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[RP] L'affaire du collier

Panperdu


« À cause du clou, le fer fut perdu.
À cause du fer, le cheval fut perdu.
À cause du cheval, le cavalier fut perdu.
À cause du cavalier, le message fut perdu.
À cause du message, la bataille fut perdue.
À cause de la bataille, la guerre fut perdue.
À cause de la guerre, la liberté fut perdue.

Tout cela pour un simple clou. »

Benjamin Franklin



Citation:
Accusé, levez-vous. Cette cour a décidé que votre peine devait être exemplaire au regard de votre crime ! Vous êtes donc condamné à vingt ans de galères ! BAM ! La séance est levée ! Affaire suivante.


La sentence résonnait encore dans sa tête. Ce n’était pas possible. Non c’était un mauvais rêve et il allait finir pas se réveiller. Oui un simple rêve. Un cauchemar. Tout ceci n’était pas réel.

Déjeuner ! Amène ton auge, grouille-toi ou passe ton tour.

Panperdu ramassa son écuelle et la tendit aussi loin que ses fers le lui permettaient. Pour un rêve ses poignets lui faisaient vachement mal !

De l’eau et du lard. Et un bout de pain pour caler tout ça. Bon appétit !

Il est où le lard ?

Tu vois le gras qui flotte ? C’est comme du lard. Remarque si môssieu est difficile y’a toujours moyen de s’arranger.

Le geôlier frotta ses doigts dans un geste universel. Naturellement. Il aurait dû s’en douter en regardant sa bedaine, ce n’est pas sa misérable paye de geôlier qui devait lui permettre d’entretenir un bide comme ça.

Et t’as pas peur que je t’assomme avec ce pain ? Il est dur comme de la pierre !

Tu verras que si tu le mâchouilles longtemps tu ne te casseras même pas les dents dessus ! Ha ha ha ! Et n’oublies pas… il n’appartient qu’à toi d’améliorer ton ordinaire ! Avec tout ce que t' as du ramasser, ça n' devrait pas t' poser de problème.

Mais je n’ai rien volé ! Vous m’emm…dez à la fin avec cette histoire.


Oh, môssieu est innocent. Quel dommage ! Alors je ne peux rien pour toi. La vie est injuste, non ?

Ah ça, pour être injuste…

Tu sais j’ai du jambon et des fèves. Réfléchis bien. Une bonne soupe de fèves. Moi j’ai rien contre toi, j’taime bien même. Mais une fois que tu seras enchaîné à ta rame… pas sur que mon collègue de la chiourme soit aussi sentimental que moi. Tu n’as vraiment rien ? T’es sûr ? Ta femme non plus ? Hmmmm ?

Anya… Dieu seul savait où elle était en ce moment. Elle au moins savait qu’il n’avait rien volé, mais que valait sa parole devant celle de « l’Autre »

Où était-elle ? Que faisait-elle ? Et Amaury dans tout ça. Que penserait-il de son père quand il aurait l’âge de comprendre ?

La porte s’était refermée et Pan s’agrippa aux barrots de l’unique fenêtre de la cellule. Il devait se hisser à la force des bras pour regarder dehors, pour respirer l’air de la liberté quelques secondes, une minute tout au plus avant que la douleur devienne trop forte et qu’il retombe au sol.

Ses bras tremblaient sous l’effort. Il pouvait sentir la mer toute proche et il songea que bientôt à moins d’un miracle elle deviendrait sa nouvelle prison. Finalement il se laissa retomber au sol et il pleura.

Ce n'était pas un rêve. Un cauchemar... oui... mais bien réel.Que s’était-il passé ? A quel moment sa vie avait-elle dérapé ?

Son geôlier lui avait proposé des fèves. Quelle ironie. Et s’il avait choisi justement les fèves plutôt que le chou ce fameux jour…

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Anya.


pourquoi vouloir hurler son innocence face à des sourds ?


Citation:
Accusé, levez-vous. Cette cour a décidé que votre peine devait être exemplaire au regard de votre crime ! Vous êtes donc condamné à vingt ans de galères ! BAM ! La séance est levée ! Affaire suivante.

Elle est là au fond de la salle, environnée et écrasée par une foule braillarde, de gens enchainés attendant leur tour d'être jugés et de filles puantes la regardant de haut en bas d'un oeil goguenard !

Mais elle n'en a cure, elle voit juste le haut de la tête de Pan et le BAM du marteau infligeant la sentence résonne encore dans sa tête. Elle voudrait hurler mais la voix s'est diluée, le corps s'est tétanisé et il lui semble subitement que le sol se dérobe sous ses pieds. Elle voudrait appeler Pan, lui montrer qu'elle est là .... mais tout est dit, et elle le voit s'éloigner entre deux gardes ... s'éloigner et disparaitre sans qu'elle ne puisse faire un seul geste.


Amaury dans ses bras ne dit rien, yeux grands ouverts semblant chercher dans son regard une sorte de sécurité, mais Anya ne sait même plus vraiment pourquoi elle est là.

Alors elle s'éloigne d'un pas somnambule comme si elle marchait dans un rêve ... ou plutôt un cauchemar. Son esprit refuse ce qu'elle vient d'entendre, elle préfèrerait oublier et ne pas vivre avec cette souffrance qui vient de s'abattre sur elle. Oublier, comme elle l'avait déjà fait quand son jumeau était mort, et mettre un voile opaque sur ce qui fait souffrir.

Alors elle s'éloigne plus encore, et regagne l'Auberge d'un pas décidé, une moitié de sourire en regardant Amaury qui s'est rendormi dans ses bras
... nous allons passer une bonne soirée !

Un chien la suit sans qu'elle ne sache pourquoi et elle le chasse d'une voix rauque.

L'esprit s'égare et un brin de folie s'empare d'Anya quand elle se met à rire à la petite grimace d'Amaury dès qu'elle le pose dans son berceau ... tout en jetant sur le lit le manteau qu'elle a sur le bras.

Le manteau .... ce n'est pas le sien !

Mais elle n'y prête aucune attention, elle ne veut qu'une chose, une seule ... dormir !

Et oublier Pan ?

Le corps se couche, les yeux sont clos et même les cris affamés d'Amaury n'y feront rien ... Anya ferme son esprit à tout ce qui est extérieur, et elle sombre dans le noir absolu.
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Fil_d_ariane
[Huit jours plus tôt…]

Lentement il dénuda son épaule. Sa main était chaude, ses doigts se faisaient légers et il lui arrachèrent un petit frisson. Quand ses lèvres remplacèrent sa main qui descendait le long de son bras, elle sentit une douce chaleur l’envahir.

Elle se sentit à l’étroit dans cette robe aux motifs compliqués tressés de fil d’or. Elle sentait malgré l’épaisseur du tissu sa main qui à présent glissait sur sa taille et remontait vers sa poitrine.

Il lui chuchotait des mots insensés, des mots interdits à l’oreille. Des mensonges assurément, mais ils l’enivraient, elle se sentait femme entre ses mains.

