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Info:
Où Haldor apprend qu'il n'est pas point l'héritier de son père... &amp;amp;amp;amp; où il se charge de régler de l'affaire.

[RP] Je ne suis que le Bâtard, mais ce coffre est mien !

Haldor
« L'héritage offre la possibilité de toucher dans l'âge adulte...
... les sommes qu'on vous a refusé dans votre jeunesse. »
P. Bouvard

[Dans les faubourgs de Saumur, près de l'office d'un notaire.]

    Le jour se levait à peine lorsque les roues du coche allaient dans un tintamarre assourdissant sur le pavé mouillé d’un petit bourg non loin de la capitale angevine.
    C’était ici que le Renardeau avait fait conduire le jeune Haldor, bâtard parmi tant d’autres du redoutable et aujourd’hui décédé Vieux Renard de Trondheim : plus connu sous le nom de Friedrich Lefebvre ou encore « Oncle Friedrich ».

    C’était ici, à Saumur, que le Vieux Renard faisait venir la Belladone : ces baies noires aux milles vertus, ces baies mortelles sur lesquelles, en grande partie, s’était fondée l’immense fortune de la famille Lefebvre.
    Lefebvre, c’est un nom qui vous est peut-être inconnu. C’est qu’en ces milieux opulents la discrétion est de mise. Mais ce n’est point de ces baies qui emportèrent bon nombre des ancêtres dont il est question. Non, il s’agit là d’un héritage, et non des moindres !

    Le Renardeau – Tel est son nom, car à vrai dire, on ne lui en avait jamais trouvé aucun ! –, après la mort de son maître, s’en était allé quérir des nouvelles du plus proche héritier, et il se trouvait alors encore dans ces contrées du Nord, plus au nord encore que le port de Trondheim où le Vieux Renard régnait autrefois en maître sur la pègre locale. Chose impossible que de retrouver cet héritier dont on n’avait eu de nouvelle depuis bien dix printemps me direz-vous. C’est sans compter sur le flair et le réseau et l’intelligence intarissable du jeune rouquin qui faisait fi de ce sobriquet du « Renardeau » et qu’il portait même avec fierté. Après tout, le Renardeau deviendra un jour Vieux Renard à son tour. C’est bien ce qu’il croyait, sans se douter que cette quête de l’héritier le conduirai à sa perte.

    Mais n’allons pas trop vite, mes amis. Revenons-en à nos deux compagnons de voyages : Haldor Lefebvre, informé de la mort de son père et déniché à l’Auberge des Cinq Sens dans les bas-fonds parisiens & notre très cher Renardeau, accoutré comme à son habitude de vêtement neuf, de bonne qualité, mais dont les milles couleurs le faisait sembler à un bouffon.


    « Comment m’as-tu retrouvé ? demanda le grand brun froid et distant à la voix rauque, en de nombreux point semblable à son père.
    « J’ai de nombreux amis… répondit le rouquin, un sourire taquin au coin des lèvres.
    « Soit. Est-ce encore loin ?
    « Non, nous venons de passer Saumur. Tenez, le coche ralentit. C’est là, juste ici ! »

    De son index le Renardeau désignait une bâtisse comme il y en avait tant dans ces faubourgs.
    C’était là qu’officiait le Notaire.
    C’était là que le rendez-vous avait été fixé.
    C’était là que la bonne fortune devait commencer…

    Le jeune ténébreux sorti du coche précipitamment, laissant le Renardeau à l’intérieur, et s’en alla sonner trois coups à la petite cloche.

_________________
Enfoirance
[Dans les faubourgs de Saumur, Office du notaire.]




Maître, vous m'avez appelé ?
Berthe...



Les mains s'activent sur le bureau, les papiers volent. La voix est sombre et les billes marronnées lorgnent l'entrante. La voix est résignée, il semblerait que Berthe file un mauvais coton.


Berthe, n'auriez vous pas déplacé un pli. Parchemin de bonne manufacture, Encre bleutée, écriture leste.
Je pense...
Je ne vous paye pas pour "penser", ni pour ranger d'ailleurs. Retrouvez le.




Dire que Maître Enfoirance avait un ton autoritaire était un euphémisme. Il aimait tout contrôler, tout voir, tout entendre, et surtout lorsque ces choses là pouvaient lui rapporter gros.

Il n'est pas Notaire pour le plaisir. Il ne fait ça que pour l'argent. Il aime une fois la porte de son office fermée, se rouler dans la luxure un verre d'Armagnac à la main. Il aime que sa femme le laisse en paix jusqu'à l'heure du coucher où elle se laissera besogner sans broncher. Il aime ses enfants. Surtout depuis qu'il leur offre la meilleure éducation dans une université à des lieues de la maison.

Il aime recevoir. Surtout son banquier. Il aime qu'il se déplace à demeure, qu'il sorte de sa pochette tout un tas de feuilles noircies de chiffres, il aime savoir qu'il est riche, même s'il n'aura jamais assez d'une vie pour tout dépenser.

Dépenser... C'est d'ailleurs un mot qu'il emploie avec parcimonie. Sa femme ne dira pas le contraire, elle ne fait pas partie de celles dont la garde robe dégueule de tissus en tous genres.

Maître Enfoirance s'appelle Aimé. Ses parents devaient être joueurs, mais peu de gens connaissent son prénom. Ses plus proches clients sûrement. Ceux qui le payent le mieux donc.

Ne vous fiez pas à son allure froide et austère, un verre suffit à le dérider. Mais jamais pendant le service. La calvitie le touche depuis plusieurs années maintenant, le peu de cheveux restants étant teintés de blancs, on peut dire qu'il n'est pas de première jeunesse.

Son passé ne regarde que lui. Disons juste qu'il n'a pas toujours été très...regardant sur la nature des biens de ses clients.

Les billes se posent sur la croupe de sa "secrétaire" et la main vient claquer le fessier.



Alors Berthe, ce pli ?


La corruption domine le monde, ne vous en déplaise.
Haldor
[Dans l'office de Maître Enfoirance...]

