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Ostal Maurand. La Bouillonnante Mesnie Saint Just

Gnia
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Toulouse.
Un Moulon (pâté de maisons) du Bourg Saint Sernin. [plan]
L'Ostal Maurand et sa haute tour. [plan]


Dont l'ombre s'étend sur l'angle des rues de Taur et du Périgord.
Passé le grand porche s'ouvrant sur le rue de Taur, l'on découvre une cour arborée, fermée par plusieurs bâtiments d'un étage qui constituent l'ensemble de la bâtisse.

Si la vente avait été rapidement conclue, meubler et organiser l'intérieur en vue d'y loger nombreuse mesnie avait pris un temps considérable. L'on avait fait hâter les choses tant parce que la Saint Just en avait assez de louer un étage d'auberge pour caser tout son petit monde que parce que l'on inaugurerai l'installation dans la place par un événement d'ampleur maintenant trop longtemps retardé.
Une union rouge.


Si la salle voutée du rez de chaussée de la tour, chapelle convertie en temple, n'avait d'ostentatoire que la voute magnifique du plafond et les imposantes pierres des murs, la grand salle avait été apprêtée pour un banquet que tout annonçait d'importance et fastueux.
Au silence et au vide de la chapelle, meublée de quelques bancs et chaises de bois, d'une table étroite couverte d'un linge immaculée en guise d'autel et d'un lutrin ouvragé, s'opposait la frénésie qui habitait la grand salle non loin.
De l'escalier qui y menait, l'on pouvait entendre résonner les voix enjouées d'une domesticité affairée à achever de dresser les tables, les pas des allers et venues des valets disposant la vaisselle, le bruit sourd des tonneaux que l'on faisait rouler depuis les réserves jusqu'au lieu de leur future exécution.
Et sans surprise, leur mise à mort se ferait dans la liesse.
La réforme au sein de la mesnie Saint Just n'avait guère d'austérité dans son amour du vin.

Elle n'était toutefois pas tiède dans sa foi, et le culte ne saurait être bâclé pour quelques promesses de libations.
Agnès jeta un dernier regard sur l'architecture soignée de la pièce où l'on allait célébrer le jour des humbles, puis elle passa un doigt léger sur l'aiguière en métal brossé contenant du vin. Le nez frémit sous le fumet dégagé par une épaisse miche de pain à la croute dorée sortant du four, pour l'heure masquée sous un linge.
Une profonde inspiration et le regard se reporta sur la salle vide et, en face, les portes grandes ouvertes qui n'attendaient que de se muer en haie d'honneur.


[HRP : pour les plans du quartier et de la maison ainsi que leur description : source
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_
Scath_la_grande
[Vendredi 23 novembre au matin, dans une pièce de l’ostal Bon-Mancipe, demeure Rouge... on se prépare à la noce… Si si si, même si c’en a pas l’air…]


__________« O femme, chair tragique, exquisement amère,
__________Femme, notre mépris sublime et notre Dieu,
__________O monstre de douceur, et cavale de feu,
__________Qui galopes plus vite encor que la Chimère. » - Albert Samain



Méprisable créature qui dès le matin démonte de sa cavale s’affalant pleine comme outre de vin dans le brouillard de l’aube. Bruit de tôle que l’on froisse et de Musteile qui jure.
Ah pour sûr qu’elle a l’air fraiche cette mariée de pacotille, revenant d’une chevauchée de Montauban, servant d’escorte à une Saint-Just bien avisée ayant l’esprit vif de garder par le licol cette vassale aussi volatile qu’éther dans un flacon entre-ouvert.

Un bain d’eau frisquette et une étrille vigoureuse est commandée pour dégriser la flamboyante ternie par quelques cuvées, ceci était sans escompter sur les doigts agiles de la belle qui renouent les liens avec d’anciennes amours perdues.
La flasque d’argent est mise largement à contribution et son contenant de Jusquiame marinée dans le vin vient offrir à son esprit un abri de sombres folies.

Inerte…
Dans la flotte, Belette trempe.
Le front pâle, l’œil vide, elle a déjà tout de la noyée, le souffle mince en plus qui agite à peine son parpal.
Une gorgée pour calmer la douleur irlandaise, une autre pour l’oubli montalbanais, et puis il en faut une longue pour apaiser les doutes et les angoisses.
Et puis, et puis, une encore parce qu’elle aime bien cela.

Indolente…
Devant la flamme où la domesticité la sèche. L’albâtre frissonnant de nerf ou de froid, la stature légèrement branlante d’avant en arrière.
Il lui faut une gorgée pour fêter son union, une autre pour le deuil de sa liberté. Et comme cela ne suffit pas, une autre pour la réchauffer.
La chambrière pare sa natureté d’une cotte noire de velours ample, lui laissant une bonne partie des épaules nues et un surcot ouvert de satin rouge, sur les hanches se referme le demi-ceint de cuir noir à la chaînette d’or et pendant en grelot.

Silencieuse…
L’impérieuse enfant jette ses fauves mornes sur ses deux « drôles » de Dames d’atours, à savoir Minah écuyère manchote et noisette, Jeanne ténébreuse et infaillible limier, uniques témoins de la chute de sa superbe avec la chambrière.
La flasque d’argent, ultime recours, fuite futile, inutile vers un ailleurs irréel, à nouveau se glisse entre les rets minces de ses doigts, se plie au bon vouloir de sa lippe.
Une lampée pour le courage, non deux, il faut bien cela. Une troisième car du courage on en a jamais assez.
Elle est un objet, on l’assoit et l’on brosse son crin de rouille, Musteile s’agace, le geste devient nerveux lorsqu’un ruban de soie noire vient emprisonner sa chevelure, le nattant avec soin.
Du coin de l’œil, elle observe sa transformation, ne reconnaissant pas l’étrangère qui se mire dans le miroir.
La détestant...