Le collier de diamants qui descendait jusqu’à l’échancrure de ses seins disparut prestement et ses lèvres brulantes remplacèrent le contact intime des pierres. C’était un obstacle dont il venait de s’affranchir et elle ne perdait pas au change. Elle put glisser ses doigts dans ses cheveux épais en rejetant la tête en arrière pour offrir sa gorge désormais découverte à ses baisers experts.

Vous êtes fou !
Vous me rendez fou. Fou de désir.

Et si mon mari arrivait maintenant ?
Ou - bli - ez-le donc, il - s’occupe - de - ses - invités.

La musique du rez-de-chaussée emplissait la maison et les jardins. C’était la fête, les mets les plus fins ravissaient les palais et le vin coulait à flot, sans cesse renouvelés par un cortège de domestiques aussi discrets qu’efficaces.

Le bal masqué battait son plein et nul n’avait encore remarqué la disparition de la maîtresse de maison et de son dernier cavalier. Qui s’en souciait d’ailleurs ? A cette heure avancée de la nuit, d’autres couples les avaient précédés à la recherche d’un peu intimité. Elle était la maîtresse de maison, soit ! Mais bien malin d’ailleurs celui qui l’aurait reconnue et aurait décelé que son galant n’était point son mari.


Ma mie ? Vous sentez-vous bien ?

Ciel mon mari ! L’expression n’était pas nouvelle pour ne pas dire éculée, des millions de femmes l’avaient déjà prononcées depuis que Eve était apparue sur la terre. Et des millions de femmes la prononceront sans doute encore avec ce même sentiment d’angoisse et de frustration d’ici la fin du monde.

Non ! Et mer…de pas maintenant ! Pas ici !
Cachez-vous ! Filez ! Vite !
Où ça ? Il n’y a pas d’issue !

Ma mie ? Vous allez bien ? On vous a vue quitter la réception avec un homme et je m’inquiétais ! La fois se fit plus insistante et le poing frappait désormais la porte de façon ostentatoire.

Pour la discrétion c’était raté ! Bien la peine de porter un masque !

Je sais pas moi ! Débrouillez-vous ! Pensez à ma réputation ! Pensez à nous !

ENFONCEZ CETTE PORTE ! VITE ! Il y a quelque chose de louche là-dedans.

Panique à bord ! mais parfois c’est quand tout est perdu que l’esprit recèle des ressources inespérées.

Le collier … dites que j’ai voulu le voler. Criez, mais CRIEZ BON DIEU !
Non ! Pas ça ! Surtout pas ! Pas le collier ! Tout mais pas le collier !

Mais il n'écoutait plus, il le ramassa et le fourra dans son manteau. Alors que la porte tremblait sous les coups de boutoir et qu’il s’apprêtait à s’élancer sur le balcon, il revint sur ses pas et l’embrassa violemment.

Nous n’avons pas fini ! Considérez que ce n’était qu’un avant-goût de ce que je vous offre s’il m’est permis d’échapper à votre mari. Adieu Marquise !

Avec un sourire ravageur, il rabattit son masque et disparut dans le jardin alors que la porte s’ouvrit avec fracas sous la ruée des gardes du corps.

Hiiiiiiiiiiii ! Au voleur ! Mon collier !
Quel talent ! Quelle actrice ! Quelle énergie dans ce cri, comment ne pas y croire ?

Mon Dieu ma mie, vous êtes toute rouge ! Vous a-t-il fait du mal ? Le scélérat ! Rattrapez-le ! RATTRAPEZ-LE !

Il... il m'a arraché mon collier ! Elle porta la main à son cou, sentant encore la brulure des lèvres sur sa peau quelques minutes plus tôt. Mais la chaleur qui l'irradiait ne provenait pas uniquement de cette étreinte fugitive.

Le collier... non... faites qu'ils ne le retrouvent pas ! prononça-t-elle tout bas.

Le service de sécurité sortait de sa torpeur, déjà les hommes qui patrouillaient dans le jardin convergeaient vers l’ombre qui s’enfuyait.

Là-bas, je le vois ! Avec le manteau ! Sus !!!
Anya.


La Folie est un Don de Dieu !

Jim Fergus

S'engouffrer dans la folie est une faiblesse .... la laisser vous dominer est une lâcheté !

Vouloir tout oublier dans la folie est une couardise qui vous rend sourd et aveugle, mais perdue dans son néant obscur, Anya se laissait dériver dans cette noirceur entrecoupée de sons aussi divers que terrifiants ... le bruit d'un marteau s'abattant sur une sentence, le cliquetis des chaines, de vagues pleurs d'enfant, des aboiements de chien.


Des coups sont frappés à la porte ... c'est pas fini ce tapage ? z'allez le calmer vot'gosse ? voudrions ben dormir nous !

Mais Anya n'entend rien, ses yeux palpitaient, ses iris suivant sur le rideau de ses paupières fermées des images emmêlées ... un visage d'homme, une bouche d'enfant grande ouverte sur un hurlement strident, des hommes en arme ...

Mais une image se précise, celle d'un homme enchainé entre deux gardes qui est arraché à ses bras, et la douleur qu'elle en ressent est comme un coup de poignard qui lui fait ouvrir les yeux et douloureusement, l'esprit reprend pied dans la réalité. Tout est noir autour d'elle et elle repousse ses cheveux mouillés de sueur pour s'asseoir sur le bord du lit.

Pas un bruit dans la chambre si ce n'est de légers sanglots venant du berceau, des sanglots épuisés à force de hurlements et qui ont fini par avoir raison du petit homme.


Amaury mon chéri !

Le petit visage est crispé, les poings serrés, la bouche est tremblante et les yeux s'ouvrent, accusateurs avant de se refermer sur un trémolo de gémissement.

Amaury, mon bébé ... pardonne moi ! pardonne moi !

Elle ouvre sa chemise et la petite bouche happe le téton sans ouvrir les yeux, ce sera sa punition .. ne point pouvoir croiser le regard de son enfant comme elle le fait d'habitude .... ne pas partager cette communion entre eux si proche et si charnelle !

Et tout revient en mémoire, l'arrestation de Pan, la sentence l'expédiant aux galères .... ce chien qui la suit sans arrêt et ce manteau qui gît sur le lit. Tout ça à cause de ce manteau ? mais il lui faut remettre de l'ordre dans ses idées, reprendre possession de sa pugnacité, redresser à nouveau la tête pour eux ... Pan, Amaury !

Nous ferons tout ce qu'il faudra mon bébé ... ton père est innocent et je me battrais !

Comment ? elle ne sait pas encore, mais en remettant Amaury dans son berceau après un long moment pendant lequel elle l'a bercé, choyé, câliné et où enfin l'enfant s'est rendormi paisiblement, Anya se rassoit sur le lit, la main saisissant le fameux manteau qu'elle lisse de l'autre main.

Se souvenir, il faut qu'elle se souvienne de ce qui s'est passé la veille ... il le faut !

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Panperdu


Oui, femme, quoi qu'on puisse dire
Vous avez le fatal pouvoir
De nous jeter par un sourire
Dans l'ivresse ou le désespoir.

