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[RP] Nyctalope ? Dans tes rêves !

Gypsi
    Les hommes sont comme les nuages. Ils sont chassés en avant par un vent mystérieux et invisible face auquel ils sont impuissants. Ils croient maîtriser leur route et se moquent de la faiblesse des nuages. Mais leur vent, à eux, est mille fois plus fort que celui qui souffle là-haut. Pierre Bottero

Les yeux se ferment une seconde. L'air froid entre dans la bouche, brûle la gorge sèche et ressort avec sérénité. Les prunelles scintillent. Les pieds se mettent en action. Un pas, puis l'autre. Dans un boitillement régulier. Marche trop longue qui réveille une vieille blessure. Un, deux. Un, deux. Elle marche. Elle fait le vide au milieu des rues bondées de Paris. Elle esquive quelques passants. Trois, quatre. Elle poursuit son chemin. Elle fait le Vide. Le Vide. Et elle sourit. Enfin. Davantage par les yeux. Le vide. Les gens. La solitude parmi ces gens. La liberté, retrouvée ! Redevenir elle-même. Et elle marche à grands pas boiteux, tandis que ses pensées fusent à grands traits tortueux. Faire le point. Et perdre déjà la lueur dans ses yeux.

Paris. Pour aller vers le Nord. Paris. Et ses pas l'emmenaient dans la direction des bas quartiers. La fameuse cour. Celle où elle serait à sa place. Liberté retrouvée. Après un étouffement insoutenable. Une brune, deux bruns. Trois. Trois personnes qui comptaient énormément. Et pourtant ? Trop de tensions. Trop de non-dit. S'ils avaient été ceux qui savaient la faire rire en toute situation, ils étaient désormais un peu comme les autres. De la compagnie. Ni plus ni moins. De la compagnie qui lui pesait. Qu'elle avait besoin de quitter. Au moins le temps d'une journée. Elle leur avait tout laissé. Besace, parchemins, armes, cadeaux, vieux souvenirs. Tout ce qu'elle emmenait toujours partout. Tout ce qui la suivait toujours.
Une dague à la ceinture pour seul objet d'arme. Deux colliers à son cou, sans valeur pécuniaire. Des poulaines de cuir, devenu grisâtre avec le temps et la poussière. Peu vêtue - comme à son habitude - elle porte le nécessaire pour couvrir ses attraits. Une cape miteuse vient couvrir ses bras, la protégeant du froid hivernal mordant. Et elle avance. En silence. Et elle compte ses pas. Cinq, six. Elle marche.

Paris. La matinée. Les rues infestées de passants. Des riches, des moins riches. Des beaux, des laids. Des grands, des petits. Des gros joufflus, des petits touffus, des grands ridés, ... Paris. Et ses passants. Et parmi eux, une brune qui avance. Un animal du jour. Une "brebis". Qui n'avait rien d'une brebis. Elle avançait, se frayait un chemin. Et elle réfléchissait. Elle pensait. Une envie de fuite la tenaillait. Partir, les laisser. S'évaporer. Et respirer en retrouvant sa liberté. Une maigre conscience qui trottait dans sa caboche bohémienne la retenait. Ils avaient besoin d'elle. Conscience ? Ou orgueil ? Amour-propre qui se mue en devoir. Connerie. Etouffement. Doutes. Questions qui rongent. Oppressent. Poids qui pèse. Qui tasse. Qui transforme la gitane pleine de vie en demi-loque pleine de poussière. Les yeux se plissent. Les sourcils se froncent. Et la gitane se redresse. Accélère le pas, n'esquive plus les passants. Coup d'épaule à droite. Croche-patte à gauche. Elle se redresse. Elle se fait sa place. Elle se reprend. Et elle poursuit son chemin.

Coup d'oeil à droite, puis à gauche. Perdue. Paris. Sa grandeur. Sa population. Gypsi. Sa distraction. Sa méconnaissance du lieu. Paris 1, Gypsi 0. Rageuse. Il en faut peu. Têtes baissées elle reprend sa route, fixant ses pieds. Les rues défilent. Se dégradent. La brebis se perd davantage. Trop agacée pour demander son chemin. Elle avance d'un pas plus rapide, toujours boiteux. Un, deux..., trois. Faux rythme d'une valse à trois temps. Faux rythme, pour une fausse brebis. Et le choc. Tête contre menton. Genoux contre genoux. Douleur. Saisissante. Elle recule d'un pas. Un petit pas. Sans montrer le moindre signe de douleur. Et elle relève le museau. En rogne. Contre elle qui ne regarde pas où elle marche ? Si peu. Mauvaise foi est reine. Contre l'autre. Et les mots persiflent, appuyés mais prononcés peu fortement :


Sottard, ouvre les yeux !

Elle cognerait bien. Pour se vider. Décharger cette colère qui l'enserre à présent. Décharger cette oppression contenue trop longtemps. Elle cognerait bien. Mais l'être est plutôt frêle. Et elle a assez d'ennui comme ça. Les bas quartiers ne sont plus loin. Elle trouverait sans doute de quoi satisfaire sa soif de défoulement. Alors elle se décale légèrement et reprend sa marche. Un pas. Son épaule vient de nouveau heurter celle de l'être croisé, bousculé. Deux pas. Trois pas.
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Hibou.
[ Ce qui différencie le masculin et le féminin est aussi grand que deux monts arrogants et aussi petit que leur graine d'esprit... ]



- Anicroche -


Ce n'était que le temps d'une promenade. Un chemin maintes fois parcouru pour le plaisir de l'ouïe et de l'odorat. Capuchon à l’œuvre, fourrure délaissée pour un col de faible circonstance, puisque frêle face aux gelures de Mère Nature. Mais peu chaut au germain, si habitué à ces attaques adorées. Viennent la bien-aimée au dos, la coque serrée, les bottes claquantes sur le pavé. La trentaine a déjà ses habitudes... Si ce n'est pas bien heureux !
Un besoin simple que de se dégourdir avec ses petites pensées pour nous accompagner. Le Hibou quitte son nid avec lenteur et tolérance au cœur. Et rasent les murs les lépreux, pustuleux, fiévreux et têtes de nœuds...

Ah miracles de l'humain désespoir. Les fanfarons et coupes-bourses traversent les rues, pieds nus, la peur au ventre et le sourire narquois, puisque perdre n'est personne lorsque l'on ne détient plus rien. Paille et boue malodorante se mêlent au reste de civilité, pierres fatiguées d'être si mal nettoyées. Des clameurs se font entendre à tout coin de rue, des petites frappes gueulant leurs victoires, aux rires des assoiffés devant le conteur et ses histoires. Chaque pas en la cour sont identifiés, écoutés, fixés, de bandes organisées aux crieurs avisés... Puisque tout se sait dans les bas quartiers, tant s'ouvrent et se ferment les volets à notre entrée.
Rien à craindre si vous graissez les bons essieux à votre tranquillité... Mais prenez garde si vous veniez à vous perdre. Car si vous entendez ce sifflet, si vous apercevez des ombres et des gestes... Courrez. Au mieux vous vous relèverez, en sang et dénué d'objets et vêtements. Au pire... Rejoindrez-vous Perfection et son Empire interminable.

C'est donc dans cette esquisse du melting pot de la gangrène parisienne que marche le blafard. Sûr et ferme dans cette petite foule bon marché, l'artiste s'aère, fait fructifier ses nerfs, car viennent l'agacer ces souvenirs angevins boulassés. Croyez-vous donc ce sourire si ... Éternel ? Il n'y est plus. Inspire Rumwald... Expire. Soupir. Cet air donne envie de vomir. Mais quelle belle œuvre, quelle obstination que nous rats avons à survivre.
L'envie de rentrer se fait presque sentir alors qu'un choc agace le squelettique. Un grognement siffle entre ses dents, entre douleur et gêneur, alors que les deux billes grises, si taquines, viennent à peine s'aiguiser sur l'obstacle bousculé. Une insulte fuse, court, coule loin de l'étau de la colère. Et la promenade s'évade.
De par la faiblesse de l'arc de vision que confère le capuchon, le plumé doit se tourner à demi, pour mieux se faire idée de la perturbatrice. Bien malgré lui, ce ne sont que des brindilles de cheveux qui frôlent ses nasaux, alors qu'une épaule féminine vient jouer à un délicat jeu. La sentence s'abat d'un bras dextre tendu à la nuque, les serres agrippant ce qui semble un collier aux liens différés, du moins ce que pense le toucher... Peu importe car s'ordonne un étranglement, suivi rapidement d'un tibia vicelard au bas du dos, pour mieux souhaiter la bonne journée à l'étranger. La surprise du jour ne va pas bien loin, du moins assez pour se camper sur ses gardes. Le ton, lui, ne tarde pas à se démettre de son abstention, telle la saison :


Décidément... C'est mon bal des insolentes. Un problème la gueularde ?

