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[RP] Nyctalope ? Dans tes rêves !

Astana
- This is just tearing me up inside... and I just wanna die -


Passée l'envie de vomir, passés les sanglots ravalés qui vous obstruent la gorge, la danoise aurait réfléchi. Pris le temps d'observer ce qui l'entoure. La maitrise de soi est votre seule amie dans ces moments-là. Il ne faut pas céder de terrain. C'est un combat à mort ; c'est à celui qui campera le plus longtemps sur ses positions. Tâcher de calmer les truchements de son palpitant, d'abord. Ignorer les tremblements de ces membres qui vous poussent à la fuite alors qu'il n'en existe aucune. Évaluer ensuite.

    Où es-tu ? Dans quelle rue ? T'es perdue ? Cherche la foule.

Personne n'est là. Il n'y aura jamais qui que ce soit. Mais on peut les entendre vivre, les Autres, à bien tendre l'oreille. Dans les rues avoisinantes. Paris fourmille et grouille mais Paris est toujours vide quand on a besoin d'elle ; Paris vous plante des couteaux dans le dos. Il faut user du temps dont l'on dispose. Se recentrer. L'ignominie est derrière toi, pas devant. Celui qui te tient en joug est un joueur, mais ils le sont tous. De quelle espèce il est ? La pire. Tu l'auras vu dans ses yeux. Reste à se préparer pour la suite des évènements.

    Il va t'ouvrir pour savoir ce que tu as dans les tripes.

A chaque joueur sa faiblesse. Aucun être humain n'est sans faille, ils en ont tous. Garde bien ça en tête pour la suite, parce qu'une fois que tu l'auras repérée, tu pourras frapper au bon endroit. Ligotée, menacée que tu es... PENSE ! Et pense vite. Il cherche à te rabaisser pour que s'effondrent toutes les barrières que tu as construites. Evade-toi ailleurs s'il le faut, mais ne les abaisse pas. Une bonne victime est une victime qui crie. Sois mauvaise dans le rôle que tu es forcée de jouer. Gâcher son plaisir avant tout.

    Il va pleuvoir des coups bientôt. Ne dis rien. Ne cries pas.

Ce n'est pas en hurlant après ta sainte mère que tu obtiendras son respect. La clef est là. Rager ne servira à rien, si ce n'est affaiblir les forces qu'il te reste. Garde le menton haut et le regard frondeur, montre-lui à travers qu'il est pathétique, mais ne réponds pas. Ce n'est pas en découpant des femmes que l'on devient Grand. La pitié est absente ici, ces gens-là en sont dénués. Inutile de compter là-dessus. Tu es toute seule, personne ne viendra t'aider, il a ta vie entre les mains, à toi de lui prouver qu'il s'épuise pour rien.

    Mais comment ?

En jouant cartes sur table le moment venu. En attendant, encaisse et observe. Quoi qu'il arrive, tu n'en ressortiras pas indemne. Et tu le sais.
Une partie de toi va mourir aujourd'hui. Reste à définir laquelle.


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Traduction du titre : Ça me déchire juste à l'intérieur... et je veux seulement mourir.

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Andrea_
    Même en Enfer j'irais t'chercher par la peau du cul.





La Chiasse n'a pas été programmé pour réfléchir, elle sait se battre, sait en un regard transformer le pire des arrogants en sous merde, a le verbe haut, la colère facile et le poing cogneur. Mais elle n'est pas elles... Semblables et si différentes.

Déjà, elle ne se serait jamais mise dans cette situation. Elle fuit le monde autant qu'elle fuit la solitude. Elle aime les ruelles au soleil couchant, le marché quand les étals sont presque vide alors qu'il ne reste que quelques ménagères dépassées par leur boulot de femme au foyer. Elle aime Paris, quand les habitants dorment, de toute façon elle n'y met les pieds que pour visiter la cour des miracles. Elle aime les gens. Surtout ceux qui la détestent. D'ailleurs c'est Elle qui les pousse à la détester.C'est ainsi. Le seul moment où elle tolère une foule de personnes c'est lors d'une bagarre, mais elle préfère encore en être l'instigatrice.

Elle n'aurait pas bousculé sans faire exprès un passant, Elle lui aurait foncé dans le lard sans aucune hésitation. Et même si l'on admet que c'est lui qui l'a percuté, l'issue aurait été la même. IL aurait morflé, Elle aurait frappé. C'est la logique des choses.

C'est peut être ce qu'on appelle la Folie. Mais ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous, posez vous plutôt la question de comment rester "normal". Quand on sait que tout peut basculer, que l'on peut tout perdre en seul instant, que tout est remis en question, sans cesse on devient tous fous!
On passe notre vie entière à penser au futur, à vouloir tout gérer, tout prédire. Mais il suffit d'une poussière dans une horloge pour dérégler tout le mécanisme, et prévoir ne change rien aux dégâts. L'avenir ne sera jamais comme tu l'avais pensé Gypsi...


Putain mais à quel jeu as tu joué? Comment tu t'es démerdée pour te foutre dans un bourrier pareil?

Qu'attends-tu pour hurler, pour cogner?
Vis Berdol !

Tu ne dois pas avoir peur. Tu ne dois pas te pétrifier, débats toi, bats toi!

Dégages moi ce moineau apeuré ! Sois une chienne, une louve, une lionne.
Sois ce crachat sur son visage, sois ces dents dans sa chair, sois ce poing sur son visage, sois cette main qui écrase son service trois pièces, sois cette botte qui percute ses jambes, sois ce cri qui lui défonce les tympans. Et chiale des larmes de sang.
Montres lui que tu existes.
Que tu n'es pas cette poupée de chiffon qu'il modèle comme il le souhaite en cet instant.
Tu es vivante, il DOIT le savoir. Tu n'as donc aucun instinct de survie?
Donnes tout ce que tu as et...


Et tu rendras compte que ce n'est peut être pas la solution. Tu te diras sûrement plus tard que tu as mal fait, que tu as dépensé ton énergie en choses inutiles puisque tu aurais dû savoir que tu ne pouvais rien contre un homme. Mais...
Mais tu as peur.
N'ai-je pas appris récemment ce qu'est la peur? Il parait que c'est bon signe, que c'est la preuve que l'on a encore quelque chose à perdre.
Alors sois toi même, il ne te reste plus qu'à subir.

Attendre, espérer. Le silence, la fin du supplice, la liberté.
Attendre et espérer, parce que tant qu'il y a de l'espoir il y a de la vie. Et au pire, tu meurs. Tu sais que la mort serait douce à côté de ce que tu vas subir.
Quoiqu'il arrive permets toi de penser. Que la douleur n'existe que dans ta tête, que tu es maître de ta vie, que personne ne peut décider de ta mort sinon toi. Penses... Penses que tu n'es pas seule. Et que lorsqu'il aura fini sa besogne, ta seule obligation sera de survivre.

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Gypsi
Et je me perds dans le labyrinthe de mes émotions.

- Envole-moi, loin de cette atrocité qui me colle au dos -

Il est là, dans son dos, l'Artiste. Le hibou. Cet oiseau de malheur qui tient fermement le lien qui lui bloque les poignets. Il est là, dans son dos, cette atrocité, cette erreur de la nature. Il la pousse, la conduite, la mène, du bout des ongles, cette ombre blanche. Sans qu'elle n'oppose aucune résistance. Brebis orgueilleuse qui perd sa fierté. Qui se laisse balloter de ci de là, pareille à la feuille morte tourmentée par le vent. C'est un automate marcheur qu'il tient sans le savoir. La seule partie encore vivante, encore active de la gitane serait sa tête. L'intérieur de sa tête. Ses pensées qui l'emmènent tout près de ses amies.

