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[RP] Ce n'est qu'une plaisanterie enfantine...

Sorianne
Les jours passaient, se ressemblaient tous. Le Conseil était des plus calmes et la Porte Parole qu'elle était n'avait pas énormément de travail. Elle n'allait pas s'en plaindre, au moins elle avait bien le temps pour tout les à côtés, même si elle n'en profitait pas. Elle veillait sur sa fille dont s'occupait l'Angloys qui les accompagnait, elle jetait sans cesse des regards dans son dos afin de voir si personne ne surveillait ses faits et gestes... Un coup de crosse était si vite arrivé... Il était bien triste pour la petite noiraude d'en être réduite à craindre chaque geste qu'elle faisait, ne sachant si cela lui vaudrait reproches ou pas. Bien ou mal... C'était une notion toute relative, elle l'avait apprit à ses dépends. Tout dépendait de la façon dont on se plaçait.

So, la natte tombant à l'épaule, déambulait dans les venelles fraîches d'Angers, des rouleaux dans les bras. Quelques affiches à déposer, rien de bien mirobolant. Le soir, elle remonterait sur Craon, et la routine reprendrait encore et encore. La soirée commençait à peine, cela lui laissait donc un peu de temps pour profiter de ces quelques instants de liberté bien appréciables. Peu de monde dans les rues, et le pas claudiquant de la demoiselle se répercutait en faibles échos sur les murs des maisons qui dominaient au dessus d'elle.

Le panneau... La cible... Elle passa au travers d'un petit essaim d'enfants qui se tenaient là, et laissa choir ce qu'elle tenait, soufflant doucement. On ne dirait pas comme ça, mais à traîner des rouleaux sur une bonne distance... Ça pèse! Quelques instants plus tard, deux étaient accrochés, et lorsqu'elle voulut prendre le dernier... Sa main ne rencontra que du vide et un effleurement la fit se redresser et retourner rapidement. Les sourcils froncés, elle chercha. Ce qui l'avait touché, et ce qu'elle avait égaré. Le rouleau n'avait pas pu aller bien loin tout de même... Droite, gauche... Penchée, sur la pointe des pieds... Que ferait-il derrière un muret, il n'aurait tout de même pas sorti de petites ailes ou pattes pour l'enjamber!?

Le regard finit par se fixer sur l'un des gamins derrière qui la regardait étrangement. Si en temps normal... Enfin dans un temps reculé, elle était aimable, gentille, patiente et... 'fin bref toussa quoi, ce n'était plus le cas depuis qu'elle devait tenir le rôle de servante/suivante/putain/esclave d'un prélat fanatique. (ne cherchez pas à barrer quoi que ce soit, y a pas de mention inutile)....


***

Menacée. Il l'avait menacé. Elle s'était contentée de lui tirer une oreille pour qu'il avoue et il lui avait promis des représailles. Qu'à cela ne tienne, la So n'était plus à ceci près. Comble de tout, elle s'était rendue compte que l'effleurement n'avait rien d'innocent et que la lettre de son frère ainsi que celle du chirurgien avait disparues. Et il se marrait. Il voulait plaisanter... Il voulait rire, mais elle ne savait plus comment faire... La brune avait donc accompagné le gosse jusqu'au tripot qui jouxtait la rue. La mine sombre, elle s'avança jusqu'à la table qu'il lui avait désigné, tout en trainant le garçon par le col. Ainsi cet homme à la mine renfrognée et sans doutes aussi sombre que celle qu'elle même affichait était le père du garnement?

La table de jeu fut observée rapidement. Des hommes, des catins... Un tripot quoi. Elle savait jouer à ce jeu, savait qui gagnait, qui perdait, et le "père" semblait en mauvaise posture malgré la somme misée là. Elle voulait son rouleau, et plus important encore, elle voulait récupérer son courrier, cette lettre qu'elle lisait et relisait ne serait-ce que pour se réchauffer un peu le cœur.


C'est une bien misérable main que vous avez là, peut-être que vous devriez récupérer vos sous s'il n'est pas trop tard... Le garçon lui fut presque balancé. Je veux qu'il me dise où est ce qu'il m'a prit.

Pas grand chose en l'état... Pas grand chose aux yeux de tous... Sauf pour elle...
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Judas
[A - buse]

Rien n'est moins tranquille ni ressemblant que les soirées dans les tripots Angevins. A chaque passage du Frayner en Anjou, ces lieux de passe-temps qu'il ne fréquentait généralement que lorsqu'il devait décompresser de diable savait quoi lui servaient des nuits agitées. De souvenir, la dernière fois qu'il s'était retrouvé devant cartes et coupe d'Andégave, Judas avait eu la mise sauve face à un Bossuet, par la grâce d'un Moran qu'il ne quitta plus. Ainsi chaque nuit chez les buses apportait son lot de surprises. Icelle n'échappait pas à la règle.

Penché sur une Craonnaise cette fois, la ligne de ses sourcils se gondola largement à la remarque malvenue d'une ribaude. Le seigneur leva un menton de dédain, vexé qu'une telle déclaration ne vienne troubler sa concentration et son fallacieux statut de vainqueur autour de la table. Dire qu'il était à deux doigts de poser sa carte maitresse...! Lesdits deux doigts restèrent pincés sur leur Ecu et leur Bâton, sans parler de la bouche qui sembla vouloir ébaucher une injure, sans succès.

