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[RP] Au Tengu immaculé

Ria
Le regain d’énergie retrouvée par l’arrivée de la fillette avait été coupé dans son élan par une bête histoire. Depuis lors, l’angoisse n’avait cessée de la tenailler, l’empêchant de manger et la tenant éveillée une bonne partie de la nuit. L’inquiétude mais également une rage sourde d’être encore et toujours tenue responsable de choses dont elle ne pouvait rien. Comment aurait-elle pu prévoir que des propos anodins allaient être détournés pour une plaisanterie de mauvais goût ? Elle n’avait pas cachée sa désapprobation auprès de l’auteur du méfait ni même sa colère le lendemain lorsque le sujet de raillerie était parti sans un mot. Des semaines d’efforts réduites à néant par un manque de respect qu’elle ne s’expliquait pas. Et son état avancé n’était pas fait pour l’aider à encaisser le coup avec plus de facilité.

S’il n’y avait eut Fleur, elle se serait probablement laisser aller au désespoir qui tentait de la submerger. Mais voilà, l’instinct maternel avait réussi à prendre le dessus et remettant à plus tard son désir d’isolement et de tout abandonner, Ria faisait de son mieux pour la fillette.
La petite Fleur reprenait un peu d’allure. Les vêtements neufs et les bains quotidiens avaient eut raison d’une partie de son état misérable. L’appétit semblait également être bon et il ne faisait aucun doute que l’enfant reprendrait un peu de poids en peu de temps.

En outre, elle semblait dotée d’un heureux caractère et bien qu’elle fût seulement âgée de cinq ans, sa compagnie était toujours agréable. Curieuse de tout, elle s’exprimait librement et poliment sans toutefois faire montre de trop de vivacité. Une enfant comme les aimait Ria, enjouée et respectueuse de ce qui l’entourait. Et la voir évoluer dans la gargote redonnait un semblant d’équilibre à la future mère parfois un peu trop malmenée par les événements.

Bien que Ria soit encore fâchée avec l’aveugle, elle laissait Fleur passer du temps avec lui. Il était attentionné et patient avec la fillette qui semblait s’être attachée à ce vieil homme. Chaque jour, ils se retrouvaient pour de longues promenades agrémentées de discutions au gré des questionnements de Fleur. Cela ne pouvait pas faire de mal à l’enfant et cela permettait également à Ria de s’occuper de la gargote.

Ce jour là, alors que Ria revenait de l’arrière cours, elle fût surprise de trouver du monde dans la grande salle. Elle reconnue Umi-san et de là, en déduisit que l’homme et la femme étaient les parents de la fillette. Si Ria avait déjà eu l’occasion de les apercevoir, c’était toujours de loin et elle aurait été bien en peine de les remettre hors contexte sans la présence de la jeune femme qui était en charge de l’enfant.

S’avançant à leur rencontre elle les salua aussi respectueusement que son ventre le lui permettait encore.


Konnichi wa et bienvenu au Tengu Immaculé.

Souriant doucement, elle ajouta :

Ravie de vous revoir Umi-san.

La nervosité de la mère était palpable aussi Ria n’attendit pas pour la renseigner.

Fleur est sortie un petit moment mais elle ne devrait pas tarder à rentrer. Si vous voulez l’attendre ici, le thé sera bientôt prêt. Je vous en prie, prenez place.

Elle se doutait qu’il ne serait pas facile pour des parents séparés depuis longtemps de leur enfant de rester sagement à attendre, mais ne sachant où exactement étaient parti l’enfant et l’aveugle pour leur promenade ce jour là, il lui paraissait plus raisonnable de les faire attendre là. Il aurait été stupide de leur faire courir tout le village et de voir la fillette arriver de son coté.
Benjisama
Depuis l'instant où son épouse lui avait mis le morceau de tissu entre les mains, tissu qu'il reconnût pour être celui qu'il avait utilisé pour confectionner le premier kimono de leur fille, l'esprit de benji avait été on ne peut plus perturbé...

Ce pouvait-il que leur fille, loin d'avoir disparu à l'étranger ait été prise par des Otomo jins ? Ce pouvait-il que la jeune fillette dont on leur avait parlé était réellement leur fille ?

Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir...D'un commun accord, ils partirent donc avec Umi en direction de Kokura, ville qui recelait tous leurs espoirs... Le voyage fut très rapide, tant leur désir d'être définitivement au courant les tenaillait...

Une fois arrivés à Kokura, ils trouvèrent assez rapidement la gargote qui abritait leur présumée fille.


Le cœur rempli d'espoir, ils pénétrèrent dans la gargote, croyant innocemment que leur fille les attendait bien sagement et qu'elle se jetterait à leur cou dès qu'ils auraient franchi le pas de la porte...

Rien n'était moins vrai....la gargote était vide et ils se retrouvèrent comme trois statues au beau milieu de la pièce, se demandant lentement si toute cette histoire n'avait pas été inventée...

Alors qu'ils regardaient autour d'eux, ils virent une personne entrer dans la pièce, s'incliner devant eux et leur souhaiter la bienvenue au Tengu immaculé...

Ils s'inclinèrent également et Benji s'apprêtait à poser une question qui lui brûlait les lèvres lorsque la tenancière répondit d'elle même à sa question non posée...


Fleur est sortie un petit moment mais elle ne devrait pas tarder à rentrer. Si vous voulez l’attendre ici, le thé sera bientôt prêt. Je vous en prie, prenez place.

