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[RP fermé] Tout est dans la manière

Enzo.blackney
                      Left for dead, heaven is only in my head
                      In my head, in my head
                      In my head, in my head

                      The Well And The Lighthouse – Arcade Fire


20 mars 1459

- « Elle ne sera pas là pour mon 16eme anniversaire. Avec qui vais-je pouvoir me marier maintenant ? »
- « On ne se mari pas avec sa propre mère, voyons ! »
- « Je sais… mais…»


Le regard vert était larmoyant. Il faisait 1 ou 2 centimètre de moins, les cheveux long tombant sur ses épaules, on l’aidait à mettre ses habits de deuil. Ce que faisait son père, ou sa cadette de sœur, ou même Hervald lui importait peu à l’heure actuelle. Seule cette boule qui ne voulait pas s’en aller, qui nouait son estomac et le rendait émotif prenait toute la place. Elle était morte, et ce jour était le jour des funérailles. Elle était morte. Elle avait abandonné son fils cadet, lui qui cherchait son attention, lui qui l’aimait tant et espérait l’avoir à ses côtés jusqu’à sa propre mort. Son premier deuil. Celui de son premier amour. Enzo était là, cette mèche trop longue qui lui tombait devant les yeux, le cœur bien lourd, vacillant entre envie de crier sa douleur et d’amocher ses jointures contre les murs en hurlant sa colère contre le Très-Haut et sa mère.

- « Elle n’avait pas le droit de mourir ! »
- « Arrêtez de faire vostre gamin, pensez à vostre père et vostre sœur. Il faudra bien les soutenir et aidez vostre ainé à tenir les terres de vostre père. »
- « Fermez-là ! »


Et la main s’était levée pour repousser le serviteur. Une colère grondait chez le jeune cadet, il était détruit, et quelque chose autre arrivait, le changerait. Maintenant, il était clair qu’il ne pourrait plus jamais être comme avant. Le regard vert qui était alors enfantin, parfois insouciant malgré l’âge, cherchant la liberté et quelques emmerdes s’était durcit. On aurait presque pu dire que d’un coup, il avait grandit…

Il l’aimait. Elle était partie.


21 mars 1459

Essoufflé. Enzo était essoufflé, seul sur son cheval sur le continent normand. La veille il avait quitté les funérailles de sa mère sans un mot à Audoin. Sans même un regard. Il avait déguerpit en courant, égoïstement, sans même penser à son père ou sa sœur. Pour ce qui était d'Hervald, Enzo s’en fichait. Il ne s’était même pas pointer à l’enterrement ! Il ne méritait certainement pas le respect de son cadet, et même si le jeune homme avait agit en lâche en fuyant, au moins il s’était pointé ! Il avait dépassé Avranches et comptait bien continuer sa route, n’importe où, mais loin. Le jeune homme ne pouvait pas rester, il devait fuir. C’était pour lui la seule évidence qui s’imposait dans sa tête embrouillée, alors que ses mains tenaient fermement les rênes. Continuer jusqu’à ce que son corps soit épuisé, jusqu’à ce qu’il s’effondre, pour peut-être le revoir, ne serais-ce dans ses songes…

- « Mais pourquoi m’as-tu abandonné ! Je te déteste ! Tu n'avais pas le droit de mourir ! »

Entre orgueil et nostalgie, entre arrogance et impudence...

Juin 1459.

Rencontre imprévu… Boucles brunes et yeux gris, alors qu’il tentait de se remettre du deuil de sa mère avec la plus grande des difficultés. Encore gamin dans son esprit, Enzo n’était guère qu’un jeune homme maladroit, rencontrant ce qui lui semblait être la bouée nécessaire à son retour à la vie. Elizabelle. Il lui semblait être si amoureux, qu’il n’en oublia cette fleur offerte et ce départ précipiter qui l’amena de nouveaux vers des doutes et ses raisonnements tortueux. Enzo se regarde si jeune et encore si peu impudent… accroché aux reste de ses souvenirs avec sa mère, s’accrochant à ce sourire enfantin, à cette rencontre dans ce couvent. À cette jeune fille qu’il ne connaissait pas…à ce ruban bleu entre ses doigts. Il avait besoin d'être sauvé, et elle était arrivé. L'avait t-il vraiment aimé... ? Enzo se le demanda...

Septembre 1459.

- « Il est temps que nous repartions Audoin »
- « Bien, Monseigneur. Vostre père en sera heureux. »
- « Nous verrons bien une fois arrivée…»

Silence
- « J’ai entendu dire qu’Hervald était porté disparu de corps comme de bien. »
- « Je n’étais pas au courant. »
- « Deviendrais-je héritier ? »
- « Si c’est le cas, oui »

Soupire
- « Si c’est le cas, il faut partir rapidement. Bientôt le Mont Saint-Michel ne sera qu’une île. Cela fait déjà six mois… »
Autre soupire…
- « Effectivement... »
- « Tss ! Tout ça c'est de la faute au Très haut ! »
- « Monseigneur... »
- « Fermez-là et allez me chercher un verre ! »

Plus tard.
- « Dites-moi, pourquoi vous vous *hips * êtes jamais marié Audoin ? »
- « Parce que c’est encombrant une femme Monseigneur…Puis, vous savez la guerre…»
- « Ehm…»
- « Pourquoi cette question Monseigneur ?
- « Rien ! Buvez donc… et une de plus pour moi ! C’est qu’on s’ennuie dans c’trou *hips* paumé ! »


Au cours des moins suivant tout changea, allant de demande à mariage à l’entrée à la Garde Épiscopale. Mais tout était différent. Elizabelle n’était plus la jeune fille qu’elle était. Elle avait changée, et lui aussi. Plus mature et ayant prit de la distance avec le monde. La mort de sa mère venant encore le tourmenté durant ses nuits, et le jour venant créer des embrouilles et des angoisses. Il cherche alors à se faire remarquer, à tenter d’avoir une histoire d’amour qui tienne la route, tout en s’occupant de sa sœur cadette. De doute en doute, de Orthez à Rome de Rome à Paris, de choix en choix, le voilà bien paumé, à se chercher lui-même, à boire plus que de raison, à lancer des chaises en tavernes et s’engueuler souvent avec Elizabelle. Tout tangue, et le Blackney se perd, ses illusions tombent, ça s’embrouille…

Qui était-il ? Que voulait-il vraiment ?


- « NON ! »
- « Hein ? »
- « Non, rien… j’ai juste l’impression d’me perdre. »
- « Faudrait peut-être dormir au lieu de boire et dormir en taverne Monseigneur. »
- « Tss ! Mêlez-vous donc de vos affaires… »

Silence
- « Et une tournée générale ! »
À un autre moment.
- « Morte couille ! Je détestes les femmes ! »
- « Je vous l'avais dit. Que des problèmes. »
- « Vous je ne vous ai pas parlez ! Puis, défection ! Si mon père apprend que j'ai passer une nuit dans les geôles... »
- « Je ne dirais rien Monseigneur. »
- « J"espère bien ! Surtout si vous tenez à vos couilles !

Silence.
- « Faut que je parle à Cooky. On retourne à Orthez. »
- « Bien Monseigneur... »


À 16 ans, la vie semble parfois si compliquée. Si absurde, même quand on est bien né. Enzo se voit alors bien jeune, manquant de sagesse, et bien distant des choses à lequel il réfléchirait maintenant. Ses entreprises, ses humeurs, cette addiction à l’alcool et ses tourments quotidiens. Il voit alors le jeune homme naïf et amoureux qu’il fut. Celui qui a crut à l’espoir et à tenter de dessiner sa vie sur cet idéal. Pour oublier qu’une seule et unique personne. Pour effacer ses angoisses. Pour être celui que tout le monde voulait qu’il soit… Pourquoi voyait-il ceci maintenant ? Pourquoi revoyais t-il ces douleurs, ces rêves échoués, sa maladresse de jeune garçon ? Il avait l’impression d’y voir sa perte, un changement radicale…Sa blessure sur les routes, son nez cassé par Elizabelle, son opération à cause de sa blessure mal guéri... Il s’était berné à tenter d’être heureux, de retrouver des bras. Remplacer ceux de sa mère. Et il s’était embarqué dans un carcan de disputes, de jalousies, de batailles et d’alcools. Trop de femmes. Gantra, Agnesia, Elizabelle, Désirée.Sans oublier cette de Franche-Comté...Cooky et Glenwyt avec qui il se disputait souvent, mais aussi parlait plus qu'à d'autres. Trop de responsabilités. La Garde Épiscopale, le seul endroit où il se sentait bien, car ailleurs... Asphodelle, une 2ème mère pour lui.Rester parfait, ne pas succomber à ses pulsions qui le réveillaient en sueur la nuit. Sauf qu’à force de refouler…

Trad.
Laissé pour mort, le paradis est seulement dans ma tête,
Dans ma tête, dans ma tête
Dans ma tête, dans ma tête.
Répétition avec la 1ere partie, voulu.

_________________

© JD Alcalnn pour la citation. Création originale de JD Marin. - Déménagement dans 7 jours, répond au RP comme je peux.-
Enzo.blackney
Sauf qu’à force de refouler…On finit par exploser.

Et Enzo de courir dans ses plaines et ses vallons, cherchant à fuir, les mains sur ses tempes, les sinoples observant le paysage qui reste le même, qui reste tout aussi calme et luxueux. L’endroit parfait, mais il court, s’essouffle et s’arrête, se laissant tomber contre l’herbe fraîche, trop verte pour être réelle. Il ne sait pas très bien ce qu’il se passe le jeune Blackney, les souvenirs se créent autour de lui, se fondent ensuite. Et alors qu’il se laisse tomber sur l’herbe, tête toujours entre les mains, ça bouge. L’illusion d’une taverne, mais sans les murs, se projette autour du jeune homme qui se redresse alors pour observer avec une attention particulière, incertain, arquant légèrement un sourcil. Une femme est assise, quelques chopes vides se retrouvent sur les tables, l’odeur de la bière qui coule, d’un feu qui brûle dans la cheminée. Enzo se redresse. Gabrielle est là. Mais est-ce vraiment elle ? Il ne sait pas trop… Il ne sait même pas où il est vraiment alors il s’avance et va s’asseoir à côté, silencieux. Pourquoi cette taverne ? Pourquoi cette illusion…? On dirait Orthez. Elle le regarde, un sourire s’affichant sur son visage. Visage qu’il connaît bien. Qui lui manque terriblement. Sauf qu’il ne ressent pas le manque, alors Enzo sourit aussi.