A nouveau les phalanges de blanc ouvrent la boîte à pandore, liquide pernicieux qui s’emballe dans sa gorge, gonflant ses veines d’un poison pour la raison.
A mort ! A mort ! Lucidité…
Une gorgée pour avoir déclos cette maudite missive, une autre pour avoir déclos son cœur… misère qu’il faut bien qu’elle aime ce maudit rouge pour accepter cette domestication… mais pour lui ne se ferait-elle pas esclave tout en restant reine *?

L’âpre bestiole se hérisse, se pique de cette présence qui virevolte dans son périmètre. Enfin la future Glasmaler desserre la mâchoire et ordonne sèchement à la jeune camériste de déguerpir.
Les billes devenues bistres salines se reposent à nouveau sur le museau en reflet trouble. Son presque elle-même. Bien que sur le moment la Bertrix remet en doute son existence.
Le silence est pesant alors que le monstre d’orgueil se reluque, semble peser son âme à vue. Immobile dans son souffle ténu.

« Jeanne ! »

Sa voix résonne étrangement. Coupante et irrégulière dans les suraiguës.

« Jeanne ! *hips* Coupe-moi cette foutue tignasse à la nuque ! »

Cuite et surcuite, la rouquine conserve une once de sagesse en demandant à la Hachette de lui faucher les tifs, c’est que de mander à l’écuyère c’est s’exposer à un crevage de mirettes assuré.
Et de baisser son front de condamnée, offrant sa nuque fine à son bourreau. Mais un doigt pointe, en grande indignation, le plafond.

« Foutrecul Minah ! *hips* Caillasse ces putains d’hérissons qui papillonnent là-haut, ‘font un d'ces bordels et dis-leur de ne pas foutre de la chiure partout, c’est *hips* abject ! »

Les festivités peuvent commencer !

*inspiré d'un vers de Victor Hugo
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La_hachette



[Encore un matin...un matin peu commun!]

Matin d'abandon, sur une aube teintée de rouge...
Les chevaux se délaissent à l'écurie au retour de Montauban, se gavant de foin, et la brune toujours suit une belette qui, elle, se gonfle de vin...
Pas même le temps d'un détour par la cuisine pour se sustanter d'une maigre collation, aujourd'hui le temps ne se perd pas! Le temps se gagne!

Jeanne, surveillant la chambrée où se déroule tout le rituel du bain et de l'habillage, renifle encore les vapeurs alcoolisées de sa maîtresse. On aurait beau frotter, il serait toujours trop tard pour lutter contre les nouvelles gorgées qui enflamment la gorge de la Musteile les unes après les autres. La Laisné ne cille pas, elle observe comme à l'ordinaire sa patronne du coin de l'oeil, notant les balancés de son corps, signe que chez elle l'abandon est bien plus poussé. Comptant le nombre de rasades qui s'amassent encore et encore. Lampée de glace, lampée de feu, à la santé d'une vie qui changera bientôt semblent elles dire!

Les quelques secondes de répit qui marquent la fin de préparation, ne durent malheureusement pas et la voix éraillée d'une belette imbibée se fait de nouveau entendre. La Hachette s'approche à petits pas. L'ordre donné fait lever le sourcil, froncer la lipe et entendre un grave:

Z'êtes sûre de vous...parce qu'une fois coupés...repousseront pas pour l'évènement m'dame!

La tête qui se baisse devant elle offrant la dite nuque, ne fait que confirmer qu'il s'agit bel et bien d'un ordre ferme! Soit, et qu'on en finisse!
La gracile amazone, ne disposant pas d'une paire de ciseaux, sort alors une de ses dagues qu'elle conserve à sa botte.
La natte rousse est vite enroulée autour de la main guerrière qui l'empoigne fermement et...la lame tranche dans le vif, le bout de ruban qui n'est plus retenu par rien s'en va rejoindre le sol dans un murmure satiné.

L'ouvrage est fait, découpe irrégulière sur la peau blanche de la Bertrix. Et à la voix froide de reprendre enfin:

C'est fait!

Glacial, la main fine tends la natte à son ancienne propriétaire. La noce promettait d'être belle!

Minah
[En ce fameux vendredi matin]

Il y avait peu que la Minah était entrée au service de la bestiole roussâtre. Elle n'avait pas traîné à apprendre les bases du métier. Simple instinct de survie.
Trottiner inlassablement derrière sa maîtresse pas trop loin (au cas où on ait besoin d'elle), pas trop près (pour éviter les taloches en cas de mauvaise humeur subite), toujours une outre de vin à portée de paluche... L'habitude se prenait vite.

Et, ce jourd'hui, la patronne se mariait. Grand événement. La liesse au village, toussa toussa.
Union sacrée de deux âmes enflammées ? Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...? Esclavage consenti ? Peu importait la façon dont on le tournait. Pour l'heure, c'était juste sacrément chiant.