Touche moi. Touche moi encore... Parle moi. Jette moi encore... J'ai la tolérance zéro.


*** Musique : Scott Shelby's Main Theme de Normand Corbeil ( jeu : Heavy Rain ) ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi

Le temps se fige. Ah le scélérat ! Le pervers ! L'enflure ! Le temps se fige. Tout comme la gitane. De l'épaule bousculée au cou étranglé, il n'y a qu'un pas. Un pas qui surprend. Qui brûle. Un pas à suffoquer. Une avancée stoppée. Cou étranglé. Bas du dos secoué. A la surprise douloureuse succède brièvement une légère pointe d'inquiétude. Qui se mue rapidement en colère. Une colère qui fait oublier la douleur. Qui fait oublier la situation dangereuse. Pour aller chercher et retrouver une maigre dignité, une fierté qui tente de s'évaporer sous la serre d'un inconnu. Lunatique ces jours-ci. Un rien l'agace. Surtout cet inconnu. Sa voix. Son ton. Ses mots. Ses gestes. Cette attaque. Par derrière. Elle aurait dû le prévoir. Elle est loin des beaux quartiers à présent. Elle aurait dû le savoir. Elle aurait dû agir différemment. Elle pestait intérieurement, tandis que le lien du collier marquait sa peau. Elle avait appris les combats à la déloyal. Elle savait tricher, et faire des coups par derrière. Pour autant, elle n'aimait pas qu'on lui en fasse. Le temps se fige. Sur une image d'une bohémienne à demi-étranglé par son propre collier. Le duel animal du jour qu'est la brebis contre animal de nuit qu'est le hibou semble débuté. Si toutefois Gypsi parvient à trouver quelque part en elle les ressources pour se sortir de cette situation.

Un problème. Elle a en un, bien évidemment. Même plusieurs. Un lien enserre sa gorge et ce n'est pas Du Tout agréable. Et le plus gros qui ne l'est pas tant finalement : un encapuchonné lui cherche des noises. Gypsi n'avait pris que peu de temps pour observer le dit homme. Le ton ne laissant pas de doute sur le sexe de l'animal. Elle avait seulement noté qu'il semblait frêle, et qu'il se cachait derrière des bouts de tissus. Agir, il fallait agir vite. Avant que l'air ne se raréfie. Juste le temps de tenter de calculer de maigres détails. Et de lancer avec force sa jambe droite en arrière, pour tenter d'atteindre une partie du gêneur. Qu'elle atteint, sans savoir réellement où, comment, pourquoi, ... Le coup était davantage lancé pour distraire que pour faire mal. Le pied droit retrouve le sol. Elle devait jouer sur la vitesse. Et elle recule alors brutalement, quitte à recommencer le choc de la rencontre. Non pas qu'elle aime toucher ce drôle d'animal. Loin de là. Mais elle n'a pas vraiment le choix. Et tout en reculant, une main se porte vers son cou pour tirer sur la ficelle et l'écarter de sa peau. Elle tire tant qu'elle l'arrache.

Se retourner. Voilà la seule chose qu'elle voudrait. Se retourner pour faire face à cet homme. Les combats à l'aveuglette, elle n'apprécie guère. Et c'est seulement de moitié qu'elle se retourne. Et qu'elle fixe cet étranger d'un regard noir. La tolérance 0 leur fait un point commun. Qu'ils ignorent certainement. Et c'est d'un geste sec qu'elle lui balance à la figure les restes de son collier arraché. Collier qui n'a d'ailleurs plus de valeur sentimentale. Qui restait à son cou davantage par habitude que par sentimentalisme. Ou par la beauté qu'il ne procurait d'ailleurs pas. Et ses mots claquent. A nouveau :


T'plains pas, ç'doit être ta seule façon de trouver des partenaires de danse.

Non, ça n'a rien à voir. L'art féminin de dévier les phrases. Elle se moque surtout. Elle se moque avec un plaisir non dissimulé. Il suffit d'en croire le sourire narquois qui flotte au coin de ses lèvres. Un bal. Veux-tu danser, inconnu ? Alors dansons. Elle tente de s'éloigner quelque peu de la silhouette qui lui fait face. Dansons. Il n'y avait pas meilleure danseuse que moi avant. A présent, je boite, mais la colère fluidifie les gestes. La colère, et l'envie de dissiper toute cette oppression. Finalement, tu es bienvenue inconnu. Approche donc. Viens. Je veux frapper. Montre-toi utile sottard. Que tu libères la rage qui pèse sur mes épaules. Tu auras fait une chose utile dans ta vie... Un regard de défis est lancé. Dansons. Un, deux, trois. Un, deux trois. Mais c'est un jeu dangereux. Celui qui commettra la première faute perd. Mais perdra certainement plus qu'il ne le pense. Si je gagne, je ne gagne rien, si je perds, je perds tout. Mais dansons. Cela fait longtemps après tout. Et plus l'enjeu est grand, mieux nous danserons. Non ?
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Hibou.
[ Un combattant de métier dira qu'il joue son honneur. La Rue, quand à elle, misera votre vie. Souhaitez-vous toujours jouer selon les règles ?... ]



- Danse du cerf * -


Une jambe féminine s'étire pour maintenir une sécurité tyrannique. Le pied fouette le bas ventre, avec une puissance mise à l'abandon, malgré qu'un point mérite d'être soulevé dans le recueil du blafard : l'agitatrice est rapide. Mieux encore, femme l'agace à en grincer les céramiques, alors qu'elle lui offre une vue exceptionnelle de ces liens, pourtant si utiles à briser le tube d’Éole. L'instinct écarte cette carte du jeu à suivre. Puisque bataille fera rage... Là, tout de suite. Les faux animaux se sont si bien trouvés. Cloitrés dans des cages fades, sans aucun goût effleuré depuis des lustres à leur mémoire impatiente.
Brebis bêle son insolente taquinerie, tant tourner en ridicule les vers du germain doit avoir un effet certain sur son comportement... Si fait. Un rire malsain s'élève en gorge alors que le mot danse croque les oreilles du Hibou. Ah... En effet, dois-je me dire que j'attire les faveurs des œuvres, prêtes à tendre leur toile pour ma signature ? La délicate question. Est-ce moi ou sont-ce les autres... Lève-je les poings ou tire-je Miséricorde... ? Je t'en conjure l'inconnue, donne-moi une réponse.


Danser...?

Le cuir des pognes vient rabattre le contraignant capuchon en arrière, laissant loisir à la curiosité de mettre un portrait à cette voix pincée. Son identité ? Quel intérêt. Il ne porte cela que pour un brin de chaleur... N'en déplaise aux mouchards. Ces derniers sont si secondaires aux yeux du squelettique. Passons. Enfin, le corps entier fait face à celle qui se tient en biais... Un sourire morbide aux lèvres fines. Tiens tiens ; N'est-ce pas là une ombre d'une gueule de Harpie ? Cependant l'inconnue, jusqu'où lui ressembles-tu ? Toi qui détiens un faciès d'aventurière, déchirée par la colère, l'exquise attitude rebelle face au monde... Jusqu'où vont tes capacités, alors que je m'élance pour briser notre distance. Jusqu'où vont tes réflexes, alors que je serre, à m'en sortir les phalanges, le poing dextre. Jusqu'où va ton expérience, alors que tu comprends la feinte, puisque c'est la vicieuse sénestre ouverte qui désire ardemment faire connaissance avec un tympan...

Impressionne-moi.



*** Musique : Duplicata d' Idem et Ez3kiel - Le sous titre est un clin d’œil à une musique de System Of A Down, qui est pour moi une étrange et plaisante ode à la brutalité ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi
Les règles ne sont faites que pour être dépasser. On ne joue que pour gagner. Utiliseras-tu tout le potentiel de tes pièces ?

