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[RP Ouvert] Il n'est de Dieu que Dieu

Shirine


Même si en ce moment elle laisse place à Zoé Lisreux. Zoé la sage, la douce, l'obéissante... Tout ce qu'elle n'a jamais voulu être et tout ce que son père à toujours attendu d'elle.
Elle n'est pas devenue ainsi pour lui faire plaisir, non. Elle ne le connaît pas. Elle sait qu'il existe, qu'il vit, mais elle ne sait où et elle ne cherche pas à savoir. Moran ne veut pas lui parler, et il a surement une bonne raison.

Moran... Voilà l'objet de son changement.
Moran... L'amour de sa vie, l'homme qui a hanté chacune de ses nuits. Sa souffrance et son apaisement. Son secret, son péché, son mensonge...
Lui qui la protège de tout ce qu'il y a de mauvais en elle. Son passé de brigande, son goût pour la luxure et sa foi réformée.

Moran, en bientôt un an, a fait de la jeune rousse une femme respectable et tempérée, dont la seule faute est d'aimer son frère plus qu'il ne faudrait et d'en avoir hérité un ventre aujourd'hui rond qu'elle cache son sa cape de fourrure.
Mais s'il y a bien une chose que le grand ténébreux n'a pu éradiquer de son être, ce sont ses croyances. Sa façon d'aimer Dieu et de croire en Lui. Pour éviter tout conflit, elle n'en parle plus, elle garde tout en elle.

En ce jour d'hiver, les choses vont peut-être commencer à changer.
En ce jour d'hiver où elle arpente le marché, se laissant envahir par les odeurs de pain chaud et de pâtés. Elle flâne. Moran est ailleurs, pour affaires, comme il dit à chaque fois. Elle a cessé de poser des questions. Elle le laisse faire. Elle marche nonchalamment entre les étales, observant ce qui y est entreposé lorsque ses yeux s'arrêtent sur une poupée. Une poupée de chiffon, fort simple, mais qui ressemble étrangement à un rêve qu'elle a fait il y a des mois. Un rêve qui flirtait beaucoup avec le cauchemar et où elle s'était représentée comme une poupée sans bouche et aux yeux délavés. Le triste reflet de ce qu'elle était devenue et de ce qu'elle est surement toujours, même si elle refuse d'y penser.
Elle fixe le jouet des yeux et avance la main pour la toucher du bout des doigts, songeuse. Elle finit par lever les yeux sur le vendeur pour en demander le prix ouvrant déjà sa petite bourse. Elle tend la main droite pour le payer, laissant apparaître son avant bras droit hors de la cape. Sa manche relevée révèle la tête de lion. Elle voit l'homme y poser les yeux avant de la regarder. Il y a un moment de flottement puis Shirine laisse tomber les piécettes avant de rentrer son bras au chaud, attrapant la poupée de l'autre main.

Elle se détourne rapidement, rabattant sa capuche sur sa tête puis repart entre les étals...

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Enjoy
    En ce jour d'hiver, marchands et passants pullulent au milieu des étales. Des senteurs de pains frais, de pâtés et de cochonnailles fleurissent par milliers. Des paysans font l'énumération de leurs bêtes, poules, oies, canards et coqs. Des gamins se faufilent au milieu des gens. Des rondiers font des allées et venues pour assurer un semblant de sécurité et contenir la foule en cas de force majeure. Une vraie effervescence. Le souffle de la populace forme des vapeurs blanchâtres à chaque parole échangée. Et malgré une froideur affichée, la chaleur humaine rassure les badauds. Scène de la vie quotidienne, on y négocie le prix de son vin, de ses légumes. Et après une journée bien chargée, on va se repaître dans la taverne du coin. Le train-train de la plupart des pécores du Royaume. Mais il arrive que parmi eux des personnes sortent du rang. Même lorsqu'ils décident de se fondre dans la masse, ils ressortent inexorablement du décor.

    Et en ce jour d'hiver, une rousse s'extirpe du lot. Non pas à cause de la couleur de sa chevelure mais parce qu'un lion sur sa peau toise le bas peuple. Il contraste avec la pigmentation de sa porteuse. Si bien que ce qu'elle désire dissimuler ne passe pas inaperçu. Ce symbole est connu de la part de ceux qui bourlinguent. Du traiteur d'esclaves aux itinérants. Le sédentaire quant à lui, à part s'il a subi un jour le Lion de Juda, ne pourra déchiffrer le code qui s'y rattache. Ce qui n'est pas le cas de la mustélide. Elle n'a somme toute aucune connivence avec ce groupuscule. Aurait-elle d'ailleurs bien du mal à discerner leurs revendications. Dans son esprit, ils représentent une force armée qui part en croisade avec le support des convictions religieuses. Si un jour, on devait lui proposer de les rejoindre pour une campagne, peut être accepterait-elle si et seulement si l'offre est intéressante. Tant qu'elle peut y gagner, rien ne la rebute.

    Les enjeux politiques, elle les laisse à ceux qui gouvernent. Et nonobstant que la spiritualité tient ou tenait une place importante dans sa vie, les décideurs et leurs justifications meurtrières n'effleurent pas même le seuil de ses états d'âme. Et ceci ne risque pas d'arriver quand on sait que la Réforme est le cadet de ses soucis ou presque. Ses préoccupations sont bien toutes autres. Prises de mairies, brigandages et préparations de coups fumeux. Aucun rapport de près ou de loin avec les détenteurs de la croix. Qu'ils soient aristotéliciens ou avec des penchants réformistes. Et bien qu'elle eut garni les bataillons du Roi, son allégeance aurait pu être papiste. Si ce dernier lui avait offert terres, écus et immunité sur le domaine royale et au delà. Mais comme le pouvoir de Sa Sainteté ne dépasse plus guère que Rome, il ne faut pas s'étonner qu'elle se refuse à lui baiser sa bague en or. Ou à la rigueur pour la lui retirer.

