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[RP] Je ne suis que le Bâtard, mais ce coffre est mien !

Eloyhan
Je grommelais. Pour changer. La dèche ! Et comme si c'était pas encore assez, une rouquine venait me le rappeler. Je la regardais, narquoise. On m'avait appris à pas aimer les roux. Mais j'étais incapable de dire pourquoi.

    - Même comm'ça, j'pue moins qu'toi qu'est rousse !

Le sourire qui se dessinait sur ses lèvres se peignait sur les miennes aussi. « Les roux, ça pue », me serinaient M'man et P'pa. « Jamais on vous mariera à une rousse, Elo. » Ah. Bon. Ben du coup, j'appliquais ce qu'on m'avait appris. Admirez l'élève studieuse !
Deux hommes arrivèrent. Leurs silhouettes se détachaient sur le fond de la rue. Mon coeur eut un raté. La démarche, la silhouette... C'était lui !


    - Fried...
    « Foutez-moi le camp, vous deux !

Ce n'était pas mon Oncle. Il était plus jeune, et jamais il ne m'aurait demandé de décamper. Pas à moi. Pas à sa Mademoiselle Lo'. Il était trop bien habillé pour être quelqu'un du dehors. Je faillis lui répondre que la Rue n'était manifestement pas à lui, mais je me tus parce que Marine me répondit.

    - Si, 'videmment qu'j'veux savoir.

C'te question ! TOUT se qui se passe dans la Rue se doit d'être su si on veut pas avoir l'air d'un clampin le lendemain devant les autres. Alors si là on y assistait, c'était encore mieux !
Je suivis la rouquine. Ce type m'intriguait. En fait, ils m'intriguaient tous les deux. Le Renardeau, sa foutue lettre et Friedrich avaient été relégués au second plan. Moi, je voulais juste savoir ce qui allait se passer maintenant.
Je me planquais à côté d'elle et lui murmurai, malicieuse :


    - Pour l'odeur... J'crois qu'ça t'dérang'ra pas, t'dois déjà être habituée à la tienne qui sent presque pareil, nan ?

Mon Dieu, Elo... J'me refaisais pas.
Patiemment, j'attendis, avec elle à côté. Ma main plongea dans ma poche et j'en sortis un bout de pain que je coupais en deux avant d'en tendre un bout à la rousse.


    - T'en veux ?
    ... Au fait, moi, c'est Elo.

Fallait bien un peu de gentillesse. Après tout, si on se faisait choper, on était dans le même bateau.
Cyrielle.
    Ce n’est, en tout cas, pas Cyrielle qui les chopera.
    Pas qu’elle ne les a pas observé faire leur petit manège, non, mais… Chez elle, on apprend la vie par l’horreur. Et là, de l’horreur, il va y en avoir.

    Oh, bien sûr, elle pense bien que les gamines pourraient les dénoncer. Ce qui ne la gène pas outre mesure, du moment qu’on en rajoute à sa réputation. Un nœud coulant autour de son cou de plus ou de moins, ce n’est pas ce qui la retiendra.
    Et puis, une fois l’office faite, il suffira de signaler les morveuses au commanditaire. Si décapitation il y a, de deux bourses de plus il se délestera.

    En bref, toujours grise, mais bien moins titubante que la veille, la Fauve se terre, silencieuse & patiente, dans son petit coin, aménagé pour l’occasion. Un tonneau pour fauteuil, un recoin pour couverture. Et l’épée affutée.

    Elle n’a pas vraiment pour habitude d’arriver en avance, mais l’inquiétude du jeune Lefebvre l’a convaincu de ne pas le faire plus « chier dans son froc » - selon son expression. Aussi, après avoir récupéré l’épée plus tranchante qu’elle ne l’avait jamais été chez un forgeron de ses « amis », elle s’était plantée là, dessoulant vaguement, plus ou moins prête à faire son office.

    Elle manque de pousser un soupir, alors que les deux énergumènes s’engagent enfin dans la ruelle. Longue & lente, elle glisse de son tonneau, prenant garde à ce que le claquement de ses bottes s’étouffe sur les pavés crasseux.
    Ainsi c’est lui, le rouquin… Un gamin, encore.

