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[RP] Parapluie pour temps sec*

Letiti
Grmblbl

Encore une fois Titi s'était retourné en grommelant. le sommeil se refusait à lui. Ses préoccupation le tiraillaient en tous sens.
Signe indiscutable que son sommeil était bien agité, son épouse avait renoncé à profiter de sa chaleur pour un bord froid mais calme du lit.

Cherchant une meilleur position, Titi se tourna sur le côté droit. Son esprit ne voulait pas s'arrêter cette nuit.

T'lui a sauvé la vie.. et celle d'sa promise si on en croit c'soldat... Humbert.
Quelle raison il aurait eut d'mentir?!
Non non c'est lui qui t'devrait plutot des écus

Agacé il se retourna de l'autre côté emportant une partie de la couverture:
Ouais mais n'empeche qu't'as failli l'tuer.
L'a du crever d'peur, c'qui explique la somme exhorbitante.
Pis si tu l'as pas tué lui, t'en as eut d'autre non loin.
T'dois t'racheter.

Secouant la tête, le visage grimaçant, il se mit sur le ventre le visage sur le matelas:
Responsable!
T'es responsable d'tout ca!
T'dois t'racheter!
Une invention qui marche pas!
Inutile!

RAAAAHHhhh

De rage il se retrouva sur le dos, repoussant la couverture d'un bras. Finalement ca ne servait à rien d'insister, Morphée lui refusait ses bras. Autant se lever.
Il sorti de sous les couvertures, les replaça correctement, et attrapa celle d'appoint qu'il glissa sur son dos.
Il percut le mouvement de son épouse glissant dans le lit vers la zone qu'il venait de libérer.

Le Maje s'installa devant le petit bureau et alluma deux bougies, l'éclairant à peu près convenablement. Rapidement il coucha sur papier ce qui l'obsédait. Des feuilles furent froissées, mais rapidement les dessins s’étoffaient, faisant naitre les contours de sa nouvelle invention.

Au petit matin, Titi ronflait la joue gauche posée sur la petite pile de plans qu'il avait fait durant la nuit. La couverture avait à moitié glissé de son dos. Il dormait enfin.


Rrrr
Rr
Rrrrrrrr


J.Rouxel, devise shadok, les grandes inventions.
_________________
Letiti
Trognon, je fais partir ces quelques missives.
Tiens jette un oeil.


Il tendit la première lettre:


Citation:
Etienne LaHire, compagnon d'arme,

Je me souviens du temps où tu m'avais promis ton aide. D'un temps où tu étais intéressé par les mécanisme, système de métaux et bois.
Je te propose de participer à la prochaine invention qui nous permettras très certainement de faire irrémédiablement pencher en notre faveur le cours de la guerre.
Je l'ai appelé le "Lance-à-répétition".
Et j'ai déjà trouvé un cobaye pour l'essayer.

Si tu accepte, rejoins moi à la forge de la ville au plus vite.

Majiquement

Titi


D’abord Etienne, tu te rappelle ? Le beau parleur qui était intéressé par mon bateau automatique.
J’aurais surement besoin de lui pour la fabrication de mon idée.

Ensuite cet espèce d’Irlandais, Finn, le futur cobaye. Il doit me retrouver ce soir sur la butte aux abords de la ville. Il pense recevoir les 500écus qu’il me réclamait. Ca devrait suffire à le faire venir. Et il trouvera bien mieux!
Je lui qu’il peut amener son comparse Humbert s’il craint des ennuis, mais pas plus. Il servira de témoin également. Tout ca doit rester plus ou moins secret. Discret en tous cas.


La seconde lettre fut tendue à Linon:

Citation:
Chevalier qui n'aime pas du tout l'eau chaude comme chacun sait,

Je te joints cette missive afin de t'inviter à me retrouver une heure avant la tombée du jour sur la butte à la sortie Ouest de la ville.
Je t'y présenterai le résultats de mes élucubrations qui valent bien plus que les 500 écus réclamés.
Je te propose d'inviter ton ami Humbert que j'ai pu croiser en taverne.
Tu seras ainsi sur que ce n'est pas une embuscade et il sera garant du fait que je ne t'ai pas volé en aucune manière.

Majiquement

Titi


Enfin, j'envoie aussi un mot à la princesse Jusoor. C’est elle qui nous a recrutés. Qu’elle voit de ses yeux ce qu’un Maje royal peut apporter. Je suppose que son plus ou moins grade du corps Erneste l’accompagnera.

La troisième lettre fut présenté pour la lecture:

Citation:
Petite princesse,

J'ai retrouvé un de vos missives que vous m'envoyames. je me permets de vous citer:
Je gage que tes savoirs nous seront fort utiles et t'invite donc à te joindre à nous. Prouve moi ainsi que la confiance que mon père te porte n'est pas vaine et que je peux également me fier à toi sans doute subsistant et de façon pleine et entière.

Et bien je vous propose de vous prouver que mes savoirs peuvent être plus qu'utile en temps de guerre. Retrouver nous donc sur la butte à la sortie Ouest de la ville une heure avant le couché du soleil.
J'y serais avec le volontaire pour cette expérience.

Majiquement

Titi


Je passe te prendre avec Etienne pour assister à la démonstration sur la fameuse butte?

Il sourit à linon assez fier de lui. Puis le Maje rassembla ses différents croquis, les missives et finit de se vêtir. Une fois chaudement habillé et un baiser donné, Titi se dirigea vers sa charrette et fit un rapide inventaire de ses outils situés dans les coffres fixé de chaque côté. Un léger sourire aux lèvres signifiant que rien ne manquait et le petit bonhomme grimpa. Il se dirigea vers la forge de la ville s’arrêtant au marché afin d’acheter les matières premières dont il avait besoin. Principalement, du fer, du bois et du cuir.
Soupesant sa bourse il se dirigea vers le forgeron aux larges épaules :


Bonjour mon brave.
Le serviteur de notre bon Roy a besoin de la forge pour la journée.


Les écus changèrent de main tandis que le Maje continuait :


Tu boiras un coup à sa santé ce soir.

