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[RP] De chair et d'âme

Gabriell

    Toute à la fois terrifiée et emportée par nos actes, je frissonnai en sentant sa main douce englober la rondeur de mon sein, la paume effleurant le téton qui s'était érigé en découvrant soudain une sensibilité que j'ignorais jusqu'alors. Son front était sur le mien. Au passage de ses doigts, j'eus malgré moi une inspiration plus forte que les autres et qui ne pouvait manquer de révéler qu'il me troublait... Bien davantage que cela, même... Sa main sur mon sein provoqua une sensation si inconnue et si étrange que je ne savais dire si je la trouvais angoissante ou délicieuse... et je n'eus pas le temps de trouver la réponse avant que ses lèvres ne viennent se poser sur l'orbe pâle. À nouveau je frissonnai, saisie cette fois par la douceur de ce contact, et tandis que ma main restait dans ses cheveux comme une douce bénédiction, je le laissai descendre le long de mes jambes qu'il caressait au passage sous le tissu de ma robe. Je sentis sa main sur ma cheville. Une main délicate, posée sur ma peau comme s'il avait voulu prendre soin d'une foulure, m'entourant de ses paumes en un geste tendre. Reprise par une sorte de pudeur, je couvris ma poitrine de mes bras alors que mes seins étaient apparus à la pleine lumière des bougies. Je gardai les mains, non point refermées durement, mais plutôt posées sur le haut de mes bras, un peu comme si j'avais autant voulu me réchauffer que me cacher. Mes cheveux s'étaient répandus en vagues brunes sur mes épaules et oscillaient encore.

    Nos gestes se suivaient et se complétait aussi naturellement qu'une respiration en suit une autre.

    Et pourquoi... pourquoi gardais-je croisés ces bras, alors que je ne voulais que m'offrir davantage ? Alors que je l'avais déjà autorisé à me voir, à me toucher, à m'embrasser... Lorsque Lubin leva vers moi un regard si plein de cette question à laquelle j'avais déjà dis oui, que je me demandai pour quelle raison je croyais encore devoir me cacher. Sa main avait trouvé l'arrondi de ma cuisse, sous mon jupon, et ô mon Dieu, je désirais en sentir la caresse sur mon corps... Je tendis à nouveau les doigts vers ses cheveux; les caressai, les emmêlai doucement, et lorsque ma paume effleura la pâleur de sa joue rosie, je ne puis m'empêcher de lui sourire comme je n'avais jamais souri auparavant. C'était autant un aveu qu'une excuse; autant une autorisation qu'une demande... Lubin agenouillé devant moi, le visage prêt à s'enfouir au creux de mes cuisses, avec ou sans jupon, me faisait l'effet d'un jeune dieu descendu sur terre... Ses mains caressantes avaient déjà éveillé en moi la chaleur d'un désir purement féminin que je n'avais jamais goûté jusqu'alors. Avec un frémissement, j'attirait sa tête contre ma cuisse encore couverte, tiraillée entre l'envie de m'agenouiller à sa hauteur pour l'embrasser, et le désir de sentir ses mains continuer l'exploration de mes jambes, de mes hanches, de mon ventre, de... de tout. De moi.

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Lubin_

    Ainsi, le cordon retenant le jupon s’était laissé défaire, laissant tout le loisir au tissu de venir recouvrir le tapis, abandonnant au regard azuré la blancheur d’une peau inaltérée. Lubin, couturier sensible, était resté coi devant tant de beauté, & s’était risqué à glisser ses lèvres sur une toison qui, si elle n’était pas d’or, n’en était pas moins précieuse.

    Il avait le sentiment, profond, que tout ce qui venait d’arriver se devait d’avoir été, & que ce qui adviendrait avait déjà été écrit. Dès lors, rassuré autant qu’il le pouvait, il se laissait aller à des gestes dont il avait le désir brûlant, comme celui de s’imprégner à outrance de son parfum, alors, de cette fragrance délicate, entêtante, & qui le rendait tout à fait inapte à aligner plus de deux mots.

    Guidé par une gourmandise qu’il ne se connaissait pas, vaincu par cet arôme, enivré comme s’il était saoul, il se hasarda à enfouir le museau plus en avant, effleurant du bout des lèvres des chairs qui l’étonnaient au plus au point. Confus, il se surprit à trouver là un attrait qu’il n’aurait jamais pu croire possible, tant il n’avait été, jusque là, sensible qu’aux toiles & aux broderies.

    Pourtant, les frissons qu’il sentit chez Gabriell, alors qu’il avait encore les mains sur le haut de ses cuisses et les lèvres sur sa nymphe, le firent redresser les yeux, inquiet, angoissé, presque tétanisé, & lâcher dans un souffle inspiré :


    - Ça ne va pas ?

    Il n’attendit pas, en vérité, qu’elle ose répondre, car ses traits, d’eux-mêmes, imprimaient un trouble dont il ne put que s’alarmer. D’un bond presque, il se redressa, invitant la jeune peintre à s’asseoir, tant elle n’avait pas l’air bien.
    Pourtant, sans qu’il n’arrive à savoir pour quoi, le trouble qu’il lisait dans ses yeux lui paraissait tout à fait ravissant.
    Et, l’inquiétude mise à part, il se hasarda à vouloir bien plus qu’un simple regard.
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Gabriell

    J'étais nue. J'étais nue, et il avait osé. Je frémis.

