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[RP] Que des batards de barbares *

Matalena


Ma passionnée, tant est parfois,

Je ne suis parvenue à vous répondre, dans un premier temps, tant votre missive de prime m'a étonnée, pour ne pas dire perturbée.

En effet, j'ignorais tout à fait que vous eussiez une ainée fille au nombre de vos enfants, vous conseiller sur son éducation m'a donc tout d'abord posé le problème de cette découverte... Mais sans doute avez-vous oublié qui de votre entourage était dans ce secret d’alcôve et qui ne l'était point, avec le temps qui passe. Comment vous dire alors ? Je ne sais rien de cette damoiselle. Quel âge a-t-elle, pour commencer ? Quelle est sa confession, et que sait-elle de vous ? Vous êtes-vous connue, si peu que ce soit ? Car de ces paramètres dépendent la technique d'apprentissage la plus adaptée, pour la lecture ou le reste. Sachez quoi qu'il en soit qu'apprendre à autrui, quand on a peu de patiente, est un véritable défis que l'on se lance, tant et plus si des liens affectifs existent : ils nous poussent malgré nous à être plus exigeants encore. Le meilleur conseil que je puisse vous donner est donc celui-ci : faites en sorte de n'attendre rien d'elle, être là simplement, comme une aide, un appui, et lui laisser faire le chemin vers la connaissance et vers vous. Car, je n'en doute pas, ces séances privatives seront sans doute aussi l'occasion de contacts privilégier. Ne vous enfermez pas dans vos rôles ordinaires, tachez d'être vous, comme vous le faites quand vous laissez au placard la dureté que vous portez si bien.

Concernant votre débat de cœur... Soyons francs, j'avais le sentiment que vous attendiez de moi une validation de votre envie réciproque de séparation. Ce que je me refuse à faire. Vous savez bien, concernant les textes, que les relations hors mariage y sont condamnables, je ne vous l'apprend pas, qu'y a-t-il de plus à dire ? Vos choix ont été fait, il n'y a plus qu'à agir, un domaine qui doit vous parler davantage que les torsions d'âme sous le regard de Deos. Hors donc, car en effet cette phase me concerne également : que faire de Lonàn. Loin de moi l'idée de partir dans un vaste débat des droits respectifs de la mère ou du père naturels, je n'y entend goutte, et ça n'est point mon domaine. Soyons pragmatiques : J'attends.

J'attends de Finn de Pommières qu'il trouve épouse, que celle-ci soit de noble naissance, démontre suffisamment d'esprit pour l'élever ainsi qu'il doit l'être. J'entends par là dans la lecture, la connaissance, mais aussi la formation au combat, à l'équitation, aux belles manières de façade comme à la ruse de survie. Signifiez-lui de ne point gaspiller mon précieux temps en me présentant une godiche écervelée à grande bouche qui serait incapable d'accepter le fruit d'une autre femme comme le sien propre.
J'attends de Finn de Pommières qu'il présente un domaine fort, bien tenu et prospère où Lonàn grandira jusqu'à ses treize ans, âge où il sera à même d'être envoyé en apprentissage pour le métier qui lui siera le mieux.
J'attends de Finn de Pommières qu'il présente sa conception de son rôle vis à vis de son héritier, et ses projets pour lui.
Par ailleurs, s'il répond au préalable à toutes ces conditions, il sera amené à vivre en mon domaine le temps qu'il faudra pour que Lonàn accepte de le quitter et partir avec lui. Ce qui n'est pas gagné.

J'attends de vous, Agnès de Saint-Just, exactement les mêmes attitudes. Si réellement vous souhaitez prendre auprès de l'enfant la place de mère qui est la votre, il vous faudra tout autant réfléchir à la place que vous lui pourriez donner, à l'éducation que vous lui pourriez fournir, et apprendre à le connaitre.
Si chacun de vous présente ces pré-requis, et au moment où cela sera fait, je ne doute pas qu'un chemin sera parcouru qui vous amènera à envisager d'autres solutions que celles qui apparaissent dans l'immédiat.