Les rangées de crins bruns couronnant des iris d'un sombre peu jouasse s'élevèrent vers la délictuelle intervention, incarnée en un doublet de larges bracelets de cuir et en une charmante natte brune, dégringolant comme une martre sur une épaule. Ce n'était pas une catin, sa coiffure pouvait en attester, son attitude cependant... Le laissa perplexe. Il fit semblant de ne pas voir le môme qui pourtant manqua de le toucher de près et attisa la grogne de ses partenaires de tablée, Judas resta un instant mutique, tout son désagréable concentré sur l'apparition féminine. Désinvolture.


Hé bien demandez-le lui, diantre. Jouer aux cartes ne fait pas encore de moi une diseuse de bonne aventure. D'ailleurs, de ses tours de passe-passe divinatoires, sans doute qu'elle gagnerait bien moins que ma personne pour une seule soirée à manier un jeu.

La tête se pencha de coté, concentrant un air décontenancé plus qu'agacé, intrigué sans doute. L'un de ses adversaire argumenta d'un rire cynique qui en entraina d'autres, appelons cela l'effet de groupe; ou de meute. Ou encore la connerie masculine. Afin de ne pas éterniser la joute verbale et de reprendre rapidement sa fausse victoire - ou sa vraie défaite - là où la petite femelle l'avait laissée, Frayner contra la cavalière d'un simple:

... Plait-il?

Cet enfant n'avait donc pas de langue pour dire à la femme ce qu'il avait fait de dieu savait quoi, tout était parfois d'un compliqué! Pour faire simple Judas n'aimait pas les enfants, par contre, il aimait toujours autant les femmes. Et de forcer un imperceptible sourire enjôleur.
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IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
Sorianne
Pourquoi s'en doutait-elle? Le gamin n'avait même pas été regardé et se contentait maintenant d'errer autour de la tablée en grignotant ce qu'il trouvait à manger tout autour d'eux, leur lançant des œillades. Devait-elle finir ce qu'elle avait commencé? Devait-elle faire comme si de rien était? Sans doutes était-ce le mieux. Ou pas. Puis après tout, qu'avait-elle à perdre? Plus grand chose... Sans même passer la moindre seconde à détailler la mise de notre homme -sans doutes aurait-elle dû-, elle releva le menton, faisant fi des rires qui s'élevèrent. Le rouge aux joues suite à l'invective, c'est un regard mauvais qu'elle lança à Judas et à ses compagnons de jeu. Elle ne baisserait pas les yeux, elle le faisait suffisamment avec d'autres... Avec UN autre...

Si le Sieur se la jouait grand Seigneur, la noiraude s'en moquait comme de la dernière pluie. Tout ce qui lui importait était de retrouver son bien, aussi futile pouvait-il être aux yeux du monde. Ne plus l'avoir lui faisait battre le cœur, elle en avait besoin, ce courrier lui était cher. Et si elle ne le retrouvait pas? N'était-elle pas suffisamment seule? Il lui fallut un instant pour reprendre le fil qui avait été brisé par la moquerie lancée. Plait-il... Devait-elle demander audience?


Votre fils m'a dérobé un vélin pour le cacher Dieu sait où. Je veux le récupérer.

Les lèvres pincées, elle attendit un instant... Pour qui la prenait-il? Elle n'avait pas répondu tantôt, jugea stupide d'insister, mais il en allait de son esprit. A deux doigts de lui arracher son jeu des mains, la So se retint toutefois, agrippant les siennes à ses jupes... Pas bien longtemps. Les doigts fins d'une main vinrent se poser sur les cartes tenues, un geste fut esquissé pour les abattre sans ménagement, mais sans pour autant que le mouvement soit violent. Qu'il lâche ces fichues cartes pour qu'il l'écoute. S'il fallait s'y essayer pour qu'il daigne tendre l'oreille...

Je ne suis pas une idiote, je sais que les enfants parlent et si j'avais réussi à lui tirer quelque chose, je ne serai pas là, sottard. Je veux mes lettres, et vite.

La voix était vibrante et décidée. Des sourires? La petite brune n'en avait cure. Il était loin le temps où un sourire pouvait la faire chavirer. Rapidement, la jeune femme observa les hommes à la table avant de revenir au concerné. Blasée, elle l'était sans nul doute. Inquiète également, sombre et pas d'humeur à jouer les victimes d'un gamin en mal de mauvais coup ou de plaisanteries agaçantes.
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Judas
So... Sottard? Elle l'avait appelé Sottard. Judas se figea sur place, glacé de la pointe des pieds à l'interstice mince qu'était devenues ses paupières. Jamais le contact d'une femme ne l'avait tant refroidi, lui arrachant même un frisson d'effroi. Car l'acte en lui même, cet affront public et cette parole malheureuse venait dégripper quelques vieux rouages discourtois, une pulsion jusque-là toujours sagement endormie pour la bienséance et la réputation... Les yeux restèrent obnubilés par les cartes ployées sous le poids de cette main insolente, presque effrayés de ce qu'elle lui inspirait si violemment. La frapper? C'est cela, fallait-il la battre, ici et sans autre forme de procès? Fallait-il la pousser contre une table, et lui faire ravaler sa langue, l'étrangler avec sa natte ou la trainer dehors pour l'achever, la violer?