    L’œil, unique, s’est posé sur Haldor. Y’a plus qu’à.

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Haldor
[Dans la venelle, au point de rendez-vous...]

    Le jeune Lefebvre battait les cartes, faisant durer longuement son dernier entretien avec le sbire de son père.
    Dans quelques jours, il le sait maintenant, il sera un homme riche. Il le sait car au fond il aperçoit le reflet de la lune sur l’épée aiguisée et l’ombre au loin contre un tonneau.
    Elle était au rendez-vous, et cela le rassurai grandement lui qui n’avait pas fermé l’œil de la nuit tant l’excitation et l’appréhension était grande.


      « Qui sont les Lefebvre, au juste ?
      « Une riche famille bourgeoise qui se veut honnête… mais à la vérité, la fortune de la famille s’est construire sur le trafic de la Belladone, entre autre, & cela depuis des générations.
      « Qui sont Adèle Blanche, Jeanne et cette Elisabeth Courden ?
      « Je n’ai que très peu d’informations sur eux, Adèle est en vadrouille, Elisabeth est devenue une noble dame et Jeanne votre sœur est évêque de Mans.
      « & mon père, comment était-il sur la fin ?
      « Riche, il trainait encore dans quelques affaires que je lui dégotais. Mais en-dehors il s’était fabriqué un masque de bonté. Il se faisait appeler Oncle Friedrich et enseignait tout un tas de choses aux gamins de Sainte-Clothilde.
      « Je vois…
      « C’était un homme bon.
      « Un homme bon qui m’a laissé à la pègre… J’aurai pu me faire égorger, c’était leur dessein !
      « Sur la fin, il n’était plus cet homme-là…
      « J’en doute… Quand bien même. Il m’a abandonné, et il ne faisait pas bon être le fils du Vieux Renard.
      « Je le sais…Je le sais.. Je vous comprends.


    Le jeune Renardeau soupirait, compatissant envers le Ténébreux qui d’un geste brusque ramassa à nouveau les cartes pour les battre, les mains tremblantes de fureur.
    Jamais Haldor Lefebvre Von Stern ne pardonnera cet abandon, son père ne lui avait rien laissé si ce n’est ce paquet de lettres qu’il avait si longtemps gardé cachées.
    Non seulement il l’avait privé de sa mère, mais non content de cela, il l’avait abandonné à la pègre. Il l’avait oublié, et il n’était que le second héritier.
    Pour hérité de son or, voilà ce qu’il devait faire à présent : exécuter le Renardeau. Ou du moins, le faire exécuter.


      « Tapis !
      « Tapis ?
      « Oui, j’ai dit tapis.
      « Je suis..
      « Paire d’ As !
      « Brelan de Dames…
      « Et zut !
      « Vous avez perdu, mon cher… Tout perdu.... »


    Et d’un subtil hochement du chef, il fit signe à la Fauve de passer à l’action.

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Marineblanche
[ Dans la venelle, derrière la charrette aux tonneaux. ]

Marine était contente car elle avait une coupine de galère ! Une coupine de galère, c'est bien. Parce que les espionnages de peste, c'est toujours mieux à deux et surtout, si la rouquine unijambiste se fait choper, elle ne sera pas seule et ça, c'est important ! Est-ce que Marine se doutait un seul instant ce qu'il allait se passer ? Pas du tout. Elle était certaine que les deux hommes allaient se dire un secret ou se montrer un trésor après qu'ils aient joués aux cartes !

Pour l'odeur... J'crois qu'ça t'dérang'ra pas, t'dois déjà être habituée à la tienne qui sent presque pareil, nan ?