    A moins que son défaut d'allégeance au Vatican ait un lien avec son héritage maternel. Sa défunte mère lui avait léguée une confession religieuse bien étrange. Dont la communauté déclinante ne permet plus d'enseigner à ses ouailles. Si bien que le désintérêt s'accroît de jour en jour dans les esprits. Tandis que de Montauban à Genève, la Réforme trace une route, certes sinueuse, mais bien amenée. Alors quand le destin s'en mêle, il serait bien bête de ne pas rebondir. De toute façon, sa soeur et sa cousine appartiennent au cercle druidique...

    La mustélide suit l'encapuchonnée jusqu'à ce qu'elle fasse halte. A partir de là, deux options sont envisageables. Soit la bousculer à ses risques et périls. Soit la gratifier d'une salutation courtoise. Dans tous les cas, l'idée à traiter est difficile à introduire. En temps normal, elle ne se poserait pas tant de questions. Seulement, il paraît que les convenances ont quelques avantages. Et que l'arrogance, l'insolence et l'irrespect sont à bannir des relations entre gens civilisés. La furette s'approche et une fois à sa hauteur fend l'air d'un propos sans ambiguïté.


    Très belle tête de lion sur votre avant-bras. Une Réformée ?

    Laisse-t-elle à peine le temps de répondre qu'elle embraye. Qu'elle fasse erreur ou non n'a aucune importance.

    Si vous avez un instant à m'accorder. Peut être pourriez-vous m'enseigner la Réforme ? Ce qui la compose, ce qui la différencie de l'Eglise Aristotélicienne ? Sachant que mon obédience ne leur est pas allouée... La raison de mon intérêt n'est rien de plus que de la curiosité. A mes yeux, cela représente déjà un bon début.

    Devrait-elle se présenter afin d'atténuer les possibles suspicions sur sa personne ? Mais quel nom choisir ? Dextre se porte à son visage pour se gratter la joue, pensive. Patronyme ? Matronyme ? Un simple prénom ? Ou bien le tout ? Il faudrait peut être mieux s'annoncer avec celui dont elle se sert dans le milieu.

    Je m'appelle Enjoy Corleone.

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Shirine
Shirine fait quelques mètres d'un pas un peu précipité pour disparaitre de la vue du vendeur avant qu'il ne puisse alerter quelqu'un. Si tant est qu'il en ait eu l'intention. La rousse est parfois un peu parano, par habitude d'être traquée et de ce mauvais souvenir de Mende, où elle pouvait à peine mettre le nez dehors à cause de la chasse au Lion officielle à l'époque. Serrant la poupée contre elle, sa main gauche tire sur la manche droite pour cacher la marque. En été, elle la cache par un bandage, faisant croire à une blessure, mais en hiver elle ne s'encombre pas d'autant de vigilence à cause des couches de vêtements qu'elle se met sur le dos.
Son pas finit par ralentir, et elle prend même le temps de s'arrêter quelques secondes pour se remettre de sa frayeur. Sa main se pose sur son petit ventre rond, et elle se retourne pour s'assurer que personne ne l'a suivie.

Elle se retrouve alors nez à nez avec une brune qui l'aborde sans ménagement. Elle plisse les yeux et l'observe des pieds à la tête. Un instant, elle se demande si la femme n'est pas envoyée par Moran pour la tester. Voilà longtemps qu'il ne lui a pas parlé de ce qu'elle était avant, et peut-être a-t-il envie de savoir comment elle se comporte quand il n'est pas là.
Mais quand elle se présente, Shirine exclu un peu l'idée. Corleone, dit-elle... Le nom italien ne lui est pas inconnu. Même si elle n'a jamais croisé un des membres de cette famille, elle sait qu'ils ne trempent pas vraiment dans les affaires claires, et qu'ils seraient même plutôt de son bord.

Elle garde le silence quelques secondes, le temps de réfléchir à ce qu'il convient de faire. En d'autres circonstances, elle aurait dit oui tout de suite, de toute façon, en d'autres circonstances, elle n'aurait même pas caché sa marque... Seulement, elle est enceinte, et si mettre sa vie en danger ne lui a jamais fait peur, jouer avec celle de son bébé ne lui semble même pas envisageable.

Pourtant, parler de Réforme lui a toujours été indispensable, et elle était bien servie à Genève. Tandis qu'ici...


J'ai toujours pensé que les italiens étaient très Aristotéliciens et Papistes.
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Rosalinde
Et sur ce même marché... Une autre rousse. Qui ne prête guère attention au monde environnant, toute occupée à sélectionner le tissu dans lequelle elle coudra sa prochaine robe. L'avantage des grossesses, on est un peu obligée de refaire sa garde-robes de A à Z, histoire de ne pas être dans ses vêtements comme un rosbif bien ficelé de partout. Son oeil expert de Parisienne avait fini par se décider pour une étoffe pourpre qui serait du meilleur effet pour le printemps à venir. Trois aunes découpées, et empaquetées soigneusement afin d'éviter que le tout ne se salisse (sait on jamais, une horrible bonne femme pourrait avoir l'idée de lui vider son pot de chambre sur la tête sans d'abord crier "gare à l'eau"), et c'est alors qu'elle tend au drapier son dû en écus sonnants et trébuchants que son regard croise une trombine encadrée de crin roux qui lui est bien connue.