Ce qu'elles auraient fait ? Sottise. Ni l'une ni l'autre n'auraient perdu ce combat. Astana aurait été moins orgueilleuse, et plus calculatrice. Andrea plus bourrine. Mais les deux techniques auraient fonctionné. Avouons-le. Il est fort. Mais, il est loin d'être imbattable, et elle le sait. Dans la même situation... Elles n'auraient jamais été dans cette situation. Andrea ne serait jamais tombé sur le sol, sans force ni énergie. Puisqu'elle est une réserve d'énergie à elle seule. Astana ne serait jamais passé pour une catin et n'aurait donc pas subit les sous-entendu pervers de l'achromique. Et Gypsi de secouer la tête. Perdue. Elle est perdue. Ridicule. Elle est honteuse. Elle sait qu'elle a eu tort. Tort dans ses choix de combat. Elle sait qu'elle ne peut s'en prendre qu'à elle. Que tout est Sa Faute. Elle sait qu'elle devra assumer, et payer le prix de cette faute.

Et tout en elle pourrait crier aux filles : "J'ai peur". Une peur qui la cisèle, la modèle. A ce moment précis, elle tremble. Elle sait qu'elle n'a aucune échappatoire. Et qu'aucune issue de secours ne se présentera à elle. Elle sait que personne ne volera à elle pour l'aider et la sortir de là. Elle sait qu'elle est perdue. Et elle comprend enfin qu'elle ne veut pas mourir. Qu'elle n'a pas assez vécu et pas assez passionnément pour mourir maintenant, sous les mains d'un achromique. Oui elle a peur. Et elle est presque résignée. Et les larmes montent à ses yeux. Des larmes d'angoisse. Et de tristesse. De regret et de renoncement. Qui se muent en des larmes de rage et de colère. Des larmes d'espoir et de combat.

Car, elle les entends, par-delà la distance qui les sépare. Par delà les années qui les ont séparées. Elle les entends, par-delà sa peur. Elle les entends. Et c'est peut-être son imagination, mais ses deux amies crient dans sa tête. Et l'insurgent de tant de faiblesse. Elle entend, elle comprend, et elle sait. Elle sait qu'elles ont raison. Elle se bat contre une multitude de sentiments. Gitane oscille, et se perd dans un espace trop grand et trop complexe pour elle. Un labyrinthe de sentiments où chaque impasse est une émotion. Et la plupart sont négatives. De la peur aux regrets, de la rage à la haine, du désespoir à l'envie. De la vie qui s'échappe. Qui n'est plus sienne, mais qu'on lui vole. Elle sait. Que rien de ce qu'elle avait pu prévoir ne se réalisera. Que rien ne sera plus jamais pareil. Que rien ne sera plus jamais comme avant. Que peut-être, rien ne sera plus. Jamais.

Elle sait. Qu'elle se battra jusqu'au bout. Et elle sait que même si elle doit mourir sous ses coups il ne gagnera pas. En serrant les dents pour retenir la douleur qui irradie de ses jambes, elle s'arrête. Preuve ultime pour bien lui faire comprendre. Dis-moi où tu m'emmènes. Et apprends déjà que je perdrais avec classe. Que la danse est loin d'être finie. Regarde. Mon âme danse. Elle tourbillonne autour de toi comme un petit ange qui viendrait te murmurer que tu n'as pas de conscience, que tu n'es qu'un monstre. Nous le savons tous deux. Ecoute bien les battements de mon cœur qui s'emballe et ralentit au rythme de Mes envies. Tu es peut-être maître de mon corps, mais tu ne seras jamais maître de mes pensées. Ni maître de ma détermination. Tu ne seras plus jamais maître de ma fierté. Je la reprends en main. Je Me reprends en main.

Un arrêt. Et un visage qui se lève vers le ciel. Un regard qui capte tout. L'avancée des nuages. Leurs couleurs. Une peau qui ressent. Tant ses liens trop serrés qui lui enserrent les poignets que la légère brise qui effleure sa peau. Elle sent. La fraîcheur de l'air et la pestilence des ruelles parisiennes. Une douce tristesse l'envahit. Elle observe encore peu. Ignorant l'issue finale. L'issue fatale. Gravant de maigres détails en elle. Pour pouvoir les emporter; Pourtant, il suffit d'une poussée pour la forcer à reprendre la marche. Elle sait qu'elle aura besoin du peu de force qu'il lui reste. Forces qu'elle garde précieusement. Le menton est redressé fièrement. Les yeux pétillent. Ils ne brillent plus des larmes qui ont failli couler. Ils pétillent de cette nouvelle étincelle. Celle qui murmure et diffuse une douceur bienfaisante. Un reflet de peine, encourageant. Tu peux avoir mon dernier souffle, l'achromique, mais tu n'éteindras pas cette petite étincelle.

Oui, j'ai peur. Oui, mes mains s'agitent sous des tremblements irrépressibles. Oui, je me sens faible et incapable du moindre geste. Tu pourrais lâcher mes mains que je continuerais de marcher, tout droit. Non, mon corps ne m'obéit plus. Je suis juste capable de sourire ironiquement. De fixer un point devant moi. Et même si je perds la mémoire, je saurais toujours que je ne serais jamais seule. Elles sont là. Elles le seront toujours. Elles m'aideront. Je puiserais la force et l'espoir en elles, comme un vautour dévore un corps fraichement tué. Car je suis avide. Vide. Mais qu'en moi résonne toujours ce tambourin inlassable. Mon cœur bat, et irrigue chaque parcelle de mon corps douloureux et courbaturé déjà.

Emmène-moi où tu le souhaites. Mon âme s'envole bien loin de toi. Torture moi autant que tu le désires. Je ne crierais pas. Je ne faiblirais plus. Ce n'est pas de la résignation. C'est mon ultime combat. Je te tiendrais tête. Encore et toujours. Quoi que tu fasses, je m'évaderais. Et tu ne pourras pas me retenir. Mon souffle redevient calme. Il retrouve un rythme régulier. Il existe plusieurs façons de fuir. Elle est la meilleure. Il n'y a plus une once de colère. Acceptation. La honte est toujours là. Elle a pris possession du corps bohémien. Mais ce 'nous' que tu recherches n'existera jamais. Nous ferons connaissance. Tu verras comme femme peut être résistante. Commence ta toile, Artiste. Je serais celle que tu réussiras le mieux. Mais celle qui te fera enrager le plus.


T'habite bien loin. Si t'voulais parcourir le royaume à mes côtés fallait l'dire plus tôt.

Il est vrai qu'être en ma si belle compagnie doit être pour toi une fierté.


Musique tirée de l'ost du manga : XxxHolic
To be continued, Challenge, Lost memory

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Hibou.
[ Qui parle de perdre ou gagner... ]



- Je vous invite, ne vous en déplaise -


Oh une énigme à triangle mesdemoiselles ? Vous m'en voyez flatté. Commençons donc par l'inconcevable, le véritable vide d'inspiration qu'est la Colombe. Vide car le Hibou ne l'a jamais croisé dans son envol, son plumage troué ne garde aucune marque de paix de sa part, tant est si bien que seules les oreilles défraichies n'aient retenu d'un vent danois que celui-ci pourrirait aux Enfers pour que les ailes, faussement blanches, gardent leur teinte immortelle. N'est-ce pas une tendre démonstration d'amour...? Il en était bouche close, mais bée ! Toutefois, cela donne rapidement une réponse quand au final du mécène...

