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[RP] Du Pourquoi du Comment on en est Venus à en Arriver là

Aimbaud
En le château de Corbigny il y avait une pièce, et dans cette pièce il y avait une table. Sur cette table il y avait des plans, sur ces plans il y avait de petites figurines en bois qui représentaient des soldats, et sur ces petites figurines en bois, Aimbaud, Marquis de Nemours, avait dessiné à la plume des gros nez, des moustaches, des dents cariées et des yeux débiles qui louchaient. Juste à côté de ces figurines, il y avait une paire de talons posés bien en évidence. Au bout de ces talons il y avait des jambes bottées et ficelées de haut-de-chausse, et au bout de ces haut-de-chausse il y avait un buste avachi dans un grand fauteuil de cuir et de bois. Au bout de ce buste il y avait une tête rasée en coupe-au-bol appuyée contre un dossier, et cette tête, c'était celle de vous savez qui. Non, pas Voldemort. Aimbaud. Et cette tête réfléchissait.

Elle réfléchissait pendant qu'une main tapotait le crâne d'une figurine sur l'accoudoir du fauteuil. Poc poc poc poc... Au cas où vous auriez cru que ces figurines étaient destinés à faire joujou aux chevaliers, je préciserai quand même (pour l'intégrité de mon personnage) que c'était des instruments de tactique militaire. Le soldat tapait donc du casque sur l'accoudoir, poc poc poc poc... Et Aimbaud réfléchissait.

Il réfléchissait parce que sur sa table, pas là où il y avait la carte, pas là où il y avait les figurines, pas là où il avait mis ses pieds, mais juste à côté : se trouvait une pile de dépêches venant des quatre coins du Royaume, et le parchemin au sommet de cette pile annonçait la mort d'Ygerne de Verdelles. Cette nouvelle l'avait légèrement attristé, mais le plus ennuyeux, c'était d'avoir à écrire une lettre de condoléance pour la suzeraine de ladite morte : la grande Saint Fargeau !


Citation:
Ma très chère Lynette... Je suis vraiment désolé pour cette grosse perte ! Enfin Ygerne était plutôt maigre mais...


Parchemin froissé.

Citation:
À mon amie Lynette,
Le deuil ! Aaah le deuil. Le deuil rime avec... feuille. Et c'est la force de cette feuille que tu dois trouver en toi, car...


Parchemin froissé, le retour.

Bon bon bon, restons simple.

Citation:

    À ma chère Lynette,

    Je compatis à ta douleur en cette période difficile. Tâche de me donner de tes nouvelles, et sache que mon épaule sera toujours là si tu as besoin de t'appuyer, même pour refaire ton lacet.

    Ton ami dévoué,

      Aimbaud de Josselinière




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Erwelyn
Les jours passaient et se ressemblaient. Entrecoupés de larmes, de mots griffonnés sur vélins et parchemins, d’écus comptés à la triste lueur d’une bougie, dans un bureau municipal. Finalement cette prise de mairie, ce poste de bourgmestre tenu depuis la mort d’Ygerne, ça lui permettait de s’enfermer dans toute autre chose que de chialer toute la journée.
Il faisait nuit quand on vint lui apporter le courrier du petit qui était devenu vachement grand. Et marquis en plus. Autant dire qu’il avait réussi celui-là. La vue du scel et surtout du sanglier la fit chouiner un coup, se rappelant de sa première rencontre avec Ygerne, sur les terres du Josselinière pour une chasse au sanglier. Le parchemin était quasiment transformé en mouchoir lorsqu’enfin elle le décacheta. Court mais concis. Juste assez pour lui rappeler encore une fois que sa fille était morte. Mais bon, c’est l’intention qui compte.

La Corleone mit en tous cas de côté tout ce qu’elle était en train de faire pour lui répondre. Il y a des priorités dans la vie, les haches de la mairie à aiguiser attendront !




A mon Aimbaudchou en sucre

J’aime bien recevoir du courrier, surtout quand il vient de toi. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, tu te doutes que je ne suis pas en très grande forme après qu’une énième armée soit passée sur Ygerne. Il fallait bien un jour qu’un couillon de soldat réussisse son coup ! Des fois je me demande même si les soldats ne faisaient pas des paris entre eux, à savoir celui qui réussirait à tuer ma rousse de fille…

Bref, si t’étais à côté, ton épaule me serait bien utile. Mais tu n’es pas là, et ton épaule non plus. A rajouter à ça, les poneys roses sont parties en Bretagne pour trouver des titres et j’ai du rester en Maine pour m’occuper d’une mairie. Même mon vassal qui m’a promis de venir me voir tarde à arriver. Remarque, peut-être m’en veut-il ? J’avais promis de lui trouver noble épouse jeune et docile, qui pourrait lui faire moult descendance, mais je ne m’en suis même pas occupée, et aujourd’hui je n’en ai même plus le courage.

Ah là là, la vie c’est trop nul. J’aurais du me suicider quand j’étais ado, au moins ça aurait eu du sens. Et ça aurait été nettement plus classe qu’à mon âge. Maintenant je dois juste attendre qu’Aristote me dise quand je devrai aller sur le soleil. Parce que j’irai sur le soleil, je n’en doute pas !