    Trois coups furent sonnés à la chevillette, et la chevillette ne cherra point.
    Le ciel commençait à s’assombrir et notre beau brun fougueux n’envisageait aucunement passer sa nuit devant l’antre du notaire.
    Trois coups furent sonnés, personne ne vint lui ouvrir.
    Sûrement la bonne était occupée à d’autres affaires de paperasses.
    Quoiqu’il en soit, personne n’était venu lui ouvrir et cela avait eu le don de fiche le Ténébreux en rogne.


    « brothel* ! Si dans dix secondes personnes ne vient m’ouvrir je… Oh eh puis zut ! Au Diable les bonnes manières ! J’entre !

    Aussitôt dit, aussitôt fait. Le jeune homme tout vêtu de noir à l’allure de croquemort fit son entrée l’office du Notaire.
    Le tout ne manquait pas d’allure. Sans doute devait-il en brasser du magot ! Ne lui restait plus qu’a trouvé le bureau de Maître Enfoirance…
    La chose a première vue s’avéra peu aisée mais quelques haussement de ton le mirent sur la bonne route.
    La porte du bureau n’était plus qu’à une enjambée lorsqu’une question s’immisça en son esprit : « Je frappe d’abord ? Ou bien je fais une entrée fracassante. Quel est le mieux ? Si je frappe… Non ! Une entrée fracassante fera son petit effet ! ».

    Il se racla la gorge et d’un geste nonchalant du pied gauche envoya valser la porte…
    Il se trouva alors face à un vieux chauve à l’air aussi austère que lui.
    Aussitôt il comprit ce que plut à son père chez cet homme.
    Il pencha la tête l’espace d’un court instant puis, souriant doucement…


    « Mes excuses cher Maître pour cette entrée en-dehors des us, mais personne n’est venu m’ouvrir. Permettez-moi de me présenter, cher Maître : Haldor Lefebvre, fils de feu Friedrich Lefebvre. C’est le dénommé Renardeau qui m’envoie à vous…
    J’ai fort à parier que mon regretté père ne m’a point laissé sans rien. Allons-nous en discuter, maintenant que je suis ici ? »



* Trad. (Norvégien) : Bordel !
_________________
Enfoirance
[Même jour, même heure, même endroit.]


Berthe n'avait pas été choisie pour son aptitude à trier les dossiers. Elle avait cependant tout un tas compétences inégalables. Même par Madame Enfoirance, mais revenons en à nos moutons, ou plutôt à...


Berthe, fermez la porte en sortant.


Parce que bien sûr Berthe va sortir. Sans poser de questions. Elle baissera le jupon que Maître Enfoirance aura levé pour poser négligemment sa main et quittera la pièce comme le veut la bienséance.

Les gens ne prennent plus la peine de frapper. Ce gringalet aurait sûrement pris le pied du vieux dans le séant s'il ne s'était présenté.
Le fils de Friedrich Lefebvre.
Feu Friedrich Lefebvre.

Le vieux n'est pas surpris, la dernière fois qu'il avait eu un contact avec le père du bâtard ici présent, il n'était pas des plus pimpants. Pourtant, même à l'aube de sa mort, sa main avait gratté le vélin sans aucune velléité. . Ses traits sévères et sa voix caverneuse lui donnaient une prestance qui forçait le respect. Friedrich était un homme respectable, et respecté. Inutile de négocier, c'était un homme sombre, constant et distant. Il n'avait d'empathie pour personne et n'aurait pu attirer la vôtre.

Friedrich faisait partie des gens qui appelait Aimé par son prénom. Quelqu'un qui l'avait payé une petite fortune pour que sa dernière volonté soit faite. Quelqu'un de tellement puissant que jamais Maître Enfoirance n'aurait tenté de le tromper.
Ce testament, le vieux l'avait appris par coeur. Le legs était à l'abris, même Berthe ignorait cela, si tant est qu'elle sache quelque chose.

Le regard d'Enfoirance se pose sur le poulain, alors que le corps se déplie, légèrement courbé, il tend cependant la main pour désigner un fauteuil lui faisant face.



Vostre paternel n'aurait pas aimé que vous ne me saluiez point, prenez place je vous en prie.
Maître Enfoirance, ravi de connaitre enfin le fils de Sieur Lefebvre.
Souhaitez vous un verre d'hypocras? La route a dû vous fatiguer.



La carcasse s'enfonce dans le fauteuil, la main vient caresser l'accoudoir, alors que les doigts frêles s'enfoncent dans l'épais tissu.
Le vieux jauge le jeune homme qui n'a visiblement pas l'éducation de son père, et la jeunesse ne pense qu'à l'argent...




Vostre père... a effectivement laissé un testament.

Et je ne suis pas sûr que le contenu vous ravisse...
Haldor
    Le jeune fougueux ne tient plus en place tant l'avidité le tiraille, mais il ne fait pas d'histoire pour s'installer face au notaire, sur le fauteuil qui lui est désigné.
    Si le beau brun n'a pas eu toute l'éducation de Friedrich, celui-ci lui a du moins léguer une physionomie à peu près semblable, et cette voix rauque et tonnante qui un jour surement deviendra si caverneuse et intraitable que celle de feu son père.
    En somme, il n'était qu'un bébé Friedrich, et l'oisillon avait encore pas mal de chose à apprendre.
    A la remarque de Maître Enfoirance quant-à ses manières peu délicate, le jeune homme ne rosit point, pas même un signe de gêne ne se laissa lire sur son visage placide.


    « Veuillez excuser mes manières, cher Maître... Je suis homme bien éduqué, je puis vous l'assurer. lança-t-il d'un ton morne, avant d'ajouter : « Volontiers, cher Maître. Un verre d'hypocras me fera le plus grand bien après ce long voyage.

    Mais le Lefebvre n'avait pas fait la route depuis Paris et l'auberge des Cinq Sens où il était en pension depuis son arrivée pour parler de son éducation, ni pour boire de l'hypocras.
    Non, cela ce n'était que pour lui mettre l'eau à la bouche.
    Si Maître Enfoirance était si sec et qu'il lui faisait remarquer tout cela, c'était forcément car il savait qu'il était sur le point de devenir le digne, et surtout le riche, héritier du Vieux Renard de Trondheim.
    Il croisa ses jambes et fixa le notaire droit dans les yeux. L'insouciance, l'insolence et la fougue de la jeunesse lui permettait cet exercice.
    Lentement, il fit craquer ses doigts avant d'en venir au fait, un petit sourire en coin :


    « Allons donc cher Maître... que m'a donc laissé ce vieil escroc ?