Cette inconnue venait de ressasser un très mauvais souvenir. Celui de la journée où à Paris , il laissa à deux femmes le droit de l'aborder de cette façon, avec toutes les conséquences qui en découlèrent. Des conséquences si cuisantes que Frayner avait juré ne plus jamais les revivre. Autant dire qu'elle tombait mal, autant par son audace que par le moment et l'endroit choisit. Judas cette fois, ne ferait pas clémence. Comme pour rajouter un cran de tension supplémentaire l'assemblée rugit, hua et les zygomatiques du seigneur tiquèrent.

L'homme en colère ne réfléchit pas, ou plus, l'homme en colère ne se demande pas d'où vient ce qui attise la source de son trouble. Ce n'est qu'un homme porté par un besoin de s'apaiser, quelque soit la manière de le faire. C'est ce qu'il se passe au moment où Judas se redresse, épaules repoussées sur son dossier, senestre attrapant le col de l'enfant chapardeur. Non, il ne se demande pas ce qui pousse cette jeune femme à oser tant, à oser mal et à braver l'éternelle règle machiste qui régit leur monde. Pas une seconde il ne réfléchit à ce qui pouvait la retrancher dans une extrémité pareille, alors qu'en temps normal et si elle l'avait abordé plus sereinement, il aurait conclu à une détresse ou un mal à percer.

S'attaquer au satrape lorsqu'il est quiet, pour un vélin ou une plaisanterie d'enfant... Quelle triste initiative. Judas n'a pas d'enfant, il n'a d'ailleurs pas de femme non plus, alors loin de lui l'envie de subir les désordres qu'ils engendrent. Des lettres, des mots! Les erreurs de personnes hélas ne passent plus depuis Paris, et cette fois, las d'être une cible crûe facile, Judas sature. Dextre se dérobe au joug féminin pendant que sa jumelle ramène bambin miette à la bouche en son giron. Il gifla par trois fois la joue poupine, comme il giflerait une de ses suivantes, manquant d'étrangler par sa poigne le frêle petit cou. Marquant un infime temps de pause avant de reprendre sa correction il invectiva:


Alors! Est-ce là mon fils?! S'il est mon fils, j'ai sur lui un droit de vie ou de mort , non?

Il claqua sans ménagement la bouche tendre, qui s'était rosie vivement, tirant toujours l'enfant vers le haut tant et si bien que bientôt il ne toucha plus le sol.


Hein gamin, tu entends la dame? Elle veut ses lettres! Et moi, pour tout cela, hé bien je vais te couper une main. A moins que tu ne sois pas mon fils?! Es-tu un fils de Sottard?


La démonstration de force pathétiquement inégale n'était pourtant pas moins sérieuse. Encore quelques provocations et l'enfant y passerait sans autre forme de procès. Pourtant, elle n'était destinée qu'à déstabilliser la donzelle, à lui faire regretter toute cette histoire et sa partie de carte définitivement avortée.

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IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
Sorianne
Comme dans un rêve... Un cauchemar... Oui, un cauchemar qu'elle n'avait pas vu venir. Elle eut un mouvement de recul quand l'homme se redressa et attrapa le gamin. Que voulait-elle en venant ici chercher le Père qu'il disait y avoir? Récupérer son bien... De quelle manière?... La question était bonne, pensait-elle qu'il n'aurait qu'à faire montre d'un peu d'autorité? Ou qu'une parole suffirait? La première gifle lui résonna longtemps aux oreilles. Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu, mais elle ne réagissait pas, coite devant la réaction.

Droit de vie et de mort, sur son enfant? Les sourcils se froncèrent, qu'avait valu une telle réaction? Qu'avait-elle donc dit?? Elle ne s'en rappelait pas, elle ne pensait pas avoir été à ce point mauvaise pour que la leçon dispensée soit si rude. Il fallait croire qu'elle ne s'en rendait même plus compte.


Arrêtez...

C'était un cauchemar, et la richesse de la vesture portée par l'homme finit par lui sauter aux yeux. Ce n'était pas son Père. Ce n'était pas... Pourquoi n'avait-elle pas réagit? Pourquoi n'y avait-elle même pas pensé? Le pauvre garçon semblait terrorisé et secouait la tête en tout sens... Ses lettres étaient importantes à ses yeux, énormément, mais valaient-elle cela? Si une partie de son esprit disait oui, une autre hurlait le contraire. Oh qu'avait-il fait d'elle? Comment des lettres pouvaient-elles valoir de faire souffrir un enfant?? Les mains de la jeune femme se portèrent à sa tête dans laquelle se jouait une bataille inédite. Il n'allait tout de même pas mettre à exécution ce qu'il venait de dire? Réagir, il fallait réagir, c'était sa faute s'ils en étaient là, tout avait été bien trop vite!

Elle avait bien compris que l'enfant lui avait menti, qu'il n'était nullement le fils de cet homme, bel et bien seigneur. La So finit par tendre les mains, il lui fallait le faire arrêter, le faire lâcher prise sur le col du gamin, et elle s’agrippa au poignet de la main leste qui avait asséné les gifles. Le regard perdu dans les prunelles sombre de l'homme, elle ne put s'empêcher de grimacer de dégout.


Vous êtes fou! C'est un enfant! C'est à vous qu'on devrait couper une main, sale monstre! Vous ne pourriez plus porter des coups si facilement!

Et personne qui ne semblait vouloir bouger... Suffit les coups, suffit la violence. Si elle ne pouvait aller contre la volonté de celui tenant sa fille, il était hors de question qu'elle laisse faire un étranger.