A la citation du nom, Benji tiqua... quelles étaient les chances que ce ne soit PAS leur fille, et si ce n'était pas elle, comment sakurra supporterait-elle cela...comment lui le supporterait-il ?

Ils avaient mis tant d'espoir, tant d'envies refoulées dans ce rouleau tombé du ciel...


A grand peine, il parvint à dire quelques mots..

"Domo arrigato pour votre accueil, nous sommes honorés par votre gentillesse.... Nous ferons comme vous le dites et nous attendrons donc l'arrivée de not...de Fleur avec vous. Domo arrigato pour le thé..."

Il avait voulu dire notre fille mais tant qu'il n'en était pas certain, il ne voulait pas laisser son cœur ni son esprit jubiler....Il espérait simplement que cet enfant serait vraiment leur fille car dans le cas contraire...
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Sakurra
Une femme entra dans la gargote, et d'après ses propos mais aussi la rondeur de son ventre, Sakurra en déduisit qu'il ne pouvait s'agir que de Ria qui avait parlé dans son rouleau d'une grossesse avancée. Son coeur failli chavirer une première fois en entendant le nom de leur fille, une seconde fois en constatant qu'elle n'était pas là. Se reprenant, elle s'inclina à son tour humblement, et prit la parole après son époux:

Konnichi wa Ria san, je me nomme Kenshiin no Sakurra, je suis l'okaasan de Fleur. Et voici Benjisama, l'otosan de Fleur, et vous semblez connaitre sa uba Umi san.
Domo arigatô pour votre rouleau, nous avons fait aussi vite que possible pour venir jusqu'à vous. Nous sommes tellement inquiets... est-ce qu'elle va bien?


Sakurra prit place aussi calmement que possible... c'est-à-dire avec des tremblements de partout en s'asseyant sur les genoux. A cet instant précis, elle aurait volontiers préféré un sake, ou deux, pour tenter de l'apaiser, plutôt qu'un thé. Son regard alternait sans cesse entre la porte et la fenêtre, dans l'espoir de la voir arriver...

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Ria
Il n’était nul besoin d’avoir une grande imagination pour comprendre l’inquiétude et les sentiments contradictoires qui agitaient les parents. Elle-même aurait eut bien du mal à tenir en place, malgré son ventre proéminent, si on était venu lui annoncer le retour d’Himi.

S’affairant à la préparation des boissons et de quelques galettes de riz au miel comme il lui était habituel d’offrir en guise de bienvenue, elle répondit :


Je suis honorée de vous rencontrer tout deux.
Vous n’avez pas à me remercier, vous en auriez fait autant.


Disposant saké, thé et galettes sur leur table, elle leur laissa le choix de consommer ce qu’ils souhaitaient.

Fleur se porte bien. Elle semble avoir manquée de soins et de nourritures en suffisance mais c’est une enfant vive d’esprit et très agréable.

Elle avait été la première à être agréablement surprise par ce petit bout de fillette au sourire facile et à l’élocution aimable.

Depuis que je vous ai fait parvenir un message, elle ne cesse de me demander si j’ai reçue réponse. Elle se fait véritablement une joie de vous revoir enfin.

Qu’il avait été doux de s’occuper de l’enfant depuis son arrivée. Retrouver les gestes d’une mère envers sa fille, les taquineries affectueuses et ce sentiment d’être à sa place. Elle s’était attachée à Fleur tout en gardant à l’esprit que la fillette ne resterait pas. Et si Ria enviait un peu le bonheur des retrouvailles, elle n’en était pas moins heureuse pour cette famille.

Souriant doucement et s’attachant à parler le plus possible pour ne pas les laisser dans le silence angoissant de l’attente, elle leur conta ce que l’enfant avait raconté à son arrivée. L’enlèvement, les durs travaux et sa fuite avant de se retrouver sur la plage de Kokura.
Elle ne put taire son admiration et son affection pour Fleur, voyant peu à peu la fierté animer les regards des parents.
Fleur_de_lotus.
Ce soir là Fleur déboula dans la gargote comme à son habitude avec sa poupée sous les bras, les joues rosies par sa course. Ses cheveux sentant bon les embruns. Elle allait embrasser Ria quand deux personnes présentent retinrent son attention.

MOMANNNN

la fillette se jeta dans les bras de sa mère qui la serra contre elle et la couvrit de baiser à l'en étouffer. Elles étaient si heureuses d'enfin se retrouver toutes les deux qu'elles ne se détachaient plus l'une de l'autre.

Elle vit son père à leurs côtés. Malgré son jeune âge elle fut frappée par son changement. il semblait avoir vieillit et même s'il était heureux et souriait de la voir de retour ses yeux n'avaient plus la même flamme pétillante dans les yeux et ses cheveux avaient blanchis.


Ria-san regardez se sont mes parent ils sont là pour me ramener mais pas de suite on va rester un peu

Puis elle vit sa uba Umi entrer et fut très heureuse de la revoir. Elle savait que sa vie allait reprendre comme avant. Mais il y avait une ombre sa chère maman allait devoir repartir sur un bateau et seuls les Kamis savaient quand elle reviendrait. Elle avait décidé de passer cette dernière soirée avec ses parents et profiter un maximum de sa mère jusqu'à l'embarquement sur le bateau. Son ami Asogoro ne s'était même pas montré pourtant elle aurait tant aimé le leur présenter...

C'était si bon de se retrouver dans les bras maternel après toutes ces années. Elle fit aussi des câlins à son Otosan, mais regagna vite les bras maternels car elle savait qu'elle n'allait pas en profiter pendant longtemps.