    De le haine envers son père, il en avait.
    Après tout, il avait préféré son emprise sur la pègre plutôt que lui. Jamais il ne lui pardonnerai cela, quelque fut le montant de l'héritage...


    « J'ose espérer qu'il ne m'a point oublié... »

_________________
Enfoirance
La dextre se saisit de la bouteille qui bientôt déversera son liquide ambré dans deux verres. L'un est aussitôt poussé vers Haldor, le second ourle rapidement les lèvres du notaire.

Le vieux sait.
Le vieux lorgne le Friedrich en devenir.
Le vieux le jauge.
Le vieux cherche ses mots. Si le fils est comme le père, il va falloir prendre des pincettes.



Feu votre Père ne vous a pas oublié, nous savons tous les deux qu'il était à la tête d'une belle fortune.
Cependant...



Le corps légèrement fourbu se redresse pour rejoindre la bibliothèque qui recouvre un des murs de la pièce. Maïtre Enfoirance a toujours aimé les livres. Tous. En plusieurs langues. Il n'en a jamais lu un jusqu'à la fin, mais il ne l'avouera pas. En réalité ils sont classés par ordre alphabétique, entre chacun d'eux est posé une missive, un testament, un contrat, n'importe quel acte notarial, un numéro est apposé au coin du vélin si jamais il accompagne un objet. L'objet est entreposé dans une pièce à l'étage.
Comprenez bien qu'il avait suffit d'un seul acte de vandalisme pour en arriver à de telles mesures...

Les doigts caressent les reliures poussiéreuses, il y a des clients à qui on ne tourne pas le dos... Haldor en fera partie, une fois qu'il saura...



Cependant je ne peux procéder à l'ouverture du testament sans la présence du " Renardeau".


Alors Haldor, il est où le Renardeau?
Haldor
    Le Ténébreux commençait à s’impatienter. Non, la patience n’était pas sa vertu première. Au contraire même, il n’avait pas encore atteint le flegme de son père, sa jeunesse et ses maigres moyens lui conférait encore trop de fougue.
    Le Testament : voilà ce qu’il lui fallait, voilà où il venait en venir, et vite !
    Oui, le Vieux Renard de Trondheim était riche, ça il le savait. Il le savait à ses dépens. Il avait préféré l’or à son fils : cela, jamais il ne pourra lui pardonner.

    Le Vieux pouvait bien se retourner là où il reposait maintenant, jamais il ne lui pardonnera cette trahison. Mais peut-être que l’or pourra racheter un peu de sa rancœur ; et encore ! rien n’est moins sûr !
    Mais pourquoi donc Maître Enfoirance trainait autant. Il lui semblait qu’il se délectait de le voir aussi empressé d’en venir au but. Cependant quoi ?!

    Le jeune homme avait soudain envie de bondir de sa chaise et de secouer le notaire comme il secouerait un prunier afin d’en faire tomber au plus vite les pièces d’or qu’il convoitait, et qui lui revenait de droit. Après tout ? A qui d’autre qu’à son digne héritier pourrait aller la fortune du Vieux Renard ?

    Mais au lieu de bondir il se contentait de faire craquer ses doigts, son cou, secouant ses pieds, croisant ses jambes un coup à dextre l’autre coup à senestre. L’envie se lisait sur son visage, ses yeux et ses gestes. Nul besoin de le cacher. D’ailleurs, le notaire devait être un habitué de ce genre de jeune gens sur le point de toucher leur magot.

    Le vieux notaire semblait de surcroît ne point s’occuper de lui et farfouillait parmi ses vieux livres ce qu’il cherchait. Haldor faillit une fois de plus pour lui demander le pourquoi du cependant mais heureusement, le notaire reprit place et ses mots ne furent pas pour plaire au Ténbereux. D’un bond il se leva avant de déclamer :


    « Comment ?! Qu’est-ce donc que ce larbin peut bien a voir avec tout ceci qui ne concerne que moi et moi seul ? Ne suis-je donc point l’unique héritier de mon père ? A moins que ce rouquin bavard ne soit un autre de ses Bâtards ?

    A deux doigts seulement il était sur le point de tout envoyer valser sur le bureau.
    Mais le beau brun parvint à se contenir et sur un ton plus apaisé, après s'être rassied :


    « Je vous apporterai le Renardeau, puisqu'il doit en être ainsi. Je vous demanderai seulement une chose, cher Maître... entre nous, pourquoi doit-il en être ainsi ? Ne suis-je point le seul héritier ? Je puis tout entendre cher Maître, n'ayez craintes... »

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Enfoirance
Il semblerait que le Lefebvre Junior soit du genre nerveux. Et avide. De pouvoir, d'argent.

Il perd son calme le Poulain et ça ne fait pas rire le vieux. Si le fils est comme le père, le bureau devrait être sans dessus dessous avant qu'il ne parte. Pourtant Friedrich a été clair, dans ses paroles et dans ses écrits. Renardeau.

Renardeau est l'héritier. Dieu sait comment Haldor a pu le convaincre de ne pas venir ici pour assister lui aussi à l'ouverture du testament... Mais connaissant la graine de Lefebvre, il y a fort à parier qu'un regard ai suffit.


Le séant Enfoirance rejoint le fauteuil, la missive est dépliée, puis lu à voix haute.




Cher maître,

Me voici à l’article de la Mort. Il est des ennemis que l’on ne peut éliminer. Il est à présent temps pour moi de rédiger mon testament.

D’aveux, je n’en ferai point. Les biens que je possède, leur nature ne concernent que moi. Tout a été soldé et scellé dans un coffre dont je vous demande de prendre soin car ce qu’il contient ferait rugir les vautours. De mon passé, il ne reste dorénavant plus que de l’or. Voilà bonne chose de faites.
Je ne regrette rien, si ce n’est d’avoir laissé autant de bâtards. Dieu sait combien ils sont.