    Mes yeux s'étaient fermés. Ses lèvres avaient trouvé l'intimité que je n'avais jamais dévoilée et qui se cachait sous une toison brune et bouclée. Ses baisers effleuraient le haut de ces lèvres qui n'en avaient jamais connu d'autres et j'inspirai longuement, prenant entre les miens ses doigts posés sur mes cuisses. J'ignorais que l'on pût trouver attirante cette partie de mon corps, n'ayant jamais fréquenté le moindre endroit ou la moindre personne que eût put m'apprendre ce dont il était question, mais Lubin avait guidé son visage et sa bouche aux frontières de cette terre inexplorée... Je frémissais, oui, autant de crainte que de désir, mais la crainte n'était pas celle que l'on pouvait imaginer. Ce n'était pas Lui, qui me faisait peur. C'était moi et mon ignorance. Comment devais-je... comment devais-je réagir ? Comment devais-je faire comprendre que je... que je ne désirais pas que cela s'arrête, malgré cette pudeur qui me faisait rougir ? Existait-il... des mots pour cela ?

    Je rouvris les yeux en sentant ses lèvres quitter leur douce embrassade. Souple comme un jeune cerf, il se releva d'un air inquiet, me reprit dans ses bras, puis me guida vers le lit proche pour m'y faire assoir... Sa voix inquiète me fit le regarder avec des yeux qui, je le savais, démentaient la raison de mon tremblement.


      Si je me sentais mal? Ho Lubin...
        Je n'avais jamais autant voulu vivre que ce jour...


    Mue par l'instinct, comme la biche qui appuie son cou à celui du jeune cerf, je repris sa nuque du bout des doigts, attirant son visage contre ma joue, et alors que nous étions assis tous les deux au bord de ce lit, et alors que j'étais nue, je glissais ma main le long de son cou jusqu'à trouver le lacet du col de sa chemise. Je le défis d'un geste fébrile, le souffle court, tandis que ma bouche reprenait la sienne en un baiser timide qui disait pourtant toute mon émotion. Mes doigts écartèrent le col de lin et je glissai la paume à plat sur son torse imberbe. Son coeur battait follement sous ma main. Le mien palpitait si fort que je le sentais pulser dans tous mon corps... et il éveillait les trésors dont j'ignorais encore l'existence.

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Lubin_

    Leurs lèvres, déjà, s’étaient retrouvés, sans qu’il n’ait pu savoir, de vive voix, si Gabriell allait véritablement bien. Bien sûr, le baiser qui suivit suffit amplement à rasséréner le jeune couturier sur la santé de l’androgyne, le temps du moins que les doigts de la peintre ne trouvent le lacet de sa chemise.

    Il sentit le lin glisser, naturel, & la paume féminine se lover contre son torse trop glabre pour qu’il n’en ait pas honte. Après tout, ces hommes, durs au labeur, ses frères même, fainéants qu’ils étaient, étaient pleins de ces poils, que l’on disait virils, & qui donnaient au moins aux torses masculins une maturité non négligeable.
    En bref, il était honteux de ne pas avoir de poils ici, fussent-ils même blonds. Pourquoi alors, pourquoi donc Gabriell lui semblait si peu… effarouchée ?

    Bien loin d’imaginer ce qui pouvait passer dans l’esprit de la jeune brune, il s’invita à nouveau sur ses lèvres d’un baiser appuyé, incapable de résister à l’appel qu’elles lui faisaient. A nouveau, à son tour, il glissa sur sa nuque quelques doigts, légers, qui se mêlèrent à ses boucles délicieuses. La main glissa, frôla l’épaule, effleurant la taille, mimant une caresse qu’il n’osait pas tout à fait faire.

    La tension de ses braies, pour tout dire, lui paraissait si improbable qu’il n’osait plus rien faire qui puisse l’exciter, lui. Oh, bien sûr, il lui aurait sauté dessus s’il avait pu se le permettre. Mais l’angoisse de la faire fuir mêlé à la trop faible compréhension des récents évènements le retenait si bien qu’il était capable, étrangement, de faire traîner les choses en longueur.
    Inspirant profondément, il coula son regard sur ce corps qu’il tenait désormais contre lui. D’un blanc si pur, qu’il aurait presque pu se fondre aux draps de lin.
    Aussi, ça ne lui échappa pas.


    - Ga… Gabriell je.. je crois que v-v-vous sai… Sai-saignez…

    Syncope.
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Gabriell

    Sainte Mère !!! Lubin !!!


      ( Mère Nature. You bitch.* )


    Exclamation typiquement féminine. Elle m'échappa, spontanée, lorsque je vis Lubin devenir en un instant plus pâle que la mort et s'effondrer sur la courtepointe du lit ; et je tirai brutalement sur sa chemise pour qu'il ne tombe pas en arrière sur le rebord en bois. Mon bras libre se trouva sous son aisselle sans que j'y eusse même pensé et je me laissais tomber sur le côté avec lui, accompagnant de mon mieux sa chute sur le matelas. Il est vrai que nous étions assis sur ledit matelas et que ce n'était pas bien risquée, mais j'avais si peur soudain qu'il se brise en tombant !


    Ho Lubin, Lubin !!

    Ma main se posa sur sa joue, tremblante, et les larmes me montèrent aux yeux en comprenant la raison de son évanouissement. Qu'étais-je donc sotte ! J'aurais du savoir, car c'était l'évidence même, que mon sang pouvait le terrifier... Le sang de mère Nature, le sang des femmes... Un sang craint des hommes. Je l'avais totalement oublié. Je m'étais baignée, je m'étais lavée et changée, et par la suite... ce qui s'était passé... m'avait totalement fait tourner la tête. Les pleurs coulèrent sur mes joues tandis que je caressais son visage en l'appelant, terrifiée.