Enfin, j’arrête de t’ennuyer avec mes considérations de vieille femme, toi jeune homme plein de fougue. Quand est-ce que tu fais un bébé ?

Câlins poneys
Lynette



Et voilà, emballé c’est pesé. Lettre sans vraiment de sens, mais est-ce qu’il en faut vraiment, dans une correspondance entre un poney rose et un Aimbaud ?
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Judas
[ Pendant ce temps là ... A Vera Cruz* - ou pas. ]

Loin, très loin des idées naissantes auxquelles on arrive bien vite sans trop savoir pourquoi ça nous tombe sur le museau; Judas se prépare. Mentalement du moins. Voilà près de deux mois que l'homme a évité sa suzeraine et ses idées d'hymen et de vie vertueuse, plutôt avec brio. Un Judas marié est un Judas mort! C'est l'idée que nous aimons à nous faire. Mais la guerre grondant, la fronde frappant, la résistance se faisant massacrer, bien vite son plan de cavale sentit le sapin. Ou le vent du Maine... Parmi les missives d'amantes éplorées, de petites manigances avec sa suite et de projets d'itinéraires chaotiques au vu du danger qui secouait toutes les routes de France depuis que deux Roys se disputaient couronne, l'une d'entre elles stoppa net les pérégrinations Judéennes. La fameux sceau rose tant redouté fut descellé d'une senestre fébrile, le retour de la Corleone n'annonçait rien de bon.

Et rien de bon restait un euphémisme, dans l'esprit de Judas comparé à l'annonce faite par la main de la baronne, qui sans pour autant le réjouir le soulagea. C'est qu'entre recevoir des nouvelles funestes et l'annonce d'un mariage aussi ficelé qu'une pièce montée... Judas préférait répondre par condoléances. La jeune fille de Lynette était passée au trépas, heurtée de plein fouet par la guerre du trône. Navrant, sans doute était-elle morte pucelle... Mais l'histoire ne tirait pas d'affaire notre homme pour autant, loin s'en faut! Car en bon et "loyal" vassal de sa rose bourinne de valseuses... Notre seigneur trentenaire se devait de se rendre en personne sur les terres mainoises pour présenter son empathie - quoi qu'un peu surfaite - face à l'épreuve de cette mort bien précoce.

Le deuil seyait mal au Frayner, mais ce qui était pis encore, c'était de mettre fin à un tel jeu de cache cache pour l'usage et d'affronter le chat. Pour autant, avait-il le choix? Pouvait-il risquer de passer pour un arriviste arrogant et axé sur son nombril en ignorant la peine et le deuil qui s'étendait sur les pleines roses du Maines? La Corleone ne lui cèderait certainement pas ce caprice. Alors pour la gloire et la bienséance, Judas prit la route de Mayenne, sans se presser, le pas trainant, persuadé de n'avoir que deux courbettes et fallacieux sanglots à faire au bras de sa correspondante.

C'est beau, la naïveté.


* Western américain réalisé par Robert Aldrich.

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Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles... Entrez dans la danse.
Aimbaud
Citation:

    Ma brave Lynette,

    Ne songe pas au suicide, car la vie est belle, elle brille de mille feux à la faveur du soleil, et sois sûre qu'Ygerne est aujourd'hui un de ses rayons, elle nous éblouis, elle nous réchauffe ! Moi elle m'a filé un coup pas plus tard qu'hier, cette garc*rayé* polissonne. Et elle tape fort en ce moment.

    Vois, l'existence continue. Entends le printemps refleurir, la loutre-mâle appeler sa femelle, le hérons faire des ronds, la pipistrelle faire pipi. Alors, c'est pas beau ? Bientôt les poneys reparaîtront à l'horizon et ton chagrin s'en ira, crois-moi. Quant à moi, je suis certes bien loin de toi, à barboter dans le bassin parisien, mais la distance ne m'empêchera pas de te porter secours. À commencer par te rendre service, pour alléger tes peines.

    Je puis, à tout hasard, je dis ça comme ça, soyons fou-fou, par exemple... Te proposer un excellent parti pour ton vassal ! Isaure de Morvilliers, la cousine de ma femme, qu'en dis-tu ? Elle est adorable, à peine quinze ans, vive d'esprit, très espiègle, un tantinet taquine, mais disciplinée, et douée en travaux manuels, une jolie poitrine, un oeil franc, une jambe point trop courtaude, le cheveu de geai, adorable, futée, tout le monde se l'arrache, on en reprendrait au dessert ! Elle n'est que simple damoiselle, mais crois-moi, c'est une perle, un corail, une pépite, une cerise sur le glaçage sur la crème sur le gâteau. Je vois que tu me crois sur parole.

    Alors n'attendons plus, marions-les sans délai. Ne me remercie pas, c'est de bon coeur !

    L'ami qui te veut du bien,

      Aimbaud de Josselinière




    PS : Un... bébé dis-tu ?... On y pense, on y pense.