C'est qu'elle semble pressée, la coquine, par dessus le marché. Le temps d'attraper ses cliques et ses claques et de lui filer le train, elle aurait presque perdu de vue la Lisreux, qui en plus avait manifestement décidé de couvrir sa flamboyante chevelure d'une capuche brune et bien commune, ce qui n'aidait donc pas à la distinguer au milieu de cette foule dense au pas traînant. Jouer un peu des coudes, fusiller quelques braves servantes aux paniers garnis de victuailles du regard, et poussez-vous-bordel-je-suis-enceinte, l'ex-limier de Petit Bolchen réussit à ne pas perdre sa cible de vue, et à force de trottiner dare-dare (faute de pouvoir courir), déboucha dans la ruelle où la Genevoise s'était réfugiée. Et où, manifestement, une brune lui taillait bavette.


- Zoééééé !

Et vas-y que je t'agite les bras en l'air, grands signes de la main et sourire aux lèvres. Et hop hop hop, elle rapplique, à petits pas rapides.

- Bonjour demoiselle.

Et une inclinaison de tête pour l'inconnue. Avant que l'idée qui tue ne lui parvienne au cerveau. Si Zoé il y avait... Moran ne devait pas être loin. Misère. Encore un qui se gargariserait de l'échec de ses épousailles. Grmblr. En espérant qu'il se limiterait à des moqueries et ne tenterait pas à nouveau de l'étrangler ou pire, de lui ouvrir le ventre à coups de couteau, pas sûre qu'elle ou son chiard survive à cette césarienne forcée.

- Eh bien ? Je suis surprise de te trouver ici ! Et... Ton frère, est-il...

Oui, pendant qu'elle y est, son regard glisse pour détailler la silhouette de sa rousse camarade.

- Oh ! Toi aussi ! Misère misère !

Et, tant qu'à faire, proposition faite à la cantonade :

- Pourquoi ne pas aller fêter ça en taverne ?!

Ben oui, toute occasion est bonne pour aller se pochetronner.
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Enjoy
    La réplique de l'encapuchonnée n'était pas au goût de la mustélide. Elle se retrouva fort bien dépourvue. L'art d'user des bons mots, de faire dans la bienséance lui était encore inconnu. Peut être aura-t-elle dû lui rentrer dedans, la menacer de sa dague et lui faire les poches en jurant ? Peut être... Face à sa réponse, il n'y a rien d'autre à faire que de feindre l'indifférence. Ruminer sa salive pour ne pas cracher son venin. Mais elle relativise. Son effort pour se montrer presque courtoise lui est revenu en pleine face. Le masque ne tombera pas encore. Il change juste d'aspect. De rieur, il passe à un état chagrin. Qui s'accentue dès lors qu'une autre rouquine vient se mêler à cette entrevue improvisée.

    Nouvelle venue, nouvelle engrossée. S'en suit ce soupir qui est propre à l'ennui. Que peut bien faire une Corleone au milieu de cette scène ? Quelle idée a-t-elle bien pu lui prendre de suivre cette jeune femme avec l'envie d'en savoir plus ? Curiosité piquée au vif. Faudrait la museler. Un peu comme la seconde rousse qui donne naissance à une discussion insipide. Sur la famille, sur la présence de sa semblable ici. Que de banalités affligeantes. Hélas, c'est une habitude dans le Royaume. La mustélide commet quelque fois des infamies de ce genre. Mais pas en public. Question de statut, de vouloir préserver une certaine forme de prestance. La furette suit le fil de la conversation, pensive plus qu'à l'accoutumée. Prête à passer à l’échafaud de ce qui va suivre. La continuité d'un échange stérile sur leurs fertilités respectives. C'est plein d'ironie.

    Instinctivement, sa main glisse sur son ventre. Leurs reflets traversent un miroir déformant. Sa silhouette ne s'encombre pas encore d'une protubérance en plein milieu de la panse. Le soulagement ouvre alors ses mirettes fleuries. De toute façon, vu l'état de ses fréquentations, elle n'est pas prête d'aller grossir les bancs des femmes enceintes. Ce luxe ou cette déconvenue peut sembler impossible dans le milieu. Pourtant que ce soit la Matriarche ou bien la Rasée, les chiards prenaient le pas sur leur quotidien. Comment faire autrement ? Heureusement pour elle, ce n'est pas prêt d'arriver. Le risque est donc écarté d'un revers de la manche.

    Tandis que son corps lui ordonne de s'éclipser et de les laisser entre elles. Son esprit tente de la convaincre de rester et de suivre le mouvement avec des arguments inappropriés. L'épilogue se déroulerait-il dans une taverne ? Encore une... Un froncement de sourcils à l'évocation de cette suggestion. Expression qui ne peut que trahir sa désapprobation concernant la suite. La mustélide est partagée. Ceci dit le jeu n'en vaut pas la chandelle. Son intention était d'étancher sa soif de savoir, d'en apprendre plus sur la religion Réformé auprès d'une de ses membres. L' incommodité de la situation ainsi que l'arrivée impromptue de ce double en gestation lui laissent un parfum d'amertume.


    Être aristotélicien et Papiste n'est-ce pas redondant ? J'ai toujours pensé que les Réformés ne sombraient pas dans les préjugés.
    Allez donc en taverne, je reste ici.