- « Je t’attendais. »
- « Ehm… Tu sais où nous sommes ? »
- « Quelle importance, Enzo, tout ceci n'existe que dans ta tête... tu es en train de mourir...»
- « Quoi ? Mais non… Tu divagues ! »

L’observe un instant, quelque peu stupéfait.

Et tout tourne à nouveau. L’image s’écroule et se reconstruit. Même taverne, même feu, mais tout semble différent. Enzo est déjà assis et autour Glenwyt et Cooky sont là. Immobiles. Impossible de leur parler, ils ne bougent pas, comme des figurines dans une scène étrange. Gabrielle est encore là. En braies. Serait- ce le soir de leur rencontre ?


- « Eh. C’est pas ton arrivé à Orthez ça ? »
- « Si. Tu avais été vraiment odieux je crois bien en découvrant qui j'étais. Tu avais peur pour tes titres et tes terres. »
- « Ehm. J’avais surtout peur que tu ne veuilles que ça, oui. »
- « Et moi je t'avais trouvé absolument détestable, un sale petit noble arrogant. »

Et un sourire d’apparaître sur le visage de Gabrielle. Après tout, le paradis était dans la tête d’Enzo, fallait bien faire des efforts pour que ça reste beau.
- « Faux. Je te cite, tu as dit : « Vous êtes pédant, désagréable, hautain, infidèle, bagarreur et vous ne tenez pas l'alcool. Et puis qu'est-ce que vous êtes beau! ». Ce n’est pas exactement pareil. »
- « Oui, mais c'était plus tard ça. »

Gabrielle le regarde avec un petit sourire en coin.
- « J'avais raison, non? »
- « Ehm. »


Nouveau changement. Brusquement. Enzo se retrouve debout dans une pièce qui est loin d’être une taverne. Deux fauteuils devant un feu et un lit. Il cherche alors Gabrielle des yeux, tandis que la scène s’installe. Lui, une main aux creux des reins de Gabrielle, le regard méprisant, puis des lèvres qui se collent avec fougue tout comme les corps. Des mouvements, et elle qui tombe sur le lit, lui qui la rejoint. Si le Blackney avait pu rougir de se voir ainsi, en train de prendre Gabrielle pour la première fois, sans doute aurait-il été rouge jusqu’aux oreilles.

- « Tu as fait des progrès depuis...»
Sursaute
- « Ehm… Bah tu gémissais-là aussi. Tu simulais ?
Gab regarde Enzo et lève les yeux au ciel
- « Non, parce que ce long râle que tu lâches là…»
- « Tu as fait des progrès mais tu ne comprends pas encore tout. »
- « Enfin. Peu importe. Une chance que je… »

Gabrielle regarde Enzo.
- « Le début de nos ennuis, et… d'autre chose. »
Enzo regarde Gabrielle.
- « Autre chose…? »

Il semblerait qu’il n’allait pas avoir sa réponse le Blackney, que ça se bouscule encore. Et un sourire apparaît sur son visage. Il reconnaît très bien la pièce. C’est sa chambre à l’Oustau de Mortain. Noblement arrangée. Un secrétaire étant installé non loin de la porte, et une armoire dans lequel le jeune homme déposait ses habits. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas revu cette pièce. C’était moins bien qu’au Mont Saint-Michel, mais mieux que les auberges qu’il côtoyait depuis des mois. Même si ces dernières étaient des plus luxueuses. Toutefois, pas le temps de se demander ce qu’il fait dans sa chambre, qu’il se voit assis à ce dit secrétaire, plume en main, encre non loin. Le regard énervé, les mouvements de plume rapides…

- « Jolie chambre. Je ne la connais pas celle là. C'est la fameuse lettre j'imagine? »
- « C’est ou c’était ma chambre à l’Oustau. Vu mon état, je dirais bien que oui… »
- « Je n'ai jamais réussi à vraiment t'en vouloir de l'avoir écrite. Maintenant, je te dirais même que tu as bien fait. »
- « J’étais énervé. Je ne sais même pas pourquoi je suis allé raconter ça. Mais…»

La regarde.
- « Pourquoi bien fait ? »
- « Parce que sans elle, nous n'aurions pas eu le reste...»
- « Ehm. C’est sur que se faire exiler, être traitée de catin, et perdre son nom, c’est l’apothéose…»
- « Pas ça idiot! Il y a eu des jolis moments aussi. »

Enzo se dit que son illusion est trop sentimentale.
- « Je ne suis que ce que tu veux que je sois. »
- « Han ! Tu peux lire dans mes pensées ? »
- « Je ne suis pas réelle, alors oui. »

Pense aux seins de Gabrielle…
Gabrielle sourit

- « Je sais, ils sont parfaits. »

Enzo ouvrit alors la bouche pour répondre un truc odieux quand ça se décide à changer de souvenir de nouveau. À peine le temps de voir la lettre être déposée dans la main d’un serviteur qu’ils sont projetés tous les deux dans une coque d’un bateau. Un homme à côté semble avoir le mal de mer, et Audoin roupiller tranquillement. Sauf que pas le temps de commenter que ça évolue rapidement, et qu’ils se retrouvent en Bretagne, la rencontre avec Isleen, puis sur les chemins. Assis dans l’herbe Enzo revoit la scène des premiers adieux. Les derniers ? S’il est mort c’est sur qu’il ne va pas en faire d’autres. Le jeune homme soupira tandis que devant ses yeux il se voyait lui sur son cheval, Gabrielle sur le sien devant un chemin en fourche. Chacun allant prendre son côté.

- « A ce moment là, je pensais que je ne te reverrai jamais... ceci dit, je l'avais déjà pensé en quittant Orthez. »
- « Je ne sais pas trop ce que j’ai pensé pour ma part… »
- « Tu as du penser à toi, comme souvent. Moi je savais déjà que tu allais me manquer. Atrocement. »
- « T’exagères ! Et tu n’es pas supposée être ce que je veux d’abord ? Si tu n’avais aucune importance pour moi, jamais je t’aurais écrit. »

Gabrielle sourit, un peu narquois le sourire ? Non, pas possible, c'est Enzo qui décide de ses sourires à son illusion.
- « Je ne sais pas, tu ne me l'as jamais dit... sauf... »
- « Sauf…? »

Arque un sourcil alors que le couple se sépare, Audoin suivant Enzo, Yvane, Gabrielle.
- « Sauf plus tard. Avant de fuir. »

Bam ! L’illusion disait des choses sans détour. Enzo se tait, ne sachant pas quoi répondre. Et encore une nouvelle fois les images, les souvenirs se mélangent et défilent devant les sinoples du jeune homme sans qu’il puisse dire quoi ce soit. Son arrivée désastreuse à Mende. Sa rencontre avec Actarius, puis Mordric. Homme qu’il déteste au plus au point, mais Enzo ne peut s’empêcher de se demander s’il va pas lui manquer un peu au Chapeauté. Un sourire vient se former sur ses lèvres tandis que l’illusion de Gabrielle semble s’être évaporée, une main tente de la rattraper sans succès. Et tout se défile de nouveau, Enzo se retrouve aux étuves, entendant les rires et les paroles de Mordric, Valériane, Brekthas et Gabrielle. Moment qui fut difficile pour le jeune homme, mais dont le souvenir le fait rire légèrement. Nouveau changement, regard bleu et vert qui se croisent, mains sur les cuisses pour l’un, dans les cheveux pour l’autre. La sérénité se réinstalle, Enzo, ses derniers souvenirs. Est-ce la fin ? Est-ce comme ça que ça doit se terminer ? Il aimerait bien gagner du temps, tenter de s’accrocher à ses souvenirs, faire revenir l’illusion de Gabrielle. La revoir une dernière fois, Elizabelle aussi, peut-être. Est-ce le moment de rejoindre sa mère ? Des images de parties de ramponneau, des rires, des sourires. Des soupirs, des baisers. Emeline, Audoin, Alcalnn, Hélène. Des souvenirs d’enfance, les plages du Mont Saint-Michel, les jupons de sa mère… Asphodelle. Va-t-il jamais la revoir finalement cette dernière ? Le souvenir de la cave se dessine alors devant ses yeux. Cette nuit privilégiée où il a donné un peu de lui, où il fait l’amour pour la première fois à Gabrielle. Mais alors pourquoi Enzo ne sourit plus ? Les roulages de pelles – carrés * - ces soirées de tavernes, ses emmerdes… Il revoit les petites affaires de son entreprise privée être rondement menées,Isleen, ses entraînements, les lettres de Cooky, des soirées trop bien arrosées… Et tout s’arrête soudainement. Est-ce que l’illusion de Gabrielle avait raison ? Était-il mort…? Était-ce comme ça que tout devait se terminer ? Et devant lui se dessinait la taverne de Carcassonne…

Il l'aimait. Il était parti…


- « Tu n’aurais jamais lui dire ça ? »
- « Han ! Mais tu es qui ? »
- « Toi. »

Enzo arque un sourcil, regardant… bien, se regardant en fait.
- « Ehm…»
- « Arrête de faire l’idiot.
Quelle idée de lui avoir balancé tes sentiments si c’était pour fuir, franchement ! »

Enzo ouvre la bouche, comme pour vouloir rétorquer.
- « Je…mais ! »
- « En plus, tu vois bien dans quel état tu nous a mis. Nous allons mourir ! »
- « Mais je ne veux pas mourir ! Je l’aime ! »
- « Alors réveille-toi ! »


Une bouche qui s’ouvre pour chercher une respiration, les yeux qui s’ouvrent et s’explosent dans la lumière, le corps qui se crispe et qui grince sous les douleurs. Une légère suffocation, dans la tête c’est l’orchestre symphonique, autour de lui… tout est méconnu. Enzo s’étouffe un peu, paniqué, tentant de se redresser.
Le cœur battant la chamade… Il n’est pas mort !


* Private joke entre JD Gabrielle et moi-même. Nos pantins se font des roulages de pelles carrées depuis ce jour, parfois triangulaire aussi....Ceci dit e terme est déposé et ne peut utilisé sans accord écrit en 3 exemplaires des JD sus-nommés.

RP écrit à quatre mains pour les parties dialogues.

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© JD Alcalnn pour la citation. Création originale de JD Marin. - Déménagement dans 7 jours, répond au RP comme je peux.-
--Frere_noal


Frère Noal passait voir le jeune blessé dès qu’il en avait l’occasion. Alors qu’il l’avait ramassé, lui sauvant le peu de vie qui le tenait encore, il se sentait coupable et considérait comme de sa responsabilité sa guérison.
Hélas, le Très Haut semblait hésiter sur le sort à accorder du jeune homme et il le maintenait entre la vie et la mort, dans un lieu mystérieux connu de lui seul. Le moine se demandait si derrière les paupières closes il se passait quelque chose, si l’inconnu voyait des anges et s’il entendait des hymne célestes. Ou si son âme errait simplement dans le noir cherchant son chemin.