    Je vous en prie, Lubin !

    J'étais au bord de la panique. J'étais nue sur le lit d'un homme, à une heure indécente, et cet homme s'était évanoui. Je n'étais pas médicastre. Je ne connaissais rien à la médecine. Et la situation était des plus... inconvenantes. Lubin était étendu sur le dos, les jambes pendant hors du lit, les yeux clos et le visage blême, mais au moins je l'entendais respirer.. Je m'agenouillai à son côté puis pris ses mains pour les serrer avec angoisse, et je chuchotai malgré ma gorge douloureusement serrée :

    Ho Sainte Mère, Lubin, m'entendez-vous ? Je vous en prie, répondez-moi... Je vous en prie...

    Je n'osai pas le déplacer pour l'étendre plus confortablement sur le lit. Cela pouvait peut-être le tuer, qu'en savais-je ? Je crus un instant ne plus entendre son souffle. Terrifiée, je me souvins que l'on m'avait dit que les morts étaient froids... Alors, pour l'empêcher de mourir, je m'étendis contre lui, couchée sur le côté, et je m'appuyais en partie sur son corps, passant autour de sa poitrine l'un de mes bras, et sur ses cuisses l'une de mes jambes. Ma tête trouva appui sur son épaule et, les cheveux collés à mon front, je tournai mes yeux ruisselants de larmes vers le visage de celui que déjà, j'aimais.

    Immobile, silencieuse, terrifiée, je me statufiai ainsi, dans l'espoir de lui communiquer assez de ma chaleur pour l'empêcher de mourir.




*On peut aussi dire : 'spice di counasse !
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Lubin_

    Lubin possédait une rare facilité pour ce qui était de tomber dans les vapes. Tout sentiment pouvant lui paraître néfaste était donc soumis à une limite, qui, si elle était franchie, laissait place à une extinction, pure & simple, de la machine, jusqu’à ce que la tension retombe assez pour permettre un réveil en douceur.
    Ainsi en était-il pour la peur, l’angoisse, l’inquiétude, la panique, la crainte, la stupeur, la surprise, l’épouvante, l’appréhension, le désarroi, la détresse, etc, etc, etc.
    Il lui était même arrivé, parfois, de s’évanouir sous un bonheur trop grand. Mais passons, le sujet n’est pas là. Pour le moment.

    Lubin donc, protégeait ainsi son esprit innocent en débranchant dès lors qu’un danger s’immisçait dans son esprit. Ici, le danger était le sang.
    Pas que le maladroit s’évanouisse à la vue de la moindre goutte de sang, non, après tout n’était-il pas, de l’atelier, celui qui se tranchait le plus souvent la peau avec des croûtes de pain ou des parchemins trop fins ? Mais enfin, le sang des autres, c’était autre chose.
    Et du sang, sortant de là, cet endroit enivrant qu’il avait embrassé avec une passion dévorante quelques secondes plus tôt, alors…

    Ça expliquait, dès lors, l’étrange visage qu’avait affiché Gabriell lorsqu’il avait redressé la tête. Elle avait eu mal, peut-être ne fallait-il pas embrasser cet endroit là ? Il avait sans doute… déchiré quelque chose, ce qui l’avait fait saigner ?

    L’idée des menstrues ne pouvait résolument pas lui venir à l’esprit. Après tout, on l’a dit, la seule femme qu’il avait pu « connaître » avait été sa mère, mère qui, on s’en doute, ne parlait pas de ses périodes d’indisposition à ses fils.
    C’était une chose, en prime, dont on ne parlait pas entre hommes & que les femmes ne confiaient pas, & encore moins dans un atelier réputé tel que les Doigts d’Or.
    Alors non, les menstrues, Lubin ne connaissait pas.

    Alors c’était certain, si Gabriell saignait, c’est qu’elle allait mourir.


    - Ga… Gabriell…

    L’œil s’entrouvrit, & s’étonna quelques secondes de la position dans laquelle ils s’étaient retrouvés.
    D’abord, parce que le corps nu de la jeune femme contre lui le crispa tout d’un coup, tout entier, & qu’il ne put s’empêcher d’en être ravi.
    Ensuite, parce qu’elle avait pleuré là toutes les larmes de son corps, semblait-il, & que sa chemise était assez humide pour lui donner des frissons.
    Enfin, parce qu’elle ne bougeait pas, malgré ses grands yeux verts écarquillés sur lui.


    - Ê… êtes-vous en-en-en vie ?

    Et soudain, animé, il pressait ses mains sur ses épaules, qu’il trouva étonnamment frêles, tâtant de la chaleur & de la souplesse de ce corps qui, il en était persuadé, allait bientôt succomber.

    - Vous allez b-b-bien ? Je-je vais vous p-p-protéger… Il… Il ne vous arri-rivera rien… Ne pleurez p-p-plus Ga-Gabriell, j-j-je suis là-là…

    Bientôt dans les bacs, le nouveau Roméo & Juliette.
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Gabriell

    Raidie et déjà transie, je suivis du regard la lente ouverture de ses yeux. Il les tourna vers moi. J'eus une respiration soudain plus forte, accompagnée d'un regain de larmes, et je soufflai :

    Ho, Lubin, j'ai cru que vous alliez mourir... mais... mais... vous n'allez pas, n'est-ce pas ? Dites-le moi...

    Nous étions deux innocents, ignorants des choses de la vie, ignorants de l'amour et de la mort... Mais j'avais si peur de le perdre déjà... Il se tourna vers moi et je vis que ses joues reprenaient doucement leurs couleurs. Ses mains se posèrent sur mes épaules et j'éclatais en sanglots, abandonnant toute ma terreur sous la douce pression de ses paumes et me jetant contre lui pour m'étendre de tout mon long contre le sien, que je serrais à présent contre moi de toutes mes forces. Je m'aperçus que je tremblais encore.