Si jamais la force brute n'a raison de lui, ce sera certainement la Harpie qui terminera le spectacle. Et vice versa. Les choses de l'amitié sont des choses à ne pas briser à la légère. On a beau battre l'eau et l'huile, les deux restent liés et inséparables, bien qu'une limite crevante aux yeux donne lieu à réflexion. Si différentes... Si proches.

Parlons-en d'ailleurs, de la vivace danoise. Une mine patibulaire, qui ravit bon nombre d'hommes toutefois. Nous appellerons cela le charme du caractère. Que ferions-nous sans les masochistes hein ? Mais détrompez-vous, le Hibou considère réellement la sœur de terre comme une compagne d'infortune. Que ferait-il en face à face sanguinaire ? Il ne le saurait vous dire. L'idée même ne lui a pas effleuré l'esprit dérangé. Mais qui saurait prédire l'avenir des deux oiseaux... La renaissance de l'une est loin. Elle a fait ses choix. L'autre grignote ses petits plaisirs. Chacun sa place. Chacun son arme. Chacun sa méfiance.

Mais laissons ces suppositions. Le blafard se moque bien de l'avenir. L'instant présent est son plus cher ami. Il retient toute son attention à la montée lancinante des démons sous le masque de la brebis. A mesure que les pas s'enchainent, certains manquent cruellement d'assurance, tant démontrée. Les mains se relâchent, comme un abandon ; Et si le germain approche un peu plus son dédaigneux visage de la nuque brunie, il peut presque entendre le souffle changer du tout au tout. C'est ce moment. Le choix. Là où certaines erreurs nous rongent assez de l'intérieur pour atteindre le cœur fragile. Peur de la fin, peur du changement, peur de rien, peur de tout. Une immondice qui vient nous saisir à la gorge puis aux yeux, et vient nous tester.

La vomiras-tu ma Muse ? Tu tremblotes, tu réfléchis, tu tombes. Mais j'ai tant de corde... Ne saisis-tu rien dans la descente de ce gouffre ?

D'abord la déception. Nous nous connaissions si peu ma jolie... Ah les rangs de l'Anaon gagnent vraiment aisément de nouvelles recrues. Puis, soudain, la réjouissance. Un arrêt. Les âtres au ciel. Voilà qu'elle danse autour de lui, le nargue de toute sa fierté extrapolée. Ce n'est qu'une image bien sûr, une illusion. Mais qu'elle est délicieuse. Oui. Ne soyez donc pas si surpris lecteur... Vous ne venez que de comprendre que vous n'avez pas saisi le Hibou. Du tout. Enrageant n'est-il pas ? Mais n'ayez crainte, du moins sourit-il.
Elle a réussi à franchir la limite. Muse restes-tu l'inconnue. Crois-tu que cela me frustre de voir tant de courage et ce croissant narquois ? Voyons ma chérie, c'est juste tout ce que je souhaite. Tu t'es endurcie. Tu vis. N'est-ce pas là un cadeau des Dieux ? Regarde toi donc... Si rayonnante après avoir été au plus bas. Avance, tu vas attraper froid.

Il faut quelques pas de plus pour que ton arrogance vienne tenter l'agacement encore. La réponse ne tarde pas, en bon gentilhomme volatile :


Pourquoi pas. Est-ce un oui alors ?

Un rire en gorge s'étouffe, nullement surpris. Continue donc l'amie, tu m'as rendu l'humeur, ce n'est plus très loin.

Qui ne dit mot consens disent-ils au royaume... Par la même occasion, je me nomme Klaus. Bienvenue.

Il l'arrête. Sa demeure parait aussi subtile que le reste des miracles de Paris. Prête à s'effondrer à la prochaine guerre, ce qui en fait un nid des plus douillets, surtout pour une raison des plus importantes aux yeux du Hibou. Mon monde vous accueille voyageuse, à bras ouvert... Entrée du couple.

Ne descends pas Fils ! Ma compagnie est amochée !

Que de souvenirs... Une voix en pleine mue s'entend de l'étage, et comme une course stoppée.

Est-ce grave Père ?

L'homme referme derrière, s’accommodant d'un soupir heureux du repos à venir. Peut être.

Cela ne prendra que peu de temps Fils, révisez votre grammaire comme je vous l'ai sciemment quémandé.

Ne soyez pas si surpris. Une chose à la fois...

Des vêtements moins affriolants attendent pour le séjour. Aimez-vous la cuisine ?

A mesure de la question, Rumwald laisse à l'invitée le temps "d'apprécier" l'intérieur peu poussiéreux, s'enjolivant de quelques peaux et tapisseries incompatibles à la gueule de l'hôte, plus encore en voyant la quantité de livres entassés maladroitement sur tables et tonneaux. Un couloir s'annonce, puis une première porte en bois massive. Distingué, l'homme ouvre en premier, avant de pousser l'handicapée, coupant par la même occasion le lien rustique. L'on peut entendre un loquet après la chute. Un enclos somme toute pour vous ma Muse. Réellement provisoire.

Quelques affaires en commodes ou dans l'armoire. Vous pouvez aussi prendre une légère toilette, pour le bien de la chair de ma chair. L'on vous ouvrira.

Des bruits de pas résonnent puis s'éteignent doucement. Soyez sage ? Non, soyez distinguée brebis...


*** Musique : Have you got my location de Nick Arundel, tirée du jeu Batman Arkham City ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi
    Il est temps de s'abandonner. Apprendre à ne plus refuser le réel, à accueillir ce qui est, sans résister, sans lutter sans cesse, à délaisser cette fâcheuse tendance qui mène à l'épuisement. Il est tellement important de laisser certaine chose disparaître. De s'en libérer. De s'en défaire. Il faut clore des cycles, fermer des portes, changer de disque, faire le ménage, secouer la poussière, tousser un bon coup. Il est temps de s'abandonner. De cesser d'être ce que tu étais, et de devenir ce que tu es.


[La vie est une aveugle qui tient l'homme en laisse.]

- La peur est la poudre, la haine est la mèche
La surprise, l'allumette, et le rire, l'étincelle.
-


Elle était dans une position étrange et inconfortable. Elle ne savait plus vraiment si elle devait rire ou pleurer. Trembler de peur ou se mordre la langue pour rester sérieuse. Tout. Tout était étrangement réalisé pour que le suspens reste entier. Elle ne savait plus comment elle devait réagir. Ni même agir. Elle ne comprenait plus. Cet homme pour effrayant qu'il pouvait être la plaçait dans un jugement ambigu. Il pouvait certes faire peur. Et pourtant, quelque chose en lui clochait, qui venait briser le tableau parfait d'horreur. Elle ne savait pas quoi. Ni pourquoi. Ni comment. C'était le ressenti qu'elle avait eu subitement, en levant les yeux vers le ciel. Comme une révélation divine. Comme un loup garou qui aurait des oreilles de lapin, ou bien qui serait de couleur arc-en-ciel. L'achromique lui apparaissait désormais comme un être effrayant mais avec un nez rouge de clown. Si je vous assure, à y regarder de près, il peut faire rire ! Bon... d'accord, sourire.
Et si schématiquement et de façon prémédité la brune avait pu s'imaginer brièvement descendre aux Enfers, l'idée s'était effacée aussitôt. Aussi rapidement que l'idée de cadeau des Dieux avait pu traversé l'esprit Klausien. Allons, allons, hyperboles que tout ceci. Enfer et Paradis, Dieux et Satan ne prendront vie qu'après la mort. Et justement, Gypsi vit. Encore. Toujours. A sa façon. Ce n'est même plus une survie. Ce n'est même plus une perception des dernières saveurs de la vie. C'est la vie elle-même. Dans un tournant en épingle à cheveux. Une vie dans un virage à vous faire chavirer de charrette le long du trajet, du parcours, de la lente descente, de l'ultime déchéance. Une vie en danger qui n'est qu'une vie un peu plus exaltée.

