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[RP ouvert] Hôtel particulier des Houx-Rouge

Edouard_bontemps


Bien Mâdame, vos infusions seront servies dans le petit salon. Vous pourrez y descendre quand vous voudrez!

Le premier repas de Mâdame aux Houx rouges s'était plutôt bien passé. Je pousse un ouf de soulagement très intériorisé... même si je vais avoir deux ou trois mots à dire à Annette. Certes, Madame Enigma n'est pas notre maitresse, mais elle ne fait pas non plus partie du personnel de maison. En ce sens, nous n'avions rien à dire sur son comportement. C'est à Mâdame que cela revient. Cet hôtel ne peut fonctionner correctement que si chacun respecte sa place et ne va pas s'étaler dans le parterre du voisin. Enfin, si je puis m'exprimer ainsi!

Je me retire pour aller préparer l'infusion aux roses. C'est ma spécialité. Je suis touché de l'attention de Mâdame. Se le rappelle t-elle? Est-ce un heureux hasard? Ou simplement ses goûts qui remontent naturellement à la surface de son esprit? Peu importe! De toutes façons, je ne le saurais jamais et il est inutile de déranger Mâdame avec d'aussi futiles considérations.

Devant l'hôtel, avant de monter au petit salon, j'aperçois un coche. Étrange? Mâdame attendait-elle des invités aujourd'hui? L'odeur de rose embauche les couloirs. Le cliquetis des tasses l'une contre l'autre sonne avec harmonie. Il m'a fallu des années de pratiques pour faire tinter ainsi deux tasses de thé. Des années!

J'entre dans le salon alors que Mâdame s'adonne aux osselets avec dame Enigma. Oui! Il n'y a pas de doutes. Il faudrait que je glisse deux mots à Mâdame sur ces leçons de maintien que sa suivante devrait prendre! Il faudrait même que ces cours lui soient dispensées avant le bal de la semaine prochaine. Mâdame a tout de même un rang à tenir! Je dépose les infusions sur la table basse... avec quelques instants de retard! Je me penche vers la maitresse des lieux.


Mâdame attend-elle de la visite aujourd'hui?
Pattricia
[Futur Hôtel de La Force... une heure plus tard]


La vindicative s'est mise plus à son aise, retirant sa coiffe de mailles de métal, elle avait défait son lourd chignon et avait opté pour une coiffure plus féminine, cheveux nattés en deux tresses enveloppées sur les oreilles dans une résille. C'est que la rousse à la chevelure très longue, un miracle qu'elle n'ait pas dû la couper à l'époque où elle avait quitté son statut de sauvageonne pour devenir paysanne. Tant d'années sans entretien particulier auraient pu contribuer à avoir de la vermine, ou tout autre aléa de la vie au grand air, mais non... Par contre, quand on est soldat, rien de moins pratique qu'une lourde chevelure flamboyante, mais par la force de l'habitude et surtout quelques conseils de ci, de là, la môme au loup avait finit par opter pour une huile parfumée, venue de terres lointaines qui disciplinait sa toison bien plus surement qu'une brosse ou un peigne...

Les enfants excités ne cessaient de passer d'un côté à l'autre du coche pour admirer les ruelles parisiennes qui, bien que pavées pour la plupart, étaient bien nauséabondes, couvertes qu'elles étaient le plus souvent de détritus et déjections de tous poils. Lorsque la tribu arrive enfin du côté du quartier St-Jacques, les abords deviennent plus propres et surtout plus calmes. Les différents prieurés qui possèdent les terrain de cette partie de la capitale avaient au moins l'avantage d'attirer bien plus les bigots que le badaud. Lorsque le coche s'arrête enfin devant l'objet du délit, la tribu au grand complet descend et Patt tire la cloche.

La lourde porte s'ouvre et, après une discussion entre Mélie et le gardien du lieu, la petite troupe peut enfin pénétrer dans une cour, petite certes, mais bien pavée et plutôt proprette. C'est alors qu'un religieux, prévenu de leur arrivée, se rend à leur rencontre à grand pas.


- Ma fille, vous êtes Pattricia Dame de La Force c'est cela ?
- Oui mon père, c'est bien moi en effet. Je constate que nous étions attendus à priori.
- Oui mon enfant, votre intendante a déjà tout arrangé, notre homme de loi ne devrait pas tarder nous pourrons donc signer l'acte de vente aujourd'hui, sans doute désirez-vous visiter ?
- Mon intendante... Votre homme de loi... signer l'acte de vente ? Visiter... Je pense en effet que cela va être la moindre des choses...


Mélie et Souffredoul avait leur air "j'sais pas s'qui s'passe, c'est pas moi" et Patt n'avait qu'une envie, commettre un double meurtres, mais bon, devant un homme d'église, ça ferait désordre... Après un dernier regard assassin, la Sarladaise reprend les choses en main Quand le vin est tiré... Ils vont m'entendre ces deux là !

- Comme tout cela est nouveau pour moi, je vais répartir les tâches.
Souffredoul vous m'étudiez de près les écuries et autres dépendances, si quelque chose devait clocher par la suite, vous pouvez être sûr que je vous en tiendrai pour responsable !
Mélie, tu t'occupes des communs, cuisine, séchoirs, etc et veille à ce que tout soit selon nos besoins. Y compris une augmentation de la maisonnée, nous allons avoir du personnel plus nombreux.
Mon père je vous suis pour la visite des pièces de vie, le reste n'est pas de mon ressort.