La Belette était comme le ciel avant la tempête. En apparence calme mais lourde de promesses orageuses. Chaque gorgée fébrile était un éclair à prévoir.
L'écuyère châtaigne poireautait debout à côté de Jeanne, les mirettes noisette mi-closes, la tête oscillante au rythme de ses assoupissements successifs.
Attendre que la mariée soit baignée, parée, coiffée... Attendre qu'on lui donne un ordre, déguerpir, de quoi s'occuper, quelque chose à faire, qu'importe, même vider l'eau du bain s'il le faut !
Long... c'était siiiiii looooong... La patience n'était pas l'apanage de la crasseuse. Elle glissa un coup d’œil à sa voisine. Comment la brune faisait-elle pour ne pas piquer du nez ? Comment arrivait-elle à être sans cesse à l'affût du moindre geste de leur maîtresse ?

La manchote allait étouffer un bâillement quand un cri la fit sursauter et se mordre le bout de la langue. Quoi ? Quoi ?! Un ordre ! Ah... Non... pas pour elle. Ah ! Si ! Un ordre ! Enfin !
La frimousse esquintée de la petite bête se tordit en une grimace. Des hérissons ? Au plafond ? Machinalement, comme tout être à la cervelle mal faite, Minah leva les yeux. Rien. Devait-elle quand même s'exécuter ? Il y avait de nombreuses façons débiles de mourir, et se faire assassiner par une mariée surexcitée pour avoir refusé de tuer des hérissons imaginaires en était certainement une.
Docilement, la Minah décida d'obtempérer. Après tout, grâce à sa mémé Glaviotte, elle était accoutumée à obéir aux requêtes d'ivrogne les plus improbables.

Elle se mit à gueuler d'un air théâtral. Tant qu'à faire, autant y mettre le paquet.

Olà ! Marauds ! Hors d'ici ! Allez don' souiller une aut' tête que celle de ma maîtresse !

Et vlan ! Un peigne encore emmêlé de cheveux roux vola vers les cieux.

HA ! Inutile de supplier ! Porcinets ! Tête d'épingles ! Vous mijoterez dans ma marmite au soir !

Divers objets furent à leur tour propulsés dans les airs avec énergie. Et dans leur chute, fracassaient quelque décoration, miroir ou caboche quelconque qui avait le malheur de se trouver dessous. L'écuyère s'amusait comme une dingue. Bientôt, emportée dans son élan, elle ouvrit la porte à la volée sans cesser de brailler et de balancer le nécessaire de toilette de la Musteile.

Oui c'est ça ! Fuyez ! Pleutres ! Coilles molles ! Vos femmes forniquent avec des rats en vot' absence !
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L.i.a._de_denere
Laetitia aimait bien sa nouvelle maison.

Bon d'accord, c'était pas aussi bien que chez Dame Arielle parce qu'il y avait encore des caisses partout et beaucoup trop de gens qui s'agitaient dans tous les coins, mais c'était quand même pas mal.

Plein de cachettes potentielles. Des trous noirs où se blottir bien au chaud, toute seule.

Sauf que voilà, c'était embêtant d'avoir toujours à se cogner le nez contre quelqu'un de nouveau que Laetitia ne connaissait pas. C'était plein d'étrangers qui parlaient bizarre et riaient et criaient, ça braillait fort et Laetitia se languissait quand même du silence feutré de la grande maison de la comtesse à Paris.

Là elle ne savait plus où jouer tranquille alors elle explorait sans vraiment faire attention parce que sa tête était pleine des informations importantes qu'elle avait apprises récemment, comme par exemple qu'elle avait une mère et un père - ça déjà, ça commençait à être de vieilles nouvelles - et puis que Dame Arielle était décédée et que Laetitia ne s'appelait pas que Laetitia, mais aussi qu'elle avait une soeur avec le même visage qu'elle. Ça faisait beaucoup à avaler d'un coup.

Et puis ça lui manquait, les leçons de Dame Arielle. Là elle n'apprenait plus rien du tout.

Laetitia s'était assise dans un bout de couloir où il y avait du soleil qui passait par une fenêtre, c'était beau et chaud et ça réconfortait. Elle avait fermé les yeux et laissait ses pensées s'affoler toutes seules. Mais juste derrière elle, de l'autre côté d'une porte, quelqu'un se mit à crier très fort contre quelqu'un d'autre.

Bang! Crac! Oh oooh... Ça avait l'air d'une grosse colère. Se relevant, Laetitia s'approcha de la porte pour essayer de comprendre ce qui se passait. Elle ne reconnaissait pas la voix. Et puis...

VLAN!

Oui c'est ça ! Fuyez ! Pleutres ! Coilles molles ! Vos femmes forniquent avec des rats en vot' absence !

Terrifiée, Laetitia se pencha pour éviter une brosse à cheveux qui la frôla, puis elle s'enfuit avec un petit couinement. Qu'est-ce qu'elle avait encore fait pour qu'on lui crie après? Est-ce que la nourrice Aglaé était revenue leur raconter ce qui s'était passé à Paris?