Ce coffre, je veux le léguer à mon apprenti, le dénommé Renardeau. Vous le reconnaîtrez aisément. Il est roux et porte à son majeur une chevalière frappée d’un R.
Si le Renardeau succombe, tous mes biens iront alors à mon fils : Haldor Lefebvre. Cependant, j’ignore où il se trouve à présent. Sans doute ne me cherche-t-il pas. Des dernières nouvelles que j’eusse il y a bien longtemps de cela, il se trouvait encore dans les contrées du Nord, plus au Nord encore que Trondheim. Si jamais il venait à vous, tant mieux. J’ai demandé au Renardeau de le retrouver. Dans le cas contraire, tous mes biens iront alors à ma fille : Jeanne Lefebvre, évêque du Mans.
Ma nièce Cunégonde s’est engagée à partager les biens de la famille Lefebvre entre tous ses descendants : ils en auront bien assez.
Grimoald est mort, je l’ai appris hier. Il se terrait dans les bas-fonds de Saumur. La Belladone a eu raison de lui. C’est à mon tour de mourir.

Que mes dernières volontés soient respectées,

Adieu, cher Maître.

F. Lefebvre


P.S : Mon héritier se devra également de prendre de soin de ma petite-fille, et de la récupérer à l’Orphelinat Saint-Clothilde où j’ai enseigné. Il devra la considérer comme sa propre fille.
Si mon fils Haldor venait à se présenter à vous, mon souhait serait que vous lui remettiez ce paquet de lettre que sa mère lui envoyait, et que j’ai longtemps caché dans un tiroir fermé à double tour. Comprenez, cher Maître, que je ne voulusse point qu’il ne se détourne de mes intentions premières : qu’il devienne mon digne héritier. Malheureusement, je n’ai plus eu nouvelles de lui suite à son enlèvement il y a bientôt dix ans.



Voilà... Il est en effet nécessaire que ce.. Renardeau trouve rapidement le chemin de mon office pour qu'il puisse recevoir vo...son héritage.


Par contre, il ne vous a pas oublié...



La senestre caresse le fer du tiroir qui s'ouvre dans un grincement, pour sûr, il allait falloir huiler... Avec l'aide de Berthe.
Un paquet de missives est attrapé et posé précautionneusement devant Haldor.
Sur le dessus l'on peut lire...






Le 1er Avril 1443,

Mon petit ange,
Tu ne peux imaginez à quel point je suis souffrante de ne pas avoir de tes nouvelles. Que tu as dû changer depuis que ton père t’a enlevé à moi.
Jamais douleur plus rude ne me fut imposé que de te perdre. Tu es né hors mariage, mon ange, mais tu es mon Fils et toujours tu trouveras place auprès de moi lorsque tu le désireras, lorsque ton père te libérera.
J’ai une heureuse nouvelle à t’annoncer, mon petit ange. Tu as désormais une petite cousine. Elle se nomme Ulrika Lieselotte Von Stern. Oh, il paraît qu’elle est si mignonne. J’ai grande hâte de la voir de mes propre yeux.
Mon petit Haldor Lefebvre Von Stern, comme j’aimerai un jour seulement te serrer dans mes bras…

Je ne sais si un jour tu liras ces lettres que je t’envoie. N’oublie jamais que tu as eu une mère, une mère qui t’as aimé, et qui t’aime encore, et qui voudrai tant te serrer dans ses bras. Comme tu as dû changer du haut de tes deux ans maintenant…

Je t’embrasse, mon petit ange.


Astrid Von Stern, ta mère.






Un autre verre peut être ?


A moins que la présence de Renardeau à vos côtés soit soudain très importante ?
Ou que vous ayez la formidable envie de me refaire le portrait comme l'a fait votre père il y a déjà quelques années, alors qu'il manquait quelques écus à ce qu'il m'avait déposé ?
Haldor
[Dans le bureau de Maître Enfoirance...]

    Contemplant le vieux notaire cherchant la fameuse lettre qui devait faire de lui un homme riche et par conséquent puissant, le jeune ténébreux se délectait de l’hypocras offert un peu plus tôt, un sourire satisfait au coin des lèvres.
    Ce sourire, il n’allait pas tarder à le perdre. Il allait même se transformer en un affreux masque de placidité dissimulant une colère immense. Mais n’allons pas trop vite en besogne, nous n’en sommes pas encore là.
    Maître Enfoirance déplie enfin le vélin et entame la lecture tant attendue du Testament. Les traits du jeune homme se muent au fil des mots.
    Dieu sait à quel point il hait cet homme qui l’a abandonné à son triste sort, qui a fait de son enfance ce qu’elle fut. Non, le vieux grigou, même à l’article de la mort, n’avait aucun remord, il était blanc comme un linge. Le jeune homme qui serrait les poings à s’en faire mal savait d’où venait cet or, et toutes les âmes qu’il avait ravi.
    Mais quelle fut sa colère lorsqu’il apprit que le Renardeau était sur le point d’hériter de tout ce qui lui revenait de droit.
    Il s’évertuait à ne rien laisser paraître, mais à l’intérieur de lieu il était en une rage folle ! Il devait se débarrasser de ce Renardeau, et au plus vite !


    « Je vois… je vois… Bien… bien… Puisqu’il doit en être ainsi, je vous apporterai le Renardeau. D’ici cinq jours, le temps pour moi de le trouver car l’on ne sait jamais où il se cache ; le temps pour vous de faire venir cette petite, je règlerai les frais. Pouvez faire cela pour moi ?
    Une enfant, ce n’est qu’une enfant. Cela ne doit pas être très compliqué que de s’en occuper… si ? Soit ! Ce n’est pas moi après tout qui en aura la charge… après tout… Puisqu’il en est ainsi.
    déclara-t-il en grinçant des dents.

    Puis il y eût cette seconde missive, une missive bien plus ancienne, une missive parmi tant d’autres : un vélin jaunit par les années, les trop nombreuses années.
    A mesure qu’il lisait ces mots, le jeune homme luttait contre les larmes qui lui chauffait la gorge, lui faisait luire les yeux mais qui, par trop de fierté, ne parvenaient à couler le long de son visage dur aux traits sévères.
    Haldor Lefebvre Von Stern… tel était son nom. Il avait eu une mère, une mère à qui son père avait arraché son fils. Il n’était plus seulement que le bâtard Lefebvre ; à présent, il se savait aussi bâtard Von Stern. Mais qui était donc ces gens ? Il chargerait le Renardeau de le lui faire savoir. Après tout, il lui restait encore cinq jours à disposer du larbin de son père, de ce jeune rouquin que le Vieux Renard de Trondheim avait désigné à l’heure de sa mort comme son premier héritier. C’était une chose de plus que le jeune ténébreux ne pourra pardonner à feu son cher père.