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Shirine
Sa phrase sortie comme un test, elle décidera à la réponse de ce qu'elle a envie de faire. Mais alors qu'elle attend que la brune lui réponde, Shirine tourne la tête en entendant son nom détesté. Ce ne peut être Moran, la voix est féminine. Et tandis que la silhouette s'approche, elle écarquille les yeux en reconnaissant Rosalinde.

Ses mains rabattent furtivement sa cape pour cacher son ventre, vexée que la rouquine ait pu voir son état et espérant qu'elle ne puisse faire la rapprochement... D'ailleurs comment le pourrait-elle ? Comment l'imaginerait-elle ?
A cet instant, elle aurait préféré tout sauf rencontrer l'ancienne amante de Judas. A moins qu'elle ne le soit toujours... Ce n'est pas qu'elle déteste Rosalinde, au contraire, elle apprécie sa personnalité. C'est plutôt que chaque fois qu'elle est dans les parages, elle met Moran dans tous ses états. Et elle est jalouse de voir à quel point il ne peut pas jouer les indifférents, même s'il parle systématiquement de l'étrangler. Elle préférerait qu'il n'en ait rien à faire. Accorder autant d'importance à quelqu'un est bien trop louche... Surement a-t-il des sentiments pour elle qu'il n'ose pas avouer.

La brune reprend la parole et Shirine décide de s'accrocher à elle coûte que coûte, dans l'espoir d'éviter les questions de Rosalinde sur sa grossesse et sur son frère.


Les Réformés sont très méfiants... Ca s'comprend avec tout ce qu'on leur fait subir...

Son regard s'assombrit un peu avant d'enchaîner.

Non, venez aussi, nous allons parler Réforme.

Puis elle se tourne vers la rouquine pour lui lancer un regard mauvais.

Et si tu parles de quoi que ce soit de cette conversation à Moran, je t'égorges.

Chassez le naturel et il revient au galop...
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Rosalinde
Oui, elle a vu ce ventre qui se dessine doucement, car elle avait bel et bien passé de longues minutes à observer Zoé, il y a bientôt un an, alors qu'ils étaient claquemurés à Nevers ou ailleurs. La Réformée avait été, et était toujours, mince, presque trop. Cette rondeur lui était apparue tel le nez au milieu de la figure, comme le signe annonciateur d'une grossesse. Pas de chance, très chère, on ne trompe pas une femme elle-même enceinte !

Ceci dit, la perspective de discuter layette et montées de lait ne semblait pas enchanter plus que cela la Lisreux, qui préféra ignorer son avalanche de question pour se concentrer à répondre à Enjoy. Manifestement, cela parlait Réforme. Et tant mieux, c'était un des sujets de prédilection du moment de Rose. C'est que passer de longues heures en taverne avec un Maleus, une Astana, puis un Falco, cela laisse quelques séquelles et lui fait réfléchir à deux fois à sa conception de la métaphysique. Du coup, elle lança :


- Ne parle-t-on pas d'Église Aristotélicienne Réformée, par opposition à l'Église Aristotélicienne Romaine ?

Et d'adresser un signe de main à la brune bougonne, l'air de dire "oui, viens avec nous en taverne !". Et promis, elle essaiera de ne pas être trop pénible ni de toujours ramener la conversation sur son chiard, comme elle finissait fatalement par le faire quasiment à chaque fois que quelqu'un lui adressait la parole. C'est qu'après avoir voulu s'en débarrasser, à présent elle redoutait le moment de sa naissance, pas seulement parce qu'elle avait peur de mourir dans d'atroces souffrances ou que, à l'image de la petite Sybille, son rejeton ne survive pas hors de son sein, mais plutôt parce qu'elle ne voulait plus être séparée de lui. Tant qu'il était là, bien sagement dans son ventre, il ne pourrait rien lui arriver, et il lui appartenait totalement, n'existait qu'à travers elle. Une fois qu'il serait né... Tout serait différent. Il faudrait qu'elle le partage avec les autres, et peut-être même que son père voudrait l'emmener avec lui, et... Bref, tout ceci puait à plein nez la bonne grosse dépression post-partum.

N'y pensons plus. A la place, elle se tourne direction Zoé, pour lui confier :


- Seulement si tu n'en souffles mot à Finn. Moi aussi, je suis interdite de Réforme.

Un sourire, qu'elle veut engageant, pour effacer ce regard noir que Shirine lui lance. Non, évidemment, elle n'en soufflerait rien à Moran ! Par solidarité féminine tout d'abord, et puis parce que de toute façon il était hors de question qu'elle revoie un jour l'Ibère, à qui elle était forcée de repenser chaque jour, lorsqu'elle voyait les cicatrices qui parcouraient la peau tendue de son ventre. Non, elle ne voulait absolument pas le revoir, car il n'y aurait pas qu'à elle que le Lisreux ferait du mal, cette fois. Il y avait le petit.

Et la voilà qui se met en route vers la taverne la plus proche.