Titi grimaça en voyant les écus s’éloigner. Il allait avoir du mal à continuer à ponctionner Eusaias tant que celui-ci ne serait pas remis. Finalement c’était peut être une excellente idée de convier Jusoor. Peut être pourrait il avoir de nouveaux fonds par le biais de la princesse.

Espérons qu’Etienne traine pas trop…
Et qu’il s’y connaisse en menuiserie…
dit il en sortant ses croquis. Il se tourna vers le forgeron.

J’ai apporté les minerais.
Vous suivrez mes instructions.
Nous allons faire une lame, mais pas de nature à trancher la couenne.
Du moins pas directement.

_________________
Herode
[D'abord]

Le coursier l'avait trouvé au campement de l'Ost, sous la tente ou Etienne et quelques soldats tentaient de tuer le temps en tapant le carton. Bonne occasion de quitter une partie morose comme le ciel de décembre. Etienne avait donc posé son jeu, lâché les deux écus perdus et salué ses compagnons de fortune, d'infortune et, vu le temps qu'il faisait, d'humiditude.

[Après]

- Ha c'est que je le connais, mon lascar au chapeau pointu. Où diable ai-je mis...

Il farfouille dans ses affaires, à la recherche de son vieux carnet de notes. Enfin, carnet n'est pas le mot correct, c'est pour me faire comprendre. Il s'agit en réalité d'une liasse de papiers ficelés par la tranche, à laquelle Etienne ajoute ou retranche périodiquement d'autres feuillets. Il suffit pour ce faire de dénouer la rude ficelle qui les relie non moins rudement, de faire des trous par-ci, des trous par-là et de ré-enfiler le tout.

- Ha, je le tiens !

Rassuré, Etienne s'empare d'une petite boite de noyer vernissé dans laquelle tintent quelques plumes, un encrier, des rivets, une craie, une règle, un compas et une fiole de liqueur abrupte qui vous dévale dans le gosier en grondant comme une avalanche printanière. Enfin, à la montagne, cela va de soi. Car ici, ni avalanche ni neige, juste...

[Ensuite]

... de la salopetterie de boue de mes deux jusqu'aux genoux, voilà comment étaient faites les routes du pays, et même la plupart des rues de la ville quand le temps était, comme ces jours-ci, pluvieux de jour comme de nuit.

- Hé, pousse-toi donc, maraud !

Un ivrogne avachi au milieu de la ruelle l'oblige à contourner l'obstacle en s'appuyant au mur. Sur les côtés, la chaussée perpétuellement humide et en pente légère pour desservir le caniveau central forme des plaques de verglas éminemment traitresses. D'ailleurs...

- Arrrrg ! Pas les roustons d'Aristote, la peste soit des ivrognes et des Angevins !

Zzzzip ! Etienne venait de se faire fort mal au khûl en choyant sans grâce sur son fondement. Heureusement...

[Puis]

... qui dit ivrogne dit assommoir. Aussi est-ce avec quelque satisfaction que notre nivernais constate que son séant navré avait heurté - brutalement sans doute mais non sans quelque pertinence - le seuil sale et un peu surélevé du Cochon qui Gargouille, taverne peu connue et par ailleurs peu recommandable mais qui, à l'instant qui nous occupe, présentait comme avantage d'offrir le confort d'une cheminée en activité et d'un tavernier du même métal.

- Patron, une pinte, et que ça saute !


Ca, pas le genre de choses à dire à portée des oreilles du Maje, le bonhomme était toujours capable de vous prendre au pied de la lettre. Depuis Essoyes, les gars de la Compagnie d'Artus en savaient quelque chose. Heureusement, là tout de suite, le danger était encore très relatif, aussi Etienne s'autorisa-t'il quelques remontants de plus.

- Et remets-moi ça fissa ! Hop !

Il faut dire que notre jeune ami avait un peu le moral en berne ces derniers temps, rapport à la cruauté féminine et tout ça, et que faute de le laisser voir à ses compagnons d'armes (qui du restent n'en avaient rien à cirer), il se laissait aller parfois à siroter un peu de ces breuvages brûlants qui vous réchauffent l'âme autant que le corps. Pas longtemps, certes, mais c'est toujours ça de gagné.

- Patron, une dernière pour la rrroute !

Dans le coin là-bas, deux gars le regardent en ricanant. Ils ont une sale gueule, ce qui n'arrange rien.

- Hé bande de minables, venez le dire ici si vous osez !

[Enfin]

Ils avaient osé.

Aussi, en poussant la porte de la forge, Etienne pouvait-il exhiber fièrement non seulement un joli bleu aux fesses (enfin, celui-là il le gardera pour lui) mais aussi diverses marques sur le visage, une lèvre et une arcade sourcilière fendues, un boitement prononcé de la jambe gauche , une belle entaille au cuir chevelu (les tessons coupent, même si c'est de la terre cuite) et des marques rouges et bleues sur les poings (les bougres avaient la tête dure).

Rarerivavigoté de fond en comble par l'agréable combinaison de cette triple (ou sextidruple, on ne sait plus...) dose de binouze et de la petite explication virile avec les quidams de service, Etienne n'est pas peu fier de n'avoir perdu en cours de route ni son carnet ni sa boite, même s'il a du abandonner sa chemise - déchirée au dernier degré par des mains ennemies - et n'est plus couvert que de sa cape rêche alourdimbibée de pluie.

Il est donc d'une humeur radieuse et dangereusement créative. Là pour l'instant, il brandit à bout de bras le billet que lui a expédié le Maje et il tonne en direction du susdit - et de l'assistance aussi - et il clame d'une voix de stentor :

- Il manque un 's' à 'acceptes', mon petit Maje de mes deux ! M'f'rez cinquante pompes pour commencer !

C'est vrai quoi. Si on ne respecte pas les formes, c'est l'anarchie qui menace. Sapristi !
_________________
Etienne LaHire, dit Herode
Letiti
La porte qui s'ouvre dans un grand fracas. Le Maje mit un moment avant de réaliser que l’hurluberlu qui se tenait devait lui était Etienne.
Faisant un geste au forgeron de ne pas le jeter dehors, il demanda ironique:


J'savais pas qu'on avait combattu hier soir...
C'est une drolesse qui vous a mis dans c't'état?


