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[RP] Pour le glamour, vous repasserez!

Umbra
L'Ombre avait profité de la chaleur et de la lumière de la torche tel un réconfort au lieu d'en user comme un outil. Maintenant que les ténèbres avaient repris leur ampleur, elle se maudissait de n'y avoir pas songé plus tôt. Umbra massait sa cheville ankylosée, quand la sensation d'être à nouveau visitée la tirailla. Les pupilles plongées dans le néant, sa vision était d'une piètre utilité, elle s'immobilisa et tendit l'oreille. La Noiraude aurait mis sa main à couper que quelqu'un se terrait à l'autre bout de la cellule mais finalement de petits grattements détournèrent son attention.

Ce satané rat venait encore la taquiner. Si les forces ne lui avaient pas manqués, elle se serait jetée dessus sans remords. Usant de son flair, elle se serait guidée jusqu'à l'odeur de la vie. Son ouïe l'aurait amené jusqu'à ses petits couinements. Face contre terre, elle aurait rampé jusqu'à sa proie tel un prédateur, ses longs ongles, semblables à des griffes, labourant le sol humide de la caverne. Il devait pleuvoir au dessus car ici, l'humidité était suffocante mais de cela, Ombeline n'en avait plus conscience. Elle haletait lourdement, la langue pâteuse jusqu'à ce qu'un épais liquide chaud envahisse sa bouche.


COUIIICK!!!

Le hurlement suraigu du rongeur résonna dans la geôle tandis que les sens affamés de la Bâtarde se repaissait de sa douleur. Les narines s'emplient du fumet de la proie pendant que les papilles s'excitaient sous la saveur ferreuse. Les mains décharnées de la jouvencelle étranglèrent le petit corps pour le garder captif lors de ses derniers soubresauts nerveux alors que les dents déchiquetaient sa fourrure afin d'en libérer la viande fraîche. L'hémoglobine maculait d’un carmin le visage blafard de l'Ombre et la chair animalière remplit sa panse.

Mange.

C'est alors que du mouvement se fit entendre hors des murs qui la retenait prisonnière. Par instinct, Umbra redressa la tête en quête d'une quelconque échappatoire. Un courant d'air glissa sur sa carcasse, provoquant le même effet, sur sa peau, qu'une main glacée posée sur son épaule et c'est alors que la solution lui apparut.

Il faut t'enfuir Ombeline.

La Noiraude se figea, un instant, devant la silhouette face à elle. Dans l'obscurité la plus totale, le profil se détachait d'une clarté nette. Le sourire de la visiteuse s'étira jusque sur les lippes ensanglantées d'Ombeline. L'espoir et la détermination enflamma tout son être, étiolant les moults douleurs dont son corps était victime, consumant sa raison au passage. Les iris de jais ne voyaient plus qu'Elle. Sa salvation. Sa renaissance. Comme liée par un fil, la Bâtarde suivit aveuglément cet être qui la mena à travers le couloir de la libération, celui qui la ramènera à la vie.

La jouvencelle tentait de presser le pas afin de marcher à sa hauteur mais où que son regard se posa, la silhouette en était l'horizon. Seul le piétinement irrégulier de l'Ombre rompait le silence des lieux. La botte manquante trouait le rythme de ses pas. Mais à en juger avec l'absence totale de bruit de la visiteuse, on pouvait croire que la sonorité de la démarche d'Umbra n'était due qu'au poids de son existence et du fardeau qu'elle traînait par sa carcasse rachitique.

La même expression se gravait sur les traits de deux visages. Une mimique malsaine emplie d'un épouvantable courage et d'une cruelle détermination qui, d’ailleurs, fut vite mis à l'épreuve. Obnubilée par la présence de sa Sauveuse, la Noiraude ne perçut même pas celle du geôlier à quelques mètres d'elle. Le grognement masculin suivit de sa lourde respiration suffit à embraser Ombeline d'une rage démesurée. Ses sens lui rappelèrent la scène qu'elle s'était interdite de regarder. Il avait tenté de la violer. Les yeux clos, elle avait senti son haleine étouffante, son poids écrasant et ses mains pelotant. Il était le gardien de ses tourments, de sa famine, de son froid. Il était là, lui barrant une énième fois le passage mais à cet instant, plus rien ne la retenait. Car il l'avait délivré de sa chaine. Il l'avait aussi libérer la colère qui la rongeait et maintenant, la fureur allait s'abattre sur lui.

La Bâtarde, fulminante, se jeta sur son imposante carrure. Elle s'agrippa à lui de toutes ses forces tandis qu'il tentait de la repousser. Son sourire, il y a peu, carnassier, se fendit pour laisser paraître sa dentition. Semblable à la vermine qui fut son repas, la jouvencelle croqua dans sa jugulaire. La pression de sa mâchoire ne faillit pas tandis que le reste de sa carcasse encaissaient les coups de détresse du geôlier. Ses cris rauques, ses appels au secours ne firent qu'affirmer la prise de la morsure. Bientôt, la veine céda, inondant la bouche de l'Ombre. Le gardien, en un ultime assaut balança la frêle stature contre un mur mais ils savaient tout deux qu'il était trop tard pour lui.

Le sang coulait à profusion et le regard charbonneux d'Umbra, animé d'une lueur sadique, se posa sur l'homme compressant vainement sa plaie béante. Il gémissait de terreur puis la tête lui tournant, il chuta au sol et s’empêtra davantage dans sa mare d'hémoglobine avant de mourir en quelques soubresauts. Du spectacle macabre, la Noiraude n'en perdit pas une goutte. Adossée contre le mur auquel elle venait d'être projetée, elle se délectait de la mort lente de son geôlier. Un long moment, elle savoura le tableau à ses pieds avant de recracher le bout de chair qu'elle venait de lui arracher.

Sans plus de compassion, Ombeline se redressa et pataugea dans la flaque afin de reprendre son chemin en compagnie de sa visiteuse. Derrière elles, seules les traces d'une botte et d'un pied nu retraçait leur parcours, laissant dans leur dos, le corps gisant de l'homme et la preuve d’une aliénation sans faille.

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Soren
Non! Ça ne va pas! Il y a quelque chose qui cloche! Pourquoi n'est-elle pas encore sortie de la caverne? Je jette un coup d'oeil vers le ciel où le soleil a déjà entamé sa descente vers l'horizon. Ça n'est pas bon! Chasser cette Corleone la nuit ne m'enchante guère. Je tiens à elle moi. Pas question qu'elle nous file réellement entre les pattes à la faveur des ténèbres. D'un coup sur l'épaule j'invite l'homme qui se trouve sur ma droite à aller jeter un coup d'oeil.

- Géraud! Va voir ce qui se passe. Je veux savoir pourquoi elle n'est pas encore sortie. Lucas? Tu restes ici et tu scrutes l'entrée. Fulbert? Tu viens avec moi. On va avancer sur la route de Limoges. La nuit ne va pas tarder à tomber et avec elle, les petites frappes vont sortir de leur tanière pour aller quêter leur or aux voyageurs. Alors, je veux m'assurer que l'endroit est désert. Je n'ai pas envie qu'elle tombe sur une bande de brigands prêts à lui donner un coup de main en échange d'une rançon adressée aux Corleone!

Elle est à moi et à personne d'autre! Si elle s'échappe, tous les plans tombent à l'eau. Je peux dire adieu à la vérité, jamais je ne la découvrirai. Et comme un ennui ne vient jamais seul, quelques gouttes de pluie se remettent à tomber du ciel après une accalmie. Cette fois-ci, ça semble partie pour de bon. De nuit et sous la pluie. C'est ce qui s'appelle ne pas avoir bien choisi sa date pour cette opération!

Quelques instants plus tard, en compagnie du périgourdin, nous arpentons la route de Sarlat à Limoges, scrutant les abords du chemin à la recherche de traces d'un passage récent. Il a une drôle d'histoire le périgourdin. L'homme a fait partie de l'armée de Thoros, l'Alea Furor. Avec lui, il a arpenté le royaume, vivant de pillage de et rapines. Il prétendait que Dieu lui était apparu en songe et lui avait ordonné de répandre sa parole divine dans tout le royaume. Pour cela, l'homme n'avait trouvé d'autres solutions que de se joindre à une bande de brigands pour, disait-il, voyager en toute sécurité. Il nous avait raconté qu'au plus fort des combats, il récitait des passages du livre des vertus. Son sujet préféré? La vertu de la conservation... juste avant d'envoyer son épée décapiter l'interlocuteur. Pas de doute, il avait un sens de l'humour assez aiguisé. Il affirmait qu'il n'était jamais trop tard pour apprendre. Il avait sans doute raison. Et puis une fois, il est tombé sur plus fort que lui dans une taverne. C'était après le sac du château de Poitiers. L'homme lui avait demandé fermer son "clapet de cureton" et comme il n'y avait pas consenti il avait fait connaissance avec un poignard qui lui avait tranché la gorge. L'agresseur ne fit pas long feu. Il doit d'ailleurs encore être pendu par les tripes quelque part du côté de la Trémouille. Et Fulbert avait été laissé pour mort par les gens de Thoros. Qui aurait pu croire qu'il s'en sortirait? Personne! Sans doute même pas le Très-Haut! Encore aujourd'hui il ne savait expliqué ce qui lui avait permis d'être encore en vie. Il y perdit la voix. Son agresseur avait eu ce qu'il voulait au final. Un moine qui passait par là fort à propos avait endigué l'hémorragie en cautérisant la plaie avec un poignard plongé auparavant dans les braises de la cheminée. Et miraculeusement Fulbert avait survécu jusque là. Pendant toute sa convalescence, le moine lui avait enseigné sa version de la parole de Dieu. Et un autre miracle eut lieu. Le périgourdin abandonna sa vie de pillages et de rapines. Il était arrivé à Périgueux où il avait commencé à cultiver du blé. Comment en est-il venu à rejoindre ce petit groupe de personnes qui ne veulent pas laisser le pillage de Sarlat impuni? Je n'en sais rien...et ce n'est pas de lui que je risque de l'apprendre.