A. de Musset – à Mademoiselle


Pan se demandait à nouveau s’il rêvait ou si c’était la réalité. Un peu plus tôt dans la soirée, deux aides du geôlier l’avaient tiré de force de son cachot et l’avaient amené dans cette pièce après l’avoir fait laver et obligé à enfiler des vêtements propres. Ils n’avaient pas été jusqu’à le libérer de ses chaînes, ce n’était donc pas pour le relâcher qu’ils l’avaient conduit jusqu’ici.

Malgré ses questions, aucun de ses gardien n’avait prononcé un mot et quelques coups bien ajustés dans les côtes l’avaient dissuadé d’insister et d’essayer de leur filer entre les pattes dans les couloirs.

On devait à présent être au beau milieu de la nuit à en, juger par le ciel qui restait d’un noir d’encre. L’unique éclairage provenait de deux torches enchâssées du côté de la porte.

Il en était là de ses réflexions quand une femme – une domestique à en juger par son allure – entra sous la surveillance du gardien-chef. Elle disposa une table sur laquelle elle étala une nappe blanche, deux chaises face à face, puis elle déposa une bouteille de vins, deux verres en cristal et de la viande froide.

Sur un signe de tête, elle disparut aussi discrètement qu’elle était venue.

Pan siffla entre ses dents !


Eh bien ! Le déjeuner du condamné à mort ? J’avoue que je suis surpris de tant de délicatesse. Ceci dit ça ne pouvait pas attendre demain ?

Non, tu as de la visite et je te conseille de bien te tenir.

Ah, je me disais aussi. Ça m’étonnait aussi que l’argent du contribuable soit ainsi dépensé pour entretenir les condamnés.

Le gardien n’eut pas le temps de répondre, une forme encapuchonnée entra à son tour et s’assit en face de Pan.

Ma Dame, ses chaînes sont assez courtes pour qu’il ne puisse vous toucher, mais je me tiendrai derrière la porte… si vous avez besoin de moi. Il s’inclina et sortit.

Une mise en scène. Oui, on aurait pu se croire dans une mauvaise pièce. L'inconnue, le prisonnier, le dernier repas.

Ma Dame ? N'y a-t-il pas erreur sur la personne ?

Asseyez-vous et servez-vous. C’est pour vous que je l’ai fait servir, moi j’ai déjà dîné.

Pan n’hésita pas. Il ne savait pas si pareille occasion lui serait de nouveau offerte, et si ce soir devait être son dernier soir, autant partir le ventre plein. Il remplit les deux verres, il voulut en tendre un à sa visiteuse, malheureusement comme on l’avait prévenu, la table avait été disposée de telle façon qu’il ne puisse la dépasser, retenu par ses liens. Néanmoins, elle accepta son offre et elle tendit le bras pour le prendre. Il aurait pu lui attraper le poignet, mais un reste de bienséance le retint.

Qui que vous soyez, soyez en remerciée.

Elle retira son capuchon et le rejeta en arrière dévoilant son visage entouré de boucles blondes.

Ne me remerciez pas trop vite.

Vous ? Vous… vous… Il en bafouilla de surprise et d’indignation en la reconnaissant. Il l'aurait reconnue entre mille car c’est bien par sa faute qu’il se trouvait ici ! C’est elle qui l’avait accusée de vol… et qui avait même prétendu qu’il avait levé la main sur elle.

Oui… moi ! Dois-je en conclure que vous ne vous attendiez pas à ma visite ?

J’avoue que si je ne m’y attendais pas, j’en ai rêvé plusieurs fois. Mais dans mes rêves mes mains se serraient autour de votre gorge. Après tout je ne peux pas être condamné deux fois pour le même crime n’est-ce pas ?

Elle rejeta la tête en arrière et partit d’un éclat de rire cristallin. Sa voix était agréable et elle avait un beau sourire. Force lui fut de reconnaître qu’en d’autres circonstances il l’aurait peut-être trouvée plaisante, voire attirante. Mais là... c'était un véritable démon.

Touché ! Je l'ai mérité.

Qui êtes vous ? Que vous ai-je fait ? Et pourquoi m’avoir accusé de façon aussi formelle alors que nous ne nous sommes jamais vu jusqu’à cette… cette parodie de procès ?

Qu’avez-vous fait de votre manteau ?

Mon… hein ? ma vie et l’avenir de mon famille sont dans la balance, là, maintenant ! On s’en fout de mon manteau. C’est à vos sbires qui m’ont sauté dessus qu’il faut le demander si ça vous intéresse. Vous voulez un trophée en plus de ma tête ?

Pan fut totalement désarçonné par ce changement de conversation

Et le collier, où est-il ?

Pan la fixa dans les yeux en serrant les dents.

Ahhhhh, le collier, le fameux collier. J’aimerais bien savoir justement de quel collier on parle, puisque c’est VOUS qui m’avez collé son vol sur le dos. Vol aggravé, vous vous souvenez ? Est-ce qu’il existe au moins ou est-ce une invention pour vous amuser à envoyer un innocent aux galères ? Toute une histoire pour une babiole.

Ce n’est pas vraiment une babiole. Donc vous ne l’avez pas vu ?

Mais non, bien sur que non. Comment aurais-je pu puisque je n'ai jamais mis les pieds chez vous. Enfin, on ne se connaît même pas ! Je ne sais même pas où vous résidez ni qui vous êtes !

Villa romantica. Vous pouvez m'appeler Marquise si vous voulez.

Marquise ?

Vous avez de la chance dans votre malheur. Je vais donc vous proposer un… arrangement. Pour votre fils et votre femme. Par pure charité.

Quel arrangement ? J'ai du mal à croire que vous avez un cœur. Sinon de pierre.

C’est simple, vous avouez le vol et votre peine sera commuée en… disons… voyons… cinq ans derrière les barreaux avec un traitement privilégié. Droit de visite, nourriture convenable et tout ça.

Cinq ans pour un vol que je n’ai pas commis ? Vous plaisantez !

Niez et je ne lèverai pas le petit doigt pour vous.

Pan plissa les yeux.

Vous reconnaissez donc que je suis innocent et malgré tout vous voulez que je reste sous les verrous ? Mais pourquoi ? Qu'y gagnez vous là-dedans ? Ça ne vous rendra pas votre collier, pendant ce temps le voleur court toujours !

La Marquise se leva et vida son verre d’une traite avant de réajuster sa capuche.

Naturellement cette proposition ne tient que si vous ne savez VRAIMENT pas de quel collier nous parlons. Car s’il venait à réapparaître d’une façon ou d’une autre… ce serait tragique… pour vous je veux dire. Au sens littéral. Réfléchissez-bien. Mais pas trop longtemps non plus, hein.

GARDE !

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Anya.


La punition de l'homme c'est de posséder le souvenir !

Yves Thériault

Le souvenir est une punition quand il s'impose avec pour seul but de faire souffrir. En celà la folie lui est parfois préférable car elle annihile totalement le pourquoi de la douleur. Mais dans l'esprit d'Anya, la folie s'évapore, et le souvenir revient comme un châtiment en même temps que la morsure au coeur d'être séparée de celui qui fait toute sa vie.