    Il se releva bringuebalant, encore sonné par cette étrange découverte et cette rancœur de plus contre son père. Saluant le notaire, ignorant l'offre d'un autre verre, le visage plus inexpressif et la voix plus monocorde que jamais :
    « Je vous remercie, cher Maître. A dans cinq jours. Je ne rate jamais un rendez-vous, le Renardeau sera là. Je vous l’apporterai sur un plateau d’argent, puisqu’il doit en être ainsi…

    Puis il quitta la bureau, avant de rejoindre le coche où l'attendait le Renardeau...

[Dans le coche, de Saumur à Paris...]

    Le jeune Lefebvre Von Stern était rentré dans le coche sans adresser un seul regard ni au cocher, ni au Renardeau. Ce fut d’ailleurs celui-ci qui donna l’ordre de reprendre la route vers Paris. L’on trouverait bien quelque auberge en chemin où faire halte.
    Le voyage se déroula ainsi les premières heures : premières heures durant lesquelles le Ténébreux gambergeait à propos des derniers désirs de feu son père, quelques heures durant lesquelles tout un tas de questions lui venait en tête, quelques heures durant lesquelles il parcourait les lignes tracées par feue sa mère Astrid Von Stern…
    Quelques heures s’écoulèrent ainsi dans un silence de plomb avant que le jeune Haldor ne le rompt en s’adressant au Renardeau :


      « Qui est-ce que ce Grimoald ?
      « Le fils de feue Elena Lefebvre, fille de feu Auguste Lefebvre votre oncle.
      « Cunégonde, je sais qui elle est, je suis tombé devant sa boutique lorsque je suis arrivé à Paris. Elle vient de décédé à son tour.
      « Triste nouvelle… La Belladone les aura tous emportés, comme elle emporta nombre de Lefebvre par le passé. La fortune de votre famille tient en grande partie du commerce de ces plantes maléfiques.
      « Je vois… Et en-dehors de Jeanne Lefebvre qui, si je l’ai bien compris est l’évêque du Mans, qui d’autre reste en vie des Lefebvre ?
      « Il y a encore Adèle Blanche, je saurai la trouver. Il y a aussi les Courden, une branche cousine. L’une d’entre elle se nomme Elisabeth Agatha Courden, je saurai la trouver aussi.
      « Bien… Je veux que tu te charges de les trouver, afin de leur annoncer la nouvelle. Annonce-leur que la fortune des Lefebvre sera partagée entre chacun de ses membres, tel a été l’engagement de Cunégonde avant sa mort.
      « Quant au Renard, j’imagine qu’il vous a tout léguer ?
      « Eh oui, bien entendu ! Pourquoi me demandes-tu cela ? Crois-tu qu’il t’ait laissé quelque chose ?
      « Non, non… bien sûr que non…
      « Bien… Nous devrons être de retour à Saumur dans cinq jours. Auras-tu le temps de te charger de tout cela ?
      « Bien entendu, j’ai des nombreuses connaissances et je peux retrouver n’importe qui, où qu’il se terre.
      « Bien… »


    Et la discussion s’arrêta là, et le silence reprit jusqu’à l’arrivé à Paris où le coche déposa le jeune Haldor à l’Auberge des Cinq Sens où il résidait depuis son arrivée en France.

_________________
Eloyhan
« Au fond, c'est ça la solitude : s'envelopper dans le cocon de son âme, se faire chrysalide et attendre la métamorphose, car elle arrive toujours.  »
August Strindberg, Seul.

[Sainte-Clothilde, le 21 avril. Ou plus ou moins dans ces eaux-là.]

Cent soixante-quatorze.

J'étais assise à la table que l'Oncle m'avait désignée lors du premier jour de classe. Je regardai dehors, comme toujours. Il était parti pour « une affaire », qu'il avait dit.
J'entendis les autres enfants passer de l'autre côté de la porte, courant et hurlant comme des beaux diables. Je n'avais plus fait d'efforts pour m'intégrer au groupe. J'étais la plus vieille... Et si eux ne voyaient en l'absence du Professeur qu'une raison pour jouer, jouer encore et jouer toujours, tant mieux ! Moi en revanche, je voyais là une trahison de plus de sa part, de ne pas m'avoir emmené avec lui. Mais maintenant, j'étais une habitante de Sainte-Clothilde, il paraissait. Et donc il ne pouvait pas m'emmener comme cela. Alors avant qu'il ne parte, je lui avais craché au visage :


    - Alors pourquoi t'm'adoptes pas ? J'suis d'ta famille après tout !

Il n'avait pas répondu, et il était parti. P'pa et M'man, dans ma tête, s'en étaient fait une joie. Et depuis, ils n'arrêtaient pas de me le répéter : « Il vous a oublié, Elo. Rentrez à la maison. Redevenez le garçon que vous devriez être. Nous vous promettons que nous ne vous en voudrons pas. » Mais je me fichais royalement de ce qu'ils me disaient. J'attendais Oncle Friedrich.

Cent soixante-quatorze.

Je me remémorais encore cette foutue scène de départ, où j'avais été incapable de lui dire ce que j'avais sur le cœur. Enfin, si. Je lui avais juste montré à quel point je le détestais de partir comme cela. J'avais bien été tentée de lui écrire... Écrire à quelqu'un est la seule manière de l'attendre sans se faire de mal. [1] Mais je ne savais pas où il se trouvait. Et puis je ne voulais pas être déçue. Peut-être ne me répondrait-il pas. Oui, c'était mieux comme ça.

Cent soixante-quatorze.

Mes doigts parcouraient la table gravée de petites barres. Je m'étais installée là et j'attendais. Je me demandais comment il allait. Et surtout... S'il pensait à moi. Rien qu'un peu. Je me disais que oui. Je ne voulais pas croire que je l'espérais juste pour me rassurer, pour me dire que quelque part, quelqu'un m'aimait, rien qu'un peu.