Alors dans ses moment de repos, Frère Noal s’asseyait sur une chaise près du grand brun et priait en lui tenant la main, il priait pour que la délivrance approche, il priait pour le salut de son âme, il priait pour ses proches, sa famille, ses amis qui, certainement, devait s’inquiéter pour lui, il priait pour que cesse les souffrances. Il s’inquiétait en effet que le jeune homme ne meurt par manque d’eau et de nourriture, ce qui lui paraissait une mort des plus atroces. Il glissait régulièrement un peu d’eau entre les lèvres du blessé mais pas assez probablement. C’était une bien étrange maladie qui semblait avoir touché ce garçon. Il semblait dormir paisiblement mais d’un sommeil sans fin. Le Frère Paul, le médicastre du monastère, assurait qu’il n’y avait rien à faire, que son destin était entre les mains du Très Haut et qu’on ne pouvait que prier et espérer.

La blessure à la tête s’était avérée superficielle, le jeune homme souffrait de multiples contusions, liées certainement à l’attaque qu’il avait du subir pour se retrouver agonisant près de ce ruisseau. Il avait été pansé, lavé, on l’avait revétu de vêtements propres et installé sur un lit du petit dispensaire qui voyait passer moines de la communauté et pauvres égarés qui nécessitaient des soins. Celui-ci était leur cas le plus grave.

En ce troisième jour après le retour de Frère Noal, d’Aymon et de leur encombrant paquet, le moine était auprès de son protégé, et il priait, les yeux clôts, une main sur celle du jeune immobile.
Tout concentré qu’il était à sa prière, le moine ne sentit pas tout de suite les doigts qui bougeaient sous les siens. C’est le bruit de suffocation qui lui fit ouvrir les yeux et se lever d’un bond.
L’endormi était réveillé et semblait paniqué, il manquait d’air et s’étouffait. Un retour de parmi les morts pensa le moine.
Il posa ses deux mains sur les épaules du malade, le forçant à reposer la tête sur la couche.

"Calmez-vous mon jeune ami ! Pas de quoi vous inquiétez. Vous êtes de retour parmi vos frères humains."

Prenant de l’eau, il fit boire le garçon qui en avait certainement bien besoin. Celui ci semblait perdu. On le serait à moins après un tel voyage.

"Je suis Frère Noal. Je vous ai trouvé sur un bas chemin il y a maintenant trois jours. Je vous ai ramené ici, dans notre prieuré. Vous étiez bien mal en point mais nos prières ont été exaucées et vous voilà bien vivant. Loué soit le Très Haut !"


Il sourit à l’inconnu.


"Je vais enfin pouvoir vous poser la question qui m’intrigue depuis notre rencontre."


Il regarda le jeune homme dans les yeux pour la première fois depuis qu’il l’avait trouvé. Des yeux verts nota-t-il.


"Qui êtes-vous ?"
Isleen
Parti, disparu, voilà donc pourquoi elle n’avait de nouvelles de lui, pourquoi depuis des jours, elle était désœuvrée des taches habituelles, tout simplement parce qu’il était parti, parce que Monsieur avait décidé de disparaître comme cela sur un coup de tête, sans prévenir quiconque. Qu’il ne la prévienne pas, ça c’était logique, il l’aurait fait qu’elle en serait tombée sur les fesses d’étonnement, une esquisse de sourire à l’évocation de son boss la prévenant, impensable ! Qu’Audoin , son ombre ne sache pas ou il soit, ça commence a devenir limite, mais après tout passe encore, il n’est qu’à son service lui aussi, mais Gabrielle, ça s’était inquiétant, étrange. Au vu de la relation proche de ces deux là, on lui aurait demandé « qui sait ou est Enzo ?» elle aurait immédiatement dit : Gabrielle. Aussi avait-elle été plus qu’étonnée la vieille au soir, quand cette dernière lui avait sa disparition. Disparu. Sans prévenir, sans rien dire !

Elle aurait pu se réjouir de cette disparition, mais étrangement non, il ne ressemblait pas à l’homme de partir ainsi la queue entre les jambes, à y réfléchir elle ne trouvait pas d’autre façon d’envisager la chose, sa fuite, sa disparition ressemblait à un abandon de navire, lorsque celui coule et que l’on ne peut plus rien y faire. Qui l’avait abordé pour qu’il s’enfuie ainsi ? Car pour elle, nul doute que se fut ça son départ, il serait parti régler une affaire important, qu’Audoin l’aurait accompagné, Gabrielle surement aussi, aucune raison qu’il soit parti « méditer », faire une retraite spirituelle pour « guérir » son âme, racheter ses pêcher et autres choses totalement stupides que plaisent à enseigner curetons, nonnes et j’en passe, et quand aux affaires particulières, il l’aurait envoyé elle. Donc oui, sa disparition ressemblait à une fuite !

Elle aurait pu se réjouir, mais non, voir Gabrielle, qu’elle appréciait, ne lui plaisait pas, elle appréciait la femme enjouée, dynamique, pleine d’entrain, respirant santé et bonne humeur, et là non Gabrielle était à mille lieu de la Gabrielle, et ça mince, non ! Elle avait aussi une raison toute personnelle de savoir ou il se trouvait, de savoir s’il avait passé l’arme à gauche ou non : son emploi, la sécurité relative de celui ci. Elle ne voulait perdre ni l’un ni l’autre, la situation bien qu’imposée à l’origine lui convenait, elle avait un certain équilibre qui lui plaisait, certes elle n’était pas totalement libre, mais au final la situation lui allait plutôt bien, et puis Enzo, elle avait fini par ne pas voir en lui que le jeune noble arrogant. Elle en avait parlé un soir à Phyl, alors qu’ils étaient tous deux en taverne, de cette décision d’aller à sa recherche, elle lui avait demandé de venir avec elle. Elle se serait écoutée, elle serait partie sur un coup de tête à sa recherche, chasser le naturel il revient au galop, oui mais voilà elle avait promis à Phyl de toujours l'associé à ses décisions, dans la mesure ou elle en avait la possibilité, et c'est ce qu'elle avait fait.

Il lui avait dit oui. Il l’accompagnait. Ils allaient partir à la recherche de son boss, chose que surement Phyl si on lui avait vraiment demandé le fonds de sa pensée, n'aurait pas fait, mais ils partaient ensemble sur les routes, elle et son échalas, ils partaient à l'aventure, tous les deux. Ils associaient le plaisir d'être ensemble, le plaisir de la découverte des routes de cette partie de royaume et la recherche d'Enzo. Ce matin là, ils finissaient les préparatifs du voyage. Fin prête, elle attendait qu’il termine son baluchon rassemblant quelques affaires se trouvant dans la petite maisonnée abandonnée qu’elle avait squattée à son arrivée ici.



Fin prêt ? Allons y.



Quelques heures plus tard, ils étaient déjà loin sur les routes. Il convenait d'agir avec discrétion, elle l'avait promis à Gabrielle, mais un grand brun avec une petite rousse, pas dit que cela passe inaperçu.…


petit édit pour petite correction

_________________

pas là jusqu'à début juillet
Gabrielle_blackney
[N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.

N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais.
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.*]


Combien de jours ? Combien de nuits ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Trop. Une absence trop longue. Un silence trop lourd. Oui, c’est ton silence surtout qui est la pire des tortures. Il me tue. On me dit que je n’aime plus rien, ni personne. Je t’aime toi. Et tu n’es plus là. Et tu ne me dis rien. Parfois, je pense que c’est mieux, que je préfère ne pas savoir, que les souvenirs me suffisent.
Je ne veux pas savoir que tu es heureux, je ne veux pas savoir que tu vas bien, je ne veux pas savoir ce que tu penses, ni ce que tu dis, ni qui tu vois. Je ne veux pas savoir que tu es parti à cause de moi, je ne veux pas savoir que tu me fuis, que je ne te manque pas, que je n’étais finalement pas grand chose.
Je ne veux pas savoir et pourtant j’espère. Mais je ne vois rien venir. Toi, je ne l’espère plus. Tu ne reviendras pas, je commence à le comprendre à défaut de l’accepter. Mais juste une lettre, quelques mot qui diraient que tu n’es pas mort, qui diraient que je ne dois pas t’attendre, qui diraient que c’est mieux comme ça. Toi loin de moi. Toi et moi libres, peut-être. L’amour est un esclavage mais s’en affranchir est douloureux. Alors j’attends toujours et j’espère.
Et puis la minute d’après je n’ai plus envie. Je veux me coucher et fermer les yeux, ne plus penser, ni à toi ni à rien. Alors, je sors, je vais défouler ma rage ailleurs, loin des autres, loin du monde.

Je suis sur les remparts de Montpellier, le soleil se lève, les portes vont s’ouvrir et toi, tu n’es toujours pas là. Je sais, j’ai dit que je savais que tu ne reviendrais pas. Mais j’ai beau essayer de me raisonner, essayer de t’oublier, essayer d’imaginer ma vie sans toi, au fond de moi, je t’attends. Je m’en veux. Tu ne me mérites pas. Tu ne mérites ni mes bras, ni mes sourires, ni mes pensées et encore moins mon âme et mon cœur. Et je reste pourtant là, comme une idiote à t’attendre.
En cet instant précis, je te hais Enzo, tu n’imagines pas à quel point. Je te hais tellement que je crois que je vais en mourir. Parce que tu m’empêches de vivre. Parce que ma vie sans toi est terne et vide. Parce que sans toi, je ne suis pas grand chose. Et je te déteste d’être venu dans ma vie, d’avoir tout explosé et de m’avoir laissé comme ça, seule et vide.

Je suis sur les remparts de Montpellier, le soleil se lève, les portes vont s’ouvrir et moi je regarde en bas. La mort me tente je dois te l’avouer. Je me demande comment serait la chute, si je reverrais ma vie, si j’aurais peur, quelle serait ma dernière pensée, ma dernière image. Je sais, c’est un péché. Mais ça n’est plus très grave maintenant. J’ai tué déjà une fois. Et bien plus pur et innocent que moi. Pour ça aussi je m’en veux. De l’acte et de ne pas te l’avoir dit. C’était aussi le tien après tout, tu aurais du savoir, tu en avais le droit. J’ai déjà tué, alors je pourrais bien sauter, ça ne changerait plus grand chose, mon âme n’est plus à vendre et elle n’ira pas au ciel.
Tu crois que la chute est longue ? Que le choc est douloureux ? Je me penche un peu. Tu as remarqué comme ça paraît toujours plus vertigineux vu d’en haut ? Si je regarde au delà, je vois la mer… Cette mer étrange qui ne bouge pas. On devait s’y baigner, tu te souviens ? Ca n’ a plus grande importance maintenant.

