêter ensembles sur les routes auprès de généreux voyageurs quand l'ennui (ou la bourse légère) se ferait sentir.

_________________
Gnia
Citation:
Mon exilée,

Malade ? Oui-da, d'ennui.
Trop occupée ? Si cela était d'actualité il y a encore peu, ma première réponse répond pour celle-ci.
Des griefs ? Non point, Matalena. Pourquoi en aurai-je ?
Pour un éloignement que quelques jours peuvent étrécir ?
Pour avoir choisi de mettre à l'abri vos enfants et d'espérer un peu de paix pour votre famille ?
Allons... Si votre dévouement pour ma personne pouvait se mesurer à l'aune de vos sacrifices, vous ne vous poseriez point tant de questions.

D'instructions il n'y a point eu car de but qui se précise il n'y avait.
Nous avons quitté en hâte la Touraine dès que les plus faibles d'entre nous ont pu faire la route. Nous avons fait halte en Bourgogne car la période estivale, si propice aux recueillements et aux moissons, semble, à chaque année qui passe, plonger le Royaume dans une torpeur que seuls les premiers frémissements de l'automne ont le pouvoir de secouer.

De plus amples nouvelles je ne peux vous fournir, tant mon quotidien semble tout aussi morne que le vôtre. Toutefois, je n'exclue pas ce projet de revoir le faîte argenté des saules sous peu pour les raisons que vous savez.
Vous en serez la première informée, puisque nous avons la même nécessité.

Bien à vous,

ASJ.

_________________
Matalena


Ma femme,

La paix, c'est comme tout : à force d'en profiter, on s'en lasse... Et nous plus particulièrement que d'aucuns.

Certes, l'avantage est qu'à pratiquer les armes avec mon vétéran de guerre d'époux, j'ai pu acquérir quelques coups et tactiques que ne comptait point encore mon escarcelle. L'autre est de pouvoir voir s'ébattre et pousser en graines le trio de monstres sans s'angoisser de savoir si l'on se retrouvera le soir même le tétin percé traversé par une lance bien affutée. Soit.
Mais au delà...
En bref, ne tergiversons pas plus outre à ne rien dire : je me tiens disponible pour la virée dendrologique, ou pour autre chose, enfin comme vous dites : tenons-nous sages jusqu'à ce que le vent pousse les feuilles au sol. Le sang n'en coulera que de plus belle, lors que nous avons eu deux long mois pour le reconstituer.

Vous saluant,
M.L.A.

_________________
Gnia
Citation:
Ma Sombre,

Nous sommes partis. A vous de prendre la route si vous souhaitez nous retrouver.
Je ne peux promettre que la vie auprès de nous sera plus palpitante que la vôtre - d'autant que vous avez de quoi avoir le palpitant qui s'emballe avec trois enfants en âge de marcher sous votre houlette - mais si vous souhaitiez prendre l'air, c'est une bonne opportunité.

S'il faut vous conter quelques banalités pour égayer votre ennui, j'en ai quelques unes dans mon escarcelle où votre avis ne serait de trop.

Mon ainée s'est mis en tête d'apprendre à lire et à écrire et je n'ai guère le temps ou l'opportunité de lui trouver bon percepteur, aussi, il va me falloir m'inventer professeur, et j'en ai quelques frayeurs d'avance. C'est certes là bonne occasion pour lui inculquer les Textes, mais encore faut-il parvenir par lui faire entendre quelques bases. Je vous laisse un peu imaginer mon désarroi, puisque vous savez mon manque de capacité à éduquer les jeunes pousses.

Sur un tout autre sujet, j'ai eu discussion intéressante avec qui vous pouvez imaginer sur le fait de vivre dans le pêché. Si j'arrive à accommoder ma conscience avec cet état de fait, je dois avouer que l'autre semble fortement tenaillé par son salut. Ai-je le droit de ne pas en tenir compte et laisser quelqu'un dans les affres de la peur de voir son âme damnée, quand bien même il persiste à s'engager sur la mauvaise route ?
Ne devrai-je pas moi même être sincère en repentir autrement qu'en paroles et songer également au salut de mon âme ?
Sur ce sujet, je suis fort faible et condamnable, mais est-e une raison pour condamner un autre avec moi ?
Voyez comme l'inactivité amène pléthore de questionnements qui torturent l'âme. Je préfère de loin la frénésie de l'action, dès lors, la pensée semble se mettre à l'unisson du corps et tout devient étrangement plus logique.