Tout est silence autour d'elle , le milieu de la nuit s'épaissit cachant derrière un nuage gris le reflet de la lune qui seul, éclairait la chambre.

La main caresse toujours le drap un peu rêche du manteau, tandis que passent des images devant les yeux d'Anya ... un marché aux étals bien pourvus, un rire joyeux, la fraicheur d'une truffe de chien contre sa main, le soleil de cette fin de printemps sur le visage d'Amaury, Pan marchandant un manteau qui lui plait ... !
Puis tout s'enchaine rapidement, les souvenirs se bousculent comme ces gardes bousculent Pan tandis qu'une belle femme blonde richement apprêtée crie au voleur en racontant une histoire à laquelle Anya ne comprend rien .... le manteau que tient Pan tombe tandis qu'Anya reste tétanisée devant cette scène qui ressemble à un cauchemar.

Elle voudrait crier mais ne le peut pas, alors, elle ramasse machinalement le manteau resté à terre et se faufile dans cette salle où le BAM du marteau assène la sentence qui lui a fait un peu perdre la raison.


Où est Pan ? elle préfère ne pas y songer, pas encore ... des geôles elle n'en a jamais vu mais s'imagine aisément que ce n'est guère un lieu de villégiature. Elle suppose la puanteur, la promiscuité, l'isolement ... la crasseet le corps frissonne, les jambes s'agitent sous l'assaut des fourmis qui les envahissent d'être restées trop longtemps immobiles, et Anya se lève pour allumer deux chandelles avant de poser un châle sur ses épaules.

Elle se penche au dessus du berceau d'Amaury et enroule doucement une mèche de ses cheveux noirs sur son doigt ... elle a l'espoir à nouveau, le courage la reprend ... et sa pugnacité aussi ! pour Pan, pour leur amour et leur bonheur à tous trois, elle fera tout ... tout ce qu'elle peut !

Elle reprend le manteau et le regarde à la lueur des bougies ... un vêtement bien coupé et de belle facture, pas un manteau de manant, mais un manteau d'homme aisé et donc pas à cette femme blonde criant au voleur.


Alors quoi ? pourquoi ?

La main qui tâte le vêtement rencontre un objet dur à travers le tissu, et la main plonge dans une large poche profonde pour en retirer ... un collier qui laisse Anya sidérée.

Elle en a déjà vu des bijoux, de très beaux mêmes, sa mère en possédait quelques uns de magnifiques ... mais celui ci est encore plus splendide, ce que l'on appelle communément une Rivière de Diamants. C'est donc ça, c'est pour cette parure, pas pour le manteau et Anya frémit en pressant les pierres entre ses doigts.

C'est une sensation si étrange que la jeune femme baisse les yeux sur les joyaux, contemple de plus près les griffes qui enserrent chaque pierre ainsi que le fermoir. Quelque chose la surprend, l'étonne ... les finitions du collier lui semblent un peu grossières et subitement elle se lève pour chercher son petit miroir.


Elle sait qu'un diamant coupe le verre, mais elle a beau s'y essayer, encore et encore, une pierre après l'autre, rien n'y fait et elle lève la tête vers le matin qui blanchit à travers la fenêtre ... il est faux !
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Fil_d_ariane
[Une semaine plus tôt]

Toujours rien ! On continue vers la vieille ferme !

Tapi derrière un fourré le fuyard retenait sa respiration. C’était passé à deux doigts pour qu’ils lui tombent dessus. Et avec le soleil qui se levait il serait bientôt visible à des lieues à la ronde. Il fallait que ça cesse, qu’il trouve un abri sûr, et surtout qu’il se débarrasse de son habit de fête qui détonnerait dans le paysage d’ici peu.

Depuis qu’il avait fui la villa romantica il n’avait pas eu une minute de répit. Ses poursuivants étaient tenaces, stimulés sans doute par la prime que leur maître avait du offrir pour sa tête. C’est qu’il en avait les moyens le bougre, il pouvait même se l’offrir mille fois, mais lui n’avait qu’une tête justement et il comptait bien la garder encore quelques années sur ses épaules.

Dans son malheur il avait quand même eu de la chance. Aucun chien ne s’était lancé à ses trousses, la Marquise ayant une phobie pour ces animaux son mari les avait bannis de ses domaines. Et surtout un brouillard à couper au couteau s’était abattu sur la région peu de temps après le début de la course-poursuite.

La nuit n’avait été qu’une grande partie de cache-cache, mais à présent le manteau gorgé d’eau commençait à se faire lourd, les jambes étaient douloureuses et la fatigue se faisait ressentir. Il fut tenté de fermer les yeux. Oh pas longtemps, juste quelques secondes. Allez, une minute tout au plus.

Ce fut le son des cloches qui le réveilla. Le brouillard s’était dissipé et il aperçut les portes de la ville. Il était tout près, bien plus près qu’il le croyait. Le chemin empierré qui n’était qu’à un jet de pierre était déjà rempli des charrettes des paysans qui venaient vendre leur production sur le marché.

En quelques foulées il se mêla à la foule des habitués et franchit les portes sous l’œil indifférent de la garde de nuit qui piétinait en attendant sa relève. Au premier coin de rue il s’éclipsa vers les échoppes des tisserands.

Les étals venaient tout juste d’ouvrir mais les marchands n’attendaient pas encore les premiers clients. Pour preuve ils étaient encore à se saluer les uns les autres et échanger quelques plaisanteries grivoises autour de la première infusion du matin.

Profitant de l’aubaine, le fuyard pénétra dans la première échoppe vide baptisée pompeusement « aux ciseaux d’argent » s’assurant que personne ne le voyait, puis il retira ses vêtements, les dissimulant du mieux qu’il le put parmi les marchandises exposées. Il en choisit d’autres moins voyants pour lui, il n’avait que l’embarras du choix.

Au moment de partir il déposa quand même quelques pièces sur le comptoir puis il ressortit le sourire aux lèvres aussi discrètement qu’il était entré pour se mêler aux villageois.

La pression retomba, à présent nul ne pouvait reconnaître en lui en homme sortant tout droit d’une fête et ayant passé la nuit dehors. Ses poursuivants pouvaient bien retourner la ville, rien ne le distinguait d'un honorable citadin. Il pouvait s’accorder un solide petit déjeuner dans la première auberge avant de rentrer chez lui prendre un repos bien mérité.


Bon sang le collier !

Il se frappa la tête. En voulant faire vite il l’avait oublié dans le manteau abandonné chez le tisserand. Mais comment peut-on être aussi c… !

Plus qu’à y retourner.
Panperdu


« La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces »

Louis Aragon – Les Voyageurs de l’Impériale


J’aurais mieux fait de choisir les fèves. Quel abruti !

Panperdu avait beau s’efforcer de sourire à sa femme et à son fils, il en voulait toujours à ce serveur maladroit qui s’était brûlé les doigts la veille au soir en leur apportant leur souper. Non seulement il avait tout renversé sur la table ébouillantant Pan au passage, mais il avait aussi fait tomber le candélabre qui éclairait ce qui aurait du être un dîner romantique. Et le manteau qui reposait sur le banc avait trinqué.