Vous trouviez vos mots trop épanchés, qu'en est-il donc de ce pavé dans la marre ?
J'espère que vous comprendrez qu'il n'est pas dans mes objectifs de jouer les empêcheuse de tourner en rond et mettre des bâtons dans les roues de qui que se soit. Je veux simplement protéger l'enfant qui m'a été confié, que cela soi ou non contre vous. Son intérêt m'importe au delà de père et mère. Ne voyez point non plus dans ces directives une façon de le garder auprès de ma famille : tel n'est point le cas, et j'attendais cet instant sans douter qu'il viendrait. Maintenant que nous y sommes, soyez à votre guise ou non les parents que vous eussiez du être, et je m'en détacherai.

Voilà ce qu'il en est de nous.
Portez-vous bien,

MLA.

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Gnia
["Considérez les occasions où votre chagrin et votre colère vous ont causé plus de souffrances que les faits eux-mêmes." Marc-Aurèle ]


Citation:
A toi,

J'ai été impulsive. J'en conviens.
Cruelle aussi. Je te l'accorde également.

Dans mon empressement somme toute égoïste à te voir disparaitre de ma vue, j'en ai oublié que nous avions affaire en souffrance.

Tu as, pour commencer par le pragmatisme, quelque menu pécule qui m'appartient et que je souhaite récupérer.
Comme j'ai aussi déjà reçu réponse de Cohitte sur le sujet que tu sais, faisons donc d'une pierre deux coups.

Viens jusqu'à Montauban.
J'y ai moult affaires à régler et n'en pars pas de sitôt.

Et puis... Maintenant que tu n'es plus à portée de vue, je dois avouer que je ne conçois plus guère l'intérêt que tu n'y sois plus.
C'est idiot, n'est ce pas ?

Rien ne s'efface purement et simplement en devenant invisible.
Au contraire.
Il m'a été donné de le comprendre dernièrement plus que de raison.

Il est des mots que l'on se doit d'exprimer et d'autres qu'il faut savoir accepter, quand bien même ils mettent à mal un orgueil certainement déplacé.
Je te dois au moins ça.

A.

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Finn
Son séjour carcéral s'achevant, l'Irlandais s'empressa de répondre au pli en souffrance.



Agnès,

Je te pardonne tes excès. En fait, je ne t'en ai jamais tenu rigueur.

Un rebondissement inattendu m'a contraint à rester là où je t'avais quittée. J'atteindrai donc notre chère Cité des Saules dans quelques jours avec ce que je te dois.

Si tu en doutais, sache que je n'en aurai jamais fini avec toi.

A bientôt.

F.

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Gnia
["Toute mère est un fleuve." Proverbe ]


Citation:
Ma Raisonnée, jamais trop toutefois,

Recevez tout d'abord moult excuses si ce dont j'ai pu vous entretenir dans mes précédents courriers vous a perturbée.
J'étais persuadée que vous saviez que de ma première union j'ai eu descendance.
Deux filles, des jumelles.
De la deuxième, je doute que vous étiez informée. De la première, je n'ai probablement rien eu à dire auparavant.
Réparons ce tort, si cela est encore possible, puisque j'ai décidé de faire table rase de ce passé trop longtemps tu et de préparer l'avenir.
Leurs avenirs.

Niria, l'ainée, vit avec moi depuis sa naissance en Béarn. C'est donc elle, qui, après n'avoir été qu'une ombre dans mon sillage, a décidé qu'il était temps qu'elle exige qu'on lui apprenne à voler de ses propres ailes. Demande à laquelle je tâche de m'atteler en suivant donc votre conseil qui vaut tant et pour tout.
Laisser au placard la dureté que je porte si bien.

Laetitia est la seconde, née avec une infirmité que je n'ai alors jamais réussi à supporter, tant sa vue me semblait être l'écho de pêchés commis par ses géniteurs. Celle-ci a été confiée à la soeur de mon défunt époux et n'a jamais rien su de moi.
Celle à qui je l'ai confié se meurt, et il s'agit de tâcher à présent de s'amender des erreurs du passé.