- Danse... Et sert, enserre. Frappe

Avant de danser, on commence toujours par se tourner autour. Lentement. Furtivement. Tic tac, tic tac. Les secondes s'égrainent. L'approche de la valse fait que, de façon incontrôlable, les battements du coeur s'intensifient. Le calme avant la tempête. Furtif moment de pause. Jauger. Le moment est venu... De respirer. Observer. Et lâcher quelques mots. Pour noter l'évolution. Pour gagner du temps. Pour que la trace sensorielle laissée par le lien du collier s'efface. S'oublie. Elle garde la tête haute. Orgueilleuse brebis. Fierté farouche qui a si souvent failli causer ta perte. Et le rire cynique, impur s'échappe des lèvres Rumwaldienne. Et la question. A bal d'insolentes, danse vi-olente. Elle n'est pas là pour répondre à ses questions. Tout au plus parvient-elle à répondre aux siennes. Peu lui importe celles des autres. Est-il sourd ? Est-il bête ? Ou bien surpris des propos gypsiesque ? Danser. Oui. Danser. Jouer. A qui fera échec et mat. A qui sera touché, coulé. Jouer à qui fera tapis le premier. Danser. Un geste après l'autre. Succession. De mouvements. De regards. De domination. Danser. Et Jouer. Avance donc. Viens. Elle n'a plus peur. Excès de confiance. Assurance. A moins que la peur de mourir ne l'ait quittée depuis bien longtemps. Tout comme la peur de la douleur en elle-même. Après tout, l'homme sait davantage résister à la souffrance qu'au désir. A la douleur qu'à l'envie. Etrange bête qu'il est.

Capuchon rabattu. Attention captée un bref instant. Un visage. Laid. En accord avec cette voix morne. Les yeux se plissent. Assurément elle n'avait jamais vu un tel être. Finalement elle n'aurait pas cru si bien réussir sa raillerie. Probablement véridique. Oui, Gypsi juge. A la hâte. La situation le lui pardonnera peut-être. La tension monte. Les muscles se tendent. L'attention est à son comble. Sais-tu danser dans les règles du jeu sans règle qui s'engage ? Artiste, l'es-tu réellement ? Le regard scrute, observe. Mémorise. Tente d'anticiper. Elle n'attaquera pas la première. Elle ne se dévoilera pas la première. L'écart se réduit. Tout, elle voit tout. Le pas qui s'avance. Le poing qui se ferme à s'en couper la circulation sanguine. Tout elle voit tout. Tout... Elle comprend. Elle sait. Vu, et revu. Anticiper ? Impressionner... ? Entamons donc la danse. Ce corps à corps tout à fait particulier. Aussi répugnant que tu puisses l'être, l'achromique. Valsons.

    Se baisser. Esquiver. Et contre-attaquer. Si simple. Il suffit de se baisser. Ou plus sûrement, de se décaler d'un pas en arrière. De laisser passer la main fouettant l'air. Faisant du vent. Il suffit dès la main passer de la serrer de sa main gauche, tordant légèrement le poignet tout en avançant et de lancer un poing vengeur. Il suffit. Tout est si simple. N'as-tu que cela à donner ? Me penses-tu si faible ?

Il suffirait. Il suffirait de se baisser, de reculer, d'esquiver. Veux-tu encore tester mes réflexes ? La folle et insouciante brune ne bouge pas. Les pieds bien plantés dans le sol, elle fixe l'homme qui lui fait face. Cran ou folie ? Inexpérience ou volonté de surprendre. Qui sait ? Et quand le poing serré à l'extrême se détend tandis que le bras se lève, la brune lève également le bras. Dévier. Ou du moins essayer. Reculer le visage imperceptiblement et se prendre en bout de joue le choc de la claque. Encaisser pour attaquer. De nouveau c'est un pied qui se lève. La jambe boiteuse. Il suffirait d'un coup sur celle-ci pour que la brune se retrouve en très mauvaise posture. Fragilité qui la tient. Qui la contraint.
La main osseuse frappe donc avec une violence réduite quoique tout de même puissante, et sa tête tourne sous le choc, mais la jambe de la donzelle se lève simultanément pourtant. Typiquement féminin c'est vers les attributs masculins que le coup se dirige. Mais la feinte est également connue. Encaisser pour mieux frapper. Idiotie. Folie. Pourquoi le faire quand elle aurait pu l'éviter ? La brune a besoin des coups. La brune aime la difficulté. La brune veut pimenter le duel. La brune est folle. Perdue. La brune ne comprend pas. La brune a trop confiance. La brune a besoin d'avoir mal pour quitter le sentier de la monotonie, de l'ennui. De l'inaction. Alors...

Frappe. Fais-moi danser. Montre-moi qui tu es vraiment. Artiste ? Imbu de ta personne ? Ou bien poison qui crachera son venin sur moi.
Is it poison ?



On ne change pas une équipe qui gagne. Musique tirée du film Sherlock Holmes : Is it poison, Nanny ? (Est-il un poison, Nanny ?)
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Hibou.
[ Craignez les amants du combat. Ils ne reculeront jamais tant que le sol ne sera pas leur frère... ]



- Adrénaline -


C'est ça. Alors que le souffle se coupe, la vue s'embrume... Le corps se remémore. Les tourments, alors que chaque mouvement lui est insupportable, muscles comme percés de toutes parts d'aiguilles à des points affreusement douloureux. Devant lui, une ombre s'amuse à briser sa garde déjà trop frêle pour seulement être levée. Il ne sait ce qui le tient debout, mais l'arrogance l'oblige à subir une lente pluie de fermes coups, tous aussi bénins que précis. Et c'est bien là le noyau taquin. Plus la viande est frappée, plus les nerfs se rebiffent. Larmes aux yeux, épiderme perclus de sueur, il ne peut éviter un coude flirtant avec la mâchoire. Comment oublier cet instant soudain... Cette clarté aveuglante à lui retourner les âtres, tandis que le cerveau décide que les affres ont assez duré. Une perte de contrôle. Les rideaux se ferment et se ré-ouvrent instantanément. Mais nulle mémoire d'ordre de platine ne saura combien de temps s'est écoulé.

Seul l'instinct se souvient... Comme il sera déplaisant de revivre l'expérience. Tel un poison que l'on goûte à petite dose, notre être s'adapte puis survit au commun du létal. Ainsi nait l'esprit combattif, l'apprentissage de l'esquive, des contres et des revers, des premières avances qu'il vaut mieux savoir pour soi, les clés et les faiblesses humaines... Une encyclopédie malsaine, un guide du combat dict d'honneur, puisque seule sa propre force peut vaincre son adversaire, sans aide aucune d'un compagnon d'acier ou de bois. Et vogue donc le débutant entre défaites cuisantes et victoires par abandon, avant que ne vienne prendre place le confirmé, confiant, mais bien trop pour saisir l'importance du calme et de son bouclier de chair. Enfin, le vétéran exploite ses faiblesses, jusqu'à en faire des armes d'un tout autre genre, des fausses cibles que l'ennemi sera tenté d'anéantir... Et c'est ici. Tel l'acteur enlève le masque du jeune renard... Que la scène peut véritablement débuter.

Quelques artisans du cuir avisés avaient eu l'ingénieuse idée de rendre l'entrejambe masculin bien moins fragile qu'il ne paraissait. Oh mais rien n’empêchera le choc de vriller les sens, au moins tout autant qu'un concert de ménestrels ravi le Hibou. Le petit test s'achève avec une lourdeur digne d'étirer son mauvais sourire, en un monstrueux croissant lunaire. Combien de questions te posent-tu encore l'amie, alors que je ne fais que rendre à Cléopâtre son délicieux cadeau. Faisons une expérience veux-tu ? La femme subit-elle aussi bien que son congénère un coup aux antres de la vie ?...

Et puisque nous devons accélérer le tempo et te remercier de m'éveiller l'inconnue... Laisse moi profiter de ta surprise pour y ajouter le premier coup que je devais te placer... Mais à une délicate hanche. Bien sûr tout dépendra de tes capacités qu'il me tarde de découvrir sur le tas. Nous sommes si proches...

Ouvre-moi les portes.


AH !


*** Musique : Theater de Kaveh Cohen et Michael Nielsen, tirée du jeu Splinter Cell Conviction ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi
Souffle des coups qui s'enchaînent. Danger qui rôde. Comme une onde de plaisir.