Dire qu’il l’avait graissé quelques heures plus tôt pour qu’il reste bien étanche. A présent il était roussi, brûlé, troué même là où le suif liquide était tombé. Quel désastre, il ressemblait à un mendiant maintenant quand il le portait, lui qui était si attaché à sa tenue !


Mais quel abruti !

Mille excuses messire C’est la première fois que ça se produit dans mon établissement ! Allez « aux ciseaux d’argent » de ma part et choisissez un nouveau manteau, je vous l’offre. Et encore désolé pour le désagrément.

Il était encore tôt, mais Pan agacé par l’incident avait passé une mauvaise nuit. Dieu sait qu’il y avait des choses plus graves au monde, mais il y a des jours où vous vous retrouvez obnubilé par un petit rien… A peine le petit-déjeuner enfilé le trio s’était mis en quête du tailleur.

Bonjour messire, ne me dites rien, c’est mon ami l’aubergiste qui vous envoie vers moi pour réparer les bêtises de son marmiton. Il m’a prévenu de votre passage. Ça va ? Pas de mal ?

Non la douleur est purement psychologique, mais c’est que je m’y étais attaché à mon manteau. Comprenez, il m’a fallu une éternité pour pouvoir me le payer, alors le voir partir en fumée c’est un peu rageant. Mais bon, voyons ce que vous avez à me proposer.

Tout est là. Soulevez, fouillez, essayez et faites votre choix. Prenez votre temps, vous êtes mon premier client. Et chez nous on dit qu’un premier client satisfait c’est une bonne journée qui s’annonce. Et d’ailleurs… Oh oh ! c’est quoi ce raffut ? Je vais aux nouvelles, continuez à regarder, je reviens tout de suite.

De fait un attroupement commençait à se former au bas de la ruelle et on apercevait quelques piques s’élever au-dessus des têtes. Bah ! Sans doute une descente des douanes chez un marchand peu scrupuleux. Pan haussa les épaules et se mit à fureter.

Ah, pas mal celui-là. Bien planqué sous la pile mais si tu ne voulais pas que je prenne fallait le retirer du lot. Il ressemble à celui que j’avais mais en plus beau. Plus souple aussi. Ah mince il est mouillé mais bon, si ce n’est que ça.

Il se mit en chemises et l’enfila pour voir ce que ça donnait.

Comment tu le trouves ma chérie ? Et une fois sec il devrait être bien chaud, qu’en penses-t… allons bons où est-elle passée ?

Le voilà, c’est lui ! ATTRAPEZ-LE !
_________________
Anya.


Le manteau de la Vérité est souvent doublé du Mensonge !

Proverbe scandinave

Les pensées se bousculaient dans la tête d'Anya tandis qu'elle fouillait minutieusement le manteau à la recherche d'une explication, d'un nom ... d'une bourse quelconque mais ... qu'elle ne trouva pas.

Un manteau humide abandonné ainsi chez un tisserand et dont la poche recélait un collier qui n'était qu'un ersatz de bijou ? qui pouvait bien l' avoir "oublié" ? quelqu'un qui savait que les diamants étaient faux ? mais pourquoi ?

Il avait fallu que Pan endosse le vêtement qui semblait lui plaire pour que le bonheur du jour se transforme en cauchemar.

Il fallait qu'elle trouve une réponse et pendant que le jour se levait, elle allaita Amaury qui semblait avoir oublié son délaissement de la veille et lui souriait innocemment en gigotant les bras et les jambes ... et elle trouva la force de rendre le sourire pour ne point que le bébé sente en elle le découragement qui l'avait saisi pendant un moment. La toilette fut faite, le collier remis dans la poche, le manteau plié et rangé minutieusement dans un coffre à l'abri des regards, et Amaury dans les bras elle se faufila dehors en évitant de croiser l'aubergiste qui n'aurait pas manqué de lui poser moults questions quant à l'absence de Pan.


Dans sa poche quelques écus tirés de ce qui lui restait de la petite rente de son grand père, peut être utiles pour aider Pan au fond de sa geôle ... elle tenterait de lui apporter quelque chose à la prison. Cette démarche que jamais dans sa vie elle n'aurait pensé à faire, elle la ferait ... pour l'homme qu'elle aimait et qui était innocent de ce dont on l'accusait.

Elle resta un instant indécise sur la direction à prendre, sur l'endroit où se rendre et son regard accrocha un énorme chien assis sur l'autre côté de la ruelle et qui la regardait fixement ... le chien ... celui qui la suivait depuis la veille et qui semblait avoir monté la garde en attendant qu'elle ressorte.

Elle prit enfin une direction, retourner au marché, puis vers la boutique du tisserand et demander des renseignements .... aussi discrètement qu'elle le pourrait.

Amaury pesait dans ses bras et elle défit sa longue écharpe dont elle entortilla le bébé pour le ficeler bien solidement contre sa poitrine. La posture avait ceci d'avantageux qu'elle lui laissait les mains libres et qu'Amaury, la tête sur ses seins, s'endormit sereinement au rythme de sa marche,un pouce dans la bouche. Heureuse innocence qui ne comprenait pas ...!

Un regard en arrière et Anya aperçut le chien, en retrait mais qui la suivait avec obstination et elle n'eut pas le courage de le chasser, tout en se sentant assez étrangement en sécurité. La taille du molosse semblait assez dissuasive et pour le moment Anya ne lui aurait pas tendu un quignon de pain de peur qu'il saisisse sa main toute entière.


Ses pas la menèrent rapidement au milieu du marché et sans qu'elle s'en rende compte, le chien s'était approché plus près, faisant une sorte de barrière entre elle et les passants, mais Anya ne s'en rendait plus compte ... elle était arrivée devant chez la boutique du tisserand.
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Fil_d_ariane
L’arrestation de Panperdu dans le quartier des tisserands n’avait provoqué que peu d’émois et était passée quasiment inaperçue. Il faut dire que tout s’était passé très vite, à une heure matinale où le marché commençait tout juste à s’installer. L’individu n’était pas du coin et comme rien ne manquait dans les étalages les commerçants s’en moquaient un peu. Un voleur avait été arrêté ? Et bien bon débarras, un de moins ! Pour une fois que le guet servait à quelque chose.

Peut-être que quelques-uns s’étaient-ils étonnés de voir le guet collaborer avec la maréchaussée et une garde privée, mais après tout peut-être n’en était-il pas à son premier larcin et s’était-il attiré toutes les polices du comté aux trousses.

Beaucoup de peut-être, oui. Mais pas assez pour susciter l’intérêt.