Quand le moment de la coucher fut venue elle refusa de monter dormir avec Umi elle voulait profiter encore de Ria, il lui fallait réapprendre à dormir sans elle comme par le passé elle avait appris à dormir sans ses parents et ça ne se ferait pas en une soirée même si elle adorait sa Uba. Ria avait accepté et sa mère lui avait fait promettre de faire des efforts. Puis après lui avoir conté une histoire elle était partie....

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__sakurra__


Rassurée par les réponses de Ria san, la jeune mère n'en resta pas moins pétrifiée d'angoisse. En d'autres temps, elle aurait cherché réconfort auprès de son époux. Mais ce temps était révolu, et Sakurra affronterait seule la suite des événements.

Evénements qui ne tardèrent pas à s'enchainer, réduisant ainsi l'inquiétude grandissante des parents. Un tourbillon parlant entra dans la salle avec l'ouverture de la porte, petite tornade qui vint se blottir dans les bras de la jeune mère avant même que cette dernière n'ait pu clairement l'identifier. Mais c'était inutile, car comme toute mère, Sakurra savait. Moment unique de plénitude retrouvée, de fusion entre une mère et son enfant, un instant suffit à combler le manque de ces dernières années.

Un pied de plus en taille et un langage plus affirmé, Fleur avait gardé ce qui faisait d'elle un rayon de soleil dans la vie de ceux qui la côtoyaient. Etait-elle toujours aussi espiègle et téméraire? Sakurra la garda longuement contre elle, la caressant, la choyant, la couvrant de bisous et de chatouilles, profitant de chaque échange de regard pour tenter de lire dans ses yeux toute l'horreur de ce qu'elle avait sans doute vécu. Mais l'heure n'était pas à l'étalage des drames. Seules les retrouvailles comptaient... et la jeune mère eut toutes les peines du monde à détacher sa fille pour lui permettre d'aller retrouver les bras de son père.

Un instant qui dura une éternité... mais qui n'en resta pas moins éphémère... la jeune mère avait un engagement en cours et elle ne pouvait le retarder... au grand dam de sa fille qui cependant accepta plutôt bien l'annonce. Fleur allait en contre partie pouvoir rester quelques temps de plus avec les personnes qui l'avaient recueillie, sans oublier Umi et Benji qui passeraient ainsi un moment à Kokura...

Le coeur vrillé, et pourtant rempli de sa fille, Sakurra posa un baiser sur le front de l'enfant avant de l'embarquer pour un envol complice vers son futon. A la lueur de la nuit, la maman chantonna à l'oreille de sa fille allongée jusqu'à ce qu'elle s'endorme paisiblement. Sans faire un bruit, elle s'extirpa non sans mal de l'accolade, et quitta au plus vite les lieux, après avoir remercié une nouvelle fois Ria san, sous peine de rester malgré son engagement par ailleurs...
Benjisama
L'attente était intolérable...Torturé qu'il était par ses déboires et par cette attente surhumaine que leur imposait la vie, Benji ne cessait de regarder vers la porte de l'établissement, s'attendant à voir entrer à tout moment une Fleur émaciée, le teint cireux, pointant son doigt maigrelet en sa direction tout en disant:"Pourquoi m'as-tu abandonnée Otosan"

Il crevait d'envie de prendre son épouse dans ses bras mais un seul regard suffit à le faire changer d'avis...c'est vrai que de nombreuses choses avaient changés en trois ans, trop de choses...

Il était toujours enfoncé dans ses pensées lorsque l'enfant parut...Ebahi, estomaqué, le cœur serré, il la vit entrer dans la taverne du haut de ses quoi ?? ...5 ans maintenant. il la reconnut de suite, comme sakurra d'ailleurs et l'enfant reconnut immédiatement sa mère....Les liens entre mère et fille sont ainsi faits que même des années de séparation ne pouvaient mentir

Il vit la gamine foncer vers Sakurra, se blottir dans ses bras tandis que la mère ne cessait de l'embrasser, de la cajoler, de lui caresser les cheveux.

Un spectacle inoui, intense, empli de bonheur...un spectacle que Benji aurait nettement mieux apprécié si....

Fleur, toujours embrassée à tout va par sa mère, tourna la tête vers lui et le dévisagea du haut de ses 5 ans...fronçant légèrement ses sourcils... le regard se fit perçant comme si la gamine tentait de comprendre ce qui était arrivé.

Il lui répondit d'un sourire qu'il se voulut franc...et sentit une larme perler sur sa joue...Larmes de joie ? ou larme de tristesse ? Qui sait ? Le fait était peut être qu'il s'agissait des deux en même temps

Quelques instants plus tard Umi san entra également et Fleur lui fit une énorme fête, ce qui fit sourire Benji...

La suite de la soirée fut un concert de rires et de babillages entre femmes et enfants, dont Benji ne tenta même pas de se mêler, regardant de ses yeux vides de toute expression, le bonheur qui s'était installé entre mère et fille.

Il sourit lorsque Fleur monta sur ses genoux, enfin délaissée quelque peu par sa mère, il ferma les yeux lorque l'enfant l'embrassa tendrement puis...elle repartit bien vite se calfeutrer entre les bras de sa mère...laissant son Otosan plein de remords...

Le soir tombant, il prétexta une grosse fatigue pour laisser mère et fille entre elles...il fonça dans les escaliers et s'enferma dans sa chambre, laissant libre cours à son désespoir... Demain serait un autre jour, demain oui....