Cent soixante-quatorze.

Cela faisait cent soixante-quatorze fois que je m'étais installée à cette foutue table. Cent soixante-quatorze fois que j'avais posé mon cul sur cette chaise. Cent soixante-quatorze fois multiplié par je-sais-pas-combien que j'avais regardé dehors, cette grille, espérant un jour l'entendre grincer et la voir s'ouvrir, et apercevoir cette silhouette si familière la franchir. Cent soixante-quatorze coups de couteau dans le bois de ce qui me servait de table. S'il revenait, je crois que j'en aurais besoin d'une autre. Cent soixante-quatorze déceptions, qui s'accumulait comme certaines accumulaient les perles sur un collier, ou d'autres amassaient pièce après pièce. Attendre, c'était être entre l'immobilité et l'espoir. [2]


    - Merde !

Ce serait le dernier. Je me levai.
Je réfléchis un instant à ce que je possédais ici. Presque rien. Tout était sur moi.
Je partirai. Je retrouverai l'Oncle.
Je sortis de la classe, me demandant tout de même quand j'y reviendrai. Enfin ! Je fis attention en passant devant le bureau de la Directrice, me souvenant, amusée, que je l'avais crue méchante, aigrie, trop vieille. Il ne fallait pas que l'on m'attrape. Les jardins... La grille qui grinçait... J'y étais !

Cent soixante-quatorze, et pas un jour de plus ! Je me remettais en route, oui ! Je faillis lever les bras et me mettre à danser pour célébrer tant ma liberté que réussite. J'étais dans la Rue ! Mais il faisait jour, elle se montrait encore courtoise et chaleureuse. Par expérience, je savais qu'avec la nuit ce ne serait plus le cas. Il fallait que je me dépêche. Que je quitte la ville. Mais pour aller où ? Où Friedrich pouvait-il être allé ? Hésitante, je me mis en marche, me dirigeant vers une des portes de la capitale.
Je me grattais la tête. Il me fallait un objectif, car je savais que je n'y arriverais pas sinon.
Et puis, je sus. « Mont-de-Marsan... Des bonnes affaires... Faciles à réaliser... Le Renardeau. » Voilà ce dont je me souvenais de cette lettre qu'il avait reçue peu avant son départ. « Ne vous a-t-on jamais appris, Elo, que fouiller dans les affaires des autres est malpoli ? » Mais j'avais un but maintenant. Adios, M'man et P'pa ! C'est pas demain que vous me reverrez frapper à votre porte, tremblante de froid et morte de faim, vous demandant si vous m'accepteriez encore... Même aux heures les plus froides dans les bas-fonds je n'avais pas craqué. Car vous ne m'auriez pas ouvert les bras en tant que jeune fille bientôt prête à marier, non... En garçon. J'étais devenue Mademoiselle Lo' avec l'Oncle, je comptais bien le rester et l'affirmer en le retrouvant.

Mont-de-Marsan, me voilà !


[1] Alessandro Baricco, Océan Mer
[2] Pauline Michel, Les yeux d'eau

    _________________
    Marineblanche
    [ Dans les rues ]

    Un oiseau prend son envol mais il est rare qu'un oiseau prenne son envol seul. Le plus souvent, les oiseaux volent ensemble. Marine avait pris son envol avec un oiseau dont elle ne connaissait rien. Un oiseau qui va retrouver les siens comme la rouquine retrouverait sans doute les siens. La plus grande parmi les petits cherchait des écus. Ouaip, des écus. Pour son trésor et pas que. Elle avait remarqué que lorsqu'elle avait dit à sa mère qu'elle voulait être curetonne des messes, des yeux fiers se posaient sur elle. C'est que la rouquine aimait bien qu'on soit fière d'elle mais il y'a un hic ! Pour devenir curetonnne, il faut étudier et ça, c'est pas chouette du tout mais elle avait un plan ! Plus grande, elle comptait donner des écus à l'évêque pour qu'il lui donne direct le diplôme sans qu'elle apprenne rien ! Si ce n'est pas une idée de génie ça, elle ne sait pas ce que c'est et en plus, elle croyait vraiment que ça marcherait !

    Pour gagner des écus, il faut travailler et lorsque Marine avait entendu ça, elle avait plissé le nez, parce qu'elle ne savait pas comment faire pour travailler, c'est qu'elle était unijambiste. Mise à part, ramasser les légumes et encore, elle pouvait se retrouver les quatre pattes en l'air, elle ne pouvait pas faire grand-chose ! Sauf demander des écus à sa famille ou alors aux passants.

    Pour demander des écus aux passants, c'était pas facile !
    Parce que la première fois, Marine s'était roulée dans le fumier pour paraître sale, tellement sale que les gens ne s'approchaient pas d'elle. Pas juste !
    Alors - avec sa canne et toute propre - la mioche s'est approchée des gens en taverne, bien décidée à jouer aux terreurs. Du genre : " Si tu ne me donnes pas d'écus, je t'attends la sortie", ils ont ri. Trop nul !

    A ce jour, Marine n'a toujours pas trouvé la solution à son problème mais elle le trouvera un jour, elle le trouvera ! Pour l'instant, l'oiseau réfléchissait car le génie était là mais c'est comme ses souvenirs, il jouait à cache-cache dans sa tête ! Incomprise elle est, la rouquine.


    Humpf !

    Pas contente aussi, parce que ce n'est vraiment pas facile d'être loin de ses siens. La soupe de sa mère lui manque. L'Illustre soupe de sa mère qui fait grandir les petits et les rend fort ou presque ! Secouer la tête et se concentrer à ramasser des écus, c'est qu'elle n'allait pas voler. Elle ne pouvait plus voler et le Duc du Lyonnais-Dauphiné lui avait bien prouvé en lui fichant la honte devant tout le monde en lui volant sa propre bourse alors qu'elle avait fait exprès de se ramasser pour voler celle du Duc ! Raté !
    Fichu jambe qui a disparu.
    Tout ça, c'est de sa faute !

    Si sa jambe n'avait pas été volé - parce que c'est que Marine croit- elle aurait couru vite et jamais, il ne l'aurait rattrapé le Duc !

    Ouaip, elle n'a pas une vie facile, la mioche.