    "Ê… êtes-vous en-en-en vie ?"

    Sa question me prit au dépourvu... Les larmes ruisselaient sur mes joues sans que je puisse rien y faire et je balbutiais tant bien que mal en cachant mon visage dans son cou :

    J'ai eu si peur, si peur... Vous étiez mort... C'est vous qui... qui avez failli...

    En même temps que je serrai mon bras plus fort autour de sa taille, mon poing s'était crispé dans sa chemise. J'avais oublié ma nudité. Son coeur battait contre ma joue et c'était tout ce qui comptait, avec la chaleur de son corps dans lequel le sang s'étendait à nouveau. Mon visage touchait en partie la peau de son torse, au travers du col à demi délacé, et je m'aperçus que l'odeur de sa peau m'était un réconfort d'une grande douceur. Sa voix me parvint, balbutiante mais si tendre...

    "Vous allez b-b-bien ? Je-je vais vous p-p-protéger… Il… Il ne vous arri-rivera rien… Ne pleurez p-p-plus Ga-Gabriell, j-j-je suis là-là… "

    Je me blottissais contre lui de toute mon âme. Peu importaient ma nudité, mon sang, les convenances et l'heure tardive : il fallait qu'il me serre contre lui. Et il le faisait, ô, ce jeune dieu égaré en ces lieux... J'avais le sentiment d'être la nymphe des récits d'antan, celle qui s'offre à l'homme pur et sincère. Mes pleurs s'apaisaient. Ses mains sur mes épaules, ses bras autour de moi, me procuraient un doux sentiment de sécurité. Mon souffle retrouva son cours peu à peu, et je chuchotai :

    Ne vous inquiétez pas, Lubin... ce sang n'est pas une blessure... c'est le don fait par Deos à toutes les femmes... il symbolise la vie, la naissance, le renouveau... mais je comprends qu'il puisse vous dégoûter...

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Lubin_

    - Ne vous inquiétez pas, Lubin... ce sang n'est pas une blessure... c'est le don fait par Deos à toutes les femmes... il symbolise la vie, la naissance, le renouveau... mais je comprends qu'il puisse vous dégoûter...
    - Oh, je…


    Il ne put pas finir sa phrase, tant il se forçait à assimiler l’aveu qu’elle venait de lui faire. Une main dans ses cheveux, caressante, l’autre au creux de son dos, alors qu’il la maintenait contre lui comme s’il voulait la protéger du monde extérieur, la couvant du regard.
    Ainsi, ce sang là était un don… non une blessure…
    Ce n’était donc pas sa faute, pour une fois seulement ?

    Un sourire lui étira les lèvres, alors que, soulagé, il expirait profondément. Si ça n’était pas de sa faute, si ça symbolisait la vie, alors tout allait bien. Elle n’allait pas mourir, il ne l’avait pas blessé, & l’idée que le sang puisse le dégoûter ne lui effleura pas même l’esprit.
    Lubin avait l’avantage de l’inconnu, là où d’autres auraient tourné le dos.

    D’ailleurs, il ne comprit pas bien ce qu’elle entendait par « dégoûter ». Un don, de vie, de naissance, de renouveau, n’avait en soi rien de dégoûtant. Absolument rien.
    Les doigts dans ses cheveux glissèrent sur la joue rose, effleurant le coin d’une lippe close. A mi-chemin entre le besoin de la rassurer & de se rassurer lui-même, il mesurait tout juste la fragilité du lien qu’ils étaient en train de tisser ici-même.


    - Ça… ça vous fait mal ?

    Qu’aurait-il pu dire d’autre ? Il lui semblait qu’aucun mot n’aurait pu apaiser l’instant qui venait de se dérouler, comme si l’angoisse qu’on lui arrache ainsi sa Gabriell lui était, soudainement, devenu insupportable.
    Il ne la possédait pas, certes, mais… on ne pouvait la lui enlever sans qu’elle ne le veuille profondément. Et cette affirmation, s’enchaînant à la suite d’autres pensées, lui parut tout à fait correcte & sincère.
    Après tout, elle était encore androgyne, indéterminée pour tout un chacun. Sauf pour lui.

    Tout tâtonnant qu’il était, il tira à eux l’édredon, prenant garde à ne pas brusquer la jeune femme. Bientôt, il la recouvrit tout à fait, des doigts coulés au creux de son dos pour trouver là un apaisement incertain, les autres effleurant à nouveau les lèvres de Gabriell.

    - E-Expliquez-moi…

      Dis, Gabriell, comment on fait les bébés ?
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Gabriell

    Je fus un peu surprise. Il n'avait pas l'air de trouver cela dégoûtant, alors que j'avais toujours entendu dire, dans la société roturière à laquelle j'appartenais, que le sang des femmes nécessitait qu'elles soient toujours irréprochablement propres ; ce qui m'avait poussé à la déduction logique que ce sang était sale. À vrai dire, pour ma part, je n'en savais que fort peu : juste assez pour savoir que c'était normal, que c'était pareil pour toutes les femmes, et que ça voulait dire qu'on pouvait faire des bébés. Le reste...