Renfrognement.
Ouaip, Marine est vexée ! Pourquoi est-ce que tous les autres, ils disent que les roux puent ?! Vraiment pas juste ! Pour elle, les roux, ça ne craint pas plus que les blonds, ouaip ! Elle dit souvent que les blonds, c'est le Très-Haut qui a fait pipi sur les cheveux et ça, c'est trop dégueu ! Elle cherchait - dans cette petite caboche - quelque chose à répliquer quand soudain, sa coupine galère lui proposa du pain. Ça aussi, ce n'était pas juste car elle est certaine que si elle lui répond, sa coupine ne va lui plus lui donner le pain. Les grands, ils font toujours ça. Humpf. Répondre ? Prendre le pain ? Répondre ? Prendre le pain ? Elle hésitait la petite rouquine ! Elle se pinça l'arête du nez tout en le plissant. Le pain, c'est bien mieux que de répondre ! La rouquine est très gourmande et c'est cet appel qui prit le dessus.


Oui que j'en veux...

Le pain fût attrapé.
Et sa coupine de galère s'appelait Elo.


Moi, c'est Marine.

Un petit regard vers les deux hommes qui jouaient aux cartes. Elle essayait d'entendre ce qu'ils disaient. Une petite moue parce qu'elle n'entendait pas tout et c'était une discussion de... grand ! Pas de trésor caché en vue ! Les dents se plantèrent dans le morceau de pain pour le mâcher. C'est bien la peine qu'il les chasse pour jouer aux cartes, tiens !

Pff, t'entends ce qu'ils disent, toi ? T'as vu comme l'brun, bé il est trop trop beau ?

Un petit rougissement parce que ouaip à 11 ans, on tombe presque "amoureuse" d'un beau mais l'instant d'après, on lui trouve un défaut et on l'aime plus ! Pas un seul instant, la rouquine a vu la femme borgne descendre de son tonneau, pas encore.

Marine n'est pas attentive pour un écu.
Très mauvaise élève.

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Cyrielle.
    L’épée, longue, lourde, effilée, se lève pour la dernière danse d’un rouquin tout juste adulte. Il n’aura, ni le temps d’apprendre de ses erreurs, ni celui de vivre l’instant présent. Pas plus celui de profiter de ses proches, moins encore celui de vieillir, patiemment, en attendant un Ankou vieux & lasse.

    Pourtant, la main funeste est aussi vieille & lasse qu’on pourrait l’espérer. Des vies, elle en a vu passer, trépasser, dépassées par leur propre existence. Du fœtus indésirable au vieillard increvable, de la future mère catin au soldat à l’œil trop curieux, marins, pécheurs, curés, voleurs, nobles & mendiants, échappés du bûcher.
    Sa mémoire, élitiste, n’a retenu ni visages, ni noms. Combien de têtes, de mains, de cœurs arrachés ? Combien d’oreilles, de doigts, d’yeux & de tripes en trophées ? Combien d’écus, d’or & de bijoux, de chevaux & de victuailles a-t-elle pu gagner ?
    Combien de fois, alors, ses lames, ses cordes, ses mains ont-elles ôté la vie ? Arracher, d’un sourire, les derniers souffles de vie, les derniers tremblements, laisser là des corps à l’abandon, expiant leurs péchés par le sang.

    Combien, alors, combien de fois a-t-elle saisi des poignées de cheveux, pour découvrir un cou souvent trop frêle, combien de fois, combien, a-t-elle fait craquer les nuques, assommant avant de redresser sa lame, dissociant d’un coup sec, propre, unique une tête fragile d’un corps inutile ?
    Hum, certes, pas souvent. Habituellement, un coup ne suffit pas.
    C’est qu’elle sait trop bien faire traîner les choses en longueur.

    D’ailleurs, elle hausse légèrement le sourcil, étonnée, amusée… fière peut-être ? D’un coup de pied, elle fait tomber sa chaise, la tête retenue par ses doigts ensanglantés. Qu’il aille pisser le sang ailleurs.

    « Haha, il l’a pas vu arriver, celle-là ! »

    Elle s’accroupit, prenant garde à ne pas trop patauger dans la flaque de sang qui ne cesse de s’élargir. La senestre est tranchée sur le corps encore vibrant, & aussitôt lancée sur le tonneau où trônent toujours les cartes.
    La longue se relève, tournant le dos au Lefebvre von Stern. Lui laisser le temps de reprendre ses esprits, enfoncer l'épée dans son fourreau, tout juste essuyée sur les vêtements tachés & bien trop colorés du cadavre, & faire claquer son pas jusqu'à la charrette.