C'est ainsi que la vindicative se trouva propriétaire en une journée d'un hôtel particulier, avec 5 chambres, des grands communs et de quoi recevoir tout à fait honnêtement la bonne société. Il fallu quelques jour pour que le déménagement se fasse, que soit apposé le blason de La Force, qu'un carrosse soit commandé et le personnel nécessaire embauché. Mélie menait la maisonnée de main de maître, Souffredoul en faisait autant avec le palefrenier et la garde rapprochée de la Dame des lieux, les enfants furent vite très occupés entre leçon d'un précepteur et entrainement au combat avec Souffre et les autres soldats.

Quand à Patt, toujours à dormir dans l'aile attribuée à la Garde Royale, elle s'empressa de donner sa nouvelle adresse à tous ses amis, et parmi ses ami, il y avait Eni...

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--Annette_langlois


Le repas avait pris fin. La Maîtresse et sa jeune invitée avaient quitté la salle à manger, et Monsieur Edouard s'était empressé de préparer les infusions à la rose.
Tout en débarassant, elle l'observait du coin de l'oeil. Nombreux furent les soupirs et les regards levés retenus durant ce temps. Non mais. Quel coincé ce bonhomme. Et lèche-botte, encore en plus. Il donnait du « Madâme » autant comme autant. Il s'éclipsa enfin, la laissant seule dans ses quartiers. Parfait. Elle allait pouvoir souffler.

Les bras dans une grande bassine de bois, elle frotta les assiettes, les verres, les plats, les ustensils de cuisine. Cette tâche effectuée, elle disposa dans un grand plat deux belles parts de gâteaux, et une main sur la hanche, l'autre en équerre, apporta les douceurs à la Maîtresse de maison. Croisant au passage un Monsieur Edouard visiblement très affairé, elle lui décocha un sourire aux trois quarts moqueurs. Reprenant une attitude respectueuse en entrant dans le Salon Rose Pétale, elle servit en silence les deux jeunes Damoiselles, se retirant sur la pointe des pieds. Et rencontra, en sortant de la pièce, le majordome. Encore lui ? Décidemment, il passait sa vie pendu aux basques de la Maîtresse. Comment diable avait-il bien pu vivre en son absence ? Elle lui attribua une belle grimace, alors qu'il lui tournait le dos, et, bien évidemment, sans que ni Mademoiselle ni Invitée ne s'en rendent compte.

Réajustant le bonnet de coton blanc, elle monta à l'étage, s'occuper des chambres. Poussant la porte de la propriétaire des lieux, elle ne put retenir un sifflement admiratif. Diantre, la sienne ne faisait même pas la moitié ! Rapidement, elle vérifia que le lit était bien fait, s'assurant que le panier du louveteau était toujours là où elle l'avait déposé le matin même, parfuma la pièce d'un peu d'essence de rose, en profita pour s'asperger elle-même, et quitta les lieux.
Vint le tour de la suite de l'invitée. De même, tout était en ordre. Elle récupéra les affaires sales de la petite fille, déposa quelques gouttes d'huile essentielles de chèvrefeuille un peu partout dans la chambre, et ressortit, son panier de linge plein de vêtements sales.

Bannette sur la hanche, elle redescendit les marches, courut hors du domaine, et héla la lavandière qui patientait depuis un moment devant les grilles. C'est que le linge de Madâme méritait le meilleur traitement, et Francine s'occupait aussi de celui de Sa Majesté. Enfin, de celle qui croupissait six pieds sous terre. Rendez-vous fut pris au lendemain midi, pour l'échange écus contre vêtements propres.

Retour à l'hôtel particulier. Elle avait eu vent d'un bal futurement donné icelieu. Et c'est qui, qui se récoltera le sale boulot ? Annette pardi ! Et le tout en souriant, bien évidemment. Râler aurait été du plus mauvais effet. Bien, et maintenant. Q'est-ce qu'elle allait bien pouvoir faire ? Ah, oui. Laver la salle à manger, remettre du bois dans les cheminées, préparer les robes pour le lendemain, établir les menus de la semaine, repriser les torchons, astiquer l'argenterie, épouster les meubles, et, peut-être, dormir un brin. A condition de ne pas recroiser ce maudit Monsieur Edouard...
Albanne
La partie d'osselets bat son plein. Nous gagnons chacune notre tour, le sourire aux lèvres et l'oeil joyeux. Annette arrive bientôt avec les parts de framboisier, qu'elle dépose auprès de nous. Les infusions à la rose suivent, de très près. Ainsi que la question de Monsieur Bontemps. Si j'attends quelqu'un ? Je jette un regard à Enigma. A-t-elle convié du monde sans m'en faire part ? Cela m'étonne un peu. Elle n'a certes, aucune manière en société, mais je ne l'imagine pas inviter quelqu'un chez moi sans m'en demander la permission. Ou au moins, me prévenir.
Je lève le nez vers mon majordome. Il est vraiment très prévenant. Et cette infusion est absolument parfaite. Elle me rappelle quelque chose, sans que j'arrive à savoir quoi. Un souvenir du Trou-Noir, sans doute.


Je n'attendre personne, Monsieur Edouard. Quelqu'un est-il dans la porte ?