    Pour l'instant, elle trainait difficilement dans les rues et elle s'ennuyait, peut-être que quelque chose d'amusant arriverait. Ou pas.

    _________________
    Le.renardeau

    Il n'aimait pas cela du tout, le jeune apprenti du Vieux Renard de Trondheim.
    Il avait connu la Gloire, il avait connu les filles & l'ivresse.
    Il avait surtout connu le respect car le vieux Friedrich, derrière son masque, le respectait vraiment.
    Oui, il le respectait parce qu'il était toujours sur les bon coup : il flairait les bonnes affaires où qu'elles se trouvent.
    Sans lui, Friedrich n'aurait certainement pas amassé tant d'or. Cela il le savait.

    Mais le Renardeau était un de ces être trop modeste et il acceptait sans rechigner de se plier aux ordres de ce fils qu'il avait connu autrefois, très peu de temps.
    Il avait connu cette sombre périodes des mutinerie et la prise en otage du digne héritier du Vieux Renard qui régnait alors en maître.

    Peut-être se sentait-il en partie responsable du sort du jeune Haldor.
    Peut-être dû insister pour que son maître cède un peu de son territoire pour sauver son fils. Mais à cette époque, il n'était qu'un frêle gamin arraché à la rue.


    - « Ce petit merdeux m'agace... grinçait-il entre ses dents alors qu'il prenait un autre vélin vierge pour y écrire la même chose.

    Voici la mission que le jeune Lefebvre Von Stern lui avait confié : annoncer à tous les proches des Lefebvre la triste mort de Grimoald, Cunégonde et Friedrich.
    Le rouquin s'y attelait, mais ce n'était pas avec gaieté de coeur.
    Son maître lui manquait.
    Il ne connaissait pas ce jeune homme et il avait comme un pressentiment. Il y avait chez ce nouveau maître quelque chose de malsain qui ne lui plaisait guère.
    Quelques desseins sombres se dessinait sur son visage...
    Le Renardeau avait comme un drôle de pressentiment. L'Avenir n'annonçait rien de bon...
    Eloyhan
      - Merde !

    Une nouvelle fois le mot venait de jaillir d'entre mes lèvres. Fallait pas le dire trop fort, Elo. Ici, les gens avaient tendance à s'intéresser à toi que quand t'étais dans le pétrin. Juste pour t'enfoncer un peu plus afin de se remplir les poches.
    Je grommelais. Je m'étais paumée. Ici, à Paris ! Paris que je connaissais si bien... Mais où j'étais arrivée, d'abord ? Ce quartier, là, il y était pas quand j'm'étais faite choper pas ce gros type de la maréchaussée. Ou alors c'est que j'avais pas eu le temps d'y traîner mes pieds. Rah ! J'étais paumée ! « Rentrez. »


      - 'Pouvez toujours courir ! J'reviendais pas ! Z'êtes pas marrants.

    Merde ! J'avais rien pour me défendre, si ce n'était le sac de la vieille Cunégonde donné par Friedrich. Notre Secret.
    Je m'arrêtai, là, en plein milieu, me fit bousculer par un paysan qui jura comme un charretier, puis, par un type à cheval qui semblait être de la maréchaussée. Immédiatement je m'éloignai, me rapprochant des murs des maisons les unes serrées contre les autres. Ah, Paris, ses maisons encastrées les unes dans les autres, ses ruelles trop étroites, et ses odeurs... Ah ! Ses odeurs... !

    Prestement, non sans jeter des regards alentour, je plongeai ma main dans ma poche pour ressortir mon précieux.
    Je détaillai le visage présenté sur le sac. J'eus un sourire. Ce chapeau, je le voulais. Oncle m'avait dit qu'il m'irait bien. Je le voulais... Je finirais peut-être par l'avoir. Ou pas, qui sait. Mais peut-être y avait-il moyen de m'en faire faire un pareil ? Oh, oui ! Quand je retrouverai Friedrich, je lui demanderai de m'en commander un. Un dans ce genre-là. ...


      - Maintenant, Oncle, je suis prête. J'vais bientôt dev'nir une vraie femme. Si j'ai pas ce chapeau, aucun garçon voudra d'moi !

    Je le voyais déjà me sourire, avec ses traits qui n'auraient pas manqué d'avoir vieilli en quelques mois. Sûrement qu'il rirait et me dirait que le chapeau ne faisait pas tout. ... J'y étais...

      - Oui mais Oncle... Ça m'donn'rait un sacré avantage ! 'Savez bien que j'suis qu'un garçon...
      - Attention, déchets !

    Je sursautai, cherchant d'où venait la voix. Je ne compris que trop tard... C'est-à-dire, quand je reçus sur moi le seau d'excréments qui venait d'être vidé. Euârk !
    Paris venait de me reconnaître comme l'une des Filles, puisqu'il venait de partager avec moi son odeur. Ah là là. J'allais être belle quand je retrouverai Friedrich !
    Heureusement que mon sachet de friandises (vide, hein !) n'avait rien reçu. Sinon, je me serais sacrément mise en colère ! « Un homme doit rester maître de ses sentiments, Elo. »


      - Gamine, reste pas là.
      - Mais merde à la fin ! J'dérange personne !
      - Pardon ?

    J'avais mordu avant d'être mordue. La loi des bas-fonds. Par contre.. J'avais omis de regarder à qui je m'attaquais. Et la « bestiole » était manifestement plus grosse que moi. Avec, sûrement, toute l'autorité qui allait avec.
    Prudemment, je partis. Et voilà que je puais...
    Je grommelais à nouveau, perdue dans mes pensées déféc(a)tueuses.

    Et c'est pour cela que je ne vis pas la rouquine qui me suivait des yeux.
    Haldor
    [Dans la chambre, à l’Auberge des Cinq Sens…]

      Le Ténébreux parcourait la petite pièce de long en large, jetant par instants quelques regards vifs vers le rouquin qui était toujours à sa tâche : celle d’annoncer la mort d’une bonne partie de la famille Lefebvre aux gens qui leur était proche.
      Cela lui donnait des idées en tête : que devra-t-il faire pour être reconnu comme un Lefebvre à part entière ? Lui qui n’était que le bâtard de Vieux Renard de Trondheim.


