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[RP] Parapluie pour temps sec*

Letiti
Si le blanc bec est fasciné, le Maje est quant à lui dépité. Dépité du peu de cas que fait Etienne de Ses affaires qui commencent rapidement à s’étendre tout autour de la charrette brisée. Le juste courroux montant à ses narines est proprement estomaqué par l’aveu du drôle. Des prétentions ?! Ce.. enfin.. lui ! Vis-à-vis de la princesse ?!
Procédons avec logique et soyons structuré. D’un léger reniflement Titi commença par répondre :


Mais si jamais elle doit être esbignée comme tu dis, c’est que tu auras commis une erreur. Il est donc tout naturel qu’elle t’en veuille.
Ou oserais tu insinuer que mon projet n’est pas en tout point parfait ?!


Titi ponctua sa phrase d’un haussement de sourcil appuyé défiant son aide de le contredire.
Délaissant royalement la tache entreprise par Etienne de vider la chariote, le Maje s’appesantit sur ses propos, appuyés des deux mains sur son bâton. Il aidait donc, mais intellectuellement. Point trop n’en faut.


La princesse est en effet tout à fait délicieuse, fleurant bon la fraicheur de la jeunesse.
Mais quelle idée que de te vouloir la marier ?!
Si j’étais à ta place j’oublierai tout de ce drôle de projet pour me concentrer sur quelque chose de plus terre-à-terre :
La mettre dans mon lit… quoiqu’il n’y ait pas toujours besoin de lit…


Il se tapota les lèvres, flatté de la grande expérience de séducteur qu’Etienne lui prêtait.

Humm des Reines p’tet pas. On en croise pas à tous les coins de rue.
Mais des duchesses ca oui.
Et c’est tout comme…
Duchesse virginale, duchesse volage… les attentes ne sont pas les mêmes.
Je n'aurais qu'un conseil à te donner et j'suis d'humeur charitable donc il ne te coutera rien:
Surprend la!


Conseil appuyé d'un vigoureux hochement de tête. C'était après tout la seule ligne de conduite qu'il s'était fixé à chaque fois. Chacun faisait avec ses moyens. Il n'était ni grand, ni fort, ni poète, ni mauvais garçon, ni riche, ni noble... Etienne ne semblait guère mieux loti.
Puis sans signe annonciateur, le Maje passe du coq à l'âne:


Alors t'as tout déchargé?!
Bon on le répare comment cet essieu maintenant?!
C'est bien beau de soulager l'axe, mais j'ai aucun renfort pour faire l'pansement...
Et pas question de démonter l'a lance-à-répétition ou quel que soit son nom!

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Ernst.
La Princesse avait reçu une missive demandant sa présence. Son Ombre l'accompagnait. Comment aurait-il pu en être autrement? Il fallait, apparemment, rejoindre le fameux Maje de Bouillon à un quelconque endroit. Fameux, façon de parler, Ernst ne lui trouvait rien de particulièrement impressionnant. Le germain tapota, machinalement, le pommeau de son épée en repensant au chapeau rouge. Il avait suffit que sa protégée lui ait évoqué le sens aigu de la couardise rougeaude ainsi qu'un épisode de traîtrise, pendant lequel, le-dit maltaillé avait bien failli la rendre aveugle, pour que le germain ne l'apprécie guère.

La route s'était faite à cheval, le garde près du corps.

Ils allaient bientôt arriver. Le germain lâcha les rênes de la main gauche et la posa, avec son habituelle fausse nonchalance, sur le pommeau de son épée qui pendait à sa taille. Ernst tourna la tête et regarda sa protégée. Il porta, ensuite, son regard vers le point rouge gesticulant qui grossissait inexorablement. Le blond ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Il se disait que le Maje devait être un adepte de cuisine orientale. Il devrait, peut-être, lui conseiller de moins pimenter sa nourriture. Cela semblait le rendre passablement agité et, au loin et habillé de la sorte, on aurait pu parler de mimétisme.

Le duo approchait et le germain reprit son attitude figée. L'agité rouge semblait avoir trouvé un acolyte. Le teuton devrait surveiller doublement. Sa main gauche glissa insensiblement le long de la fusée avant de prendre appui sur la garde. En cas de danger, le geste serait rapide.

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Jusoor
Sortie ouest de la ville. La butte. C'était ce que le Maje lui avait écrit, et c'était le chemin que la Blanc-Combaz aînée avait emprunté auprès d'Ernst. Le temps de se retrouver tous deux avant de prendre la route vers le rendez-vous fixé, l'heure en était déja passée.