Je suis sur les remparts de Montpellier, le soleil se lève, les portes vont s’ouvrir et je ne sauterai pas. Je vais aller me coucher. Dormir un peu. Tenter de t’oublier. Lâcheté ou orgueil ? Est-ce que j’ai peur de mourir ou est-ce que j’ai envie de vivre ? Je ne sais pas bien.
En regardant la mer qui brille sous les premiers rayons du jour, je me demande si tu m’aimais vraiment.
Et toi ? Où es-tu ? Que fais-tu ? A quoi penses-tu ? A qui penses-tu ? A moi? A d'autres?

N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.*
N'écris pas… Mais reviens moi.


*Marceline Desbordes-Valmore
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--Phylibert



[Départ avec Isleen]

S'il existe en Languedoc un spécialiste du baluchon, c'est notre Phylibert. Il a tant vadrouillé sur les routes de France et de Navarre qu'il a hissé l'agencement des paquetages au niveau d'un art véritable. Hop ! Bouteille de gros rouge emballée au milieu d'un gilet de rechange, pour ne pas la casser ! Hop ! Escarcelle bien emmitouflée au fond d'une épaisse chaussette de laine, pour qu'elle y voyage incognito ! Et hop ! Jambonneau et frometon bien enveloppés dans le p'tit linge de corps replié avec soin ! Et enfin, la touche finale ! Le coup de pattes du maître : une couverture à carreaux rouges emprisonnant le tout au fond du barda ! Superbe travail dont l'échalas est particulièrement fier. Les prunelles turquoise inspectent rapidement la minuscule pièce à vivre de la maisonnette qu'il squatte avec son joli poussin dans les faubourgs de Montpellier, et non, ils n'ont rien oublié d'essentiel. En route !

Un sourire à la puce qui l'attend, déjà prête, une petite tape affectueuse sur son popotin, et c'est parti. C'est pas un départ en vacances, non, cette balade a un but important. Du moins pour la brindille, dont le mystérieux patron s'est évaporé dans la nature. Enlèvement, déprime, blessure ? Tout le monde semble l'ignorer. Phyl, pour sa part, n'a aucune opinion, et d'ailleurs ça ne le préoccupe guère. Il le connaît à peine ce big boss. A la limite, s'il pouvait disparaître pour de bon, notre bonhomme n'en serait pas mécontent, vu qu'il apprécie fort peu que sa rousse fleur d'Erin puisse être réquisitionnée du jour au lendemain par cet employeur envahissant. Mais il lui a promis de faire de son mieux, ainsi qu'à Gabrielle, et il le fera. Par contre, comment vont-ils procéder pour retrouver cet Enzo ? Ça c'est une autre paire de manches. Visiblement, ils s'élancent au p'tit bonheur la chance. A l'instinct. En commençant par le commencement, c'est-à-dire les faubourgs de la ville. Bref, l'aventure risque d'être longue, mais puisqu'il la partage avec son colibri, c'est plutôt une excellente nouvelle.

Midi approche, et le soleil cogne dur sur les caboches de nos tourtereaux. Le bougre a décidé de leur compliquer la tâche, et la nature verdoyante s'y met aussi. Elle ne leur propose que de longs sentiers rocailleux qui serpentent entre les cultures. Pas un pet de vent, des ombres réduites à leur portion la plus congrue, et même pas une rivière pour y tremper les petons irlandais et les arpions du Phylou. Notre zigoto n'a plus un poil de sec, et ses guibolles d'échassier demandent grâce.


On va encore loin comme ça, mon joli poussin ? Tu sais, moi je te suivrais jusqu'au bout du monde, mais mes panards ne sont pas du même avis ! Tiens, écoute un peu, ce ne sont pas des cris ça ?

Effectivement, non loin d'une ferme isolée baignée de soleil, résonnent des cris. Ou plutôt des jurons, genre ... euh ... à vous de deviner. Une carriole bringuebalante tirée par un canasson aussi large qu'une armoire normande cahote au milieu du sentier, dans leur direction. Loin derrière, un paysan furibard gesticule comme un beau diable, les fesses dans une flaque d'eau. Le zig est tombé de sa charrette et braille comme un âne hystérique. Un chariot ? Tiens donc ? Ne serait-ce pas un excellent moyen de transport ça ? Phyl se campe au milieu de la ruelle et parvient à se saisir du licou de la carne. Bon, ne prenez pas cet air indigné, notre zigoto est un voleur, la puce le sait, et ils en ont fait bien d'autres lorsqu'ils fréquentaient la cour des miracles.

Grimpe, ma tourterelle ! On va emprunter un peu ce carrosse ! Zou ! Notre escogriffe aide aussitôt sa rouquinette à se hisser sur la banquette de bois, il la rejoint d'un bond, et encourage aussitôt la bourrique à poursuivre sa route. Rapidement, ils s'éloignent, et les hurlements du paysan se perdent dans la tranquillité de la campagne. Phylibert peut alors se permettre de ralentir la course du bourrin, dont le fessier musculeux se dandine devant eux, en cadence. Au bout d'un instant de contemplation silencieuse, le bougre sourit largement.

Je t'ai déjà parlé de ma tante Agate, mon trésor ? Elle a exactement le même derrière que notre bestiole ! Je te la présenterai un jour ...

Et Enzo dans tout ça, me direz-vous ? Enzo ? Quel Enzo ?

Enzo.blackney
Tout se bouscule, entre ses tentatives de reprendre un air qui semblait lui manquer une voix retentir à côté de lui, ce qui fait sursauter le jeune homme, qui ne l’avait pas encore remarqué. Des mains vont appuyer sur ses épaules pour le forcer à rester couché, et une grimace ce dessine sur le visage du Blackney, tandis qu’il se débattait encore un peu. Où était-il ? Que faisait-il là ? Dans quel état il s’était mit ? Enzo se rappelait de rien. Ou presque. Une auberge, de l’alcool, une chambre, un départ… et puis plus rien. Et même que tout ce qui précédait était flou, difficilement compréhensible et Enzo ne savait pas trop ce qui était vrai ou faux. Il lui semblait être habillé, ce qui était un très bon point, mais le jeune Blackney n’était pas certain que ce soit ses vêtements à lui. C’était chaotique, et Enzo ne savait plus où donné de la tête, déjà que cette dernière lui faisait mal. Il y avait ce mal qui cogne à l’intérieur comme si un petit homme venait cogner sur les rebords de la boîte crânienne. La respiration se faisait légèrement sifflante, sans doute du au fait qu’il avait la langue pâteuse et la gorge asséché. Le jeune homme voulu se relever de nouveau toujours agité, mais se ravisa. Maintenant que le réveil s’installait confortablement, Enzo sentait bien le mal désagréable qui crispait son corps et le faisait un peu grimacer. Puis, cet homme… un moine vu son apparence, qui était-il, et depuis combien de temps était-il alité pour qu’il lui parle de retour chez les humains. Le regard toujours aussi perdu fixa l’homme. Se souvenant de pas grand chose, il était dure de savoir s’ils se connaissaient d’avant ce trou noir.

- « Vi…vant ? » Toussa bruyamment, et eu une nouvelle respiration sifflante. « Je…suis… vivant ? »

Question qui semble idiote, peut-être, mais c’est que le Blackney n’est plus sur de rien. Il se souvient de ce monde tranquille et clair. De ce monde paisible qui lui montrait les images de sa vie. Il se souvient de l’herbe trop verte, de la sérénité. Actuellement, il était bien loin de ce monde, à n’en point douté vu son état, et le fait qu’il ressentait, mais reste néanmoins que le jeune homme n’était vraiment plus certain de ce qui était vrai ou faux. Était-il vraiment mort ? Le Très-Haut lui aurait-il donné une seconde chance ? Si c’est le cas, avait-il une mission particulière à accomplir pour être revenu ? Définitivement, Enzo était perdu. Et Gabrielle. Où était-elle ? Ici ? Il accepta l’eau sans ronchonner, au contraire, cette dernière était limite une bénédiction tellement il avait soif. Il lui semblait que ça voix avait changé, mais il en était pas certain. Il avala l’eau d’un trait, et même qu’il en redemanda d’un signe de main.

- « Trrrois jouur ?! »


Ça avait duré si longtemps ? Il était parti depuis combien de temps du Languedoc avec tout ça. Quelqu’un le connaissant était-il ici ? L’avait-on retrouvé ? Avait-on envoyée des nouvelles à Gabrielle ? Est-ce qu’on le pensait mort ? Encore des questions. C’est que le Blackney ne savait vraiment plus où donner de la tête. Il avait mal, il était perdu, il ne savait pas bien où il était, ni pour quel raison il s’y était retrouvé, et de surcroit, peut-être bien qu’on le pensait mort ! Vrai que c’est un peu ce qu’il voulait quand il était parti, mais dans la vie on peut changer d’idée. Ou dans la mort dans son cas. Puis, il l’avait dit à sa conscience. Il l’avait affirmé envers lui-même, peut-être un peu plus assumer. Il l’aimait. Mais il ne savait pas trop ce qu’il devait faire avec ça. Le moine semblait si heureux de le revoir parmi les vivant. Il allait aller se confesser de ses pêchers pour ce qui lui semblait un miracle, quoiqu’il ne fût pas bien certain. Il lui aurait semblé d’être revenu d’un long sommeil en fait.

- « Enzo. »

De se racler un peu la gorge et de tousser à nouveau. Lui qui ne buvait jamais d’eau, voilà qu’il ne voulait plus s’arrêter d’en boire.

- « Enzo Blackney… »

Grimaçant, le jeune homme regarda de nouveau autour de lui. Un prieuré avait-il dit le moine ? Lequel ? C’était lui qui l’avait trouvé, donc sans doute il était toujours porté absent. Disparu, peut-être, mort si jamais on le recherchait. Il ne pouvait savoir quelles informations pouvaient tourner autour de son absence, même s’il avait fait attention de ne pas se faire retrouver. C’était limite angoissant de ne pas être certain de ce qui courent. Et si Gabrielle apprenait sa mort ? Que ferait-elle ? Il fixe le moine un instant.

- « Quel…qu’un est… au courrrant de ma présssence ici ? »

Les mots sortent un peu mal. Il aimerait bien posé la question du quand il pourra repartir, mais n’ose pas. De toute manière son épaule et son corps entier lui fait mal. Un moment déplaisant, même si c’est supportable. Puis, il faut du temps pour digérer le trouble qui s’est installé chez Enzo. Il se sent bien impuissant et complètement largué. Sentiment qu’il déteste tant. Et Gabrielle, va t’elle bien au moins ?