Le jour où on la chasserait était-il arrivé?
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Volkmar
Il n'y avait pas que la Rouge pour étriller ses nerfs à quelques heures du mariage. Son alter ego masculin, que l'idée de mariage angoissait sûrement tout autant, maintenant qu'il était si près, n'était pas loin de s'inspirer d'elle pour trouver sa solution, d'ailleurs. Replonger au chaud, mais sous les couvertures lui, muni du nécessaire à biberonner en attendant l'heure.
Ce mariage, on n'avait commencé à en fixer la date, et à le préparer seulement une semaine plus tôt... à moins que ce ne fut plus, et qu'on ne lui en ait rien dit. Et il en avait toutefois déjà marre. Tout plutôt que de revivre la semaine une fois de plus, sauf les quelques heures les séparant de l'évènement. Quelques heures. Au lieu du petit matin, il avait bien fallut faire des concessions et accepter d'attendre que tout le monde puisse être réveillé et vêtu de propre. De luxe, d'ostentation, il n'était guère question. Rien de plus voyant que du rouge, en tout cas.
Rien ne risquait de mal se passer, pourtant. Ou du moins, c'est ce qu'il se plaisait à se répéter en permanence. Au point de manquer de peu de se convaincre du contraire absolu. Tout peut mal se passer, en fait.
Il lui fallut arriver là de ses réflexions pour se ressaisir enfin et s'ébrouer. Un coup d'eau sur la figure, une chemise, et l'épée à la ceinture, il se lançait à l'assaut des enfilades de salles du manoir, d'un pas énergique.
Bam ! Bam ! Bam !
Martèlement du plancher. Ce qu'il cherchait ? Laveau.
Rien de tel qu'un énergumène du genre de Vairon, pour passer ses nerfs un jour de mariage. Surtout le jour du sien propre.
Rien de tel qu'une fripouille aux yeux dissymétriques pour croiser le fer, et songer à autre chose.
Où pouvait-il être ?

"LAVEAAAAAU !"

Un page chopé au passage, par l'épaule. Vu les piètres qualités en cuisine de personnalités aussi fortes que Gnia, ou Scath, et personne n'osant probablement même songer à confier cette tâche à un moustachu, il fallait bien que quelqu'un s'en charge au quotidien. Et de même pour le ménage, la lessive, et toute autre genre de tâche de proximité -Comme les taches de vin sur les vêtements de la belette, parfois.

"Trouve moi Eric, et dit lui de trouver son épée. J'l'attends dans la cour."

Gamin lâché, une tape derrière la tête pour l'exhorter à se dépêcher, et direction les cuisines justement, dans l'intention d'y dérober une outre de rouge. Peu d'illusion sur le fait que personne ne s'en aperçoive. Mais d'ici à ce qu'on lui fasse une réflexion, il y avait un gouffre. Après tout, Scath en était aisément à plusieurs par jour, dans ses mauvaises périodes.
Engouffré dans la cour, il chercha un muret au soleil, et s'y installa pour profiter des douceurs tardives de l'automne en pays Toulousain. Rien à dire, on était pas si mal dans ce sud ocre... Nuance de rouge, encore.
Il s'accorda une gorgée de vermillon, avant de sortir son épée pour en étudier le fil ; définitivement trop "ancien", depuis le temps qu'il n'avait pas servi.
Quand le Vairon arriverait, s'il arrivait, il lui laisserait le choix des armes, pour débuter. La bibine, ou la lame.
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Eric.laveau
[Le vendredi à Maurand c'est...]

...plus ou moins la même chose qu'ailleurs, mais en différent. L'ostal Maurand de la truculente mesnie Saint Just était un microcosme à part entière. Une ville dans la ville. Une mégachiée de folie et autres joyeusetés au sein même de Tolosa la barde, enfin...la rose. Et cela ne risquait surement pas de s'arranger. En effet, en ce moment même un événement de grande ampleur était en pleine organisation, plus que ça d'ailleurs, il allait avoir lieu d'ici une poignée d'heure. Le Bouillon était en effervescence, cela s'agitait de toute part, des bulles lui sortait de tous les...euh...passons. Aujourd'hui, c'était le jour R. R comme Rouge, R comme picrate, R comme Eric. D'ailleurs où est ce qu'il pouvait bien être celui là.

Où? Où? Où? Où est Eric?

Ah...le voila. Il n'était pas bien loin en fait. Le Vairon venait tout juste de faire sa petite affaire de la matinée, comment ça vous voulez des précisions? Bon d'accord. Il venait de goguer copieusement et s'apprêtait à regagner ses quartiers, ceux prévus pour les chevaliers du roy. L'agitation était à son comble, une véritable ruche mais Laveau, lui, restait imperturbable. Rien ne semblait avoir d'emprise sur sa personne. Tant qu'on ne venait pas personnellement lui briser les grelots, il continuait son chemin. Évitant au passage une petite jeune fille portant un gant de cuir noir à sa main droite. Pourquoi pas après tout. Ce n'était certainement pas lui qui allait lui dire quelque chose à propos des bidules dépareillés. Il se contenta juste de lui dire deux ou trois mots.

Fais gaffe petite.

Sans se retourner, il continua son périple vers sa foutue chambre et ce afin de se passer sur le dos, et sur le cul tant qu'il y était, quelques fripes convenables pour le mariage de la Belette et de la Moustachue. Laissant derrière lui la fille d'Agnès ainsi que le flot continu d'insanités et d'objets divers et variés en provenance de l'antre de la Rouge, Laveau pénétra dans son havre de paix et s'allongea un instant sur son pageot. Ça meuglait de tous les côtés aujourd'hui...bien qu'en y réfléchissant, ça brassait toujours énormément dans le coin. Que ce soit des éclats de rire bien gras, des discussions vives comme on les aimait au Bouillon, il y avait toujours de l'animation et c'est pourquoi le Vairon appréciait cette bande de tarés. A un moment, le brun aux mirettes zarbies cru entendre son nom à travers l’entrebâillement de la porte mais il n'y prêta pas une plus grande attention que ça. Il n'a jamais eu l'habitude de radiner sur le champs lorsqu'on le sifflait et n'avait pas l'intention de commencer. Oui bon...sauf s'il s'agissait du roy ou de la reyne, il n'était pas complétement gland non plus.