Elle aurait pu en concevoir quelques excuses, mais elle fut soulagée de ne pas avoir à le faire en constatant, suivant le regard d'Ernst, que nul retard n'était, le Maje semblant loin d'être prêt à faire sa démonstration.

Juchée sur le cheval qui s'approchait de l'instigateur du rendez-vous, elle distingua les atours distinctifs d'une carriole immobilisée. Elle arrêta son cheval non loin et se trouva fort amusée de la situation. Adressant un sourire de connivence à Ernst, elle posa pied à terre et lui tendit les rênes. Elle s'approcha du Maje.


Bien du bon soir Maje. Nous voici. J'avais peur d'un retard, mais il semble que je me sois inquiétée inutilement. Elle porta son regard sur l'essieu brisé et reconnut Etienne, juste à côté. Cet Etienne qui lui avait prêté son bras à Dijon et qui n'avait pas failli au bon sentiment qu'elle avait à son égard, lorsqu'il avait favorablement répondu à sa demande de l'accompagner et de prêter son bras au Roi. De cela, elle lui serait éternellement reconnaissante.
Elle le salua d'une inclinaison de la tête et d'un sourire ravi, qu'elle détourna ensuite sur le Maje.


Voila qui paraît bien ennuyeux, mais Maje que tu es, tu sauras évidemment te dépétrer de cet incident. Puis-je proposer notre aide néanmoins ? Disant ces mots elle se tourna à demi vers Ernst.
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Herode
Letiti a écrit:
La princesse est en effet tout à fait délicieuse, fleurant bon la fraicheur de la jeunesse.
Mais quelle idée que de te vouloir la marier ?!
Si j’étais à ta place j’oublierai tout de ce drôle de projet pour me concentrer sur quelque chose de plus terre-à-terre :
La mettre dans mon lit… quoiqu’il n’y ait pas toujours besoin de lit…

Etienne médite quelques instants la sentence. Certes certes, il faut bien admettre que le Maje exprime céans et sans détours une sagesse résolument ancestrale qui, jusqu'à présent du moins, a assuré à l'espèce humaine une descendance ainsi qu'une pérennité sans pareilles. Cependant, il faut reconnaitre et admirer que de temps à autre, troublant le flux d'airain de la nécessité, quelques considérations latérales qui viennent parfois orner de leurs improbable volutes le fer inflexible de la pure Raison.

Aussi Etienne reçoit-il cet avis, aussi autorisé qu'il soit, avec certaine circonspection. Car en somme, mettre Jusoor dans son lit est certes un objectif éminemment désirable, nul ici n'aurait l'affront de le nier. Mais, là est le noeud - si j'ose dire - de la question - si l'objectif est désirable et même nécessaire, est-il cependant suffisant ?

S'il s'agissait d'une simple duchesse, d'une baronne, d'une comtesse, d'une généralissime, d'une Reyne ou même d'une Déesse, d'une juge, d'une marchande, d'une procureur(e), d'une prêtresse, d'une paysanne, d'une catin, d'une passante : soit ! Soit !!!

Mais pour une Princesse ????

Non... vraiment ! Etienne retourne l'idée en tous sens mais l'évidence s'impose : une Princesse, lecteur, et tout particulièrement Celle-Là, ne peut être dignement traitée d'une manière si immédiatement hormonale.

Pour une Princesse, il faut absolument quelque chose de plus résolument céleste, de plus imaginaire, de plus asymptotique !

L'épouser, voilà !

Lui écrire des poèmes épiques en alexandrins qui, au bout de trente mille vers, avoueraient en rimes le désir aussi charnel qu'idéal qui les inspire ! ! La délivrer au péril de sa vie d'un dragon baveux et probablement papiste ! Cultiver des roses à Son image ! Baptiser de Son nom chaque lever de soleil ! Ou peut-être L'enlever ?

Enfin, quoi qu'il en soit, Etienne sentait bien tout au fond de son âme que la solution simple mais triviale proposée par le Maje ne saurait suffire à contenter son désir d'Absolu(e).

Néanmoins Etienne, prudent mais pas téméraire, s'abstient de contredire le Boutefeu Grognon et poursuit opiniâtrement son labeur, soulageant ardemment la charrette de son encombrant contenu.

- Comment on le répare ??? Mais..