- Tu ne comprends sans doute pas ce que je fais n'est-ce pas? Pourquoi je veux la libérer pour mieux la recapturer? Tu dois trouver que je prends de trop gros risques! Elle a une volonté de fer! Si je ne la brise pas totalement, jamais elle ne collaborera. Tu vois, ils sont comme ça les Corleone. Ils n'ont pas peur de mourir. Ils préfèrent vivre intensément que longtemps. Ils ont tort. Moi, je préfère vivre intensément et longtemps! C'est pour ça que je ne suis pas un des leur!

Ça et sans doute quelques autre bonne raisons.

- Et Syu aussi avait ces même raisons que moi. Tu comprends l'ami? Ça n'a aucun sens qu'elle soit impliquée là-dedans. La seule chose que je vois, c'est qu'elle n'a pas supporté notre séparation. Pourtant, elle avait retrouvé son Duncan. L'homme qui lui était promis. Pourquoi dans ce cas vouloir se venger? Tu vois, ces questions-là m'obsèdent. J'ai besoin de savoir! Un besoin vital! Et la seule qui soit capable de me répondre... C'est Syu elle-même! Et La Corléone est la seule chance qui me reste de retrouver Syu pour la confronter. Alors crois-moi, je ferais tout pour qu'elle me donne ce que je désire! Et s'il faut, je tuerai pour ça!.... Je t'ennuie hein avec mes histoires? Tu te fous de mes motivations? Pourquoi es-tu là? Est-ce ta façon d'obtenir ton pardon au Très-Haut? Tu sais, dans la vie, le manichéisme n'existe pas vraiment. Il n'existe pas de personnes qui soient tout noir et d'autres qui soient tout blanc. Ce que je fais ici, ça n'est pas joli joli tu sais. Je ne suis pas sur que l'autre là-haut, il apprécie plus que le pillage de Sarlat... Moi non plus je n'aime pas ce que je fais. Mais je passe outre. Il le faut. Il y a plus en jeu que la damnation éternelle de sa propre âme!

Je sais. Vous me direz que je suis parfois trop grandiloquent. C'est vrai. J'exagère... mais à peine. Leur détermination pour piller Sarlat a été sans faille? La mienne l'est tout autant!

- Je....

Sur la route devant nous, alors que le soleil vient de se coucher sur l'horizon et que la pluie redouble d'intensité transperçant littéralement nos couches de vêtements, Lucas s'approche de nous hors d'haleine. Il se retient à la bride de ma monture, cherchant à reprendre son souffle. On dirait qu'il vient de courir sur plusieurs lieues. Je n'aime pas ça. Pourquoi a t-il donc quitté son poste.

- La Corleone... On l'a perdu de vue!... Et Géraud est introuvable!
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Plumenoire
Il faisait nuit, il pleuvait … Un temps de chien !
Quoi que … Evil, lui, semblait contester cette expression ! Il grognait, cherchant un abri. Plume aussi, elle commençait à en avoir marre d’attendre et elle avait froid !
La louve et son animal s’étaient postés non loin du groupe d’hommes entourant Seurn. Elle écoutait.
Se redressant lorsque le danois entreprend de bouger, la brunette hésite. Elle n’a pas reçu de consigne …
Décidant de rester en place, elle observe, se fondant dans l’obscurité. Ombre parmi les ombres. Evil se tait, sentant que quelque chose se prépare.
Seurn part, un homme avec lui. Le dénommé Géraud part pour la caverne. Lucas reste en place.

Soupire de la brunette. Elle se secoue et fait quelques pas après avoir avertie Lucas qu’elle bouge. Elle doit se dérouiller les jambes. Elle peut rester patiente, mais là …
S’éloignant de la grotte, elle s’étire. Evil s’éloigne pour renifler les odeurs, mais Plume le garde près d’elle, main sur le manche de sa dague. Un bruit lui fait violemment tourner la tête. Une cavalcade …
Retour au pas de course au poste d’observation … Elle entr’aperçoit Lucas qui fiche le camp et elle jure.
Il est trop loin pour qu’elle puisse l’appeler sans trahir sa présence, et vu l’odeur de sang qui règne, c’est une très mauvaise idée de crier.

Plume sortit sa dague, respirant lentement et s’approcha de l’entrée de la caverne, prête à bondir au moindre mouvement suspect.
Un cadavre baignant dans une mare de sang … voilà ce qui s’offrait à sa vue. La nausée la prit un instant, elle grogna et entreprit de respirer doucement pour se calmer. Traquant la présence de la Corléone, la brune entra dans la caverne.
De toute évidence, la fugitive n’y était plus …
Evil suivit sa maîtresse, humant les parfums. Comprenait-il qu’il venait de se jouer un drame sous leur nez, et que la meurtrière était en liberté, risquant de tuer Plume ? Peut-être … peut être pas …

La louve soupira. Leur plan tombait à l’eau ! Il fallait récupérer la Corléone au plus vite !
Retournant observer la scène du crime, de ce qu’elle pouvait en voir, elle se mit à chercher des indices.
Etait-elle seule ? Comment avait-elle opéré ?
Et surtout … que faire maintenant ? La retrouver !
S’agenouillant au niveau du loup, elle se mit à murmurer …


Je vais perdre un temps fou si je cherche à prévenir Seurn … mais en même temps, si j’y vais seule, je vais me mettre en danger … Enfin ! Nous sommes deux …
Essayons, et advienne que pourra !


La brune se releva, elle avait pris sa décision. Lucas devait déjà avoir retrouvé le blond. La pluie se mit à redoubler.
Bonne ? Ou Mauvaise décision ?

Plume prit le temps de laisser Evil sentir l’odeur de la fugitive dans la caverne, puis l’odeur du sang qu’elle avait sur les mains.


Evil ? Hurle …

La brunette sourit et renversa la tête en arrière pour hurler à la lune, comme une louve. Si son hurlement n’était pas entièrement celui d’un loup, il l’imitait assez bien, elle avait de l’expérience !
Evil se mit à hurler à son tour, la chasse était ouverte et Plume espérait que Seurn aurait compris le message.


Cherche Evil, cherche !

Lors de leurs nombreuses chasses, Plume utilisait ses mots pour lancer le loup sur les traces du gibiers … Evil les connaissait. Il s’élança. La pluie l’aiderait peut être à suivre la piste de la Corléone ?
Pour le début en tout cas, il ne se trompa pas, et les deux loups se lancèrent à la poursuite de la Noiraude dague en main pour la jeune fille, tout deux en alerte …

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Umbra
Les iris de jais écarquillés fixaient encore et toujours la blonde en tête…de ligne. A quelques enjambées en retrait, Umbra se fondait en elle comme une extension de son corps. Elle se faisait l’Ombre de cette drôle de visiteuse. Bizarrement, la Noiraude la suivait sans se poser la moindre question ni même émettre le plus petit avis sur sa présence suspecte. L’impression de tout connaitre de cette inconnue ne l’effleura étrangement pas. Elle n’avait d’yeux que pour Elle, pour sa liberté imminente.

Le souffle frais de l’extérieur commençait à se faire sentir sur la chair blafarde d’Ombeline. Le bourdonnement sourd d’une averse n’avait jamais été si plaisant que ce jour là. Un rire nerveux suivi de spasmes d’excitations ébroua la carcasse torturée et maculée de sang. La Bâtarde jouissait de la moindre sensation que pouvait lui provoquer le Monde à cet instant. Tout son corps annihilé pendant si longtemps renouait contact peu à peu avec l’extérieur. Le regard charbon papillonnait frénétiquement afin de s’adapter à la lumière du jour. Le ciel était gris, couvert d’épais nuages. Le rideau de pluie noyait toutes les couleurs dans les parages et pourtant, c’était déjà trop clair pour la jouvencelle. Son pied nu sentit le sol humide puis mouillé par les gouttes d’eau et le vent se choqua pour de bon à la silhouette de l’Ombre. A ce moment précis, Umbra se sentit plus vivante que jamais. Elle inspira une longue bouffée d’air, chargeant ses poumons de toutes les fragrances estivales des alentours. L’existence n’avait jamais eu un si bon parfum. Une larme roula sur sa joue ensanglantée.