Avant de quitter sa chambre, il se reluqua rapidement. Chemise, braies, joufflu non apparent. Bonnard. Tout avait l'air au poil. Fourreau et épée, dague où il fallait. Bien, Eric était prêt. Il refermait sa porte lorsqu'un mioche vint lui tirer la jambe. Lent pivotage de la trombine Lavesque suivi du plantage de regard directement dans les globes oculaires du page.
...
Silence
...

Parle, je t'écoute.

Pas besoin de discutailler des plombes non plus. Il libéra le petit et prit le chemin de la cour. Le Vairon ne savait pas ce que Volkmar attendait de lui mais cela n'avait pas grande importance. Un Bouillon voulait le voir, il n'avait pas de raison de ne pas y aller. M'enfin si le Moustachu désirait un rasage de près, il n'allait pas être déçu du voyage. Une fois les escaliers descendu, il repéra le Rouge adossé à un muret. Il ne pressa pas sa démarche pour autant, sifflotant, prenant son temps. Détendu du gland...contrairement au Volkichou.
S'arrêtant à quelques pas de lui.

Alors?
_________________
Scath_la_grande
[Même lieu, même heure, même port...]


__________« L'oriflamme Espérance aux fraîcheurs matinales
__________Ondule, et nous ouvrons dans le matin sacré
__________Nos yeux brillants encor de n'avoir pas pleuré,
__________Nos yeux promis un jour à tes fêtes fatales. » - Albert Samain


Moisson de rouille pour orgueil fauché.
L’assistante maritale a fait son cruel office, et nul retour en arrière n’est envisageable.
Parade nuptiale d’une Reine Rouge ayant trop pris le picrate, l’âme s’étrique, et l’œil moribond caresse la couronne dont elle s’est dépouillée, relique de son destin.
Voilà sa vanité de cuivre, nattée et taillée, voilà ce qui attise le regard de l’homme, attirant leurs doigts dans ses rets, voilà ce qui emprisonne leur nez, leurs lèvres…
Les premiers sels attaquent l’œil sec, un sourire meurt à sa lippe.
Foutu orgueil, c’est humble qu’elle s’en ira à la noce.
L’esprit se dissipe, les fauves se détachent de leur proie pour s’accaparer une autre.

« Oh ? Un peigne volant… !»

De l'importance d'avoir toujours à portée de main une écuyère déjantée pour la distraire de son deuil en ces fêtes fatales.
L’âme chagrinée s’oublie dans les rires qui dévalent en éclat, cascades furieuses et démentes sans aucun sens à s’en tordre les boyaux.

« Vise çui là Minah ! Ouiiiiiiii ! Et la rouquine d’applaudir les exploits chimériques de sa Dona Quichotte. Et l’autre *hips* se carapate ! Encore ! Heeeeeeeeeeeeeeey mais çui là c’est pô un *hips * hérisson ! Ça n’compte pas !»

Tout en désignant d’un doigt accusateur l’ombre de l’infante filante qui ventre à terre tente d’échapper au matos volant.
Ricanement carnassier de la Musteile qui se soulève tant bien que mal, tangue surtout.
Une main harponne l’épaule de la Jeanne, de l’autre elle lui tend son trophée en crin roux.

« J’te confie *hiiiiips* ceci, mets-la dans un des coffrets que Mi*hiips*nah n’a pas encore bazardé. J’vais réfléchir à… huuuu… c’que j’vais en faire.»

Le corps change de rivage et louvoie indécemment avec la gravité, tournant sur elle-même non sans quelques grâces compte tenu de l’état éthylique où se trouve la rouquette.
Et de chantonner de sa voix nasillarde.

« Ce soiiiiir, j’vaiiiiiis dormiiiiiir avec mon *hipsooooooux*…. Tadaaaam…. Ce soiiiiiir, j’vais… hey mais j’suis con moi… j’dors jà avec….»

Stoppée nette dans son élan, le museau de la Belette se relève, frondeur, les yeux se plissent sur un point imaginaire du plafond, l’index pointé dans la direction de son tremens delirium.

« Minah ! Ils reviennent ces raclure ambulantes ! Tiens bon moussaillon ! On les aura ces enflures à piquant ! *hiiiips* Couvre-moi, caillasse-les pendant que je vais chercher du renfort !»

Tout en se parant d’un seau comme casque de fortune, la rousse cavale vers la sortie troussant ses jupes et braillant.

« Suuuuuuuuuuuus à la créature du diiiiiable ! A mort ! A mort !»

La silhouette s’éclipse, hystérique, laissant dans son sillage un peu de fumé. La Musteile en état d’ébriété n’a pas fait gaffe qu’en se rapprochant de l’âtre, on finit par se foutre le feu.
Les noces de la flamboyante sont flambantes surtout pour la mariée.
_________________
Minah.
[Où l'on apprend que le nom véritable de Don Quichotte de la Manche est Minah la Manchote et qu'un hérisson dans le vent a du piquant mais ne vaut pas un feu de cheminée]

La Belette souveraine riait.
Bon, c'était un rire nerveux limite dément, du genre de ceux que braille un détraqué avant de massacrer femme et enfants à coups de presse-ail (un engin diabolique que celui-ci). M'enfin c'était un rire quand même et cela voulait dire qu'il y avait du progrès.
Et puis avec un peu de chance, c'était son mari qu'elle assassinerait et pas ses innocents larbins (comprendre ici Minah qui tenait beaucoup à ce que ses tripes restent bien au chaud dans sa panse).
Les Noces Pourpres, pour un mariage de Rouges, ça sonnait plutôt bien et ça donnerait matière aux commères de commérer.
Continuons à divertir madame.