Etienne admet que la question est pertinente. A présent, la charrette est vidée de son contenu, lequel gît dans le plus grand désordre aux alentours. D'un coup d'épaule et de reins, Etienne a relevé les brancards et coincé l'appareil en position oblique, mettant à nu et en vue l'essieu dont la coupable faiblesse les met céans en fâcheuse posture.

- ... mais, patron, regarde...

En quelques mouvement arrondis, Etienne décrit du bout d'un bâton de passage le plan qu'il a conçu : étêter l'axe coupable, profiter de l'excès de sa longueur pour enfiler les roues dont l'axe reste offert sans pudeur, planter ci et là en biais quelques gros clous autour desquels telle solide corde serrée, assujettie autour des rayons desdites roues impudiques, s'assurer que les clous ne dépassent pas tant qu'il ne risquent de gêner la légitime rotation de l'axe à la faveur de laquelle le mouvement s'opère, prier enfin cet enfoiré de Très-Haut pour que la cautère sur jambe de bois fasse assez son office et permette de ramener en lieu mieux achalandé l'attirail du Maje et son imparfait Véhicule.

Etienne entreprend aussitôt son bricolage hasardeux. Un clou par-ci, quelques coups de marteau par là. Une douzaine de coups plus tard, l'outil cède à son tour. Crac, fait le manche ! tandis que la tête du marteau brisé vole en tourbillonnant au travers de l'air sombre et froid du crépuscule de l'espoir.

Dépité, Etienne jette un regard plein de rancoeur à l'outil défaillant avant de reporter son attention sur Letiti, Maje.


- Par les roustons d'Aristote ! Encore un outil fabriqué à bas pris en la perfide Catay ! s'insurge Etienne en vain, car l'Outil est bel et bien brisé.

- Ha vraiment, Patron, il faut que tu m'expliques cela. Car puisque de toute évidence il y a de l'Etre plutôt que rien, comment diable se fait-il qu'il tombe aussi souvent en panne ?

Bonne question, question de fond suis- je même tenté de dire mais à laquelle, hélas, nous n'aurons sans doute pas la réponse de suite. Car tandis qu'Etienne pleure l'iniquité du Sort et que le Maje bondit d'impatience, grésille d'angoisse autour de lui, notre jeune ami voit à maintenant approcher La Princesse et son Ombre.

Elle pose un pied à terre, nonchalamment.

Puis Son regard sur lui, Etienne, modeste soldat ouvrier artisan parfois poète parfois distrait mais toujours en admiration devant les choses éternelles.

Elle prononce des mots mélodieux.

Et par chance, Sa dernière question s'adresse au Maje. Cela tombe assez bien car Etienne, soudain, bêtement, a perdu de vue toutes ses réparties.

Manquerait plus qu'il se mette un coup de marteau sur les doigts - si ledit marteau n'estoit sottement brisé, comme on l'a dit plus haut.

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Etienne LaHire, dit Herode
Letiti
Titi était resté dubitatif quant au fait que l’axe puisse conserver suffisamment de longueur pour que la seconde roue ne se désolidarise pas traitreusement de l’autre côté, changeant cruellement le problème de place mais pas de fond. Il semblait n’en rien être puisqu’Etienne s’en sortait finalement plutôt bien. Pour faire bonne mesure à l’absence d’acquiescement sur les conseils sentimentaux donnés précédemment ainsi qu’à une tendance à la fainéantise certaine, Titi s’abstint de donner un coup de main trop excessif. Ce qui ne l’empêcha pas de lâcher un juron quand il vit le marteau, Son marteau, brisé en deux morceaux :

Ventre Saint gris !
Bougre d’âne !
Mais c’est toi qui anéantis tout ce que tu touche ma parole ?!


Renfrogné il continua :

Ca doit être une fichue question de satané équilibre !
T’participes à la création, à la modification, à l’expansion d’l’Etre.
Ben l’foutu Harry Stote semble bien s’être dit qu’pour contrebalancer la chose il serait d’bon ton qu’une partie qui m’ait chère retourne à son origine…
Nous voila bien en tous cas…


Le petit bonhomme commença à tourner autour de l’essieu à moitié réparé. Il maugréait se grattant sa barbe mitée ou plissant un œil très fort, des fois que la réalité lui apparut sous un nouvel angle. Bref il réfléchissait.


Pas l’choix, on va diminuer un peu l’écuanteur, un bon rabotage et l’diamètre effectif du moyeu sera plus imposant.
Certes faudra rouler doucement et faire gaffe aux trous sur l’retour mais au moins en augmentant d’un tour de corde.
On aura une meilleure répartition d’effort sur les clous...
Espérons qu’ca suff…


Titi fut distrait dans son exposé par l’arrivée de deux cavaliers. La princesse et son ombre. Le Maje salua la nouvelle venue par un mouvement du buste, puis eut un hochement de tête vers Ernst.