Il avança son bourdon à la main et un sourire mielleux aux lèvres.

Cinquante pompes dites vous?

Il hésitait. Ou allait il appuyer la pointe de son bourdon. Le visage était tentant au vu des jolis couleur dont il était paré, mais ca aurait été un peu trop. Le bougre boitait en entrant. Il choisit un léger coup sur la cuisse.

Parait que pour qu'il y ait le moins de mécontents possible il faut toujours taper sur les mêmes...*
Le concept est quand même sacrément poussé à l’extrême dans votre cas...


Titi tenta de ne pas trop rire.
Le Maje se tourna vers le forgeron:


Faites moi chauffer tout ca.
On a du métal à fondre.
Pendant c'temps mon ami et moi allons discuter d'la suite.
'fin s'il est encore capable de quelque chose...


Titi dégagea un coin de l'atelier et y déposa quelques uns de ses croquis. Sans prendre la peine d'indiquer à Etienne de le suivre. Il commença ses explications:

Voyez une selle.
Bon ben on va un peu l'agrémenter.
Vu que c'est assez près du cavalier, j'ai pour le moment laissé tomber les explosifs.
On y r'viendra p'tet.. qui sait.

Y nous faut faire un cadre de bois. La souplesse s'associe à la force pour amplifier la force guidée par l'air.
Vous m'suivez?
Vous avez des rudiments d’alchimie n'est ce pas?!


Il posa un œil interrogateur sur le balafré. Dans le doute il continua dans un registre plus simple.

Donc de même, quelques renforts en bois.
Le guidage et le maintien se fait par des bouts d'cuir.
Et la puissance et le mécanisme de déclenchement est réalisé par des lames de métal renforcé.
Not'bon ami commence le travail, faudra que j'l'aide pour avoir de la bonne qualité.
Dommage que nous n'ayons pas mon installation hydraulique...

La donc tu vois à partir de ce plan la, on va...


Titi s’interrompit en fronçant les sourcils. Le bougre semblait avoir le plus grand mal à suivre. Le Maje se dirigea vers un seau remplit d'eau qui devait servir à la trempe. Il tapota le bord avec son bourdon:


La tête la d'dans et vite.
Sinon t'seras vraiment bon à rien!


* J. Rouxel, on y est, on y reste^^
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Finn
Maudit vieux fou...

En plus de le tutoyer allègrement comme le dernier des vauriens, voilà qu'il le convoquait. Comme s'il n'avait que ça à glander de ses soirées. Qu'avait-il en tête, encore ? Cela ne lui avait-il pas suffit de brûler la queue de son cheval ? Souhaitait-il finir le travail ?

La raison invoquée avait tout pour le séduire mais il ne pouvait décemment accorder sa confiance aussi aisément à un Angevin. C'était bien la porte ouverte à toutes les fenêtres.

Repliant le billet dans son gantelet, l'Irlandais reporta son attention sur le chevalier de Bouillon, le camarade Humbert, qui était lui aussi invité, semblait-il.


- « Ca vous dirait de rigoler un peu ? »

Il savait le Savoyard friand des bouffonneries du Maje.
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Herode
- C'est une drolesse qui vous a mis dans c't'état?

Alors là, justement, la remarque tombait on ne peut mieux car Etienne avait une histoire toute prête pour expliquer cela !

- Letiti, tu es trrrrop fort !!! Comment as-tu deviné ? Mais pas une drôlesse figure-toi! C'est qu'elles n'étaient pas moins de quinze ! De jeunes biches au corps souple et aux formes généreuses, avides d'amour et d'absolu ! Mais je leur ai répondu comme ça : "mesdemoiselles, je ne veux pas abuser de votre innocence : vous aurez peut-être mon corps, mais mon coeur n'appartient qu'à...". Et là, devine ce qu'elles m'ont répondu, ces coquines ? "Ha mais le coeur, on s'en fiche !" Haaa, les filles... Du coup, j'ai bien été obligé de défendre férocement ma vertu avec...

Mais ? Quoi ? Ce Maje insolent venait non seulement de lui asséner un (léger) coup de bâton sur son pauvre genou tout scoubidou mais en sus, tout occupé par ses affaires, il lui tournait déjà le dos en ânonant sans le moindre égard pour la détresse provisoire d'Etienne une série superlative d'instructions cabalistiques ?

Et puis ce bougre de Letiti parlerait-il araméen ou hébreu ? Voire serbo-croate, si jamais quelque asmodéen démon s'estoit emparé de son âme pécheresse ? Voilà des hypothèses qui avoient de quoi quoi vous faire dresser les cheveux sur la teste, comme on disoit en ces temps-là.

Allez donc faire preuve de créativité face à de pareilles brutes, hein !? Haaa, les hommes...

- Ha... oui... marmonnait Etienne en essayant désespérément de suivre le flot enthousiaste des théories du génie au chapeau rouge, le cadre du cavalier, la souplesse de l'air, les rudiments du bois...

Bien sûr bien sûr. Tout cela était aussi lumineux qu'un ver luisant enrhumé au moment du rut, ce qui n'est pas peu dire mais pas vraiment trop non plus. Heureusement, Letiti, comme tout vraie génie, finit par prononcer les paroles salvatrices.

- La tête la d'dans et vite.
Sinon t'seras vraiment bon à rien!

Et Etienne de plonger avec vigueur une tronche spiralée de vapeurs d'alcool dans l'eau glacée du baquet.

Euréka ! s'exclame-t-il in petto en constatant par la simple variation de pression sur ses joues que la masse d'eau (glacée) déplacée a vraiment un poids exactement équivalent à la force s'exerçant verticalement (et vers le haut, la coquine !) sur la tête immergée pour tenter de la faire flotter (nonobstant le différentiel négligeable dû à l'évaporation de l'alcool).

- Heuégalaimecédeu ! beugle-t-il en se redressant, tandis que de longues guirlandes de gouttelettes s'éparpillent dans les airs comme si elles voulaient prouver la justesse du slogan.