    « Sortez d'là, mes mignonnes.
    Dites-moi, Lefebvre, z'en faites quoi d'ces deux là ? J'vous fais un prix d'amis ? »

    On ne dira pas que la Fauve est du genre à perdre le nord.

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Haldor
    Une lueur étincelait dans les yeux brumeux du Bâtard à mesure que la longue lame de l’éborgnée s’insinuait dans la pénombre.
    Il était temps, à présent. Le jeu était terminé. Le Renardeau avait perdu, tout perdu.
    Dieu sait quel était son âge, sans doute le même que le jeune Haldor.
    En faisant du Renardeau son premier héritier, le Vieux Renard avait signé l’arrêt de mort sans le savoir de son plus fidèle compagnon.

    Qui aurait pu croire que le Fils referait un jour surface, ce fils que l’on pensait mort depuis bien longtemps déjà.
    Eh non ! Le Ténébreux était bien là, et ses traits étaient aussi sévères que ceux de feu son père. Comme lui, il ne reculait devant aucune décision. Comme lui, il avait les moyens de s’offrir la mort d’un rival. Car le Renardeau l’ignorait, mais il était un rival.


    « La partie est terminée, mon cher…


    Ce furent les dernières paroles qu’adressa le jeune Haldor eu Renardeau de sa voix grave et dénuée de toutes émotions.

    Il ne craignait plus à présent. Avant même que la Fauve soit clairement en vue il savait que le coup serait fatal. Non, il n’avait rien à craindre. La partie était belle et bien terminée.
    Il rit presque de voir la nuque du jeune rouquin se briser et sa tête voler, laissant derrière elle une fontaine de sang.

    En temps normal, le jeune homme aurait pâlit. Du sang, il en avait déjà vu couler, mais jamais il n’avait commandité un tel bain de sang. Mais la haine était trop grande, l’injustice trop flagrante : il ne cilla pas, il se délectait.
    Quelques instants plus tard la tête et la senestre du Renardeau reposait là où se trouvait encore les cartes maintenant tachées de sang. Le Ténébreux, satisfait du travail de la Fauve, commença à sortir de la poche de son veston une grosse bourse qui pesait son poids – le reste de l’avance qu’il lui avait déjà donné la veille. – lorsqu’il l’aperçu qui découvrit deux minettes terrées depuis Dieu sait combien de temps derrière ces tonneaux.

    Avaient-elles vu la scène ? Depuis combien de temps étaient-elles cachées là ? Le Ténébreux n’en avait cure.
    A la question de Cyrielle il répondit de sa voix rauque :

    « Lâchez la brune, emmènez-moi l’estropiée elle pourra m’être utile…

    Il marcha alors longuement jusqu’à Marine, lança la bourse à la Fauve et se penchant vers la gamine, découvrant une autre petite bourse sous sa veste, il lui murmura à l’oreille :
    « Serais-tu prête à jurer que cet homme est passé sous une charrette, et que tout ceci n’est qu’un regrettable accident ? »

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Eloyhan
Marine, donc. Je lui fis signe que non, je pigeais que dalle à ce que les deux types pouvaient se raconter. J'aurais voulu pourtant ! Parce que le brun, il me rappelait vaguement Friedrich. Mais bon. J'étais obnubilée par lui, alors je le voyais partout. Normal. Quant à savoir si le brun était beau, je m'en fichais. Il était rien pour moi, je le reverrai jamais, et c'était sûrement pas avec lui que je me marierais. Heureusement : il était trop vieux.

N'empêche... J'étais vraiment devenue apathique. Et...

Mais ! D'où elle sortait, la borgne ? Et qu'est-ce qu'elle faisait avec cette épée ?
Mais... Mais... Euârk ! La vision me donna envie de m'enfuir en hurlant ; seulement mes pieds restaient comme cloués là. Je m'étais trompée. Le type en brun était bien de la Rue. Sauf que lui était plus fourbe : il faisait croire qu'il n'en connaissait pas les règles pour mieux montrer qu'il en était maître par la suite. Est-ce que Friedrich, à Trondheim, faisait pareil ? Non. Impossible. Friedrich ne pouvait... « Mais si, Elo. Votre Friedrich est aussi cruel que celui-là. Sûrement pire, puisqu'il vous a dit que la Rue lui appartenait.