Et nous en venons donc à Lonàn.
Je ne conçois pas, vous le comprendrez peut-être mieux à présent que vous tenez un peu plus d'informations, de faire subir encore à l'un de mes enfants l'infamie de le renier, qu'il soit illégitime ou non. Tout autant que je refuse de souffrir encore de la culpabilité d'une telle décision.
C'est un fait sur lequel je ne ferai aucune concession.

Du pavé dans la mare jeté par vos soins, je n'en attendais guère moins, sinon je n'aurai pas sollicité votre avis sur la question. Pas plus que je n'aurai confié à vos soins la protection d'un enfant dont aucun de ses géniteurs ne voulait lorsqu'il est né.
Dès lors, vos demandes répondent parfaitement au fait que Cazayous s'en inquiète brusquement tout comme ma volonté de ne plus m'effacer.
Je tâcherai donc de trouver avec le concerné compromis qui satisfasse au devenir de cet enfant. Je n'en suis plus à quelques fiertés mises en berne près.


Concernant mon débat de coeur, Ma Sombre, détrompez vous.
Comme je vous l'ai dit, je me suis toujours accommodée avec ma conscience sur ce sujet, quand bien même il me vaut la perte du salut de mon âme. J'en ai pris mon parti.
Un peu de plaisir ici bas plutôt que d'autres, incertains, là haut.
Il s'agissait plutôt d'un débat d'esprit. A savoir, si l'autre, lui, ne s'en accommode plus, a-t-on le droit de le condamner avec soi.
Lorsque je m'en suis ouverte à vous, je n'aurai jamais imaginé que Pommières ferait lui même son choix, tant il est déjà condamnable sur bien d'autres sujets par ailleurs. Dès lors, d'envie réciproque de séparation, l'on ne peut décemment parler.
Ce que j'avais me suffisait.

Et à présent, ce que je n'ai plus me cause, au travers du témoignage vivant de ce que nous avons partagé, plus de soucis que je n'aurai été à même de concevoir.
Mais comme vous dites, les atermoiements n'ont jamais rien fait progresser, si ce n'est mauvaises humeurs gangrénant l'esprit, et il est à présent temps d'agir.
Je vous informerai donc au plus vite de là où portent les ronds concentriques formés par ce que vous avez jeté.


Parlez moi de vous, Ladivèze, de votre villégiature angevine, de votre borgne grommelant, de votre triplette infernale, et surtout d'un petit merle.

Vous me manquez.
ASJ.

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Matalena


Ma raisonnable, une fois n'est point coutume

Et bien nous dirons qu'à la surprise du premier instant, qui n'est que de faible conséquence, a immédiatement succédé le plaisir de savoir votre lignée s'agrandir encore à mes yeux, ce qui est une fort bonne chose pour nous pauvres mortels comme pour notre Créateur que nous servons ainsi. A l'occasion, je serai ravie de faire connaissance avec cette progéniture réhabilité, ainée ou seconde née.
Sans doute, en vous convertissant à la réforme (de cœur si ce n'est à la face du monde), vous êtes-vous réfléchie un petit sur ces croyances qui veulent que nos enfants soient parfois les portraits de nos fautes... Je le décrois : Deos punit les pêchés de ceux qui les commettent, dans l'autre vie si ce n'est celle-ci, et non d'êtres innocents victimes de leur parenté. Pensée que vous avez sans doute déjà conçue, puisque préoccupée de rhabiller les décisions d'autrefois.

En ce qui concerne, donc, ce nouvel enfantelet... Je ne doutais point, lorsque je le prie à ma charge avec les miens propres, que vous en arriveriez à cet aspect des choses avec un peu de temps. La découverte tardive de votre grossesse (j'euphémise), le père, la situation politique du moment, auront généré un choc bien compréhensif qui nécessitait pour vous le temps de lécher vos blessures avant que d'en traiter les effets. Vous voir dépasser ces difficultés, si ce n'est encore en être toute ravigotée, m'est un grand plaisir. Nous attendons donc, Maleus et moi-même, le verdict de ces négociations et compromis en préparant doucement Lonàn à l'idée de rencontrer bientôt ses parents, et sans doute quitter le château. Mais j'y reviendrais un peu plus tard.

