Son réveil avait été contraint et, les yeux à demi ouverts, elle s'était vêtue de sa propre robe ayant remis à Muse sa robe de mariée transformée qui lui avait permis de faire ses débuts correctement vêtue.
Comment j'vais faire moi pour expliquer que le sermon a réveillé les Genevois à l'aube quand, aujourd'hui, c'est un procès qui les sort du lit?
Pffff, l'incohérence évènementielle, ché pas si on peut y remédier...
De méchante humeur, elle regarda la robe noire qui n'avait rien d'élégant et ressemblait davantage à un sac neuf.
Elle prit le bas de la robe et décida que plus courte et plus asymétrique ferait meilleur effet et ne lui donnerait pas l'air d'une bourgeoise.
Satisfaite, elle se rendit au tribunal d'un pas léger...
Emi avait pris l'habitude de cette grande salle et retrouvait sa place sans hésitation ni erreur, tout au plus une pointe de nostalgie quand son regard se posait sur le banc des accusés...
A la sollicitation du juge, elle se leva et entreprit de rendre justice aux faits.
Merci Monsieur le juge, je vais aussitôt répondre à votre invite...
Le 04 Avril de l'an de grâce 1461, monsieur Thomas Cromwell a posé plainte contre Honorine pour non respect du simultaneum en vigueur à Genève depuis 1457.
Effectivement, le dimanche précédent, les Genevois avaient dû subir un sermon imposé par la nouvelle curée nommée, Lauralou.
Celle-ci n'avait pourtant fait que ce que sa fonction incombait. De fait, elle avait été nommée quelques jours plus tôt par Dame Honorine, se disant évêque. La nomination avait été faite avant un départ précipité en Savoie, dans le plus grand secret ne laissant à quiconque le choix et surtout le vote possible comme il est convenu icelieu depuis nombres d'années.
Le simultaneum est clair à ce propos et définit explicitement les usages religions en notre bonne ville de Genève. J'ajoute à cela, autre loi antérieure d'une année qui a été, elle aussi, relayée sans considération au rang des archives par Honorine
Et Emi de citer les lois bafouées :
Considérant, ce Jour [du 20 Novembre 1456[, que la pratique de la foi est liberté personnelle, en lHelvétie, terre des libertés,
Nous, Conseil de Genève, décrétons que la pratique publique de la foi aristotélicienne réformée, est, au même titre que la pratique publique de la foi aristotélicienne orthodoxe, libre, en le Canton Souverain de Genève.
Nous, Conseil de Genève, décrétons que la cathédrale de Genève est la propriété du Canton de Genève.
Dans un esprit de Concorde, Le Conseil décrète donc,
Que chaque culte devra prévenir le conseil, sept jours écoulés avant toute autre cérémonie. Si il n'y a pas d'objection recevable par le Conseil, alors seulement une annonce publique pourra être émise sur la Halle. Un délai plus bref pourra être observé en cas d'urgence comme les enterrements. La conciliation est le maître mot de ce texte.
Considérant, ce Jour [du 02 Avril 1457], que la pratique de la foi ne peut être le sujet de troubles à l'ordre public, ni laisser place à des conflits d'usage des bâtiments du canton de Genève,il appartient exclusivement aux croyants de notre cité de décider de qui doit diriger les communautés des fidèles genevois, afin de représenter ces communautés, auprès des autorités du canton et devant la justice de la cité si nécessaire.
Dans un esprit de concorde,
L'élection des représentants des cultes, par les croyants genevois qui le souhaitent, par votation publique à main levée, en halle, et pour une durée de deux mois.
Cabotine à souhait, Emi a accroché le regard de nombreuses personnes pour être sûre d'être bien entendue par tous, et même un peu admirée.
Elle se tourne vers le juge, lui sourit aimablement et lui rend la parole.