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[RP] Désenchantée mais pas perdue

Charlyelle
RP ouvert à qui le veut tant que cohérence est respectée.


[Quelque part sur les chemins en direction de Montpellier]

Nager dans les eaux troubles
Des lendemains
Attendre ici la fin
Flotter dans l'air trop lourd
Du presque rien

-Désenchantée-Mylène Farmer



Accroupie à présent, près de ce cerf mort, les pieds glacés et de plus en plus insensibles, elle le dépèce. Méthodiquement.

Elle est partie. A sa manière, la doucereuse attitude. Douce et heureuse en surface. Elle le lui a dit et s'en est allée. Sans nulle explication superflue. A quoi bon ? Perturbée par cette histoire mais ce n'est pas bien d'être rancunière parait-il. C'est pourtant dans les gènes de l'Ecossaise. Fais lui du mal elle te le rendra au centuple. Fais lui du bien elle te le restituera au millième. Ou vice-versa.
Elle avait donc choisi son jour la Druidesse Dentelière pour s'en foutre le camp et lui demander de fermer les portes derrière elle. Ce n'est pas une fin en soi, elle n'a rien à reprocher, juste elle qui se lasse et se relasse. Dans ces moments là, pas grand-monde peut la retenir. Elle les a donc laissé là-bas et pris roulotte et Ilug pour continuer, droit-devant. A l'instinct. Sans but défini.

Enfin si, elle en a un en ce jour.

L'équinoxe d'Alban Elfed. Pas pour rien qu'elle a abattu ce cerf. Célébration de Cernnunos. "Le Dieu Cornu" est le dieu de la virilité, des richesses, des régions boisées, des animaux, de la régénération de la vie et le gardien des portes de l'autre monde.

Elle le fêterait bien évidemment. Le temps de l'équilibre. Celle des forces du jour et de la nuit. Le début des jours où la nuit domine et ce, jusqu'au solstice d'hiver. C’est un temps de recul, de repos, de méditation, l’automne va permettre à la Kallipare de faire un bilan de l’année avant l’hiver. Elle est un peu comme ces animaux qui hibernent.

Patiemment, elle regardait Ilug massacrer la peau pendant qu'elle dépouillait la carcasse. Ils étaient tombés sur la bête en pleine chasse. Ilug l'avait assommé avec une branche d'arbre et la Kallipare lui avait tranché la gorge.
Qui que soient les dieux ou les esprits qui régnaient sur ces collines couvertes de forêt, ils avaient été généreux aujourd'hui.

Elle s'arrêta et se gratta la joue d'un air affairé. Ses doigts maculèrent son visage de rouge. Les manches de son mantel et son jupon à hauteur des genoux étaient maculés de sang également.

"- Je prends le relais"

Hochement de tête approbateur d'Ilug. Elle caresse doucement le manche de sa dague. Puis désignant de la tête la corbeille près d'eux contenant le foie, la langue, le coeur et les reins de l'animal.

"-Pendant que je termine, tu pourrais porter le panier jusqu'à la roulotte Ilug ?"

Nouvel acquiesçement et le vieil homme s'exécute.

Elle le regarde se frayer un chemin vers la roulotte. Les abats laissaient échapper des gouttelettes qui formaient une trace rougeâtre sur le sol. Se penchant de nouveau vers l'animal, elle empoigna la peau et la libéra d'un coup de lame précis.
Après l'avoir entièrement dégagée, elle l'enroule et laissant le côté cuir apparent, elle le pose à part. La dextre s'applique ensuite à découper la dépouille en morceaux afin de les transporter. La lame disposait aisément des muscles et de la chair de l'animal.
La jeune femme disloqua ensuite les pattes aux articulations principales, et coupe les tendons entre les cavités articulaires et les têtes d'os pour séparer la carcasse en quatre parts. Avec le torse et la tête.

Et l'heure de l'offrande arrive.

" Grand cerf aux cornes d’or,
Maître de la vie et de la mort
Coureur des landes et des bois
Accepte nos offrandes
Roi de la forêt
Seigneur des chênes des ifs et des bouleaux
Divin hôte de nos halliers
Accorde nous tes bienfaits
Nous sommes fiers d’être tes enfants
Accorde nous tes bienfaits !
Tout comme au chêne et aux sangliers
Ô Maître de la Nature,
Guide tes fils au cœur pur
Vers la clairière qui les attend
Sous les trois rayons d’or du soleil invaincu
Au cœur ultime de la foret
Et accepte les offrandes de leurs mains !"


Quand Charlyelle termina le gros du travail, le soleil effleurait l'horizon. Sous sa tunique, la transpiration baignait son corps, mais elle savait à quel point il serait stupide de l'enlever. Il valait mieux continuer à bouger et à transpirer que d'aller attrapper la mort.
Elle observa la piste un long moment, guettant le retour d'Ilug. Mais il n'y avait pas signe de lui pour l'instant. Il s'était sans doute écoulé moins de temps depuis son départ qu'elle ne le pensait. Ou encore, il s'était peut-être arrêté pour manger quelque chose avant que de revenir.

Pourquoi donc ce sentiment de noirceur qui lui traverse l'esprit ? Le panier était lourd, il aurait fait une halte pour se reposer en chemin et mis plus de temps que prévu à rejoindre la roulotte.

La brune se penche pour couper une fine tranche de viande rouge. La première bouchée emplit sa bouche du goût délicieux du sang frais. Rituel ancestral qui est honoré en ce jour. Le morceau disparut rapidement et elle en consomma un autre bien plus lentement.
Dans un soupir, elle se tourne vers les entrailles. Séparer les intestins, les vider des déchets en les pressant du bout des doigts. Une fois nettoyés ces boyaux étaient utiles de cent manière différentes. Puis prélever des morceaux de graisse qu'elle empile. D'un coup de dague, elle ouvre l'estomac et en vide le contenu. Il servira à transporter le suif. Il n'allait pas rester grand-chose aux corbeaux. Faut dire que la Dentelière est précise dans ses gestes. Elle sait ce qu'elle fait.
La jeune femme se redressa et prit quelques instants pour masser son dos douloureux avant de se remettre au travail. Nul doute que le baquet dans la roulotte ferait son office tout à l'heure. Plus tard, quand les ombres du soir passeront du bleu au noir.
La bise nocturne se levait, lui picotant le visage. En revanche elle ignorait ce goût de sentiment amer qui lui restait dans le palais. Une fois de plus, elle acquit la certitude que c'était ce qu'elle devait faire.