Allez tiens ! Prends ça dans ta gueule mon enfant,
Souris un peu, ça te fera les dents.
*

Frapper. Enchaîner les coups donnés. La vitesse au détriment de la force pure. Succession de coups. Confiance au plus au point. Est-ce tout ? A défaut de virevolter, la brune frappe, danse à sa manière. Coup, après coup. Fermeté sans puissance véritable. Faiblesse de la brune qui n'a plus pratiqué ce jeu depuis quelques temps maintenant. Pourtant, si la force manque, le peu de technique qu'elle possédait est toujours là. Le trésor enfoui ressurgit. Précision, rapidité. Ne laisser aucun répit. Aucune trêve. Et frapper avec chaque partie du corps qui le peut. Coude, main, pied,... Les gestes se succèdent. Percussion. Roderie qui se remet en place, comme par enchantement. Les défauts sont pourtant bel et bien visible. Mais le frêle encaisse. Sans esquiver le moindre geste. A quoi joue-t-il ? La question disparaît, tandis que le coude pousse la mâchoire, ripant quelque peu. Tandis que la brune profite allègrement de l'instant de domination. Il faut se contenter de ce qui s'offre à nous. Il n'est pas de petit plaisir. Le siens... Faire taire l'achromique. Abaisser sa fierté. Le danger reste là malgré tout. Le plaisir est là aussi. Par cette présence. Par cette domination première.

La ruse du hibou n'est pas plus pernicieuse que celle du renard. Mais la brune tombe dedans à pied joint. Tellement sûre d'elle, suite aux coups portés qu'elle ne voit pas, qu'elle ne voit plus. Opacité qui vient l'enserrer. Insouciance qui reprend ses droits. Inlassablement. Les Feintes. La brune ne les anticipe plus. Ne les voit plus. Fausses ouvertures, fausses cibles. Fausses faiblesses de l'inconnu. Tandis qu'elle se penche pour frapper, le geste s'arrête brutalement. Le choc se produit. La douleur irradie, se propage le long de sa jambe. Jambe qui lâche. Instant de faiblesse visible. Et si Gypsi reste debout, et parvient à se rattraper in extremis de la chute qu'aurait pu provoquer la non-réponse de sa boiteuse, une averse de coups s'abbat sur elle. La cueille. Et l'effeuille. Il frappe. Un peu. Beaucoup. Passionnément. Avec Folie. Avec perversité aussi. Mais tout combat est pervers. Tout combat est mensonge. Un jeu où la surprise est le meilleur atout. Et quoi de mieux pour ménager la surprise que ... les feintes. Les mensonges. Les faussetés. Quoi de mieux que de transformer ses erreurs en qualité. De les utiliser pour que l'autre commette une erreur. Un partout balle au centre. Ou presque.

La brune encaisse. Serre les dents. Lâche parfois un râle. La femme aurait vraisemblablement moins de résistance que l'homme. Les ecchymoses se dessinent déjà, la peau marquant si rapidement. Le frêle ne manque pas de force. Et sait où frapper pour faire mal. L'achromique vient empiéter sur la noirceur mêlée de couleur de la brune. Le souffle se saccade. La vision se trouble. Tâche blanche qui obstrue un instant la vue. Douleur qui modifie toute perception. Pause, il lui faut une pause. Elle se sent faiblir. Trop vite. Elle a besoin de... Souffler. Le danger ne rôde plus. Le danger s'immisce peu à peu en elle. Les coups réveillent. Sursaut de lucidité. Ses amis... Lui, Elle, Eux. Fierté farouche qui revient. Qui lui redonne les forces de lutter. L'endurance lui manquant d'avoir si peu pratiquer ce jeu de "paume" pendant plusieurs mois. Un jour, il faudrait apprendre la nuance entre chercher les ennuis et les vivre. Un jour il faudrait apprendre la nuance entre ouvrir les portes et les défoncer. Un jour, il faudrait apprendre à se taire, Gypsi. Et maintenant, assume. Ecoute la musique que fait l'artiste. Son souffle, ses percussions à lui. Ecoute le rythme qu'il t'impose. Subit. Entends-tu le cri qu'il ne pousse pas encore ? Ouvre donc les oreilles. Ecoute. Et observe. Observe mieux. Bats-toi. Trouve une parade. Réveille toi. Secoue-toi !

Nouveau coup. Et la sournoise impression que le frêle ne donne pas encore tout ce qu'il pourrait donner. Il joue. Réellement. Nouvelle secousse de rage. Si je dois perdre qu'au moins tu sois au point culminant de tes capacités. Sèchement la brune se... décape. Cape dégrafée d'un seul geste. Cape lancée au visage de l'adversaire. Distraire... Distraire. Elle ne peut plus que cela pour le moment. L'aveugler, respirer rapidement, et tendre le poing vers le plexus. Elle voudrait y mettre toute sa force. Elle sait qu'elle ne pourrait lutter encore bien longtemps. Elle est faible, et elle connaît ses limites. Sa boiteuse la lance. Le souffle est court. Le doute commence à entrer dans la valse. Une valse à trois. Lui, le doute et moi. Et bien que... Le danger pousse à se surpasser. L'instinct est titillé. Un frêle caillou vient se déposer dans le ventre gitan. Cape lancée, poing qui se serre, et entame son chemin vers la cible désirée... Ne pas laisser le temps à l'inquiétude et au doute de prendre place. Frapper. Oui, mais... ?



Musique tirée de l'OST (ou BO pour les français) du manga Pandora Hearts
*parole d'une chanson du Groupe : La Belle Bleue : Coup de poignard

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Hibou.
[ Je ne connais rien aux anges, mais je sais que la peur donne des ailes... ]



- Revers -


Quel intérêt de tout montrer de ses capacités, lorsque l'on peut s'amuser... Hibou se complait de ce duel à faux semblant, où la tournure peut vexer une brebis abusée de l'art de mentir. Sa colère est si proche d'une chatte voulant griffer un volatile arrogant, qu'il serait stupide de ne pas plus l’appâter encore. La douleur ne sera qu'un détail. Frappe encore l'inconnue... Continue donc de croire que je suis dépourvu. Quand bien même serais-je vaincu, je te réserve quelques décontenances... Que je me précipiterais de me servir contre ce sentiment qui dégouline de tes âtres.

Le fer de Léviathan est si brûlant... Combien d'êtres sont tombés sous ses serres, à en rejoindre le noyau de Gaïa ?... Trop peu ! Bien trop peu aux goûts du germain. Ce genre de sacrifices se fait si rare... Alors lorsque le genre féminin lui semble aux affres de ce précipice mélodieux, l'artiste chantonne l'ode hypnotique. Venez donc fougueux et fougueuses et approchez, laissez vous tombez dans d'autres bras que Morphée, et bientôt ce qui vous gênait brulera d'un feu que vous nommerez parfait. N'attendez plus et sautez, plongez dans l'abîme de l'adrénaline des profondeurs instinctives. Bêtes de foire, cédez donc place aux animaux hurlants, telle la lie qui vous chérit. N'entendez-vous pas ce battant qui ne souhaite plus que s'évader au gré de ces plaisirs inavoués... Ces voix qui susurrent le temps que vous avez perdu en remords... De grâce amants du taureau millénaire, quittez votre coquille. Levez-vous et dressez vos poings... Éclatez vos phalanges contre moi.

Mes os en rêvent encore. Fais-moi VIBRER !

A son tour, la perturbatrice subit. Si jusque là ses attaques ont pu parvenir à "lécher" les muscles du sec... Elles les ont avant tout éveillés. Bien entendu, l'artiste est un être plus que généreux... De la défense pure et dure, à jauger l'étendue de la force de son adversaire, le squelettique s'adonne avec joie et rapidité à tenter la brune d'ouvertures grossières. Le bonheur s'agrandit tant l'arrogance lui sourit, à tomber dans ses pièges vicieux. A chaque réponse, les poings et jambes s'écrasent étrangement à de multiples endroits...

La voilà perdue, surprise de comprendre qu'au final l'ensemble lui arrache des rictus de douleur qui aguichent le blafard à continuer dans cette voie là. Le corps est comme un piano, où chaque blessure entraine une note. Oui vous l'aurez compris, Hibou compose... Pire encore, la victime ne remarque que trop bien, combien si l'énergumène ose ce genre de fantaisies... Ce n'est que par goût du jeu. Que le sérieux ne lui a pas encore traversé sa graine d'esprit de farfadet enjoué...
T'ai-je assez titillé l'inconnue...? C'est l'explosion de la gourmandise. Ô délicat danger qui efface soudain son intérêt d'un voile noir. Le sourire narquois s'évanouit. Tout est possible... Une lame prenant son envol derrière un drapeau pourrait être un doux allié à l'enragée.

Les jambes se décalent du côté dextre... A peine trop tard. Douleur délicieuse qui ébroue une côte sénestre... Peu lui chaut. Voilà un bien joli cadeau que vous m'offrez là l'inconnue. Permettez que je l'enroule tendrement autour de votre bras vengeur, avant que je ne crie mon amour à votre égard d'un coude vif libre vers la mâchoire.