Voilà qui me contrarie, soudain. Je n'ai prévenue personne de mon arrivée ici. Je secoue la tête, agacée par distraction. Personne, non. Sauf la dizaine de personnes que j'ai invité au bal.
Je quitte le siège dans lequel j'étais assise, organisant les plis de ma robe autour de mes chevilles. Il faut que j'en ai le coeur net. Mais vérifier par moi-même l'identité du nouveau venu serait contraire à l'étiquette. Etiquette que je m'efforce d'appliquer à la lettre. Car, en plus de mon accent, mon françoys approximatif, et de mes si glacials yeux bleus, si je ne me comportais pas comme il se devait, j'allais être la risée du Tout-Paris. Et franchement, je n'ai guère besoin de cela. Surtout qu'à présent que je suis fiancée... Je risque de tenir l'image déjà peu glorieuse de mon promis.


Allez voir, Monsieur Edouard. Demandez son nom, et revenez me dire qui il est.

Je le laisse disposer. Mes sourcils se rejoignent dangereusement. Je lève les yeux aux murs, et croise le regard glacé de celui qui sans nul doute, est mon père. Jørgen de Castral-Roc. Brusquement, je ne suis plus dans le Salon Rose. Je suis dans un carrosse, lancé à vive allure. J'écoute une belle femme lire une lettre en françoys. Des nouvelles de nos chers cousins. L'homme blond à ses côtés, l'écoute attentivement. L'ancien Duc de Castral-Roc, contemple sa bourgeoise de femme en souriant tendrement. Il a perdu son rang, par amour d'elle. Son père l'a autorisé à garder le nom. Mais c'est tout. Plus de titre réel, plus de noblesse. Mais je sais qu'il ne le regrette pas. Peter de Castral-Roc, mon Grand-Père, lui a offert une belle fortune. Et Mère était pourvue d'une considérable dot. Nous roulons réellement sur l'or. Mais nous n'avons plus de terres. Juste un grand chateau de pierres anthracites, et un parc magnifique, grand de plusieurs hetares. Je suis le fruit de cette union parfaite.

J'agrippe le dossier du fauteuil rose pétale. Je suis encore plus pâle que d'habitude. Le peu de couleur qui égayait mes joues a proprement et simplement disparu. Mes yeux bleus ressortent avec d'avantage de force. Je me saisis vivement de la tasse d'infusion, et la bois d'une traite. Je me sens soudain faible. Je prends sur moi-même, ne montrant rien à ma jeune amie. Je m'assois de nouveau sur le fauteuil. J'ai besoin de reprendre mon souffle. J'entends la cloche d'une église sonner les vêpres. Déjà ? Je regarde autour de moi, cherchant une occupation saine et reposante. J'avise un livre, posé sur une étagère. Je me lève, l'attrape, et pars m'assoir sur un banc à dossier. Je tapote la place à côté de moi, en regardant Enigma.


Lisons, veux-tu ?
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Jessienigma
*Apparemment, elle avait encore fait une connerie ! Etait-ce ce pauvre petit rôt ? Pourtant, dans bien des cas et pour bien des cultures, c'était signe que l'on avait apprécié le repas. Ces nobles n'appréciaient vraiment pas les choses simples de la vie apparemment.

Obéissant à sa "patronne" et amie, la mioche l'avait suivie dans une autre pièce pour aller jouer aux osselets. Enfin quelque chose qui lui était plus facile, ayant appris il y a déjà bien longtemps, si ce n'est que ceux qu'elle utilisaient étaient nettement moins jolis.

Le dessert qui leur fût servi était si délicieux que malgré son estomac rempli, elle ne put s'empêcher de le dévorer en dégustant la tisane très gouteuse que le majordome leur avait servie.*


Mais en fait, c'est vraiment délicieux cette boisson !


*Le jeu fut interrompu après un moment par une annonce du majordome. Il semblait que quelqu'un soit à la porte mais Albanne ne semblait pas vouloir aller voir d'elle-même.*

Qui sait que tu es déjà là ? Juste ceux invités au bal non ?

*Regardant le banc où son amie se dirige pour lire un peu, Enigma s'y élance sans hésiter, espérant que ce soit un livre intéressant et qu'elle puisse en emprunter pour en lire de son côté.*
Edouard_bontemps


Entre la préparation du bal et la supervision du travail des nouveaux employés, je n'ai pas un instant à moi. Je monte et descend les escaliers une bonne centaine de fois en ce jour. Ah ça, il n'y a pas de doutes, je devrais bien dormir ce soir. C'est dans la cuisine que je croise Annette. Elle est affairée à laver la vaisselle. Pour ça, je ne peux pas me plaindre. Elle n'est pas du genre à fainéanter au soleil. Mais cependant...

Annette, ma petite, puis-je m'entretenir quelques instants avec vous? Oh non... n'ayez crainte, je n'ai pas à me plaindre de votre travail. C'est parfait! Je n'ai que des compliments à vous faire. Vous semblez déjà avoir pris la mesure de cet hôtel. Vous êtes autonome dans vôtre travail. Mâdame ne m'a jamais déclaré de déplaisir à votre encontre. Continuez ma petite. Continuez ainsi...

Je marque un temps d'arrêt, me frotte les mains les unes contre les autres. Je cherche mes mots.Être juste... mais savoir donner les conseils qu'il faut. Sans froisser. Mais en disant tout de même ce qu'il y a à dire. Enfin...