Et paf ! V'là qu'on se fait choper.


    - Merde !

C'est un peu comme une défense. J'en reviens pas. Le rouquin, là, il était vraiment mort ?
Mais je savais que c'était pas un jeu. La Rue, pour ces choses-là, est impitoyable. Elle donne, elle prend. Elle échange jamais. Merde ! Il était mort. Il y avait une raison, mais je me disais que je ne m'attarderais pas pour demander laquelle.


    « Sortez d'là, mes mignonnes. 
    Dites-moi, Lefebvre, z'en faites quoi d'ces deux là ? J'vous fais un prix d'amis ? » 

Re-merde ! On s'était faites coincer. -Lefebvre-. Comme des bleues ! T'façons, j'allais pas me laisser faire. Je voulais vivre, moi. Je voulais retrouver Oncle Friedrich. -Lefebvre-. Pas crever là, ça c'était hors de question. Mais d'un autre côté, la rouquine avait qu'une jambe. J'pouvais pas l'abandonner là. -Lefebvre-.

...

Quoi ? Qu'avait dit la borgne ? « Lefebvre » ? Sans que je ne m'en rende compte, le nom avait vibré dans tout mon être jusqu'à trouver une résonance dans mon cœur qui venait de tressaillir. Lefebvre !


    - Non !

Le mot avait fusé. Il ne pouvait pas être comme moi. Il ne pouvait pas avoir cette Tache au creux du bras. Il n'avait pas ce droit-là. Je ne voulais pas de lui. C'était un usurpateur de nom, rien de plus.
Mais lui non plus ne voulait pas de moi, vu que je pouvais partir. Ouais, j'allais partir sans demander mon reste. Au vu de la bourse glissée à Marine, elle ne risquait rien... pour l'instant...
Mais avant... Avant, je fis un bond près du brun et je lui crachais sur les godasses.


    - T'es qu'un menteur et c'est pas beau d'voler les noms des autres !

Et puis je détalai sans demander mon reste. Manquerait plus qu'il me rattrape, et j'aurais pas de deuxième chance, cette fois !
Mais d'abord c'était pas juste... Pourquoi moi j'pouvais pas avoir un peu d'argent et témoigner aussi ? J'étais pas pire qu'une rousse, j'puais même pas plus qu'elle en plus !
Marineblanche
Par contre, la femme borgne qui était en train de s'approcher du rouquin qui jouait avec les cartes, elle était vraiment moche ! C'était même pire que moche. C'est le genre de monstre que les enfants n'aimeraient pas avoir sous leurs lits au risque d'être traumatisés à vie. Mais pourquoi elle avait une épée ? L'unijambiste se met à trembler, complètement paralysée par la scène qui est en train de se dérouler car elle sait que les épées, c'est pas de la gnognotte et ça fait très mal !

Le choc.
Les yeux s'écarquillent lorsque la tête est dans la main de la borgne. Le dos se colle contre le mur et les deux mains se posent sur sa bouche où la respiration se fait difficile. L'estomac est douloureux. Elle a envie de vomir ses tripes, la rouquine. Les larmes coulent le long de ses joues et c'est tout le corps qui tremble. Fuir, il fallait qu'elle fuit mais elle en était bien incapable, son unique jambe ne répondait plus. Elle était là, à regarder la scène. Choquée. Froid, elle avait froid. Ne pas faire de bruit, ne pas faire de bruit. Marine ne voulait pas mourir. Les yeux restaient fixés sur le corps sans vie et sur ce que faisait la borgne.

Choper.
Elles étaient chopées.

Sortir de là où elles étaient ? Marine n'en était pas capable, elle lança un regard vers sa coupine de galère car là, c'était réellement une galère. Et une grave. Elle ne voulait pas qu'Elo l'abandonne. La rouquine était prise de vertige, le sang glacé remontait le long de ses tempes. Elle en avait vu des choses mais jamais, ça...