La renaissance fut, hélas, courte durée. Un garde, qu’elle n’avait pas remarqué dans sa réminiscence, se jeta sur elle. La Noiraude chuta dans la boue non sans emmener avec lui l’assaillant. Ce dernier ne cherchait pas à la blesser, il tentait simplement de la maintenir au sol. La garder prisonnière à nouveau, la tuer une seconde fois. Ombeline se débattit de toute sa rage, se mouvant et remuant dans la glaise. Elle agrippa une poignée de terre dont elle barbouilla le visage du gardien afin de le faire lâcher prise. Il écrasa davantage la carcasse pour la plaquer à terre pris d’une quinte de toux. Hystérique, la Bâtarde réitéra, lui faisant bouffer le sol environnant. A six pieds sous terre, ils l’avaient séquestré. Toutes les pelletées qui la séparait de l’extérieur seraient pour lui.


Avale ! Suffoque !

Géraud recrachait la boue tant bien que mal en toussant. La jouvencelle sentait son ventre se crisper, ses côtés se rétracter sur elle sous les hauts le cœur dont il était victime. Finalement, la garde se redressa, aveuglé de glaise et chercha à tâtons sa dague accrochée à sa ceinture. L’Ombre profita de son déséquilibre pour ramper hors de sa portée. Il dégaina sa lame et l’agita dans le vide pour se protéger. Umbra, à quelques pas de lui, l’observait se débattre dans le vent. La pluie décrassait leurs corps de terre et de sang. Voyant que le gardien se revigorait, elle ne perdit pas une minute de plus et lui arracha l’arme des mains. Etranglant le poignard de ses doigts noueux, la Noiraude asséna plusieurs coups dans l’abdomen de l’homme au sol. Parfois les os de sa cage thoracique craquaient sous la puissante pénétration de la lame. Quand cette dernière se retirait, elle s’accompagnait d’un jet de sang. Une effusion d’hémoglobine éclaboussa une fois encore Ombeline. Son âme s’habituait vicieusement au gout âcre. Le vermillon émerveillait sa vision et l’odeur ferreuse embaumait ses sens. Comme pour une drogue, l’addiction à la vie coutait chère. Géraud en avait payé le prix fort. Son torse, criblé de nombreux coups, s’offrait honteusement aux cieux. Dans son ultime soupir, ses côtes s’écartaient comme des bras tendus vers le Très-Haut.

Prend-le et ramène-moi.

Les paroles impies de la Bâtarde n’étaient dédiées au Père Eternel. Ses pupilles se redressèrent pensant retrouver la présence apaisante de la visiteuse mais celle-ci n’était plus. La jouvencelle sentit ses forces l’abandonner. Elle était seule à nouveau. Déconcertée, l’Ombre balaya l’entourage. L’averse s’amplifiait. La solitude pesait sur l’esprit d’Umbra comme les gouttes sur son être. La vue réduite par la pluie intense, elle tituba vers l’orée de la forêt avoisinante.

Le regard dans le vague, Ombeline erra un long moment dans les bois sans se soucier d’être repérée. Dague au poing, elle vagabonda dans l’idée de rattraper l’horizon. Elle perdait à la raison. A quoi bon vivre seule ? Personne pour se soucier de son sort. La Bâtarde pourrait mourir là qu’autrui s’en foutrait. D’ailleurs, aucun n’était venu la secourir. Elle s’était enfuie d’elle-même. L’isolement était sa folie. Sa folie la conduisait à sa perte…

Les branchages touffus au dessus de sa tête protégeait la jouvencelle de la radée mais l’humidité ambiante ne lui permettait pas de sécher. Sa tenue trempée moulait sa carcasse décharnée et blessée. Exténuée, Umbra se posa un moment au pied d’un arbre. Elle tendit l’oreille pour se réconforter mais aucuns oiseaux ne chantaient. Aucune présence. Seul le bruit de la pluie sur les feuilles résonnait dans les environs. Quelques secondes plus tard, deux cris de loup retentirent. Ils ne semblaient pas très éloignés. Une œillade sur la dague. Que faire ? Poursuivre la route au risque d’être récupérer au vol ou expirer ici ? A l’Ombre du monde ? Peut-être par instinct, peut-être par espoir, peut-être…La Noiraude se redressa douloureusement et reprit sa marche.

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.opaline.
Tu avais le dessus. Tu avais ce putain de dessus !
Tu t'es sentie maître d'un corps qui ne t'appartenait pas. Tu as bouffé l'esprit d'une autre en y insufflant tes propres idées et c'était beau.
Tu aimais ça. Tu as aimé regarder Ombeline perdre le contrôle bien plus que le fait de toi,,. la contrôler.
Tu observes toute puissante le spectacle d'une Ombeline devenue autre...


Tu sentais le goût du sang dans sa bouche, ce liquide carmin qui glisse entre ses lèvres. Tu fermais les yeux en imaginant l'air qui gonfle ses poumons alors que ceux du pauvre homme prennent l'air, perforés par des côtes qu'Umbra broie avec une force nouvelle.
Ses pupilles sont dilatées, et à l'image de son regard, elle prends ses aises. Tu l'a regardé, alors qu'elle prenait bien soin de décomposer chacun de ses gestes, goûtant ses doigts et léchant la paume de la main. Tu ne survis plus, tu es. A travers elle, pour elle, par elle.
Tu sens son coeur qui palpite quand le tien s'apaise, tu sens son cerveau s'embuer quand toi, tu y vois plus clair et puis.

Tu as vécu. Pour de vrai. Tu as voulu. Tu as joué. Tu as tué. Tu as aimé ça.
Tu aurais aimé que cela dure, mais...
Mais lorsqu'enfin, les ongles pleins de terre, tu rejoins la surface, tu comprends à sa manière de respirer que tu es mise... à la porte.


Prend-le et ramène-moi.
Crève.

Réfléxion pas très intelligente. Tu sais que si elle venait un jour à crever, tu la suivrais de peu. Tu le sais, c'est pour cela qu'elle est la seule à ne pas subir tes actes de barbarie.

Je ne veux pas

Et tu ne veux pas. Mais as-tu vraiment le choix Opaline?
Tu sens l'air qui te quittes et tu fermes les yeux, comme si cela suffisait...
Tu te concentres. Tu t'appliques. Tu suffoques. Tu pries. Tu serres les poings. Les dents. Tu tombes à genoux.
Tu souffres. Et bien plus mentalement que physiquement. Tu la regardes se ragaillardir. Te sourire. Tu aimerais lui cracher à la gueule hein Opaline? Mais même ça tu n'en as plus la force, tu redeviens ce chien pouilleux qu'on abandonne et qui n'a même pas la force d'aller crever à l'abris des regards.
Tu plantes tes ongles dans le sol, le sang du pauvre malheureux se mêlant à la terre. Tu jettes un regard des plus sombres à Ombeline avant de dégueuler ce que tu n'avais pas encore digérer du pauvre Géraud.

Et tu t'endors là, à même le sol, sans savoir si un jour, tu te réveilleras.



Mais tu sais désormais, qu'avec de la volonté et un cruel désespoir de sa part, tu peux exister.
Alors tu fais de beaux rêves !
Soren
Le soleil vient de passer sous l'horizon. Il est temps pour nous de sortir et ce n'est pas la pluie qui va nous en empêcher. Cette nuit, je l'ai décidé, nous allons chasser. Je tourne la tête derrière, vers elle. Je n'ai pas besoin de parler, elle me comprend immédiatement. A son tour, elle les regarde tous un à un, comme je le fais. Il n'y a aucune résistance. La résistance, je l'ai brisé au printemps précédent, il y a quelques mois. Depuis, ils ont tous accepté ma domination. Depuis, c'est moi le chef! Sept! Nous sommes sept. Ce soir, personne ne reste oisif, chacun doit se mettre en chasse! Je passe le premier. Je n'ai pas besoin de regarder derrière, je sais qu'ils sont tous là... et elle la première!