... excepté en ce qui concerne votre attitude vis-à-vis de Mâdame Enigma. Car voyez-vous les bonnes ou les mauvaises manière de Mâdame Enigma ne vous concernent en rien. Vous n'avez point à les juger. Vous n'avez point à les corriger. Si une action doit être entreprise, elle le sera à la demande de Mâdame... et non par le désir de l'un de ses serviteur. Me suis-je bien fait comprendre Annette? N'intervenez en paroles que si cela est nécessaire. La qualité première d'un bon domestique, c'est sa transparence. Être là sans être aperçu. Ne jamais faire sentir sa présence excepté lorsqu'on nous le demande. Faire son travail à l'abri du regard de la maitresse de maison. Vous apprendrez tout cela Annette, j'en suis sur! Il y a beaucoup de qualités en vous! Sachez les développer avec harmonie. dans le respect des règles de notre maison. J'apprécie beaucoup votre présence Annette. Sachez-le!

Et voilà, le plus dur est passé. Je peux souffler un peu et en profiter pour m'éponger le front où perlent quelques gouttes d'eau issues d'une chaleur intérieure excessive. Je souffle discrètement. Il est inutile qu'elle se rende compte que ce genre d'exercice m'est pénible.

Ah! J'allais oublier. Samedi 26 Mai, aura lieu ici-même un grand bal. Mâdame fête son retour aux houx rouge. Ce sera une longue journée pour nous tous. Pour ce jour-là, vous ne cuisinerez pas. J'ai fait mandé l'un des meilleurs cuisiniers de Paris. Il confectionnera ici les plats que nous servirons aux invités de madame. Il sera accompagné par son équipe de serveurs. Il y aura bien entendu un ensemble de musiciens. La veille, des personnes viendront décorer la salle principale. Pour tout ce qui concerne le bal, veuillez donc me référer toutes les personnes qui se présenteront aux houx rouge, est-ce bien compris?

Quand à vous, votre tâche pour cette journée particulière sera d'assister Mâdame. Vous l'aiderez à prendre son bain, vous la coifferez. Vous l'aiderez à enfiler sa robe de bal. Vous la farderez si elle le désire.

Ah... et j'allais oublier. Il est possible que certains invités dorment à l’hôtel après le bal. J'aimerais que vous vous assurez la veille que toutes les chambres sont prête à accueillir des invités de Mâdame. Elles doivent être impeccables. Aussi impeccables que si Mâdame allait l'occuper.

Sur ce Annette, je vais vous laisser terminer votre travail. N'hésitez pas à me demander conseil en cas de besoin. Je suis certes votre superviseur, mais un superviseur bienveillant ma petite.


Je lui donne une petite tape amicale hésitante sur l'épaule. Je retiens mon geste à la dernière minute par excès de timidité. Et je retourne au salon où je retrouve Mâdame et sa suivante en pleine lecture. Je me racle la gorge avec élégance pour indiquer ma présence.

Mâdame peut dormir en toute tranquillité: tous les préparatifs pour le bal de Samedi sont lancés. Mâdame ne regrettera pas de m'avoir fait confiance dans cette affaire.
--Annette_langlois


Les mains dans l'eau de vaisselle, Annette écoutait discourir Monsieur Bontemps. Au fur et à mesure de ses paroles, la jeune fille état bien obligée de reconnaître qu'il n'était pas si terrible que ça. Plutôt sympathique, le majordome.

Quant à ce qu'il disait... Oui, bien sûr, elle n'aurait pas du s'exprimer de cette manière à la jeune invitée. Mais il fallait dire, pour sa décharge, que la proposition de la petite était choquante. Et quand Annette était choquée, elle disait toujours le fond de sa pensée. Mais elle comprit bien que si elle voulait garder sa place, il lui faudrait tenir sa langue. Même si certaines choses lui déplaisaient.

Monsieur Bontemps quitta les lieux, et elle put de nouveau vaquer à ses occupations. Vêpres venaient de sonner, et la Maîtresse ne tarderait pas à vouloir se reposer. Elle galopa à l'étage, préparant les chemises de nuit de Mademoiselle et son invitée. Coton rebrodé d'argent pour les deux ! Tandis qu'elle se contenterait de sa bonne vieille tenue de lin. Mais peu importait, en vérité. Même si c'était épuisant, parfois dégradant, elle commençait à apprécier cet emploi.

Elle sortit dans le corridor, se dirigea vers les escaliers, dans le but de retrouver Mademoiselle et de la prévenir que les lits étaient prêts, si jamais elle désirait se coucher. Elle était tout à fait seule dans cette partie de l'hôtel du Houx-Rouge. La rampe lui faisait de l'oeil. Ni une, ni deux, profitant de son éphémère liberté, elle s'assit comme en amazone sur le tobogan improvisé, et s'élança. Elle retint un éclat de rire - elle n'oubliait tout de même pas complètement ses bonnes manières - mais savoura la descente en ouvrant de grands yeux et en souriant jusqu'aux oreilles. Aterrissant en souplesse, dû à la pratique, dans la ferme familiale, elle reprit bien vite un air sérieux. Toquant à la porte du Salon Rose Pétale, elle entra, s'inclinant en une parfaite petite révérence.


- Lorsque Mademoiselle le désirera, je l'informe que sa couche est toute prête à la recevoir.

« Quand Mademoiselle aura la bonté d'être fatiguée, nous pourrions tous aller piquer un somme » songea-t-elle, dissimulant ses affreuses pensées par un sourire soumis en direction d'Edouard Bontemps. Son comportement ? Irréprochable ! Ses réflexions intérieures, quant à elles, n'étaient pas prêtes d'accepter la discipline.
Alfred
Triste ! Tout est triste et demeure triste comme toutes les églises qui n’ont pas un suprématique. Le philosophe avait bien conscience qu’à sa jeunesse, il avait frôlé l’hystérie. Curieux comme simple mortel, il se devait d’obéir à sa conscience de pêcheur en établissant un plan de travail pour mettre ce souci, lui qui avait abandonné la médecine devait se remettre à cette noble tâche et la concilier avec la philosophie.
Il connaissait un endroit paisible ou la bonne humeur battait son plein et ne se faisait pas attendre. Il devait aussi se préparer pour le bal et se permettre quelque gâterie de jeunesse en dépensant son argent pour le simple plaisir d’y retrouver goût à la vie…
Une partie d’osselet et le philosophe se rapprocha pour voir, pour boire aussi qu’il commanda :


-On peut boire par ici ?