T'habite bien loin. Si t'voulais parcourir le royaume à mes côtés fallait l'dire plus tôt.
Pourquoi pas. Est-ce un oui alors ?


L'achromique pourrait certainement se vanter d'être l'homme le plus doué pour la surprendre. Et lui faire fermer son clapet. Un calme et un cynisme imperturbable. Ce n'était pourtant pas faute d'essayer. Un oui retenu. Trop de mots voulaient jaillir à cette questions. Trop d'idée l'assaillaient brutalement. Des insultes au "et si on y allait tout de suite", en passant par la négociation du "si tu me détachais, j'dirais pas non", allant même jusqu'au rire narquois. Les idées étaient là - pour une fois qu'il s'agissait d'un brin de répartie. Et pourtant, aucune ne voulait s'échapper des lèvres qui restaient closes. Et tandis qu'il l'arrête, il se présente pour achever l'étonnement. Et pourtant elle marmonne un :


Klause toujours, tu m'intéresses...

Certes, ce n'est pas le meilleur jeu de mot qui soit. Mais au vu de sa situation, vous l'excuserez. Et alors se joue l'entrée sur scène. La scène. Le regard se perd sur chaque petit détail, note chaque petite information qui puisse être utile. Le regard est surpris d'arriver dans un tel lieu. Surprise augmenter par celle des oreilles. Fils ? A ce volatile de malheur ? Un fils qui devait réviser sa "grammaire" et suivre les bons conseils - ou ordre - de l'achromique ? Une fois n'est pas coutume, la bouche reste close bien que les yeux s'écarquillent, jusqu'à ce que le murmure se fasse entendre.

Comment diantre, un type comme vous, peut-il avoir un gnôme ?

Quand à la question sur la cuisine, elle restera sans réponse, tant la réponse paraît logique. Allons, c'est une femme. La cuisine est donc la tâche première et réservée aux femmes non ? Une tâche que toutes les femmes adorent, qui les passionnent. Oui, mais Gypsi n'est pas toutes les femmes. D'ailleurs, elle ne cuisine jamais. Elle se contente de manger une miche de pain dérober à droite, un fruit voler à gauche, et ainsi de suite. Vu sa carrure, on devine aisément qu'elle n'est pas très gourmande, la bohémienne. Question mise à part, c'est bêtement, presqu'inconsciemment, qu'elle le suit à travers le couloir. Curieuse, elle lève le museau pour voir la nouvelle pièce ouverte et... Lasse, se ramasse royalement contre le sol lorsqu'il la pousse à l'intérieur. Elle ronchonne, râle, peste. Avant de se redresser et de se frotter la pommette endolorie, en fixant la porte refermée. Elle allait beugler à nouveau des protestations quand la voix exécrée se fait entendre à nouveau. Comme quoi les hiboux sont bavards quand ils veulent. Même qu'ils laissent soit trop soit pas assez de temps pour répondre à leurs questions. Des idiots ces hiboux. Des affaires, une toilette, pour ne pas perturber le pauvre petit être. Ultime surprise. Et...

- Explosion -


De rire. Non mais c'est quoi tout ce cirque ? Oui le rire de Gypsi résonne pour s'arrêter graduellement. Comme déréglé. Et continuer seulement ironiquement et sarcastiquement dans son esprit. Elle va finir par croire qu'elle devient folle. Qui est-il ce Klaus achromique ? Que veut-il ? Que va-t-il faire ? Que fait-elle dans cette étrange tragi-comédie. Là n'est pas sa place. Elle ne sait pas jouer. Elle ne sait pas faire semblant. Etre sage ? Elle est le contraire même de la sagesse. Une Gypsi distinguée ? C'est un oxymore même. Etre polie, courtoise, gentille ? Impossible. Avec lui. Le chien se mord la queue, et le duo tourne en rond. Pourquoi devrait-elle songer au bien de 'la chair de sa chair' ? Et en cas de désobéissance, que risquait-elle ? A nouveau le petit rire cynique et narquois, le rire sardonique résonne dans son crâne. Et les mains de se porter sur cette tête qui se met à avoir des voix. Va-t'en ! Laisse-moi donc tranquille. J'ai besoin d'être seule et au calme pour réfléchir et souffler ! Et quand bien même je pourrais l'être... c'est un ennemi intérieur qui me hante. La brune secoue la tête, serrant les dents contre la souffrance. Elle se reprend, et entame lentement, mais bruyamment l'ouverture de la commode et de l'armoire. Oh, elle sort tous les vêtements qu'elle y trouve. Tous, sans exception. Puisque nous sommes au cirque, on peut fêter le Carnaval non ? Laisse-moi donc faire l'arlequin pour ton fils, l'achromique.

Evidemment, les fenêtres sont trop étroites pour qu'on puisse s'enfuir. La porte est fermée, et aucune cachette n'est suffisamment efficace pour permettre de gagner du temps et de s'envoler vers la sortie. Alors, quitte à rester et subir, autant continuer d'être fière et bête. Autant continuer d'être moi-même. Jusqu'à présent cela te faisait rire. Nous verrons jusqu'à quel point le rire résonnera. Même si bien sûr je serais la première à rire moins. Sans faire la moindre toilette, gardant le sang séché, la crasse accumulé, les cheveux emmêlés, elle attrape les vêtement les uns après les autres. Elle les salit comme elle peut, en arrache une partie, la met, en prend un second, agit à l'identique et le superpose au premier. Tant et si bien qu'elle se retrouve couverte de plusieurs loques aux couleurs différentes. Serais-je suffisamment distinguée pour vous, seigneur oiseau ? Et suffisamment bien pour paraître à la vue de votre fils. Et comme attendre n'est pas son fort. Elle frappe à coup de poing douloureux contre la porte pour signifier qu'elle est prête. Ou impatiente. Et maintenant Klaus ? A table ?



*Musique tirée du film : Thunderbolt. Et connu grâce à ce sketch.
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C.
Une laisse bien aise...


Père est étrange depuis peu. Lui qui paraissait si serein et souriant, le voilà comme... Peiné ? Concentré ? Gêné ? Ou serait-ce encore ce dont il ne veut jamais me parler. Soupir. Je m'ennuie. Ferme. Je ne peux pas réviser ! Il m'interdit encore de sortir sans raison... Elle est pourtant loin ! A moins que... L'aurais-t-il cherché durant son dernier voyage ?

Non, non il n'est pas si stupide. Il m'a promis de ne plus la laisser m'approcher. Ni en parler d'ailleurs. Père est si heureux de me voir grandir... Il ne cesse d'être enjoué, parfois, à fêter ma première lune adulte. Ses mains blanches peuvent être si douces dans mes cheveux... C'est bien le seul geste qu'il veut bien partager lorsqu'il s'approche. Je ne compte plus les fois où il profite de la canne pour me rabrouer... C'est triche. Mais je ne saurais refuser ses punitions. Il peut être si terrifiant... Ce regard... J'aimerais tant l'avoir... Mais je n'ose lui poser la question. Je déteste ses gifles. Elles sont rares mais... glaciales.