Et où sont ses vêtements à lui ?!

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© JD Alcalnn pour la citation. Création originale de JD Marin. - Déménagement dans 7 jours, répond au RP comme je peux.-
--Frere_noal


Vigiles, laudes, prime, tierce, sexte, none, passer à la salle capitulaire, au scriptorium, remplir sa fonction de cellerier*… Il ne restait au Frère Noal que peu de temps avant les vêpres pour passer prendre des nouvelles des malades. Le dispensaire était situé un peu à l’écart des bâtiments principaux et il faut donc marcher quelques minutes avant d’atteindre la bâtisse de pierres. Le Moine se réjouit de l’été qui approche et profite des quelques minutes de marche dans la douceur de la fin d’après midi. Il repense à son jeune protégé qui a ouvert les yeux hier. Ca n’est pas le premier retour de l’autre côté auquel a assisté le Frère Noal mais c’est toujours un moment troublant. Le Très Haut et ses décisions restent un mystère, même pour lui qui lui consacre sa vie. Et c’est très bien comme ça. Un moment viendra où il saura, en attendant, il remplit du mieux qu’il peut la mission qui est la sienne.
Il n’appartient pas au Frère Noal de juger son prochain et la curiosité est un vilain défaut mais il se demandait bien ce qui avait amené ce jeune homme à se retrouver agonisant sur ce bas chemin. Enfin ceci ne le regardait pas. Il avait raconté à Enzo – puisque tel était son prénom – comment il l’avait trouvé, ramené, il lui avait dit que non, personne n’était au courant de sa présence et qu’il n’avait rien lu dans les rotularius**indiquant qu’il était recherché – il arrivait en effet que ce genre d’informations soient indiquées sur le rouleau de parchemin.

En entrant dans la salle où étaient les malades, il les salua un par un par leurs noms, ayant une phrase amicale pour chacun. Ils étaient tous éveillés, attendant le repas qui ne tarderait pas. Le moine soupira en pensant que les malades avaient droit à une nourriture bien plus riche que leur ordinaire. Il chassa vite cette pensée envieuse dont il devrait se confesser au plus vite, et se concentra sur l’objet de sa visite. En approchant du lit où était Enzo, il put constater que le jeune homme semblait moins perdu que la veille, et qu'il était également moins pâle.


"Bonsoir Enzo, que le Très Haut soit avec Vous. Vous me semblez déjà en meilleure forme. Je vous ramène ceci, j’ai pensé que cela vous ferait plaisir de la revoir. Malheureusement, je ne pourrais pas vous la laisser… je voulais juste m’assurer qu’elle était bien à vous."

Il baissa la voix.


"Rien que pour l’amener ici, ça m’a valut quelques sévères discussions dont je vous épargne le détail."


Il posa l’épée du jeune noble – oui une épée de ce genre n’était pas une épée de bourgeois, son propriétaire était incontestablement noble, surtout quand on lisait ce qui y était gravé – au pied du lit. Les armes étaient interdites au sein du monastère. Du moins en théorie, en ces temps troublés, certains religieux pensaient que s’armer pour se défendre n’était pas contre la volonté du Très Haut. Le Frère Noal pensait lui, que le malade ne retournerait pas sa lame sur ceux qui l’avaient accueilli. Mais il n’en demeurait pas moins que le Frère Paul ne tolérerait pas la présence de l’épée bien longtemps dans ce dortoir.
Mais le Frère Noal savait aussi que lorsqu’on était perdu loin de chez soi, les petites choses choses matérielles prennent une nouvelle importance.

"Je vous ai également ramené ceci".


Et il déposa sur le banc en bois à côté du lit, les vêtements du jeune homme – qui avait été lavés - ainsi que ses bottes.

"Vous n’aviez que cela avec vous lorsque je vous ai trouvé. On vous a dépouillé de beaucoup de biens ?"


Il regarda le malade.

"Mais la raison principale de ma venue est toute autre. Je voulais savoir si vous désiriez que nous prévenions quelqu’un de votre présence ici ? De la famille ? Des amis ? Vous avez certainement des proches qui s’inquiètent de votre disparition."


*Le moine qui veille sur l’approvisionnement de la communauté
**Rouleau de parchemin très long passant d’un monastère à l’autre afin de transmettre les nouvelles
Enzo.blackney
    « [...] Reste chez toi
    Vieillis sans moi
    Ne m'appelle plus
    Efface-moi
    Déchire mes lettres
    Et reste là
    Demain peut-être
    [Je reviendrai] [...] »

    L'un part, l'autre reste - Charlotte Gainsbourg


Ainsi, il avait été retrouvé près de la dernière ville qu’il avait visitée. La seule où il avait décidé de laisser de ses affaires, et de s’offrir une nuit dans une auberge. Non luxueuse, ceci dit. Pour ne pas qu’on retrouve sa trace. Il semblerait qu’on ait remarqué qu’il n’était pas roturier, malgré les apparences pour le faire croire. Et qu’il ait été très naïf. Peut-être avait-il eu de la chance de tomber sur ce moine. Tout du moins, il avait un peu de gratitude envers ce dernier, même si c’était contraire à sa personnalité. Faut dire que ce qu’il venait de vivre avait de quoi le perturber. Le jeune avait soupiré, la tête contre la couche, puis le moine était parti. Définitivement, rien n’allait et pour qu’il se soit mis dans un tel état, il fallait bien que Gabrielle lui manque plus qu’un peu. Enzo avait donc gardé le silence, mutisme éloquent, mais le moine n’aurait pu comprendre, il ne le connaissait pas après tout. Puis c’était mieux ainsi, tout du moins, c’est ce qu’il croyait. N’était t-il pas qu’un être odieux et con ? C’est qu’il avait de quoi se poser des questions et faire une légère introspection après tout ce qu’il venait de vivre. Mais pas trop, il était quand même Enzo, et ça, on allait pas le changer. Les idées, les pensées allaient et venaient jusqu’à ce que le jeune homme finisse par s’endormir d’un sommeil tout à fait normal, bien loin du voyage qu’il avait vécu pendant, il semblerait, trois jours. Son retour était-il un miracle ? Le Blackney n’en savait rien, et même si ça lui traversait l’esprit, ne s’en préoccupa pas outre mesure. Une seule personne ramonait de nouveau ses pensées. Elle, et une lettre qu’il avait reçue quelques jours avant son départ. Une lettre de Cooky. Une lettre à laquelle il n’avait pas répondu d’ailleurs. C’est ainsi qu’il s’était rendormi, après qu’on soit venu vérifier son état, un autre moine, tout aussi étonné et remerciant le Très-Haut de son retour dans le monde des vivants. Le lendemain, le jeune homme se sentait déjà un peu moins perdu, et il lui semblait être moins pâle. On était venu le voir préalablement pour lui donner de quoi calmer les douleurs dans sa tête, et puis on l’avait laissé tranquille, après l’avoir aidé à se relever pour quelques besoins vitaux. Il était simplement relevé un peu en attendant le repas quand le frère Noal vient le saluer, comme il venait de le faire pour chacun des autres patients. Un léger sourire s’afficha sur le visage du jeune homme quand il vit l’épée, la sienne.

- « Je me sens un peu mieux… Si ce n’est cette épaule et ma tête, je sortirais bien. »


Puis regardant son épée qui était déposé au pied de son lit, le jeune Blackney hocha doucement la tête aux propos du frère, et le regarda déposer aussi ses vêtements et une paire de bottes… qui n’étaient pas les siennes. Une main alla se déposer sur son front et un soupir s’échappa de ses lèvres, tandis qu’il tentait de se souvenir de ce qu’il avait bien pu avoir sur lui au moment de l’attaque. Les vêtements, étaient ceux de rotures qu’il avait acheté pour se faire passer pour un de ces pauvres paysans, ça il s’en rappelait, mais qu’avait-il gardé aussi ? Il n’était plus sur de rien.

- « C’est bien mon épée. Quelle chance qu’elle n’ait pas été volé… mais ce ne sont pas mes bottes. Même qu’elles m’ont l’air plus petites. Je me serais donc fait voler mes bottes ? On doit m’avoir dépouillé de quelques écus, sans doute de quoi être heureux dans une taverne pour quelques jours. Je dois bien avoir laissé la plupart de mes affaires et écus à Audoin… »

Sûrement. Enzo n’aurait pas été assez idiot pour partir avec toutes ses affaires, et seul de surcroit. Il l’espérait du moins, car il ne se rappelait vraiment pas beaucoup, plusieurs choses encore lui étaient floues, et ça avait quelque chose d’inquiétant d’ailleurs de ne pas tout savoir, ou de rester incertain face à ce qui est vrai ou faux. Tout cas, il pourra s’habiller correctement une fois sorti d’ici, ce même si c’était des vêtements qui n’étaient pas de sa trempe. Ça suffirait amplement, sachant qu’il allait bien retrouver ses chemises et ses braies un jour ou l’autre. Enfin, pour ça il lui faudrait revenir. Le regard vert alla croiser celui du moine tandis que ce dernier lui demandait s’il voulait qu’il informe quelqu’un.

- « Personne. Ne prévenez personne. »

Le ton avait changé, et la rapidité de réponse avait de quoi signifier qu’il ne changerait pas d’idée. Non, il était parti, pour une certaine raison, avait voulu disparaître, et cela semblait avoir fonctionné. Maintenant, personne ne devait savoir. Même pas Elle. Non, s’il devait revenir, il le déciderait par lui-même. Elle lui manquait, c’était un fait, mais que ferait-elle si elle apprenait où il se trouve ? Si elle venait, Enzo se sentirait coincé, et la liberté qu’il recherchait dans cette fuite s’évaporerait d’un coup. Et si elle ne venait pas ? Il en serait vexé. Alors il valait mieux rester caché, jusqu’à ce qu’il décide de revenir. Ou pas. Rien n’était encore sûr, même si la pensée lui traversait de plus en plus l’esprit. Enzo ferma les yeux quelques instants, avant de les ouvrir de nouveaux.

- « Ils ne doivent pas tant s’inquiéter, et ça n’est pas important. »


Oui, car Gabrielle devait déjà être en train de l’oublier. Pour ce qui était de Audoin, il n’en savait rien, et pareil pour Isleen. Peut-être est-ce qu’on le recherchait ? Mais peu lui importait finalement, car pour lui, la plus importante ne le rechercherait pas, et pensait sans doute peu à lui. Puis de toute façon, il s’en foutait de Gabrielle tiens ! Ou pas…

- « Si je pouvais avoir de quoi écrire par exemple. N’avez-vous pas trouvé une ou des lettres dans mes affaires ?