Sachez que notre domaine prospère à qui mieux-mieux au fil des mois. Les vendanges étant plus tardives dans cette région, nous les commençons à peine à l'instant où je vous écrit, mais j'ai bon espoir d'en tirer un premier cru point trop merdique et qui se laissa boire. A charge de l'améliorer au fil des ans. Les travaux de restauration de la demeure sont terminés, ainsi que les aménagements. Sans trouveriez-vous notre intérieur fort triste, n'y portant guère de mobilier fortuit et autres tentures excessivement chères pour parer nos murs, mais l'activité y regorge, et la vie foisonne, ce qui compense quelque peu. En effet, une fois disparue les nuées d’artisans pour retaper la pierre, nos gens ont pu décemment s'installer ainsi que leurs mouflets, ce qui mis bout à bout fait une belle ribambelle de marmots et jeunes adultes qui s'affairent en tout sens... Qui à travailler, qui à emmerder ceux qui travaillent.
Afin d'en dresser un inventaire, nos gens se composent de Timoléon et sa jeune épouse Guillemette ayant respectivement à charge l'entretien de la chênaie et le tissage de laine (moutons dont nous avons fait l'achat à la foire d'Angers courant de l'été), Mathurin et son frère Gauthier s'occupant des bêtes (l'un, utile, confectionne les fromages et traite les quelques bovins dont nous attendons le premier vêlage et , l'autre, inutile à souhait, s'occuper des blaireaux de la duchesse... Mais je ne préfère pas aborder ce point) notre nourrice Louise, bonne huguenote autant affectionnée à nos petits qu'on peut l'être et son époux, qui aiguille et conseil les fortifications que nous faisons monter tantôt, gens d'armes d'armes épousés de chambrière et cuisinière. Tout ce joli monde étant naturellement mit à contribution s'agissant d'engranger les récoltes et le bois de chauffage. J'ai par ailleurs commencé quelques premières expériences de teinture en jouant des quantités de gaude et de garance qu'on trouve à profusion sur et prêt des chênes de nos bois, afin de ne rien perdre d'utile. Après quelques ratés, je parvient à confectionner de premières teintes allant du jaune le plus vif au rouge, en passant par l'orangé, usant de mérinos. D'ici à exploiter cette manne, je songerai à un plan.
On s'occupe, quoi.

Sans dire que ce style de vie nous pèse, vrai qu'il semble que l'un comme l'autre commençons à trouver le temps long, quoi que bien rempli. Maleus se révèle un papa gâteau aussi improbable que véridique, et moi autorité rabat-joie, rôles dans lesquels nous sommes finalement assez à l'aise. Vous seriez surprise de constater à quel point mon aîné ressemble à son père, point tant physiquement (ayant de moi la chevelure) que de caractère. Tenez, la semaine dernière, il a entreprit de bouder sans discontinuer, estimant qu'il avait à présent sa place aux côtés de son père à table, étant un homme doté de raison raisonnante.. Ce freluquet haut comme trois pommes me tient déjà tête avec un acharnement qui confère au rocher ! Ma petite, élevée entre deux garçons d'âge identique au jour prêt, goute peu aux poupées que lui ont confectionnées les dames de la maison, étant d'elle raffolées. En lieu et place, j'en suis à la supposer instigatrice de nombre d'incongrus évènements survenant céans, comme les chausses des vachers ayant été retrouvées privées de leur fonds de culottes. Cependant, dans ses vastes yeux il n'y a jamais assez de bleu pour mimer l'innocence la plus candide quand vient l'heure des menaces. Venons-en enfin à votre petit merle... Qui chante toujours aussi bien, à n'y point redire. Assidu aux études, il montre de tous la meilleur diction, quoi que son esprit voguant trop encore pour faire montre d'une réelle persévérance. Je crois vous avoir dit déjà tous les froncements de sourcils au dessus de la grise mirette de mon époux quand celui-ci vient siffler trop prêt des esgourdes de Morrigan, mais baste, ce ne sont encore que des enfants, ne voyons point le mal partout.
J'espère que vous ne serez pas surprise de tous les exercices auxquels je soumets déjà nos petits, tenant pour bêtise qu'avant cinq ans l'enfant n'est propre à rien. Sachez cependant que je les ménage dans ces efforts, et qu'ils disposent de tout le temps nécessaire pour vadrouiller ensemble. Ah, la dernière : Maleus leur a confectionné une mini-catapulte, soi disant "Pour qu'ils s'entrainent, ça peut toujours servir", je crains le pire pendant mes absences, lui-même étant si enclin à leur pardonner toutes les conneries qui leur passe par la tête, voire d'y participer en douce, j'en suis quasi-certaine.