Soupir... Je m'en-nuie. Une promenade. Évidemment. Seul. Et moi qui doit apprendre le doux langage doré. Une chance qu'il dit. Mais je me fiche du savoir ! Je veux combattre. Il refuse si souvent ces entrainements avec cette mauvaise humeur. Et me voilà cloué au bureau, encore et encore, fenêtres closes et la lumière faiblarde d'une bougie pour me conforter. Des fois j'aimerais m'esquiver... Mais je me rappellerais toujours de ces yeux lorsqu'Il me retrouva. Ravaler sa fierté, faire table rase... Tiens peut être devrais-je l'appeler capitaine un jour hinhinhin........ Ou pas.

Je me gifle gentiment pour une tentative de remise au trou... Inutile. La cachette devient réellement petit à petit un endroit que je déteste. Un nid tranquille oui... Trop. Je ne manquerais pas de devenir aussi aigri que le maj...? On a ouvert. Je reconnais cette voix entre mille ! Il est rentré ! Je me hâte d'aller lui quémander s'il a fait quelque découverte. Ce sera toujours mieux que rester cloitré. Et puis la curiosité n'est pas si vilaine...


Ne descends pas Fils ! Ma compagnie est amochée !

Je ralentis ma course à peine commencée. Mes pas s'arrêtent bien avant l'escalier en colimaçon. Une... Compagnie ? Il l'aurait... Nicht... Dis quelque chose abruti.

Est-ce grave Père ?

Père dis que ma voix change. Je ne l'aime pas. On dirait un cor de chasse qu'on aurait troué de part en part. Ces changements pourrissent mes nuits parfois...

Cela ne prendra que peu de temps Fils, révisez votre grammaire comme je vous l'ai sciemment quémandé.

Une moue ne se fait pas attendre, suivi d'un grognement de ma conception. Enfin, heureusement, lui n'a rien vu. Entendu là... Il est assez malin pour me le faire payer plus tard le volatile. Je commence à connaitre ces vices là. Mais j'obéis. Je rentre au cocon détestable. Étonnamment, cette nouvelle m'a redonné courage à continuer mes révisions. Quelle sera sa surprise ? Me la présentera-t-il ? Qui est-ce ?

Le temps s'écoule... J'avoue presque m'endormir à force de retenir cette langue. Les hautes sphères regorgent de poésie dans leur façon de parler... Pour rien souvent. Quel est l'intérêt de savoir au juste ? Je lui demanderais...
L'idée s'efface à l'instant même où mes oreilles captent des à-coups. Comme si... On frappait à une porte. Que faire ? Sagesse ou... Bah. Je suis déjà debout. Autant m'approcher au moins de la rambarde. Il n'y verra que du feu. C'est qu'il se fait vi


Je croyais t'avoir mandé des révisions... Fils.

L'échine me rappelle à l'ordre, à rendre mon dos droit comme un i. Un enfant auquel on vient de saisir son erreur. Je n'ose me retourner. Mais je sais qu'il sourit, comme hibou aime surprendre mulot en démon de la nuit. Je me résigne à devoir subir une nouvelle punition mais... C'est un tapotement à l'épaule et un rire léger qui trahissent une sentence fantomatique. Père me fait face, l'air beaucoup plus enjoué qu'auparavant. Serait-il... Guéri ?

Notre invitée t'intrigue mmmh ? Je comprends. Après tout... Voilà des jours que nous n'avons eu de divertissement. Aurais-tu l'amabilité de la convier au souper ? Je suis certain que ce tambour est un signe. Elle est prête. Je vous attendrais à table.

Il descend les marches lentement, sereinement, après un énième ébouriffement de ma tignasse et un sourire franc. Au moins... Me voilà rassuré. Ni punition... Ni Elle. Serait-ce une leçon...? Il me tarde. Je me dépêche de rejoindre la fameuse triste porte, subissant l'acharnement de mains féminines. Le loquet est mis... Minute. Est-ce... Dangereux ? Me.. Testerait-il ?
Il serait capable. Je ravale subitement ma salive, main dextre à mon dos, rassurée d'un manche connu, alors que la sénestre déclenche l'ouverture... D'un rire. Long rire.

Elle semble énervée, mais surprise à la fois. Il semblerait que son caractère n'ait tué un dressing couteux. Père sera-t-il furieux de voir Arlequine ? Je m'en gausse déjà. De toute manière, je leur ai rendu liberté, à ces mains ensanglantées. Je calme mon stupide gigotement narquois adolescent, au prix d'un long effort... Avant de lui signifier d'ouvrir la marche.


Père sera ravi. Le souper est prêt. Je vous en prie. Je me nomme Klaus.

Un air de déjà-vu ? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler...


In the house, without a heartbeat de John Murphy, tirée du film 28 Weeks Later
Gypsi
Bien aise... Bien niaise.

- S'il est glorieux de faire des conquêtes, il ne l'est pas moins de les garder : l'un est souvent l'ouvrage du hasard, l'autre est un effet de l'art. -

Avoir le rôle de surprise n'était pas forcément déplaisant. C'était davantage les conditions de la surprise qui pouvaient provoquer une ambiguïté voir une dépréciation de l'évènement. Elle n'aimait ni la compagnie, ni le lieu, ni les ordres, ni la défaite. Trop de conditions bafouées pour qu'elle tente de relativiser et de respirer calmement. La peur avait laissé place à la colère, qui avait laissé place à l'impatience. Le hibou devenait chat. Ce cruel animal jouant avec sa proie, lui donnant de faux espoirs pour mieux la tuer, et jouer avec sa dépouille. Et le moment était au faux espoir. Au faux-semblant. Mais elle n'était pas dupe. Seule sa curiosité et sa rancœur lui permettaient de garder la tête hors de l'eau. Pourtant le verre se remplissait. Elle savait que bientôt elle serait emporté dans les profondeurs de son océan, emporté par la quantité de l'eau et de ses remous. Alors, le geste qui sauve. Comme un appel à l'aide. Comme pour remémorer sa présence. Pour inciter à l'action. Pour abréger cette attente insupportable, les poings s'échouent violemment contre le bois de la porte. Césame, ouvre-toi. Qu'enfin l'action reprenne. Qu'enfin je sache. Qu'enfin je comprenne dans quelles pattes véritables je suis tombée. Qu'enfin tu te dévoiles. Je l'ai fait depuis longtemps déjà, moi... Qu'enfin ma rage et ma honte s'échappe. Inutilement, contre rien. Mais que je me libère de ces sentiments péjoratifs qui m'habitent. Qu'enfin cesse cette petite voix insidieuse et apeurante qui résonne dans ma tête, ce rire moqueur inqualifiable. Dérision dérisoire. Il n'est plus temps. Alors ouvre, viole, torture, tue, ou relâche, mais par pitié agit, achromique de malheur !

Et enfin la porte s'ouvre. Rire sarcastique s'arrête laissant la bouche formé un "O" avant que les mâchoires ne se resserrent subitement et que les sourcils ne se froncent. A la surprise de découvrir un adolescent, succède l'assouvissement de sa curiosité : c'était donc lui. Et à l'assouvissement de la curiosité succède un brin de colère - toujours latente en elle. Un môme ? Vaut-elle si peu ? Elle aime tant se mettre en avant, se sentir mise en avant, sur les devants de la scène, se sentir importante, que sa fierté prend un second coup. Ce n'est pas grand chose et pourtant... Môme gigote. L'œil vitreux observe aussi vite et aussi bien que possible. Serait-ce une chance à saisir ? Il n'est plus temps de se poser la question. Elle allait tenter une action ridicule lorsque la voix rocailleuse de l'adolescent s'échappe de ses lèvres. Arrêt net, et le regard se porte sur le gosse à nouveau. Était-il réellement possible qu'on se fiche de sa trogne à ce point ? Les joues s'empourprent de colère. Les poings ensanglantés se serrent à en devenir blanc. Ces deux abrutis allaient la rendre folle. Vraiment folle. Elle entendait ce fichu rire tel un hululement de hibou résonné de façon répétitive et constante dans son crâne. Elle avait l'impression d'oublier ou de confondre chaque chose et chaque nom à mesure qu'ils lui étaient donnés ou montrés. Elle se sentait perdre pied, quitter la réalité pour voguer dans un monde aberrent, burlesque, grotesque et dangereux, inconnu et ...