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__sakurra__


Elle était partie sans un mot, sans un bruit, sans se retourner surtout, au risque de ne plus pouvoir quitter à nouveau sa fille. Elle avait parcouru d'une traite les noeuds qui la séparait de son objectif, et avait embarqué, toujours sans un regard derrière elle, pour ne pas avoir l'ombre d'un regret.

Ce ne fut qu'une fois qu'elle ne pouvait plus faire machine arrière que Sakurra envoya un rouleau à sa jolie Fleur restée quelques temps sur Kokura, entourée des siens et de ceux qui l'avaient recueillie. Rouleau perdu? Rouleau sans réponse. N'y tenant plus après quelques jours, et après réception d'un rouleau de Benji aux nouvelles guère rassurantes au sujet de leur fille, la jeune femme entreprit de s'adresser cette fois à celle qui avait permit les retrouvailles...





Konnichi wa Ria san,

J'espère que vous vous portez pour le mieux, et que la vie qui grandit en vous verra bientôt le jour sous les meilleurs cieux qui soient.

Je me permets de vous déranger au sujet de ma fille Fleur que j'ai pu retrouver grâce vous. Je sais qu'elle s'est attachée à vous, je l'ai de suite vu lorsque je l'ai retrouvée à votre gargote. Je lui ai écrit alors que je prenais le bateau... mais aucune réponse. Peut-être ne l'a-t-elle pas reçu? Son Otosan m'a fait savoir qu'il n'avait lui aussi aucune nouvelle, et pire, que lui et sa uba Umi san n'ont pas revu Fleur depuis mon départ.

Je suis des plus inquiètes à son sujet. Elle a du vivre des événements traumatisants et je crains que nos retrouvailles l'aient plus perturbée qu'autre chose et qu'elle soit partie se cacher. Avez-vous de ses nouvelles? La voyez-vous régulièrement?

Je vous serais reconnaissante de me donner quelques nouvelles. Pourriez-vous l'embrasser tendrement de ma part, lui dire que je l'aime et que je pense à chaque instant à elle?

Que les kamis veillent sur vous et vos proches.

Humblement,

Sakurra


Le rouleau délicatement fermé par une petite étoffe de soie, Sakurra le regarda, du haut du pont du bateau, prendre le large en direction d'Otomo, solidement attaché au volatile. Pas un instant elle ne quittait le morceau de kimono de sa fille lorsqu'elle avait été enlevée à son plus jeune âge, le gardant précautionneusement sur elle...
Ria
Huit semaines à tenir encore. Huit longues semaines à supporter le poids d’un ventre qui semblait ne jamais vouloir cesser d’enfler, lui cambrant le rein et lui donnant une démarche bien peu gracieuse. D’ailleurs, de grâce, elle n’en avait plus et pas un jour ne passait sans que son moral n’en ressente les effets. Il y avait bien une ou deux âmes charitables qui la disait radieuse, resplendissante… Ben tien ! Nouer son obi chaque matin relevait du défi et s’asseoir normalement lui était devenu impossible et bien qu’elle n’ait jamais été vraiment coquette, elle avait opté pour une longue tresse, s’épargnant ainsi les moments fastidieux pour démêler cette chevelure dont elle était si fière. Chaque matin était une lutte contre les effets physique et psychologique de sa grossesse.

Inspirer et expirer profondément, chasser la morosité de son esprit et ne plus se concentrer que sur la vie qui grandissait en elle. Cet enfant qu’il ne lui avait pas été permit de porter à terme par deux fois déjà et si ardemment désiré. Lourd secret qui avait été en partie la cause de son premier coup de folie et de son départ. Encore aujourd’hui elle ne pouvait en parler ouvertement, même pas au principal intéressé. Garder pour elle ses échecs et ses craintes, la peur du jugement et de l’abandon. Les choses auraient-elles été différentes ? Nul ne pouvait le dire et elle-même n’en était pas certaine. Aujourd’hui seulement, elle était capable de voir ses erreurs et ses errements. Et chaque jour elle s’efforçait de sourire et de se montrer d’humeur joyeuse même si au fond d’elle le vide se creusait.

Ce jour là, elle s’était levée avec la ferme intention de répondre au courrier qu’on lui avait remit quelques jours plus tôt. Elle n’avait que trop retardé la réponse, ne sachant que dire à la mère inquiète et probablement trop loin pour agir elle-même. Ria avait crue pouvoir lui apporter de meilleures nouvelles mais au final, rien n’avait changé. Le cœur lourd et bien déterminée à dire ses inquiétudes, elle s’installa à sa table de travail et rédigea sa réponse.




Konnichi wa Sakurra-san,

J’espère que ce courrier vous trouvera en bonne santé et que les kamis vous sont favorables dans votre voyage.

Les nouvelles que je vous apporte ne sont guère agréables ni même encourageante et vous m’en voyez sincèrement navrée.

Fleur semble s’être volatilisée à nouveau, emportant avec elle ses maigres affaires. Plus personne ne l’a revu ici depuis des jours et il semblerait qu’elle ait été aperçue quittant le village. Elle semblait seule et pensant qu’elle ne faisait que ce promener comme à son habitude, personne n’y a prêté d’avantage attention.

J’avoue ne pas comprendre ce revirement de situation. L’enfant semblait réellement heureuse de retrouver les siens et n’avait montré aucun signe qui puisse présager un mal être quelconque. Elle était même d’humeur joyeuse et désireuse de s’attacher aux gens. Confiante et débordante de tendresse, elle ne boudait pas son plaisir d’être entourée.