Nous avons tous dans le passé un jour de bonheur qui nous désenchante l'avenir.*

*-Gaspard de la nuit- Aloysius Bertrand.

_________________
Ilug


"Si tu révèles ton secret au vent, tu ne dois pas lui reprocher de le révéler à l'arbre."
Citation de Khalil Gibran ; Le sable et l'écume - 1926


Son âme a son secret, sa vie a son mystère ! Les secrets ne sont bien cachés que s'ils ont un seul gardien, et c'est ce qu'il est lui. Le gardien de cette femme qu'il suit désormais depuis sa plus tendre enfance. Jusqu'à présent, il a su ne point se faire remarquer d'Eux. Pas bien compliqué quand la jeune Pallikare ne reçoit pratiquement jamais personne en sa roulotte. Y'avait bien ce Cavalier une fois qui avait manqué le débusquer. Celui-là était venu se servir dans la réserve de la Brune alors qu'elle se trouvait partie en Catalogne. Mais lui l'avait vu se servir dans la distillerie ambulante de la Dentelière. Il avait rien dit car il était allé directement à la trappe cachant les bouteilles. Faut croire que c'est Elle qui lui avait indiqué la planque.
Il en avait souri le vieux. Car enfin, elle sortait de sa sauvage retraite. Il semblait qu'elle acceptait de se laisser approcher. Ce cavalier là, il ignorait à qui il avait affaire, il ne voyait de l'Ecossaise que ce qu'elle ne voulait bien laisser entrapercevoir. Mais si elle le laissait approcher. C'est qu'elle devait lui trouver un quelconque intérêt.
Mais l'avait vite compris Ilug que ça ne durerait pas. A son retour, sa protégée avait repris ce masque impénétrable qui la caractérise. Et de nouveau elle fuyait le contact masculin. Cet homme là il ne l'avait plus revu depuis leur traversée de la Bourgogne. Le cavalier avait du la traverser sans doute. Mais pas Elle. Dentelière restée prostrée durant de longues semaines à soigner ses blessures. Parait qu'c'était drôle !
Et puis elle avait fait la rencontre avec cet homme. Celui auquel il avait servi à boire dans la roulotte. Et elle l'avait congédiée. Ilug est un bon hencher, et il l'avait laissé faire. Notant ses grisailles inquiètes les jours suivants. Puis cette fugue. Il ne savait trop où. Elle était pourtant de retour mais il ne savait pas si la dague qu'elle tenait en main et cachait soigneusement était celle récupérée ou pas. Oui il savait Ilug, il avait noté la disparition de la dague aux armoieries familiales. Peut-être l'avait-elle maintenant il n'en savait rien. L'Ecossaise était morne depuis son retour. Et cette histoire toute récente du cavalier et de son frère semblait la perturber. Pas pour rien qu'elle avait tout envoyer bouler ces dernières heures. Mais il n'y pouvait rien lui, seulement la regarder prendre son destin en main.

Les flammes qui léchaient la buche de pin atteignirent la réserve de sève sous l'écorce qui s'embrasa en craquant. Ilug se frotta le visage et la barbe d'un air las. Il n'aimait pas la lueur qu'il voyait dans les yeux de Charlyelle depuis quelques jours. Avec effort, il retint le soupir dans sa poitrine. Maîtriser sa propre réticence était déjà difficile. Alors maîtriser la jeune femme, il savait ce qu'elle avait dans les veines, il savait ce qu'elle portait en son sang.
Ce qui marque l'âge, ce ne sont pas les choses, mais ce que l'on ne peut plus faire.
Le vieil homme attendait que l'Ecossaise se montre au bout du chemin. La nuit tombait, elle ne tarderait sans doute plus.





Charlyelle
Elle s'était assise en tailleur près du feu. Ses mains posées sagement dans le creux de son jupon. Tromperies que ces menottes là si aptes à trancher et à effiler tout comme à recoudre et soigner. Un porridge de viande et de céréales clapotait doucement autour du foyer. Ilug avait choisi menu ancestral ce soir. Un pot plein de thé infusait à l'écart des braises. Elle y plongea une tasse taillée dans du bouleau noueux puis aspira distraitement le liquide fumant. Comme pour se débarrasser et chasser de son esprit des regrets inutiles.
Elle pouvait vivre sans Eux. Oui évidemment qu'elle le pouvait. Deux années qu'elle partageait la vie des Cavaliers. Et pourtant, rien n'était plus comme avant. Elle l'avait bien compris la veille au matin quand l'une des cavalières l'avait interrogée et s'était permise réflexion. Genre ! Comme si elle avait pu penser que Machette aurait fait exprès de l'envoyer au carnage en Bourgogne. D'autant plus qu'ils ignoraient ce qui liaient le Cavalier et la Cavalière. Alors que le breuvage brûlant lui saisissait le palais, elle voit flotter quelques visages. Garance, oh combien peut-elle lui manquer depuis qu'elle n'est plus. Et Harlem qu'elle appréciait tellement. Et Gwennie, sa Gwennie avec laquelle elle échange trop peu désormais. Que de bons souvenirs ! Que de crises de fou rires en taverne avec elle. Celtique comme elle mais armoricaine la blonde. Dran. Planqué dans un coin perdu et qui en oublie de se nourrir. Tripes qui se serrent et petit poing qui en fait de même. Pas parce qu'elle s'est euthanasiée de lui il y a quelques semaines que l'esprit tortueux l'a mis au rebut.
Quant à Machette. Fin sourire sur les ourlées de mûres. Toute une époque envolée. Et Fernand. Fernand. Aaaah Fernand. Toute une histoire.
La brune avait ramené des seaux emplis d'eau.

_ Tu as du travail devant toi demain jeune femme.

Les brumeuses se posent sur Ilug. Elle l'observe avec attention. Il est sans doute un peu plus frêle qu'avant. Avec les lignes autour des yeux, toujours un peu plus nombreuses, des articulations et les jointures des doigts plus apparentes. Mais il était toujours Ilug, capable et efficace.

"- En effet".

_ Prends garde à toi Pallikari. Que vas tu faire avec toute cette eau ?


"- C'est pour me laver. Je ne me suis jamais sentie gênée d'avoir la haute taille de mon pourri de père, mais si je peux éviter de puer comme lui c'est aussi bien."