Seul le propriétaire des « ciseaux d’argents » avait été interrogé. Et encore n’avait-il eu droit qu’à quelques questions de routine, l’affaire s’étant déroulée devant son étal. Connaissait-il le suspect ? Non. Lui manquait-il quelque chose ? Non. Avait-il vu quelque chose ? Non plus. Avec les enquêteurs moins on en disait, mieux on se portait. D’ici à ce qu’ils en viennent à l’accuser d’une complicité quelconque qui les arrangerait bien… il n’y avait qu’un pas qu’il ne souhaitait pas voir franchi. Pas de vagues ! Oh non, surtout pas, c’est mauvais pour les affaires ça.

Plusieurs jours s’étaient écoulés et notre marchand avait presque oublié cette affaire.


Allons ! Venez ! Approchez ! Regardez ! Qui veut du beau drap des Flandres ?
Anya.


Il faut Savoir avant que Penser

Proverbe du XVI ème siècle

savoir, savoir ... ne pas penser , mais savoir ce qui s'était passé et pourquoi tout ceci était arrivé !

Savoir, savoir songeait Anya les mains crispées l'une sur l'autre, reprenant son souffle pour avoir l'air serein et détendu d'une cliente comme une autre devant la boutique , et prendre le ton léger d'une femme uniquement préoccupée par l'achat de fanfreluches.

Citation:
Allons ! Venez ! Approchez ! Regardez ! Qui veut du beau drap des Flandres ?

Entrée en matière qui tombait à pic pour la jeune femme, et un sourire aux lèvres, elle fixa le marchand .... très joli drap et de bonne qualité il me semble ... puis je entrer pour regarder ?

Réjoui d'avoir attiré aussi vite une cliente, le marchand la toisa d'un regard discret et expérimenté , appréciant d'un coup d'oeil la tenue d'Anya . La robe était nette et propre, d'une jolie coupe, les cheveux bien coiffés, et l'homme se fendit d'un large sourire, et se rangea pour la laisser entrer, rassuré sans doute sur les écus que pouvait contenir sa bourse.

Amaury ne s'était point réveillé, et Anya, les mains libres soupesait une soierie, frôlait un taffetas, faisait glisser la douceur d'un velours entre deux doigts .... alors que son esprit était bien loin de ces futilités.

Vous avez là bien des merveilles dites moi ?

Un tissu de laine dans la main, elle finit par se tourner vers lui ... il m'a semblé voir un brouhaha tout à l'heure et des hommes de garde ont arrêté un homme ... quel siècle vivons nous là !

Elle continua à fureter dans la boutique et sembla fixer son choix sur un joli col de dentelle .... très jolie cette dentelle ... une seconde de silence et elle reprit .... il semblait avoir volé un manteau je crois bien ...

Le marchand la suivait, espérant sûrement faire une bonne affaire et Anya en profita ... je vais vous prendre ce col même si il est un peu cher ... dit elle avec une petite moue.

Elle trainait à sortir ses écus, essayant de faire parler un peu l'homme ...Je me demande à qui il l'a volé ce manteau ... j'ai bien l'impression qu'il était mouillé ... étrange idée que de voler un manteau mouillé n'est ce pas ?
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Panperdu


Les jours passent comme s'il pleuvait
Mais si lentement quand on est séparé
Je me noie dans ton absence
Je sombre dans la démence
Mirages et divagations
J'ai perdu la raison...
Mais je compte les jours
Jusqu'à l'heure de ton retour...

(Lexode.com /Apollone59) – Les jours passent


Le temps passe, les jours passent, Panperdu en a perdu le compte depuis qu’il est enfermé entre ces quatre murs. Pour ne pas sombrer dans la folie il a commencé à marquer la pierre. Non pas pour qu’on se rappelle son passage, mais pour qu’il se rappelle, lui, qui il est vraiment et depuis combien de temps on le prive de sa liberté.

Les murs de la prison sont couverts de centaines, de milliers de bâtonnets marquant le lever de centaines, de milliers de soleils. Des noms. Des dates. Des dessins. On pourrait retracer l’histoire de la tour et – qui sait – peut être même de l’humanité sans quitter cette pièce.

Pan songe à Anya. Comme Pénélope devrait-elle attendre vingt longues années le retour de son Ulysse ? Pensait-elle à lui maintenant ? Que faisait-elle ?

La main serre encore plus fort l’éclat de pierre, véritable stylet improvisé, et marque avec hargne encore plus profondément le passage d’une nouvelle journée. Une de plus… ou une de moins. C’est selon.

La Marquise n’est pas revenue s’enquérir de son choix. Personne n’est venu le détacher pour l’attacher à un banc de nage. Volonté de l’oublier ou décision volontaire ? L’ennui, l’oubli, le doute, la crainte de ne plus jamais revoir ceux qu’il aime. Tout ça résumé en ce crissement de la pierre contre la pierre, ce simple trait qui s’aligne au milieu de tant d’autres.

Le bruit du verrou qui claque le tire de sa léthargie. Déjà l’heure du repas ? Mais non. Alors quoi ?


Moui, moui. Je vois. Je vois. Hi hi hi hi !

Un drôle de bonhomme trottine jusqu’à lui en se frottant les mains. Pan se demande si finalement ce n’est pas l’heure du jugement dernier qui vient frapper à sa porte. L’homme – parce que c’est un homme, quoique Pan en doute un peu - est voûté et tout vêtu de noir. De rares cheveux blancs encadrent un visage ingrat et fripé comme il n’en a vu que sur de vénérables vieillards. Mais ces yeux, ces yeux…

Moui, Moui. Pas très vif tout ça.

L’homme soulève les bras du prisonnier, en tâte les muscles, puis lui force la bouche pour examiner ses dents

Hi hi hi hi !

Eh, oh ! Je ne suis pas une bête de foire !

Hi hi hi hi ! Mais ça parle ! Ça se rebelle. Excellent ! Excellent ! Bon il fera peut-être l’affaire après tout. Tu n’en as pas un autre pour moi ?

Non, c’est tout ce que j’ai en magasin. Condamné à vingt ans de galères mais je peux lui octroyer le traitement spécial.

Pan n’avait pas vu le geôlier qui se tient devant la porte une main passée dans son ceinturon de cuir.

Le traitement spécial ?

L’homme se caresse le menton, perplexe. Il hésite.

Tu es pêcheur ? Tu es habile de tes doigts alors. Mais de ta tête ? Sais-tu t’en servir ? Si je t’offre de t’arracher quelques temps à cette cellule, sauras-tu saisir ta chance ?

Pan pêcheur ? Oui, c’est ce qu’il avait dit devant le tribunal. Ce n’était pas tout à fait faux même s’il était plus un amateur qu’un véritable marin.

C’est quoi le marché ? J’ai le choix ? J'y gagne quoi ?

Oui, oui. Oh ça oui tu as le choix. J’ai besoin d’un nouvel assistant et il me faut quelqu’un qui soit un peu dégourdi de la tête et habile de ses deux mains. Chaque jour tu viendras travailler avec moi dans mon laboratoire en haut de la tour, et chaque soir tu retrouveras ta cellule. Tu vois, ce n’est pas une offre de liberté, c’est une offre pour t’aider à passer tes journées. Il y en a qui se couperaient une main pour bénéficier de ce traitement.