La main de la bête tâtonna en arrière pour attraper quelque chose d'autre à envoyer valser quand son regard tomba sur une gamine à l'air grave. Bien vêtue. Pas une servante.
La manchote ouvrit la bouche pour lui proposer de se joindre à elle parce que même de bonne lignée, une enfant restait une enfant. Et les morveux aimaient casser des trucs, c'est bien connu. Y'en avait même chez qui cette tendance perdurait chez les adultes, surtout en couple avec divers couverts.
La fillette fila sans demander son reste. La Minah se demanda vaguement si elle allait être fouettée pour avoir terrorisé une gosse au sang bleu. Mais la maîtresse était de nouveau assaillie par ces perfides petits moulins épineux. Sus ! Sus à la Beste !

Allez vous faire peler l'troufign... Non ! NOOOOOOON ! Ils... Ils sont trop nombreux ! Te... Tenez bon m'dame Scath ! Fuyez tant qu'il est encore temps ! AAAAaaaaaargh ! Je les retiens !

Son bras et demi brassant l'air avec conviction, son petit visage sale défiguré par quelque grimace tragique... la Minah se sentait d'humeur à brûler les planches. Mais déjà le public l'avait devancé en matière d'incendie et était captivé par une autre scène. Avec un seau sur la tête (sans doute pour cacher son assassinat capillaire).

Bordel de foutrecouille ! Qu'elle garde le coup du feu au cul pour son époux, non d'un chien ! La crasseuse bondit sur ses pieds, abandonnant les hérissons à leur invasion aérienne.

Arrêtez m'dame Sc...! Groumpf. Gueule trop pour m'entendre.

Et le feu qui commençait à une faire une traîne de mariée d'enfer. Vite ! Faire quelque chose ! Fébrilement, le regard de la gueuse tomba sur l'eau sale du bain, que la chambrière avait laissée là. Mais le baquet était trop lourd pour être trimbalé et jeté à la tête de son prochain. La Minah tourna dans la pièce à la recherche d'un récipient.
Ah ! Parfait ! D'un geste vif, l'écuyère attrapa le pot de chambre qui traînait dans un coin. Remplir et... Vite ! Vite !

J'arriiiiiiiiiive !

Course effrénée derrière l'enflammée.
Plarf.

L'eau sale laissa un filet de fumée noire sur la robe de noces. Lequel avait déjà creusé son trou dans les riches tissus, comme un terrier douillet.
La gueuse pencha la tête de côté, observant le désastreux résultat. Puis, au cas où le feu repartirait, elle couina :

À l'aide ?
_________________
Volkmar


[Quelques minutes avant la fin du monde...]

Dans un bel ensemble, les rouges picolaient du vermillon, et s'en trouvaient bien, encore.
Bon, certes, l'un n'avait pas encore atteint la capacité proverbiale de sa dulcinée à vider les cruchon plus vite qu'ils ne pouvaient jamais se remplir.
Et puis il avait commencé avec un sérieux retard en guise de handicap. Si bien qu'à l'arriver de l'insupportable, il avait bu juste assez pour commencer à raconter n'importe quoi, mais pas suffisamment pour ne pas s'en rendre compte. Le moment où on se trouve drôle quoi qu'on raconte, quoi !

"Tiens, Vairon ! J'me disais qu't'aurais pas mauvaise conscience à tenter de venger le coup de poing qui t'avais allongé comme une lavette.. Ahah.. Hum. Ahah !"

Laissant Eric seul juge, pour trancher sur la question cruciale : "l'insulte était-elle dans le jeu de mot, ou dans son caractère déplorable ?", le Rouge (pas Eric, aucun des deux n'ayant d'ascendant viking reconnu) vida une nouvelle gorgée de picrate, et scruta son comparse d'un air de pirate à qui l'on demande de partager son butin. La question, mise aux voix dans l'esprit du forban, ne recueillit pas un seul bulletin positif, et fut tranchée dans le vif. A défaut de gamelle, la taille devrait suffire.

"J'te laisse choisir les armes, eh.. L'outre, ou la lame ? Façon dans les deux cas j't'étale sur un p'tit pain tellement tu s'ras confit dans ta déconfiture !"

Par introspection il aurait pu juger qu'on avait déjà fait mieux, dans la catégorie "provocation prépositionnelles à la bataille de dérangés".
Mais comme il était légèrement gris sur les bords, sans décolorer, il y avait dans tout ça l'avantage de n'avoir à l'esprit les cinq bonnes raisons pour retourner se coucher avant de se rendre à l'évidence. Si tant est qu'il se souvinsse du sens du mot "se rendre".
L'autre avantage dans tout ce fatras, c'est qu'il en avait oublié l'origine, et ne se souciait plus de capillotraction.
Le gros défaut, c'est qu'il en avait oublié le point de départ, et pour ainsi dire, la finalité.
Le mariage était temporairement passé à la trappe avant même qu'on ne pende quelqu'un. Faut croire qu'en parler pendant deux semaines, ce n'était pas suffisant.
Laveau


[Allez viens boire un ptit coup à la maison...]