_ Pallikari ! Fais attention à tes paroles ! Je pourrais aller les lui répéter et tu sais ce qu'il en résulterait.

"- Mais non Ilug, tu ne le feras pas ! Avoues donc que tu es bien content toi aussi de pouvoir agir à ta guise sans être bloqué et avoir des devoirs sur une terre. Sinon pourquoi me suivrais-tu depuis 23 années Ehm ?"

Pour toute réponse, un grognement qui s'ensuit.

_ Tu es un véritable cataclysme ambulant toi.

Un sourire harmonieux offert pour toute réponse. Charlyelle avait un ton agréable, les bras tendus le long du corps maintenant dans un semblant d'attitude désinvolte, mais elle restait sur ses gardes. Elle sentit sa propre respiration prendre un rythme plus profond, ses muscles gonfler et se tendre. Mais elle était toute entière dominée par un intense sentiment de patience. Puis tout à coup, la provocation qui ne peut s'empêcher de sortir de ses lèvres. Elle sait qu'il lui en veut de lui avoir menti et de s'être absentée quelques temps. Sans lui. Loin de sa protection. Et c'est le visage de Judas Gabryel qui se reflète alors dans les brumes qui se plantent dans celles d'Ilug.

"- Pourquoi attendre qu'un homme te choisisse alors qu'un homme peut prendre n'importe laquelle ou toutes ? A l'époque des chaleurs, la chienne ne va pas vers le mâle qui gémit pour elle, mais est prise par le plus fort."

La voix de la jeune femme s'est faite plus dure en lui assénant ces mots. Et maarde. Judas Gabryel a mordu fortement et sans doute laissé une empreinte de ses canines quelque part.

_ Charlyelle !

La Dentelière adresse alors à son hencher une oeillade de défi, attendant ses prochaines paroles.

_ Et maintenant jeune femme ? Le mâle qui gémit pour toi aura t'il plus à y gagner que le plus fort ? Je ne m'y connais pas en chiens. Mais rappelle toi Pallikari que les loups se lient pour la vie.

Sourire amusé de la belle brune. Il ne se laisse pas démonter aussi aisément que cela Ilug.

"- Tous ceux qui chassent le loup devrait s'en souvenir".

Dans l'air frais de cette soirée d'automne, son rire semblait aussi fragile qu'une stalactite. Le son cristallin se rompit brutalement et fut suivi d'un soupir inattendu.

"- Je vais prendre mon bain dans la roulotte. Tu peux dormir tranquille, je n'en bougerais pas cette nuit".
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Machette
Attablé dans un coin de taverne.

Le brun avait retrouvé ses habitudes de loup solitaire, ce qui ne devait être qu'une farce se terminait en drame antique, a cause de la rancœur de certains incapables de voir les choses en face, mauvais joueurs, mauvais perdants, il lui tardait maintenant avant de disparaitre que ce procès se termine, et si par aveuglement la justice condamnait Rack malgré tout , il se livrerait, que lui importait quelques jours de prison de plus ou de moins .. désabusé.

Depuis la mort de Cérénia il trainait son ennui de gargote en taverne, son passage chez les cavaliers de l'hydre avait été une parenthèse et surement une erreur, car si beaucoup d'individualités étaient attachantes et sympathiques le groupe était morne et sans ressort.

Il sort sa pipe et la bourre d'un mélange d' herbes hérité d'un ancêtre, eucalyptus, sureau et feuilles de coquelicots séchés, les la Lergue fument ce mélange depuis des générations chacun adaptant les proportions a son gout personnel. Il regarde une souillon pas trop mal tournée qui lui apporte le vin bouché qu'il a commandé, la fille lui sourit, il lui tend 1 écus lui faisant signe de garder la monnaie.

Il en avait croisé des filles depuis, et oui il était pas de bois, des ribaudes, des bourgeoises, des guerrières, il passait et ne s'arrêtait point. sauf une fois .....

les paupières se plissent sur les yeux gris, un sourire fend la face basanée,

Il songe a l'Ecossaise, cavalière comme lui, ils se croisaient de temps en temps et c'étaient vraiment rencontrés sur le bord du Léman, s'en était suivi une relation étrange d'attirance et de recul, de non dits d'êtres qui ne veulent plus s'embarquer dans une histoire qu' ils ne maitrisaient pas. Puis était venus cette soirée en Bourgogne, cette fichue partie de dés ou il avait sorti les as comme si toutes les faces n'avaient qu'un point. il avait plumé un riche marchand et avec ses compères ils avaient fêtés ça toute la nuit , oubliant complètement que Charlie partait sur la route, pas de pot elle s'était faite attaquer et laissée pour morte. sans nouvelles au bout de quelques jours, il avait continué son chemin, bien plus tard un cavalier lui avait dit qu'elle avait survécue a ses blessures.

Le vin est moyen, il ne finira pas la bouteille ...
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Charlyelle
Ilug était parti dans son coin habituel pour dormir. La laissant seule, comme elle le lui avait demandé. Elle avait mis l'eau à chauffer dans les marmites au-dessus du feu. Puis une fois dans la roulotte, direction le baquet qu'elle remplit lentement et précautionneusement. Trempant la main afin d'en éprouver la tiédeur, elle fait ensuite courir le bout des doigts sur son visage. Mélanger de l'eau fumante à de la froide afin d'obtenir température agréable. Se dévêtir en toute hâte, faisant passer sa chainse par-dessus épaules et tête. La Dentelière se dirige ensuite vers un coffre, d'où elle en extrait une bourse contenant des herbes aromatiques et un carré de tissu blanc aux mailles grossières. La jeune femme serre une poignée d'herbes dans la toile en une sorte de tampon qu'elle plonge dans le baquet. Au contact du liquide, les parfums envahissent toute la pièce. Arôme de ses montagnes sauvages et ses fleurs alpines. Se glissant dans le baquet, elle se frotte vigoureusement le visage et le cou et sent les pores de sa peau se dilater. L'Ecossaise plonge alors la tête dans l'eau et mouille sa crinière brune dans les parfums, se frottant le crâne avec vigueur. Sa tignasse devenait de plus en plus douce. Le reste du corps est minutieusement nettoyé également. Longuement. Elle savoure ces moments de calme.
Le bain terminé, c'est une chainse propre qu'elle enfile sur sa peau délicate et enroulée dans une couverture, c'est une bonne rasade de son alcool ambré qu'elle s'offre. Instantanément, cela évoque des souvenirs. Des images de son père, grand comme un arbre, penché vers elle alors qu'elle lui torture les chairs et que son rire roule comme le rugissement du vent. La liqueur venait des terres ancestrales. Celles dont elle ne voulait pas. Délicieuse et moelleuse à souhait. Dorée.
Plongée dans des pensées qui se faisaient plus sombres, elle avait du s'endormir à même son siège, la tête reposant au creux de ses bras, abandonnés sur la table.
Tard dans la nuit, elle fut réveillée par un léger bruit. A peine perceptible. Peut-être le frôlement d'une porte que l'on ferme. Etonnant de la part d'Ilug mais elle avait sans doute du rêver.