    "- Ça… ça vous fait mal ? "

    Je secouai doucement la tête à la négative, blottie contre lui. Il semblait simplement curieux de cette chose qu'il ne connaissait pas. Probablement reliait-il la présence de sang à l'idée d'une blessure, et donc à de la douleur. Je répondis après une petite hésitation, guère habituée à parler de cela, et surtout pas avec un homme contre qui j'étais étendue absolument nue :

    - Non... Enfin, pas vraiment. Cela fatigue, quelques fois, et le bas du ventre devient douloureux et fait comme des crampes. Cela dure quelques instants puis s'estompe, et cela revient par vagues plus ou moins fortes. Il y en a pour quelques jours, une fois dans le mois.

    "- E-Expliquez-moi… "


    Un peu gênée, je poursuivis, pour le rassurer, lui expliquant le peu que j'en savais tandis qu'il me couvrait de l'édredon :

    - C'est... c'est en rapport avec les cycles de la lune, et cela veut dire qu'une femme est en âge de porter des enfants. Ça arrive une fois par mois, tous les mois, toutes la vie, jusqu'à la vieillesse, quand on ne peut plus enfanter. Ça veut dire qu'on est en bonne santé.

    Il m'était impossible de lui proposer une quelconque comparaison avec le fonctionnement du corps masculin, dont je n'avais strictement aucune idée. Je me demandai, à ce moment, si eux aussi portaient un quelconque signe de capacité à enfanter... Mon esprit avait totalement occulté, un peu plus tôt, lors de nos étreintes, l'insolente érection qui pourtant avait trahi Lubin : je ne savais ni ce que c'était, ni ce que cela voulait dire, ni même à quoi "ça" ressemblait. Enfin, j'avais un peu vu les petites affaires des garçons de mon village, à l'âge où ils s'amusaient à comparer entre eux leur nouvelle moustache ou leur... chose.... mais j'avais toujours soigneusement fui ce genre de réunions secrètes, pour la simple et bonne raison qu'à cette époque personne ne devait savoir que je n'étais pas un garçon.

    J'étais à nouveau calme. Même si la situation était un peu gênante et dérivait sur un sujet délicat, je mis de côté mes réticences pour répondre de mon mieux aux questions innocentes du jeune couturier. L'innocence, oui... comment pourrait-on le décrire autrement ? Rien ne lui allait mieux que cela. Et je n'en savais pas franchement plus que lui. Alors, ayant terminé ma petite explication sur une jolie fable de lune, je repris, blottie contre lui, la caresse de mes doigts sur son torse immaculé. Mon corps s'était apaisé, car après la terreur que m'avait inspiré l'évanouissement de Lubin, mon désir s'était évanoui. Je me rendis compte que j'étais calme et que ça ne me dérangeait bizarrement pas du tout d'être nue dans ses bras. Je l'ignorais encore, mais il m'en aurait fallu bien peu pour qu'à nouveau la délicieuse chaleur de nos baisers m'envahisse à nouveau. Enfin, je l'ignorais... peut-être voulais-je me le faire croire, plutôt.

    Une nymphe me souffla à l'oreille une inspiration que je n'osais penser mienne... j'ajoutais à voix basse, tout en prenant l'une de ses mains dans la mienne :


    - C'est comme... la poitrine d'une femme. Quand elle naît et grandit, c'est que l'on peut enfanter. Ce sont des choses naturelles que Christos nous a données pour que l'on sache ce que la nature nous permet de faire.

    Et à ces mots, avec un délicieux frisson d'impertinence - mais enfin Gabriell ! - je posai sa main sur mon sein.

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Lubin_

    Il s’étonnait, à chacun de ses mots, que le corps des femmes recèle tant de surprises encore, & soit si différent de ceux des hommes. Oh, la poitrine, il l’avait accepté & compris depuis quelques années déjà. Il était de ces choses que les rares jeunes filles de son âge qu’il avait côtoyé n’avaient pu dissimuler.
    Il savait ce qu’un corps de femme était. Lorsqu’il était habillé.
    La tendresse de leurs orbes opalescents, le rose doux de leurs tétons, ça, il le découvrait. Les arabesques de leurs corps, leur toison d’or au parfum si envoûtant, ça, il le découvrait. De la difficulté d’être une femme, ça, il le découvrait.

    Et tout à coup, il se sentait bien mal de se sentir si faible. Après tout ce que les femmes devaient endurer – il savait tout de même que l’accouchement était de ces choses qui faisaient quelque peu souffrir – il se devait, en tant qu’homme, de les aider à supporter leur condition féminine. Tout à ses réflexions, il mit quelques secondes à saisir le sens de ses propos…

    Jusqu’à ce qu’il sente à nouveau sous ses doigts cette poitrine nerveuse.


    - La nature vous a parfaitement doté…

    Il ne prit conscience de ses paroles qu’après les avoir distinctement prononcées, & il fut forcé – évidemment – pour masquer toute sa gène de revenir l’embrasser avec toute la douceur dont il était capable. Et il s’appliqua tant & si bien qu’il crut un instant ne pas avoir ragaillardi – comme si c’était nécessaire – le secret, qui n’en était plus un, dissimulé par des braies prêtes à craquer.

    Sans qu’il n’en prit conscience, lentement, l’état qui l’avait plongé dans une extase incomplète & l’avait aidé, grandement, à déshabiller Gabriell, reprenait ses droits sur sa raison, lourde & bien trop encombrante. Ses doigts, curieusement, s’étaient faits plus pressants, & son corps tout entier s’était tendu sous elle.