Un profond soupir s'échappe de ses lèvres. A nouveau elle vrille son regard brillant dans celui du jeune homme. On pourrait y décoder tout un tas de sentiments, en sachant lire dans les regards. C'était un mélange de défis, et d'appel à l'aide. Ce regard montrait qu'elle le narguait, au moins autant qu'elle se soumettait. Paradoxale brebis en perdition. Alors... Alors plutôt que d'agir bêtement et de dépenser ses dernières ressources énergétique vainement, elle se contente de faire une référence théâtrale exagérée pour saluer son jeune hôte. Un cirque a besoin de clowns après tout. Un de plus, un de moins. Et elle pris la peine de répondre de sa voix la plus pure et cristalline :


Arlequine. Enchantée Klaus' Junior. C'est plus à la jeunesse que j'espérais plaire en me déguisant de la sorte qu'à la vieillesse. Qu'en pensez-vous, vous-même ?

Et de prendre l'initiative de faire un tour sur elle-même - un peu chaotique et titubant mais l'idée était là.

ça vous plaît ? Je n'ai guère faim. C'est une drôle de coutume que d'amocher ses invités nan ? Votre père n'aurait pas des problèmes relationnels ?

Elle laissait bien sûr le temps de répondre et innocemment, prit le parti de tenter de baratiner un peu l'adolescent.

J'me sens pas très bien. J'crois que j'ai b'soin d'prendre l'air. Tu voudrais pas m'ouvrir la porte un instant ?

C'est le moment de tenter la bouille d'ange innocente et de croiser les doigts pour que le môme soit complètement idiot. Il a la voix d'un idiot - ce n'est pas de sa faute mais tout de même - alors c'est tentant d'essayer. Qui ne tente rien n'a rien. J'ai tant envie de m'envoler, de disparaître, d'oublier toute ce drôle de cauchemar rabaissant. J'espère donc je vis. Je vis donc je rêve. Je rêve donc je suis. Je suis donc ... Niaise. Ouvre la porte. Ouvre cette cage. Laisse-moi me dérober. M'échapper. Me sauver. Laisse-moi mourir de faim dehors, ou alors commence enfin ton œuvre d'art. Brebis n'est pas patiente. Brebis vit, perd, rêve et se trompe à cent à l'heure. Il n'y a pas de temps à perdre. La vie s'envole si rapidement...


Musique du grand compositeur Ludovic Einaudi, Fly.
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C.
Première fois... Primaire connerie... Premier Pas


Il y a des choses que l'on se gardent bien d'apprendre à nos protégés. Ce genre de leçon qui nous parait véritablement trop bête pour juste aborder le sujet. Adoncques, adultes bienveillants que nous sommes, avons eu l'ingénieuse idée pour résoudre ce problème : Laisser faire le destin, et prier que cette mise en situation réelle soit des plus profitable au fameux jour J. En bref, dérogeons à toute responsabilité, Nature est trop bonne, trop forte... Sadique ? La vérité réside juste ensuite... Pour un seul cas - faut pas déconner non plus, z'avez vu marquer psychanalyse de l'adolescence sur la porte ? - .

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Je n'y avais pas pris garde, mais mes yeux ne l'ont pas une fois... regardé. Pas avant qu'elle ne se décide d'un maladroit tour complet. Ouais, j'insiste sur le maladroit... Car, étrangement, il y eût comme un arrêt salvateur lorsqu'elle me fît dos. Cela doit faire... Des années que je n'avais plus revu une personnalité féminine en ces lieux. Enfin bref, c'est stupide, c'est une invitée, avec une nuque plutôt jojo... AH !

Elle me fixe !

Rebelote mon pote. Ça ne loupera pas. Elle va le remarquer, se foutre de ma tronche malléable... De ces immondices qui font leurs aller-retour, SURTOUT lorsque tu ne les souhaite pas, et le dindon de la farce ne sera pas l'épouvantail, mais la meilleure sale gueule. Tiens - bordel, ouais c'est pas mal, c'est c-c-c'est pas mal cette cheville qu'on voit sur le côté - je n'avais pas réalisé cette fissure sur ce mur - tu veux pas me lâcher, s'il t'a amoché c'est de ta faute non ? - ça ne plaira pas à Père c'sûr - Ohohoholaaaaaaa t'es peut être pas mal foutue, mais de quel droit tu causes de Lui ?! - . Et puis pourquoi tout d'un coup, sa voix me semble bien plus... Agréable ? Hein ? Oh, OH ! Je l'ai vu, elle attend qu'je réponde. Euh... Te laisse pas abattre, ravale ta salive, t'es un homme foutredieu !


Tu... V-V..V'nan. Ca va pas. Z'êtes habillée comme un sac. C'est... Ce n'est pas honorable pour v... Pour Père. Et puis restez polie ! Vous êtes invitée ! Ce n'est pas tout les jours... C'est... Plutôt bien. Depuis le temps. Et laissez Père ! Ses relations vont bon an, mal an !

Un bouseux... J'ai l'air d'un crétin. Le plafond, mes pieds, le couloir... Mon regard y passe sans mal, sans jamais revenir à qui louchera le plus longtemps en face à face. C'est une manie de regarder les gens dans les yeux comme ça ? Non parce que... 'Tain j'suis pas à l'aise, ça me gène, en d'ssous... Fait chaud. C'est stupide. - Hein ? De l'air ? Ouais, enfin Non, pourquoi d'abord, elle aussi ça la gêne ? -. Souffle... Expire. Elle a l'air sincère... Après tout, je ne serais plus sueur dehors un petit instant, Père comprendra en lui passant le bonjour dans la salle à manger, alors... Bon...

Euh.... Oui ça peut se faire. Je crois. Raah...

J'oublie le reste. C'est quoi cette voix qu'on me refile ?! Oh puis tant pis, je finis par lui faire vraiment dos, certain de ne plus être dérangé par ses œillades, et, d'un simple geste du bras dextre, je lui fait signe de me suivre, sans me préoccuper d'une autre porte de sortie dans mon fourreau. Il y a plus préoccupant !

Suis-moi...

L'âge ingrat. Tu m'étonnes, ENFOIRÉS !


Dislok de Astonvilla
Gypsi
Premier Espoir

~ Dans beaucoup de famille, il se rencontre un être fatal, qui, pour la famille, est une sorte de maladie. ~

Il ne restait qu'à savoir lequel des deux êtres uniques de cette famille était fatal pour l'autre. C'était l'avantage de la solitude gypsiesque. Elle ne risquait pas d'être fatal pour sa famille, puisqu'elle n'en faisait plus partie. Si elle était fatale à quelqu'un, c'était à elle-même. Ou aux hommes. Talent qu'elle avait souvent utilisé d'ailleurs. Quoi de mieux que de jouer avec ce "sexe fort" et de le rendre faible ? Féministe avant l'heure, elle l'avait été. Sûre d'elle, quand bien même elle était loin des canons de beauté de l'époque. C'était ces différences qui faisaient son charme. Cette peau légèrement hâlée de naissance. Cette tignasse épaisse et sombre, ondulante et emmêlée. Ces grands yeux sombres scrutateurs. A moins que ce ne soit sa tenue légère, souvent assimilée à celle d'une catin perdue dans une rue.