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Charlyelle
Le lendemain, c'est à l'aube qu'elle s'est réveillée.

"- Il n'y a rien que je déteste plus que de me réveiller à six heures du matin."

La lumière du jour commençait à entrer et à se refléter sur le parquet à l'intérieur de la roulotte, puis venait jouer sur le baldaquin de son lit avant que de venir effleurer son visage. Charlyelle jeta son oreiller par terre dans une exclamation de dépit et tenta tant bien que mal de s'asseoir sur son lit, le regard lourd de sommeil.

"- Je me déteste quand je suis comme ça..."

Malgré son ton maussade, on devinait dans sa manière de s'exprimer la bonne éducation qu'elle avait reçue. D'un geste encore endormi, elle écarte les cheveux bruns qui lui tombent sur les yeux. Ses épaules s'affaissèrent et elle laissa échapper un long baillement.
Et pourtant. Un long moment plus tard.
Reposée et vibrante d'énergie. La brune Ecossaise ne savait trop si elle devait sa forme éclatante aux six heures de profond sommeil qu'elle ne s'était pas octroyée depuis longtemps, ou à l'air purifié de ce coin de Languedoc. Si elle vous le dit, c'est que c'est vrai. Montpellier ça pue pas non. Y'a même comme une odeur de lavande sauvage dans le coin.

L'air piquant du matin fit frissonner la jeune femme qui comme à son habitude se baladait pieds nus. Dans la rosée du matin c'était d'un agréable peu commun. Chacun de ses pas faisaient un > harmonieux de bon matin. Charlyelle adorait ce sentiment de solitude absolu, l'incroyable légèreté de l'air et ces senteurs mêlées de quelques parfums bien typiques du coin.

S'il y avait bien une chose qu'elle avait apprise ces dernières années, c'était à cacher ses émotions, à rester impassible et maitresse d'elle-même en toute circonstance. Elle respira une bonne goulée d'air frais. Le paysage qui l'entourait était magnifique : des collines boisées à perte de vue, un ciel d'une pureté incomparable. Elle était impressionnée par ce sentiment d'infini que lui inspirait ce paysage. Ces derniers jours, elle avait choisi de tenter le coup et de vivre son instinct. Il lui avait bien dit qu'il avait des choses à terminer et qu'ensuite il serait libre comme l'air. Moui. Pourquoi ne le croyait-elle qu'à peine ? En attendant, elle se familiarisait avec Montpellier.
Une taverne dans laquelle elle avait pris ses habitudes depuis quelques jours. " La rue de Traverse" qu'elle s'appellait. Elle avait failli ne pas y remettre les pieds. C'est que le premier jour, elle avait vu entrer une femme qui d'emblée lui avait dit la connaitre. Si si. Qu'elle savait même que Fernand était son parrain. Et qu'elle connaissait le Barramine. Epoustouflée la Charlye sur le coup qui s'était montrée encore plus sombre que d'habitude. Puis elle avait trouvé la première excuse qui lui était passé par la tête pour s'éclipser de cet endroit.
Le lendemain, elle s'y était de nouveau rendue, après maintes et maintes hésitations. Et cette fois c'est un homme qui avait fait son entrée. Un de ces nobles qu'elle peut pas supporter. Sauf que celui-là en son fort intérieur l'a fait sourire. Pédant. Truffé d'orgueil. Qu'il aimait pas l'Hydre qu'il lui a dit. Au moins ça avait le mérite d'être clair. Ce qui était plus marrant encore c'est que la plupart la pensait là pour espionner, venue prendre des renseignements. On la regardait de travers. Et l'Ecossaise ça la faisait sourire. Et elle se disait seulement "Rhaaa laaa laaaa mais si vous saviez !".

Finalement, elle avait discussion sympathique avec le nobliaud puis sa moitié s'était présentée. Une Celtique. Tout comme elle, mais en plus irlandaise. Et discussion sur discussion, chopines sur chopines la soirée s'en était venue dans une taverne carrément bondée où la bonne ambiance et la bonne humeur battait son plein.
Enfin tout dépendait pour qui. Mais elle avait fait connaissance avec de nouvelles celtiques. Irlandaises encore. Faut croire qu'elles s'étaient toutes données rendez-vous à Montpellier.
La Dentelière restait tout de même sur ses gardes et dès que silhouette masculine semblait vouloir s'approcher de trop près ou faisait mine de s'interesser à elle, c'est de sa dague dont elle jouait négligemment, les tenant à distance respectueuse.

Oui, elle l'avait récupérée. Peu importe comment, peu importe ce qui s'en était ensuivi, elle reléguait pour l'instant cet épisode tout au fond de son esprit. Ne surtout pas se laisser distraire par quoi que ce soit ni qui que ce soit. Et ce nobliaud là, elle l'avait déjà volontairement fourgué dans un coin de sa jolie tête. Proposition lui avait été faite. N'allez pas vous faire des idées, c'est une proposition de travail. Elle a dit qu'elle était Dentelière. Elle a volontairement omis de préciser qu'elle s'y connaissait aussi tout autant en cavalerie. Bref en équidés. Elle a bien des talents cachés la nobliaute qui se la joue gueuse de première. Puis la veille, elle l'avait aperçue. Seulement de loin. Mais elle avait noté au lendemain qu'il avait filé. Sans donner le moindre signe de vie. Sans même répondre à ses quelques lignes. Pourquoi n'en était-elle pas étonnée. Pas le genre à se prendre la tête l'Ecossaise. Elle sentait le coup fourré à plein nez. Et se disait que certains ne changeraient jamais en fait.