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Erwelyn
Citation:
Mon bon Aimbaud enrubanné de perles de pluie venues d’un pays où il ne pleut pas

Qu’il fait bon de voir que tu envoies prompte réponse et qu’en plus tu amènes une solution à au moins un de mes problèmes. Vous la jeunesse, êtes si plein de fougue, tout vous paraît si facile à surmonter !
Mais tu as raison, Ygerne brillera à jamais pour toujours dedans nos cœurs. Elle sera le soleil qui réchauffe nos âmes, la rosée du matin qui rafraichit les pieds qui ont passé une nuit dans des bottes, le lait chaud au miel de lavande, la liqueur de poire devant la cheminée.

Pour cette fameuse Isaure, tu as l’air de venter moult de ses qualités. Cependant, a-t-elle les hanches larges ? Il paraît que c’est important pour faire des enfants. Mais bon, la cousine d’une marquise, ça ne se refuse pas. Et puis même si elle n’est que dame, elle se lancera bien un jour dans la politique et deviendra comtesse ou alors héritera d’un oncle éloigné du quinzième degré du côté de son frère adoptif. Il y a toujours des solutions pour ça.

En tous les cas, je dis marché conclu. Tu m’enlèves une fière chandelle du pied, je saurais te remercier comme il se doit. Les marier sans délai nous ferons. Mon bougre de vassal a déjà assez attendu pour prendre épouse. Il s'agit de Judas Gabriel Von Frayner. Un mâle, un vrai, qui n'a peur de rien. Bon, il a les cheveux longs, mais ça se coupe, ça n'est pas un problème. Un très bon parti en tous cas, il saura s'occuper d'elle comme une petite princesse, je le gage !

Comment organisons-nous tout ceci cher ami ?

Bisous câlins
Lynette



PS : Et Clémence, a-t-elle les hanches larges ?

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Aimbaud
Citation:

    Ma vaillante Lynette,

    Sois tranquille, on pourrait faire passer un navire de guerre entre les hanches de cette jouvencelle. Bon, tout du moins une maquette ! Elle concevra à foison, et tu verras courir autour de tes jupons des armées de petits Von Frayner bavouilleux et gazouillants qui feront popo parterre en se tirant les nattes. C'est bien comme cela que font les enfants, non ?

    Faisons une pierre deux coups. Venez, toi et ton poulain, à la Saint Gonzaque au château de Nemours. Nous y présenterons les promis, et leur ferons signer le contrat dans la foulée. Isaure a parfois quelques crampes au poignet qui m'obligent à signer à sa place. Puis nous banquèterons jusqu'à satiété ! Taupe là ?

    Vivement bientôt. Des bécots.

      Aimbaud de Josselinière




    PS : Hum. Euh. À dire vrai, Clémence n'est pas plus large qu'un manuscrit de poche...

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Judas
[ Pendant ce temps là, à Ok Corral - Ou pas ]

Loin, très loin des idées naissantes auxquelles on arrive bien vite sans trop savoir pourquoi ça nous tombe sur le museau; Judas arrive bientôt à bon port. Entre temps, c'est à dire entre son départ de Bourgogne pour la bonne cause et sa presque arrivée en Maine pour pleurer Ygerne, la Dame de St Fargeau a frappé.

Une promise?! Mais qu'avait-il fait a dieu pour qu'elle soit si butée de la détermination? Elle allait vraiment finir par y arriver... Ce qui devait arriver venait d'arriver, juste avant que Judas n'arrive. Une missive, cette fois la bonne - ou la mauvaise selon le point de vue -, LA missive. Celle où la suzeraine déclarait quasi marié son vassal à une mystérieuse inconnue, parce qu'il le fallait. Ou parce que le jour de son serment vassalique, il avait à l'insu de son plein gré accepté cette petite clause, toute aplatie entre deux lignes et un blason de gueules et d'or.

L'arrivée du seigneur de Courceriers au castel de la Mainoise ne passa pas inaperçue, jurant mille morts à tous les gardes et suivantes se trouvant sur son chemin. Se frapper mille lieues pour se faire rouler de la sorte... Infâmie! Le pas nerveux et le geste sec, une porte s'ouvrit à la volée, la baronne apparut dans le tableau paisible qu'offrait la vision d'un cossu siège près d'une fenestre. Formalités d'usages, d'abord. Vif du sujet, ensuite.


Ma chère, mes condoléances. Comment ça, vous me mariez!

L'heure des règlements de comptes avait sonnée, puisqu'après avoir couru la France et ses ribaudes Judas n'avait tristement pas su échapper aux complots de la Corleone.

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Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles... Entrez dans la danse.
Erwelyn
Citation:
Mon choupitou,

bien ! Au moins cette jouvencelle pourra faire un beau bébé qui pèsera plusieurs livres. Il pourra ensuite être formé chez les chevaliers Jeudi et partir ensuite guerroyer pour sauver les princesses des dragons. Et pour les filles, elle les fera aussi avec les hanches larges, douées en broderie et respectueuses de leur mari.

Nous viendrons donc à la Saint Glinglin, comme convenu. Je ramènerai des rillettes du Mans pour le banquet !
Givemifaïve

Bisous, bisous
Lynette



PS : C'est rageant, il faudra songer à trouver la prochaine avec des hanches plus larges, pour ta descendance, c'est bien mieux.


Sur le champ, un deuxième courrier était parti, en direction de son vassal cette fois-ci. Il était grand temps de lui annoncer la grande nouvelle. Nul doute qu'il sauterait de joie en apprenant ça.