Laveau se tenait devant le futur Madame le Rouge, sans expression particulière sur le visage autre que celle du gars qui ne demandait rien à personne et dont on venait troubler le repos. Bref, bonne pomme, il écoutait ce que le Vokmar avait de si important et surtout de si urgent à lui dire. Eric s'en faisait déjà toute une histoire, un truc genre révélations exceptionnelles d'un condamné à mort. Oui d'un con damné aussi, j'ai lu dans vos yeux que vous l'attendiez tous...L'information cruciale qui était si hyper que cela méritait qu'un page crapahute dans tout Maurand pour venir le trouver. Eh bien non. Terrible déception. Tout ce que le Vairon put se mettre sous la dent furent les égarements d'un Monsieur Belette passablement éméché. Triste spectacle que celui ci. La vinasse embaumait l'air environnant et d'après ce que le brun pouvait constater, elle commençait à attaquer sérieusement le moustachu. Tout ce qu'il voulait au final c'était se prendre une beigne dans le museau? Aurait il perdu la boule le pauvre? En temps normal, ce n'était vraiment pas le genre de chose qu'il fallait répéter deux fois au chevalier bigarré mais aujourd'hui c'était différent. Sa beigne il l'aura bien un jour, c'était une certitude, mais il n'était pas censé demander après.

Quoi?
Tu me déranges pour une connerie pareille? Je pensais que tu étais à l'article de la mort moi. Quoique...si tu continues sur la voie du rouquin, ce sera probablement le cas d'ici peu. *Levant les yeux au ciel*
Venger le coup de poing qui m'a allongé comme une lavette...Je préférerais encore me faire frire les grelots qu'écouter ce genre de foutrissure. Tu tapes comme une vieille, ma pauvre.

Eric esquissa un sourire avant de se fendre la poire. Pfiou, elle était bien bonne celle là. Mais il sentait bien qu'il se cachait quelque chose derrière ses provocations. Le bougron se mariait dans une poignée d'heure.
C'était peut être cela qui le perturbait...pauvre biquet...et bien que les deux hommes n'étaient pas franchement copain comme cochon, le Vairon oublia cette vaine tentative pour le mettre à bout et vint poser un cul à côté de Volkie.

Arrête un peu de dire n'importe quoi et passe moi le picrate...je ne me serais pas déplacé pour rien.
Déjà ça de gagné...

La paluche tendue, le Vairon attendait le jus et éventuellement ce que le Rouge désirait vraiment.
Isocele




Un mariage, c'est merveilleux. Du moins, c'est ce qu'on dit. Elle ne sait pas bien, la cinglée, c'est le premier mariage auquel elle est conviée. Ce qui est magnifique en revanche... C'est que tout le monde soit si occupé. Point d'Agnès pour lui faire prendre son bain, point de Gaillarde pour lui demander de s'habiller. Isocèle avait bu sa soupe du matin, invariable repas puisque le seul qu'elle s'autorisait à avaler. Avec le whisky.

La paix, donc. Comme souvent, d'ailleurs, une fois que les deux seules personnes qui se sentaient un minimum responsables d'elle avaient fini leur devoir, elle était souvent livrée à elle même. Pour le meilleur et surtout pour le pire. Et ce matin là, Isobel avait décidé de partir à la chasse. Dans sa main droite, non son couteau de boucher fétiche, mais un nouveau jouet qu'elle s'était déniché en cuisine, un superbe tranchoir à viande. Dans la gauche, un petit panier d'osier. Comme à son habitude, pas coiffée, cette fois, pas habillée non plus, si ce n'était de sa chainse de nuit.

Quelques minutes plus tard, la voilà en planque. Dans un arbre. Pour un moment. Sans bouger, car une guerrière digne de ce nom ne craint pas le froid, même si celle-ci n'a que la peau sur les os pour la protéger des frimas de l'automne. Au bout d'un moment, un homme, vêtu de rouge, arrive, et s'assied contre un muret. Bientôt rejoint par un second. Ils discutent, ils vont tout faire foirer. Ou pas.

Peu farouche, un Columba livia (aka un pigeon) vient se poser sur la branche sur laquelle la Saint-Just a pris ses quartiers. Sourire carnassier qui éveille la face de la folledingue, qui s'élance, couperet un avant, et d'un geste leste tranche net la tête du ramier, dans un cri victorieux. Hélas le triomphe est de courte durée. Contrairement au roseau, la branche plie et rompt. Et c'est la chute, le saut de l'ange, dans un grand :

- Hiiiiiiiii !

Et voilà la bâtarde qui s'écrase, dans un craquement d'os et un giclement de sang, à quelques pas de Volkmar et Eric. Morte, Isobel ? Non, increvable, et indemne.

Par contre, on ne pouvait pas en dire autant du corps du pigeon, sur lequel le délicat séant de la Saint-Just avait trouvé à s'amortir.
La_hachette


[Les cheveux s'envolent, la déraison décolle!]

L'office fait, la brunette pouvait présager un répit certain quand aux excentricités de sa maîtresses...mais c'était sans compter sur Minah, qui de sa voix la plus délicate beuglait à tout va après l'armée hérissonnée du coin...La Laisné, en rangeant sa dague dû, facilement, esquiver trois jets de projectiles divers et variés et, subir les charmantes injures qui volaient tout aussi haut que le matériel de coiffure de la Von Frayner.