Rien de tel, lecteur, qu'un bon bol d'eau fraîche pour vous remettre les idées en place. Aussi Etienne commence-t-il enfin à rassembler ses esprits et les paroles du Maje parviennent-elles à présent à se frayer un chemin vers les zones décisionnelles de son néo-cortex encéphalo-éthylique.

- Attends, je note...

Le nivernais remet la main sur son carnet et entreprend de tracer quelques croquis qui, faute d'être absolument artistiques, n'en sont pas moins - voire d'autant plus - utilitaires.

- Mais l'épaisseur de la lame gouverne sa flexibilité, donc l'impetus communiqué au projectile. Tu comptes lancer quoi, au juste ? Des crapauds écrasés ?
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Etienne LaHire, dit Herode
Saanne
Il faut dire ce qui est, trimbaler une armée sur les routes, c'est un coup à faire des taverniers heureux à chaque escale... Et les deux métèques, malgré leur réputation de pingres notoires, n'étaient pas les moins généreux sur la question. Rien d'étonnant donc à retrouver nos deux comparses dans un troquet local à diluer leur whiskey dans ce qu'ils auront bien pu trouver de potable à boire...

Mais puisqu'il faut bien un peu d'eau (non pas pour boire mais) pour alimenter le moulin de leur distraction, on pouvait bien compter sur une intervention extérieure parmi les têtes brûlées de la compagnie...

C'est du moins ce que se dit l'Humbert en voyant son ami maugréer à la lecture d'une missive, et dont les quelques injures qui filtraient entre ses dents évoquaient le souvenir de l'affaire du Maje Royal.
L'irlandais confirma d'ailleurs les extrapolations du savoyard, non tant par le ton mielleux de son interrogation que par la lueur qui s'illumina dans son regard et à laquelle on flairait les implications pécuniaires.
Le chevalier piqué par la curiosité s'adossa nonchalamment à son siège :
« Rigoler bien sur ! Mais qu'avez-vous donc de si affriolant à proposer ? » Déclama-t-il en gratifiant son vis-à-vis d'un large sourire.
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Letiti
Heuégalaimecédeu !

Titi, dépité, secoua lentement la tête, les yeux baissés. Mais qu’est ce qui avait bien pu lui passer par la tête de l’appeler ?! Il tacha de remettre le bougre dans le droit chemin de la création et de la science. Il s’agissait de ne pas raconter n’importe quoi pour commencer.

Ecoute, on s’en fiche pas mal de savoir si Heuégal préfère Cédeu ou Lorentz.

Il allait continuer à tancer le bougre quand celui-ci sorti un calepin tout à fait bien pensé. Curieux le Maje leva les yeux par-dessus son épaule, ouvrant légèrement la bouche à la merci de la première mouche qui aurait survécut au froid glacial de l’hiver. Il tacha néanmoins bien maladroitement de ne rien montrer de son intérêt. C’était lui le chef ici. Fallait faire montre d’autorité et de compétence. S’il était impressionné par la première surprise venue il finirait comme un lapin sous les feux de la torche d’un cavalier.
Au moins Etienne semblait il intéressé et pas aussi ignorant qu’il paraissait.


Tout à fait. Nous avons besoin d’une lame parce qu’elle a les meilleures caractéristiques: elle allie raideur et flexibilité pour donner le plus grand impetus possible.
Et non, nous allons laisser les crapauds. N’as-tu donc pas lu ma missive ?!
Nous allons fabriquer une « lance-à-répétition » ou « lance-lance », ou « lance-carré » à moins qu’on ne le nomme « quadrature-de-la-lance » bien que je pense que les plus basiques l’identifieront sous le terme de « perforateuse-faucheuse ».


Le petit bonhomme marchait de gauche à droite en parlant tout haut. Entre deux noms il frottait sa courte barbe mitée pour déclamer la nouvelle idée par un bras levé et un visage éclairé. Finalement il s’ébroua et revint à Etienne :

Tu comprends ?!

Comme si une quelconque explication pouvait s’être nichée au sein de sa tirade. Titi en était sûr, c’était déjà ca. Après un nouveau coup d’œil au calepin, il sorti le premier croquis de la masse de papier qu’il avait posé sur l’atelier :

Voiiiiila !
Le système va devoir être fixé sur la selle du canasson… destrier.


Le doigt parcourait le croquis tandis que les explications suivaient :



Donc le cadre de bois, ainsi qu’une perche du même matériau – question dilatations différentielles crut-il bon d’ajouter doctement même s'il n'avait dans les faits aucune réelle idée de ce qu'il racontait – partant du côté gauche pour ne pas gêner le cavalier et ses moulinets d’épée, et une lame en métal un peu plus longue avec une encoche en cuir. L’autre lame métallique que tu vois là servira de cale.
Attends on voit mieux…ici !


Il sorti un second croquis :



N’est ce pas que j’ai de vrais talents de dessinateur! Continua-t-il dans un sourire satisfait.
Donc après avoir tiré en arrière la lame, celle-ci est maintenue en tension grâce à la cale justement. L’encoche et la bande de cuir reposant en bout de la perche de bois sont à peu près alignées normalement.
Reste à se procurer une lance et ca donneeeeee
Ca !


Il brandit le dernier croquis en bombant fièrement le torse :



Tu vois la lance repose entre l’encoche et la bande de cuir la.
Bon en pratique on se servira de la lance pour armer le système a priori.


S’échauffant, Titi commença à mimer le cavalier sur son cheval, les rênes dans une main, l’épée dans l’autre :

Tu vois…
Pataclop pataclop
Le chevalier taillade quelques malandrins passant trop près de son épée.
Schlack ! Schlack !
Puis il voit un groupe plus compact devant lui.
Il plisse les yeux en se disant que ce sera plus compliqué.
L’épée tombe donc de toute sa force sur la cale.

Schling !
Zouiiiiift !

La lance s’envole à l’horizontale et atterrit.
Blam !
Dans le torse d’un malandrin, le traversant de part en part.
Les autres terrorisés s’égaient en tous sens, il ne reste plus qu’à les courser allègrement.