Son regard se dirigeait dans tous les coins à la recherche d’un fin propriétaire ; l’idée d’homme lui aurait ravi et puis un homme c’est galant et plein d’élégance dans la tâche, une femme c’est simpliste, une serveuse, pourquoi pas ? Et puis, ce n’est point conventionnel, c’est affreusement la réalité, c’est ainsi que les choses marchent dans ce monde ou la vie est toujours à l’origine de tous les tords en refusant catégoriquement les responsables et leurs responsabilités : Ils s’auto-refusent, vous vous rendez compte ?
Une malédiction, comme une maladie de la peau, il prit une chaise soudainement attiré par le jeu et des gens qui y étaient…puis s’écria :


-Une chambre, s’il vous plaît. J’aurais aussi besoin d’encre, d’une plume et le nécessaire qu’il faut pour écrire…J’espère que je ne dérange personne ? C’est combien en tout ?

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Albanne
Edouard s'approche, me remercie de lui avoir confié les rênes de l'organistion du bal. Je lui souris, lui faisant comprendre à travers mon regard de glace que c'est moi, qui le remercie. Sa conditon est peut-être inférieure à la mienne, mais j'estime et respecte suffisament cet homme pour me permettre de le remercier sans me sentir amoindrie.
Je hoche la tête, puis me replonge dans la lecture du livre. Un recueil de poèmes, fort distrayant, narrant les aventures d'un roi d'Angleterre, d'une épée, d'un mage, et d'une table ronde. Assez joliment tourner, il est vrai. Mais, j'en suis sûre, cette histoire ne traversera pas les âges. Mais nous continuons notre lecture, lisant un poème chacune.

Annette nous interrompt soudain. Nos lits sont prêts. Je referme l'ouvrage d'un coup sec, et le tend à Enigma en me levant. Peut-être veut-elle poursuivre la lecture dans sa chambre.
Je suis Annette dans les couloirs. Elle nous éclaire d'une bougie. En effet, les corridors sont devenus forts sombres, en cette heure tardive.
J'entre dans ma suite, précédée d'Annette, qui s'empresse de délacer ma robe, et de me tendre ma chemise de nuit. Je la remercie d'un mouvement de tête, et elle passe dans la chambre d'Enigma, pour l'aider pareillement, sans doute aucun.

Je passe ma tenue nocturne, et me glisse dans les draps. Tapotant la place libre à mes côtés, j'incite Brume à venir me rejoindre. Le louveteau bondit, et se love contre ma hanche gauche. Une main dans les poils de sa fourrure si douce, je souffle sur la bougie qui éclaire faiblement. La pièce se retrouve plonger dans le noir. Et, doucement, je m'endors. L'esprit plein de cette sensation étrange. J'ai une famille. J'ai un nom. Un hôtel rien qu'à moi. Je ne suis plus orpheline.

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--Annette_langlois


Oui ! Elle se levait ! Ne rien montrer, ne rien montrer ! Adopter une attitude servile. C'est bon ? Tout va bien. Elle baissa les yeux, s'inclinant avant de ressortir du Salon Rose Pétale. Bougie en main, elle releva un pan de sa jupe avant de monter les marches menant aux chambres. D'abord celle de Mademoiselle. L'ouvrant, elle déposa le bougeoir sur la table de chevet avant d'ôter les lacets de la robe de la jeune fille. L'ardue tâche achevée, elle la laissa se vêtir pour la nuit, avant de se retirer dans le plus grand silence..

L'autre péronelle maintenant ! Elle en était où ? Poussant la porte de la chambre, Annette inclina la tête avec respect, avant de la déshabiller rapidement.


- Votre tenue de nuit vous attend sur le lit, Damoiselle Enigma.

Elle se retira en s'inclinant. Refermant la porte, elle ne retint pas un long soupir de soulagement. Voilà une affaire rondement menée. Les deux viandes étaient dans les torchons.

- Expression fort peu gracieuse, ma chère Annette, se réprimenda-t-elle.

Si tu savais comme je m'en fous, ma bonne amie. Chantonnant gaiment, quoiqu'en tentant de le faire en silence, elle retroussa ses jupes jusqu'aux genoux, avant de courir à toute allure dans l'hôtel partculier. Le quartier des domestiques se profila bientôt à l'horizon. Poussant portes sur portes, elle entra en trombe dans sa modeste chambrée. En deux coups de cuillères à pot, la voilà en tenue nocturne. Se jetant sur le lit, elle ne prit même pas la peine de tresser ses cheveux blonds en nattes.

- Enfin un matelas !

La phrase à peine achevée, qu'elle s'endormit du sommeil du sage. Enfin, du sage... Tout était relatif.
Jessienigma
*La fin de la soirée avait été un peu moins difficile pour la mioche, passionnée de connaissance qu'elle était. La lecture avait été à la fois amusante et intéressante, bien que la poésie ne soit pas forcément son fort.