Citation:
Mon cher vassal de moi,

cette missive pour vous donner quelques nouvelles de votre suzeraine. Mon cœur encore saigne suite à la perte de ma fille Ygerne. Elle était toute ma joie de vivre. Poneybouboule est aussi extrêmement malheureux, mais sans doute moins que moi.
Heureusement, un ami cher a su trouver la manière de me réconforter. Du moins quelque peu, car jamais je ne pourrai oublier le malheur qui vient de me frapper à nouveau.

Mon ami, disais-je, a su me faire une proposition qui m'a ravie. Nous discutions de choses et d'autres, de vie et de mort, de rosée et de bottes, et voilà que nous sommes arrivés à parler de vous mon ami. De vous et de votre prochain mariage. Ou tout du moins de l'épouse que j'avais promis de vous trouver le jour de votre anoblissement. Et figurez-vous que, miracle, mon jeune ami avait dans ses connaissances proches une fraiche jeune fille, toute prête pour les épousailles ! Que ne fut pas ma joie à le lire, et je ne vous cache pas que j'ai répondu sur le champ qu'icelle était parfaite pour vous, mon vassal.

Vous voilà donc fiancé, n'est-ce pas merveilleux ? Je sais, vous ne trouvez pas vos mots, c'est normal. Et ne me remerciez pas. Ou plutôt si, j'ai vu un sublime collier chez un joailler à ma dernière visite en la capitale. C'est une idée comme une autre, mais mieux vaut savoir qu'un présent va faire plaisir plutôt que d'y aller à l'aveuglette !

Ah mon vassal, je suis si heureuse de vous apprendre cette nouvelle. J'espère que nous aurons rapidement l'occasion d'en discuter de vive voix. Une date et un lieu pour la cérémonie doivent rapidement être choisis, il faut battre le verre tant qu'il est encore chaud !

Bien à vous,
Votre suzeraine



Et voilà comment les choses s'étaient déroulées, emprisonnant un homme contre son grès dans les affres du mariage. Une suzeraine heureuse et un vassal effondré plus tard, voici que Judas entrait donc dans le salon d'Evron, où une Lynette l'attendait patiemment, un verre de liqueur à la main. Il lui avait été facile de savoir que le brun arrivait vu les cris qui avaient résonné à travers le castel mainois. Son entrée faite, la duchesse laissa son vassal s'approcher d'elle et lui présenter ses condoléances, avant d'aboyer comme un chien. Ses lèvres se tordirent en une légère moue. Sa fille était morte et voilà que lui, il ne pensait qu'à une chose, son mariage ! Ah les hommes, trop pressés de se vider les bourses, scrogneugneu.

Je me porte bien, merci. Mes nuits sont encore agitées, mon sommeil léger, je fais des cauchemars mais je me porte mieux qu'au début.

Sa langue claqua pour montrer sa désapprobation à cette entrée trop cavalière et la Mainoise porta son verre à ses lèvres pour en boire une gorgée avant de reprendre.

Asseyez-vous mon vassal, ou vous allez encore faire un malaise comme le jour de votre ennoblissement. Je ne me doutais pas au départ que vous étiez si sensible, vous cachez bien votre jeu.
Oui donc, vous vous mariez, n'êtes-vous pas le plus heureux des hommes ? Vous avez en tous cas l'air d'être pressé d'en savoir plus. La jeune demoiselle se nomme donc Isaure de Morvilliers, cousine de la femme de mon ami Aimbaud de Josselinière, qui est marquise. Sa femme, pas sa cousine. Vous suivez ? Isaure est juste dame, mais tout s'arrange. Il m'a assuré que vous serez heureux en ménage avec elle. Elle est jeune, et saura vous donner descendance rapidement. N'est-ce pas ce qu'un homme attend du mariage ? De plus, j'ai demandé confirmation à mon ami, et la demoiselle en question a les hanches larges, parfait pour enfanter mon cher !


Et Lynette, léger sourire aux lèvres, de conclure :

Alors, heureux ?
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Judas
Il s'assit. D'abord pour honorer la demande de Lynette mais aussi parce que mine de rien, toute cette route lui avait un peu ramollit les pattes. Sans demander la permission, il se servit du vin avec ce qu'il trouva, un cruchon posé là tout à point et imita sa voisine comme si le moment était propice à s'en sécher une, une minute de silence, un quelque chose d'officiel et de protocolaire. Il est important de noter pour l'intégrité et le capital orgueil-fierté du personnage que le malaise de son anoblissement fut bref et justifié, l'on lui apprit comme on tape dans le dos d'un bon camarade que sa vie de potache allait cesser brutalement devant l'autel, un jour, un-de-ces-jours-où-il-ne-s'y-attendrait-pas-parceque-c'était-comme-ça. Mais enfin, la subtilité féminine ne s'en était pas émue, à croire que jamais cette baronne là n'avait été donnée à marier à un sinistre individu dont elle ne consommait même pas l'hymen et qui lui réclamait- le niera-t-elle ou pas - des massages de la voute plantaires après ses parties de chasses. Bref! Depuis Saint Fargeau et ses murailles pissotées, le seigneur de Courceriers avait recouvré santé et vitalité, et ... Vous dites? Que cela n'était pas voué à perdurer...?