Ce soir c'est la danse qu'elle a du pratiquer. Pas qu'elle en avait l'envie mais trop sauvage ça le fait pas. Quoi que. Ambiance plutôt joyeuse dans le bourbi de la taverne. Toujours les mêmes visages présents. Presque.
Un bosquet de trembles ombrageait le sentier et la lumière du soleil se reflétait sur le sol. Elle se concentrait sur ce qu'elle découvrait : de nouvelles odeurs végétales et animales.
De toute façon, désormais, il ne lui était plus possible même si elle l'avait voulu de faire marche arrière. Alors grand ménage avait été fait dans la roulotte. Il lui serait impossible de retrouver sa place dans le nid. Et elle ne le souhaitait nullement. Tout comme elle prenait de plus en plus de recul désormais. En silence. Découvrir de nouveaux horizons lui permettrait peut-être de s'épanouir autrement.

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Charlyelle
Plus un mot, le silence,
Plus un bruit, une absence.
Et les larmes sont taries comme le lac sans la pluie,
Tous les pas s'évaporent dans la brume qui s'ennuie.
Sur le seuil à l'instant, résonne un lendemain.

Yseult Coulon.



Comme elle s’y attendait, la taverne était vide en pleine nuit. Au moins elle retrouverait sa place, celle au fond près du comptoir. Malheureusement c'était pas pour cette nuit !
Elle s'en est rentrée au petit matin. C'est la tranquillité qu'elle cherchait et bien elle n'a pas pu y goûter. Alors elle peste intérieurement.

Etre désenchantée, c' est pire que la distance, elle vous ferme aux autres. Non seulement elle n’a plus le temps mais elle a surtout perdu l’envie de faire des rencontres. Elle s’est surprise à ne plus tolérer le moindre écart, lâchant sur ses victimes quelques vérités dénuées de toute compréhension et par la même d’une quelconque efficacité. Pas sur qu’il reste encore un peu de vérité d’ailleurs dans ces cas là . A se demander ce qu’il reste d’ailleurs… le sens du devoir, la satisfaction d’avoir accomplit sa tache. Même pas puisqu'elle s'y refuse catégoriquement.
Mais là, à cet instant, elle a juste envie de se poser, tomber son mantel, défourrer sa dague et la poser sur la table, s’effondrer sur un siège et, après s’être longuement étirée, s’installer en tailleur, un genou ramené vers elle, le menton posé dessus pour laisser traîner son regard et ses pensées.

Les bruits de la nuit, petits crissements et croassement du retour de la vie, ces bruits, ajoutés à la fatigue, sont presque hypnotisants comme les odeurs fleuries portées par la douce exhalaison de l'automne, sont presque envoûtantes. Le regard brumeux et embrummé de la brune explore les recoins de la roulotte, mais ses pensées en sont loin. Elles sont à des amis absents, en voyage ou en mission, elles sont à ceux qu’elle a perdu ou trouvé, dans cette forteresse qu’elle a envie de rejoindre.

Elles sont à cet homme, ce nobliaud au long voilé, dont les bras l’ont gardée, le temps qu’elle se relève et accepte de continuer. Le temps de...plein de choses et de non-dits. Elle ne l'oublie pas, elle le garde simplement dans un coin de sa mémoire. Il est. Il est.

La nuit a son rythme et il n’est pas si lent qu’il y paraît. Une fois déparée de l’agitation de la journée elle se vêt de celui plus lancinant l’émotion. Qu'est-ce qui s'passe dans ta tête, belle brune? Pourquoi ton regard est-il encore si triste? Tu n'as toujours pas fait l'deuil? Autre chose te fait souffrir?
Des questions muettes qu'elle ne se posera pas, pas de suite, pas comme ça.
Profiter de l'instant d'abord,parce qu'elle sait qu'elle n'est que de passage, à cette source où elle espère puiser quelques forces nouvelles pour supporter sa solitude.
Tellement de nuit à ne plus dormir, tellement que même si elle est fatiguée, elle sait que là c’est pas la peine d’essayer. La brune Ecossaise prend les tasses, y verse un peu de l’eau qui est tenue au chaud sur des braises et y dépose les herbes qui vont venir infuser dedans puis, avant de revenir avec tout ça et de le poser sur la table, elle sort une bouteille de vin et un verre. La nuit va probablement être longue.
Elle l'a aperçu le Machette, elle le sait présent en ville. Toujours ce vieux contentieux à régler. Après ils seront quitte. Ou pas.
Et pour la brune la raison donne le cadre sur lequel les sentiments viennent la précipiter. Combien de fois elle a cru justifier ses décisions par un raisonnement infaillible, mais le temps ne pardonne pas les failles, il travaille à les écarter doucement pour vous y faire tomber. Alors elle les bride ces sentiments porteurs de tant d’erreurs, elle essaie en tout cas et elle se le promet un peu plus fort à chaque fois qu’elle tombe.

Verre après verre la bouteille est passée. Dans le silence. Les heures ont passées aussi, et le jour ne va pas tarder à se décider à poindre.
L'aime pas beaucoup le silence, la Pallikare. Ca l'angoisse. Ca ravive sa solitude. Mais celle-ci lui est bénéfique en ce moment.

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Machette

Salle du tribunal


Que d'ennui, il lui fallait pourtant rester là, il n'aimait pas cette promiscuité avec cette foule puante, ce brouhaha sourd entre les séances, mêlé de toux malsaines, de grognements, de cris d'enfants, quel idée aussi d' amener, des gosses dans un pareil lieu, mais la populace venait au tribunal comme a la foire, faut dire que les distractions étaient rares, et si par chance cela finissait par l'annonce d'une bonne mise a mort, une belle estrapade suivi d'un écartèlement avec 4 bons et forts chevaux de traits attelés aux quatre membres, alors la foule pourrait hurler sa haine, pas contre le supplicié non , mais contre sa misère , sa pauvreté , l'injustice permanente, et sa propre médiocrité.

Le brun ressassait des pensées moroses a peine égayées par quelques sorties cocasses de l' un ou de l'autre .. Il lui tardait de quitter ce lieu, de se retrouver là ou il aimait être, un coin de forêt, un bout de rivière suffisait a son bonheur.

un parfum léger, chasse les miasmes alentour, une voix chaude a son oreille "-gura math a thèid leat" le frôlement d'une main légère, qui lui glisse un vélin, .... ainsi elle l'a retrouvé

Sourire, petit coup d'œil en biais pour voir l' ombre encapuchonnée se fondre dans la foule, déjà elle ne l'a pas piqué de sa dague ...