Lâchez le, Maudit!!
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Judas
Et l'enfant est lâché dans l'abrupt de l'instant, comme s'il lui brulait les mains. Judas n'aura pas besoin de lui dire de déguerpir, déjà le môme n'est plus, sans doute se repentira-t-il de s'être joué d'une inconnue à la natte brune.

Maudit, c'est déjà plus mesuré que sottard... Mais le mal est fait, l'on retiendra qu'il est dangereux de plaisanter avec les personnes qui n'ont pas d'humour. Ramenant l'ourlet de ses manches sur ses coudes et rajustant son col, il chassa en arrière ses cheveux qui semblaient avoir pris le parti de se mutiner. Retrouver son assise et un calme relatif, revenir à ses cartes... Difficile. C'est que le spectacle a brisé le moment qu'il se réservait pour chasser ses idées noires en buvant sa nuit, après la tempête rien n'est jamais qu'un après tempête... Et le malaise qui va de pair est palpable lorsqu'il se pince l'arête du nez furtivement, rassemblant ses mots.


Ce ne sont jamais que des lettres, avec ou sans verve vous ne les auriez pas revues.

La tête brune aux mèches raides se secoua un peu, mi navrée mi déçue. Les prunelles corbeaux détaillèrent enfin la femme. Voilà, un peu d'attention, est-elle satisfaite? Sans doute pas, elle n'a rien gagné au change, et sa sensibilité féminine a été mise a rude épreuve.

Gardez-vous de moi, ma tranquillité m'est précieuse.


Et rare, versatile, contenue. Reprenant en coupe la main perdante le Von Frayner détourna son regard de l'intrigante, déjà elle ne l'intéressait plus. Une façon de mettre fin à l'échange tendu, de la chasser comme elle était arrivée.


Et si vous avez un nom, dites-le moi que jamais je ne recroise votre route sans m'en souvenir.
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IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
Sorianne
Déguerpi... Il avait fui dès que l'homme qu'il lui avait désigné l'avait lâché. Atterrée, la So ne put que le voir filer dans demander son reste, sans même un regard en arrière. Un geste fut esquissé, un geste vain pour lui signifier de revenir, mort avant d'avoir pu être fait entièrement. Son frère lui réécrirait... Mais le chirurgien... Elle connaissait le courrier par cœur à force d'en parcourir les lignes, mais il lui fallait les voir, être sûre de ne pas avoir inventé ces mots qui lui permettaient de garder un soupçon d'espoir...

La petite noiraude revint à l'homme, muette pour l'instant. Que des lettres... Seulement des lettres. Peut-être avait-il raison, elle ne les aurait pas revu, la plaisanterie n'était guère à son goût mais avait-elle seulement le choix? Il lui fallait subir le zèle de mioches qui trouvaient drôle de s'amuser aux dépend des adultes qu'ils croisaient. Les poings serrées, la brune ne lâchait pas le seigneur du regard, il la détaillait, elle ne le lui rendait pas, se contentant de fixer ce regard bien trop sûr de lui... Chassée... Congédiée telle une moins que rien alors qu'il lui avait fait perdre tout espoir de retrouver son bien.


Votre tranquillité... Vous n'allez pas être tranquille une fois votre misérable paire de deux abattue. Elle lorgna la tablée, Misez Sieurs, il a l'air de vouloir jouer jusqu'au bout, mais vous gagnerez gros! Avant de revenir à Judas tout en se reculant.

Allez au Diable, vous et votre tranquillité. J'espère qu'elle sera mise à mal autant de fois que possible. Et mon nom, je le garde, vile Seigneur.

Le dernier mot fut lâché avec hargne. Oh comme elle avait envie de cracher au visage de ce pédant... Oh oui elle avait envie. La colère était mauvaise conseillère, aussi ne se laissa-t-elle pas aller, mais la moue haineuse qui avait trouvé place sur le visage abimé ne laissait planer aucun doute sur les pensées que pouvait abriter la tête brune. Le pied fut frappé au sol, et la boiteuse laissa là l'assemblée. Il lui fallait retrouver ce gamin, il lui fallait retrouver son courrier.

Sur la petite place d'où elle venait, la noiraude ne put que constater l'absence de vie... Le petit groupe qui se tenaient là un peu avant semblait s'être volatilisé, à son grand dam... Point faute de tourner et retourner afin de voir si l'un ou l'autre des enfants ne se tenait pas dans un coin de rue. Dépitée, elle passa une main sur son visage contrarié... Il allait falloir qu'elle se fasse une raison...

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Judas
Jusqu'au bout. Elle avait été discourtoise jusqu'au bout. Lorsqu'enfin sa frêle silhouette disparut dans l'entrée du tripot Judas soupira imperceptiblement. De bien être, ou juste de quoi relâcher la pression... Soupirer entre ses dents comme pour dire: c'en est fini. Les cartes s'abattirent en rangée sur la table, Judas se coucha. De toute manières cette folle intrusion avait anéanti son envie de jouer, il se rabattit sur son verre qui commençait inéluctablement à s'éventer. Ce n'est qu'à ce moment et ce moment ci qu'il prit le temps de réfléchir à la scène qui venait de se jouer dans l'antre des Buses, comme on fait un cauchemard qui perturbe et dérange mais qu'inlassablement l'on cherche à reconstituer. Elle avait une cicatrice. Légère. Là juste couronnant une paire d'yeux très verts. Sa peau halée avait le grain de celle de Moran et un exotisme mesuré, qu'accentuait une petite taille et une tresse de jais. S'il l'avait remarqué sous son jupon ample, son impalpable boitement l'aurait encore aux yeux du seigneur assimilée à l'ibère, son singulier bras droit. Et ce caractère...