    L’idée qu’ils n'auraient pas du faire ce qu’ils étaient sans aucun doute en train de faire, étant donné l’état de Gabriell lui effleura peut-être quelques secondes l’esprit, avant qu’il ne vienne à penser qu’il aurait bien embrassé son sein si elle n’avait pas été aussi basse.
    Aussi, usant de toute la force qui lui était nécessaire, il entreprit de ramener ce corps nu un peu plus sur lui, s’aidant pour cela d’une jambe, à demi repliée, glissée entre les cuisses de l’androgyne.
    Plus il s’engageait, & plus l’assurance qu’il était de son devoir de mener la danse, même s’il ne connaissait pas les pas, sonnait comme une évidence. Dès lors, usant de la seule force de son coude & de ses abdominaux, il la fit rouler sur le matelas, s'appuyant vaillamment sur son avant-bras pour ne pas l'écraser, ayant tout à loisir ainsi de dévorer sa poitrine de baisers. Un bruit mat leur assura que l’édredon avait glissé.

    Un peu plus confiant, dès lors qu’il savait qu’il ne lui avait pas fait mal, Lubin s’osa à quelques caresses non moins timides, redécouvrant sa taille, ses hanches, ses cuisses douces & souples. Il s’étonnait, à chaque petit dérapage, que la nature ne les ait pas doté de la même manière, & plus encore, qu’elle les ait fait capable de se compléter.
    Car, tout innocent qu’il était, il n’était pas passé à côté du fait que sa chose, à lui, semblait faite pour aller dans sa chose, à elle.

    Malgré tout, il lui fallut bien se rendre à l’évidence.
    Il manquait quelque chose. Et s’il pouvait, vaguement, se douter de ce que cette chose pouvait être – il s’en était étonné quelques secondes plus tôt ! – il était tout à fait incapable de s’y lancer sans être sûr qu’il n’allait pas faire une connerie. Après tout, l’idée impliquait tout de même de virer ses longueurs de tissus… Quand même.

    Et lâche qu’il était, il préféra dès lors s’en remettre à la jeune peintre.


    - Je… Je ne suis pas sûr de ce-ce.. qu-qu’il f-f-faut fai-re…

    Bouuuh, le menteur.
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Gabriell

    [Sweet & Low]


    Sa bouche avait repris la mienne, fusionnelle, en même temps que je sentais glisser entre mes cuisses son genou explorateur. Je le laissai passer en oubliant que nous étions en train de parler de choses peu suggestives, et je m'enivrai de son baiser doux et appliqué. J'étais encore de côté, face à lui, et je relevai légèrement ma propre jambe pour lui offrir le passage, comme si j'avais voulu me couler contre son corps pour être encore plus proche de lui. Les gestes étaient évidents, naturels... finalement. Mes mains caressèrent son dos, sa nuque, alors que d'un mouvement du bassin il me renversa sur le dos pour enfouir ensuite le visage contre ma poitrine. Ses lèvres sur ma peau éveillèrent à nouveau l'exquise pulsation de mon être et je frémissais tandis qu'il me couvrait de baiser. J'avais relevé une jambe que j'appuyai un peu sur lui, mes doigts perdus dans ses cheveux et dans le tissu de sa chemise, les yeux clos et la respiration à nouveau accélérée. Plus rien d'autre n'existait que nous, que nos âmes, que nos corps qui se trouvaient et se découvrait. Je sentis contre ma cuisse la dureté d'une verge dont je ne pouvais qu'accepter l'évidente tension, malgré mon ignorance de son apparence actuelle, et malgré moi, mon corps réagit à ce contact.

    Lubin était étendu sur moi et le tissu de sa chemise et de ses braies frottait contre ma peau nue. Mes joues avaient rougi et je perdais pied, totalement, car nous avions rejeté toutes les convenances et toutes les lois... Je sentais en moi s'affoler les palpitations de mon entrejambe, à chaque fois que le bassin de Lubin s'y appuyait tandis que sa bouche prenait avec insistance les rondeurs de mes seins et ces extrémités que je découvrais si sensibles... Un léger soupir retenu m'échappa malgré mes lèvres closes, à mi chemin entre l'hésitation et le gémissement que je ne voulais pas donner, alors que sa cuisse appuyait sans pitié et sans doute sans le vouloir sur la toison dévoilée et sur ses lèvres entrouvertes...


      Oh, mon Dieu... Que faisions-nous...


    Il caressait mon corps de ses mains douces et timides, exploratrices pourtant, possessives aussi, et je découvrais à l'intérieur de mes cuisses des passions qui promettaient mille délices au moindre effleurement... Je perdais la tête, le coeur battant, offerte à ses baisers, frémissant lorsque ses lèvres s'aventuraient sur mon ventre puis sur mes hanches, sur le haut de mes cuisses, puis entre elles, sur cette peau si douce et ô jamais dévoilée avant ce jour... J'osais à peine bouger et je le laissais me découvrir.

    Cette chemise me gênait... je voulais sentir la douceur de son torse sur le mien, je voulais sentir son ventre contre le mien, et tandis qu'il s'enquérait de la suite à donner à cette folle traversée de nos limites, je prenais entre mes doigts le tissu de lin et je lui retirai ce vêtement qui était de trop. Je le vis alors, se redressant, à demi nu et étendu sur moi; si beau et si entier, si tendre et si ... masculin. Nous avions chacun une jambe entre celles de l'autre et il s'appuyait sur ses bras pour ne pas m'écraser. Contre ma cuisse, une nouvelle fois, je sentis la raideur d'un vît dont je ne connaissais que le nom...

    Mes mains tremblèrent lorsque je posai les mains sur la ceinture de Lubin pour le ramener à même hauteur que moi, et je défis le cordon qui maintenait en place le dernier rempart de notre virginité.