Le Maje en était lui-même essoufflé, mais il s’agissait de terminer la démonstration avec une variante :

Si l’on a d’abord accroché l’extrémité de la lance à la selle du cheval, le chevalier aura donc loisir de trainer la dépouille de droite et de gauche, fauchant l’infanterie qu’il n’aurait pas abattue à son passage.

Il s’épongea le front de sa manche terminant sa démonstration en sueur. Evidemment de mauvaise foi il conclut :

C’qu’elle chauffe c’te forge.
On s’y met ou t’as d’autres questions ?
Au fait t’sais faire quoi d’tes dix doigts ?


C’était pas le tout mais s’il l’avait fait venir c’est qu’il y avait besoin de mettre la main à la patte s’il voulait que tout soit prêt à temps.
_________________
Herode
Etienne avait bien apprêté un velin pour y noter comme il pouvait les explications du Maje. Mais les dieux sont parfois bienveillants et il sera dit cette fois qu'il économisera quelques deniers : le bonhomme sort une série de plans du fatras qui encombre la table et entreprend de les commenter.

- A la bonne heure ! Un petit dessin vaut mieux qu'un long discours... se dit in petto notre nivernais, bien forcé de constater cependant que dans l'esprit enfiévré du Maje, l'un n'empêche l'autre aucunement.

Toujours est-il que le dispositif semble viable au premier abord. Etienne en convient d'autant plus facilement que l'ensemble, destiné à équiper une selle, donc à affliger un cavalier, ne présente pas de risque immédiat pour lui, modeste archer ou fantassin. Du moins tant qu'il s'arrange pour ne pas se trouver à proximité de la machine infernale sur le champ bataille...

- Ha, voilà une machine fort ingénieuse, camarade Letiti. On voit immédiatement qu'elle allie force et légèreté, puissance et versatilité ! J'admire de surcroît sans réserves cette manière implacable dans le croquis d'organiser autour d'une selle tes perspectives cavalières !

Un sourire lui échappe-t'il à ce moment là ? Il est difficile d'en juger, lecteur, car notre ami enchaîne aussitôt avec le plus grand enthousiasme.

- Evidemment, il faudra pratiquer dans le ressort une série d'encoches permettant d'assurer fermement la cale et même de choisir, selon l'encoche et la longueur de ladite cale, le degré de tension affecté au projectile. C'est extrêmement astucieux, je n'y aurais pas pensé moi-même. Mon ami Letiti, le Royaume vous devra bientôt une fière chandelle !

Les yeux dans le vague, un doigt pointé vers le plafond, Etienne semble soudain plongé dans un abîme de réflexions.

- Bien sûr, cette machine ne pourra être utilisée que par les droitiers. D'un autre côté, un cavalier gaucher pourrait monter le dispositif à l'envers et aborder le champ de bataille à reculons, ce qui lui permettrait de disposer de la puissance de feu tout en surveillant ces arrières. Trrès élégant ! Mais... hmmmmm.... enlève-moi d'un doute : si on arme simplement la machine en poussant sur la lance, l'influx animal va communiquer ses vertus motrices au ressort à proportion strictement arithmétique de raison voisine de 1 et des poussières, il en va donc de même de cet impetus ravageur dont nous escomptons qu'il sème chez l'ennemi l'effroi et la consternation. N'est-ce pas ?

Etienne saisit le dernier plan du maje et, copiant grossièrement le schéma sur une page arrachée à son carnet, il trace à l'arrière de la machine une sorte de S fort allongé au coude duquel il ajoute roues, et à la queue duquel flèche.

- Donc à moins d'utiliser plusieurs hommes pour armer le lanceur, le gain de puissance par rapport à un jeter simple sera certes notable, mais pas aussi éblouissant que cette géniale invention le mérite. Par contre, si tu ajoutes à l'arrière une série de deux ou trois poulies en mouflage et une corde solide pour exercer une traction armant le ressort à rebours, le cavalier pourrait armer et ré-armer lui-même sa machine sans même descendre de cheval !

Etienne se redresse, radieux, et soulève le petit Maje dans ses bras et dans un grand élan d'amitié éperdue.

- Letiti, mon frère ! Tu es notre Pythagore bourguignon ! Notre Archimède au chapeau ! Notre sauveur ! Allons, quand commence- t-on ? Ou est le bois, déjà, il va falloir faire un cadre qui ne se disloque pas au premier coup. Et est-ce qu'on a à boire aussi ? Fait une chaleur du diable dans cette forge (nonobstant le fait que ce bougre utilise encore un vieux soufflet à main pour attiser son foyer, tsssss, quelle honte ! avec tous les progrès qu'on a fait de nos jours. Enfin...)

Levage d'yeux discret et accablé pour inviter le Maje à partager son indignation. Non vraiment, cette résistance artisanale aux derniers progrès de la technique a de quoi effrayer un esprit aussi froid et rationnel que celui de nos deux compères, n'est-ce pas ?
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Etienne LaHire, dit Herode
Letiti
Titi buvait du petit lait tant le jeune Etienne était enthousiaste devant l’idée de création qu’il lui avait exposé. Il passa même sur le terme fort mal choisi de « camarade » et ne fit que grommeler pour rappel un :

Ma-je Titi…

Tant et si bien qu’il ne relève pas le jeu de mot ironique pratiqué par son interlocuteur pour rapidement froncer les sourcils à la mention d’encoches. La grimace est bien vite transformée en bouille très satisfaite. Il daigna même hocher la tête d’approbation quand vint l’idée du royaume lui devant reconnaissance.
C’est à ce moment que le jeune homme de gout fit place à un impudent blanc-bec se permettant d’émettre critique et proposition d’amélioration.
Citriques ?! Améliorations ?! Sur son parfait concept ?!
Vexé comme un pou, Titi écouta les lèvres pincées. Le pire du pire, infinie trahison, c’est qu’il n’avait pas tort le bougre ! Il aurait encore été acceptable qu’il sorte des âneries pour mettre en valeur le Maje ! Le coup d’œil à peine jeté de Titi au croquis gribouillé sur le calepin finit d’achever notre inventeur. A la flèche dans la jambe venait s’ajouter le couteau dans le dos.
Il ne pouvait s’empêcher de voir l’énergie débordante d’Etienne, sa vitalité, son enthousiasme même dans la critique, sa … jeunesse…
Le Maje eut une pensée pour ses cheveux poivre et sel, son corps qui n’était plus tout à fait le même, ses enfants qui grandissaient…