Elle était repue et la soirée s'avançait bien. Elle commençait franchement à tomber se sommeil et elle n'allait pas tarder à s'assoupir à ce rythme. C'est avec plaisir qu'elle entendit que les lits étaient prêts et elle laissa la bonne s'occuper d'Albanne pour se rendre directement dans sa chambre.

Quelle ne fût pas sa surprise quand la femme revint derrière elle pour l'aider à se dévêtir. Très mal à l'aise, Enigma la remercia en bégayant légèrement, à peine vêtue d'une superbe couleur pivoine. Elle tâchait de cacher au mieux les marques du passé mais la femme ne fit aucune remarques.

Regardant la "tenue de nuit", elle haussa les épaules et l'attrapa pour la mettre ... sur une chaise avant de se glisser sans rien sous l'édredon de plumes. Elle repensait à cette histoire de bal et une seule personne lui venait en tête. Il faudrait qu'elle prévienne Albanne qu'elle allait devoir s'absenter avant le bal pour retourner le voir...

Toute à ses pensées, elle finit par s'endormir en souriant ...*
Edouard_bontemps


L'hôtel est devenu un véritable endroit de passage. De là à dire que c'est un hôtel de passe, il y a un pas que je franchirais pas cependant. Le grand jour est arrivé. Le bal de Mâdame allait avoir lieu. Dans quelques heures, les invités afflueraient. La salle de bal serait pleine. Cela pérorerait de tous côtés. Les dames auraient revêtu leur belle plus tenue. Les sieurs sortiraient tous leur plus belles manières et leur parler le plus mondain. En attendant, c'est le personnel de soutien qui court dans tous les sens. Dans la cuisine, les couteaux martèlent la table de cuisine de petits toc toc brefs, réguliers et rapides. Le four est chauffé à blanc. Les petites bouchées s'empilent sur les assiettes. Les tonnelets de vin roulent sur le plancher pour prendre place sous ta table. Une myriade d'odeurs, toutes plus appétissantes les unes et que les autres, viennent titiller les papilles olfactives de tous ceux qui passent aux alentours. Ça court, ça vole presque. On dirait que l'activité est y désordonnée mais ne vous y trompez pas, le désordre a été savamment planifié et tout va bien de ce côté-là.

Dans la salle de bal, sur la petite estrade, plusieurs chaises de pailles ont été déployées. Peu à peu, les musiciens viennent s'y installer avec leur instrument. Des sons discordants se font entendre. On accorde, on essaie, on affine. Au centre de la pièce, celui qui semble être le chef de cet orchestre répète mentalement les différents morceaux qu'il compte jouer. Pour le profane que je suis, ses gestes me paraissent grotesques. On dirait un gros oiseau au plumage blanc qui cherche à prendre son envol. Je n'ai cependant aucun doute sur ses compétences. Il m'a été chaudement recommandé. Je sais qu'il ne nous décevra pas. Je ferme la porte et me dirige vers les chambres pour voir si Mâdame n'a besoin de rien lorsque j'aperçois un individu qui semble perdu. Il s'est installé dans la grande salle, sur une chaise et semble rechercher assistance.


Hum… Que Monsieur m'excuse? Vous désirez?…. Pardon?…. Etes-vous de la parenté de Mâdame de Castral-Roc? … Hum… Je crains que l'on vous ait mal renseigné Monsieur. Ceci est un hôtel particulier, une demeure privée appartenant à la famille de Castral-Roc. Mâdame Albanne de Castral-Roc est la maîtresse de cette maison. Tout ce monde qui va et qui vient Monsieur n'est pas à la recherche d'une chambre ou d'un repas. Voyez-vous, Mâdame organise aujourd'hui un grand bal en fêter son retour chez elle. Mais si vous êtes venu pour le bal, sachez qu'il n'a lieu que demain et qu'il nous fera plaisir de vous accueillir.

Je souris. Ce métier est passionnant! On est sans cesse confronté à des situations inattendues où notre judicieux sens de l'a-propos nous permet de nous sortir de situations périlleuses. Je hoche la tête en direction du sieur pour prendre congés, je passe les mains dans le dos et je continue ma promenade afin de m'assurer que tout sera prêt comme je le désire pour le lendemain.

[Samedi 26 Mai - Jour du grand bal au Houx-rouge]


Tout est prêt! Fin prêt! Les préparatifs se sont déroulés sans aucun accroc. Notre chef-cuisinier est serein. Les serveurs ont préparés la salle de bal. Les tables sont dressés avec vins. De la salle de bal, une musique se fait doucement entendre jusqu'au vestibule d'entrée. J'ouvre les portes toute grande. Un tapis rouge a été déployé sur les marches extérieures. Je suis prêt à accueillir les premiers invités. Je lève un regard anxieux vers le ciel. Ce gris ne me dit rien qui vaille. Le vent s'est levé et voilà que les premières gouttes de pluie commencent à tomber...
--Annette_langlois


[Matin du bal]

Annette s'était levée tôt. Trop tôt en vérité. Les premiers rayons du jour n'avaient pas encore faits leur apparition dans le ciel.
C'était le grand jour. Elle enfila prestement sa robe jaune tournesol et son tablier bleu, avant de ramener sous son bonnet blanc, sa longue chevelure blonde. Vite, ses bas, vite, ses souliers !
Elle bondit hors de sa chambre, avant de dévaler les marches en empruntant la rampe d'escalier. Une fois en bas, elle courut à perdre haleine dans les cuisines. Déjà moult personnes s'escrimaient avec les carottes, d'autres plumaient les oies, d'autres encore s'occupaient des soupes. On l'interpela. Un éleveur allait apporter sous peu un dodu cochon de lait, pouvait-elle s'en occuper ? Bien sûr. Elle s'empara d'une pomme, avant de filer accueillir l'attendu. Il était d'ailleurs là, la bête au bout d'une corde. Annette connaissait bien l'éleveur. Ils s'étaient déjà croisés à plusieurs reprises.