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Enjoy
    Hésitante. Elle finit par céder aux avances de sa curiosité. Aguicheuse jusqu'à dévoiler ses charmes et ne rien lui refuser. Avant d'emboîter le pas de cet étrange cortège, elle émet un grognement sourd à la question rhétorique. La Réformée va leur faire la classe et les deux jeunes femmes vont servir d'élèves.
    D'un côté la cancre et de l'autre la fayote ? Hum, faudrait pas délimiter les postes aussi rapidement, cela annihile tout effet de surprise. Hélas, il semble bien que l'entrevue risque de se dérouler de la sorte. La mustélide ne connait strictement rien à cette religion. Tandis que sa camarade a l'air d'avoir goûté aux bases. Chose qui n'augure rien de bon n'appréciant pas d'endosser le rôle de la sotte de service. Même si elle est loin d'être timide, elle risque de se museler tant et plus afin de ne pas vexer la maîtresse de cérémonie. Mais de toute façon, la Corleone n'a rien à perdre, ni à espérer. Donc pourquoi se gênerait-elle à les malmener ? A la rigueur ceci empêcherait toutes tentatives de pouvoir contenter une question qui la démange. Puisque c'est elle qui va initier une discussion insipide. Ce n'est pas parce que son ventre n'est pas aussi volumineux que ceux des autres qu'elle doit s'en abstenir.

    C'est donc dans cette optique que la direction est pointée vers la taverne la plus proche. Pour y parvenir, il faudra arpenter le pavé grisâtre et morcelé des diverses ruelles menant au sésame de ces dames. L'Italienne fait tache au milieu des deux engrossées. Du moins c'est ce qui semble transparaître au premier coup d'oeil. Puis quand on sait que l'une est Lion de Juda et l'autre une proche d'icelle. On peut considérer que cela atténue le contraste de la situation. Situation avec son lot de péripéties. Premier détour, première rencontre. Un chien au poil hirsute, sans aucun doute recouvert de puces, qui se carapate dans une ruelle suivi d'un gamin à la mine crasseuse. Bien entendu, le mouflet percute la mustélide sans s'excuser, et va même jusqu'à l'injurier.


    Pouss'toi gross'vache !

    Un sourcil se tortille en accent circonflexe. Même pas le temps de broncher que le fauteur de trouble disparaît dans l'ombre du canidé. Le regard de la Corleone se pose sur Rosalinde avec l'idée piquante qui se rabat sur sa langue au moment d'annoncer.

    Dire que tu portes une de ces engeances...

    Tout en faisant référence au môme, l'état de la rousse et de ce qui va advenir. Comme d'habitude, la mustélide n'hésite pas à user du tutoiement. Insolente, arrogante et irrespectueuse. Heureusement, il arrive qu'elle s'apaise si on sait s'y prendre. Au début, les gens tâtonnent puis ils comprennent vite la façon de procéder. Seulement avant d'y arriver, ils se font du mal pour pas grand chose. Nouvel enchevêtrement, nouvelle rencontre. Les pattes velues d'un ivrogne se tendent pour soudoyer quelques précieux deniers.

    Faim ! Faim ! Faim !

    Ainsi est la liturgie des mendiants. Qui peut être peu fournie dès lors qu'il s'agit d'un étranger crevant la dalle. Son établissement itinérant se situe à la jonction d'un carrefour où se trouve visiblement la taverne désirée et choisie par l'une des deux rousses. Au moment de passer la porte, le gredin retente sa chance et vient palper ce qui lui tombe sous la main. Donzelle en première ligne en aura pour ses frais. La brune étant en queue de peloton ne se fera pas peloter. A moins que la gueusaille soit fourbe et attende que passe la poupe pour y coller la croupe. Ses onyx foudroient l'agitateur aux pinces râpeuses qui n'espèrent que la vue de l'or qu'il n'aura pas ce soir, ni demain, ni jamais. S'il vient encore à les serrer de près. La lourde est ouverte. Une chaleur accueillante effleure leurs visages. Les pupilles éblouies ne permettent pas de déceler le quidam, ni même le mobilier jusqu'à ce qu'elles soient habituées à l'obscurité.

    Bouge ? Ou établissement raffiné ?

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Shirine
La réponse de Rosalinde réussit à la détendre un peu. De toute façon, si jamais la rouquine changeait d'avis et décidait d'aller tout déblatérer au géant brun, elle n'aurait sans doute pas de mal à le mettre de son côté à elle, vu le passif assez violent de ces deux là ensemble. M'enfin, mieux valait ne pas le laisser douter sur la fin de ce qu'il appelait son égarement passé...

Shirine laisse la future mère passer devant, soupirant de la soirée qui s'annonce. Sans doute pas des plus calmes connaissant le personnage. Elle en adresse un regard à moitié désolé à la brune qui s'imaginait un tête à tête. Elle passe seconde dans la file, repositionnant sa capuche, espérant ne croiser personne d'autre de sa connaissance. Manquerait plus que la bourguignonne donneuse de leçons que Moran avait voulu séduire par ennui se pointe et ce serait le pompon.

Sur le chemin, elle fait un pas de côté pour éviter le gosse qui percute la Corleone derrière elle. Elle sourit en coin à la remarque de cette dernière, même si elle aurait pu lui être adressée. Même si en elle elle porte surement pire engeance que Rosalinde... De l'avis des autres. C'est bien pour cela qu'elle n'avouerait pour rien au monde qui est le père, bien que pour elle, la présence de cet enfant n'est qu'une évidence. C'est bien la première fois qu'elle aime, et surtout la première fois qu'elle couche avec un homme qu'elle aime. Quoi de plus beau que ce qui va en naître ?

Le cortège arrive devant la taverne. Shirine, connaissant Rosalinde, ose espérer qu'elle sait où elle entre et qu'elle ne leur a pas choisi un coupe gorge. A caractères surement égaux, on ne peut pas vraiment en dire de même du physique...
Alors qu'elles s'apprêtent à entrer, la Sicaire baisse les yeux excédé sur un mendiant qui s'approche d'un peu trop près. D'un revers de main, elle repousse les siennes en grognant.