Le plus triste est que votre époux s’est persuadé d’en être la cause et que l’enfant le fuit. J’avoue ne plus savoir quoi faire ou dire pour alléger sa peine, car pour moi, il n’est en rien responsable de l’attitude de Fleur. S’il était la seule cause de tout ceci, elle n’aurait pas également abandonnée ceux qui semblaient compter pour elle.

Voilà le peu de nouvelles et pas très bonnes que je puisse vous apporter présentement.
Que les kamis vous apportent enfin le repos qui vous est dû.

Respectueusement,
Ria.



Le rouleau fut scellé puis remis à un messager. Elle espérait sincèrement que toute cette histoire trouverait enfin un dénouement heureux mais elle ne pouvait faire plus pour aider dans l’état actuel des choses.

Et pour chasser ce sentiment d’impuissance, elle ouvrit sa boite d’outil et profita qu’il n’y avait personne pour poursuivre le ciselage des figurines qu’elle avait l’intention d’offrir à Tsune-san. L’idée lui était venue un jour de désœuvrement et bien qu’incertaine que cela plairait, elle s’occupait avec attention de chaque détail. Le travail du bois restait l’une des rares occupations qui lui tenait toujours autant à cœur et qui lui soit permit sans se fatiguer inutilement. Entre études, repos et ça, ses journées étaient en plus agrémentées de quelques visites aimables. Ainsi s’écoula la journée, presque semblable aux autres.
Ria
Telle la main droite
D’une sage-femme
La feuille d’érable en automne
[Samboku]



Peu à peu la vie reprenait ses droits à Kokura et l’automne apparaissait comme le prélude d’un renouveau auquel plus personne n’avait espéré. Elle-même prenait un infini plaisir à encourager les nouveaux arrivants à faire de leur village un lieu de paix et d’harmonie. Tous avaient des personnalités différentes, des aspirations propres à leur caractère mais l’effort était commun pour que la bonne entente perdure. Les rires étaient spontanés, tout comme certaines taquineries mais bien souvent, les conversations se faisaient sérieuses où chacun débattaient de son point de vue ou expérience. Le tout se faisait dans le respect de l’autre et rappelait à Ria les longues nuits de conversation avec Tsune lorsqu’ils s’étaient connus. Même ce sujet là lui était moins douloureux. Ses sentiments restaient ce qu’ils avaient toujours été, cependant, peu à peu, Ria trouvait le recul nécessaire pour la paix de son cœur. Vivre pour elle-même et non plus à travers lui, même si parfois encore, elle espérait qu’il soit fier d’elle.

Et avec tout ça, elle en arrivait même à oublier ses doutes et ses peurs quant à l’enfantement qui se rapprochait de jour en jour. Les petits désagréments liés à son état étaient toujours présents mais elle les acceptait comme un bien, profitant pleinement de chaque instant. Choyée sans excès, entourée d’amitiés saines, Ria s’épanouissait au contact de ces autres qu’elle avait trop longtemps tenue à distance de son cocon. La vie était belle, même si la rumeur de nouveaux combats se propageait et l’optimisme était quelque chose de contagieux.

Même bébé Tengu, comme elle se plaisait à le nommer, s’en donnait à cœur joie le soir venu. S’il bougeait moins souvent, les mouvements étaient plus virulents et elle s’amusait des déformations que cela provoquait à la surface de son ventre. On lui avait dit que les liens se faisaient par le sang mais également par les gestes au quotidien. Vrai ou non, elle ne pouvait nier se sentir privilégiée quand l’enfant semblait venir se blottir contre sa main. Il lui tardait à présent de pouvoir le toucher réellement, le blottir contre elle et partager cette tendresse dont elle débordait à tout moment. Fille ou garçon, avec ou sans Tsune, cet enfant serait le centre de ses préoccupations et le moteur de sa vie future.

Un léger sourire vint étirer ses lèvres au contact du chat contre ses jambes. S’appuyant à la poutre de soutient de la petite terrasse bordant sa chambre, elle offrit son visage à la brise légère et au timide soleil, s’enivrant des senteurs de l’automne.


La journée s’annonce belle Neko. Fraiche, mais belle.
Ria
Viennent voletant
des feuilles mortes d’ailleurs
l’automne s’achève
[Masaoka Shiki]


Fatigue, impatience, angoisses…Elle comptait les jours à présent, tentant de se reposer au mieux malgré les différents désagréments liés à son état. Son corps avait pris des proportions qu’elle n’aurait jamais crues possible et le simple fait de rester debout ou de marcher trop longtemps l’épuisait. Moralement, ce n’était guère mieux, elle avait de plus en plus de mal à se concentrer sur une conversation et finissait souvent par tomber dans la léthargie. A cela s’ajoutait des phases d’agitations qu’elle ne contrôlait pas, s’affairant au rangement et au nettoyage avec cette minutie qui la caractérisait tant.

Dans les changements notables il n’y avait pas que son tour de taille, Kokura retombait de nouveau dans l’ennui. S’en était malheureux mais il n’y avait rien de plus à faire que ce qui avait été tenté. Des raisons, ils n’en sauraient rien mais les faits étaient là, de ceux qui fréquentaient assidûment le Tengu, il ne restait que de rares irréductibles. Ria ne cherchait plus à comprendre ce qui poussait les uns et les autres à disparaitre de la sorte. La vie avait toujours été ainsi, faite d’arrivées et de départs dans l’anonymat le plus complet.