Entre deux gorgées de ce qu'il qualifierai sans doute de piquette si sa bouche n'était pas occupée à conchier le breuvage et à lui chercher une once de qualité, Judas réagit aux dires de la Corleone. Il se leva, faisant un étrange chemin de ronde du siège à la fenêtre, de la fenêtre au siège.

- Oui donc, vous vous mariez, n'êtes-vous pas le plus heureux des hommes ?
- Non.
- Vous avez en tous cas l'air d'être pressé d'en savoir plus.
- Mhhh... Non plus.
- La jeune demoiselle se nomme donc Isaure de Morvilliers.
- ... cof..cof.. humpf! *psffffffttt*

voilà, le vin fut conchié, version conchié à deux doigts d'Erwelyn sur la belle tapisserie derrière. Il se rassit, cette fois pour accuser le coup, ou le goût de cette regrettable nouvelle.


- Cousine de la femme de mon ami Aimbaud de Josselinière, qui est marquise. Sa femme, pas sa cousine. Vous suivez ?
- Je sais qui est Isaure de Morvilliers tudieu! Ha non, JAMAIS!
- Isaure est juste dame, mais tout s'arrange. Il m'a assuré que vous serez heureux en ménage avec elle. Elle est jeune, et saura vous donner descendance rapidement.
- Heureux avec une telle gourgandine? Et sa jeunesse est un euphémisme, c'est une enfant! Je suis certain qu'elle n'a même pas encore saigné si ce n'est en se coupant avec une de ses épingles à cheveux!
- N'est-ce pas ce qu'un homme attend du mariage ?
- De cuisser Isaure de Morvilliers? Ha ça non j'en gage.
- De plus, j'ai demandé confirmation à mon ami, et la demoiselle en question a les hanches larges, parfait pour enfanter mon cher !
- Ha baste, ne me parlez pas de ses hanches, j'ai déjà eu fort à faire lorsque je me contentai de supporter sa face d'enfant gâtée.

Finalement il acheva sa coupe d'un trait, trouvant à la piquette mainoise une saveur presque fabuleuse... Et se resservit. Réflexion, réflexion, allez Judas réflexionne. Isaure, la Miramont! Quelle ironie. Dire qu'un mois plus tôt entre autres joyeusetés le Frayner lui envoyait par cavalier la tête de son esclave Maure en guise de confirmation de bons sentiments. Quel âge avait-elle déjà, quatorze, quinze années? Et puis il ne la trouvait pas spécialement belle ni agréable de compagnie, cette damoiselle là... Les gouts de ce Aimbaud étaient vraiment à revoir. Judas jura que c'était une vile manoeuvre pour se débarrasser d'elle et la refourguer au Frayner. Lorsqu'il eut terminé sa seconde coupe il hasarda un:


Et qu'y gagnerais-je? Juste une vie de tourment ou au moins quelques menus avantages?


Mais non, ils n'étaient pas là à bavasser de l'avenir d'une pauvre adolescente comme s'il eut s'agit du prix d'une tapisserie vénitienne sur l'étal du marché du coin. Et en parlant de tapisserie... Il n'y avait pas que Judas qui faisait la gueule.
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Erwelyn
Et voilà qu'il crachait son vin maintenant ! Quel mal élevé, vraiment...

Haan ma tapisserie, malotru ! Je vous prendrai cent stères de bois et une coupe entière de champ de blé de Courceriers pour réparation, je vous préviens !

Ouais non mais oh ! Sa jolie tapisserie qui représentait Poneybouboule gambadant dans les champs aux côtés d'Ygerne. Feuque alors.

Si la Morvilliers est une enfant vous devriez vous en réjouir. Vous entrerez en territoire vierge et la façonnerez à votre bon vouloir.

Fallait-il qu'elle soit sacrément secouée en ce moment pour sortir pareille phrase la Lynette... La voici transformée en vendeuse de poisson, hélant le chaland pour montrer que la marchandise est bonne. La duchesse secoua la tête pour se sortir ce genre de réflexion de la caboche et se resservit un verre de liqueur. Il ne faisait pas bon la contrarier en ce moment, depuis la mort de sa fille, elle était irritable au plus au point. Et déjà qu'avant la folie la guettait à certains moments, on pouvait dire que là, ça allait crescendo.
Fâchée de ses réactions, Lynette balaya la dernière phrase de son vassal d'un revers de main.


Rha si fait ! Vous êtes fatigants, vous, les hommes ! L'on vous trouve jeune pucelle à marier et vous trouvez encore l'occasion de râler ! Mais que voulez-vous, une vie de débauche, à forniquer avec des prostiputes comme mon mari avant notre mariage peut-être ?

Ah tiens, elle l'avait dit, elle qui s'était juré de ne pas le balancer après que Mahaut lui ait avoué où elles avaient retrouvé Vaxilart le jour de leur mariage. Tant pis...

Ou encore à mettre en cloque de pauvres filles sur votre route en les laissant en plan dès le jour levé comme si de rien n'était ?

Paf, ça c'était pour son père à elle, le vicomte de Marchiennes . Il faut dire qu'elle avait appris depuis peu sa filiation avec le grand écuyer de France et que ça lui était sacrément resté en travers de la gorge.