Dégage !
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Rosalinde
Ah, les rues... Et leur lot d'enquiquinements. Le gamin, d'abord, qui se crashe sur la Corleone déjà pas spécialement bien léchée, et par dessus le marché se permet de la traiter de grosse vache (ce qui, entre nous, ne convenait pas spécialement, comme qualificatif, au milieu de deux femmes enceintes... A part les mamelles, elle ne voyait guère ce que la version bovine d'Enjoy aurait de spécialement gros). Et malgré tous ces compliments mentaux qu'elle balançait à la brunette (si si, des compliments, vous dis-je !), celle-ci se fendit d'une remarque qui sonnait comme mi-dépitée, mi-agacée. Et un tutoiement, dont Rose ne se formalisa guère, après tout elles n'étaient pas dans un salon mondain.

- Oui, mais moi, je ne laisserai pas traîner mon fils !

Avec môman, sage, à la maison. Pas dans les rues comme ce sale gosse.

Second importun, un mendiant aux mains baladeuses, dument dégagé par la Lisreux. Et la Rose de se contenter de le regarder, de toute sa hauteur, méprisante au possible. C'est pas en pelotant les femmes qui passent dans la rue que tu vas bouffer ce soir, toi. Ceci dit, effectivement, la d'Pommière sait ce qu'elle fait et où elle va. La taverne choisie est propre, le vin n'y est pas mauvais, et par dessus tout, l'ambiance y est calme et le tavernier ne pose pas de questions ni ne se mêle de la vie est clients. Une table, à l'écart, est désignée d'un geste de la main, et la rousse s'y assied.

Une cruche de rouge commandée, les mains se joignent devant elle et les jambes étendues sur le côté.


- Alors... Professeur Zoé, nous vous écoutons.

Tant qu'à faire, autant réclamer le cours en bonne et due forme. Et, pour Rose, l'occasion sans doute de comprendre la différence entre les mouvances genevoise et montalbanaise.
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Shirine
Shirine suit Rosalinde tout en jetant un regard circulaire dans la pièce. Cherchant s'il y a un potentiel danger ainsi que de potentielles connaissances... Comme des gens qui pourraient aller tout balancer à son frère. Elle ne remarque rien d'alarmant et se laisse tomber sur une chaise. Elle passe ses cheveux derrière l'oreille et demande un verre de lait lorsque le tavernier apporte la cruche de vin rouge commandée par la rousse. Les risques, elle les a déjà pris lors de sa première grossesse, et elle en a subit les conséquences.

Elle laisse passer un moment de silence après que Rosalinde l'ait invitée à parler, pour rassembler ses idées et ses mots.
Par quoi commencer... ?


Je n'ai pas le verbe aussi beau que le Dauphin de France, si jamais vous l'avez déjà entendu parler de la foi Réformée.

Elle esquisse un sourire lorsque les souvenirs affluent dans son esprit.

J'ai découvert la Réforme il y a trois ans. Grace à un marionnettiste, qui expliquait ce qu'était la Réforme en faisant parler ses marionnettes en pleine place publique. Il a été très vite arrêté, mais ça a été suffisant pour piquer ma curiosité. J'ai cherché des informations et j'ai rencontré Sancte qui organisait des allocutions dans une clairière. Il lisait des textes fondamentaux, chaque fois il y' avait un thème. On pouvait même lui poser des questions, il y avait des échanges constructifs et intéressants.

Elle adresse un sourire au tavernier qui lui apporte le verre de lait.

Mais je le trouvais trop passif et j'avais une telle haine en moi, que je me suis laissée embarquer par le Lion de Juda.

    Arrête de raconter ta vie !


Shirine se racle la gorge et boit une gorgée du breuvage blanc.


La Réforme se base sur les actions et écrits d'un moine italien du début du siècle dernier.

Elle regarde la Corleone comme en excuse à ce qu'elle a pu lui dire plus tôt sur ses origines.

Il y a certaines idées et écrits fondamentaux, mais j'ai toujours pensé que la foi était très personnelle. Chacun la ressent et la vit à sa façon. Et comme les Réformés croient au libre arbitre... Je me retrouve beaucoup dans cette foi. En gros, nous souhaitons un retour à la religion des origines, sans l'oppression du clergé et de sa hiérarchie, qui se croient permis de nous dire comment bien croire et qui s'estiment le lien entre Dieu et les Hommes. C'est faux ! Nous n'avons besoin de personne pour nous adresser à Dieu. Si tu veux lui parler, lui demander pardon ou quoi que ce soit d'autre, tu le fais directement. Où tu veux et quand tu veux. De fait, il n'y a ni baptême, ni mariage dans la religion Réformée, ni culte des Saints. Parce que tout se passe directement entre nous et Dieu. Avec simplicité, sans artifices ni paroles pompeuses et vides de sens...

Elle se tait soudainement, observant ses deux interlocutrices, se disant qu'elle parle beaucoup et qu'elle n'en a pas l'habitude. Pourtant, sa foi est bien un sujet sur lequel elle est intarissable...
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Umbra
[L'homme est le bâtard de Dieu, un bâtard abandonné. Et vous venez lui demander d'aimer Papa?*]

Combien de fois depuis la naissance lui avait-on répéter qu’elle était enfant du Très-Haut, ne sachant qui était son véritable géniteur ? Combien de temps se sentit-elle abandonner par Celui qu’elle nommait « Notre Père » ? Assez d’années pour nourrir une amertume envers Ce Dernier.