Même les voyageurs ne se mêlaient pas à la population locale, exception faite de Sakurra et de sa fille, toutes deux arrivées depuis peu mais agrémentant joyeusement le quotidien de Ria. Quoi de plus motivant que les rires d’un enfant ? Pas grand-chose à vrai dire, sauf peut-être les voyages et plus précisément la mer. C’était un projet qui était revenu en force et elle devait bien l’avouer, pour son plus grand plaisir. Rester des mois au même endroit sans d’autres horizons que les ruelles d’un village endormi, finissait par lui peser. Ses études avançaient bien et si tout se passait comme voulu, bientôt un autre de ses rêves se réaliserait.

Les préparations pour la naissance avaient été achevées quelques jours auparavant. Tout semblait à présent en ordre pour cet événement et bien qu’oublié un temps, l’aspect religieux serait quand même représenté. Ce moment délicat avait été longtemps remisé afin de ne pas trop angoisser sur les risques encourus, mais il avait quand même fallut s’en soucier pour ne pas être totalement dépourvu le moment venu. Ria avait beau se répéter que tout irait bien, elle ne pouvait chasser totalement l’appréhension. Elle n’avait jamais été une grande courageuse malgré les apparences et rien n’avait vraiment changé de ce coté là.

Et chaque jour, elle guettait les signes avant-coureurs de la bataille qu’elle attendait et redoutait tout à la fois.
Ria
Où le père a passé, passera bien l’enfant.
[Alfred de Musset]



Elle avait beau afficher un air serein et de parfaite plénitude, intérieurement elle était terrifiée par ce qui l’attendait. Des mois durant elle s’était efforcée de ne pas songer au pire. De longues semaines à se convaincre qu’elle n’était ni la première ni la dernière à devoir passer cette épreuve. Aux premiers signes annonciateurs, l’angoisse était quand même bien là.

Deux jours déjà que la tension nerveuse avait augmentée, deux jours qu’elle ne pouvait refréner cette envie aussi incompréhensible qu’incongrue de tout nettoyer, même ce qui était déjà propre. Et entre deux envies frénétiques, d’immenses coups de fatigues, la plongeant dans des somnolences ponctuées de visions cauchemardesques.

Elle aurait été bien incapable d’expliquer quoi que ce soit, cependant, sa conscience lui soufflait que le moment approchait. Cette ultime journée l’avait vue incapable de trouver une position confortable, la faisant s’agiter d’un coté et de l’autre sur ses coussins, la poussant à marcher pour soulager l’impression de pesanteur dans le bas ventre. Elle ne tenait plus en place sauf lorsqu’une contraction plus gênante qu’une autre l’y forçait.

La douleur et la régularité n’étaient pas encore suffisantes pour lui permettre de faire appel à l’accoucheuse ni même faire prévenir Asami. Elle savait que de longues heures allaient encore devoir s’écouler avant que les choses sérieuses ne débutent vraiment. Une interminable attente, à l’écoute des moindres changements, du plus petit signe d’urgence. Et à l’angoisse vint s’ajouter une légère euphorie. Après neuf mois d’attente, elle allait enfin pouvoir voir et toucher ce petit être de chair et de sang. Son bébé.

Se raccrocher à cette seule idée et laisser la nature opérer. De la patience, encore et toujours. Et la soirée s’écoula, ordinaire, sans que ne surviennent de grands changements. Tant est si bien qu’elle finit par croire que son instinct lui jouait des tours jusqu’à ce qu’une première douleur vienne la sortir de sa léthargie. Elle fut brève mais trop différente des autres pour être ignorée. Le plus difficile était à venir.



Et tandis que Tsune partait chercher l’accoucheuse, elle rejoignit sa chambre. La chaleur avait quelque chose de réconfortant, voir d’apaisant et elle en profita pour quitter les couches de tissus qui l’enveloppaient afin d’enfiler un yukata spécialement prévu pour l’occasion. La longue chevelure fut libérée de toutes attaches, nuls nœuds ne devraient plus être liés dans la pièce lorsqu’il serait temps de mettre au monde l’enfant. Ainsi le voulait la coutume, tout comme le lit de paille qui remplaçait le futon et d’autres rituels que les femmes qui l’assisteraient ne manqueraient pas d’observer.

Elles ne furent d’ailleurs pas longues à se présenter et c’est avec un réel soulagement que Ria reconnue parmi elles l’amie de toujours. Les scrupules à l’arracher de la quiétude de sa vie de famille ne firent pas long feu, ni même la vue du bel arrondis que prenait le ventre d’Asami ne lui firent regretter sa présence. Des femmes présentes ce jour, une seule était à même de lui apporter le réconfort dont elle aurait besoin et c’était elle. Sur un dernier sourire qui se voulut rassurant à Tsune, la porte fut refermée et la chambre devint un territoire exclusivement féminin. Plus aucuns hommes ne seraient admis.

Du déroulement, elle ne gardait que de vagues souvenirs. Elle avait longuement marché à travers la pièce, ne trouvant de confort que dans cette attitude. Le temps s’était figé et l’angoisse avait cédée la place à l’impatience. Les contractions s’étaient faites peu à peu plus douloureuses, plus rapprochées, les eaux s’étaient répandues et lorsqu’il fut enfin temps d’aider l’enfant à venir, elle se sentait sereine. La douleur finit par passer au second plan quand Ria put sentir la progression de l’enfant vers la sortie. Elle était épuisée, moite de l’effort fournis mais ça n’avait plus d’importance, le plus difficile était derrière.