- Eh Annette ! T'vas bien ?
- Au mieux de ma forme, Marcelin. Et toi ?, répondit-elle en s'adossant au chambranle de la porte de service.
- J'vais, j'vais. Mais dis donc, t'es drôlement jolie, c'te jour, lança-t-il sur un ton admiratif. Presqu'aussi belle qu'la mère truie à qui qu'on doit c'cochonou.
- Marcelin ?
- Ouais ?
- Tu es vraiment trop stupide. File-moi le cochon et dégage de là, tu sens le sanglier.

Vivement, elle s'empara du porcelet, qui couina bruyament. Mais Annette n'en avait cure. La bête se débattait vivement cependant. Comme si elle savait qu'au bout du couloir, le grand couteau du cuisinier abrogerait de manière définitive son existence de cochon rose.
Mais le voilà qui tirait dans le sens contraire ! Soupirant, elle s'agenouilla aux pattes du porcelet.


- Bon, écoute Monsieur Cochon. Tu vas arrêter de te débattre, et tu vas gentiment venir te faire rôtir, d'accord ? Tu verras, se prendre une pique dans le derrière... (Elle grimaça). Ouais, c'est pas terrible. Mais t'y peux rien et moi non plus, maintenant, tu te calmes, vu ?

Elle se releva, essayant d'occulter le fait qu'elle venait de parler à un cochon. La cuisine était en vue. Parfait ! Elle tira un peu plus fort sur la corde. Trop fort. Le noeud de la corde se défit, et le porcelet s'échappa en couinant.

- Nom didiou ! C'est pas possible ça !

Mais elle eut beau passer une partie de la matinée à sa recherche, mais l'air de rien, bien sûr, Annette ne le retrouva pas. Et l'heure avançait ! Saloperie de cochon, si tu ne surgis pas maintenant, je te bouffe les trippes sans même t'avoir égorgé avant.

[Une heure avant le début de la fête]

Annette ne cherchait plus que par intermitence, le petit fugueur. Elle avait un monceau de travaux à faire. Et surtout, elle ne devait rien montrer aux autres. Parce que même si Edouard Bontemps était conciliant, la pillule serait difficile à avaler. Une pillule rose à la queue en tir-bouchon...

Elle croisa une jeune fille. Quoi ? Elle était mandée dans la chambre de Mademoiselle ?
Ni une, ni deux, elle s'y précipita.
Toquant respectueusement, elle entra, s'inclina, et ôta du mannequin de bois, la robe de bal de la jeune fille. Le tissu était d'une incroyable qualité. La servante n'osait même pas imaginé le prix que cela avait dû coûter à la maîtresse de maison. Il y a des sommes, comme ça, auxquelles on ne préfère pas penser... La voilà vêtue. Maintenant, la coiffure. Elle peigne avec soin les longs et beaux cheveux d'Albanne, avant de les glisser dans une résille argentée, tout en faisant passer une épaisse mèche tressée en natte, autour de sa tête. Quelques gouttes d'huile parfumée à la rose, et la voilà prête. Prête, et magnifique.

La laissant seule, non sans la complimenter sur son extraordinaire beauté, Annette referme la porte. Puis plante les poings sur ses hanches. Et maintenant, le cochon fugueur.


- Voyons, si j'étais un porcelet sur le point de finir à la broche, où irais-je me cacher ?

Et c'est sur cette interrogation que la jeune femme se mit en quête du dîner sur pattes.
Albanne
[Jour du Bal]

[H-2]

Je tourne et tourne en rond dans ma chambre, fort heureusement spacieuse. Et si personne ne venait ? Et si je me retrouvais seule devant une montagne de petits-fours ? Si j'étais la risée du Tout-Paris ? Et si...
Brume me regarde faire mes allées en venues. La langue pendant sur le côté, il ne me quitte pas des yeux, allongé qu'il est sur le lit. Je prends place à ses côtés en soupirant. Pourquoi cela se passerait mal ? Syuzanna et Søren ne me feraient pas faux-bond. De même qu'Enigma et son ami. Non, non, tout allait bien se passer.

Je glisse les doigts dans la fourrure chaude et douce de mon louveteau. Tout irait comme convenu. Je peux vraiment faire confiance à Monsieur Edouard. Rien ne lui échappe jamais. Me relevant, je vais sonner la petite cloche d'argent, mandant Annette pour qu'elle m'habille.
Je jette un coup d'oeil à la robe installée sur le mannequin de bois. Je suis soudainement prise de la hâte de la passer. Parce que, même si je ne suis plus vêtue de ma robe élimée à l'ourlet depuis que je vis ici, je n'ai encore jamais eu l'occasion de porter une telle somptuosité.


[H-1]

Annette arrive en s'inclinant, puis tout de suite, passe aux choses sérieuses. J'ôte ma robe d'intérieur en soie, ma chemise en lin, et enfile, sur un caleçon en dentelle froufroutantes, une chemise en coton fin rebrodé d'argent. Puis ma servante m'aide à passer ma robe de mousseline et fourrure. Mes cheveux sont peignés, arrangés dans une résille. Je me fais parfumer. Puis je congédie la jeune femme. Elle doit avoir une somme astronomique de travail, et je peux m'occuper seule du reste.