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Lubin_

    Ohlalala. Ohalalalalala.
    Certes, il l’avait cherché, en préférant s’en remettre à elle plutôt que faire traîner les choses. S’il n’avait pas été trop difficile de se défaire de sa chemise, les mains de Gabriell n’ayant pas pris la peine de le laisser réfléchir, il en était tout autrement de ce cordon qu’elle défaisait, irrémédiablement, sans qu’il n’ait le courage, ou même la simple envie de lui dire « stop ».

    Ohlalala. Ohalalalalala.
    Enivré qu’il était du parfum, séraphique, de sa jeune muse, il s’était senti fort, outrageusement puissant, & n’avait pas vraiment cherché à retenir ou calmer cette folie qui dardait violemment. Mais là, là, là… l’aurait-il voulu qu’il aurait été tout à fait incapable d’apaiser les choses. D’autant que cette pression de moins, soudain, le soulageait tant qu’il ne put retenir un soupir de délivrance.

    Ohlalala. Ohalalalalala.
    Elle avait fait glisser les braies, il avait fait tomber les braies, & nu, tout à coup, il se sentait beaucoup moins confiant – comme s’il avait pu l’être complètement. C’est que jamais, ô grand jamais, il n’avait été dans cet état là. Vaguement peut-être, dans quelque chose d’approchant, le matin alors qu’il se levait. Et encore.
    Jamais, ô grand jamais, il ne s’était touché. Alors là, rien que d’imaginer ce qu’il ne pouvait plus prendre la peine d’ignorer…

    Ohlalala. Ohalalalalala.
    Torturé entre une honte qu’il avait bien du mal à comprendre, la peur de la faire fuir, & le désir qui lui rongeait les entrailles, il s’empressa de retrouver ses lèvres, pour l’empêcher de voir, de s’inquiéter, de paniquer. Sa main, lascive bien que timide, se glissa sur la fesse blanche, l’invitant à le laisser passer.
    L’instinct seul semblait le guider, comme si sa raison avait laissé son trône pour contenter de commenter, effrayée, la scène qui se déroulait là. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les choses devenaient tout à coup simples & limpides, puisqu’une intuition venait combler les manques de ses maigres connaissances en matière de ces choses de l’amour.
    Aussi, avec une timidité si extrême qu’elle en était risible, forçant sans penser qu’il pourrait faire mal les frontières de leurs virginités, il vint combler de ses « connaissances » Gabriell.

    Ohlalala. Ohalalalalala.
    Figé tout à coup, il fixait les traits de la jeune femme, les lèvres à quelques maigres centimètres des siennes, n’osant plus bouger d’un pouce. Il ne savait plus s’il était en train de défaillir, ou bien si c’était elle, qui allait défaillir. Le visage décomposé, pas parce qu’il avait peur, mais bien parce qu’il était tout simplement baba de sa découverte, il attendait ainsi d’avoir assez de souffle pour émettre un simple son.
    Comment, diable, avait-il pu passer à côté de cela ?


    - Je… Vous… N-nous…

      C’est ça Lubin. Là, l’amour, la passion, le désir, dévorant.
      Là, la folie, l’extase, toute la protection d’un corps de femme.
      Et puis là, encore, la force qu’elle t’apporte, l’inspiration évidente, la certitude & la clarté.
      Je, vous, nous, c’est ici-même, à l’instant, tous les deux. Unis.
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Gabriell

    - Hhha...

    Un souffle... un souffle, oui, même pas un gémissement, même pas un cri... un souffle qui m'échappa au moment où Lubin entrait en moi.... Il le fit avec précaution mais avec hâte, appuyant sa virilité aux portes de mon intimité, faisant glisser en moi, d'à peine un demi pouce, la rondeur sensible qui couronnait son vît. J'ignorais encore jusque-là que cela me ferait mal. Et je laissai échapper cette silencieuse exclamation lorsque la douleur se fit soudain vive à cet endroit si sensible, serrant mes paupières auxquelles perlèrent quelques larmes imprévues, et tendant tout mon corps par un réflexe de rejet que je m'obligeai pourtant à maîtriser. Je ne voulais pas voir, pas regarder, et encore moins toucher. La douleur palpitait comme une petite plaie vive. Mais le souffle de Lubin sur mes lèvres, la tendresse du baiser qu'il me donna, immobile, arrêté en son mouvement, me firent à nouveau basculer dans notre monde à nous... Cette petite bulle secrète, silencieuse. Cet aparté.

    Sans faire le moindre geste, hors hausser le menton, je repris sa bouche pour un baiser qui quémandait la douceur pour apaiser l'instant... Puis, avec lenteur, j'inspirai, et décontractai par un effort de volonté les muscles qui enserraient mon intimité. Je le sentis alors entrer en moi, timidement mais poussé par le désir qui avait rendu nos deux corps plus réceptifs que jamais à cette union délicate et hors du monde.

    Étais-je... Étais-je femme, à présent ? Je le croyais... Je le ressentais ainsi. Mon coeur battait la chamade, j'étais envahie d'un sentiment incroyable, plus puissant que la douleur de cette découverte. Je portai la main à la joue de Lubin pour la caresser. Mon regard accrocha le sien, et malgré la brillance des larmes qui restaient accrochées à mes yeux, je l'attirai à nouveau contre moi pour un nouveau baiser.


    - Schhht... ne bougez plus... ne dites rien...

    Mes lèvres reprirent les siennes, alors qu'immobiles, nous nous découvrions l'un l'autre, au plus profond de nos êtres.


      La chair et l'âme.


    J'étais perdue.

    Perdue en lui.

    Perdue dans un amour dont j'ignorais l'existence et que je découvrais comme une vague puissante.