Laissez moi vous faire découvrir les étoiles... Et pourquoi pas le reste...



*** Musiques : Sawdust in the Blood de Rob Zombie /// The Encounter de Yoko Shimomura, tirée du jeu Kingdom Hearts II ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi
[Il suffit d'une étincelle pour se brûler les ailes...]

- Revers - De fortune -

Le poing féminin percute alors sa cible. Le prix à payer reste encore inconnu. Pourtant, déjà le bras est enroulé, encerclé, emprisonné dans la cape précédemment lancée. Capturé. Immobilisé. Peut-on encore voler avec une aile en moins ? Fugace instant de surprise et de doute qui perce à travers les yeux de la gitane. Quel est ton nom, l'achromique ? Qui es-tu donc ? Etrangement, au milieu de la confusion de sentiments troubles et sombres qui perturbe Gypsi, c'est un léger sourire qui vient étirer ses lèvres. Enfin. Enfin un adversaire digne de ce nom. Tu joues. Tu composes. Mais tu pourras au moins avouer que je t'ai causé quelques douleurs. Que malgré les erreurs, femme n'est pas si molle, et inoffensive.

Le maigre sourire n'a qu'à peine le temps de se dessiner qu'un coude vient le faucher, dans toute sa violence. Dent cassée. Le sang s'écoule alors un peu plus librement et vient couler le long des lèvres, à l'Est du menton. La tête qui a valsé bien loin revient presque automatiquement à sa place pour fixer son regard sur l'étrange homme qui lui fait face. Vision floue. Et l'étranger est encore plus laid quand ses contours oscillent. Le sang afflue. Le coeur bat. Plus fort. Trop fort. Le rythme s'accélère un instant pour ralentir, laissant la jeune femme aux prises de vertiges. Fragilité féminine. Faiblesse.

Un pas en avant. Hésitant. Elle n'a plus la force de frapper. Cela se voit, se sent. Le coup résonne toujours dans sa tête. Au rythme des percussions dans ses tempes d'un sang qui jaillit trop puissamment. L'accompagnement d'un sifflement strident et léger à travers les oreilles complète la douce mélodie lancinante. Un souffle haché vient poursuivre la rythmique cadencée. Essoufflement. Douleur. Perte de repère momentanée. Ecoute la musique sur laquelle on te fait danser. Et toi, l'achromique, entend-la. Savoure déjà. Tu as gagné. Mais brebis est bien trop fière pour l'avouer. Et malgré les vertiges, malgré la perte d'équilibre, la vision trouble et la musique agaçante et grinçante, elle persiste à rester debout, à faire face. Pathétique. Autant que farouche dans sa posture. La femme qu'elle est encaisse peut-être assez bien les coups finalement. Qu'en penses-tu l'Inconnu ?

Il n'est plus de sursaut possible. Si le bras masculin vient à lâcher la cape qui emprisonne et soutient le bras féminin, la brune s'effondre sur le sol. Sa boiteuse ne la soutient plus guère. La fatigue est bien présente. La tête presque dans les nuages. A défaut des étoiles. Et maintenant ? La dague à sa ceinture viendrait presque lui brûler la peau. Pourquoi ne pas l'avoir utilisée, idiote que tu es ? Trop fière. Trop confiante. Trop oublieuse. Elle ne fait aucun geste pour s'en saisir. Trop faible pour parvenir à placer et porter un coup sans être interrompu. Alors autant ne pas rappeler le détail de la lame à son drôle d'adversaire.

Inaction qui ne dure qu'un quart de seconde. La gitane vacille, tombe vers l'avant. Et dans un pur réflexe, sa main libre vient se crisper sur les cheveux décolorés de l'agresseur agressé. Se crisper et s'y accrocher. Avec le peu de force qu'il lui reste. Elle aurait pu lui mettre les doigts dans les yeux pour s'offrir le temps de s'enfuir. Mais Gypsi ne s'enfuit pas. Et même si elle l'avait voulu, elle n'en aurait plus été capable. La voilà d'ailleurs qui tombe au sol, dans toute sa lourdeur, arrachant au passage quelques cheveux à l'achromique. La fatigue, la lassitude, et les coups, la musique et la danse, le jeu du jour ont eu raison de son peu de force du jour. Pourtant les yeux sont grands ouverts. Restent grands ouverts. Entre les hauteurs des bâtiments elle aperçoit un coin de ciel nuageux, gris. Drôle reflet d'un achromique propulsé dans le ciel. Les yeux reviennent alors se poser sur le dit homme. La musique déraille quelque peu. La salive est avalée avec difficulté et plaisir à la fois. La gitane flotte dans des méandres de sensations contradictoires, et vaporeuses. Et malgré tout, elle trouve tout de même la force de jouer de l'ironie en marmonnant quelques mots, tandis que sa langue glisse vers la dent perdue, comme pour appuyer ses dires :


P'vez garder la dent en guise d'trophée.

Parce que, peu importe la posture gypsiesque, elle prend un malin plaisir à se payer la tête de l'homme qui l'a mise dans cet état. Si facilement. Si rapidement. Oui mais cela risque de lui coûter cher finalement. Elle s'attend à succomber ici. Maintenant. Elle ne cherche absolument pas à susciter la pitié de son adversaire. Oui mais... Toi qui lui a déjà brisé les ailes, vas-tu les faire brûler ? Attends-tu l'étincelle qui déclenchera ses souffrances ou feras-tu preuves d'un peu de clémence et d'indulgence ? Si du moins ce sont des notions dont tu as connaissance.

Musique du groupe Kavinsky, Road Game, Engarde remixe.
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Hibou.
[ Clément ? Indulgent ? Mieux encore. Miséricordieux... ]



- L'Art de Lier -


Hibou enserre. Cape change de propriétaire. Soudoyée, elle trahit sa maitresse, s'enroulant telle une vipère face à Ève en tenue légère conventionnée. L'artiste ne peut réfuter ce corps forgé à la vie vagabonde des longs chemins... Serait-ce la solitude qui t'aura amené à la fin, sauterelle brune mal aimée, ou bien ce caractère bien trempé ?
Hibou arme. Divertissante, sur le fil de l'arrogance tu auras cru me défaire, me pousser aux dernières limites... Qui de la déraison ou de l'appât de l'argent t'aura amené à te confronter ? Diablesse. Voilà que tu souris à ma litanie... Vicieuse, piqueuse de curiosité.
Hibou frappe. Le poids d'un squelette et de muscles secs prêts à exploser à la face de l'athlétique. Voilà la danseuse étoile. Elle tourne tourne l'âme sous cette violence inattendue, fourbe, maligne... Elle haït ce sifflet d'un monde inhumain, qui ne souhaite que la faire quitter de son nid.

Bien trop douillet.

L'inconnue a avancé. Le pas rapproche deux êtres diamétralement opposés, occupés à deviner qui des deux succombera le premier. Si tu es française mon ennemie, tu as presque gagné mon respect. Quelle feinte distinguée... Un sourire pour me décontenancer, titiller la honte, avant de rebondir en bonne féline, la fierté en hallebarde, les appuis fermes au sol. Quoique... Ne serait-ce qu'un échantillon des restes de conscience qui te font tenir ? Le blafard peine à jauger l'ensemble indélicat de la sauvageonne saquée. Rien ne vient du bras enchainé. Bien moins encore des âtres avalés entre deux mondes, le blanc des yeux grappillant parfois presque la totalité du visu sphérique... Et pourtant. Pourtant reste-t-elle là, statue indisposée à s'éclater au sol, refusant l'ultime soumission, se ferrant au seul arbitre de son équilibre, lien de tissu aux mains de l'adversaire. Le volatile fait son choix et lâche la corde de l'abysse.

Fin du combat.

Le squelettique s'attend à apprécier, de ce céramique sourire malade, à entendre choir cette force au féminin désillusionnée. Un rire étonné lui est arraché à ce dernier geste désespéré. Arracher sa monstruosité d'enfance. Cette dépigmentation de naissance. Que idée réjouissante ! Attends, attends donc vile inconnue ! Je réfute ma première vue ! Coquine... Regarde-moi. Là, je m'agenouille, les pupilles glissantes sur ces formes vives et bien trop démontrées. Quel choix de couleur authentique... Originale !
Et... Et voilà que tu me parles !

Le germain ricane. De peur, elle n'en a plus. Ou pas assez. Son instinct même doit être fortement agacé. Il décide donc de le... Titiller. Les mains se voient jointes au dos, et la traitresse réutilisée au goût du jour. Un nœud de chaise pour débuter. Liée, la non nommée peut apprécier les dernières lampées d'un alcool avancé. Notre amitié peut commencer...?