Votre enfant se porte donc fort bien, étant de bonne constitution, déjà ferme et élancé en sa membrure à la différence de Lionel au même âge. J'ai laissé pousser ses cheveux, qui de noirs se parent légèrement d'auburn au sortir des beaux jours, et bouclent légèrement sur le bas. Ses yeux n'ont point virés, et s'encontrent du miel le plus chaud (et sans doute plus tard du plus troublant), animés d'une perpétuelle gaieté qui, pour être moins cynique que celle d'Aëronn, se teinte souvent d'une pointe moqueuse. Son esprit est vif, bien que dissipé. Vous en serez contente.
A la réception de vos courriers, nous tentons d'aborder en douceur le projet de le rattacher à sa famille de sang.
Très enthousiaste à cette perspective, il me harcèle de questions vous concernant tout deux, auxquelles je tente de répondre, certains points me restant difficiles à clarifier ; Mais cela viendra mieux de vos bouches que de la mienne, je n'en doute pas. En revanche, il n'a pas encore pleinement réalisé que ceci signifiera son départ du domaine, chose qui sera sans doute plus complexe : vous savez comment sont les enfants, ouverts à la découverte, mas rétifs aux changements. Le moment venu, je gage que nous trouveront une solution pour que les choses se déroulent au mieux : d'ici là, la question aura été travaillée plus en détails.

Sachez pour finir que je me rendrai à la cité tantôt, quittant demain Saumur pour les routes. Je laisse les enfants aux bons soins de Maleus, ne désirant point leur faire courir le risque de voyager si longtemps avec une femme seule.

A bientôt, donc,
Votre dévouée

Matalena

PS : Je vous accorde toute confiance pour transmettre au géniteur mes courriers si vous le jugez utile, je n'ai rien à lui cacher. Sera-t-il à Montauban, que nous puissions deviser ensemble de vive voix ?

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Gnia
Billet porté sur les probables étapes du cheminement ladivesque.

Citation:
Ma Sombre,

Heureuse de lire de vos nouvelles et de vous savoir enfin proche de la Cité.
Je vous y attendrai.
Si vous repartez en Anjou ensuite, peut-être même que je vous y accompagnerais, qui sait.
Quant à savoir si vous croiserez l'Irlandais, il semble qu'il soit sur place depuis une longue semaine.
Toutefois, je n'ai guère eu volonté et pouvoir de deviser avec lui, un mauvais flux d'humeurs m'a consigné dans mes appartements avec pour seule compagnie désirée quantité de vin. Le sang de la terre à l'avantage d'au moins rester constant dans sa nature, de part les effets qu'il prodigue.

A vous voir,

ASJ.

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Finn
Une promesse est une promesse. Du moins lui semblait-il avoir promis. Une tendinite aigue aux doigts l’avait contraint à en repousser l’échéance, sans doute symptomatique de la crainte de ce que pourrait lui apprendre son absence.



Agnès,

Je me proposais de t’adresser quelques nouvelles du père de ton bâtard, mais leur manque de substance me frappe alors que je t’écris ces lignes.

Je me suis échoué en Limousin voilà une bonne semaine, il me semble. Limoges est une ville animée et prospère. Le temps s’écoule agréablement malgré la rencontre fortuite d’une jeune Hospitalière qui m’avait éraflé le flanc à Tonnerre en mai dernier. Tu t’en souviens forcément. Elle ne boit pas, c’est une rabat-joie sans être foncièrement antipathique. Etonnant comme un banc de taverne peut apaiser les désirs revanchards.