      « Où en es-tu ? demanda-t-il de sa voix tonnante
      « J’ai bientôt terminé, plus qu’un ou deux vélin et l’affaire sera réglée.

      L’affaire, il lui tardait de la régler enfin. Le rendez-vous avait été fixé. Le Renardeau vivait sans qu’il le sache ses dernières heures.
      Le Bâtard ne l’avait gardé encore que pour cette tâche pénible qu’il ne pouvait effectuer lui-même, lui qui venait de débarquer et qui, par conséquent, ne connaissait personne. Pas même les membres de sa familles dont il était en quête.
      Il devait soutirer du Renardeau toutes les informations qui lui seraient nécessaires à l’avenir.
      Mais il était l’heure : le Renardeau n’avait plus rien à donner. Le Renardeau avait fait son temps et le jeune homme frissonnait de colère à la vue de ce rouquin qui, pour l’heure, était l’unique héritier de feu son père.


      « Plus vite ! Nous n’allons tout de même pas y passer des semaines !

      Le Ténébreux commençait à s’impatienter. Il avait hâte d’y être enfin. Il ne tenait plus en place.
      Il avait bien essayé de se poser sur sa couche, mais l’ivresse était trop grande. Ce soir, il sera un homme riche, et un homme riche, c’est un homme puissant. C’était du moins ce qu’il croyait.


      « Terminé ! s’écria joyeusement le jeune Renardeau en s’étirant les bras. Non, lui ne se doutait de rien. Du moins pas ce soir. Il se doutait quelque chose se tramait, mais pas ce soir, pas maintenant. & pourtant…

      « Bien… Très bien… Allons faire un tour, veux-tu ? Cela nous fera le plus grand bien.
      « Oh ! Avec plaisir ! »

      Et voilà que le Renardeau suivit du Ténébreux quittent la chambre puis l’auberge sans saluer personne et se dirigent là où il était convenu qu’ils aillent...

    [Au point de rendez-vous...]

      Les deux jeunes hommes avaient marché quelques instants avant de rejoindre de point de ralliement.
      C’est ici que le Renardeau devait se faire exécuter : une venelle tranquille à l’abri des regards indiscrets.
      Seules deux gamines étaient dans les parages, une petite brune et une rouquine à qui le Ténébreux, sans plus manières, leur adressa de sa voix rauque :


      « Foutez-moi le camp, vous deux !

      Se croyant à présent seul, le jeune Lefebvre s’en alla chercher un tonneau vide parmi les décombres et une fois le petit salon improvisé, il plaça le Renardeau dos à l’endroit par lequel son employée devait arriver et sorti de la poche de son veston un jeu de carte.

      « Maintenant... jouons !
      « Oh chouette ! Nous jouions souvent avec maître Friedrich ! » s'empressa d'ajouter le jeune Renardeau qui ignorait tout à fait la suite de funèbre jeu...

    _________________
    Marineblanche
    [ Dans la venelle - pas prête de partir ! ]

    Plissage de nez.
    Frottage de nez.

    Pas facile la vie de la mioche - unijambiste avec une jambe de bois - qui s'ennuyait dans les rues. Presque elle voudrait rebrousser chemin pour aller rejoindre sa mère et lui demander comment elle faisait sa soupe qui faisait grandir les petits pour qu'ils ne soient pas nains ! C'est sûrement trop horrible d'être nain car déjà qu'être petit, c'était pas de la tarte mais alors là !

    Par contre, il y'a une chose encore plus horrible que d'être nain. Si, si. C'est de puer la m'rde ! C'est le comble de la honte et justement, c'est l'odeur qui arriva aux narines de Marine qui se pinça légèrement le nez tout en cherchant l'origine de cette odeur. Une jeune fille, tiens. Parce que oui, si c'est un homme costaud, la rouquine se la ramènerait moins car elle aurait trop peur de se prendre la rouste de sa vie, surtout qu'elle ne peut pas courir ! Une "presque comme elle", ça peut faire mal mais peut-être jamais assez pour faire fermer le claquet de la peste !


    Hé, toi !

    Bah quoi ?!
    Marine ne connait pas son nom ! Il faut bien qu'elle l'appelle, non ?


    Tu pues la m'rde !

    Non ?!
    Genre la "presque comme elle" avait besoin d'elle pour le savoir ! Mais que voulez-vous, Marine était attentive à ses semblables, même si ces derniers donneraient tout pour qu'elle s'intéresse un peu moins à eux. Elle est comme ça la rouquine, quoi.

    Un petit sourire de peste se dessina sur les lèvres de Marine quand soudain, elle entendit :
    Foutez-moi le camp, vous deux ! Alors là, la rouquine regarda de travers l'homme qui avait prononcé ses paroles. D'habitude, elle l'aurait ouvert son claquet mais il faut dire que le rouquin qui accompagnait cet homme était habillé bizarrement et la mioche, elle, elle avait peur de ceux qui étaient habillés bizarrement ! Il fallait foutre le camp, la rouquine le savait et pourtant, sa curiosité prit le dessus. Pourquoi est-ce que l'homme voulait qu'elles foutent le camp ?! Peut-être qu'il voulait montrer pleins un GROS trésor au roux ? Ou alors, ou alors ? Ou alors, il va peut-être lui dire un secret, un énorme même que personne ne doit savoir ! Marine veut savoir !

    Un regard vers celle qui pue la merde.
    Psst, l'a pô l'droit de nous dire d'partir, t'veux pô savoir ce qu'ils vont faire, toi ? Un mouvement de menton pour indiquer les deux hommes. Bah oui, c'est dans les moments difficiles où les grands chassent les petits que la rouquine devient plus agréable ! Avec sa canne, Marine s'avança difficilement pour chercher un endroit où elle pourrait se cacher avec sa peut-être comparse. La charrette où étaient entreposés des tonneaux ! Ça, c'est trop une bonne idée. Réflexion, poser correctement sa jambe de bois sur le sol, avancer la canne et ensuite, poser sa jambe valide tout en gardant l'équilibre et en évitant les trous ou les cailloux. Ensuite, en arrivant à destination, se cacher !

    Ouaip, elle voulait tout savoir la rouquine mais ce n'était pas de sa faute. Non. C'est la faute du monsieur. Il n'avait qu'à dire s'il vous plaît !

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