Bien qu'amochée, sale, avec quelques traces de sang séché de ci de là, et dans une tenue passablement ridicule, la brune remarque assez rapidement le trouble de l'adolescent qui lui fait face. Et comme il ne la regarde pas, un mince sourire en coin étire brièvement ses lèvres. Une proie facile, dont elle pourra sans doute triompher pour retrouver sa liberté, le plein air, et ... la vie sauve. Bien que l'esprit quelque peu embué d'avoir reçu trop de coups, demoiselle entre en scène. Nouvelle danse pour nouvelle rencontre. Si elle avait perdu la première, au moins gagnerait-elle la seconde. Telle une poupée désarticulée elle entreprend ce tour sur elle-même qui ramène les yeux adolescents vers les siens. Un quart de seconde seulement, avant qu'il ne fixe ses... pieds ? Et la bohémienne de lever les yeux au ciel. Elle avait oublié la niaiserie des adolescents, des puceaux, des jeunes. Il n'y a qu'à voir ce bégaiement lorsqu'il parle. Cette hésitation mal contenue entre le tutoiement et le vouvoiement. Troublé jeune homme ? Voyons, répond moi, je ne te mangerais pas. Je ferais juste semblant. Laisse-moi croquer cette naïveté adorable d'un coup sec des dents qu'il me reste. Mais respire , tout se passera bien. Aie confiance, crois en moi... Laisse-toi aller, laisse-toi hypnotiser petit. Profite. Tu ne verras pas deux donzelles comme moi. L'envie de lui prendre délicatement le menton entre deux doigts pour le forcer à la regarder se fait sentir. Pourtant la donzelle retient ce geste. Il faut y aller doucement... Tout doucement pour ne pas le perturber de trop. Il faut tourner, tourbillonner autour de lui, lentement, le charmer comme tu peux. Les gestes amadoueurs seront la cerise sur le gâteau. La surprise finale.

Oui... ça peut se faire. Un sourire vainqueur éclaire son visage lorsqu'il lui tourne le dos, l'invitant à le suivre. Ne te sauve pas, petit homme. Attend-donc. Je peux surement te perturber autrement encore... Voilà la brune qui fait un pas rapide pour rattraper le jeune adolescent. Une main se pose sur son épaule, tandis qu'en un quart de seconde elle se place à côté de lui, et s'affaisse contre cette épaule, laissant son bras glisser lentement vers le cou, et l'épaule siamoise. Et de mimer une grande faiblesse, dans ce jeu de séduction absolument vu et revu, classique et ridicule. Et pourtant, la brune ne lui laisse pas le temps de réagir sans prendre la parole d'une voix entrecoupée, haletante, mais douce et charmeuse


Excuse-moi... Je... La tête me tourne... Je suis toute chose... enfin... faible... tout d'un coup... J'ai... vraiment besoin... d'air. Est-ce que tu peux... me soutenir jusque... là... ?

Et de montrer du doigt la porte d'entrée, première porte aperçue, porte qui lui paraît la plus près, et en même temps la plus sûre. Elle mime cette grande faiblesse sans réelle difficulté, puisque si elle s'écoutait réellement, elle se coucherait n'importe où, fermerait les yeux, et s'endormirait profondément. La fatigue est physique comme mentale. Le combat a laissé des traces sur l'organisme. Comme ces montagnes russes de sentiments à combattre qui épuisent moralement. Le choc, la peur, les surprises, l'incompréhension, la colère, l'espoir. Et cette voix moqueuse qui résonne toujours un peu dans sa tête, qui s'éloigne doucement, se fait moins violente, mais qui berce légèrement. La main libre descend vers le jupon arlequin, l'attrape et le remonte légèrement. D'une voix plus sincère qu'elle ne l'aurait jamais pensé, s'échappe la supplique, qui se veut finale... ou fatale :

S'il te plaît Klaus...

L'espoir reste entier. Oui l'espoir est là, il s'immisce, se fait tentateur. Il regonfle momentanément le cœur bohémien de joie, d'envie, effaçant les doutes, pour ne garder que la confiance d'une bonne fin. Je vais pouvoir rentrer chez moi... Accepte, jeune homme. Emmène-moi juste là. Ouvre-moi cette porte. Laisse-moi t'envenimer la vue une dernière fois. Je resterais appuyer tout contre toi quelques secondes, le temps de grandes bouffées d'air impur parisien. Et puis, d'un baiser sur ta joue pour te remercier, et te troubler davantage, je ferais mine ensuite de prendre appui sur le mur voisin. Si tu me regardes à nouveau, je t'offrirais ce regard plongé dans tes yeux, et ce beau sourire faussement sincère qui te perturbe tant, pour te faire détourner le visage. Et alors, en te parlant de tout, de rien, je commencerais à m'éloigner, augmentant le son de ma voix pour te berner sur la distance. Je reculerais, jusqu'à pouvoir me dissimuler sous n'importe quel porche, ou quel recoin de rue. Je me cacherais, anxieuse, jusqu'à vous entendre rentrer chez vous. Alors seulement, je rejoindrais mon chez moi. Saine et sauve, bien que blessée. J'enverrais un messager vous portez un mot pour vous narguer. Et je disparaîtrais de cette ville maudite. Comme le futur proche ainsi vu semble plus plaisant que celui que vous voulez m'offrir, père et fils. Comme l'espoir offre de mauvaises illusions. Comme l'espoir risque d'être déceptif. Si impossible. Si utopique comme vision des choses... Comme le rêve n'est plus permis, Gypsi. Ouvre grand les yeux, profite, tente. Ou ne tente pas... Mais croque à pleine dent ces instants de vie. S'ils doivent être les derniers, souviens-toi de ce trouble chez ce jeune garçon, et re-puise en cela, un léger brin de coquetterie et de fierté. S'ils ne sont pas les derniers, alors, tu les oublieras vite, et pourtant... Mieux vaut les vivre et les oublier que de regretter n'avoir pas vécu jusqu'au bout.

Klaus Junior sera-t-il le visage dont elle pourrait se souvenir moqueusement ou le dernier visage qu'elle verrait ? Telle était toute la question. Et personne n'avait pour l'instant de réponse.



Musique tiré du film Hunger Games 2
Composé par James Newton Howard
The reaping day
We could go home

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Hibou.
[ De tout les points faibles... ]


- Famille est maîtresse -


Se lier à une personne comporte plusieurs risques. Perte de la routine, va et vient de la sérénité auparavant si proche d'une montagne, envie oppressante de couper la tête de l'oppresseur plutôt que de convier discussion... Toutefois, il apparaît, à notre plus grande surprise, une voix d'un autre monde venant nous susurrer qu'un malheur n'est jamais trop loin de cette fondation. Il n'y a là rien à comprendre ; Chacun y trouvera un nom à invoquer face à ce pétillement du plus profond de notre être.

Quelque chose ne va pas.

A mesure que Chronos s'amuse à laisser couler entre ses doigts éthers le sable du temps, le pressentiment agace assez le Hibou pour délaisser la table enjolivée ici et là de fruits et de viande séchée, de pain et d'un bouillon. La faim mise de côté, le germain entame la marche, vers le couloir de ses soupçons. Quelques souvenirs virevoltent à mesure que les billes grises coulent sur le mobilier, la chaleur des bougies, la porte du hasard, les peaux enroulées, l'âtre crépitant...