Courceriers flamba, tant et si bien que la nuit s'écoula entre ses doigts comme autant d'écus désertant sa bourse. Il oublia bien assez vite sa déveine dans le tumulte d'Anjou, pourpoint et gants bientôt délaissés dans un recoin tant la chaleur de l'endroit ou de son alcool faisait son effet. Et lorsqu'il fut tard, bien trop tard pour trouver une raison valable d'aller se coucher puisque l'heure des bonnes gens était morte depuis longtemps, le Von Frayner, le sottard, le maudit, s'accorda une marche plus destinée à digérer son vin qu'à rentrer dans son appartement. L'air printanier était frais, l'homme souleva le col de sa cape afin d'en recouvrir plus avant sa gorge où poussait comme l'herbe tendre une barbe naissante. Bottes de cuir menèrent leur chemin, bientôt les talons plans s'arrimèrent au pavé de la grand place. L'atmosphère était si inhabituelle avec son désertique parvis de cathédrale et ses places à étals qu'il ne put s'empêcher d'y trainer d'un pas lent, cherchant au travers du reflet de la lune quelques réponses existentielles.

Reprenant sa route, il profita d'être seul et hors de la vue du tout un chacun à une heure pareille pour oser un geste enfantin, index caressant sur son passage les pierres de l'édifice religieux au relief inégal comme on jouerait une musique imaginaire. On peut être un homme, tout austère et introverti, et garder une once de légèreté... Senestre buta sur le tendre inhabituel d'une pierre bien souple, avant de revenir sur sa trouvaille. Là bien roulés entre deux rocs, ce qui semblait être un lot de vélin dissimulés et chiffonnés sans délicatesse. Frayner tiqua, avant de tirer de leur cachette de fortune deux écrits importunés par la rosée pré-matinale...

Mystère en feu de paille, les mots ne tombent jamais très loin des yeux. La silhouette mince de Judas emporta avec lui le secret des sacro-saintes lettres qui lui valurent la plus belle altercation de sa journée et les familiarités d'une impudente, regagnant ses pénates. Puisque ne daigna pas donner son nom, ne daignera pas rendre ses écrits... Et demain fera jour. On peut être un homme, tout austère et introverti, et garder une once de légèreté... Ou pas.

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IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
Sorianne
Le cœur gros, elle avait fini par retrouver l'auberge occupée depuis un moment maintenant. Allongée, bien couverte et le regard perdu dans les flammes de la cheminée, la So rêvassait. Les recherches pour retrouver le garnement avaient été des plus infructueuses et il avait fallu qu'elle se résigne. Ce n'étaient que des courriers après tout. De simples morceaux de vélins qui commençaient même à s'abîmer à toujours les porter sur elle dans l'espoir que le Père ne tombe pas dessus. Au moins serait-elle maintenant tranquille... Le nez dans l'édredon de plumes, la noiraude fit la moue... Qu'il était compliqué de se convaincre d'une chose à laquelle on ne croyait pas le moins du monde...

Elle avait exploré toutes les venelles qui bordaient la place, avait même demandé aux gens qu'elle croisait s'ils ne le connaissaient pas. Sans succès. A se demander s'ils faisaient volontairement les ignorants ou non... Un soupir... Puis après la mésaventure vécue au tripot avec cet homme fou, nul doute qu'il n'allait pas remettre ses pieds nus dans le coin rapidement... La jeune femme ne poussa pas plus loin sa réflexion. Elle ne s'était pas rendue compte que le sommeil s'emparait d'elle, et si elle avait su que ces deux courriers qui lui étaient si chers se trouvaient dorénavant dans les mains du Seigneur brun, nul doute que l'expression de son visage aurait été bien plus apaisée que celle arborée toute la soirée.

***

Le pas mesuré, la jeune femme avançait dans les rues, nouveaux rouleaux dans les bras. Serrés contre elle, ils ne risquaient pas de s'échapper, surtout qu'elle semblait être dans la Lune. La moue qui ne la quittait pratiquement plus collée au visage, elle ne pensait à rien. Mieux valait d'ailleurs. Ce n'est qu'en voyant un petit groupe de chenapans qu'elle leva le museau. Une petite lueur d'espoir se pointa rapidement, et du regard, elle essaya de retrouver celui de la veille. Il ne semblait pourtant pas se trouver parmi eux et les œillades qui lui étaient adressées la dissuadèrent de poser la question qui lui brûlait les lèvres. Cela allait pourtant de soit! Pourquoi aurait-il tenu sa langue sur ce qui lui était arrivé la veille? Il s'en était sorti vivant, peut-être même "vainqueur" selon le point de vue et ce qu'il avait pu raconter, alors pourquoi s'en priver? Surtout s'il passait pour un survivant...