J'aurais préféré chasser par une belle nuit d'été et au lieu de cela, nous allons devoir affronter la pluie, le vent...et l'orage. Je le sens, les éclairs et le tonnerre ne vont pas tarder à faire leur apparition. En ai-je peur? Non! Pas tant que la foudre ne transforme la forêt en un brasier infernal et incontrôlable. La faim me tenaille. Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas mangé. Ce soir, il me faut tous les inviter à un grand banquet. Ce sont mes responsabilités désormais et je les assume. Je les ai voulues, je les ai eues. J'ai du me battre pour ça! ...Mars 1461... Les dernières neiges de l'hiver avaient cédé le pas devant les insistants rayons du soleil. Petit à petit, la nature s'était réveillée. Les fleurs émergeaient orgueilleusement du sol, les feuilles reconstituaient le couvert végétal et les animaux sortaient de leur trous. Les lapins pullulaient dans la prairie, les oiseaux se remettaient à chantonner orgueilleusement, les cerfs avaient cessé de se cacher. Sans doute l'attrait des biches... En parlant de biche, elle, elle me plaisait! Beaucoup! Dans mon esprit, elle m'appartenait toujours. Dans les faits, c'est avec lui qu'elle frayait! Peuh! il a beau être plus jeune et plus vigoureux, il lui manque l'expérience et le charisme d'un chef de meute! Moi, je l'ai! L'année dernière à la même époque, il avait prit mon titre. Il m'avait eu! Manque de concentration de ma part. J'ai du le reconnaitre, il m'avait vaincu. J'ai cédé ma place... en tant que chef mais aussi...auprès d'elle! Mais l'année fut dure. Dès les premières journées fraiches, on s'est tous aperçu qu'il n'avait pas l'étoffe d'un chef... et que l'hiver serait long. Et il le fut! Nous avons perdus deux des nôtres. Une action mal préparée, mal orchestrée, précipitée. Il n'avait rien vu venir, rien planifié. Nous avons du agir dans l'urgence! Résultat? Deux y sont restés. Des flèches! Des satanées flèches! Que voulez-vous faire contre ça? Ils nous ont vu venir! Ils ont eu le temps de sortir leur arc et de nous abattre comme des chiens! Avant même que nous ayons réussi à nous approcher. Et l'effet de surprise alors? Sans lui, nous ne sommes rien! Ils sont beaucoup trop forts! Même lorsque l'on est neuf! Mais l'hiver n'était pas propice à un changement de chef. Il fallait survivre, s'unir, faire front commun. Nous avons traversé de longues périodes de famines! J'avais les crocs! J'entendais mon ventre gargouiller, crier famine, demander sa pitance. Mais il n'y avait aucune proie facile dont je pouvais me repaître. Sur la route, les voyageurs s'étaient fait rares. A croire que cet hiver ne donnait envie à personne de quitter sa chaumière! Après l'échec de notre dernière action, nous avons hésité à nous lancer dans d'autres actions erratiques de ce genre. Il nous fallait partir. Partir pour assurer notre survie. Mais le chef en a décidé autrement! Il prétendait qu'il connaissait ce terrain de chasse de fond en comble, que dès les premiers jours revenus, nous repartirions en chasse, que le gibier se ferait plus abondant. Peut-être...mais en attendant, il fallait survivre! Et il ne fallait pas compter sur les lièvres, les marmottes, les lapins ou les castors pour ça!

Ne me demandez-pas comment nous avons fait, je n'en n'ai aucune idée, mais le printemps est revenu, sans perte supplémentaire parmi nous. Un vrai miracle! Là-haut, il devait sans doute y avoir quelqu'un qui nous regardait d'un oeil bienveillant! Allez savoir... Le printemps, c'est la saison de l'abondance. Nous reprîmes tous rapidement des forces, de la vigueur. Maintenant, il allait devoir assumer ses décisions catastrophiques. J'étais bien décidé à reprendre ma place à la tête de notre bande. Alors je l'ai défié. Comme il se doit. Comme nous le faisons entre nous depuis la nuit des temps. Avant le combat, j'ai jeté un regard vers elle. A qui allait sa préférence? A moi ou à lui? Elle avait connu les deux. Elle avait sans doute une préférence. Mais si c'était le cas, elle n'en n'a jamais fait état. Elle est prudente. C'est une qualité que j'apprécie. J'avais pour moi l'expérience, lui la fougue de la jeunesse. Il venait de passer une saison froide difficile et il le savait. Le combat fut âpre. C'était la deuxième fois que je l'affrontais. J'avais retenu les leçons de mon précédent échec. Lui avait sans doute gagné en maturité. Ce fut long. Très long. Ni l'un ni l'autre n'était prêt à céder. Il était plus agile, nous étions de force égale. Il me fallait jouer de ruse. Le laisser attaquer et le fatiguer. Lui donner l'initiative sans créer d'ouverture dans ma défense. Des chances, il ne m'en n'a pas donné non plus. Sauf une! Une seule. Un flanc dégagé... un abdomen offert. Mon attaque fut foudroyante. Ça passait ou ça cassait. Il suffisait que je manque mon objectif pour me retrouver dans une fâcheuse posture... et c'est passé! Une belle éraflure sur toute la longueur... pour lui! Il savait que j'avais retenu mon coup et que s'il avait été une de mes proies, ses entrailles s'étaleraient indécemment sur le sol. Mais il était des nôtres et on ne se tue pas entre nous. Il avait alors baissé la tête et s'était replié sur lui-même, dans un coin, pour panser ses blessures. J'avais gagné. J'avais repris ma place à la tête de notre bande... et je l'avais reprise elle! Ma victoire fut couronnée d'un cri qui se répercuta en écho dans toute la forêt. Je me suis approché d'elle et j'ai passé ma langue sur son visage, sur ses oreilles. Elle était à moi. Le soir même, je la prenais bestialement devant tous les autres, signe incontestable de ma supériorité. Pendant l'année qui viendrait, je serais de nouveau leur chef. Et elle, personne d'autre que moi ne la toucherait!

La pluie avait redoublée d'intensité, rendant le sol glissant et instable. Soudain, un cri déchire le silence relatif de la nuit qui est désormais totale. Un cri? Non...Un hurlement! Un loup! Par ici!?!?!?! Mais que fait-il ici? Je jette un coup derrière moi. Visiblement, ils sont tous aussi surpris que moi. Il n'y a pas de loup errant par ici, ça se saura. Fait-il partie d'une meute? Nous n'avons jamais trouvé de traces. Dans la nuit, alors que le premier éclair vient de retentir, porté par le vent qui souffle en rafale, un deuxième cri retentit. C'est un cri de défi, un cri de dominant! Ce terrain est nôtre terrain de chasse. Quiconque vient ici se repaître doit respecter nos règles. Qui es-tu toi pour oser me défier? Défier ma meute? Tu es sur notre terrain de chasse. Toutes les proies sont à nous. Si tu veux t'en délecter, alors rejoins-nous et reconnais-moi comme le dominant! As-tu compris? J'ai à peine terminer mon message pour notre intrus que ma femelle se rapproche de moi. Elle vient me signifier qu'elle vient de repérer notre repas : une humaine. Seule. Mais elle me prévient : elle n'est pas très grasse, pas très dodue. Il n'y aura sans doute pas à manger pour tous. Il faudrait continuer la chasse pour que chacun ait une part satisfaisante, pour que l'on soit tous repus. Surtout si on accepte l'invité-surprise. Bah! Une chose à la fois. D'abord la noiraude. S'habiller en sombre contre nous ne sert pas à grand chose humaine! Tu as eu tort de t'aventurer seule par ici. Ne t'a t'on pas dit que les loups hantent ces bois? Et en plus, elle n'avait pas de feu? L'imprudente! Cela mérite punition! Et un troisième hurlement! Celui-là est pour notre invité. Je lui fais part de notre découverte et le convie au banquet. Ce soir, on mange de la noiraude et en tant que chef de meute, en tant que dominant, c'est à moi de manger en premier. D'un signe de la tête, j'invite les autres loups à me suivre. Ma queue est fièrement dressée vers le haut, signe d'une assurance absolue. Je retrousse les babines, dévoilant des crocs acérés, ceux-là même qui se sont enfoncés dans le flanc de l'autre là, le pseudo-dominant! Moi, je ne suis pas du genre à bâcler une attaque. Trois par là.... Trois autres de l'autre côté. Elle, l'autre merdouilleur et moi, on descend la pente droit vers elle. Un bel encerclement, tout ce qu'il y a de plus classique... Ce soir, on mange de la noiraude!

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Umbra
La luminosité dans les sous-bois s’assombrit rapidement et l’Ombre ne tarda pas à errer dans le noir. Pour la peine, elle ralentit son allure mais ne manqua pas de se prendre plusieurs fois les pieds dans des racines proéminentes. Umbra tâtonnait plus qu’elle n’avançait et décida de se nicher dans le renfoncement d’un arbre imposant pour le reste de la nuit. Sa vision était trop réduite pour continuer son cheminement. Les risques de blessures étaient bien plus élevés dans l’obscurité et sa carcasse était à bout de force. Mieux valait-il se reposer dans son état. Terrée au milieu de nulle part, la Noiraude, malgré son épuisement, n’arrivait pas à fermer l’œil. La dague serrée dans sa dextre, elle écoutait le ciel gronder au dessus de sa tête. Le vent froid s’immisçait entre les arbres et venait glacer ses os. Elle avait jugé trop imprudent d'allumer un feu et même si elle le voulait, l’humidité ambiante n’aurait pas permi aux flammes de prendre. La pluie redoubla d’intensité et certains feuillages n’arrivaient plus à stopper les billes d’eau. Ombeline grelottait, son corps entier la torturait et comme si ça ne suffisait pas, la faim la tenailla à son tour. Les loups hurlaient toujours, inquiétant davantage la Bâtarde. Elle n’était pas en état de lutter que ce soit contre un homme ou un animal. Les prédateurs se rapprochaient dangereusement à entendre leurs appels.