Est-ce ainsi que vous souhaitez vivre, dans le péché ? Je ne voulais que vous aider à aller sur le droit chemin, comme une marraine et une suzeraine se doit de le faire.
Vous finirez par griller sur la lune. Enfin, il fait froid il paraît et je ne sais pas comment le Sans Nom a installé l'Enfer là-bas mais bref, vous serez torturé pour l'éternité de votre mort !


Encore une fois, le verre fut porté aux lèvres et bu d'un cul sec.

Alors, dites-moi Judas Gabryel Von Frayner, dois-je renier mon serment prononcé lors de l'octroi de vos terres ? Dois-je oublier ce que j'ai promis à l'église le jour de votre baptême ?

Et la duchesse de taper là où ça fait mal.

Ou dois-je vous reprendre sur le champ Courceriers et vous faire retourner à la roture comme un gueux car j'ai échoué dans ma mission ?
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Judas
Te te te, vous n'y pensez pas. D'ailleurs j'ai passé une annonce publique et j'ai trouvé un sénéchal, je ne veux pas revoir Courceriers aussi pitoyable qu'il l'était à ma récente visite . J'ai encore en tête quelques désordres bien désagréables auxquels je compte bien palier. Mais passons, vous dites beaucoup sans répondre à ma question, j'en déduis que je discute trop. Je vais éclaircir un point important avant de vous laisser mener votre quête de vertu et justesse, ma charmante suzeraine. Je n'ai jamais été de près ou de loin avant Courceriers un gueux de bas étage, un traine-savate sans nom et sans âge. Mais cela, tendre marraine vous le savez bien, vous êtes juste agacée parce que j'ai vaguement postilloné sur...

Regard plus appuyé à la tapisserie.

Sur la choucroute rouillasse d'ygerne.

Toussotement.

Enfin, c'est ce que renvoie la couleur de la broderie, j'imagine qu'elle fut juste très mal entretenue.

Tu t'enfonces Judas, tu t'enfonces. Le brun las et exaspéré de cette épée de damoclès au dessus de sa charmante trogne depuis des mois soupira. Est-ce une vie de redouter l'inéluctable? De toute manière, il comptait bien garder maitresse et notoriété, qu'on lui donne une gamine capricieuse en mariage ou pas. La voix éraillée marmonna comme on fait un difficile aveu:

Bref. Puisque le Très haut, ma suzeraine et l'usage le veut... Je m'occuperais en personne de la rédaction du contrat de mariage. C'est cela ou cela!


Et Frayner de croiser les bras, vexé jusqu'à la moelle du pernicieux chantage qu'elle lui tenait. Puis elle l'avait traité de gueux. De GUEUX! Son mari au moins avait compris le jour de ses noces ce qu'il avait de mieux a faire. Ha ils voulaient tous le marier! Hé bien soit, le seigneur s'en donnerait à coeur joie sur les clauses débonnaires - haem- qui régiraient cette vie maritale. La Wagner n'allait pas s'ennuyer, ho que non.

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Judas
[ Quelques jours plus tard, à Nemours. Le 15 juin. ]


Tap tap tap tap tap.

Les doigts du Frayner tapotent l'accoudoir de son siège. Le voyage jusqu'à Nemours s'était fait dans le calme relatif, nonobstant la voiture supplémentaire spécialement déplacée pour la seule garde robe de la Suz' qui tenait sans doute à avoir le choix le jour des noces... Mais de noces, rien n'était fait. Le seigneur n'avait nullement l'intention de se laisser faire sans grappiller quelques contreparties hum.. compensatoires lors de la discussion d'un contrat de mariage en bon et due forme.

Ffrrt ffrrt ffrrt ffrrt.

Le genoux s'agite d'un tic nerveux sous la table en U. C'est qu'il attend depuis une éternité, trois minutes. Et qu'attend-t-il? Que le De Josselinière et son épouse et ... l'autre veuillent bien arriver pour les recevoir, lui et sa rose Suzeraine . Ho bien sûr il y a bien ce gratte papier avec sa montagne de vélin et sa plume aussi affutée qu'une arme de joutes à un coin de table là mais... L'homme est plutôt du genre taciturne, un peu comme Judas. Et puis on sent qu'il est aussi le genre à faire du zèle. Pourquoi aurait-il pris deux encriers pleins et tous ces papelards sinon? Croyait-il qu'il allait rédiger la liste de la garde robe mainoise?!

Tap tap tap tap tap.

regard circulaire par delà la table, le trône au fond de la grande pièce fait joli. Sans blague, le gamin qui faisait office de maistre des lieux foutait-il vraiment son fessier sur ce prétentieux trône pour recevoir les doléances? Judas l'imaginait plutôt jouer aux petits chevaux, là sur l'accoudoir, s'en servant comme passage à gué d'une rivière fictive prenant sa source au à la lisière du dossier. Pour l'avoir déja croisé Frayner gardait l'image d'un adolescent un peu inconstant et aux expressions mystérieuses, sans doute un dialecte à la mode chez les d'jeuns Bourguignon... Ce que n'était plus Judas depuis... Depuis longtemps.


Frtt frtt frtt frtt.