Le geôlier crut bon d’ajouter :

Par contre à la moindre incartade tu doubles ta peine, naturellement. Réfléchis bien.

On lui avait laissé la matinée pour y songer. Jusque là ses choix s’étaient limités à accepter de purger sa peine, ou à avouer un crime qu’il n’avait pas commis pour bénéficier d’un traitement de faveur. Et maintenant on lui offrait sur un plateau la possibilité de passer chaque jour quelques heures en semi-liberté dans la tour.

Pan croyait de moins en moins qu’on le laisserait un jour partir librement d’ici. Surtout depuis qu’il avait rencontré la marquise. Il ne savait pas dans quel guêpier il s'était fourré, mais il y était jusque cou. Et Anya n'était pas Pénélope. Alors qu'en y réfléchissant… de semi-liberté à liberté, il n’y avait peut-être qu’un pas.


Ho là ! Garde ! Dites au geôlier que j’accepte l’offre !

Quelques minutes plus tard la lucarne s’ouvrit sur la bouille du geôlier.

On m’a dit que tu acceptais ? C’est vrai ? Bon je préviens le maître.

Un instant avant que vous partiez… il a parlé d’un nouvel assistant… qu’est-il arrivé à l’ancien ?

Il ne savait pas faire les nœuds, il s’est écrasé tout droit sur les rochers depuis le haut de la tour dès le premier jour.

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Anya.


L'absence ronge à l'infini ma raison
Mon coeur à l'agonie nie cet abandon !

Ma joie factice et futile n'est que mensonge
Et dans cette folie lucide la douleur se prolonge !


Oh moi vous savez, du moment que rien ne m'a été volé et puis en fait je n'ai pas vu grand chose ! Un manteau mouillé dites vous ? pour sûr que je n'ai pas dans ma boutique des manteaux de cette sorte ! je n'ai ici que des vêtements de bonne qualité et n'ayant jamais été portés !

les écus au creux de sa paume, Anya ne savait plus que penser ! pourtant c'était bien ici que Pan avait essayé ce manteau, et bien ici que les gardes l'avaient appréhendé pendant qu'elle .... et une image lui revint ... le chien ... dit elle tout haut en se souvenant qu'elle s'était éloigné de Pan pour aller vers ce chien qui ne la quittait pas dans les allées du marché et qu'elle avait voulu attraper. Ce même chien qu'elle apercevait à l'angle de la rue, et qui ne quittait pas la boutique des yeux.

Quel chien ma bonne Dame ? point de chien ici ! ... alors vous le prenez ce col ? je vous remise un écu et n'en parlons plus !

Anya sursauta sous le ton un peu impatient du marchand et lui remit la somme demandée avec un sourire de circonstances.

Son achat dans une main, elle se retrouva dans la rue, un peu ébahie ... le tisserand ne semblait au courant de rien, mais alors .... d'où venait le manteau, qui l'avait laissé ici sans qu'il le sache ? tant de questions se posaient à Anya qu'elle n'avait même pas remarqué avoir été maladroite dans ses propos. Parler d'un manteau "mouillé" n'aurait pu que faire supposer à qui l'entendait qu'elle l'avait touché ce manteau, qu'elle l'avait vu. Et si le propriétaire, voleur du collier était dans les parages ... il n'aurait pas manqué LUI d'y prêter attention.


Que faire maintenant ? où aller ?

Machinalement, elle laissa le chien lui coller aux talons, rassurée, et sourit à Amaury qui s'était réveillé, mais ne bougeait pas, bien trop bercé par sa démarche.


Elle acheta deux miches de pain chez un boulanger, quelques cochonnailles, et elle s'assit le long du quai, se forçant à se sustenter, tout en distribuant quelques bouchées au molosse qui s'était assis près d'elle .. pourquoi tu me suis le chien ? je ne suis pas de bonne compagnie tu sais et je pense aussi que ce n'est pas en te donnant à manger que je vais me débarrasser de toi ! ... soupira t-elle.

Mais elle devait s'avouer que l'avoir près d'elle la faisait sentir moins seule, et après avoir rangé le reste des victuailles, allaita discrètement son bébé, tandis que le chien grognait à chaque passage jugé trop proche des passants .... un vrai garde du corps !


Elle reprit son chemin dans les ruelles, arrêtant un peu timidement une dame qui la regarda de haut quand elle posa la question qui lui donnait envie de pleurer ... où ... où est la prison Dame ?

Un pas de dégout fut fait en arrière par la femme, un bras fut tendu vers une direction et ce fut tout ... la femme était déjà partie avec hâte croyant sûrement avoir affaire à une gourgandine.

La fierté d'Anya en prit un coup, mais qu'importe, elle releva dignement la tête, et frappa avec assurance et détermination à l'huis de la prison.

Pan était innocent et tout le monde le saurait .... oui mais quand ?

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Fil_d_ariane
Une semaine ! Une semaine complète qu’il recherchait ce damné manteau. Et jusque là… choux blanc.

L’homme était revenu sur ses pas dans le quartier des tisserands peu de temps après l’arrestation de Panperdu, alors que la garde le traînait vers la prison. C’est en courant derrière le groupe pour voir qui était l’innocent qui avait été saisi à sa place qu’il s’aperçut qu’il ne portait que sa chemise sur le dos. Mais alors… on lui avait bien dit que c’est le manteau qu’il portait qui l’avait trahi, alors où était-il passé ?

Le procès n’avait pas trainé. Il faut dire que quand le juge était également le mari de la victime et le plaignant, l’affaire devenait prioritaire. La Marquise, en actrice consommée et soucieuse d’entraîner les recherches loin de son amant et de son collier, avait formellement reconnu son agresseur en la personne de Panperdu et elle avait attiré sur elle la sympathie du jury acquis d’avance à sa cause dans son exposé. L’accusé ne fut même pas entendu et le verdict tomba sans surprise. Vingt ans de galères ! Que cela serve de leçon, on ne s’attaque pas aux grands de ce monde et affaire classée !

Et le fruit du larcin, le collier dans tout ça ? Le juge était tellement furieux qu’on ait osé toucher à sa femme et bafouer son honneur qu’il n’y pensa même pas tout au long de ce procès qui fut peut être le plus court qu’il ait jamais instruit de toute sa carrière. De toute façon, il serait toujours temps de procéder à un interrogatoire plus tard.

Plus question d’approcher le condamné une fois que le maillet était tombé. C’est donc la Marquise qui se chargea de franchir les barrages et de l’interroger. Pour apprendre qu’il ne savait rien du collier ni ce qu’était devenu le manteau qu’il essayait.


« Ce collier ne doit jamais refaire surface, me suis-je bien fait comprendre ? » Disparus les sourires enjôleurs, les mots tendres et les palpitations quand elle se laissait aller dans ses bras. S’il voulait la revoir et … espérer encore quelque chose d’elle … il DEVAIT le retrouver.