Faisant fi du bourdonnement incessant de l’averse et le grondement du tonnerre, la jouvencelle écoutait le bruissement étouffé des fougères et le craquement des branches à terre. Tous ces bruits insignifiants dans le brouhaha de l’orage qui pouvaient déceler une présence. Le rythme d’un galop se fit entendre non loin de la planque de l’Ombre qui se redressa légèrement. Ce n’était pas celui d’un loup et encore moins celui d’un homme, surement un lièvre qui détalait. Mais était-ce réellement un bon présage pour elle ?

Umbra n’était pas en sécurité dans son terrier, elle était une proie trop facile et ce, pour quiconque. Elle analysa douloureusement la situation. Une meute de loups siégeait dans les environs et quelques hommes de Seurn devaient se trouver dans les parages. Dans les deux cas, elle était traquée alors que faire ? La forêt baignée dans les ténèbres n’était pas un terrain favorable, le plus sage serait de retrouver la route qu’elle n’avait pas empruntée dès le départ à la sortie de la caverne. Second dilemme, comment retrouver cette voie ? Si la Noiraude rebroussait chemin, elle se jetterait dans la gueule des loups. Le mieux serait de continuer son trajet dans la forêt. A marcher toujours tout droit, elle finirait bien par la traverser et croiser un chemin agencé. Peut-être même avancerait-elle bien plus loin que le périmètre de surveillance des hommes du Danois.

Cette solution semblait judicieuse et motiva Ombeline qui sortit de sa cachette pour reprendre son cheminement. Intimement, elle espérait aussi trouver la trace de sa visiteuse. Cette dernière n’avait pas pu se volatiliser, elle avait obligatoirement suivi un chemin. L’idée aussi de retomber sur le campement du clan Corleone l’effleura aussi mais avec moins d’enthousiasme. La Bâtarde ne songeait plus à ce que ceux-ci lui viennent en aide. Qui était-elle pour eux dans le fond ? Une paire de bras supplémentaire pour leur pillage, une part en moins dans leur butin. La jouvencelle n’avait pas su se démarquer dans cette bande de mercenaires. La Famiglia était soudée par le sang et elle n’était qu’une orpheline parmi eux. Spiritu Sanguis la remplacerait bien vite, si ce n’était pas déjà fait.

Arme au poing, l’Ombre se déplaçait sans assurance dans la végétation abondante. Des fourrés trop denses ou des troncs trop conséquents lui firent peu à peu dévier sa trajectoire. Sa route, parsemée d’embuches naturelles, zigzaguait ostensiblement l’éloignant du vol d’oiseau qu’elle comptait effectuer. Bientôt, les végétaux se clairsemèrent, facilitant le passage d’Umbra. Le plafond de branchages touffus s’effondra, laissant la pluie noyer le sol herbeux. Le ciel de cette nuit d’encre se fendait de temps à autre d’un éclair illuminant la clairière que la Noiraude venait d’atteindre.

Trempée jusqu’aux os, boueuse jusqu’aux genoux, elle examina les alentours. Forçant sur sa vue pour déceler un passage parmi les ombres environnantes. Avec précaution, elle s’avançait à découvert, son pied nu s’enfonçant dans le parterre de glaise. Des silhouettes de troncs abattus se dessinaient au fur et à mesure de ses pas. Une hache était plantée dans l’un d’eux. Avant de se réjouir de cette nouvelle arme plus imposante que sa petite dague, Ombeline vit en cet objet, signe de vie. Si elle était là, c’est qu’il y avait forcément une activité humaine et qui dit activité humaine dit accès à la civilisation. Quelque part autour d’elle, une voie se présentait. La nuit noire et la pluie battante réduisait son champ de vision à quelques mètres autour d’elle. Il lui faudrait longer tout l’orée du bois pour trouver l’issue. Un nouvel éclair déchira les cieux, dévoilant de nouvelles formes mouvantes. Ces dernières avançaient dans sa direction mais la Bâtarde ne put discerner si celles-ci étaient humaines ou animales. Elle lâcha la courte lame et agrippa des deux mains le manche de la hache qu’elle tenta de retirer du tronc. Avec l’averse, ses doigts glissaient sur l’arme, rendant son extraction bien plus rude. Quand elle réussit à l’extirper de son fourreau de bois, les profils ténébreux étaient déjà trop proches. La jouvencelle se mit en garde, tenant sa nouvelle acquisition des deux mains vers les assaillants.


Reculez !

L’orage étouffa le cri de la jouvencelle qui reculait lentement à l’aveuglette pour s’éloigner des silhouettes inconnues.
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Soren
Là-haut dans le ciel, une lune pleine éclaire la scène de sa lumière blafarde et démoniaque. Elle est parfois complétée par quelques éclairs qui zèbrent la voute céleste. Sous la lumière du Sans-Nom, je peux assister à un spectacle de toute beauté. Sept! Ils sont sept au pelage éclatant! De belles bêtes, vraiment. Je suis sur que Plume aurait été de mon avis si elle avait été à mes côtés. Par contre, mon compagnon lui, semble plus circonspect. Il se demande sans doute comment on va se sortir de cette situation parce qu'il n'était pas prévu d'organiser un méchoui de Corléone au clair de lune.

- Ils vont la tailler en pièce! Elle a beau être une machine à tuer, à sept contre un, elle ne peut rien.

L'homme me regarde perplexe. Il n'a rien d'un meneur. Il ne faut pas que j'attende de lui qu'il prenne l'initiative, il n'en n'est pas capable. C'est une paire de bras et rien de plus...excepté une oreille attentive quand j'ai besoin de passer le temps. La pression est retombée chez moi depuis que j'ai retrouvé la trace de la fugitive. L'annonce de sa véritable évasion m'a secoué. Mais avec le temps qu'il faisait, il était difficile de ne pas laisser de trace sur le sol. Ce soir, pour la première fois depuis longtemps, j'ai béni Erik Larsen de m'avoir emmené avec lui à la chasse et de m'avoir enseigné les rudiments de cet art. La forêt est un monde totalement déroutant pour celui qui n'a pas appris à la domestiquer. S'orienter, suivre une trace, lire le passé au travers d'une branche brisée, de feuilles piétinées, de toiles d'araignées présentes ou déchirées... Tout un tas de petits indices qui, mis bout à bout, vous permet de découvrir tout un roman. Retrouver la Corléone avait donc été plus simple que je ne l'avais craint initialement. Nous étions revenus à la source pour y découvrir le corps mutilé de Géraud. Ça m'avait donné un autre coup au moral. Décidément, cette petite mise en scène commençait à couter très cher. Mon métier de mercenaire m'avait habitué à ce genre de spectacle. En réalité, en comparaison aux affres d'une bataille, il n'y avait là rien de bien bouleversant. Qu'est-ce qu'un mort à la guerre? Un inconnu parmi d'autres? Une vie fauchée parmi d'autres dizaines? Lui, je ne le connaissais pas tant que ça. C'était un volontaire venu chasser les Corléone après le pillage de Sarlat. Un quidam. On ne s'était pas rencontré avant. Et visiblement, on ne se rencontrera plus. Il n'avait pas de famille. Personne ici n'a de famille. Peut-être juste une amoureuse ou une gueuse qu'il trousse à l'occasion. Pas d'enfant. Il ne saura pas ce que c'est d'en avoir. Chanceux va! Je lui aurais bien donné une sépulture décente, mais je n'avais pas le temps. Si je retrouvais la Corléone, elle se chargera de nettoyer derrière elle. Elle creusera la tombe de toutes ses victimes à la main s'il le faut! Ouais... Il n'était rien d'autre qu'un inconnu mort, un de plus. Mais lorsqu'on sort de la folie de la guerre, toute mort vous remue les tripes!

La lutte n'avait finalement pas duré bien longtemps! Il y avait peu de traces au sol. Pauvre bougre! Il avait du se faire surprendre. Mauvais ça...Comment peut-on se faire surprendre alors que l'initiative est censée être dans notre camp? Quand on est mauvais, on le paie... ou on reste chez soi. C'est ainsi...Une sorte de sélection naturelle où seuls les plus forts ou les plus rusés survivent. Retrouver la piste de la Corléone m'avait revigoré et le cadavre m'avait finalement endurci. Le côté Eriksen reprenait la place. Froid, insensible, décidé.... presque inhumain! Elle paierait pour avoir voulu jouer. Mon compagnon lui, avait été plus secoué. Il ne s'attendait visiblement à risquer sa vie dans cette comédie et il réalisait que dans la vie, il n'y a rien de sur. Jamais. Il hésitait. Je le sentais. Il avait envie d'être loin d'ici, ne plus avoir à faire à cette démone qui est capable de tuer. Croyait-il qu'elle avait oublié ses origines simplement parce qu'elle était prisonnière? Ce genre d'engeance n'oublie jamais. Ses instincts remontent toujours à la surface de son être dès que vous lui offrez la moindre occasion. Il fallait agir et vite. Lui ne devait pas cogiter, et moi, j'avais besoin de lui. D'un geste ferme, je le poussais sur la piste que nous nous mîmes à suivre. Et elle était clair. Aussi claire que si la Corléone avait été en vue.