Très chère... J'ai la soudaine impression d'un sentiment de déjà vu. Sauf que je déteste les répétitions... Alors à moins d'être une sœur de l'Est... Je te propose de répondre à mes questions.

Et si l'arrogance se permettrait de répondre, il murmure tièdement à l'oreille :

A moins que tu ne veuilles découvrir ce qui arrive aux jeunes femmes presque dénudées, lâchées dans les ruelles miraculeuses des dérangés...

Il en est presque surprenant que tu ne te sois pas faites défroquée...

T'as-t-on envoyée ? Si oui, Qui ? Si non... Pourquoi m'as-tu souri ?

Et s'il te vient le ton narquois Brebis... Je te délivre mes petites folies...


*** Musique : Bus To Nowhere de Daniel Licht, tirée du jeu Silent Hill Downpour ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi
Dans la ruelle lointaine, on entend le hibou
Menacer miséricordieusement la brebis.


- Jeu, set et match -

La main ouverte sur les pavés, étalée de tout son long, elle laisse son regard osciller entre le ciel et l'achromique. Quelques maigres cheveux décolorés arrachés s'échappent de ses doigts à la première brise venue. Entièrement à sa merci. Faible, fragile, immobile. Moinillon tombé de son nid un peu trop tôt. Moinillon qui n'est pas capable de s'envoler, de s'échapper. Inoffensif. Presque inerte. Moinillon qui vole pourtant presque. Dans les nuages de sa tête cotonneuse. Quitte à ne pas aller loin, autant tomber par terre. Autant rester par terre. Fin du combat. Fin de la Résistance physique. Brebis a perdu face au hibou. Belle leçon que voilà.

La tension reste pourtant bel et bien là. Il s'approche, s'agenouille. Tension. Quand ce rire cynique résonne. Les sourcils se froncent légèrement. Et la tension augmente encore quand les mains sont liées dans son dos sans qu'elle puisse réagir, ou émettre la moindre résistance. Pas un sursaut, elle n'a pas gigoté. On pourrait prendre cela pour une absence de peur. Loin s'en faut. Tension de se sentir si faible face à ce drôle d'être abject. Impuissance qu'on sent fatal. Abandon. Presque totale. Bien des femmes auraient fermé leur bouche, garder le silence, prit une posture humble en espérant s'en sortir. Mais Gypsi est une reine de la provocation. Quitte à perdre, autant se battre jusqu'à la dernière lueur de lucidité.

Puisqu'elle ne peut plus se battre, puisqu'elle n'a plus de moyen physique à sa disposition, autant entamer une nouvelle danse, hibou. Ils étaient là pour ça, après tout. Es-tu prêt à faire de nouveau glisser tes pas dans une drôle de valse, l'achromique ? Alors que tu parles, et que ta voix sonne d'une manière dans mes oreilles encore sifflante, c'est une nouvelle esquisse de sourire narquois qui flotte sur mes lèvres. Arrogance. Si tu savais, pauvre ange déchu comme je n'ai nullement peur des ruelles miraculeuses des dérangés. Si tu savais comme je pourrais peut-être même y retrouver de vieux amis. Alors, suite à la menace lancée, le sourire s'agrandit, lui faisant comprendre qu'il devra trouver mieux. La technique adoptée est étrange. Jouer avec le feu. L'attiser. Peut-être se consumera-t-il à ses propres flammes, qui sait ?

Dansons encore, l'achromique. Je ne suis toujours pas rassasiée. Parle que je puisse savoir qui tu es. Parle encore. Menace encore. Je suis toute ouïe, vois-tu ? Dansons. Tu n'aimes donc pas les répétitions. Les yeux en viendraient presque à pétiller. Tu te crois recherché, menacé peut-être. Serait-ce une onde de peur là ? Intrigant, que me feras-tu... ? La peur agite la brune, qui pourtant tente de tout faire pour que cela ne se perçoive pas. C'est une peur mêlée - pour le moment encore - de plaisir. Elle a encore quelques cartes en main face à cet homme. La parole. Reprenons la danse au coeur de cette tension. Le palpitant bat pourtant à tout rompre. L'angoisse se ressent dans le ventre. La tête tourne, tourne, tourne. Son corps pourrait être à la fois la musique et la danse qu'elle souhaite tant. Drôle mimétisme d'une valse douloureuse et saccadée.


Si t'es pas capable d'voir les nuances dans tes combats, c'est qu't'es pas bien attentif.

Répétitions. Tente donc de heurter la fierté gypsiesque ainsi. Il n'est nulle répétition. Surtout pas avec elle. Le regard noir est lancé. Elle est Gypsi. Pour qui la prend-il ? A tes questions, je ne répondrais pas. Pas tout de suite. Le regard lance un maigre défi. Tu veux savoir ? Et bien, ... Patiente. Même si un frisson désagréable m'habite quand tu viens trop près de moi. Répugnant achromique. Suspendre. Suspendre un instant le temps. Te fixer. Tenter de percevoir les contours nets. Respirer. Fortement. Et enfin, sous menace de répondre d'un ton monotone :

Non.

C'est déjà une information. Certes, concise. Et peut-être peu crédible. Et pourtant... Croira bien ce qu'il souhaitera. Et de reprendre après avoir avaler à nouveau sa salive, la bouche un peu pâteuse, endolorie et molle d'avoir reçu un coup violent

Et j'ai souri... Parc'qu'tu dois pas avoir d'jolies femmes qui t'sourient tous les jours.

Le sourire moqueur est alors adressé au vainqueur... Imbu d'elle-même ? Vraiment un tout petit peu pour le coup. Il est facile de se moquer de cet homme... laid. Un peu trop facile d'ailleurs sont les vannes gypsiesque. Son état explique peut-être son manque d'imagination.

T'aura eu l'honneur d'voir mon dernier sourire complet. Et mon premier sourire avec... la langue se glisse à nouveau vers l'emplacement de la dent perdue un bref instant ça, en moins. T'plains pas.

Et maintenant, l'achromique ?



** Musique tirée du film Sherlock Holmes - encore et toujours - Data Data Data.
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Hibou.
[ Patience et Arrogance... ]



- De verbes aux maux -


L'artiste ne rêve pas. L'inconnue se perd dans la silencieuse hilarité. Du moins sont-ce ce que les mimiques démontrent. Délicieuse bonne idée. Il y a encore de quoi s'agenouiller et flirter... Si pour, au plus bas de ta condition, tu ais encore des faveurs à me présenter. J'accepte la danse... Augmentons les enjeux. Découvrons-nous un peu. Commençons la joute verbale. A toi la sincérité, à moi la sérénité. Car si tes mains sont unies, tous mes coups sont permis.

Hibou tend l'oreille...

Un manque d'attention. Il est vrai, je dois être sénile tendre concubine... Ou pas assez parfait. Ouf, j'en suis soulagé. Je m'ennuierais bien assez de tout comprendre au premier coup d’œil, au premier geste, au premier zeste de fantaisie... Ne trouves-tu pas que la défaite a ce goût amer, et à la fois édulcoré, tant nous ne savons à l'avance ce que donnera l'avancée. Dès lors mon athlète, j'espère que tu entends tout bonnement ce nœud qui t'entrave et te soumet, et que la curiosité a bien annihilé l'once de gêne que celui là entraine. Vous êtes si pressés d'avoir la main mise chers français... Mais je m'égare, donne moi la suite de mes réponses tièdes.

Non.

Palsambleu ! Dès lors, brebis est une simple errante aux sabots venimeux. Nul lâche ne veut encore attenter mon départ pour un monde meilleur, et envoyer une patte rouge à ma trace. Je résume... Elle virevolte la nomade, elle tombe dans un nid mouvementé, elle attaque, elle nargue, puis s'affale et clame... Je vous embrasserais bien. Mais ce serais trop tôt oui... J'écoute. Mon être tout entier veut se plier sous les griffes du rire, mais je retiens. Non, attends je t'en supplie... Cela briserait les piques, ramollirait la confiance qui sait. Laissons-lui ces pitreries, au moins jusque l'ennui. Elle se moque, elle s'amuse, ne sont-ce pas là les plus beaux cadeaux ? Elle est heureuse du cocasse !

Et maintenant c'est à lui.