Si elle avait contenue ses cris tout au long du combat qu’elle avait livré, elle les laissa librement s’exprimer sur les dernières poussées. Non pas de ces cris lugubres qui font craindre le pire à des lieues alentour mais bien de ceux que l’ont pousse pour se donner du courage et du cœur à l’ouvrage. Et la bataille fut gagnée sans d’autres dommages que la fatigue. Elle n’eut pas d’avantage le temps de s’inquiéter pour l’enfant. Déjà, il s’époumonait pour le traitement qu’on venait de lui infliger, arrachant un sourire heureux et rassuré à sa mère. Et enfin vint cet instant qu’aucun mot ne peu réellement restituer sans être en dessous de la réalité. Le premier contact extérieur après des mois de cohabitation. Ce moment privilégié qui vous gonfle le cœur d’un bonheur indescriptible et qui efface toutes les souffrances passées.

Rires et larmes mêlées, elle avait déposée délicatement la main sur ce petit être, comme hésitante, de peur de l’écraser de cette bouffée d’amour maternelle qu’elle sentait grandir en elle. Il s’était blotti et calmé à son contact, rendant l’instant trop bref au goût de Ria qui avait oubliée tout ce qui l’entourait. Mais déjà on lui reprenait son enfant pour couper le dernier lien qui les reliait physiquement. Un morceau du cordon serait conservé dans une boite comme le voulait la coutume et la délivrance enterrée sur le seuil pour conjurer les mauvais esprits.

Longtemps encore on s’affaira dans la chambre avant qu’Asami ne soit chargé d’aller présenter son fils à Tsune. Quant à Ria, après les soins d’usage, elle put enfin se glisser dans un futon propre et douillet, lutant contre le sommeil en attendant le retour de son enfant, remerciant en silence les kamis d’avoir permis que tout se déroule au mieux et surtout, qu’un fils fut donné.
Asami...
"La mort existe, et au jour de la Dissolution, tout sera détruit et rien ne subsistera. Mais la Mère en conservera les graines pour les semer de nouveau lorsque sonnera l'heure d'une nouvelle création."
Râmakrishna

En découvrant Tsune au pied de sa porte, Asami n'eut pas besoin qu'il ouvre la bouche pour comprendre. C'était l'heure.
Elle s'était contentée d'un hochement de tête avant d'attraper un petit panier, confier son fils au futur père, enfiler une épaisse cape de laine pour filer vers le Tengu.

En chemin, des images, des prières, de la joie, des craintes, de l'excitation. Et l'impression que le Tengu ne s'était jamais trouvé aussi loin.

C'est une Asami essoufflée et les cheveux désordonnés qui se prépara à entrer dans la pièce où Ria souffrait.
Et justement pour minimiser les douleurs, elle défit soigneusement tous les noeuds qu'elle portait sur elle avant de refermer le panneau face à Tsune.

Pas le temps de réflexion, juste un regard compatissant, un sourire rassurant, quelques mots réconfortant et une légère pression sur la main de la future mère, geste très familier, car le toucher était un sens rarement exploité, même entre amis intimes. Mais l'instant était bien au-delà de la notion de protocole.
Un être demandait à voir le jour.

Les événements s'enchainaient.
A son arrivée, le feu qui attendait d'être allumé depuis plusieurs jours, crépitait.
Il faudra veiller à l'alimenter régulièrement durant les longues heures de travail, afin que le kami du feu, Kagutsuchi, soit bienveillant et permette à Ria de ne pas souffrir plus que nécessaire.
Asami avait également prévu une petite fiole avec du saké afin d'en faire offrande à l'esprit du feu et ainsi lui faire honneur.

Asami était certes là pour assister son amie, mais aussi pour épauler l'accoucheuse par des traditions et des rituels ancestraux afin de faciliter au possible la venue au monde de ce petit être.
Les parfums subtiles des baumes ramenés pour masser Ria se mélangeait à la fumée du bois.
Les cris étouffés déchiraient les paroles encourageantes et bienveillantes.

Au fil des heures, la fatigue gagnait chacune d'elles d'une manière différente jusqu'à ce que l'enfant hurle son arrivée et ses propres douleurs.

Une graine avait été semée et aujourd'hui le Monde en récoltait le fruit.

Des nouveaux espoirs. De nouveaux bonheurs. De nouvelles craintes. De nouvelles attentes.
Ce n'était pas une mais deux nouvelles vies qui commençaient. Voire trois.

Asami présenta son fils à Tsune les yeux brillants de joie en soufflant à voix basse :


Ils vont bien tous les deux.
Himi
Dans un sanctuaire d'Hita elle avait passé de nombreux mois à se demander quel mal rongeait son corps. La fièvre était devenue une tendre amie, son fonctionnement marchait au ralenti. Elle avait vécu dans un monde austère, bien loin de la vie idéale qu'un enfant méritait, ballottée entre la vie et la mort, la réalité et la folie. Jusqu'au jour où on décida de mettre fin à son confinement et de la ramener chez elle, le sanctuaire manquait de place et l'on avait décidé qu'il serait bénéfique pour sa santé de la renvoyer dans sa ville natale.