Il pensait répondre à Cooky. Espérant qu’elle ne savait pas pour sa disparition et n’irait pas donner de nouvelles à Gabrielle. Mais Enzo pensait aussi à une autre personne à contacter. Un nom qui lui était venu à l’oreille au cas où une certaine idée lui vienne en tête. Ce nom qu’il avait bien gardé dans sa tête pour une raison quelconque et lui revenait depuis son retour dans le monde des vivants. Il ne la connaissait pas, mais elle pouvait l’aider, à ce qu’il paraissait. Et il lui écrirait oui. Et peut-être même qu’il reviendrait…

- « Vous savez si je vais pouvoir partir bientôt… ? Cette épaule me lance terriblement, et la tête me semble vouloir exploser à tout instant, mais j’avoue que j’apprécierais ne pas rester dans le prieuré des lunes… »

Des choses à faire ? Certainement. Lesquelles ? Fuir de nouveau ou revenir ? À voir.
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© JD Alcalnn pour la citation. Création originale de JD Marin. - Déménagement dans 7 jours, répond au RP comme je peux.-
--Frere_noal


Frère Noal regarda le jeune homme qui semblait définitivement tenir à la discrétion sur sa présence en ce lieu. Il se contenta de hocher la tête; de tout temps, nobles et gueux, honnêtes hommes et brigands, ont trouvé refuge dans les monastères. Il n’appartient pas aux moines de juger, s’ils vivent à l’écart du monde et de son agitation, ça n’est pas pour trahir ou livrer ceux qui viennent méditer, comme il disent pudiquement, chez eux. Alors si ce garçon ne veut pas qu’on prévienne qui que ce soit, personne ne sera prévenu. C’est plus compliqué, bien sûr, quand les gens sont recherchés car les moines ne mentent pas, et ne mettent pas en péril la sécurité et la quiétude du monastère pour quelqu’un de l’extérieur. Mais si personne ne venait réclamer Enzo,les moines garderaient le secret de sa présence.
Ecoutant le jeune homme, le moine garda pour lui que si, forcément, des gens devaient s’inquiéter. Au moins ce Audoin. Et d’autres très certainement. Mais cela ne le concernait pas.


« De quoi écrire ? Mais oui, on va vous amener ça. Des lettres ? Peut-être dans votre besace, nous n’avons pas regardé ce qu’il y avait dedans. AYMONNN ! »

Le moine toussota, un peu gêné d’avoir haussé la voix en appelant son novice qui arriva avec un grand sourire. Frère Noal le fixa d’un air sévère.

« Cesse donc de sourire niaisement comme ça et donne sa besace à ce jeune homme. »
Reportant son regard sur Enzo tandis qu'Aymon lui remettait son sac : « Excusez-le, c’est un simple d’esprit que j’ai pris sous ma protection, il n’est pas méchant, bien que parfois dissipé ». S’adressant à Aymon : « Rends-toi utile et ramène des parchemins, de l’encre et une plume ! Et tâche de ne pas en oublier la moitié ! ».

Frère Noal soupira légèrement en voyant son novice déguerpir puis il reposa les yeux sur Enzo. Il pensa que si le jeune noble voulait écrire des lettres, c’est bien qu’il n’était pas seul au monde, ce qui était une bonne chose. Il sourit à la question posée.

« Mais, Enzo, vous êtes libre… C’est un monastère, pas une prison ! Promettez juste à Frère Paul de garder votre épaule au calme quelques temps. Il vous l’a remise en place mais elle reste fragile, c’est pour ça qu’il vous l’a immobilisée. Et ça ne m’étonne pas que ça lance, l’os n’était plus bien mis. Je ne suis pas médicastre, je ne saurais pas bien vous expliquer… Je sais juste qu’il ne faut pas trop la bouger cette épaule. Pour votre tête, et bien, j’imagine que c’est un contre coup de votre sommeil prolongé. Ca devrait passer. Et nous vous trouverons des bottes à votre taille. »


Il se tut un instant et fixa Enzo, il baissa la voix et se pencha légèrement vers le jeune homme. Il toussota légèrement de nouveau avant de reprendre :


« Et contre votre parole de nous dédommager une fois que cela vous sera possible, je peux même vous trouver un cheval et quelques écus, de quoi rentrer chez vous par exemple. Heu… Il va de soi que ceci restera entre nous, ce genre de faveurs n’est pas forcément du goût de tous mes frères »

Le moine se redressa, adressant un signe de tête entendu au jeune homme. C’était certes un risque à prendre mais l’expérience avait prouvé à Frère Noal que ce genre de petites combines, qui restaient tout à fait honnêtes, étaient plutôt bonnes pour la communauté, ceux qui en bénéficiaient savaient être généreux en retour.

« Ah Aymon ! Tu as tout ? Parfait… »

Frère Noal donna à Enzo de quoi écrire, reprit l’épée et lui sourit.


« Vous n’aurez qu’à me faire appeler lorsque vous voudrez partir. Pas ce soir j’imagine, ça ne serait guère prudent. Prenez une bonne nuit de repos et réfléchissez-y. »


Il salua alors le jeune homme d’un signe de tête et repartit, Aymon sur les talons. C’était l’heure des vêpres et le moine commençait à avoir faim.
Enzo.blackney
    « [...] Woman, open the door, don't let it stay
    I wanna breathe that fire again [...] »

    Read My Mind - The Killers


    - Trois jours plus tard


- « Il ne faut pas la bouger ! »
- « J’ai compris…
- « Pendant encore deux à trois bonnes semaines, c’est important. »
- « Oui, oui… »
- « C’est sérieux jeune homme. Ne pas la bouger…»
- « J’ai assez mal comme ça, promis je ne la bougerais pas. »
- « Puis prenez les tisanes. Contre la douleur. »
- « J’y veillerais ! »
- « Faites attention à vous »
- « Merci, Frère Paul. Mais ça ira…»


Un soupire s’échappa entre les lèvres du jeune homme, tandis que le frère Paul lui déposait, dans un petit linge, quelques feuilles qui lui servirait pour les tisanes. Ce dernier s’affaira ensuite à immobiliser de nouveau l’épaule ce qui fit apparaître une légère grimace sur le visage du Blackney. Il fut aidé aussi, pour mettre sa chemise, laissant la manche gauche vide, puis rangea ses derniers effets personnels. Il avait fait mandé Frère Noal comme convenu et avait soupirer de nouveau, incertain des choses qu’il devait faire. Le mal de tête s’était dissipé, et le jeune homme avait repris des forces avec les repas – quoique moins bien que ce qu’il avait l’habitude de manger – pas du tout mauvais du monastère. Le regard vert se déposa autour de lui, le lit, les draps, ses affaires, frère Paul qui s’éloignait pour aller voir les autres malades… tandis qu’il attendait, enfilant des bottes que le lui avait apporter frère Noal quelques jours auparavant. Ce n’était pas les siennes, mais elles étaient de sa taille tout du moins, pour le reste, il en avait une seconde paire à l’auberge qu’il avait quitté, car il n’y avait aucun doute qu’Audoin avait du gardé ses affaires aux frais, le temps d’avoir des nouvelles ou pas. Mais peu importe, il était quand même sur de retrouver ses affaires. Pour l’instant il attendait frère Noal, car la conversation d’il y a trois jours n’avait point été oublié par Enzo. Et même qu'il eut un léger sourire quand ce dernier arriva, saluant chaque malade, un a la suite de l’autre, comme une routine.

- « Lo Bonjorn, Frère Noal. »

Un peu de politesse ne faisait pas de tord, et aussi étrange que cela puisse être de la part de Enzo, il ressentait une certaine gratitude envers le frère, qui de surcroit lui avait potentiellement sauvé la vie. D’un geste, il repoussa la mèche de cheveux qui tomba devant ses sinoples pour regarder le moine.

- « Bonjour Enzo. Je ne savais pas que vous parliez occitan. »
- « Eh, oui. Enfin, j’ai du sang du sud, et le langage qui va avec. »
- « Il y fait bien trop chaud pour moi, surtout en cette saison. je ne connais pas la langue d'oc, tout au plus quelques mots. Mais ici, ça m'est moins utile que le latin. »
- « Sûrement…»


Enzo se mit debout, se disant que le moine n’était pas bien grand. Ou peut-être était-ce lui qui était trop grand, allez savoir.

- « Vous vouliez me voir ? »
- « Effectivement… »


Frère Noal leva les yeux vers le garçon qui était plus grand encore que ce qu'il avait imaginé. Il ne put s'empêcher de penser que s'il était né avec un physique aussi avantageux, il ne serait certainement pas devenu moine. Il soupira et ajouta cette pensée à la liste de ce qu'il devrait avouer à confesse.

- « Je crois deviner que vous nous quittez ce jour. »
- « Oui, c’est pour cela que je voulais vous voir. »


Frère Noal hocha la tête et baissa la voix. Enzo souri, se disant que les gens d’Eglise n’étaient pas toujours ce qu’on pense. Mais il lui rendrait bien service ce jour, et c’était une forme de partage aristotélicien non ? Mais reste néanmoins que ça faisait sourire le jeune Blackney, habitué de quelques magouilles en tant que créancier.

- « Aymon va vous conduire. Un cheval vous attendra et sera prêt. Vous trouverez également un sac avec de quoi vous sustenter et quelques écus pour la suite... »
- « Parfait. Et comme convenu, ça sera rendu au monastère…»


Et certainement bien. Enzo n’était pas particulièrement radin, même si parfois, il faisait attention à ses écus, il aimait le confort du luxe, et n’avait pas peur de dépenser pour ça. Bref, il était certain que Enzo allait renvoyer plusieurs écus qui allaient plus que remercier la petite affaire rondement menée entre le moine grassouillet et lui-même. Frère Noal repris une voix normale, tandis qu’Enzo prit sa besace.