Séance ajournée sine die, en attendant que le témoin se décide ...


Campagne proche de Montpellier

Le plan est sommaire, son instinct le guide

"El penascos de los lobos" ? vi messire c'est par la, vous pouvez pas le manquer....


Pas étonnant qu'elle est choisie ce coin l' Ecossaise, un vrai désert, pas un champ, pas une masure, la garrigue sauvage embaumée des senteurs d' herbes et de quelques odeurs d'iode de la mer pas loin.
Il passe un bouquet de trembles, la roulotte est là, ça bouge a l'intérieur, il voit une ombre danser derrière le voilage des croisées
Sourire, il saute a bas de l'étalon, s'adosse a un arbre , allume sa pipe ...

Hola l' Ecossaise , il te reste un fond de cet alcool buvable de ton pays ,
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Charlyelle
Et le silence se tût.

Hola l' Ecossaise , il te reste un fond de cet alcool buvable de ton pays !

"-Dè ?"*

Elle crut rêver lorsqu'elle reconnut le timbre de la voix. La bouteille vide manqua de voltiger au sol alors que la Brune se lève brusquement.

"-Non mais je rêve, il prend ma roulotte pour un taigh-bìdh ** ? SHHHHHHIIIIIT !!!"

Elle venait de se fracasser l'orteil contre le bas du caisson et c'est en se mordant la langue pour ne pas crier de douleur qu'elle se mit à sautiller, faisant tressauter son antre de vie. En même temps, elle cherchait à la va-vite, cette bouteille qu'elle se traînait avec elle depuis la Bourgogne. Depuis qu'elle avait du rester immobilisée dans ces terres qu'elle s'était mise à haïr sans même en avoir réellement jamais vu la couleur, ni senti les senteurs.

Le Clos-de-Tart. UNE seule bouteille avait-elle embouchonnée mais c'est un mois et demi qu'elle y avait passé dessus alors que les religieuses de Tart s'étaient occupées de la remettre sur pied.
Un cépage rouge alors qu'elle préfère les blancs lorsqu'elle ne picole pas son liquide ambré. Mais offre une robe rubis foncé, elle est dotée d’une très belle brillance et possède des reflets violacés. Le nez est somptueux, très fin et élégant, sur des notes fruitées de cerise, framboise, de somptueux arômes toastés et grillés, violette et rose, réglisse en arrière des fragrances de cuir. La bouche est dense, la matière est croquante et profonde d’une très haute finesse, le vin s’ouvre lentement et se dévoile progressivement. Les tannins sont très nobles et d’une finesse ahurissante. La finale est très longue, sur des notes salines, minérales. C’est un vin d’un niveau très haut. Et il peut l'être avec tout le temps qu'elle a passé sur cette SEULE et UNIQUE bouteille !

Enfin elle l'a trouvé ! Dans une main, la bouteille de Bourgogne, dans l'autre sa dague, bien en senestre. Et une porte qui s'ouvre à la volée, libérant le passage à Charlyelle qui descend prendre pieds à terre.


"- Aaaaaaaaah te voilà ! Tu en auras mis du temps pour te montrer. De laquelle veux-tu ? De la liqueur d'Ecosse ou bien de celle de Bourgogne ? Regaaaarde là bien cette bouteille mon grand : 45 jours elle m'aura pris mais pour sûr qu'elle doit avoir un sublime goût en bouche. 45 JOURS fracassée en Bourgogne, à me farcir des bonnes soeurs, non mais tu t'rends compte, c'est à se demander à quel crétin j'les dois ! Et voila que m'sieur se montre la pipe à la bouche en me demandant si j'ai de ma précieuse eau de vie ? Tu boiras du Bourgogne beau brun et estimes toi heureux que je te refile pas de ma gnole cuvée spéciale. Tu te souviens, celle qui avait envoyé tes gardes dans les latrines pendant presque trois jours sans discontinuer ? Et d't'excuser, ça t'es jamais venu à l'esprit au bout de tous ces mois ?"

C'est qu'elle s'est approché de lui et ça l'énerve de le voir là, stoïque, tranquillement appuyé contre son arbre à bourrer sa pipe. Oh oui voila que ça l'agace. Avec son petit air si sûr de lui et son sourire toujours aussi charmeur. Les deux paires de gris s'accrochent alors que de sa dextre, elle joue de la lame de sa dague, là, juste sous son menton. Devant lui. Ses pieds nus à peine plus loin que ses bottes dont il pourrait lui écraser la chair de son pied avec toute l'aisance qu'il voudrait.

Puis s'étant enfin quelque peu calmée, les joues rougies par le froid et les mèches en bataille par la colère qu'elle venait d'extérioriser, les embrumées glissent encore sur les gris du brun.


"- tha i fuar***. Ne reste pas dehors. Viens, entre".

La tempêtueuse brune lui tourne le dos en direction de la roulotte.

*quoi
**café
***il fait froid

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Machette
ça fait plaisir l' Ecossaise, toujours aussi aimable et l'accueil chaleureux,

Il rigole et détourne du doigt la pointe de la dague qui flirte avec son menton, il la détaille de son œil carnassier, une légère tunique couvre sa poitrine que l'on devine arrogante, une ceinture noire entoure sa taille faisant ressortir le galbé des hanches qui s'évasent sur de longues jambes drapées dans une jupe légère et large qui danse sur ses fesses quand elle se retourne pour l' inviter a la suivre ...

Humm 45 jours tu dis ? oui j'ai appris ça, a priori t'es toujours entière et y a toujours rien a jeter ... si je te dis partie de dés, gros gain, ivresse, et réveil difficile ? ça n'excusera rien ?
Je t'ai cherchée tu sais, un gros sergent m'a annoncé ta mort, qu'il t'avait retrouvé exsangue sur le bord de la route, il a été un peu vulgaire et l'on c'est battu, j'ai du fuir quand ses collègues sont arrivés en renfort. Bien plus tard j'ai appris que tu t'en étais sortie, mais j'étais loin , jusqu'a ce que je te revoie perchée comme une mouette sur les haubans du Kraken a Genève.
C'était bien cette ballade en Espagne ?