L’homme s’était éloigné des salons et des mondanités, désormais c’est habillé comme un homme du peuple qu’il arpentait le marché de l’aube au crépuscule depuis une semaine à la recherche d’indices. Il avait retrouvé un à un tous les hommes et femmes qui s’étaient tenus prêts de l’étal du tisserand au moment de l’arrestation et les avait interrogés l’air de rien, quelques pintes et des compliments habilement distribués déliant les langues.

Panperdu essayait un manteau au moment où il avait été interpelé. Il ne l’avait plus quand on l’emmena. Il avait donc dû tomber dans la mêlée. Mais ensuite ? Avait-il rejoint un étalage ? Quelqu’un s’en était-il emparé ? C’était chercher une aiguille dans une botte de foin. Il se donnait encore trois jours avant d’orienter ses recherches dans le monde fermé par nature des bijoutiers et des recéleurs.


Citation:
Un manteau mouillé dites-vous ?


Un manteau mouillé ? Il se trouvait à quelques pas à peine, retournant pour la centième fois le stock d’un marchand quand il entendit ces mots. Il failli pousser un cri et se retint pour ne pas se jeter sur le bras de la femme.

S’enquérir d’un manteau n’avait rien d’incongru dans le quartier, mais d’un manteau « mouillé » … il ne pouvait s’agir que DU manteau.

L’homme décida de la suivre, elle représentait le meilleur indice qu’il ait déniché jusqu’à présent. Quand elle s’enquit de la prison, un grand sourire s’élargit sur son visage. Il avait vu juste, il en était désormais certain. A présent il fallait ne pas la perdre de vue et trouver un moyen de l’aborder et de la soustraire à la foule.

Un chien énorme lui collait aux chausses et dissuadait quiconque de se mettre en travers du chemin de sa maîtresse. Abandonnant toute idée d’agir dans la précipitation et connaissant sa destination, il la devança pour trouver un point d’observation qui le dissimulerait à ses yeux. La prison, construite à proximité du tribunal, occupait une énorme tour qui dominait à la fois le large et les eaux protégées du port de guerre. Ainsi les malheureux condamnés aux galères n’avaient que quelques pas à faire quand on les tirait de leur cellule pour les enchaîner à nouveau à un banc de nage.

Dissimulé dans l’ombre d’une porte, il avait vu Anya frapper à la porte de la prison et se faire rembarrer par le factionnaire. A présent, elle pleurait, assise à quelques pas de là, le dos appuyé contre un mur de l’esplanade. L’occasion attendue.


Bonjour damoiselle. Pardonnez-moi, mais je n’ai pu m’empêcher de vous entendre bien malgré moi alors que je me rendais au tribunal, et votre détresse m’a ému au plus haut point. Pas de laissez-passer, c’est ça ? Je suis greffier, si vous m’expliquiez de quoi il s’agit, je pourrais peut-être vous offrir mon aide ? Ma pause n’est pas achevée, que diriez-vous que nous en parlions devant une infusion ?

Assis non loin de là, le molosse poussa un grondement sourd.
Anya.


Le découragement est la faiblesse de ceux qui se croient forts !

Tu veux quoi la gueuse ? c'est pas un salon où l'on cause ici et si j't'faisais entrer, un beau p'tit lot comme ça et arrangée comme une dame, pour sûr que certains y trouveraient leur compte ! allez la greluche retourne d'où tu viens avec ton gnare avant que j'm'énerve !

Pas le temps de dire un seul mot, et l'oeil égrillard du garde chiourme sur son corps s'était mué en un éclair de cruauté ironique en lui refermant d'un coup sec la porte au nez, pendant que le chien se mettait à aboyer, ce qui éveilla Amaury en sursaut. L'enfant se mit à hurler et Anya s'éloigna, l'esprit ailleurs .... totalement découragée.

Au son des hurlements du bébé, elle s'était appuyée à un mur et lentement s'était laissée glisser jusqu'au sol où enfin ses pleurs avaient explosé ... se croire forte est une chose, accepter de ne plus l'être en est une autre que la fière Anya était bien obligée d'accepter.

Elle défit l'écharpe qui retenait son enfançon, et malgré les regards des passants, elle le changea là dans la rue, couché par terre comme une vulgaire gueuse des rues.

Qu 'allait elle devenir ? et Pan ? elle aurait voulu le voir, le toucher peut être et décider avec lui ce qu'il était convenu de faire. Elle qui toute sa vie avait décidé par elle même, se trouvait démunie sans celui qu'elle aimait.


Le chien s'était assis à quelques pas, le dos au mur lui aussi et la surveillait. Mais que lui voulait il donc ce bon sang de chien ? comme si elle n'avait pas assez de soucis comme ça !

Elle reprit Amaury toujours secoué de sanglots contre elle et il avait niché son nez contre son cou, se mouillant à ses larmes et agrippant ses cheveux dans sa menotte .
.. Deux éplorés perdus dans une ville qui leur avait pris une personne chère à leur coeur.
Citation:
Bonjour damoiselle. Pardonnez-moi, mais je n’ai pu m’empêcher de vous entendre bien malgré moi alors que je me rendais au tribunal, et votre détresse m’a ému au plus haut point. Pas de laissez-passer, c’est ça ? Je suis greffier, si vous m’expliquiez de quoi il s’agit, je pourrais peut-être vous offrir mon aide ? Ma pause n’est pas achevée, que diriez-vous que nous en parlions devant une infusion ?

Deux pieds posés devant elle, et malgré la brume provoquée par ses larmes le regard d'Anya gravit les jambes pour arriver à une tête la surplombant et qui lui parlait.

Et soudain, elle eut honte de son découragement, de sa posture, de ses larmes et aussi lentement qu'il avait glissé le long du mur, son dos reprit le chemin inverse pour se retrouver debout devant l'homme.


un greffier ? il connaissait le tribunal ? pouvait elle lui faire confiance ?

Il lui proposait une infusion soit et qu'avait elle à y perdre ... peut être tout à y gagner pour aider Pan à se sortir de sa prison .
.. je ... je voulais aller voir mon époux à la prison, il a été arrêté pour un vol ... mais je vous assure qu'il n'a rien fait ! .. ils n'ont pas voulu me laisser le voir !

Parler à quelqu'un lui ferait un bien énorme, mais Anya n'en perdait tout de même pas la raison. L'homme était habillé simplement, mais il était propre, avenant sans condescendance mais sa raison lui disait de garder sa méfiance, de faire un peu connaissance avec l'homme avant de lui raconter quoi que ce soit. Et rattachant Amaury qui s'était rendormi, elle désigna une taverne dans une rue passante et qui ne semblait pas vraiment louche .... j'accepte votre infusion Messire !

Sans savoir pourquoi, elle se tourna vers le chien qui grognait plus loin, fit un simple tapotement sur sa jupe et l'animal vint se coller à sa cuisse pour n'en plus bouger .... c'est mon chien ! ... Ce fut une évidence pour Anya, le chien l'avait choisi et dorénavant elle savait qu'il serait là pour veiller sur elle et Amaury.

Je me nomme Anya Messire ... Messire ? ... questionna la jeune femme en regardant l'homme droit dans les yeux. Parfois les yeux ne mentent pas et on peut y lire tellement de choses.
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