- « Ce fut un plaisir de vous avoir rencontré, Enzo. Prenez soin de vous et que le Trés Haut vous protège » Se tournant vers son novice « Aymon, accompagne ce Messire et ne va pas l'ennuyer! »
- « Mon épée y sera ? »
- « Bien sûr ! Aymon s'est chargé de l'emmener avec les vivres. »
- Parfait. Ehm… Que le Très Haut vous garde aussi. »


Un dernier salut, rien de plus. Enzo n’est pas du genre à s’éterniser, et il suit alors Aymon, ou peut-être est-ce l’inverse, rien n’est jamais moins sur avec un simple d’esprit. Il écoute les dernières recommandations de Frère Paul, avant de quitter définitivement la communauté et de rejoindre le cheval. Il regarda ce qu’il y avait dans le sac, et eut un petit sourire à voir la bouteille et le bout de fromage. C’est qu’ils avaient discuté tout les deux, durant les trois jours, durant chaque visite du Frère Noal, et Enzo avait osé demander une bouteille. Aymon resta silencieux, ce qui plaisait fortement au jeune homme qui embarqua finalement sur la monture avec difficulté, certes, vu son épaule immobilisé. Il attrapa les rênes, puis sans autre mesure fit claquer les talons des bottes contre les flancs de la monture, repartant sur les routes. La lettre de Cooky restait toujours aussi révélatrice sur ce qu’il était bien de faire. Elle avait répondu à ses questions, et même si entre temps il avait fuit, il portait sur la lettre un regard nouveau. Un regard qui l’amènera de nouveau au Languedoc…Peut-être.


    - Plusieurs jours plus tard, à Montpellier.

Le fromage mangé, la bouteille vidée, les écus dépensés, voilà qu’Enzo arriva enfin à Montpellier. Il savait qu’il la trouverait là, si Elle avait quittée Carcassonne. Où d’autre pouvait-elle être, de toute manière. Un sourire s’échappa de ses lèvres, car entre temps il avait eu une réponse d’une lettre envoyée, une acceptation qui l’avait finalement, décidée à vraiment revenir dans le Languedoc, et ne plus se faire croire qu’il allait oublié. Elle, sûrement l’avait-elle fait, mais il arriverait d’une telle façon qu’elle n’aurait pas le choix de le regarder, et de lui porter attention. Alors, le jeune Blackney avait laissé le cheval au relai qui se trouvait à l’entrée de la ville, tandis qu’il se dirigea vers la rue de Traverse, évitant les grands axes, pour ne pas prendre le risque de se faire repérer. Ce n’était pas du tout le but, après tout. Bras gauche toujours immobilisé à cause de son épaule, le corps encore parsemé de quelques contusions, les cheveux en batailles, la chemise sale – au plus grand malheur du jeune homme – ouverte un peu sur son torse, des braies de mauvaise qualités qui s’étaient usées rapidement par le voyage à cheval, le visage parsemé de quelques gouttes de sueurs, et bronzé à souhait, il y avait de forte chance, pour que de toute façon, on ne le reconnaisse pas. Sauf qu’il était toujours aussi grand, toujours aussi beau et avec les mêmes yeux verts. Mais bref, passons. La nuit allait tombé bientôt, et il n’y avait que ceux qui prenaient la relève de la garde qui circulaient dans les rues, la plupart des gens dormant à cet heure, où se reposait en taverne, ce qui était sans doute le cas pour Elle. Et de surcroit, elle devait bien couchée dans la chambre au-dessus, encore. Léger soupire, alors qu’Enzo se retrouve dans une ruelle qui croise la rue de Traverse. Ses sinoples observent les chandelles qui semblent être allumée dans la taverne de Mordric, un second soupire alors qu’il s’adosse au mur, grimaçant légèrement à cause de son épaule. Il attendait. Silencieusement, dans l’humidité et la noirceur de la ruelle. Qu’elle sorte ? Peut-être. Pourquoi le ferait-elle ? Il ne sait trop, mais il attend. Il est sur qu’Elle y est, mais d’où il est, il ne peux pas la voir. Il pourrait lancer quelque chose dans la rue, pour tenter de faire sortir les gens, mais non. Il ne fait rien.

Il se fait patient. Pour une fois. Et maintenant ?


RP fait avec l'accord du JD Frère Noal et dialogue à quatre mains.
Trad.
Femme, ouvre la porte, ne laisse pas les choses ainsi
J'aimerais respirer ce feu une fois encore

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© JD Alcalnn pour la citation. Création originale de JD Marin. - Déménagement dans 7 jours, répond au RP comme je peux.-
Gabrielle_blackney
[I walked across an empty land
I knew the pathway like the back of my hand
I felt the earth beneath my feet
Sat by the river and it made me complete*]


- A la nuit tombante -

Montpellier, toujours. La Rue de Traverse, encore. Et sa taverne, où d’autre. La nuit tombe et Gabrielle est là, et comme toujours passe sa soirée sur une chaise trop dure, un verre à la main. Mordric est parti, et lui a confié les lieux. C’est devenu chez elle. Un endroit rassurant, qu’elle connaît par cœur. Plus vraiment de famille, plus vraiment d’amis, et une chambre au premier étage d’une taverne, à peu près tout ce qui lui reste à l’heure actuelle. Ca et une gamine encombrante que Mordric lui a refilé avec les clés de sa taverne, Maelysa. Elle est là, justement la petite rouquine. Gabrielle la regarde et sourit. Elle qui n’aime pas les mômes se retrouve à partager des confidences avec une gosse d’à peine dix ans. Mais elles se comprennent, entre âmes égarées et solitaires. Et puis, Gabrielle l’aime bien la petite, même si ça lui fait mal de l’avouer. Alors elles veillent l’une sur l’autre, elles discutent, de tout et de rien, de la vie, de l’amour, des pelles qui font bang et des cerises qu’elles iront cueillir.

A cette heure ci, il y avait encore un peu de monde en taverne. Gabrielle est dans un coin, avec Mae, un peu à l’écart des autres. Seules mais à deux. La jeune femme n’écoute pas vraiment les discussions, bercée par le brouhaha ambiant, les yeux fixés sur son verre de whisky, ses pensées s’égarent. Toujours vers le même objet. Elle lui a dit la gamine qu’elle ne l’oublierait pas. La vérité sort de... Vous connaissez la suite. Gabrielle soupire, elle aimerait bien qu’ils partent tous là maintenant, que la taverne retrouve son calme, que la ville s’endorme et qu’elle puisse enfin se retrouver en tête à tête avec elle-même. Mais elle est patiente, la brune. Alors elle attend.


- Plus tard, en pleine nuit -


La nuit est là. Enfin. La gamine est montée se coucher, les derniers clients sont partis, la taverne s’est tue. La ville s’est endormie. Le moment que Gabrielle préfère. Insomniaque depuis aussi loin quelle se souvienne, elle a renoncé à dormir avant les premières heures du matin, et elle a fait de la nuit son moment privilégié, son espace de liberté. C’est son premier été dans le sud. Et la nuit y est bien plus douce que tout ce qu’elle a connu, alors ici, plus qu’ailleurs, sa promenade nocturne lui est devenue indispensable.

Toujours le même rituel, monter dans sa chambre récupérer sa cape, prendre sa lanterne, redescendre dans la salle, ramasser tout ce qui traine, souffler presque toutes les chandelles, ne laisser que le strict minimum de lumière pour quand elle rentrera, placer une bougie encore allumée dans la lanterne, mettre la cape sur ses épaules, jeter un dernier regard et ouvrir la porte. Un sourire de satisfaction d’entendre le silence, de sentir cet air encore chaud du soleil de la journée. Gabrielle pose la lanterne sur le sol et ferme la taverne à clé. Elle n’y voit pas grand chose, mais après autant de sorties dans le noir, elle connaît les obstacles, elle sait où poser les pieds, elle connaît les pavés inégaux, les trous dans le sol, et la lanterne lui permet de signaler sa présence non hostile à la garde. Ils commencent à être habitués à force de la croiser. Elle sourit fugacement à l’idée que ça n’aide pas sa réputation ces petites balades nocturnes. Mais ça n’a plus vraiment d’importance.
Elle se rappelle que ça rendait sa mère complètement folle ses fugues en pleine nuit dans les rues d’Avranches. C’est vrai que c’est un peu dangereux. On ne sait jamais sur qui on peut tomber. Mais Gabrielle, si elle n’est pas la plus fine lame du royaume, sait se défendre. Et puis il y a la garde, renforcée ces derniers temps lui semble-t-il.

Alors, elle glisse la clé dans sa poche, reprend sa lanterne et part sur la gauche, en direction des remparts les plus proches. Par habitude. Sur la gauche, toujours.

Seule. Comme toujours depuis qu’Il est parti.

* J'ai traversé une contrée déserte
Je connaissais le chemin comme ma poche
Je sentais la terre sous mes pieds
Je me suis assis près de la rivière dans un état de plénitude
(Keane)

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Enzo.blackney
    You sit there in your heartache
    Waiting on some beautiful boy to
    To save you from your old ways
    You play forgiveness
    Watch it now... here he comes ! [ …] »

    When You Were Young - The Killers

- « Va t’en »
- « Ferme-là. »
- « Tu sais bien qu’elle t’a oubliée »
- « Ferme-là ! »
- « T’es con ou quoi ! Casse-toi ! »
- « Non ! »
- « Pff. »
- « C’est ça ! »*



Les sinoples restent rivées sur la porte de la Taverne. Silencieux, le jeune homme tente de repousser ses envies de partir. Surtout qu’il a l’air un peu bête à attendre. Pis, Gabrielle n’est qu’une femme, comme toutes les autres. Une femme qui se sera consolé chez un autre homme. Une femme qu’il aura mise dans son lit et qu’il pourrait oublier, comme toute les autres – enfin, il en avait pas eu tant que ça. Après tout, c’était dans sa nature se désintérêt envers la autres. Alors pourquoi était-il revenu ? Et cette idée stupide qui lui était venu en tête au Monastère ! Définitivement. Tout se chamboulait encore dans l’esprit du jeune homme depuis son retour percutant dans le monde des vivants. La réalité lui semblait différente, et ces options se dessinaient avec des formes bien étranges, des formes inconnues, des choses qu’il n’avait jamais réellement pensées. Sauf une. Il y avait réfléchit à une de ces options, mais si peu évidente, qu’elle n’était que de passage, jamais l’action de mettre en œuvre ne lui serait passé par la tête. Sauf depuis quelques jours. Un soupire s’échappa des lèvres du Blackney, tandis qu’il retira quelques mèches tombant devant ses yeux de la main droite. Depuis qu’il avait quitté le Bearn pour son Exil dans le Languedoc, tout avait changé. Lui-même semblait avoir, grandit, peut-être, rien n’était jamais bien sur avec Enzo. Mais peu importe. Avec Gabrielle, son rapport avec sa famille, des choix à faire, difficiles pour certains… puis des sentiments à accepter ou pas. Dans les deux cas, ça l’emmerdait bien.