La brune avança sans demander son reste, traçant au milieu du petit groupe qui se disloqua brièvement sur son passage. Le pas claudiquant résonnait doucement, accentué encore par le fait qu'ils s'étaient tus. Elle en aurait maugréé si le regret de ce qu'il s'était passé ne l'avait assailli. Pauvre gosse... La petite noiraude prit garde à ne pas s'empêtrer dans ses jupons, et c'est bougonne qu'elle arriva au panneau, ronchon qu'elle s'attela à sortir le petit martelet grâce auquel les affiches restaient bien en place. Deux clous de métal entre les dents, elle passait ses nerfs sur ces derniers, imaginant à la place des têtes, celles du prélat, du gamin, et du Seigneur maudit.

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Judas
La fin de nuit avait opéré sur le seigneur qui trouva finalement le sommeil entre les cuisses d'une ribaude au prénom déjà lointain. Levé tardivement il s'était fait brosser le crin indiscipliné non sans mander s'il avait reçu la visite d'un messager ce qui le ramena à sa soirée de la veille. Trouvailles vengeresses, les deux vélins dormaient sur un recoin de lit malmené par le désordre que l'on suppose à une couche utilisée a bon escient, et cette fois Frayner daigna bien violer leur secrets. Il se les fit apporter, amusé d'avance de deviner ce qu'il pourrait y trouver... Cette garce brune l'avait bien mérité. Il songea même lorsque ses doigts dénudait déjà la première peau de veau à la détruire après lecture, pour se réconforter d'avoir dû subir un tel affront. Accoudé négligemment à son siège il lut, d'abord sans grand intérêt. Puis au fil des mots s'étira ce qui ressemblait à un sourire goguenard, qui devint un sinistre et moqueur éclat de rire lorsque la seconde fut parcourue.

Petite cachotière...

Sans doute que les raisons de son empressement à remettre la main sur ses courriers devinrent bien plus limpides. De petites mains reprirent le mouvement descendant qui disciplinait ses longues mèches brunes, il les chassa comme un enfant pressé et prit congé avec une étrange excitation. Ha, la garce, elle s'en repentirai. Il y avait un avantage de taille à détenir l'intimité d'une femme. L'on pouvait sans grande peine se venger d'elle, et aussi douloureusement que les blessures d'égo peuvent le faire.

Il passa sa journée à vaquer, ici pour discuter le prix des dernières robes qu'il devait en solde à son limier, là à tenter de dénicher la tapisserie la plus seyante à la grand salle de Petit Bolchen... Et quant vint le moment de faire halte pour s'accorder une pause bien méritée, il passa par la grand place où il ne put manquer une scène des plus amusantes. Un enfant dans le dos d'une femme, volait un martelet et s'en allait discrètement vers ses camarades, secouant son trophée avec fierté. Une femme... A la longue natte brune. Un soupir de plaisir s'échappa des lèvres sans consistances. Quelques instants plus tard, l'enfant s'en allait sou en main et Judas passait nonchalamment près de la cloueuse d'affiches... Trainant un peu le pas, trainant un peu les sous entendus. Comme une poésie bien apprise, la récitation valait son pesant de singerie.



Chère Sorianne, ma douce nymphe aux yeux de biche, je regrette de me faire oiseau de si mauvais augure mais... Sans ce martelet, demain verra le jour se lever sur des pancartes stériles de toutes annonces. Si importantes dussent-elles être, bien sûr.

Et ledit outil d'être tendu, de loin, juste assez pour qu'elle le réclame sans réussir à s'en saisir. Tout n'était qu'ironie, tant sa complaisance et aide inopinée que sa considération quant au travail méthodique et fastidieux de la brune. Judas se moquais ouvertement d'elle, de par son ton cynique et ses mots minutieusement choisis. Paraphe de l'un des deux vélins trouvés mêlé à sa conclusion, Frayner n'avait pas raté une ligne des courriers intimes. L'inconnue n'en fut plus une, et les yeux indiscrets lui découvrirent même un galant au nom bien exotique.
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IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
Sorianne
La première affiche fut ainsi placardée avec force rancœur. Chaque clou fut frappé avec tout ce qu'elle avait de haine et de colère envers ceux qu'ils représentaient. Pourquoi fallait-il que le sort s'acharne? Était-elle sotte à ce point? Elle se savait stupide, mais au point que cela lui vaille tout ça? Un dernier coup du petit marteau et elle le laissa s'échapper sur le sol, le temps d'aller sortir une autre annonce de son tube de cuir... Puis quand pourrait-elle aller récupérer celui si mystérieux qu'elle avait dû cacher pour qu'il ne tombe pas entre de mauvaises mains? Pff encore aurait-il fallu qu'elle sache où se trouvait le colosse...

Voulant récupérer le martelet, la main de la brune ne rencontra que du vide. Le regard suivi, rapidement, et la jeune femme ne put que constater un fait : l'outil n'était plus là. Les rires enfantins derrière elle la firent se retourner, et blasée, elle observa les gamins se moquer... Blasée, elle resta là, se contentant de serrer le rouleau fin qu'elle tenait d'une main. Si la veille elle aurait donné cher pour récupérer son bien, ce jour il en allait autrement, ayant été échaudée la première fois.