Une damoiselle n’est jamais en retard parait il.
Elle aime à se faire désirer.
Est-ce la même chose pour les princesses ?


Titi espèce de bougre d’andouille. T’peux pas fermer ta grande gueule à l’occasion ?!
Léger raclement de gorge pour faire passer la pilule et surtout faire comme s’il n’avait rien dit.

Votre aide ?

Le regard se lève vers le cavalier. L’encoignure des lèvres du Maje se relève et une lueur mauvaise brille dans ses yeux. Il enchaine mielleux :

Voila qui est très généreux p’tite princesse, je ne saurais refuser telle offre.
En effet nous avons un petit incident.


Jusoor devait certainement parler de l’essieu, mais Titi avait une autre idée en tête. Il fit comme si l’essieu n’était bien évidemment rien. Ledit incident ne pouvait donc qu’être l’absence de Finn.

Après tout un germain doit bien valoir un irlandais.
Pas vrai m’ssire Erneste ?


Autant anticiper un potentiel refus en titillant une fierté mal placée. D’un mouvement brusque il se tourna vers Etienne, un grand sourire retrouvé sur le visage:

Etienne, cher apprenti, laisse donc ce pauvre essieu à ses esquilles et aide moi.
Nous allons remplacer la selle de ce cher garde du corps avec la lance-à-répétition.
Il est volontaire pour la tester.

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Ernst.
Blasé, le germain? Certes oui, et inquiet de surcroît. Que n'avait-elle pas fait là? Elle avait proposé leur aide ou, plutôt, son aide à lui. Bien sûr, elle ne lui avait pas demandé son avis. A quoi bon? Il ne lui refusait jamais rien. L'Ombre fit, malgré tout, une légère moue, juste histoire de montrer son désaccord.

Il descendit de selle et tint les deux montures par les rênes. Il ne les tenait que d'une main. L'autre, plus que jamais, se baladait près du pommeau de son épée. La fouine chapeautée comptait changer sa selle. Grand bien lui en fasse. A la moindre entourloupe, le germain n'hésiterait pas. Quant à l'allusion sur les irlandais, il ne releva pas. Ernst n'était pas du genre à se laisser emporter par une quelconque fierté, ni même par une quelconque émotion à vrai dire. Il devait, probablement, avoir des origines partagées avec les anglois.

Encore un Erneste. Depuis quelques jours, les personnes qu'il croisait semblaient s'être passées le mot. S'il faisait fit de la fierté nationale, le blond grinçait des dents à chaque fois qu'on écorchait son prénom. Plus ses dents grinçaient, plus on l'écorchait. Il essayait de se convaincre que ce n'était pas volontaire mais il avait du mal à y croire. Il pensa qu'il devrait demander au gens de l'appeler par son nom entier. Ca leur ferait les pieds.

L'Ombre se posta près de sa Lumière, chevaux en main. Il regarda le manège du Maje et de son apprenti en gardant le silence. Une lance à répétition? Ernst plissait les yeux. S'il entrapercevait la moindre poudre suspecte ou la moindre pierre de silex ... Le germain épiait, observait. Pas rassuré? Non, loin s'en fallait. Mais il fallait garder contenance. Il était garde du corps de son altesse et gens de Bouillon. Ernst poussa un léger soupire qui fut suivi d'un grognement.

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Letiti
Gniiiiiiii

Outch!

Sangle moi bien tout ca gamin pendant que j'explique au chevalier.


La selle sur laquelle était fixé le prototype était maintenant en place sur le cheval d'Ernst. Le dispositif n'avait semble-t-il pas souffert du voyage et du mauvais traitement que lui avait fais subir Etienne.
Le Maje se tourna donc Vers le germain afin de s'assurer qu'il ait tout compris.
Il tacha de prendre un air légèrement blasé et en tout point sur de lui. Il n'était pas question d'inquiéter outre mesure le bonhomme.


Bien!
Etienne vérifie les multiples sécurités. Il n'y a pas une chance sur un million qu'il y ait un danger.
Tous les calculs ont été fait!


Titi arrivait désormais à mentir avec un aplomb sans faille. Le privilège de l'expérience.