Craindre le courroux du Tout-Puissant comme celui du Sans-Nom mais détester le premier pour Son absence, telle était l’ambigüité de l'Ombre.

Elevée dans les silences, éduquée dans les tabous et forgée dans les paradoxes : de quoi troubler une âme ad vitam eternam et la plonger dans une profonde rancœur.

Pourtant malgré cette inimité naissante, la jeune femme continuait d’aller aux offices et de prier régulièrement car tous ces rites avaient bercés le quotidien d’Ombeline pendant trop longtemps. Ce n’étaient plus que des pratiques dénuées de d’intérêts et de sens. Des coutumes sans saveurs ni valeurs. Simple rengaine, vestige de moeurs.

A son grand Dam, la brune perdait la Foi. Car dans le fond, elle espérait se tromper, elle voulait sincèrement y croire. Hélas, la réalité en était autrement et avec le temps, l’aversion fut fatale pour la piété d'Umbra.

Les jours s’écoulaient dans une fatalité constante et le Dimanche devint maudit. A l’appel des cloches, la demoiselle se bouchait systématiquement les oreilles puis montait se cloîtrer dans sa chambre comme pour s’empêcher de succomber à la tentation. De sa fenêtre, l'Ombre observait les fidèles aller à la messe. Ses traits se déformaient par l’aigreur du moment mais ses yeux ne quittaient pas la porte du Saint-Lieu. Son regard était empreint de tristesse, de déception.

Cependant jamais ses actes ne trahirent ses paroles : la jeune femme bannit tout objet de culte de son logis et personne ne l’aperçut demander grâce. Si son être n’émanait que de la froideur, c’est que l’intérieur était vide...

Ce jour-là, Ombeline, attablée, régnait la tête penchée sur une pinte entamée. Vacillante au dessus de sa bière, entourée de cadavres de verres vides, elle ruminait encore et toujours ses désillusions. Le corps imbibé d'alcool, l'esprit de la brune voguait sur les flots d'ivresse. Dans cet état, il ne valait mieux pas qu'elle réfléchisse sinon elle sombrait vite dans sa contrariété et se noyait facilement dans ses déboires.

Umbra cuvait donc quand des brides de conversations se détachèrent du brouhaha ambiant:


Citation:
...la foi était très personnelle. Chacun la ressent et la vit à sa façon...C'est faux ! Nous n'avons besoin de personne pour nous adresser à Dieu. Si tu veux lui parler, lui demander pardon ou quoi que ce soit d'autre, tu le fais directement...


La demoiselle mit un moment avant de se rendre compte que les paroles étaient bien réelles. Ces dernières échauffèrent vivement l'Ombre qui se redressa difficilement pour balayer la salle d'un regard trouble. Ses iris de jais finirent par se poser sur l'une des voisines. Quasiment certaine que c'était la rouquine dos à elle qui tenait ses propos, la jeune femme se pencha en arrière et déclama avec mépris:

Tiens donc, une rousse qui loue Notre Père. Ne seriez-vous pas une hérétique de nature, vous?

Ne tenant plus en équilibre sur les deux pieds de sa chaise, Ombeline se rassit correctement en ricanant nerveusement. Tout s'enchaina ensuite très rapidement, l'alcool aidant, la brune perdit vite son rictus pour laisser place à une colère noire. La brune prit une énième gorgée de bière avant de claquer sa chope sur la table en se levant brusquement. Faisant volte-face vers la tablée féminine, Umbra vociféra, haineuse:

Aristote est un bâtard et Dieu n’existe pas !

Voyant maintes regards se poser sur elle, la demoiselle titubante feignit un sourire amer en se retenant au bord de sa table. Elle baissa donc d'un ton et reprit avec ironie:

Comment? Serait-ce une hérésie d'être réaliste?

*Citation de Gabriel Chevalier

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Enjoy
    Ses yeux s'habituent doucement au contraste. Le lieu est, semble-t-il, fort agréable. La devanture ne le laissait aucunement transparaître. Encore une fois les apparences sont trompeuses. Le trio se rend à une table parmi une foultitude. Les jeunes femmes s'installent sans se faire prier. Bien que la teneur du débat tournera autour de la religion. La première rousse lance les réjouissances en introduisant la seconde. Qui ne tarde pas à aller de sa petite explication. D'abord personnelle puis générale. La mustélide écoute sagement n'émettant aucune remarque. L'allusion sur le moine italien l'effleure sans l'égratigner. L'importance de cette information est balayée par l'envie de goûter à l'essentiel. Qui ne tarde pas. Visiblement, il n'y a pas de cérémonies chez les réformés. Chose étrange à première vue. Tous les courants religieux ont leurs festivités ou leurs coutumes. Ne serait-ce que pour les enterrements. Elle aurait voulu interloquer leur, désormais, professeur. Mais le destin trouve bien plus amusant de convier une personne supplémentaire à leur tablée.

    L'interpellation est bruyante de part la parole et le geste. La mustélide reste muette et se contente d'observer la démarche chaotique de la dernière protagoniste. Les onyx de la Corleone se posent sur les mains qui se retiennent au bois. La table n'étant pas d'un poids conséquent se met doucement à bouger. Le liquide non alcoolisé contenu dans le godet de la mustélide se déverse. Un détail. Tout comme le reste. Celui de sa main qui cherche et trouve sa dague, ses sourcils qui ne laissent transparaître aucune émotion particulière. Puis la dangerosité de l'inconsciente qui sévit. Bien que les femmes appartiennent, parait-il, au sexe faible. Seul un manque évident de perception des choses peut permettre à un individu de déclamer pareils propos dans un lieu public. Les breuvages liquoreux aident plus à cela, que la raison résonne à cet instant. Leur tablée aurait accueilli trois mercenaires masculins que la donzelle leur faisant face à ce moment même ne s'y serait pas aventurée. Ou peut être que si... Et là, l'alcool n'aurait plus d'excuse. L'inconsciente porterait ainsi ce sobriquet d'une façon bien justifiée. La mustélide scrute le reste de la pièce avec en fond le tavernier qui essuie quelques chopes. L'air inquiet devant la scène. La Corleone enserre délicatement son verre de ses deux mains puis s'adresse à Shirine. Ignorant superbement l'imbibée.