La rouquine resta prostrée contre ce mur derrière la charrette, regardant sans regarder tout ce qu'il se passait. Choquée, elle était. Si Marine n'était pas amnésique, ce nom lui aurait dit quelque chose mais le voile était toujours là et refusait de se déchirer.

Une proposition avec une bourse.
Elo qui crache aux bottes de l'homme et qui part.

Marine fût prise de tremblement en regardant les deux personnes présentes tour à tour. Elle était seule. Elle avait peur d'eux. Oh oui, elle avait peur. Son estomac ne tenait plus qu'à un fil. Si elle refuse la proposition de l'homme, elle n'aura pas d'écus et peut-être qu'il sera méchant avec elle, parce qu'elle a vu de quoi il était capable avec la borgne...


Oui, j'ferais tout ce que vous voulez... m'faîtes pô d'mal, s'vous plait...

L'oiseau trop jeune avait voulu s'envoler.
Mais il venait de se briser les ailes devant un rapace plus fort que lui.

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Cyrielle.
    Mais la brune, Cyrielle n’a même pas besoin de la lâcher qu’elle fuit déjà, effrayée. Sûrement que la vision de tout ce sang aura eu raison d’elle.
    Elle s’en gausserait bien, la Fauve, mais si la bourse est enfin arrivée dans sa main, il n’en reste pas moins qu’il est toujours son employeur. Et se plier de rire parce qu’une gamine vient d’être traumatisée, c’est pas toujours bon pour les affaires.

    Un regard pour s’assurer qu’elle n’a pas à courir après la brunette – comme si elle l’aurait fait - & c’est sur la rouquine que s’abattent les doigts rouge carmin. Immobile, elle attend que le jeune homme ait fini sa proposition, savourant les tremblements du corps de l’éclopée.
    Pourquoi a-t-il préféré la rousse, pour assurer ses arrières ? Elle n’en a pas la moindre idée.
    Et elle s’en tamponne grave le haricot.

    Tout ce qu’elle sent, la Fauve, c’est cette odeur de rouille écœurante que dégage le sang qu’elle a fait coulé, parfum qui la ravit tout autant que le poids de la bourse au creux de sa main. L’argent, le sang, la puissance d’un contrat rondement mené.
    Et une bonne bière qui l’attend.

    « Mon mignon, vous m’pardonn’rez… Mais j’ai encore pas mal d’affaires à régler. »

    D’un signe de tête, elle salue l’homme heureux, glissant, tortionnaire de vocation, un doigt léger mais non moins réel dans le cou de la rouquine avant de s’enfoncer dans la ruelle.
    Cadeau d’au revoir, jamais d’adieu.

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Haldor
    Le Ténébreux resta quelques instants à fixer la petite brune de ses yeux brumeux, son minois inexpressif mais au fond de lui il se demandait bien ce que c'était que tout cela.
    La voilà même qui lui crache aux chausse, le traitant d'usurpateur, la gifle parti mais trop tard pour atteindre la gamine qui avait déjà pris ses jambes à son coup.

    « Maudite soit cette peste !

    Et voilà que la Fauve elle aussi s’en allait, sans oublier la bourse qu’elle avait bien mérité.
    Propre, net, rapide, efficace : elle avait été parfaite.
    Le jeune Haldor allait enfin pouvoir présenter la tête et la senestre du Renardeau sur un plateau au notaire de Saumur.
    Le voilà qui était guilleret comme un pinson tandis qu’il adressait un petit signe de salutation à son employée du soir.


    « Au plaisir…

    Rien ne pouvait être plus beau que l’or qu’il était sur le point de toucher grâce à la mort de son jeune rival qui ne se doutait de rien.
    A présent, il était l’héritier du Vieux Renard de Trondheim ; et en or, cela pèse son poids !
    Il se réjouissait sans prendre garde à la petite rousse apeurée qui le suppliait de ne pas lui faire de mal.
    Le Ténébreux en eu presque une légère moue confuse, voire déçue. Lui ? S’en prendre à une enfant ? Non, certainement pas. Pas en ces circonstances du moins car Dieu sait jusqu’où ce jeune fou irait pour une once de pouvoir.