Allongés sur le sol humidifié par la pluie, nous pouvons maintenant assister au spectacle. Il parait qu'il s'y donne un numéro de dressage de loups...


- Sors ton arc. Tu vas attendre le premier assaut des bestioles et....

Pendant ce temps, moi, je sors mon briquet à amadou, ma pièce de métal, mon silex de Bergerac et prépare le tout.

- Dès qu'elle est en difficulté, après une morsure ou deux....

A l'abri sous une toile qui commence à prendre l'eau, quelques étincelles sortent de mon frottement. Capté par l'amadou, me voilà désormais en possession d'un feu si petit qu'on ne peut imaginer les ravages qu'il peut faire en grandissant. .Mes cheveux sont aussi trempés que le reste de mes vêtements. Je ne suis pas sur que c'est une si bonne idée dans les conditions actuelles... même si contre les loups, elle a un potentiel dévastateur.

- Tu vises un loup et...

L'avantage, c'est qu'ici l'été est chaud et sec en général. Et celui-ci ne déroge pas à la tradition périgourdine. Cette ondée n'a humidifié la végétation qu'en surface. Enfin...Espérons-le! En bas, les bruits de combat s'amplifie. La horde doit faire mon travail, c'est à dire la rendre incapable de s'enfuir. Moi, je dois m'assurer qu'ils ne la taillent pas en pièces. A chacun sa part.

- Schlaaaaaack! Mais avant, tu vas me lancer quelques flèches enflammées de tout bord tout côté, histoire qu'on circonscrive bien le périmètre.

Le frêle feu est maintenant passé sur une brindille. Et de la brindille à une menue branche. J'attends encore un peu pour qu'il prenne de la vigueur. C'est que ça grossit vite ce genre de petite bestiole! Je tends la flamme dans sa direction, prêt à allumer la première flèche qu'il a entouré de charpie et qu'il vient de plonger dans un délicieux Bergerac 1455. Je retiens son bras au dernier moment...

- Tout bord, tout côté. Enfin... Pas derrière nous, n'est-ce pas? On s'est bien compris?

...Et Schlaaaack! Schaaaaack! Schlaaaaack! Les flèches fusent dans le ciel de la campagne sarladaise. Éclairons donc cette scène d'un regard nouveau... Enfin... Si je puis m'exprimer ainsi.
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Umbra
*

Hache en main, l’Ombre plissait les yeux pour discerner les tâches encore plus sombres que l’obscurité ambiante. Elle reculait lentement dans l’attente du moindre signe d’inattention pour détaler. Non, Umbra n’était pas du genre à se battre malgré sa tuerie du jour. Aujourd’hui, elle n’était pas seule, il y avait eu l’Autre à ses côtés. C’était Elle qui avait influencé ses actes. Sa visiteuse l’avait guidé hors de sa cellule pour l’abandonner à plus sauvage que ce sadique de Danois ! La Noiraude, au naturel, ne possédait aucun don pour le combat, elle n’avait jamais appris à manier une arme et ce n’était pas demain la veille qu’elle apprendrait, enfin, si elle survivait à cette nuit.

Les ombres face à Ombeline se dédoublaient, elle en comptait maintenant quatre ou peut-être cinq. Leurs formes restaient encore indistinctes à cause du rideau de pluie. Elles semblaient tout de même basses pour des Hommes, peut-être des enfants ? La Bâtarde leur ordonna à nouveau de reculer en fendant l’air du tranchant de sa lame mais l’orage couvrait amplement sa voix. Les assaillants gagnaient du terrain mais la jouvencelle ne se résignait pas à leur tourner le dos. Tout à coup, un éclair monstrueux craqua au dessus de la plaine, éclairant largement le champ de vision. L’Ombre reconnut enfin ses ennemis dans la nuit noire. Une meute… Sept loups, prêt à la dévorer sur place, s’avançaient lentement sur le terrain boueux. Le grondement du tonnerre assourdit leur assaut et un premier animal affamé se jeta sur sa carcasse. Umbra s’écroula dans la glaise sous le poids de la bête et la maintenu difficilement en retraite grâce au manche de la hache. Les pattes musclées du canidé labouraient le sol pour se donner encore plus de puissance et les crocs se rapprochèrent dangereusement du visage de la proie. La Noiraude ne tiendrait pas très longtemps dans cette position, ses bras commençaient déjà à faiblir. A cet instant, la hargne de la bestiole semblait plus forte que l’instinct de survie de la jeune fille. Elle avait conscience que tous les efforts qu’elle effectuait là seront à reproduire encore six s’ils n’étaient pas vains. Ombeline entendait le grognement du loup proche d’elle, sentait son haleine encore parfumé du fumet de son gibier précédent. Elle n’avait aucune chance de s’en sortir, elle finirait là, festin pour le troupeau…

Soudainement, des flèches embrasèrent le ciel et chutèrent autour de la lutte. Les autres loups s’agitèrent à la vue des flammes puis se regroupèrent au centre du périmètre que ces dernières dessinaient. L’averse était trop dense pour que le feu perdure et peu à peu, les trombes d’eau éteignirent les flammèches. En ce court laps de temps, tous les animaux détournèrent leur attention y compris l’assaillant sur la Bâtarde. Celle-ci profita de son trouble pour le repousser et lui assener un coup dans le flanc. La bête gémit à terre tandis qu’elle se redressait. La meute se reformait en une grosse masse difforme dans les ténèbres mais un nouvel assaut ne tarda pas. Cette fois-ci, Umbra n’était plus surprise de la férocité de son assaillant et l’attendit de pied ferme. La Noiraude n’était pas une guerrière de sang où du moins, elle préférait le nier pour ne pas avoir à justifier sa violence. Elle s’interdisait de penser à ses gestes sur l’instant afin de ne pas se perturber. Ses mouvements n’étaient pas assurés mais ils étaient intenses. Alors que le prédateur bondit pour lui sauter à la gorge, elle balança maladroitement sa lame dans ses côtes pour parer son attaque. L’animal chuta à quelques pas. Les yeux rivés sur l’ombre vague des ennemis, Ombeline se préparait à la nouvelle agression. Un rôdeur jaillit et elle envoya un énième coup de tranchant dans la fourrure sombre.

Malheureusement, le manche de l’arme lui échappa des mains et resta planté dans le corps de la bête. Avant que la Bâtarde ne puisse reprendre possession de la lame, un autre prédateur se jeta dans son dos et s’agrippa à son épaule. La jouvencelle hurla de douleur sous la morsure en se laissant choir sur le sol glissant. L’animal referma sa puissante gueule sur l’omoplate de sa proie jusqu’à sentir le gout de son sang sur sa langue. Face contre terre, elle se débattait pour déséquilibrer la bestiole appuyée sur elle. Cette dernière tenait fermement sa prise pendant que cette dernière s’enlisait dans la glaise à force de remuer comme un vulgaire vermisseau. Le bras paralysé, l’Ombre sentait ses os craquer sous l’étau des mâchoires canines. La souffrance devenait insupportable et la peur de se faire manger vivante aviva terriblement ses tourments. Sous le ciel noir et orageux, quelques étoiles apparaissaient à la vue de la Noiraude. La blessure l’étourdissait et se répercutait, lancinante dans toute la longueur de son membre supérieur gauche.

Bientôt, elle sentit le corps athlétique du prédateur s’affaler sur sa carcasse boueuse. Il couinait lamentablement, une flèche plantée dans la fourrure. Ses crocs se desserrèrent mais Ombeline n’avait plus la force ni la mobilité pour se dégager de la masse agonisante. Le museau près de son oreille, elle écoutait les plaintes du loup et son souffle s’affaiblir contre son visage. Les autres agresseurs rôdaient autour du cadavre de leur congénère, grognant toute leur rage. La Bâtarde, quant à elle, suffoquait, ensevelie sous cette boule de poils trempés géante...

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Enjoy

    ~ Des jours avant ~

    Artair, mercenaire à ses heures s'adressant à sa troupe de débrayés.

    - Les canailles ont becté l'vieille carne Sarl'daise.
    - Ah ?
    - Ouais, mon gars. Les Corleone lui ont dévoré les entrailles. Ma y a eu un probl'me, alors l'aut' donzelle là, qu'elle cause comme une dame, veut nos services.
    - Hum, la catin avec les miches d'vache à lait ?
    - Ouais... Une Corleone, la pire dit-on.
    Son interlocuteur s'étouffe dans un rire gras et reprend une bonne rasade.
    - Une traînée, si t'veux mon avis. Pour une pagne, elle dégueule combien d'deniers ?
    - Pour une ribaude, j'parie qu'elle a les bourses pleines 'vec cette prise.
    - J'pense bien. On va lui faire cracher l'contenu de ses poches et ensuite on v'rra, si elle causera autant une fois souillée.
    - Hein ? Que t'veux t'faire la Corleone ? N'y compte pas, les autres nous feront l'peau.
    - C'est c'que nous verrons...