Titi s’ébroua mentalement. Pas question de se faire pousser dans la tombe si vite !
Et comme s’il voulait se rattraper du profond désarroi dans lequel son discours avait plongé Titi, Etienne entreprit de le flatter une nouvelle fois avec encore plus de vigueur. Et en le soulevant de terre !
C’en était trop !
Quand Titi réussit enfin à se dégager et écouter jusqu'aux ragots d'Etienne, il afficha un regard sombre. Les deux mains avaient saisies son bourdon. Il allait rejouer le tour effectué devant Eusaias. D’un mouvement sec il tapa fortement la pointe du bourdon sur le sol. Les pierres enchâssées au pied du bâton et écartées par un ressort vinrent en contact et lâchèrent une étincelle qui l’embrasa du bas vers le haut. Après chaque utilisation, Titi badigeonnait son bourdon d’huile inflammable mélangée à un peu de poudre, de telle sorte que le feu partait vite et cessait tout aussi rapidement. Il ne fallait pas oublier de mettre ses gants avant chaque utilisation. Titi avait bien des gants grâce à l’hiver, mais qu’il avait posé pour les explications et à cause du feu de la forge. Une fois la flamme remontée, il fit un grand mouvement circulaire et sec du bâton pour éteindre encore plus vite le feu.
Titi serra les dents, il ne fallait pas briser cet élan d’autorité par un couinement de fillette.
Tandis que le feu s’éteignait, le bourdon à la vertical devant lui, ses yeux rivés sur ceux d’Etienne, il tonna d’une voix grave :


C'est Maje Titi !

Quel abruti ! Gémit il pour lui-même. Il n’avait qu’une envie, mettre ses mains dans le seau d’eau froide.
Une fois la démonstration faite, Titi s’était néanmoins radouci. Il avait réaffirmée son autorité, Etienne semblait compétent et surtout il ne ménageait pas de compliments pour lui. Aussi lui adressa-t-il une taquinerie tout en tachant de poser le bourdon et de remonter ses manches sans paraitre trop pressé :


Et tu n’pense pas avoir déjà assez bu ?!

Il plongea ses mains douloureuses dans l’eau manquant laisser échapper une larme de soulagement. Il entreprit de se frotter les bras. C’était plutôt étrange de se laver mains et bras avant de se mettre au travail, mais il passait pour un original, donc aucune suspicion inopportune ne devrait apparaitre.
Tout en se frottant lentement les avant bras, se délectant de l’eau froide, il répondit du ton de la confidence et se voulant sage :


Que veux-tu, la résistance au progrès des gens est catastrophique.
Il faudra bien qu’il s’y mette.
Il ne pourra pas toute sa vie mettre autant d’énergie dans son soufflet ou sur son marteau.
Nécessité fait loi.
Il aura un soufflet et un martinet hydraulique sous quelques années je t’en fais le pari.


Il jeta un œil discret à ses mains en se redressant. Ca n’était pas trop grave. Titi avait eut tellement de brulures au cours de ses diverses expériences, qu’un simple coup d’œil lui suffisait à un diagnostic fiable. Il reprit un ton docte continuant à commenter les paroles du jeune:

Bonne idée en tous cas que tu as eut.
Je voulais effectivement voir si tu pouvais réfléchir un peu par toi-même.
Me voila rassuré, mon intuition sur toi était tout à fait bonne
ajouta-il arrivant presque à se persuader de ses intentions imaginaires.

Je ne pense pas que plusieurs encoches soient une bonne idée. Elles fragiliseraient la lame qui ne pourrait donc plus donner tout son potentiel d’impetus sans se briser. Mieux vaut privilégier une force destructrice maximale.
Tu es d’ailleurs d’accord avec ton démultiplicateur d’effort.
Relions la corde à une crémaillère à manivelle fixée à la selle. Ainsi le chevalier aura tout loisir de remonter simplement, sans effort et même en plusieurs temps le mécanisme. Il lui suffira de désengager la crémaillère une fois le système armé.


Un grand sourire était revenu sur les lèvres du Maje maintenant que tout était clair. Il tapa un grand coup dans le dos d’Etienne et regretta aussi vite son geste, sa main le lançant aussi sec.

Tu as l’air d’être au point pour le cadre. Ne lésine pas en renforts.
Je vais m’assurer que notre ami élimine bien toutes les scories de la loupe et homogénéise tout cela.
Il ne faudrait pas qu’il bâcle le corroyage.

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Herode
- Parfait, camar... heu, Maje Letiti ! Commençons sans tarder alors !

Etienne sourit. Il a appris depuis longtemps qu'il faut savoir ne pas trop secouer les gens. Sa tendance naturelle à osciller rapidement entre des états d'euphorie contrôlée et des postures de froide concentration n'est pas pour rien dans la réputation un peu sulfureuse qui s'attachait à ses pas, du temps où il vendait ses bras comme mercenaire. Il s'agit cependant de ne pas excéder la résistance des interlocuteurs, du moins tant qu'un affrontement direct n'est pas envisagé.

Le jeune homme observe maintenant le Maje qui regroupe ses plans en pérorant. Pour quelque raison mal élucidée, le bonhomme lui plaît. Non qu'il lui rappelle quelqu'un de sa vie passée : des phénomènes comme Letiti, heureusement pour le Kosmos, aimable lecteur, il n'en traîne pas tant que cela. A bien y réfléchir, tandis que lui-même extirpe de son carnet une nouvelle feuille pour y apposer quelques cotations, Etienne se dit que c'est peut-être est-ce le côté rêveur du savant vieillissant qui le touche.

En outre, l'alchimiste mécanicien semble posséder de nombreuses connaissances , or Etienne est toujours avide d'apprendre. Ses années à Paris sous les ordres et la houlette du vieux Gallileo ont éveillé en lui le goût des sciences et des questions. Le vieux grigou lui a appris bien des choses, certes, mais un peu dans le désordre. Etienne sent que pour mener à bien ses projets, il lui manque encore quelque pratique et quelques théories. Aussi, de son point de vue, la fréquentation du Maje présente-t-elle de nombreux avantages.