Puis vint le tour des deux gardes plantés comme deux santons à l'entrée de la salle, eux aussi furent rhabillés pour l'hiver, de leur culotte colorée à leur air de merlans frits . Pas de raison. Soupir brisant le silence et les tap tap, l'homme grommela.

...Bon...!

*Clong*

Le gratte-papier sursauta vivement, et un des gardes fit tomber quelque chose au plaisir de l'hôte. Pas qu'il était pressé et se réjouissait de revoir la Wagner m'enfin, la patience n'avait jamais été son fort. Plus on vieillit, plus on s'aigrit!
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Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles... Entrez dans la danse.
Clemence.de.lepine
Elle était revenue la veille de Paris après avoir reçu une missive d'Aimbaud l'invitant à les retrouver à Nemours pour la signature du contrat de mariage. Ah ! Elle avait été fort aise de se voir conviée chez elle, pour les tractations de mariage de sa cousine. Non, vraiment. De toute façon, tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à ce mariage continuait à la mettre de très mauvaise humeur. Non pas qu'elle ait quoique ce soit à reprocher au futur marié, ni à sa suzeraine – pas encore du moins - à vrai dire elle ne les connaissait pas, et elle restait persuadée que c'était son propre époux qui avait tout manigancé et qu'il était, alors, le seul à blâmer dans l'histoire. Mais baste. Elle était consciente que tout cela avait de quoi perturber fortement Isaure et qu'il n'était nul besoin d'ajouter de l'huile sur le feu. Alors, elle serait polie, et peut-être même qu'elle serait agréable avec lui.

Pour l'heure, elle ne comprenait pas pourquoi on avait mené leurs... invités dans la salle du trône. Qui était l'imbécile qui avait jugé que le lieu se prêtait aux circonstances. Certes, il s'agissait d'une situation plutôt solennelle, mais cette salle était immense et pleine de courants d'air. Alors qu'une pièce plus intime aurait eu de quoi réchauffer l'atmosphère qu'elle craignait plutôt fraîche.

On lui ouvrit les portes et elle entra d'un pas vif et assuré, levant la main pour faire taire le pauvre type qui ne servait à rien à part, justement, ouvrir les portes et annoncer la personne qui arrivait. Elle pensait s'en sortir pour cette fois.


Bonjour, bonjour, la bienvenue à Nemours. J'espère que vous avez fait bon voyage et que vous avez trouvé facilement.

Oh my god, que c'était ennuyant ces formules d'usage. Mais comme introduction, elle ne trouva pas mieux. Et tandis qu'elle s'avançait vers ceux qu'elle supposa être Erwelyn de Saint-Fargeau et Judas von Frayner, elle s'amusa à coller sur son visage un sourire ravi. « Oh oui mon Dieu que je suis ravie ».

Je suis Clémence de L'Epine. Fit-elle en s'installant en face d'eux. Elle fronça le sourcil en détaillant Judas.

Je vous ai déjà vu en quelques occasions. Elle ne se souvenait plus vraiment lesquelles, ils n'avaient certainement jamais été officiellement présentés, mais son visage, ça oui, il lui disait quelque chose. Il était vieux, tout de même... Et avait le cheveu un peu long.

Quelle chance vous avez d'épouser ma cousine ! N'est-ce pas ? Elle ne devrait pas tarder. Allez, on force un peu plus le sourire.

Vous verrez, c'est une jeune fille étonnamment charmante, bien élevée... Commença-t-elle à l'attention d'Erwelyn. Elle s'apprêtait à aligner les compliments les uns après les autres quand elle se souvint qu'elle n'approuvait pas plus que ça ce mariage et qu'elle n'avait aucune raison d'avoir à vendre les mérites d'Isaure.

Enfin, vous savez, il est toujours temps de revoir votre décision. Ces deux-là ne sont pas encore devant l'autel.


Elle pouvait toujours essayer, tant qu'Aimbaud n'était pas dans les parages elle ne courait pas le risque de devoir supporter son regard noir.

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Aimbaud
À l'époque où nous situons notre histoire, le réveil-matin s'appelait "un serviteur". Ce matin là dans la chambre d'Aimbaud, le serviteur avait sonné. Il avait chantonné un gai "Debouuuut votre magnificence !" qui avait coupé le jeune Nemours en pleine tractation de contrat d'alliance avec Astaroth pour obtenir l'échange de Blanche contre un navire marchant, car il s'était lancé dans la navigation pendant la nuit, ce qui expliquait le léger mal de mer intrinsèque à son désagréable réveil. Bref il rêvait. Son rêve était si absorbant qu'il éteignit son serviteur sans vraiment émerger de ses songes, en balançant, par réflexe, un coussin satiné dans la tronche de l'indigent. Effaré, le serviteur se tut, et n'osa re-sonner qu'environs une demi-heure plus tard. Mais il n'y eu pas de comique de répétition, parce qu'Aimbaud tomba à cours de munition... Il tâtonna dans le vide près de sa nuque sur la surface plane de la couche. Et le serviteur sonna, tinta, carillonna ! Jusqu'à ce que la tête pleine d'épis du marquis se redresse brusquement.

Équé quéneur...!?

On lui répondit qu'il était dix heures passées, parce qu'on avait appris à décrypter ce langage matinal.