***

Kokura. Himi avait maintenant presque dix ans. Les nombreux mois passé loin du monde n'étaient pas passés inaperçus, déjà elle avait légèrement grandi, ses traits étaient moins enfantins, ses joues par contre s'étaient plus creusées et le teint très pâle, qui les accompagnaient, démontrait à quel point l'enfant avait gardé une santé fragile. Pourtant aujourd'hui, c'est droite sur ses zori qu'elle se trouvait devant l'entrée du Tengu Immaculé. Sur son visage on pouvait lire un mélange d'excitation et d'angoisse. Cela faisait des mois qu'elle attendait cela, des jours et des jours qu'elle réclamait Ria et Tsune, mais personne à Hita n'avait répondu à sa demande, comme si la présence de ses parents d'adoption aurait pu entraver au bon déroulement de sa guérison. Les histoires des grands, Himi, ça elle ne comprenait pas toujours bien.


- Et si... Ils m'avaient oublié ?

Une questions qui la travaillait beaucoup, qu'elle posa avec une voix plus aussi aiguë qu'à l'époque, devenue presque rauque à cause de ses nombreuses toux. Elle avait des craintes et surtout la peur du rejet. La peur de ne plus avoir sa place dans ce foyer, la peur d'avoir été oubliée... Son regard se fixa sur le bas de son kimono. Combien de mois avait-elle passé loin d'eux ? Trop, car ça dépassait ses capacités de calculs, surtout sans boulier.

- Himi-chan, c'est chez vous, il ne faut pas avoir peur.

Tomomi, la femme qui l'accompagnait lui offrit un sourire rassurant, avant d'ouvrir la porte coulissante, et de passer une tête à l'intérieur du Tengu et de déclamer d'une voix claire à l'intérieur de la pièce :

- Konnichi-wa. Excusez-moi... ? Tomomi, du sanctuaire d'Hita, je vous ramène un petit quelque chose...

La jeune femme pouvait sentir l'enfant derrière elle, qui se dandinait d'un pied sur l'autre, de nature un peu impatiente, la petite fille avait de la peine à rester sur place, elle aurait donné très cher pour se faufiler à l'intérieur de la gargote sans plus de cérémonie.
Ria
Il avait fallut faire un choix, celui de cesser de fermer les yeux sur une réalité qui n’avait quasi aucune chance de changer. Cesser de se meurtrir mutuellement en comptant sur l’autre pour faire le premier pas. C’est elle qui avait finalement prit les devant. Ils étaient d’accord sur le fait que la situation était malsaine, autant pour l’un que pour l’autre et bien qu’elle avait sentie chez lui une certaine réticence, elle avait enfin réussie à lui faire admettre que ce serait mieux ainsi.

Cela n’avait pas été facile pour elle et ses sourires cachaient un cœur meurtri mais la décision était prise et elle ne comptait pas revenir en arrière. Quitter le Tengu et tout ce qu’il représentait était un crève cœur mais également un soulagement. Celui de ne pas devoir rencontrer celle qui la remplacerait et la mettrait dehors. Aucune femme n’accepterait jamais la situation et Ria se connaissait trop bien elle-même pour rester stoïque le moment venu.

Elle avait trouvé un logement non loin, permettant ainsi à Tsune de pouvoir rendre visite à son fils toutes les fois où il en éprouverait l’envie. Il ne resterait plus à Ria que de taire ses sentiments et de faire le deuil d’une vie trop vite dissipée. Il ne lui restait plus que quelques jours à passer ici, le temps que son logement soit en état de les accueillir, elle et Haneki.

Pour patienter, elle poursuivait ses tâches quotidiennes, tentant de se faire aussi discrète que possible et rassemblant ses affaires en vu de les faire porter dans sa nouvelle habitation. Et elle était bien loin d’imaginer que les kamis, dans leur infinie patience, lui accorderaient un vœu ultime.


Citation:
- Konnichi-wa. Excusez-moi... ? Tomomi, du sanctuaire d'Hita, je vous ramène un petit quelque chose...


La voix la tira de ses réflexions et déposant la petite caisse où elle rangeait ses outils de sculpture du bois, elle se tourna vers l’entrée. Les mots frappaient peu à peu sa conscience et un sombre pressentiment la saisit. Elle ne connaissait qu’une seule personne susceptible de se trouver au sanctuaire d’Hita. Allait-on lui donner le coup de grâce en anéantissant le dernier de ses espoirs ? Celui de revoir sa fille, depuis trop longtemps recluse mais que personne ici à Kokura ne parvenait à oublier ? Cet espoir, Ria le conservait précieusement, ne pouvant croire que les kamis pouvaient être cruels au point d’infliger une telle douleur à son cœur déjà bien malmené.

Clignant légèrement des paupières, elle tentait de mettre le doigt sur ce qui clochait. La voix était trop claire, trop directe pour la nouvelle à laquelle elle s’attendait. L’air lui manquait et c’est d’une voix à peine perceptible qu’elle réussie à bredouiller :

Konn…Konnichi wa.

Et puis, il y eut un léger mouvement derrière la femme qui se tenait dans l’encadrement de la porte. Cette petite silhouette qui ne quittait jamais son esprit, toujours accompagnée d’un léger sourire espiègle.

Himi ! Par tous les kamis ! Himi, c’est bien toi ?

Et sans qu’elle s’en rende vraiment compte, l’inquiétude accumulée depuis plus d’une année à présent céda. Rire et larmes se mêlèrent tandis qu’elle s’élançait vers la porte, oubliant ses bonnes manières et sa réserve habituelle. Sa fille lui était enfin rendue et peu lui importait du reste.
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