Du croissant malicieux nait le rire nerveux, puis l'innarêtable. La crise de larmes. Le torse gigote de haut en bas, la peau crispée et secouée, paupières fermées et reposées. Une longue minute s'écoule, avant que la teinte ne vire à un degré d'appétit contrôlé. Lentement la dextre vient se saisir du dernier allié de l'attachée. L'acier trempé de l'ankou vient poser sa pointe sur l'endroit présumé du cœur, alors qu'enfin le germain se reprend, rieur et souriant :


Oh merci. Bien longtemps que je n'avais pas autant ri. Garde ta confiance, je ne te veux aucun mal la défroquée.

Et tourne tourne la lame, perçant peut être la maigre chemise...

Puisque personne ne t'envoie, et que rien ne semble te déconvenir à être envoyée à mes amis... Mais surtout que tu as combattu et tenu pour la beauté du jeu...

Sénestre s'empare de la lime de Camarde, tandis que dextre s'efface derrière une cuisse féminine solide...

Profitons... Ou... Répétition.

Car je sens venir cette phrase usuelle basique que vous femmes avez la bonté de me susurrer à l'oreille. Et si toi aussi ma jolie te décide à faire preuve de cette bassesse, je te promets d'y répondre. Je suis déjà paré vois-tu. Prête ? Allons-y : Plutôt...?


*** Musique : Underground Activities de Nobuo Uematsu, Junya Nakano et Masashi Hamauzu, tirée du jeu Final Fantasy X ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi
"Patience et Arrogance" ... font plus que force ni que rage ?! réadaptation de ce cher La Fontaine

- Amusez-vous de la vie, il faut jouer avec elle,
Et quoique le jeu n'en vaille pas la chandelle,
Il n'y a pas d'autres partis à prendre.
- Voltaire


L'intensité se trouve partout. Au coeur même de la faiblesse, de l'inaction, et de la dépendance. Yeux qui pétillent, sourires qui s'étirent, disparaissent pour mieux revenir. Mots qui tentent de titiller. Malgré la peur. Malgré la fierté qui s'envole. Malgré la douleur. Malgré l'oiseau de malheur qui lui fait face. Intensité et suspens toujours présent. Un tant soit peu. La brebis se demande bien jusqu'où elle pourra aller. A combien s'élève la "patience" et le "calme" rumwaldien. Elle cherche. Et sans doute le trouvera-t-elle d'ailleurs. Elle cherche le point de non-retour. Elle cherche à pousser le hibou dans ses retranchements, à l'agacer encore. Combattons jusqu'au bout l'inconnu.

Laisse-moi donc jouer encore un peu. Laisse-moi donc m'affronter à ma peur insidieuse. A mes erreurs de jugement. A mes fautes. Laisse-moi faire face encore un peu. Laisse-moi faire face à cette attente que tu imposes. L'attente de savoir ce qu'il adviendra à présent. Ce que tu feras de moi. Boule dans le ventre qui se resserre, empresse, oppresse. Mais visage qui reste implacable. Mentir. Voilà une chose que la belle brune sait bien faire. La chose qu'elle fait d'ailleurs le mieux, sans doute. Mentir et provoquer. Ce sont là tous ses talents. Toutes ses qualités. Puis-je encore te surprendre, l'achromique ? Se pourrait-il que ce caractère étrange change tes habitudes ? Ainsi prendrais-tu part avec plus d'envie dans la danse restante. Le clos du spectacle. L'ultime danse...

Et le rire naît. Sors de la gorge blanche pour résonner puissamment. Longuement. La brebis observe l'étrange scène qui se déroule sous ses yeux. Rit. Moque-toi. Qu'importe. Ne ressens-tu plus aucune douleur, l'achromique ? La "joie" de la victoire efface-t-elle toutes les traces du combat... ? Et la dague. Posée, menaçante sur son torse, perçant lentement. Et la colère revient hantée la brebis vulnérable. Tue-moi si tu le souhaite, mais laisse-moi donc mourir habillée ! Blesse ma peau tant que tu le souhaites. Mais accorde-moi un brin de dignité. Ces maigres couvertures... Il s'amuse l'achromique. Quoi de plus normal. Mais la brune garde le menton fièrement relevé pour le fixer de ses prunelles sombres. Rester droite, et autant qu'elle le peut, dans son état dépravé, affaibli, ligoté, et faible, rester fière. Je ne baisserai pas les yeux l'achromique. Je ne me pisserais pas dessus par peur. Bien qu'elle soit là, la peur. Lancinante. Caressante. Emprisonnante. Torturante. Humiliante. Je n'implorerais pas. Que les illusions bercent mon âme. Qu'elles calment mon angoisse. Qu'elles fassent disparaître ce rire moqueur qui m'insupporte. Le ton se fait un peu plus hargneux et ironique lorsqu'elle reprend la parole.


L'plaisir est pour moi. Te faire rire... Un être tel que toi doit rire à chaque fois qu'il se brûle. Pourtant ne sont-ce pas les ailes brebiesque qui brûlent de toutes leurs flammes en cet instant étrange ?
Je n'comptais pas la perdre, l'achromique. Parce que la bohémienne aime répondre du tac au tac... et s'offre même des petites libertés.
Par contre, fait gaffe où tu pointes ça en louchant un peu sur sa dague paraît qu'ça peut être dang'reux.

Pourtant, un instant de silence se crée quand le hibou reprend. La beauté du jeu. Profiter. Répétition. Autant de mots que la brebis a désormais du mal à mettre côte à côte. Maux, verbe. L'artiste est-il un poète ? Je ne comprends, l'achromique, que veux-tu donc ? Les sourcils se froncent, les doigts se crispent légèrement, le visage se ferme. Comprendre. Rien que comprendre. Et l'enseignement de l'édentée lui revient en mémoire. Un problème ? Il s'envole en un haussement d'épaule. Es-tu si sûre de cela Grayne ? Et toi, Colombe qui ne te serait jamais laisser prendre dans un tel labyrinthe dont tu ne parviendrais plus à sortir, que ferais-tu ? Un soupir inquiet est poussé. Qui pourrait sans doute passer pour un soupir d'ennui. Et la brune suit, contre son gré, le ballet des serres du hibou, avec un frisson d'écoeurement qui lui parcourt l'échine...

S'tu veux profiter, détache-moi donc. A moins qu'tu préfères la facilité ?

Brebis, crois-tu vraiment qu'il rentra dans ce jeu-là ? Et pourtant, tu t'entêtes. Tu t'enfonces. Seule. Si la vie n'est qu'un jeu, tu t'approches dangereusement du Game Over. Les cartes que tu as en main sont misérables. En as-tu seulement conscience belle enfant ? Et le bluff a ses limites.

Lâche ma jambe. Répétition tu dis. Si novice que c'la, pour n'pas savoir danser directement ?

Et de cracher une substance légèrement rougie non loin des pieds de l'Artiste. Malaise qui ressort par la bouche. Brune qui expulse comme elle peut ses frayeurs. Qui se donne une constance comme elle peut. Qui tente de jouer les grandes rebelles quand elle n'est rien d'autres qu'un frêle moineau. Gypsi qui cherche à déclencher le bouquet final. A abréger. Allons-y. Mais dépêche toi. Le temps est compté. Même en cet instant. J'aimerais profiter de ma vie, sans toi qui me gâche la vue. Ou bien, mourir vite pour profiter de la mort tranquillement. Là où le blanc n'a pas sa place, où le feu, et le rouge règne. N'est-ce pas une douce utopie que d'espérer en finir rapidement ? N'est-ce pas trop facile, Gypsi ?


** musiques de Bruno Coulais tirées du film Himalaya, l'enfance d'un chef :
Le passage ; suivie de Les pleurs de Péma.

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Hibou.
[ Parce que je suis vieux et fou... ]



- Parce qu'elle est jeune et con -


Serait-ce une brèche que tu m'offres là perturbatrice ? Une once de sentiments qui s'échappent de tes âtres brûlants d'une flamme que je chéris... Une des sèves de la naissance de notre monde. Serais-tu en colère brebis masquée ? Attachée, te voilà bien plus à même de discuter. Vilaine femme... Je n'ose imaginer ce que tu dois faire endurer à mes congénères brrr. Vois-tu ? J'en tremble de joie. Mieux encore, la lame dérape. Ta chemise s'ouvre à vie au centre. Intentionnel ? Qui sait... Je ne suis qu'un vieux débris disent les langues pendues ; une maladie doit me rendre aussi fragile qu'une pucelle incertaine du premier choix ! Tu ne me crois pas ? Je m'offusque... Reste donc tranquille, je te sens comme... Tendue.