Ourhfggrngrmp'tain... mmff... Pourquoi ne m'a-t'on pas réveillé ?! J'ai quoi ce matin ? Ah oui. Bon... alors. Apprêtez la salle du trône. Fait ? Farpait... Veillez bien à ce que deux gardes prennent Isaure sous les coudes pour la faire venir.

Il ne cessa plus dès lors de bâiller et de grommeler pendant qu'on lui passait la figure à l'eau fraîche et qu'on l'habillait. Il mordit dans un gros morceau de brioche tout en enfilant un pourpoint, de par lequel s'échappait le bouffant de sa chemise. Le cheveu mouillé, l'oeil cerné, la bouche pleine, la brioche à la main, les poulaines enfilées comme des pantoufles, il passa les portes de la salle du trône, suivit par deux pages qui tentaient d'ajuster sa tenue pendant qu'il marchait. Il chassa ses derniers d'un coup de pied en arrière en s'approchant de ses convives.

Gnynechtte !

Fit-il en postillonnant des miettes de brioche, et en ouvrant deux bras fraternels à Erwelyn pour lui donner l'accolade. Pas de chichis, allez. Puis en avalant sa pâtisserie pour articuler proprement, il inclina le chef brièvement vers Clémence.

Bonjour ma femme. Et voici sans doute le jeune-homme.

Il désigna Judas avec un ton fier, et paternaliste, un sourire franc éclairant son visage. Eh oui, Judas avait beau être un vieux vieux garçon, il ne fallait pas le faire culpabiliser sur sa situation, mais au contraire le mettre en confiance. Ainsi, le pauvre homme qui avait du être effrayé par les femmes toute sa vie, allait voir l'idée du mariage comme une chose positive, une expérience nouvelle, une découverte ! Tout allait très bien se passer. C'était le point de vue d'Aimbaud. Il termina donc sa brioche tranquillement avant d'entamer un discours d'entrée.

Soyez les bienvenus. Dans quelques instant viendra la promise, hé hé. Accompagné d'un chaperon vous irez converser avec, Judas, s'il vous plait, pendant que nous pourrons parachever les closes du contrat de mariage avec toi... vous ! Lynette. Ces formalités ne prendrons pas bien long, ensuite nous aurons tout loisir de promener et ripailler. Va ?

Tout en parlant il avait appuyé ses deux mains sur la table, avec une mine optimiste de chef d'équipe.
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Judas
Après quelques instants d'attente, une jeune femme fit son apparition. Un peu à l'image de la constitution de la tablée lorsqu'elle serait complète, Frayner eut l'impression qu'il allait avoir à faire à une bande d'enfants prétentieux. Il la salua tout de même gracieusement, écoutant vaguement son pamphlet protocolaire un léger sourire conventionnel et pas tout à fait sincère. Il chercha ensuite où il l'avait déja vue, puis ne trouva pas.

Ma dame, votre... Magnificence. Je vous remercie. Et en effet quelle chance, mmmh? incommensurable chance que de devenir l'époux de votre cousine.


Bien entendu il n'en pensait pas un mot, mais l'Epine était largement assez culbutable ou besognable pour rester courtois et agréable avec elle. Il allait faire un commentaire sur la sage et au combien bienheureuse remarque d'icelle à propos d'une éventuelle annulation du mariage, mais alors qu'il ouvrait la bouche , l'oeil adorateur vers son hôte, il fut coupé par l'apparition du Josselinière.

Langue ravalée, il salua avec beaucoup moins d'entrain que pour l'épouse, étouffa un "humpf d'indignation lorsque l'Aimbaud se permit de l'appeler Jeune homme et se tût. Enfin jusqu'à...

Ha non. Non non. J'ai d'ailleurs préparé lesdites clauses du contrat de mariage, je ne suis pas venu pour promener la Wagner au jardin pendant que l'on décide pour moi de ce qu'il adviendra une fois corde à mon cou. D'ailleurs que fait-elle, se fait-elle désirer? Car je vous préviens tout de suite, ça ne fonctionnera pas.

Ou comment foutre un coup de pied dans la montagne de fallacieuse douce humeur qu'avait tant bien que mal échafaudé la désirable jeune marquise. Il croisa les bras, le vieux garçon, après "le gueux" voici qu'on le maternait. Une nourrice dans la salle? Judas veut la tétée. Vexé de cette affaire que l'on comptait régler sans lui, lui le principal intéressé tout de même, le marié quoi, sortit son papelard qu'il fit glisser sur la table en direction du post-adolescent pré-adulte qui osait l'appeler jeune homme. Cette petite rédaction fut faite à l'insu de la Corleone, dans le coche pendant qu'elle était occupée à compter les fleurs par delà le fenestron. Il fit mine de rien.

Regard à Lynette.

Infâmie.

On ne sut déchiffrer si la déclaration était un octroi de sobriquet naissant envers celle qui avait tout manigancé et qui - certainement - cautionnait cet affront, ou si c'était là l'expression distinguée des meilleurs sentiments que portait Judas à cette scène grotesque. Il revint brièvement sur l'Epine, et comprit que cette sensation de déjà vu était certainement le fait que sa dernière ribaude avait la même bouche et le même âge sans doute qu'elle. Moment de flottement.


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