Une voix chaude prononça son nom... Une voix chaude venait de voler les mots qu'elle gardait cachés contre elle. Ces mots qui lui réchauffait le cœur et qui lui avait fait tourner les sens quand ils avaient été prononcés par Achim au creux de son oreille, à Montauban. Mais ici, ce n'était pas le chirurgien. Ici ce n'était pas ce Maure si sûr de lui et au raffinement exacerbé. Oh non, pas maintenant. Et le visage fermé et les pommettes écarlates, ruminant de bien sombres desseins à l'égard de celui qui avait osé profaner son secret bien gardé, la noiraude laissa finir le vil Seigneur qui avançait. Il avait son outil. Avait-il osé payer ces enfants pour qu'ils le lui prennent? Ou l'avait-il fait de lui même? A sa mise elle en douta, il ne serait pas abaissé à faire cela tout seul. Savait-il au moins se vêtir seul??

Elle essaya vainement de récupérer le martelet, mais le rusé le lui ôta de sa portée. Trop petite pour aller le chercher où il se trouvait maintenant perché. Elle rageait la So, et l'annonce tenue ne devait plus ressembler à grand chose ainsi froissée à force d'être malmené, mais il lui fallait bien serrer quelque chose. Pas de chance, c'était le poing, et dedans... Bien il y avait l'affiche. Il lui fallut desserrer la mâchoire pour réussir à prononcer le moindre mot.


Je me fiche des annonces. Je vous les ferai parvenir en main propre et je demanderai aux gardes de vous conduire jusqu'ici pour vous les faire afficher, avec vos dents si nécessaire.

Il avait osé lire ses lignes, il avait osé lire son courrier, violer son intimité, prendre ce qui ne lui appartenait pas. La noiraude détailla enfin cet homme qui semblait si sûr de lui, arrogant à souhait. Il avait osé toucher la seule chose qui restait hors de portée du monde entier. Cela lui en aurait presque fait monter les larmes aux yeux, encore davantage en l'entendant se moquer de la sorte, elle qui y attachait tant d'importance.

Je pensais que les Seigneurs avaient au moins une once de savoir vivre, je suis naïve, on ne me le repète pas assez, il faut croire. Elle tendit sa main libre devant elle, nullement mendiante, mais tremblante de colère. Je veux la récupérer. Elle ne vous appartient pas, ne vous était pas destinée...

Redonnes la moi maudit. Redonnes la moi ou bien tu gouteras le cuir des tubes à parchemins...
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Judas
Il lui rendit son martelet, secouant un peu la tête. Que de patience pour apprécier la chaleur de la "Nymphe"...

Toujours aussi vindicative. Ce n'est point comme si c'était vous qui aviez commencé n'est-ce pas...


Celle-là ne le porterait jamais sans doute dans son coeur mais après tout ce n'était pas indispensable. Se détournant déjà d'elle il soupira et haussa le ton afin qu'elle l'entende malgré qu'il lui tournait le dos.


Pensez-vous que je me ballade avec des lettres à l'eau de rose trouvées par une malheureuse coïncidence? Ne me faites pas rire.

- Je n'ai pas d'humour. -

Un geste vague et:


On pensait que les femmes étaient de délicieuses créatures, avec cette barrière respectueuse qui revenait aux inconnus qu'elles accostaient. Mais je ne suis pas si naïf, fort heureusement. Elles sont chez moi. Mandez Judas Gabryel Von Frayner, seigneur de Courceriers, nul doute que l'on vous indiquera le chemin de mon appartement.


Le timbre éraillé s'amoindrit jusqu'à ce que l'homme disparaisse au coin d'une rue, crispé de n'avoir pas su tirer à cette effrontée une once de gentillesse en deux entrevues. Il la percevait comme une frigide cérébrale, le mal était fait. Mais le mal était bien fait. Judas n'avait pas abattu sa dernière carte.
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IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
Sorianne
Deux jours. C''est le temps qu'il lui avait fallu pour qu'elle se décide à s'y rendre. Elle avait regardé Judas lui tourner le dos et s'éloigner tout en se présentant l'air de rien. Il allait lui falloir retenir ce nom à rallonge, mais comptait bien oublier le titre qui terminait le tout. Il pouvait bien être Duc de n'importe quoi, ce serait pour elle toujours une même personne. Nullement au fait de tous ces titres ronflants que les nobles portaient et s'échangeaient les uns les autres, tout ceci lui importait peu.

Deux jours. C'est tout le temps qu'elle hésita. La précédente fois où elle s'était permise de répondre à l'invitation d'un homme dans sa demeure -ou presque- cela avait mal tourné et elle doutait s'en être remise. Ne pas commettre deux fois la même erreur, ce serait être vraiment des plus stupides. Mais son courrier... Un seigneur... C'est un noble? Vu le nom sans doutes. Un noble digne de ce nom ne ferait point de mal à une femme... En pensant à cela... Elle était allée demander discrètement une dague au forgeron du coin. Si un curé n'est qu'un homme, c'était pire encore pour les nobles.

Et elle avançait dans la rue indiquée par l'aubergiste, anxieuse à l'idée qu'il n'ait finalement pas daigné attendre son passage. Sans doutes ne pensait-il plus la voir. Se souvenait-il au moins d'elle? N'avait-il pas déjà brûlé ce qu'elle venait récupérer? Levant le museau sur les bâtisses, elle reconnut celle décrite. C'était tout proche. So prit son temps, l'inquiétude prenant le dessus. Dire que quelques années auparavant, elle aurait foncé, n'aurait aucunement hésité à entrer, ne se souciant de rien et de personne. Sa confiance dorénavant ébranlée et la défiance qui lui tenait compagnie avaient la fâcheuse tendance à la retenir depuis quelques temps.