    Les tractations se meurent dans un flot d'alcool. C'est décidé, ils en seront. Ils iront mener cette expédition. Leur chef est un fin limier. Il a braconné des années durant, avant de se faire embaucher en tant que garde-chasse. Ses compères ne sont que des soiffards sans réelles compétences militaires. Ils savent tenir une épée et égorger des paysans sans défense. Rien de bien fameux. Mais leur commanditaire saura s'en contenter. Pour l'heure, Artair assure une réponse brève : Oui. Une affirmation, simple et pourtant si brutale. Des pelletées de « Oui » ont vu le jour. Peu d'entre eux ont des répercussions aussi importantes. On ne requiert aucunement la présence de ces fripons sans de sombres raisons.

    On leur demandait pas de détrousser du bourgeois sur les chemins. Ni de pénétrer au cœur de la nuit et s’immiscer dans un lit pour une concupiscence non consentie. De prime abord, la mission était simple mais ses reliefs se vallonnaient dans les arêtes de la complexité. Une chasse. Une vraie. Le gibier, c'était elle. L'Ombre frêle.

    ~ Des nuits ~


    - Macarel ! Ta p'tain a intérêt de nous engraisser. J'en peux plus de c'tte chaleur et glander dans les fourrés. Elle nous prend pour des lapins ? Garce...
    - Ouais, c'est bien vrai. C'la commence à faire toute c'tte histoire.
    - Cessez d'geindre, on dirait une bande d'pucelles ! Vous s'vez pourquoi nous sommes ici. Alors on s'en tient à ce qu'on a dit.

    Dans les confins de cette nature implacable de beauté, le feu crépite. La venaison suinte sous les flammes endiablées. Tout comme leurs conversations. Le temps passe, la piste prend forme. Mais l'ensemble reste bien trop obscur. Les plaintes des hommes ne sont que mensonges. La peur.  Saisissante les envahit. Ils savent que l'attaque ne serait qu'une lettre cachetée adressée au grand patron. La crainte d'y passer. Et à ceci, il n'y a aucune échappatoire. A l'instar de cet animal enfermé. Sans doute décharné, loin de toutes perspectives d'avenir. Son seul but : la survie.

    Un pli s'entrouvre. Les indications sont concises. Le commanditaire sera là dans les prochains jours. Alors Arthair se doit de mener sa maigre troupe par le bout du groin. Sinon, cela risque de chauffer.

    ~ Des jours & des nuits ~

    Le goût acre de leurs vivres. Leur totale absence de bienséance et leurs trognes à faire pâlir un mort. Voici le comité d'accueil pour cette précieuse convive et son acolyte. Le ton est donné. Brune, sombre. L'encre de ses yeux trempe dans le Styx. Elle n'est que ténèbres. Est-ce une couverture ? Un apparat pour se fondre parmi les prédateurs et les proies ? Avec elle, une frimousse blonde. Boucles d'or s'empêtre sous un masque vénitien. Entre ires et rires, personne ne sait ce qu'il désire le Tynop. Un allié de choix.

    Ils s'observent. Leurs dégaines en disent longs sur le mépris qu'elle leur inspire. Mais aussi la trahison des esprits lubriques. Les traces de la bestiole se faisaient rares : ses frusques, une botte abandonnée. Mais l'entreprise, jusqu'ici, orpheline d'éclat allait prendre un tout autre tournant. Leur commanditaire était un peu plus aux faits des affaires de ce monde. Alors ils la suivirent tout en traînant les chausses. Se faire mener par une femme, quel affront ultime. Ils en crèveraient avant de pouvoir lui faire subir le même sort.


    - Ben v'là qu'on piétine galinette...
    - Ah ça... On peut pas dire l'contraire. Bien longtemps que mon épée est pas sortie d'son fourreau. Tu veux arranger ça, ma mignonne ? Dit un entre eux avec un sourire pervers jusqu'aux oreilles. Les brimades sont nombreuses. Impassible, la cible des invectives ne laisse échapper aucun son. Le sable noirâtre de la rancune s'égraine doucement. Elle saura se souvenir de tout. Du moindre détail. Et se fera un plaisir d'enfiler une à une leurs feuilles encrassées et leurs chicots en guise de trophée. Artair le sait. Il n'en pipe pas un mot. La prévention avait été faite. Les crétins se surpassent auprès des attributs féminins. Surtout lorsqu'ils collectionnent les murges et les mégères. Ils se prennent de suite pour des divins.

    Pendant ce temps, les indices s'amoncellent. L'identité du geôlier semble ne plus faire aucun doute. Bien des erreurs commises, bien des errances interdites. Søren. Pour le limier, le chien de sa dame, ce nom n'évoque rien. Si ce n'est la promesse d'une belle petite récompense. En tout bon faquin, il s'imagine déjà la panse pleine, les lippes bercées par l'hydromel et une compagnie débauchée. Hélas, le chemin de sa fortune était semé d'embûches. L'obstacle proéminent à la source de son désarroi. Il y eut tout d'abord l'approche, puis l'incertitude. Était-ce vraiment là le gibier convoité ? Ou juste un autre gredin ou un quelconque politicien mis au ban de la société ? Pour en être certain, il fallait passer à l'action. L'ultime action. Seulement comme un malheur n'arrive jamais seul. Un des membres de son escouade sentait le vent tourner. Torturé par des maux d'estomac interminables. Sans omettre que leurs petites escapades champêtres devenaient de plus en plus difficiles à dissimuler. Entre voyageurs et patrouilles de gens en arme, la situation commençait à sérieusement se corser, en plus de s'éterniser.

    ~ Le temps passe, le jour s'efface. Une nuit sous la pluie. ~

    La quiétude forestière s'immobilise au son des loups. Les cieux se craquellent sous la pression du tonnerre. Rondaches et haches sont saisies. Et pour les mieux lotis des précieuses lames s'offrent pour un crépuscule sanglant. Ils sont six. Artair, ses trois compères, le Renard ambré et la silencieuse Corleone. Prêts à en découdre. Les hommes s'apprêtent à se mettre en marche. Les bois tiennent lieu de théâtre pour un étrange ballet.


    On y va !


*HRP : Pagne = Ici, de l'argot. Assistance apportée par un voleur à un camarade sous les verrous.
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Tynop
Muet la plupart du temps, contrairement à son habitude, il avait laissé la Corleone mener l'enquête et l'expédition, apportant son aide quand il pouvait l'apporter, c'est-à-dire peu souvent. C'est un trait de caractère inhérent à Enjoy Corleone que de s'investir dans une tâche au point d'en gérer le moindre aspect, de prévoir le moindre détail. Toute seule. Et de le faire sans faille ni plainte. Une acharnée, une perfectionniste. Aussi se retrouvait-il cantonné à un rôle de second couteau. Un paire de bras, et il l'espérait, un soutien moral contrastant avec la compagnie des soudards. Quelques informations communiquées sur ledit Soren lorsque la Corleone avait fait part de ses suspicions quant à l'identité de la cause des troubles d'Ombeline. Par deux fois, le Blondin avait eu l'occasion d'échanger avec le danois. En taverne, une première fois. Dans les rues d'une Sarlat pillée, au main du Clan Corleone la seconde fois, lorsque Soren avait voulu régler ses comptes.

Ainsi, sa présence cette nuit-là s'était imposée d'elle même. C'était lui qui avait rencontré Ombeline la première fois. C'était lui qui l'avait mis en contact avec les Corleone. Il ne pouvait donc s'empêcher de ressentir une once de culpabilité quant à la disparition de l'Ombre.
Et puis il y avait aussi cet engagement envers Enjoy. Ce devoir qu'il s'était fait, cette tâche qu'il avait accepté. Veiller sur elle.

Cela avait impliqué de se coltiner des hommes à l'humour douteux et au rire gras.
Cela avait impliqué des jours et des nuits à la belle étoile, à guetter la moindre trace, le moindre indice sur la localisation de l'ombre.

Cela implique, en cette nuit orageuse, de charger sous une pluie battante, dès que la Mustélide lâche les trois mots. Pas besoin de long discours, ils savent pourquoi ils sont ici et ce qu'ils doivent faire. Du moins il l'espère. Rapière en main, il se fraye un passage à travers les bois, sans rien voir d'autre que la lueur lointaine du feu, sans rien entendre d'autre que le hurlement d'une meute, sans rien sentir d'autre que l'odeur de la terre mouillée. Plusieurs fois, il manque de glisser et de chuter sur le terrain boueux. Le seul moyen pour lui de s'orienter correctement est de se laisser guider par la lueur et les glapissements. Avec cette anxiété, cette fébrilité croissante, cette crainte d'arriver trop tard. Alors il se presse, presque à en perdre son souffle, tandis que la lueur des flammes s'amenuise sous l'averse.