Il la suit jusqu'a la roulotte, retrouve l'intérieur ouatée qui est son domaine, l'odeur des herbes infusées embaument mêlées a son parfum ... une profusion de coussins jetés partout jette des notes de couleurs vives, il se laisse glisser sur l'un deux sans la quitter des yeux ...

il parait que tu a quittée l' hydre toi aussi ? on le goute ce vin ?
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Charlyelle
Avec aisance et naturel, il s'est installé au milieu de quelques coussins. Il est vrai qu'avec Judas Gabryel ils sont les deux seuls à avoir foulés les lieux. Chacun de manière différente. Le Dran lui, les avait partagés avec elle à l'époque du bon vieux temps. Définitivement révolue d'ailleurs.

Humm 45 jours tu dis ? oui j'ai appris ça, a priori t'es toujours entière et y a toujours rien a jeter ... si je te dis partie de dés, gros gain, ivresse, et réveil difficile ? ça n'excusera rien ?

Le minois se baisse soudainement, comme pour cacher cette espèce de trouble qui l'envahit au début de ses paroles qui sont , il est vrai, sans équivoque. Puis le fier petit menton se redresse et c'est une dude tiède qu'elle lui assène. La dude écossaise oui !

"- Je ne t'en voudrais pas si tu n'avais pas triché. Mais je suis certaine que tu as du le faire à ta partie de dés. Avoues que tu as triché !"

Et d'un sourire plein de morgue, les brumes le fixant droit dans ses gris elle lui balance d'un ton faussement négligent.

"- En tout cas, sache que désormais, quelque soit le jeu auquel nous jouerons, je ne te donnerais plus l'occasion de tricher."

Elle tendit une main légère pour lui caresser la joue, alors qu'elle voyait briller sur ses lèvres carnassières, cette petite flamme qui avait un jour, il y a déjà de nombreuses lunes, éveillé son intérêt pour lui. Il n'y avait désormais plus personne pour arbitrer leurs jeux. Et les sentiments qu'ils sentaient aujourd'hui affleurer, avaient tout un long hiver devant eux, pour s'épanouir. Jusqu'à aujourd'hui, ni l'un ni l'autre, n'avaient été prêts à affronter cette réalité, mais étant aussi bornés l'un que l'autre, ils refusaient tout autant de s'y dérober.
Elle réalise alors que si elle n'y prenait garde, ce geste pourrait rapidement devenir une habitude.
Elle se hâte de se relever, attrappant deux calices ouvragés aux armes du pays natal paternel. Elle se garde bien de le dire, évidemment. Et c'est le chant du Bourgogne que l'on entend.
Qui mieux qu'un bon vin peut livrer son âme à celui qui prend le temps de lui être attente, cette âme qui danse dans la bouteille.*
Tour à tour corps et esprit, puissance et grâce, c'est un vin de joie ou de mélancolie, d'exubérance ou d'intimité, c'est un vin qui se goûte avec la tête et qui se boit avec le coeur, un vin qui se raconte avec des mots tendres.

La Pallikare revient s'asseoir au milieu des coussins, près de lui, venant presque lui caler la coupe dans sa main. Les tempêtueuses brumes ne le quittent pas du regard, alors que son nez plonge dans les arômes du Bourgogne, qui font chanter le caractère framboisé pétillant de sa robe, aux notes exubérantes.

"-Ce vin, murmure comme une vague qui s’allonge sur la plage. "

Un silence durant lequel elle s'envoie une gorgée. Grimaçant parce que décidément, non, le vin rouge n'a pas sa préférence.

"- Vraiment tu m'as cherchée ? Tu m'as retrouvée en haut des cordages du Kraken !"

Rire doucement, rire rauque venu des tréfonds de sa gorge en se souvenant de l'excuse invoquée pour ne pas venir en Catalogne. Elle avait en fait fort bien compris qu'il détestait les navires et n'avait absolument pas le pied marin. Officiellement elle s'en était moquée, riant alors à gorge déployée. Intérieurement, elle en avait été touchée. Un homme tel que lui qui avoue à demi une faiblesse ne pouvait au final la laisser bien longtemps indifférente. Et elle y était partie sur les terres Ibères oui. Tout aussi vite qu'elle s'en était revenue.

"- Je dirais que la Catalogne, ce fut...soporifique."

Non mais il croyait quoi ? Crois-tu que je ne sais pas pourquoi tu me poses la question beau brun ? Penses-tu vraiment que je n'ai pas perçu ton regard envers le Bosco et les idées qui ont pu effleurer ton esprit à ce moment là ? Elle secoue doucement la tête, tout en s'envoyant une nouvelle rasade, avec mesure.

"- C'était ennuyeux mais ensoleillé. Arrivée la-bas j'ai lâché tout le monde pour aller profiter d'une petite crique désertique. Et je m'en suis tranquillement retournée sur le navire ensuite. A part le cap'tain, je n'ai vu que peu de monde. Puis à Genève je n'ai pas bougé du navire j'y avais pris mes quartiers, l'Fernand râlait pour son raffiot et moi je m'en cognais. Je crois bien que pendant ce temps, tu t'baladais avec le cap'tain ou tout seul je ne sais pas trop. Puis nous sommes venus ici. Et ma foy, j'en ai appris sur ton compte. Puis j'ai eu droit à un interrogatoire en règle te concernant. J't'avouerais que ton départ pour moi ce fut surtout à essayer de comprendre si c'était du lard ou du cochon. J'ai pas aimé ces questions. J'ai pas aimé leurs déductions complètement à côté de la plaque, surtout qu'ils ignoraient ce qui pouvaient nous lier toi et moi. J'ai pas aimé certaines manières. Et puis j'ai détesté m'entendre balancer qu'mon fracassage en règle en Bourgogne c'était drôle. Surtout quand ça sort d'la bouche du Cap'tain. Ma vision à moi c'est celle de l'Hydre unie et solidaire, tu vas au casse pipe , yep mais tu y vas en choeur et tu te fais fracasse avec les copains mais au moins, tu sais pourquoi. Et là j'suis d'accord qu'ça peut être drôle.
Avant c'était ça L'Hydre. Maintenant c'est autre chose, elle a perdu son âme d'antan. Et toi qui me connais bien, tu sais que quand je n'aime pas, je n'emploie pas quatre chemins. Je prends en principe le plus direct. Et c'est c'que j'ai fait. Et ce fut le bon choix, je m'en suis assurée par la suite."