S’il était parti, c’était parce qu’il ne tolérait pas le fait de devoir assumé ce qu’il ressentait pour Gabrielle, comme il était incapable de penser à l’idée qu’elle soit avec quelqu’un d’autre, qu’elle soit obligé à un mariage, ou même que lui soit obligé à un. Il était parti avec la certitude qu’elle l’oublierait, et que pour lui, Gabrielle reviendrait la cousine qu’elle aurait dû rester, ni plus, ni moins. Il avait envie de gouté la liberté de ce que ça faisait être loin des responsabilités, loin du mot honneur et sa définition changeante qui le perturbait beaucoup plus que certains pouvaient le penser. Alors pourquoi était-il revenu, l’angoisse au ventre, le feu dans les veines, avec l’envie d’Elle, de la revoir, de ressentir son odeur comme si sans Elle il n’était plus tout à fait lui. Non c’était stupide. Il ne pouvait pas. Ça ne se pouvait pas tant pis la lettre, tant pis…


- « Gab… »

Elle venait de pousser la porte et semblait la refermer à clé. Les choses avaient-elles changé de nouveau ? Était-elle devenu tavernière ? Mordric était-il absent ? Ou bien… Une colère vint s’afficher sur le visage du Blackney. Et si Gabrielle en avait profité pour finalement s’installer un peu plus près de Mordric ? Elle avait beau lui répété qu’ils étaient comme frères et sœurs, Enzo n’avait jamais vraiment lâché l’affaire sur cette histoire. Ça expliquerait pourquoi elle fermerait de telle façon. Il alla donner un coup de pied dans le mur, avant de regarder vers où allait Gabrielle. Vers lui. Rapidement, il changea de côté du mur, attendant son arrivée, la détestant de plus en plus que les secondes passaient. Allait-elle prendre la ruelle ? Peut-être pas, mais lui il allait s’arranger pour qu’elle s’y retrouve. Effectivement, dès que la jeune femme passa près de cette dernière, sa main alla agrippée le poignet de Gabrielle, se foutant bien que la lanterne tombe, qu’il se fasse remarquer par la Garde ou qui que ce soit d’autre. Enzola tira violemment vers lui avant de foutre sa main sur la bouche de Gab, et d’envoyer ses yeux vert dans le bleu des siens, ni plus ni moins. Allait-elle le frapper ? Peut-être. Avec son épaule il ne pas bien se défendre, alors le jeune homme se débrouilla pour la plaquer contre le mur se penchant vers son oreille, un peu trop pour être décent, au risque de ce prendre il ne sait quel coup si jamais elle ne l’avait pas reconnue.

Il resta là, la tenant contre le mur, la main toujours sur la bouche, sans rien dire, son souffle allant se déposer dans le cou de Gabrielle. P*tain, c’est qu’elle n’avait pas changée. La même odeur, les mêmes cheveux, le même corps… Elle lui donnerait presque envie… alors un murmure se glissa entre les lèvres maintenant entrouverte du Blackney. Un murmure indécent. Un impératif impulsif, oubliant quelques secondes ce qui se tend bien malgré lui dans ses braies. Plusieurs semaines sans la voir, et voilà bien émotif, quoiqu’il l’était facilement avant, mais ça n’a pas d’importance. Scène entièrement indécente, et ce murmure qui a glissé comme une évidence, mortelle et impossible. Le murmure du retour. Presque odieux vu l’attente des semaines, vu le moment, vu la façon… Un murmure rauque purement enzesque.


- « Épouse-moi...»


Et la main qui se retire de sa bouche pour aller glisser dans ses cheveux.Prouve-moi que tu ne m'as pas oublié, que tu peux mériter le droit de ne pas être comme toutes les autres.

*Dialogue, d'Enzo avec lui-même, dans sa tête.
Trad.
Tu es assises là dans ton chagrin d'amour
Attendant quelques beaux garçons pour
Pour te sauver de tes vieilles manières
Tu joues le pardon
Regardes maintenant... le voilà !

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© JD Alcalnn pour la citation. Création originale de JD Marin. - Déménagement dans 7 jours, répond au RP comme je peux.-
Gabrielle_blackney
[Tu me ramasseras dans tes yeux de rosée
Et je t'insulterai dans du verre brisé
Je serai folle furieuse, tu verras, tu verras
Contre toi, contre tous, et surtout contre moi
La porte de mon cœur grondera, sautera*]


Sur la gauche donc. Toujours. Gabrielle lève les yeux vers le ciel étoilé et la lune, presque pleine. Oui, les nuits méditerranéennes sont bien agréables. L’air est doux et… Une main l’agrippe et la tire sans ménagement dans une ruelle, elle veut crier mais une autre main - ou est-ce la même ? - vient se plaquer contre sa bouche. Pas le temps de réagir, la lanterne tombe sur le sol, la bougie toujours allumée à l’intérieur, lâchée par la main qui la tenait sous l’effet de la surprise, pas le temps de dégainer son épée, pas le temps d’appeler.
S*hit !** Ca devait arriver à force de se balader dans le noir comme une idiote, à se croire invincible et à vouloir ignorer le danger. Elle ne se débat même pas, ça ne sert à rien face à plus grand et plus fort. Alors plaquée contre ce mur, une main en guise de baillon qui l’asphyxie, le coeur qui bat à toute vitesse, elle regarde son agresseur.

Et elle le reconnait évidemment. Malgré le peu de lumière, malgré la surprise, malgré le fait qu’elle ne pensait pas le revoir un jour et certainement pas comme ça. La première chose qui lui traverse l’esprit est qu’il a des ennuis peut-être. Mais pourquoi prendre le risque de revenir ici et de se faire voir dans ce cas, un courrier aurait été plus malin. La deuxième chose qui lui passe par la tête…

Et bien ensuite, ça se bouscule, elle a envie de le frapper, elle a envie de lui crier de la lâcher, elle a envie de lui demander où il était, s’il va bien, pourquoi il est parti, pourquoi il est revenu. Elle a des envies violentes. Pour qui il se prend de redébarquer comme ça après toutes ces semaines, de se pointer comme si de rien n’était, et pourquoi il ne lui dit rien. Et pourquoi il la regarde avec ses putains de yeux verts. Et pourquoi il se plaque contre elle.
Et Gabrielle le fixe, odieux petit con, odieux petit salaud qui l’a abandonnée. Et il se penche vers elle, un peu trop. Elle ne veut pas qu’il se penche comme ça, elle ne veut pas de lui contre elle. C’est dangereux. C’est trop facile. Mais il se penche, elle sent son souffle chaud contre son cou, et cette main, toujours plaquée contre sa bouche, et ce corps, qui la maintient contre le mur. Elle ne fait même pas attention à ce qui se passe dans les braies du jeune homme, elle s’en fout. Elle veut juste qu’il arrête de la coller comme ça. Ca la trouble et ça l’empêche de raisonner.

Enzo, toujours aussi grand, toujours aussi beau et avec les mêmes yeux verts.***

Mais il se plaque, toujours plus lui semble-t-il, et ce murmure qu’il vient lui glisser. Cette phrase. Cet ordre presque. Heureusement qu’il la tient, heureusement qu’il y a ce mur, parce qu’elle tomberait sinon, Gabrielle. Elle se dit qu’elle a rêvé. Qu’elle a mal compris. Il n’a pas pu dire ça. Pas cette phrase. Pas comme ça. Pas maintenant. Pas sans explication.
Et il enlève sa main qui la baillonnait pour aller la glisser dans ses cheveux. Comme avant. Un geste qu’il a fait mille fois, un geste qu’elle ne pensait pas revoir.
Elle ferme les yeux, juste un instant.
Enzo est de retour. Elle réalise juste. Il est là. Elle rouvre les yeux et lève une main pour le toucher mais elle la replaque aussitôt contre le mur.

Mais il croit vraiment que ça va suffire ? Il croit vraiment qu’il peut ramener son joli sourire et qu’elle va lui retomber dans les bras ? Et puis à quoi il joue ! C’est quoi cette demande ? Enfin, pas une demande, non, il ne lui demande pas, il lui dit, il lui ordonne presque. Il ne peut pas être sérieux. C’est impossible. Ils sont cousins. Ca ne se fait pas. Et puis… Et puis… Enfin, le mariage, ça n’est pas une chose pour eux. Ils ne peuvent pas. Est-ce qu’elle en même envie elle ? Elle n’en sait rien, elle n’y a jamais songé. Elle n’a jamais voulu se marier. Enfin, elle ne croit pas. Et puis pas avec lui. Enfin, elle ne sait pas. Est-ce qu’elle est censée répondre ? Est-ce que c’est une vraie demande ? Est-ce qu’il espère vraiment qu’elle va dire oui ?
Gabrielle tente de rassembler ses idées, de se concentrer, mais il est bien trop collé pour que ça soit possible. Et cette main qu’il lui passe dans les cheveux. Résiste, Gabrielle. Rappelle-toi, tu es en colère, tu lui en veux, il t’a lâchée, il t’a plantée, laissée toute seule, sans un mot, sans une lettre, sans une explication.

Oui mais…

La main droite de Gabrielle quitte le mur et vient s’agripper à la hanche d’Enzo, elle l’attire à elle un peu plus qu’il ne l’est déjà. Son autre main glisse dans les cheveux du Normand. Il ne faut pas, elle ne devrait pas, ça n’est pas… raisonnable.
Enzo est revenu. Il n’est pas mort. Il ne l’a pas oubliée. Il attend une réponse sûrement. Mais quoi dire ? Quoi faire ? Gabrielle plaque ses lèvres à celles d’Enzo. Et pendant que sa langue tente de se frayer un chemin, elle oublie les dernières semaines, la colère, la peur, l’angoisse, la culpabilité, elle rattrape le manque et l’absence.
Elle veut se convaincre qu'elle le déteste, mais elle sait qu'elle l’aime. Et elle s’accroche à lui, elle ne veut pas qu’il reparte. Pas tout de suite. Jamais peut-être bien. Elle se déteste d’être aussi faible, elle se déteste de ne pas réussir à le haïr définitivement, elle le déteste lui de lui faire ça. Alors elle l’embrasse pour éviter de le gifler, elle l'embrasse pour éviter de l’insulter, elle l’embrasse pour éviter de lui parler.
Mais un baiser n’a qu’un temps et après l’étreinte, il faut bien dire quelque chose. Il faut bien répondre. Gabrielle se détache, juste un peu, juste assez pour aller plaquer le bleu de ses yeux dans le vert des siens.
Un petit sourire, un peu narquois peut-être, un peu tendre aussi. Un sourire qu’elle ne fait qu’à lui. Enzo sera sa folie. Pour toujours. Elle le sait.
Un murmure en réponse au sien.


J’ai failli perdre patience…


*Claude Nougaro (mis au féminin)
**M*erde !
***JD Enzo

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