Par ailleurs, j’ai fait une plaisante trouvaille : un valet d’arme. La jeune fille est jeune, très jeune. Mais d’un autre côté, elle est particulièrement vive et volontaire. Et elle ne se plaint jamais, vertu à ne pas négliger. J’espère pouvoir en faire quelque chose d’honorable autant que j’en sois capable. Il lui faut véritablement tout apprendre. Cela t’amusera peut-être et te donnera un meilleur aperçu de ma protégée si je t’avoue qu’elle m’évoque la Sauterelle, dans une certaine mesure.

Enfin, sois gentille de rassurer la Belette et de lui dire que je me porte bien. Il ne me semble pas de bon ton de répondre à sa missive. Quant à son Rougeaud, tu serais également fort aimable de lui communiquer mon sincère dédain. Je me charge de lui mander de cesser incessamment ses billets doux à mon intention, c'en devient inconvenant.

Et toi, où en es-tu ? Qu’est-ce qui rythme ton quotidien ? Je suppose que si nos ennemis avaient eu raison de toi, je l’aurais appris d’une quelconque manière. De même si la main du Bourguignon t’avait arraché ton dernier soupir. As-tu fini par te résoudre à lui présenter mon fils ? Ou tout du moins à l’instruire de son existence et de ta volonté de le l’imposer au sein de votre descendance ?

Dans l’attente de savoir ce qu’il en est.

F.

Une bonne chose de faite.
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Gnia
Regard errant à des lieues de là où elle se tenait, elle avait longtemps conservé le billet dans une main qui était retombée et s'était abandonnée sur sa cuisse. Chape de glace formée par la froidure de ce qu'elle avait lu et qui avait figé la Saint Just.
Les yeux s'étaient clos un instant sur un profond soupir puis elle s'était peu à peu ranimée.


Citation:
A toi,

Si ta protégée est aussi rouée et fidèle que la Sauterelle peut l'être, je n'ai aucune crainte sur la fiabilité du valet d'armes que tu as dégotté.

J'espère que ton séjour limousin te trouve un peu plus serein que tu ne l'as été ces derniers temps.
Si un banc de taverne a le pouvoir d'apaiser les désirs revanchards, je ne désire rient tant que la distance et le temps puissent adoucir ton amertume.

Concernant les Rouges, tu comprendras certainement que je ne fasse rien de ce que tu voudrais. Puisque tu as fait le choix de la fuite, je n'escompte pas, en sus, remuer plus avant le couteau dans mes plaies.
Tu ne me laisses rien et me demandes trop.


De ce qu'il advient de ma petite personne, tu peux donc te rassurer à cette lecture. Je n'ai pas encore été privée de ma capacité à soupirer.
Nous avons fini par quitter Montauban et poser nos malles à Toulouse, que nous avons quitté presque aussitôt.
Les uns sont restés dans la région à vaquer à quelques affaires, les autres, dont moi, avons pris la route au nord.
Je suis arrivée il y a peu en Anjou, puisque j'ai décidé d'accompagner Matalena sur son chemin de retour.

Quant à notre fils, je t'avais pourtant dit que je ne ferai rien sans que tu en sois informé, ni avant que tu ne saches finalement ce que tu voulais.
La Ladivèze, quand je lui avais fait missive concernant tes projets, m'avait répondu qu'elle avait informé Lonàn de l'existence de père et mère et attendait que nous nous accordions sur son devenir.
Je crains que nous n'en soyons point encore là, malheureusement.

Pour l'heure, je ne me soucie donc que d'une chose.
L'instant où je le verrai.


Enfin, et parce que je ne saurai persévérer sur un ton froid débitant banalités sans me parjurer...

Tu me manques.
Malgré tout.

A.

_________________
Finn


Agnès,

Je me trouve toujours en proie à l’indécision lorsque me vient l’idée de t’écrire tant mes sentiments à ton égard sont contradictoires.

J’entends néanmoins ton refus de faire commission, même si j’avais cru comprendre que les démêlés entre tes vassaux devaient passer par toi et ton époux. Mais peut-être n’ai-je plus droit de prétendre à ce statut.