Se redressant et observant la châtaigne qui semblait s'amuser comme une petite folle, Jeanne ne put que recevoir les cheveux juste tranchés dans sa paume ainsi qu'un ordre avisé de planquer ça dans un coffret quelconque qui n'avait pas encore pris d'ascendance.
Cela faisait un temps que La Hachette trainait dans le sillage de la rouquine, mais elle ne s'était pas encore habituée à ce...cette...ambiance là? Folie? Bref, toujours est il que la taciturne s'exécuta, poussant du pied le peigne qui venait de choir non loin...et grognant dans son menton.

C'est alors qu'un répit sonore survain, le niveau de voix baissa. Par quel miracle s'interrogea -t-elle? Miracle ou...le volte face se fit à la vitesse de l'éclair, trop de calme n'était guère rassurant et effectivement, ce qu'elle avait sous les yeux ne l'apaisa pas!

Entre l'écuyère qui courait attraper un pot de chambre et la belette qui prenait feu...Départ d'une course vitale...Les pas se précipitent, le coeur s'accélère, le souffle se retient...Jeanne saisit Scath par les épaules la maintenant suffisemment de temps pour que l'eau crasseuse éteigne le début d'incendie.Fine équipe que ces drôles de dames de compagnie non? Le regard s'attarde sur une Minahn couinante...

Puis, rapidement, La sombre scrute les tissus précédemment embrasés pour vérifier que plus rien ne s'allumera si ce n'est peut être, et sans certitudes aucunes, la colère de la musteile...L'étoffe est trouée, la toilette beaucoup moins...convenable mais..."qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse"* après tout!

C'est fini Minah! Faudrait voir à changer la robe...si tant est qu'elle ait ce qu'il faut pour l'occasion...M'dame, devriez vous asseoir!

Efficace, précise...la Hachette restait une lame...



* Alfred de Musset
Volkmar


Et la voix du rouquin ne se fit pas attendre pour ne.. Pas répliquer !
Mais quel rouquin ? Car s'il ne s'agit que de faire l’ascenseur, il n'y a pas lieu d'y parler de vieille. Après tout, le mariage, ce n'est pas comme l'adoubement. Ce n'est que le chevalier que la veille frappe aveuglément avant l'heure de chausser des éperons, pas le prisonnier d'un lien virtuellement conceptuel.
Mais la suite du programme confirmait que suivant sa programmation sans faille, la lavette s'échinait à faire suer son monde, triste incarnation d'une serpillère rétive et peu accommodante.
D'un côté... Jamais on a vu, jamais on ne verra une serpillère armée chevalier. Ce qui n'enlevait rien aux qualités d'enquiquineur de luxe du Vairon, talent sûrement travaillé dans l'unique but de pourrir la vie du moustachu en cet instant précis. A moins qu'il ne soit du qu'à une défaillance neuronale d'un des concernés, au grand dam du consterné. Mais le mal était fait.

"Laveau, tu f'chier ! Sérieux, même pas on peut compter sur toi pour passer l'temps !"

Ponctuant son assertion d'une gorgée, il passa ensuite, et finalement, l'outre à son comparse de l'instant qui manquait fort d'être un compadre. Mais de cela, il ne pouvait lui en vouloir. Contrairement aux prétentions du "monsieur propre", le Rouge cognait pour attendrir les coings, et l'autre avait servi de pantin de démonstration à l'insu de son plein gré. Pour autant, manquait quelque chose entre eux, qui aurait du exister, dans un monde parfait.

"T'sais.. C'est Calico qui m'a mis la puce à l'oreille. On est des chevaliers, mais de quoi ? Qu'est-ce qui nous tient unis ? Finalement, on n'se connait pas vraiment hein ? Médite ça, toi le frangin que j'n'ai pas encore."

Il hocha la tête d'un mouvement d'ivrogne aviné, renifla un coup, et entreprit, les idées éclaircies, dans leur bain d'alcool, par ce bref afflux d'air frais, de préciser sa pensée.

"T'devrais t'trouver une donzelle. T'verrais qu'un mariage c'est pas du mou d'chat. Bon, elles tombent pas du ciel, mais 'reusement pour toi, sinon t'finirais en morceau vu comme tu t'étales d'vant une vieille !"

Et pris d'un ricanement moqueur, il ne percuta pas dans l'instant, que le ciel venait de démentir son propos pourtant sans risque, par l'organisation opportune de la rencontre percutante entre Isobel et le sol de la cour. Visiblement, quoique manquant d'orage dans l'air, cette présentation avait porté un coup vif à la jeune fêlée, qui risquait de l'être doublement une fois remise de ses instincts de fruits pourris.
Quand au pigeon, son introduction dans l'histoire semblait devoir n'être qu'un détail sans conséquence, quoi que dramatique pour l'introduit en personne.
A moins que... ?
Hunginn



Tous les chemins mènent à Rome.
Toutes les conneries mènent à Scath.
Plus ou moins.

En ce jour particulier, ce fut au père de la future mariée de pénétrer dans l'Ostal. Dans la cour, il y retrouva un ivrogne moustachu, un emploi aidé d'éducateur aux yeux vairons, une folle étalée sur le pavé vêtue d'une simple nuisette, avec un pigeon décapité qui trônait sur son cul. Il était chez Agnès. Rien, absolument rien ne devait l'étonner.

« Le bonjorn vous va, cher trio des cuisinières poétiques. Sauriez-vous à tout hasard où je pourrais trouver ma fille ? »
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