Cela fait deux erreurs ma jolie défroquée. Tu as beau cracher, blesser le pavé d'un mollusque ensanglanté, jouer sur les mots - bien que ce point là t'enjolive si promptement - , coller un masque de givre... Nos racines humaines sont ancrées au noyau de l'Art. Et notre compagnon éternel ne saurait exister sans... l'Imperfection. Ces faiblesses sont un véritable passe-droit à la vie jeune demoiselle ; Permets-moi, laisse-moi donc te montrer que signifient les profits chez Hibou.

Deux doigts blafards effleurent cette peau de ventre, ensoleillée aux affres du voyage, avant que la seule main libre ne se décide à saisir le menton enragé. Enfin, le germain répond :


Ne me compare pas aux simplets profiteurs la fougueuse...

Gifle sèche du rapace à l'encontre de la brune. Ton teint est trop frais et bruni je trouve... Là, garde donc ces yeux rieurs et haineux à la fois. Crois-moi lâche, faible... Cela accentue tes iris à un contraste dégoutant. Très chère, c'est là une danse qui tiédit enfin n'est-il pas ? Tu me rassures, j'avais cru qu'un vent parasite danois aurait décidé de me gêner dans mes recherches. C'est intéressant d'ailleurs... Aimerais-tu t'attacher aux garçons de la dicte "pire" espèce toi aussi ? Peu importe. Nul écrin empoisonné au whisky à vue de nez. Juste l'auteur et sa future nouvelle toile. Car oui...

Heureuse de me faire rire. Heureux de toucher une corde sensible. Qui aurais cru qu'une femme qui montre tant ses formes souffrirait de la plus pure tenue qui soit apparu du temps d'Adam ? Oh ! C'est ça ! Tu es mon deuxième paradoxe féminin ! Viens donc là...

Tu as été choisi. Tu m'inspires. Tu seras ma compagne d'une toute nouvelle expérience. Une associée forcée certes, mais les volatiles ne font pas les mammifères tu sais bien ! Nous allons faire un bout de chemin ma Muse... Un voyage gravé dans tes annales bribesques. Prépares-toi alors que je te lève et te commande au dos.

Bien entendu l'inconnue, si tu souhaites t'arrêter pour faire plaisir à un brave seigneur, tu as ma totale bénédiction dorée. Nous garderons ce nœud pour parfaire le fantasme...

Avance et faisons plus ample connaissance si tu le souhaites, nous rentrons à la maison. Que dis-je... TA NOUVELLE MAISON !


*** Titre et sous-titre sont une réadaptation de la chanson "Jeune et Con" de Saez /// Musique : Let's hear him squeal de Nick Arundel, tirée du jeu Batman Arkham City ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi
[Y’a beaucoup trop de parce que et pas assez de pourquoi]

- Là où tu m’emmèneras -

Pourquoi. Puisque tout est là. Pourquoi a-t-elle fait l’arrogante ? Parce qu’elle est fougueuse, irréfléchie, et impulsive. Pourquoi n’a-t-elle pas fuit ? Parce qu’elle est fière, et prétentieuse. Pourquoi est-elle plus bas que terre ? Parce qu’elle est tombée sur plus fort qu’elle. Et pourquoi, pourquoi ouvre-t-elle toujours sa grande bouche ? Parce qu’elle n’apprend jamais de ses erreurs. Si la jeunesse de Gypsi se discute, sa connerie ne fait aucun doute. Tout comme Gypsi ne doute ni de la folie, ni de la perversité de l’homme qui lui fait face. Tant de questions-réponses qui tombent telles des gouttes de pluie. Qui mouille la gitane jusqu’aux os. Qui la glace. Le doute s’insinue. Toujours plus en avant. L’enserre et lui broie les entrailles. Peur. Oui, elle a peur. Le ventre se creuse quand la lame de sa dague vient ouvrir sa chemise, laissant sa peau à découvert. Et si elle n’a jamais été pudique, elle est loin d’apprécier la peur insidieuse qui naît en elle en cet instant. Que veut-il ? Voilà la question qu’elle se répète. Une touche de doute s’ajoute à une autre. Et lentement, surement, naît l’angoisse. Celle qui bloque les sons. Mélodie lancinante qui garde les yeux grands ouverts. Qui fait ses mains se crisper derrière son dos. Qui fait naître le regret dans le cœur bohémien... Le regret. Il est là. Il rôde déjà.

Faire la fière est si facile quand on ne rencontre personne de plus fort que soi. C’est facile de jouer la farouche grande gueule qui n’a peur de rien quand… Rien ne peut nous faire peur. Pourtant, le frêle achromique cynique est capable de provoquer chez la belle des sentiments et des sensations qu’elle n’avait plus éprouvé depuis longtemps. De ces sentiments et sensations qu’elle refuse d’avouer. Qu’elle refuse de s’avouer. Et pourtant elles sont bel et bien là. Elle est tendue, effectivement, et cela en témoigne. Et le ventre de se creuser plus encore sous le passage des doigts. Caresse que la gitane refuse. Les yeux se froncent, preuve de son mécontentement. De sa colère toujours présente. Sourde au fond d’elle. Qui persiste suite à la gifle qui marque au fer rouge une empreinte sur sa joue. Mélopée qui résiste. Et la peur prouve qu’elle existe, même si les yeux de Gypsi ne témoignent que d’un certain mépris condescendant envers son adversaire. Quel homme est-il pour gifler une femme qu’il vient tout juste de ligoter ? N’a-t-il donc aucune fierté ? Les questions restent flottantes. Sans réponse. Et les mots, vaines répliques pour titiller encore un peu l’achromique ne franchissent pas la barrière des lippes closes.

Un paradoxe ambulant qu’est Gypsi. Evidemment. Il en a toujours été ainsi. Elle s’habille peu, et pourtant, il est déjà arrivé qu’on lui dise qu’elle était prude. Paradoxe. Quand la peur l’enserre, ne rien laisser paraître. Et au contraire, toujours essayer de pousser l’autre à commettre l’irréparable. Mais le hibou n’est pas un oiseau qu’on mène si facilement par la force des mots. Venir là. A-t-elle réellement le choix ? Durement, elle se remet sur pied. Titube sur place, serrant les dents sous la douleur réveillée de sa boiteuse. Cynique et pervers. Elle le pensait depuis le début. La confirmation arrive lentement, sous les mots lâchés. Tout un tas de noms d’oiseaux se succèdent dans la tête de la gitane, comme pour éloigner la peur. Et ce sont des mots qui s’échappent d’une voix qui pourrait presque paraître calme et posée qui résonne dans la ruelle du combat.


Et où allons-nous donc, danseur ?

Un pas. Un second où elle manque de tomber. Trébuche. Serre les dents et se redresse, bien qu’il l’y aide un peu. Gouttes qui remplissent petit à petit le vase. Le vase de tolérance. La honte s’insinue telle une araignée rampant sur sa peau. Une araignée qu’elle ne peut chasser. Ses mains étant liées. Un frisson la parcourt. Les pas se suivent. Et se ressemblent. La tête tourne toujours. Elle a l’impression de peser 8 tonneaux de bière pleins. Et la musique de l’angoisse et du doute vienne lentement lui couper le souffle. Elle regarde autour d’elle. Elle essaie. Mais ses idées se mêlent, se mélangent, et s’embrouillent, tant et si bien qu’elle se perd elle-même. Elle est prise au piège, et ne trouve aucune échappatoire. Alors, elle se met à repenser à ses deux amies. Les deux femmes les plus débrouillardes qu’elle connaisse. Elle tente de refaire le point en avançant. Car penser à elles la ranime. Lui redonne des forces et du courage. Penser à elles lui ferait presque relever le menton fièrement. A chaque problème il y a une solution. Qu’auraient fait ses amies à sa place… ? Toute la question était là. Elles, elles auraient trouvé La solution. L'issue de secours. Elle s’était perdue dans Paris, elle avait bousculé un passant, et l’avait engueulé. Passant qui s’était montré fortement belliqueux. Et dans son entêtement, elle avait perdu le combat face lui. A présent, les mains liées dans son dos, par cet homme qui la conduisait elle ne savait où, la prenant pour une catin, dans un Paris qu’elle n’imaginait pas si grand et si sale, qu’auraient fait ces deux vieilles amies ? N’était-ce qu’un mauvais moment à passer ? Le doute. Le doute. Toujours le doute. Et la peur. Et le souffle se fait court. Gitane a du mal à respirer. Brebis tournerait presque de l’œil. Mais, mécaniquement, inlassablement elle met un pied devant l'autre, guidé par l'Artiste. Sa nouvelle maison l'attend. Et lentement ses pensées s'éclaircissent. Ses amies auraient...
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