Voyez, vous grimpez, y a une manivelle sur la gauche, vous la tournez trois tours.
A la suite de quoi, vous vérifiez que la cale de métal est remontée et bloque le mécanisme.
Ainsi vous pourrez ôter le crochet d'anti-retour de la crémaillère. Là.


Un sourcil est levé vers Enrst pour s'assurer qu'ils suivait les explications. Après tout Titi n'était pas tout à fait sur qu'il comprenne si bien que ca la langue. Il parlait si peu que ca en était suspect.

Ensuite vous calez la lance dans son encoche et la positionnez.
Vous vous mettez dans l'axes du ballot de paille qu'Etienne va placer.

Va placer le ballot de paille gamin!


Revenant au chevalier dans un grand sourire:

Puis vous vous servez de votre épée pour taper un grand coup sur la cale de métal.
La lance partira d'elle meme.


Une chance sur un million j'vous dis!
Vraiment un jeu d'enfant.
C't'irlandais est une andouille d'pas être venu.

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Herode
Brrrmfff... "Gamin"... Lui faire un coup pareil, et devant la Princesse en plus ! Quoique peu susceptible de nature, Etienne n'en jette pas moins un regard meurtrier vers le Maje qui plastronne devant ses deux invités. Si un coup d'oeil pouvait réduire quelqu'un en cendres, Letiti serait à l'heure qu'il est vaporisé sur place.

Attends un peu, vieux barbon, tu vas me la me payer celle-là, murmure Etienne en son for intérieur.

Mais dans l'immédiat, il fallait faire bonne figure malgré tout. Le Nivernais se fend d'un sourire froid en direction du Maje et de son cobaye. Ernst semble assez peu enthousiasmé par l'expérience. L'homme offre à l'assistance une expression atone et résignée, ainsi qu'une lueur dans le regard qui n'augure rien de bon en cas de ratage. Les Teutons ne sont pas réputés pour leur sens de l'humour.

- Avec plaisir, patron ! laisse tomber Etienne nonchalamment. Ne vous en faites donc pas, Ernst, cette petite expérience est pour vous un jeu à gain assuré : le Maje en garantit tous les paramètres sur sa propre tête.

Etienne appuie à dessein sur les derniers mots, savourant leur effet sur son bien-aimé employeur.

- En outre, considérez que si elle réussit, ce qui reste possible, votre nom sera associé pour l'éternité à la géniale invention faite au bénéfice et sous le patronage de la Princesse Jusoor. Si par malheur elle échoue, votre courage et le don généreux de votre corps à la science vous assurent de passer à la postérité !

Etienne achève sa tirade en dodelinant discrètement de la tête tout en tripotant une barbe imaginaire, mimant discrètement le Maje tandis que le bonhomme, tout occupé à surveiller sa propre hiérarchie, lui tourne à présent le dos.

- Et surtout, prenez bien soin d'orienter le cheval dans la bonne direction tout à l'heure, avant de déclencher la machine inf... heu... le mécanisme.

S'emparant de la corde qui lie les gerbes de foin, Etienne jette le ballot sur son dos et laisse là le trio : la princesse céleste, le Maje qui pérore et le pauvre Ernst qui se retrouve avec un troisième cheval à gérer. Etienne se demande comment le Germain va s'en sortir avec toute cette ménagerie mais il à à présent ses propres problèmes à régler.

Car une certaine nervosité le gagne à l'idée d'avoir une pareille machine infernale dans son dos. Que quelque chose se passe mal, que la lance parte trop tôt et voici Etienne courant le risque d'être bêtement harponné dans le dos.

Impossible évidemment de manifester en public ces doutes de dernière minute. Aussi est-ce à pas soigneusement comptés que le jeune homme avance vers l'emplacement désigné.


Quelques minutes plus tard, toujours en vie et plutôt heureux de l'être, Etienne fait signe au groupe qui se tient à une petite cinquantaine de mètres de lui.

- C'est quand la Princesse le souhaite, patron !

Un coup d'oeil rapide sur sa droite pour s'assurer de la présence toute proche d'un gros roc de grès brun surgissant de la terre détrempée, ultime refuge contre les projectiles erratiques si par malheur quelque détail avait échappé à la sagacité du Maje.

Autant dire qu'Etienne compte beaucoup sur le rocher.

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Etienne LaHire, dit Herode
Jusoor
Jusoor ne prêta pas longtemps attention aux salutations du Maje. En même temps, elle ne se sentait pas malade de gêne pour un retard qui n'était pas. Mais au-delà de celà, ce fut l'éclat faquin qu'elle surprit dans le regard rétréci qui la détourna du salut prononcé. Attentivement, elle l'écouta, sans le quitter du regard.