La porte. Derrière ce simple panneau de bois, son bien. Une inspiration et la petite boiteuse leva le poing pour frapper deux coups discrets. La petite lame au chaud dans la besace, elle se rassura en passant une main légère sur le cuir du sac. Puis elle n'allait pas rester, une simple allée venue. Soudain impatiente de filer, la jeune femme prit la peine d'ouvrir la porte, passant doucement par l’entrebâillement avant de refermer derrière elle. Il avait poussé la curiosité à lire ses lettres. Pourquoi ne pousserait-elle pas la sienne à s'inviter.

Le visage sombre, la noiraude s'avança de quelques pas, glissant plus que ne marchant, afin de ne pas faire trop de bruits. Le frottement du tissu de ses jupes et jupons était plus bruyant que ses talons se posant au sol. Sa mise. Elle n'était pas chez le dernier des sagouins, et il était hors de question qu'il lui fasse une remarques qui pouvait s'avérer déplaisante. Certes le tissu n'était pas de qualité, mais... De la main, elle chercha à lisser les étoffes. Moui, mieux ainsi. Bien. ...

Droite... Gauche... Ainsi c'était cela la maison d'un riche? Col lui en avait déjà donné un aperçu, mais ici tout semblait plus... Plus... Point de mots, et un sursaut avant de reprendre contenance, les pommettes rougies. Depuis combien de temps était-elle observée?


Je me suis permise... On n'est pas vraiment des étrangers après tout. Une main fut tendue une nouvelle fois et il lui en couta mais... S'il vous plait.
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Judas
Je vois.

Il avait ramené à ses hanches deux perdreaux que Nyam devait vider et préparer pour le soir, figé dans l'élan d'une envie d'étancher sa soif au cruchon de vin qu'il tenait en dextre.

Mais je vous en prie faites donc comme chez vous...

Sur quoi il but une gorgée à même le contenant, aussi familièrement qu'il l'aurait fait s'il avait été seul, ou si une petite brune à la longue natte ne faisait pas en catimini le tour du propriétaire. Essuyant sa bouche d'un avant bras il déposa le cruchon là où il l'avait pris et les perdreaux en sa senestre retrouvèrent la hauteur de ses cuisses, un trait de sang coulant en sa paume. Frayner était posé. Bien plus posé que lorsqu'il l'avait croisée dehors, et cela se lisait sur ses traits , en ses gestes. Frayner était chez lui. Maitre en sa demeure, on n'est jamais trop inquiet des jugements d'autrui et de leur réaction.

Le seigneur nota qu'en son appartement andégave il assistait pour la première fois à une apostrophe dénuée de fiel de la part de Sorianne. Il se retint tout de même de le lui faire remarquer, il était inutile de la faire se retrancher dans ses extrémités sommes toutes habituelles. Désignant le lit au bout de la pièce il poussa son audace, puisqu'à priori d'audace elle ne manquait.


Vos courriers sont là bas, sous ma paillasse.


Sa visite était attendue plus tôt, le soir même a vrai dire. Il ne sût interpréter ce retard, crainte ou fière hésitation? Pendant qu'elle se décidait, il nota tous les détails visibles de sa visiteuse. La robe, ses cheveux, ses hanches. Bonjour Sorianne, moi aussi je suis ravi de te revoir.
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Sorianne
Prise en flagrant délit de curiosité mal placée. Longtemps que ce n'était pas arrivé et malgré son excuse franchement mauvaise et l'air plutôt flegmatique du Seigneur, la So n'en menait pas bien large. Elle n'avait même pas prêté attention au moment de la journée à dire vrai. Et c'est en voyant les oiseaux qu'il avait en main qu'elle s'en rendit compte. Le temps ayant fait son œuvre, elle était quelque peu calmée depuis la fois précédente, et se retrouvait même intimidée.

La chasse a été bonne on dirait...

La noiraude l'observa, plantée où elle était sans bouger. Il semblait moins agacé que les deux fois où ils s'étaient croisés, sans doutes que cela pouvait mieux se passer? Du regard, elle suivit la direction indiquée tout en écoutant... Et si elle avait le teint rosé de la gêne de s'être faite prendre dans l'appartement, elle vira rapidement au pourpre... A moins que ce ne soit au blanc. Une furieuse envie de sortir la prit, mais non. Elle était là pour son courrier, elle l'aurait. Interloquée, elle ne put que fixer Ce Judas Von Fray... Nom qu'elle avait déjà oublié... Elle ne perdit toutefois pas le Nord.

Peut-être pourriez vous me les donner, j'ai des difficultés à me baisser et... On a beau ne plus être vraiment étranger, c'est votre lit, pas le mien, et si d'autres s'en font une joie, moi je n'ai aucune raison d'y toucher.

Excuse comme une autre. Elle pouvait se baisser, ce n'était nullement un souci. S'asseoir au sol et se relever, là d'accord. Mais se baisser... Pas comme si elle était vieille, ridée et courbée... Le rouge au joue, elle avait quitté les prunelles sombres au profit du cruchon qu'il avait reposé. Sans doutes aurait-elle bien prit une gorgée, même unique, afin d'éteindre le coup de chaud qui lui était monté d'un seul coup... Machinalement, une de ses mains vint jouer avec le bout de la tresse tandis qu'elle revenait au Seigneur.

Je ne voudrais pas vous ennuyer trop longtemps.

J'aurai dû venir quand la colère était encore présente...
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