    « Relève-toi, petite ! Je ne vais pas te faire de mal. Je te demanderai seulement de me suivre quelques jours et de dire à un homme que cet homme est passé sous une charrette.

    Il lui sourit doucement derrière ses traits sévères. Un peu pour la convaincre, un peu pour la rassurer aussi, peut-être.

    « C’est seulement le temps d’un petit voyage… Je te donnerai de l’or, et tu n’entendras plus jamais parler de moi si tu fais ce je t’ai dis de faire. Comprends-tu ?
    Vois, le coche est là, il nous attend. Viens petite, n’ai pas peur.


    Il lui tendit la main, l’invitant à le suivre.
    Il lui fallait un témoin, pourvu que le petite accepte…


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Marineblanche
Lorsque la main ensanglantée la lâche, la jeune ne bouge pas d'un pouce continuant à trembler contre le mur et lorsque le doigt frôle son cou, elle déglutit. Combien de fois, pour s'amuser, elle avait fait le geste sur son propre cou en train de ricaner tout en regardant les grands ? Aujourd'hui, elle grandit. Elle apprend à ses dépens. Elle comprend mieux les paroles de ses parents, elle comprend mieux leur sévérité envers elle car aujourd'hui, elle sait. Elle sait que ce geste n'est plus anodin. Elle apprend que le monde des grands, c'est encore plus sérieux et moins de la rigolade. Le doigt dans le cou est cruel. Il ne fait pas mal mais il marque l'esprit. Pire qu'une gifle.

La borgne défigurée part. Les yeux de la rouquine la suivent avant qu'elle disparaisse pour s'assurer qu'elle ne retournera pas sur ses pas. Si la rouquine avait perdu sa jambe et que son corps était orné de cicatrice, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir peur de cette peur car certes, elle avait tué mais il y'avait autre chose qu'elle ne pouvait définir car elle était trop jeune.

Le regard rougi se tourne vers le brun et le dos tremblant reste collé contre le mur comme s'il pouvait la protéger, comme s'il pouvait réchauffer ce froid qui s'était emparée d'elle. Ne pas lui faire du mal ? Le suivre quelques jours ? Dire à un homme que cet homme est passé sous une charrette ? Les lèvres pâles tremblent car elle aimerait dire quelque. La bouche s'ouvre et se referme car elle était bien trop incapable de parler pour l'instant.

Il lui sourit et la rouquine est décontenancée car elle ne savait pas quoi faire. Elle voulait fuir et en même temps, il lui souriait. Pour elle, c'est les gentils qui sourient. Elle voulait croire qu'il ne lui ferait pas mal et qu'il serait gentil avec elle. Pourtant, elle était complètement tétanisée. Juste perdue.

Le temps d'un voyage ? Il lui donnera de l'or ? Elle n'entendra jamais plus parler de lui si elle fait ce qu'il lui dit de faire ? Si elle comprend ? Elle opine doucement de la tête.

La main est tendue.
L'enfant eût une pensée pour sa famille. Elle avait pris la poudre d'escampette, certes... Et s'ils savaient tout ça ? Et s'ils venaient la chercher mais qu'elle était pas là ? Un déglutissement.
Je...Elle avala sa salive car c'était déjà un effort surhumain qu'elle avait fait pour parler à cet instant. La canne est attrapée et fût ramenée vers elle. Je... Tout doucement, elle plia sa jambe valide sur le sol et le pied de la canne fût posé sur le sol, tout en gardant le dos contre le mur. Une grimace car ça ne serait pas facile de se lever à même le sol. Le regard fût posé sur la main.

Si Marine n'avait pas peur, elle aurait insulté l'homme.
Si Marine n'était pas unijambiste, elle aurait fui.

Poupée de chiffon, elle était. Sa main attrapa la main du Ténébreux, parce que la peur la tétanisait. Parce qu'elle avait peur. Parce qu'elle venait de voir le monde des grands et parce qu'elle était complètement paumée.