    Oh Seigneur...


      - Je t'aime.

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Lubin_

    ***

    Un instant suspendu hors du temps, hors de Paris & de son entêtante chaleur printanière, loin de l’effervescence à l’approche du défilé de la Guilde. Au creux des draps d’une paillasse un peu trop dure, deux corps, échaudés, affamés, électrisés. L’une en pleurs, l’autre aux azurs écarquillés, plongés dans ces espèces de transes inaltérables offertes à ceux qui voudraient bien faire l’effort de s’apprendre.

    Oh, ils ne l’avaient pas fait exprès, pourtant, non. Ils s’étaient retrouvés là, tous les deux, nus comme des vers, indéniablement attirés l’un vers l’autre, & puis… Cupidon avait fait son œuvre, trouvant là sa Psyché, sans qu’un doute ne puisse naître.
    A trop vouloir s’aimer, ils s’en étaient heurtés, à chaque seconde, aux surprises que l’autre pouvait leur réserver, à moins qu’ils se soient surpris à se découvrir eux-mêmes. Et puis, par la force des choses, les regards s’étaient mués en palpitants endiablés, les cœurs en baisers passionnés, leurs embrassades en souffles entrecoupés.

    Longtemps, il n’avait pas bougé. Craignant de rompre cette espèce de candeur dans laquelle ils flottaient encore. Mais il avait voulu. Il en avait eu le besoin, presque intolérable. Le corps tremblant, le corps fiévreux, il découvrait encore, à travers les larmes de Gabriell. Là, au creux de ses cuisses, au plus profond de son ventre, dans l’étroitesse de ses chairs, dans l’ardeur de son corps, il trouvait une ivresse qui le faisait vibrer. De tout son être.

    C’était donc ça ?

    L’amour, le vrai, fait des chairs & des âmes, longtemps façonnés, jamais très cohérent, poignant, asphyxiant, grisant à s’en damner.

    C’était donc ça ?

    Ne vouloir qu’elle, au creux de ses bras, au bout de son souffle, capitonné par ses baisers ? Son corps, unique, exclusif, aimer ses larmes tout autant que son rire, la puissance de son regard, prêt à faire écrouler tout un monde, en un coup d’œil mutin.
    Etre prêt à ne faire plus qu’un, ne vouloir, de toutes les fibres de son être, qu’être ancré à son corps, à son cœur, à son âme.
    Souffler, au creux de son cou, murmurer l’indicible, & puis, d’un soupir silencieux, semer l’amour au creux de son cou, au creux de son ventre.


      Oh Gabriell…
      Ma Muse. Ma Psyché. Mon Amour.
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Gabriell

    Au creux de mon âme, entre mes cuisses, enfoui dans mon cou, il était là. Amour avait ravi mon coeur et mon corps. Nous nous offrions l'un à l'autre, tout à tour hésitants, possessifs, timides ou pleins de cette sensualité inconsciente que seuls peuvent avoir ceux qui ignorent tout de leur image. Il était en moi comme j'étais en lui. Je sentais la douceur et la force de son sexe prendre lentement possession du mien, apaisant la douleur par le frisson, me faisant oublier ma crainte par une myriade de baisers; et je le serrai contre moi, je caressai sa peau comme il caressai la mienne, en souffles emmêlés. J'aurais pu, je crois, mourir ici et sur l'instant, et renaître ailleurs, car j'avais soudain fait quitter à ma vie la route que je lui avais fait emprunter jusqu'à ce jour. Une autre Gabriell existait à présent. Une Gabriell qui enfin avait une place dans le monde, une raison de vivre...

    Amour & Psyché scellant par un baiser l'alliance d'une autre vie.

    Mes doigts serrèrent doucement ses cheveux d'un argent aux touches d'or, ma bouche s'entrouvrit à nouveau alors que ma gorge s'offrait à un nouveau baiser; son front, son nez, sa bouche, son menton et son souffle, tout trouvait sa place au creux de mon cou, à l'angle de l'épaule, là où je pouvais enlacer le corps frêle et puissant. Et nous étions coeur à coeur dans cette étreinte, ne nous séparant qu'à peine, ventres joints, lèvres à nouveau scellées, tandis qu'en moi il reprenait le chemin d'une conquête de l'inconnu, et je ne pouvais empêcher ma voix de trahir en soupirs les mouvements de celui qui, à présent, était mon âme.

    À ce moment l'insaisissable Gabriell n'existait plus. Les braies noires oubliées au sol, la chemise de lin abandonnée sur la chaise, le catogan défait.. j'étais une jeune femme, une jeune fille, que l'on aimait pour la première fois. Les boucles brunes de mes cheveux avaient glissé de mes épaules et s'étaient enroulées sur le drap, et Lubin parfois y glissait les doigts comme pour en vérifier l'existence... Il était tel un ange, de ceux que l'on croyait de glace... Au creux de mes bras il était homme. Il était beau. Et dans notre folie commune, en gestes doux et lents, il prenait en moi cette place masculine qui n'avait jamais été comblée, et je sentais frémir cette intimité qui n'avait jamais connu de caresses. Le corps de cette femme que je n'avais pas cherché à apprendre réagissait à sa présence, enroulant de doux muscles autour de lui, s'étendant pour lui laisser place, laissant s'installer - à ma grande honte - entre mes cuisses une humidité brûlante dont j'ignorais la signification. Quelques gouttes de sang avaient tracé un chemin sur ma peau, marquant de carmin les draps de notre lit - oui, le nôtre. Il apaisait ma douleur. Il apaisait toutes les douleurs.

      Amour...

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