D'un temps où il fallait calmer l'insouciance, la cacher, lui apprendre l'inconnu. Rassurer l'enfant et ne plus s'en faire un ennemi. S'en tenir férocement à un rôle prédéfini et lentement se fourvoir dans les sentiments. Protéger ce qui ne t'appartient pas mais lui démontrer pas à pas que ce qui a été a changé. Voir grandir une graine qu'on ne saurait dire si l'on en est le planteur ou l'arroseur... Mentir puis avouer. Ne pas oublier le crédo de sécurité et partir pour mieux revenir. Se redécouvrir, apprécier chaque instant de leçon et humilier la rébellion. Rester maître d'un respect, d'une fierté qui ne s'effondrera, on l'espère, jamais devant l'aimé. De toutes ces conneries que l'on se jure en pseudo jardinier... A contre allure sur le chemin que l'on avait désiré tracer. Voir les ennemis tomber dans les pièges douloureux, et surtout la Reine fureter si peu que cela agacerait le jeu. Rode, rode donc abrutie. Tu comprendras un jour la faveur que je t'ai faites, même si je saignerais d'une tragédie à vie.

Un peu comme toi, l'invitée désarticulée.

Et pire que tout, petite saleté, tu crois pouvoir amener Mon trésor à me trahir ?


Ôte tes mains schlampe.

Les rougeurs adolescentes virent doucement à de plus froides couleurs, la mise en bouche si intéressante venant vite à être reconsidérée comme une indésirable de première classe. A l'arlequine aguicheuse, le blafard met un terme au souci de l'accueil. Les robes ? Il n'en a cure. Il les arracherais une par une pendant qu'elle se sentira victorieuse d'avoir touché un point faible. Un grand classique... Mais qui ici pourra dire qu'il ne frondera pas le premier inconnu venant s'approcher de son préféré ?
Miséricorde gronde hors du fourreau...

Plus un mot ne sortira de la gorge du rapace. Tant que la vermine se meut, elle reste un danger. Il écrasera la conscience de l'arrogance.
Détache-toi Fils, Père a du travail...



*** l'insulte ne sera pas traduite ici-même /// Musique : It was the Joker de Nick Arundel, tirée du jeu Batman Arkham City ***
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Hibou, au désir de l'Art et des Hommes...
Gypsi
De tous les maux

- L'espoir est le pire -

Il berce d'illusions, d'utopies, de rêves inaccessibles. Jusqu'à l'effondrement. Un petit pas. Rien qu'un petit pas. Il est si proche mais si lointain. Mirage miroitant. Un petit pas, rien qu'un petit pas. La porte n'est plus si loin... Dépêche-toi donc Klaus Junior. Hâte-toi ou je perdrais des plumes. Car l'espoir est contrebalancé par l'instinct. Et l'instinct lui, ne trompe jamais. Il s'insinue discrètement dans les tripes, et les agitent mollement, tel un serpent laisse de douces empruntes dans le sable. Il trouble cette surface calme et accueillante par des ondes ensorcelantes et menaçantes. Et tout son être tend davantage encore vers cette sortie, cette échappatoire. Elle voudrait s'y précipiter, courir, défoncer cette ouverture, s'enfuir, s'envoler loin. Très loin. Récupérer sa fierté, sa santé, sa volonté et son audace. Tout s'est enfui pourtant. Gypsi n'est plus Gypsi mais une pantine désarticulée, actionnée par des relents de conscience bohémienne et battante. Gypsi n'est plus Gypsi, mais une faible Arlequine dont la peau est plus pâle que de coutume, dont la vitalité manque.

Rien ne se passe jamais comme prévu. La fuite de la monotonie, et l'envie de solitude, s'était terminée en combat perdu. Le calvaire en une invitation à dîner. L'évasion rêvée en échec cuisant. De narquoise, elle en devient muette à l'arrivée tant attendue et tant redoutée du maître des lieux. Alors le Trésor s'échappe. Laissant l'Arlequine tanguée seule, avec une étrange envie de vomir. La lumière au bout du tunnel s'éteint subitement. Perte nouvelle. Défaite renouvelée. Seul l'espoir s'est envolé par la porte, léger comme une plume. Etre féminin subitement bien frêle face à cet achromique énervé. L'Arlequine vêtue de fragrances colorées multiples se sent soudain enveloppée de noirceur.

Elle aurait réussi pourtant.
S'il n'était arrivé.

Son cœur reprenait une cadence normale. Avant d'accélérer anormalement de nouveau, rien qu'au son de cette voix rude et rugueuse. Cette voix qui retentit comme un gong, dont le mot étranger sonne la fin de la résonnance. Un cors funeste qui annonce la fin du jeu. Il a gagné une seconde fois, Gypsi. C'est la fin. Vous entendez ? Ce pesant et angoissant silence la laisse déjà pressentir. Elle plane, elle rôde, prête à fondre sur sa proie. Tant que cette présence invisible donne à la bohémienne arrogante la chaire de poule.

Arrogante. Dérangée. Hautaine. Maladroite. Fière. Têtue. Blessante. Capricieuse. Emmerdante.
Mais humaine.
Blessée. Fatiguée. Apeurée. Humiliée. Epuisée.
Elle jette les armes. Lasse. Si lasse.
L'envie se fait tentante de baisser les bras, de se laisser aller dans cette incapacité, dans ce trou sans issue.
Que peut-elle faire après tout ?

Et une vision. Déjà elle se baisse pour reprendre ses armes abandonnées. Rédemption d'un geste non réellement souhaité. Humaine. Mais battante. Elle se battra jusqu'au bout. Jusqu'à son dernier souffle, si c'est celui qu'il souhaite. Et si elle doit mourir, ce sera avec le sourire. Et cette arrogance qui n'est pour l'achromique que son seul signe distinctif. Entends-tu d'ailleurs ? Cette voix rocailleuse autrefois douce, qui persiffle, moqueuse et tranchante :


Oh, Klaus n'est pas prêteur. N'Est-ce pas le partage qu'on apprend en premier aux enfants ?

Puisque jouet je suis, ne puis-je pas choisir mon propriétaire ?
C'est un non, incontestablement.
Mais qui est un danger pour l'autre ? Toute la question reste ouverte.
Et tant que le cœur bat, tant que la conscience s'agite et peut ressentir cette chaleur qui s'émane du feu, cette odeur âcre d'un intérieur parisien, et ce silence qui résonne, Gypsi restera Gypsi. L'incassable. L'arrogante. La fière perdante qui s'acharne. Elle gagnera à sa façon, n'en déplaise. Mais, Père Achromique a une grande longueur d'avance. Faiblesse physique est maîtresse de sa carcasse. Elle ne peut ni se battre ni s'enfuir. Simplement suivre, tanguer, trébucher. Mais la tête haut, et le verbe fort. Malgré toutes ces feintes, on retiendra qu'on peut tuer Gypsi, mais non point la mâter. N'Est-ce pas cela qui lui plaît, à l'oiseau de malheur ?

Il ne reste plus qu'à attendre...
La surprise finale.
L'Achromique a du Gypsi arlequine sur le feu.
ça ne peut plus attendre, ça va brûler...
Tente donc d'écraser cette conscience.
Tente. Travaille. Acharne-toi.
Elle est bien plus solide que moi.



*Musique tirée du film The legend of Bagger Vance, intitulée Junuh Sees the field, et composée par Rachel Portman.
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