J'veux... pô y aller...

Parce que bé j'ai peur...
Et que j'veux voir papa et maman.

Un regard se lève sur l'homme du genre " Pitié, laisse-moi partir" et la main qui se dessèrent de la main du Ténébreux... Un coup de canne en arrière et un pas en arrière.

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Haldor
[Dans l'obscurité de la venelle...]

    Le Ténébreux restait de marbre face à la petite fille complètement traumatisée.
    Quel âge pouvait-elle avoir ? Une dizaine d’année, guère plus. Lui aussi aurait été traumatisé de voir de telle chose à cet âge-là.
    La gamine cependant lui prit la main, le jeune homme la serra fort, pensant lui transmettre un peu d’entrain.
    Puis finalement, la petite main se défila et la gamine fit un pas en arrière. Non, elle ne voulait pas.
    Malgré l’or qu’il lui promettait, elle ne voulait pas.


    « Tu es bien sûre ? lui demanda-t-il sans attendre la moindre réponse.

    Il savait la bataille perdue d’avance. Non, il ne pourrait pas.
    De voir cette gamine estropiée dans un tel état d’émoi lui pinçait le cœur. Non, il ne pouvait pas.
    Il aurait pu, pourtant. Il ne lui aurait pas été bien difficile de la prendre sous son bras et de l’entraîner dans le coche.
    Après tout, elle ne devait pas peser bien lourd. Mais sur le cœur dur du Ténébreux, cela aurait été un poids insupportable.
    C’est que derrière ce masque dur, se cachait un lourd passé.


    « Bien ! s’écria-t-il avant de s’approcher de Marine et de se mettre à sa hauteur… Je ne te ferai aucun mal. Voici quelques pièces, je compte sur toi pour ne répéter à personne ce que tu viens de voir…

    Il sorti d’une petite bourse quelques pièces d’or et les déposa au creux de la main de la fillette avant de se relever brusque et de se tourner les talons.
    En se dirigeant vers le coche, il répéta :
    « Tu as bien saisi, petite… Ne le répète à personne ! ».

    Puis il monta dans le coche, ordonnant au cocher de faire route de suite vers Saumur, sans oublier de passer par l’auberge des Cinq Sens afin qu’il puisse s’y changer et empaqueter la tête et la senestre du Renardeau qu’il portait dans un petit sac…

[Près de Saumur, office de Maître Enfoirance...]

    La route avait été longue depuis Paris et ennuyeuse sans les bavardages du Renardeau.
    Mais il y était enfin. Le coche venait de passer Saumur, il entrait maintenant dans ces faubourgs.
    L’office de Maître Enfoirance était tout proche, il reconnaissait les lieux.
    A peine le coche se fut-il arrêté que le jeune Haldor ne tenant plus en place en sauta, un coffret sous le bras.
    D’ici quelques instants, il sera un homme riche, il le savait.
    Il avait avec lui la preuve que le premier héritier était bel et bien mort.
    A lui la fortune du paternel !
    Il sonna trois fois à la petite cloche mais n’attendit pas que l’on vienne lui ouvrir.
    Il voulait faire une entrée triomphale. Une de ces entrées dont il avait le secret.
    A présent il connaissait le chemin et ses pas le menèrent directement vers la porte du bureau du notaire qu’il fit valser d’un habile coup du pied.


    « Maître Enfoirance, le Bonsoir !

    Sans attendre la moindre invitation il vint s’assoir face au notaire et posant le coffret sur le bureau, fit mine d’effectuer une moue triste.

    « Je suis au regret de vous annoncer la triste fin du Renardeau, cher Maître… Voyez par vous-même.

    C’est alors qu’il ouvrit le coffret.
    La tête rousse du renardeau ainsi que sa senestre portant la fameuse chevalière frappée d’un R reposaient sur un coussinet de soie rouge.
    Un sourire satisfait illuminait le visage glacial du Ténébreux et une lueur malsaine luisait au fond de ses yeux brumeux.


    « Triste fin… écrasé par une charrette… Vraiment… Triste fin… »

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