Le vin est bu, et elle ressert les deux coupes.

"- Alors oui j'ai claqué la porte de deux années. Et toi ?"

Elle aimait ce qu'ils étaient en train de vivre dans la quiétude réconfortante de cette pièce et elle lui adresse un sourire renversant.
*Baudelaire revisité par moua !
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Machette
la langue claque contre le palais, tandis que le vin délicieusement coule dans sa gorge ...

Humm voila une pure merveille, il a ce final, qui comme après l'amour t'emplis de reconnaissance, et que tu n'as qu'une seule hâte que d' y retremper les lèvres ..

Disant cela , il la regarde et son regard est caresse ..

Tricher dis tu !!!!! que non, j'avais ce soir là une chance incroyable comme si toute les faces des dés n'avaient qu'un point, j'ai sorti 6 fois les as de suite, le truc qui n'arrive jamais, le bourgeois aussi a cru que je trichais et a fait changer les dés, rien n'y fit je gagnais toujours .

Il part d'un rire sonore,

Et d'ailleurs il ne nous a pas quitté dans notre soirée de beuverie, si bien qu'au petit matin nous étions copains comme cochons et aussi ronds qu'eux.

son sourire deviens amer en écoutant son récit sur l' Hydre,

oui, les choses et les états d'esprit ont bien changés, bof nous n'en garderons que les bons souvenirs et oublierons les mesquineries stériles et revanchardes de quelques uns ... enfin je lui croyais le sens de l' humour plus développé au cap'tain, et a en croire les messages que j'ai reçus, il n' était guère suivi sur ce terrain.

Oublions tout ça que dirais tu d'un petit voyage ? j'ai des trucs a récupérer a Genève justement.

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Charlyelle
Redonne-moi,
Redonne-moi l'autre bout de moi
Débris de rêve, le verre se fêle
Redonne-moi la mémoire de ma…
Peut-être sève ? Peut-être fièvre ?
Redonne-moi pour une autre fois
Le goût de vivre, un équilibre
Redonne-moi l'amour et le choix
Tout ce qui fait qu'on est roi

-Mylène Farme-"redonne moi"



Caresse au gré du vent, caresse furtive de son regard, caresse qu'elle recherche, caresse qu'elle repousse, caresse dont elle se méfie, mais caresse qui la trouble en profondeur. Et elle l'écoute, paroles pleines de sens alors qu'il déguste ce vin sans doute de la même manière qu'il la savourerait.

Dis lui oui Charlyelle, tu en crèves d'envie depuis des lunes, même si tu sais qu'il n'est pas homme à s'attacher, même si tu sais qu'il n'est pas l'homme qui t'attacheras, mais Lui est Lui, pour un bout de chemin ne fais pas la conne Charlyelle et prends ce qu'il t'offre. C'est peu mais venant de lui, c'est beaucoup et tu le sais.

Les lippées de mûres happent la robe pourpre du liquide qui vient lui réchauffer le gosier.


"-Genève ? Huuum, et si je t'attends ici cela t'ennuie ? Je ne porte pas Genève en mon coeur, puis il va y avoir le tournoi et puis tu sais moi tout ce monde, c'est pas pour la sauvageonne que je suis. Puis si tu y vas seulement récupérer tes affaires tu ne vas pas t'y éterniser non ? A moins que de tomber sur une donzelle qui saura t'accompagner mieux que moi ! Puis j'ai quelqu'un que j'ai promis d'aider ici. J'peux pas me carapater et la laisser ça s'fait pas puis bon Genève quoi...voila..."

Une autre gorgée qui coule, alors que les brumeuses accrochent les gris de Machette. Brin de caresse rendue.

Et ce soir nous sommes ici, pas là-bas...

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Machette
Il la regarde, le jupon a glissé sur les longues jambes découvre un genou rond et l'amorce d' une cuisse, la tiédeur de la roulotte, la chaleur du vin dans sa gorge... il est bien là

hummm a ton aise, cela ne m'enchante pas plus que ça non plus de retourner a Genève, cependant je dois y aller, ce n'est pas a quelques jours je partirais a la nouvelle lune, les nuits seront noires, c'est mieux pour voyager.

Leurs regards se croisent, s'attachent, se détachent pour revenir, sorte de duel a qui fera le premier geste, rien qu'un petit mouvement , une invite en entrainant une autre, un frôlement de peau qui s'électrise, parade d'amour d'amants fiers, tout se joue a un rien ... un regard plus appuyé, un silence trop long la complicité retrouvée, ils sont de la même race et tout deux savent ce qu'ils veulent et savent ce qui va arriver. Ils savent aussi que demain il partira !
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Charlyelle
Il n'a pas rechigné en apparence tout du moins. Elle note qu'il a parlé de départ. Mais s'est bien gardé de parler d'un retour dans le coin. Elle ne s'en offusque pas, n'en prend pas ombrage. De toute manière son frère vit pas loin. Et puis leurs chemins se retrouvent toujours à ces deux là. Peut-être qu'elle s'est à quelque part attachée à lui. Mais comme ils le savent tous deux, ils sont fait d'une même essence. Même race. Qui se ressemblent du moins. Car il n'a aucune idée de celle de l'Ecossaise en fait. Elle ne leur a jamais parlé de son passé. Mais lui non plus ne lui a jamais parlé du sien. Ils ne sont déjà pas capables de se parler de leur passé, le sont à peine de profiter du présent, alors comment imagineraient-ils un futur. De toute manière le sien de futur, il est mal barré avec les plans de son père. Un de ces jours, il va lui tomber sur le coin du museau le paternel.

Soupir agacé. Il est en train de gagner du terrain et ça ne lui plait pas à la Dentellière. Va falloir qu'elle change rapidement la donne et inverse le cours des évènements. Ilug lui, semble se réjouir, et Charlyelle a horreur lorsque le vieux Sage se la joue ainsi. Elle va devoir reprendre du terrain au paternel. Car elle ne cèdera pas. Non !

Le petit matin la trouvera seule et éveillée. Au creux des mains, une missive comtale. Qui lui était personnellement adressée.
Elle a du s'y reprendre à deux fois pour la lire. Non pas qu'elle n'en ait pas compris la teneur, mais il est rare que l'on puisse la surprendre.
Après quelques heures de sommeil, il sera temps de rendre la politesse.

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