"Voila qui est très généreux p’tite princesse, je ne saurais refuser telle offre. En effet nous avons un petit incident.
Après tout un germain doit bien valoir un irlandais. Pas vrai m’ssire Erneste ?"


Voila qui sentait le piège à plein nez.

Dans l'attitude du Maje, presque figurée sur sa trogne, Jusoor croyait voir l'expression du plaisir sadique des félins qui s'évertuent à faire voler dans les airs leurs proies, jusqu'à ce que celles-ci soient si usées et assommées qu'elles ne sont plus bonnes qu'à être dévorées. Sans plus de jeu ni de manière. En outre, l'homme déployait toutes les cartes pour être certain de toucher à son but.

Ernst ne broncha pas, sinon pour lui signifier de façon mesurée son mécontentement. Il n'en allait pas de même pour elle qui, déja, fronçait les sourcils alors que le Maje hêlait Etienne.
Que ses extravagances lui permettent de manipuler certains, soit. Mais pas elle. Elle avait fait preuve de bonté en proposant leur aide et elle n'appréciait guère que cette bienveillance soit détournée à d'autres fins, surtout si elles ne l'inspiraient pas. Et c'était ce que faisait le Maje, de toute évidence.

Ernst l'avait rejointe, chevaux en main, toujours aussi impassible. Elle le connaissait et savait qu'il ne s'en laisserait pas compter. La vision de sa main sur la garde de son épée lui confirma sa pensée. Elle n'interviendrait donc pas. Pas cette fois. Il était homme de Bouillon.

Silencieuse, elle observa alors les préparatifs : le changement d'une selle pour une autre, dotée d'on ne savait vraiment quel engin... Et de temps en temps, son regard incertain se posait sur le germain. Celui-ci était aussi silencieux qu'elle-même.

Elle s'étonna tout de même de la façon dont le Maje s'adressait à Etienne.
Gamin ?! Etait-il donc si jeune ? Elle l'observa dans ses allers et venues. Il avait l'air pourtant plus mûr et "mâle" que Cassian. Ou bien le Maje était en réalité bien plus vieux qu'il ne le paraîssait ?

Elle pensa soudainement à Angélyque. Si ce Maje possédait un enchantement pour garder jeunesse, celle-ci ne saurait s'en priver. Et là sans doute assurerait-elle la fortune de l'homme. Non pas qu'Angélyque fut par trop avancée, mais coquette, assurément.
Jusoor secoua légèrement la tête et allait reporter son attention sur l'exposé du Maje...


"Va placer le ballot de paille gamin!"

Elle ne put réprimer un soubressaut au cri qui la surprit et qui marquait la conclusion de l'exposé. C'était trop tard, elle n'avait rien écouté, et fatalement, n'avait rien compris. Ni ce qui devait être fait, ni ce qui allait l'être, ni la façon, ni l'intérêt. En fait, elle était en plein inconnu et du coup, inquiète pour le péril que pouvait courrir Ernst. D'autant que l'assurance qu'affectait le Maje n'avait rien de rassérénant.

Toutefois, Etienne donna une légère satisfaction à Jusoor lorsqu'il s'adressa à Ernst. Effectivement le Maje garantissait beaucoup. Il aurait donc à répondre beaucoup également, si l'affaire tournait mal. Elle riva un regard lourd sur Letiti s'employant déja à imaginer les maux auxquels le Maje serait soumis. Pendant ce temps, Etienne avait installé la cible.


"- C'est quand la Princesse le souhaite, patron !"

Jusoor, sans quitter le Maje du regard, souffla à Ernst qui se tenait encore à ses côtés : Fais comme il te plaira Ernst. Mais prends garde. Sans un mot de plus, elle libéra Ernst des rênes et s'en fut se positionner près du Maje. Rendue là, elle murmura à ce dernier : Maje, si Ernst est amoché dans ton tour, il t'en cuirra. M'entends-tu ? Elle posa un regard bref sur lui, avant de le glisser sur Ernst dans l'attente de sa décision. Elle reprit toujours à voix basse sur un ton neutre : Sais-tu, Maje, que je compte apprendre la médecine dans quelques temps ? et quoi de mieux comme acquis introductif qu'une étude de la résistance des chairs humaines ? Le temps par exemple que peut mettre un ligament à claquer, soumis à la pression de deux chevaux de trait. Ou encore le temps que peut mettre une paupière soumise au tison pour fondre ?
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