    Il n'y a donc aucune cérémonie pour honorer vos morts ?

    La mort et Enjoy. C'est un sujet récurrent. Possédée par cette envie macabre de périr jeune. Pour elle, mourir de vieillesse est presque un affront. Sa place est de lâcher son dernier soupir en défendant les siens ou pour une cause qui en vaille la peine. Et donc certainement pas en se morfondant dans une chaise bancale. A regarder les années s'écouler jusqu'à ce que cela soit la Fin. La vraie, l'unique. La question venait juste d'être posée, malgré ça, son regard se porta de nouveau vers la jeune femme debout. Encore une remarque désobligeante de sa part et l'entrevue prendrait un chemin vraiment inattendu. La mustélide peut être apaisée mais le sang d'ancêtres aux forts tempéraments coule dans ses veines.

    Dans le reste de la salle, le silence se fait. Les piliers de comptoir semblent figés. Deux individus encapuchonnés ont cessé de discuter. Et tous les visages, sans exception, affluent vers elles. Pour la beauté de l'Italienne pourrait-on dire. Ou juste car la bière a encore fait une victime.

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Shirine
Tiens donc, une rousse qui loue Notre Père. Ne seriez-vous pas une hérétique de nature, vous ?

A ces mots, Shirine sursaute. Elle tourne la tête vers celle qui l'insulte. Si elle n'avait pas remis sa chaise sur ses quatre pieds, la rouquine l'aurait attrapée par la tignasse pour la faire basculer. Son sang se met à bouillir, comme chaque fois qu'on la contrarie. Elle a toujours du mal à se contrôler.
Elle la regarde finir son verre puis se lever, et se calme un peu en devinant l'état d'ébriété avancé de la brune. Elle sait d'expérience que les gens bourrés n'ont pas toujours conscience de ce qu'ils disent, et elle leur accorde alors un peu d'indulgence.

Mais la suite de ses paroles la fait sourire. Rire même.
Elle a toujours cru en Dieu, même si les soeurs du couvent où elle a grandit l'ont fait détester la religion Aristotélicienne Romaine. En sortant de cette prison, elle aurait pu renier Dieu et tout ce qui le concerne, mais il fut bien le seul à l'empêcher de mal finir. Grâce à lui, elle s'était trouvé un combat juste, des gens tolérants envers elle et qui la laissaient exprimer son caractère et son besoin de liberté. Merci le Lion de Juda. C'était surement la plus belle chose que les Hommes aient créé...

La Corleone prend le partit de l'ignorer et enchaîne sur une question. Avant de lui répondre, Shirine ouvre une porte à la brune insultante.


T'as l'air d'avoir un avis plutôt tranché, assied-toi pour développer avant de t'écrouler par terre.

Puis elle se tourne vers Enjoy pour répondre à sa question.

Bah, si jamais un de tes proches meurt et que tu veux faire une petite cérémonie t'as le droit. Mais y'a rien d'officiel, non. Comme pour le mariage. Ce qui a son avantage d'ailleurs. Vu que y'a pas de registre de mariage réformé, bah tu peux te marier et divorcer autant de fois que tu veux !
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Rosalinde
Aristote est un bâtard, et Dieu n'existe pas.

Y'avait pas à dire, celle-là avait le sens de la provocation. Brailler ça au milieu d'une taverne des plus calmes et respectables... Ça détonnait un peu. Rose aurait pu s'en amuser, mais elle prit plutôt le parti de s'en agacer. Elle avait choisi la taverne, à n'en pas douter, ça allait lui retomber sur la gueule sur la brune créait une esclandre. Et d'esclandre, elle avait bien envie, vu la façon dont elle semblait caractériser les rousses. Or, deux magnifiques spécimens étaient attablés face à elle. Deux magnifiques spécimens enceintes. Dont - au moins une - qui avait tendance à partir au quart de tour depuis qu'elle s'était rendu compte que le miracle de la division cellulaire s'était opéré dans ses trompes de Fallope.

Heureusement, Enjoy et Zoé prirent les choses en main, l'une en ignorant, l'autre en invitant à discuter, ce qui laissa à Rosa le temps de décompresser un peu et d'étouffer son envie de meurtre. Et curieusement, elle prit le parti de l'Italienne, ne prêtant absolument aucune attention à l'Umbra. Ah ça, le dédain, c'était sa tasse de thé, elle maîtrisait cet art sans doute mieux que quiconque. C'est donc avec sa moue hautaine, typiquement parisienne, qu'elle contempla l'importune, avant de se tourner vers la Lisreux.


- Étrange, ce n'est pas ce que Maleus a semblé dire... Pour lui, le mariage est plutôt envisagé comme quelque chose d’indestructible, qui ne peut même pas souffrir dissolution ou annulation comme chez les Romains. Une différence de mouvance ?

Et, sur ces bonnes paroles, elle engloutit une gorgée de vin.
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