Mais dans l'immédiat, il s'agit se passer aux choses sérieuses et de préparer les assises de la machine infernale.


- Alors, pour les dimensions exactes du châssis...

Etienne entame derechef avec son atrabilaire employeur, dont émanent encore quelques viriles odeurs de poils grillés, une discussion vigoureuse sur les mensurations à donner aux différents éléments. La précision s'impose ici et quelques figures géométriques permettent de distribuer hardiment l'espace autour de la matière. Etienne appose discrètement sur son schéma quelques annotations concernant les lignes de traction à prévoir. Les contraintes qui vont s'exercer sur les différents montants doivent être anticipées afin de les renforcer utilement.

- Là par exemple, avec la crémaillère à manivelle, deux équerres de portage pour répartir la traction...

Montants, éclisses, rivets, équerres, traverses, chevrons, clous, marteaux, scies, compas, poinçons, il n'y a plus qu'à fourrager là-dedans pour en tirer la substantifique moelle.

- Abec tout cha, crachotte Etienne un marteau à la main et une douzaine de clous coincés entre les lèvres, chi on boute pas Anglois et Anvevins hors de Franche, ch'est à déjespérer de la Dibine Probvidenche !

La suite se perdit dans le fracas des marteaux. Celui du forgeron, tout occupé à cingler la matière souple et incandescente dont il allait tirer le fer divin, n'était certes pas le moins bruyant.
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Etienne LaHire, dit Herode
Letiti
La crise était passée. Le jeune aide et le Maje se mirent au travail, échangeant avec intérêt et enthousiasme sur les divers options de conception et fabrication qui leurs étaient offertes. Titi était ravi de pouvoir enfin échanger avec quelqu’un qui comprenait ses idées et activités. Les allers-retours entre croquis et pièces étaient permanents, les discussions animées. Le temps défila chargé de frénésie, le prototype s’achevait.
S’essuyant les mains, un sourire satisfait aux lèvres, Titi contempla leur création :


Voila qui me semble parfait !
Il est d’ailleurs temps d’y aller, sans quoi les invités vont poireauter dans la bise tourangelle.
Pas sûr qu’ils apprécient outre mesure…


L’ensemble fut chargé dans la charrette du Maje puis recouvert d’une bâche. Titi prit les rênes et se tourna vers Etienne :


Grimpe donc, on va trouver not’cobaye.
Ah oui, charge ce ballot d’paille aussi.
A moins que tu ne veuille jouer les cibles.


Un grand sourire était collé sur la trogne du petit bonhomme. Sourire qui traduisait sa satisfaction devant le travail accomplit, la boutade hilarante selon son point de vue et l’anticipation de l’essai par Finn. C’était toujours beaucoup plus amusant de voir un autre tester une machinerie potentiellement mortelle.


[Hors de la ville, sur une butte dégagée, fin de journée]

Le chariot tiré par une carne fatiguée, aimée du Maje pour sa placidité, grimpa la colline. Aussi inquiet qu’enthousiaste, le conducteur tachait de faire accélérer la charrette. Il cherchait des yeux les autres invités potentiellement déjà arrivés. Il espérait qu’ils viendraient effectivement. Jusoor lui avait confirmé sa venue, mais pas Finn. Il lui avait promis quelque chose ayant une valeur de plus de 500écus. Vu l’insistance du bougre pour toucher cette « compensation », Titi aurait été très surpris de le voir manquer cette convocation, mais qui pouvait dire comment pouvait réagir un irlandais même pas françoys ?!
Il fallait que Jusoor soit positivement impressionné par l’invention et que l’irlandais arrête de lui réclamer de l’argent. Il murmura un sourire aux lèvres :


Maje royal…
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Herode
La journée tire tranquillement à sa fin, assez précoce en ce début d'hiver, cela va sans dire. Le Maje n'a cessé de grommeler et de s'agiter tandis que l'attelage progressait, cahin-caha, sur la route maussade qui mène au sommet de la colline. De toute évidence, le services de voirie ne sont pas plus efficaces aujourd'hui qu'à l'époque de Frédégonde la Sanguinaire, que le Très-Haut l'aie en sa Sainte Garde (et s'en tienne à l'écart autant que faire se peut).

Le sommet de la colline offre un avantage certain : il est assez dégagé pour que l'on puisse y manoeuvrer sans peine un attelage expérimental. Il présente l'inconvénient corolaire : il est assez dégagé pour qu'un échec (ou une plus improbable réussite) soit aisément visible par les gardes postés sur les remparts de la cité.


A condition que les gardes gardassent, bien entendu, ce qui n'a rien de si évident. D'expérience, Etienne sait combien la milice peut être peu fiable tant l'attrait (bien compréhensible) des proches tavernes et la silhouette (forcément mystique) des filles dans les rues avoisinantes peut, parfois, distraire l'attention avinée du veilleur.

En même temps, que celui que n'a jamais roupillé pendant sa garde leur jette la première pierre...

Et à propos de pierres, en voici une qui fait durement craquer l'essieu. La charrette s'immobilise soudain dans un grand gémissement de bois maltraité. Etienne saute au pied du véhicule et se penche sous la caisse.

- Il était temps qu'on arrive, camar... Maje Letiti ! Ce [biip] d'essieu vient de rendre au Saigneur sa vilaine âme ligneuse. Nous ne ferons pas un mètre de plus sans rafistoler...

Heureusement, comme on vient de le dire, il ne s'agissait plus que de parcourir une dizaine de mètres pour rejoindre l'endroit que désignait Letiti d'un bâton aussi impérieux que compulsif depuis quelques instants. Alors, s'arrêter ici ou là quand si peu de choses séparent le lieu désiré du lieu imposé, est-ce si important ? Selon Etienne, fort peu et le jeune homme, une main en visière, d'explorer les environs du regard.

- Tes invités sont à la bourre, patron !