Enfin, apprendre que tu vas revoir notre fils me réjouit et je t’envie un peu. Il n’est certainement plus cette petite chose souillée, fripée et frappée d’un rose criard que j’ai entraperçue à Dijon.

Je gage que tu sauras faire face à ce petit bonhomme sans te dérober, après avoir affronté comtes comme malandrins et même les deux à la fois.
J’aurais à ce propos une autre requête à formuler. Si tu en as le temps et l’envie, pourrais-tu rappeler son père à son bon souvenir ? Dans ses meilleures dispositions, du moins si tu t’en souviens toi-même…

Dans l’espoir que tu me contes un peu mon fils.

F.

_________________
Gnia
Citation:
A toi,

A te lire, je gage donc que le temps et la distance n'auront donc guère apaisé tes amertumes.
C'est malheureux, car plus le temps passe et moins j'ai espoir qu'un jour tu puisses souffrir ma présence à nouveau.
Mais soit. J'en ai pris mon parti.

Concernant les Rouges, tu as fait le choix de fuir l'arbitrage des suzerains dû à leurs vassaux, dès lors vos démêlés ne me regardent guère. La demande du Rouge a été exaucée, il n'y a donc rien à arbitrer.
Et faire tes commissions à La Rouge qui s'inquiète de ce que tu deviens ne fais pas partie de mes devoirs de suzeraine.
Si tu n'as pas compris tout simplement que ta demande blessait la femme qui t'a aimé et t'a définitivement perdu par vos fautes, voici la chose à présent clairement exposée.

Et de ton statut de vassal, il demeure encore et toujours entre tes mains. je t'ai donné le choix, tu l'as toujours.
Pour l'heure.


Lonàn est charmant enfantelet, fort bien élevé et déjà doué en parole.
Sa chevelure hirsute m'a fait penser à la tienne, plus douce et plus sombre et ses grands yeux semblent vouloir capturer le monde pour tâcher de le comprendre.
Je gage qu'il a été fort déstabilisé par ma visite, quand bien même il y était préparé. Et à la joie de trouver une mère a dû se superposer la crainte de quitter le monde qu'il connaissait.

Déstabilisée, je l'ai été moins même.
J'ai refusé une petite chose mal dégrossie et j'accepte un petit être qui semble tout attendre de moi.
Faire face sans se dérober a été grande épreuve.
S'apprivoiser en sera une plus grande encore.

Je conte le père à son fils.
Dans ses meilleures dispositions, car de toi, ce sont les seules que je veux garder.
Si d'aventures, tu aspires toujours à être autre chose pour lui qu'une image fugace que l'on peine à s'imaginer, tu nous trouveras en Toulousain.

A.

_________________
Finn


A la mère de mon fils,
Agnès,

Mes amertumes s'apaisent avec le temps, si ce n'est avec la distance. La vie suit son cours et j'espère pouvoir renouer un jour avec mes frères d'armes d'hier. La Bourgogne n'a plus le même parfum sans eux. Je songe d'ailleurs à reprendre correspondance avec mon ami le chevalier Humbert. As-tu de ses nouvelles ? Je sais qu'il envisageait de perfectionner son éducation martiale en la Cité des Saules et se cherchait épouse.

Ce que tu me contes du Petit Merle m'enchante, il me manque lui aussi. Tout comme toi, d'une certaine manière. Un garçon aussi éveillé saura sans doute exercer son adresse avec le jeu d'osselets issus d'une patte de mouton que je joins à cette lettre. Ma sœur aînée avait l'habitude, encore à l'âge adulte, de s'adonner sans retenue à ce ludique passe-temps. J'espère que cela fera son bonheur, s'il te plaît de le lui offrir de la part de son géniteur.

Demain, je retrouverai Gaetan qui possède encore quelques biens à Montauban. Peut-être pourrais-je faire un crochet par Toulouse lorsqu'il sera temps d'aller les quérir.

Dieu vous ait tous deux en Sa Sainte Garde.

F.

_________________
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