De tout cela je ne retiens à présent qu'une chose, je suis bien mauvais enfant de Dieu et j'avoue à présent douter qu'il puisse avoir quelconque miséricorde pour ma petite personne. Quand bien même notre salut est assuré par notre ferveur, j'en viens parfois à me demander si nos actions ne peuvent remettre celui-ci en cause.

Voyez comme il est temps que nous puissions à nouveau passer de longues nuits à discourir, Ma Sombre, car voilà que la volonté ferme dans un combat temporel, je vacille sur mes principes spirituels par les questionnements d'un autre.

Bien à vous,
ASJ

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Gnia
Citation:
Ma Taciturne,

J'ai tant à vous conter. Quand bien même ne me répond que le silence, je crois que j'ai de toutes façons grand besoin de coucher par écrit ce qui me tourmente et que je ne peux guère conter à autre que vous.

Des questionnements que je vous ai soumis dans ma précédente lettre, je n'attends plus guère de réponse, leur cause ayant choisi ce qui lui semblait le plus juste pour être en paix avec sa conscience et donc de se défaire de ce qui l'entravait dans cette démarche.
J'ai donc libéré Cazayous de ses obligations envers moi, si tant est qu'il en ait jamais eues, et lui ai demandé de quitter mon entourage. Demande à laquelle il s'est plié.
Je ne m'étendrai pas sur ce triste épilogue, mais préfère vous entretenir des conséquences. Car il semble qu'elles doivent concerner un petit merle que vous avez pris sous votre aile.

Finn souhaite prendre épouse et ainsi offrir une mère à son fils.
Mon fils...

A l'heure où l'enfant que j'ai renié des années auparavant réapparait dans ma vie et que j'accepte enfin de faire face à mes responsabilités, voilà qu'il faudrait que j'en renie un autre, à nouveau.
C'est sur ce sujet donc que je vais avoir besoin de vos conseils avisés.

Dois-je m'effacer et laisser son père pourvoir à ce que tout enfant est en droit d'espérer ?
Je n'arrive étrangement pas à me résoudre à cette idée quand bien même c'est probablement ce qu'il y a de mieux pour le devenir de cet enfant.
Si je refuse cette option, il me faut alors prendre mes responsabilités et affronter également le jugement de mon époux. Et dans cette éventualité, Finn ne me pardonnera sans doute jamais.

Ainsi donc, il semblerait que contre toute attente, je me découvre à présent dotée visiblement d'un semblant de sentiment maternel, chose que je n'aurai jamais crue possible un jour. Et puisque je ne sais comment encore en apprivoiser les conséquences, c'est là que je vous sollicite.

Je vous en prie, éclairez moi sur ce qui serait le plus juste pour cet enfantelet.
Sur ce sujet, j'ai bien plus fiance en vous qu'en moi.

Mon jugement est peu sûr tant il est déjà ébranlé par des sentiments contraires et encore bien trop passionnés. Je ne suis même pas sûre que ma toute récente inquiétude à son sujet ne soit pas simplement réaction enfantine de femme blessée qui ne veut point être dépossédée de quelque chose dont elle n'avait que faire auparavant. Ou encore que ce soit la culpabilité qui me ronge d'avoir un jour écarté ma première fille de ma vie qui motive ce regain d'intérêt. Voire pire encore...

Voilà, Ma Sombre, vous déploriez mes silences, voilà que mes bavardages sont truffés d'épineux cas de conscience et de nouvelles blessures.
Je romps donc là cette pénible énumération, je me suis déjà trop épanchée à mon goût.

J'ose espérer que vous vous portez bien ainsi que votre famille, que l'Anjou ne vous aura pas fait mourir déjà d'ennui.
Donnez moi de vos nouvelles.

A vous lire,
ASJ.

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