C'estoit derechef assez prévisible : l'un d'eux est irlandais, il doit donc être en train de se pochtronner dans la plus proche taverne. L'autre est la merveilleuse Jusoor, elle doit donc être en train de tyranniser l'une de ses servantes pour apprêter la dernière touche de fard et le dernier voile de satin qui réhaussera (comme s'il en était besoin !) la morsure boisée de ses yeux délicieux. Haaa, Jusoor ! Etienne espère bien que la jeune princesse ne tardera point trop car pour tout dire, l'idée de lui faire un brin de cour le motive bien plus que celle d'assister à la périlleuse démonstration de l'invention du génial Letiti.

- J'espère qu'il ne vont pas trop tarder.

Surtout qu'il commence à faire feucking froid, camarade lecteur.
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Etienne LaHire, dit Herode
Letiti
Voila l’endroit enfi…

CRAC !

Bordel à cul d’tourangeaux !


Le petit bonhomme reprend contenance, redressant le chapeau qui avait intempestivement glissé sur ses yeux durant la manœuvre ô combien périlleuse qui avait consisté à compenser l’arrêt assez brusque du véhicule par un mouvement empli de grâce et de distinction. Une fois que la jambe levée afin de d’assurer son équilibre et l’horizon dégagé de toute trace de chapeau, il se tourna vers Etienne qui avait déjà sauté du véhicule.
Les jeunes, tellement impatient, ne peuvent s’empêcher de foncer aux conclusions plutôt que de correctement supporter un accident désapprouva mentalement le petit Maje.


Fichu essieu !
Le point de vue est beaucoup moins joli d’ici.
Tant pis pour la dimension poétique.


Et le moral du grognon Titi n’était pas prêt de s’arranger. Ils avaient sués, travaillés, s’étaient éreintés et tout ca pour que les malotrus ingrats soient en retard. Un bon coup de pied de rage dans l’essieu acheva de le mettre de mauvais poil.

A la bourre ?!
C’est l’moins qu’on puisse dire.
Scandaleux !
Bande de vauriens incapables !
Ces poivrots d’étrangers !
Radins incompétents!
J’m’en vais les écorcher vifs, les dépecer, m’en server de sujet d’expérience!
J’vais les rendre malade pour les soigner !
Les amputer pour tenter de recoudre leurs membres !
Leur ouvrir le bide pour réarranger le tout !
Et je ferai ensuite pareil pour la cervelle !

Rahhhh


Le froid, l’attente, Titi avait trouvé un moyen imparable pour oublier tout cela le temps qu’ils arrivent. Espérons juste qu’il n’y ait pas d’effets secondaires désagréables pour certains…
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Herode
Etienne observe avec fascination la danse frénétique du Maje autour de sa charrette navrée. Le bonhomme dispose assurément d'un joli stock de jurons. Vu d'un peu loin, à contempler les moulinets des membres hauts et bas, le sautillement fiévreux de la créature barbue autour de l'objet de son courroux et toutes ces gesticulations qu'effectue Letiti en direction du véhicule escagassé, on pourrait se croire le témoin de quelque danse sacrale menée par un vieux sorcier aviné, avide de réveiller les démons de la terre, les souvenirs des morts, les feux de la fertilité, bref : toutes ces choses bien utiles - quand elles fonctionnent - dont se vantent les sorciers.

Cependant, un examen objectif de la situation après les quelques dizaines de secondes nécessaires à l'observation, oblige également Etienne à admettre que les incantations du Maje sont fort peu opérantes.

Par contre, ce qui est affreusement certain, c'est que l'essieu ne va pas se réparer tout seul.

- Ta noble colère est légitime, mon patron ! A mon humble avis, tu devrais essayer tout cela sur l'Irlandais. Ce peuple a le cuir endurci, il supporte toutes les catastrophes sans broncher et il renaît sans cesse de la tourbe, égal à lui-même : farouche, endurant et poivrot.

Etienne est passé à l'arrière de la charrette, il commence sans barguiner à en vider le contenu, posant à côté - pour ne pas dire jetant - plus ou moins en vrac les éléments naguère soigneusement rangés là par le Maje.

Pressentant une nouvelle tempête d'indignation du Boutefeu Grognon devant le sort désinvolte que l'on réserve à ses outils, Etienne poursuit sur sa lancée, les yeux fixés au ciel où sont les rêves et les projets.

- Haaa, la Princesse Jusoor... ! quelle créature délicieuse et fragile ! du moins quand elle ne manie pas l'épée pour trancher de l'Angevin et du brigand sur le champ de bataille. Hihi ! Et tiens, puisque nous sommes là avec du temps à perdre, je vais t'avouer quelque chose. C'est qu'en vérité, comme je suis secrètement épris d'Elle - bien sûr - (Etienne a bien prononcé la majuscule, vous pouvez me croire sur parole) et que j'ai décidé de L'épouser plus tard lorsque je serai Comte d'Apothicaire, Marquis de Barrabas, Roy de Navarre et d'Acapulco, cela m'arrangerait fort que tu ne me L'esbignes pas trop. En plus, injuste comme peuvent l'être les femmes, si ça se trouve c'est encore à moi qu'Elle en voudrait !

Le jeune homme, suspendant un instant son labeur, semble se perdre dans un abîme de réflexions. Cela ne dure que le temps d'un éclair songeur et joyeusement mélancolique.

- Puis de toutes manières je serais obligé de donner ma vie pour La défendre, et comment feras-tu pour réparer ton essieu après, hein ?

La question valait au moins d'être posée.

- Tiens, patron, aide-moi donc à vider ce fourbi et allons retirer le harnois au canasson, il va falloir soulever la caisse du malade si on veut en soigner l'axe défaillant. Et au fait, hmmmmm, toi qui t'y connais en femmes, raconte moi ton expérience. Je suis sûr que bien des reines déjà ont défailli entre tes bras ! Alors, comment ferais-tu à ma place ?

Ce disant, Etienne lance en direction du Maje un regard plein d'espoir. Est-ce pour la réponse décisive qu'il va lui apporter, ou dans l'attente d'un coup de main pour finir de vider ce fatras, le doute reste permis.
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Etienne LaHire, dit Herode
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