Appliquant par petites touches, du rouge sur mes lèvres, j'achève de me préparer en solitaire. Brume me regarde. Je lui souris en ébouriffant les poils entre ses oreilles. Puis, respirant un grand coup, je me lève de devant ma coiffeuse. C'est le moment. Je dois être présente avant l'arrivée des premiers invités.

Je sors de ma chambre, Brume sur mes talons. Ensemble, nous descendons lentement les escaliers. Le ballet des domestiques a pris fin une heure plus tôt, environ. Le tapis rouge est déroulé, et j'aperçois Monsieur Bontemps, devant la porte. Je retiens une grimace en constant qu'il commence à pleuvoir. Nous aurions dû installer un dais. Mais il n'y a plus le temps. J'adresse un bref sourire à mon majordome, puis, lentement, je pénètre dans la salle de bal, toute parée que je suis.



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Syuzanna.
[26 mai 1460 ~ Vêpres]

Elle avait insisté, insisté, et insisté encore. Tant et si bien, si bien et si fort, si fort et si longtemps, que naturellement, il avait fini par céder. Le voyage se ferait en carrosse ! Il ne fallait pas salir sa belle robe. Ni crotter les bottes de Søren. Le moyen le plus sûr était celui monté sur roues.
Ils avaient parcouru un chemin absolument interminable. Mais Zanna, dans un geste de générosité incroyable, avait trouvé le bon moyen pour passer le temps. Elle s'était récemment achetée une lyre, et s'était fait un devoir d'en jouer du début à la fin du voyage, juste pour Søren. Le fait qu'elle ne sache absolument pas en jouer ne semblait pas la gêner outre mesure. Les sons étaient discordants, et ressemblaient bien souvent au hurlement d'un chat à qui on aurait écrasé la queue, mais elle souriait, satisfaite de sa performance qu'elle qualifiait de novatrice et surprenante. Le Danois ne pouvait être que ravi, il n'y avait aucun doute.

Le carrosse ralentit en entrant dans l'allée menant à l'hôtel d'Albanne. Poussant les rideaux, la belle rousse passe la tête par la fenêtre, savourant le contact du vent frais sur sa peau pâle. Quelques gouttes s'écrasent sur ses joues, mais elle ne s'en soucie guère.


- De l'eau tombe du ciel, mon Seurn, lance-t-elle. Tu te rends compte ? Albanne avait prévu que ses invités auraient soifs en arrivant, et elle a trouvé le moyen pour que de l'eau tombe du ciel pour nous désaltérer !

Pense-t-elle vraiment ce qu'elle dit ? Vu son visage d'enfant étonné, il y a des chances pour que ce soit le cas. En se vêtissant, elle a perdu en même temps le peu de raison qui lui restait. Tout est nouveau, tout est beau, et il avait dû la tirer bien fort dans le carrosse pour qu'elle se désintéresse du cheval et de son purin. Car, ne s'était-elle pas exclamer que les déjections du destrier était une preuve irréfutable que la Nature pensait à tout ? « Parce que si l'on ne faisait pas ça, notre ventre exploserait, tu sais ? Et ce ne serait pas pratique, après, pour vivre. » Et tout ceci dit sur un ton si sérieux, que son interlocuteur ne pouvait que se résoudre à comprendre qu'elle était soit totalement stupide, soit qu'elle jouait très bien la comédie, soit qu'elle était folle. Et la seconde explication éliminée, ne restait que les deux autres. Et de conclure qu'elle n'avait pas la lumière à tous les étages.

Enfin, le véhicule se stabilise. Le cocher descend leur ouvrir. Zanna saute au sol, s'extasiant sur la beauté des lieux. Un homme attend devant la porte. Il a l'air drôlement sérieux. Qui cela peut-il être ?
Elle se tourne vers Søren, l'embrasse vivement, puis lève le nez en l'air. Fronçant les sourcils, un index sur le menton, elle s'adresse à lui, lui faisant part de ses questions et suppositions.


- Je me demande de combien de pierres est fait l'édifice... Je crois qu'il nous faudrait savoir la hauteur de l'hôtel, sa largeur, les dimensions d'une pierre, le nombre de fenêtres et leurs mesures, ainsi que celles des portes, et avec toutes ces données, peut-être pourrions nous arriver à un nombre approximatif de pierres.

Et aux personnes alentours de réviser leur jugement. Cette femme est soit un génie, soit une folle. On dit que la frontière entre les deux est très mince. Elle doit en effet l'être. La rousse semble souvent la franchir.

S'avançant vers l'homme-qui-garde-la-porte, elle s'annonce joyeusement, en tirant Søren par la main.


- Nous sommes Søren Eriksen, et Zanna NicDouggal. Je dois être inscrite sous le nom de « Syuzanna », mais on me surnomme Zanna. Avant, c'était Syu, mais je n'aime plus trop, alors j'ai changé, et... Mais vous êtes qui au fait ? Le gardien ? Le fiancé ? Un pauvre ? Non, vous n'avez pas l'air d'un pauvre. Et... Vous pourriez me donner la hauteur et la largeur de l'hôtel, ainsi que celui des pierres ? Et aussi le nombre de fenêtres, et de portes. C'est très important.

Et tout cela débité à une rapidité stupéfiante, et avec le plus grand sérieux... Hélas.
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Herboriste - Apprentie Druide
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