Après des minutes de course qui lui paraissent être des heures, le petit groupe parvient finalement à destination. Le feu n'est plus. La meute, elle, est bien présente. Et lui n'y voit quasiment rien. Tout ce qu'il distingue, ce sont quatre silhouettes ne pouvant appartenir qu'aux loups. Ici et là , une masse inerte, au sol. Où est l'Ombre ? Ses yeux se plissent, sa respiration s'accélère. Tout ça pour rien ? Ces jours et nuits de traque, cette course effrénée pour une meute à moitié décimé sans la moindre trace d'Ombeline ?

Un éclair vient raviver ses espoirs. Là, en l'espace d'une infime seconde, il l'a vu. Hurlant pour se faire entendre, à l'adresse de la Mustélide:


Enjoy, elle est là !

De sa main libre, il désigne la dépouille du loup sous laquelle Ombeline ne semble pas parvenir à s'extirper. Mais il y a plus urgent: les quatre autres bestioles, excitées par l'odeur du sang.
Durant quelques secondes, il semble hésiter, douter. Il est sur le point de risquer sa vie, de se faire dévorer. Puis lui revient en souvenir une journée chaude d'été, où, lors d'une tentative catastrophique de vol de cheval, Ombeline lui était venu en aide. Spontanément, sans rien demander en retour ni jamais en reparler. Elle avait risqué sa vie pour lui, et c'est cette nuit qu'il va lui rendre la pareille.

Il ne donne pas d'ordres. Ce n'est pas à lui de donner les ordres. Il hurle, tente d'effrayer les loups, et face au manque de succès de la manœuvre se résout à charger, priant intérieurement d'être suivi par les autres. En quelques enjambées, il est sur le premier loup, et bénéficie encore de l'effet de surprise, dont il profite pour enfoncer sa lame dans la nuque de la bestiole. En résulte un glapissement plaintif et une giclée de sang.

Pourvu qu'ils l'aient suivi.

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Plumenoire
[A la lune un hurlement,
Bientôt un feu de camp ...]


Plume suivait le loup, le loup suivait la plume.
La nuit tombait il faisait sombre. L’obscurité gênait la louve. Evil, lui, Loup de nature, parvenait sans mal à trouver son chemin il devait ralentir pour attendre ce qui devait l'agacer au plus haut point.
Il gémissait il faisait des aller retours essayant d'avancer plus rapidement mais la louve à moitié quatre pattes peinait. Même si la forêt lui était connue en général, ce soir-là, la pluie, le froid, la peur peut-être aussi la ralentissait. La branche sur laquelle elle butait la faisait trébucher.
Bientôt un cri, puis deux, puis trois. Une meute. Des loups répondaient à son appel de chasse. Elle sourit amusée. Des loups ... Oui après tout était sur leur territoire.

Se tenant maintenant au dos d'Evil, la brune avançait plus rapidement reprenant ses vieilles habitudes de chasse dans la nuit, se laissant guidée par les loups et leurs cris. Il devait avoir localisé fugitive. Ils étaient meilleurs traqueurs qu'elle !
Normal ... Ils étaient loups.

Tant sa dague dans la main droite avançant courbée dans les feuillages, elle finit par arriver à la première cachette de la brigande ... de sa proie.
Son loup semblait être perturbé peut-être que les autres étaient déjà passés par ici ?
En tout cas, la cache était vide ...

Les loups solitaires reprirent leur marche accélérant le pas pour la brune, piaffant et ralentissant pour Evil. Ils arrivèrent bientôt à la clairière où leur proie s'était réfugiée.

Elle était là, trempée, armée d'une hache, trouvée sur ce lieu de travail.
La vision des loups magnifiques, de ces individus musclés et en pleine santé, menacés par une hache la fit grimacer et grogner.
Si elle les laissait faire, ils risquaient de mourir.
Mais elle ne les connaissait pas ce n'était pas les siens.
Aussi retenant son loup de toutes ses forces pour qu'il n'aille pas au carnage, elle s'accroupie sous des branchages et dû se résoudre à attendre de voir s'ils avaient besoin de son aide.

Mais la fille ne devait pas mourir. Après quelques instants un craquement de branchages lui indiqua l'arrivée de Seurn et son compagnon.
La brune sourit. Bien sûr elle ne pouvait pas les rejoindre comme cela. Ils risqueraient de la prendre pour une ennemie et de la blessée.
Alors elle s'approcha lentement. Lorsqu'elle fut suffisamment près et certaine de ne pas avoir été vu par la jeune femme habillée de sombre, elle émit un doux gémissement et appela doucement le Danois.

Visiblement ce dernier avait déjà un plan. En effet plusieurs flèches enflammées volaient autour des loups, qui, bien qu'effrayés, continuaient à harceler leur proie.
Certains tombaient pour ne plus se relever... Evil grondait, furieux. Il mourrait d'envi de rejoindre les autres, et on l'en empêchait.

Bientôt, la Corleone tomba sous le poids d'un loup. Plume savait que le blond l'avait vu, même s'il n'avait pas réagi. Elle s'approcha encore et vint murmurer


Seurn ... Arrêtez de tirer ... Elle va étouffer sous la bête ... J'vais la chercher ...

Ils n'étaient pas ses loups, mais ils étaient loups. Était-ce la même chose pour elle ?
Un léger sourire aux lèvres, elle n'attendit pas la réponse du danois. Elle n'était plus une enfant, et il était hors de question qu'elle se laisse dicter sa conduite !
Elle était fille des bois que diable !

Avançant a découvert, elle poussa un jappement, comme un louveteau, jappement qu'Evil reprit plus ou moins. Ils s'annonçaient à la meute. Evil, la queue dressée, alerte. Plume, dague en main, par pure précaution ! La hache gisait dans le corps d'un loup. Un autre agonisait, près de la noiraude.

A peine s’était-elle mise à découvert qu’un cri l’alerta. La brune se mit à gronder sourdement, de concert avec la meute. Elle l’avait reconnu … Un Corléone … Il arrivait … Elle s’accroupi soudainement, retenant son loup. Grommelant des injures. Elle devrait battre en retraite, il n’est pas seule, elle les entend.

Que faire ? Elle se refuse à leur abandonner l’ombre … ça ? Plutôt crever ! Un regard derrière elle, pour voir Seurn, se donner du courage, puis elle file. Son plan est simple : Gagner sa proie et aviser !
Evil est lâché, il bondit dans un grognement sauvage. A-t-il comprit ce que la brune attendait de lui ? En tout cas, tout deux courent vers la corléone sous la dépouille animale. Les autres loups sont trop occupés à venger leurs camarades tombés. Elle espère juste ne pas voir une lame Corléone.

Elle entend un loup mourir dans un gémissement. Elle ne s’arrête pas, elle a gagné le corps, sa dague serrée dans sa main droite à s’en faire mal.
Plume bondit sur la dépouille, écrasant l’ombre au passage… Mais ça, ça ce n’est pas grave. Elle pousse la carcasse, cherchant la tête de sa proie, pour lui éviter l’asphyxie d’une part, d’une autre, pour pouvoir lui trancher la gorge en cas de besoin.

Si elle tremble, c’est de froid. Un mince sourire cruel et sauvage étire ses lèvres, dévoilant ses crocs. Evil vint se poster près d’elle.


Et maintenant, il ne me reste plus qu’à prier pour que cette nuit ne soit pas ma dernière ….
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Soren
For fanden Plume!

Ah ça alors! Impulsive la maréchale! Beaucoup trop! Lucas me regarde d'un air circonspect, attendant une réponse de ma part, réponse qui tarde à venir. Hé quoi? Mettez vous à ma place : Il fait noir. Nous nous trouvons dans une forêt, entourés d'une meute de loup. La pluie qui tombe détrempe le sol, le rendant glissant. Plume s'est jetée dans la mêlée, et il y a je ne sais combien de Corléone qui viennent subitement de rappliquer dans le décor! Pfff.... Est-ce assez compliqué à votre goût comme situation? Pour ma pauvre cervelle, oui! Alors, plus la peine de trop penser. De toute façon, ça ne m'a jamais trop réussi. Mieux vaut agir d'instinct. Comme eux en bas d'ailleurs...

- Lucas, Tu me vises le blondinet là-bas aux prises avec la meute. Compris? Et surtout, tu ne le loupes pas! Qu'il crève! Ensuite, deuxième priorité, tu écartes de notre route toute boule de poil qui cherche à planter ses crocs ou ses griffes dans du cuir périgourdin. C'est compris?

Et maintenant, il ne me reste plus qu'à prendre un grand souffle, ramasser toute la folie qui peut trainer dans mon esprit... Et Dieu seul sait combien il y en a... Et foncer! De la main gauche, je m'empare de ma sacoche et de la droit je dégaine mon épée dans un bruit métallique. Pas la peine de prendre trop de précaution, avec la pluie qui martèle le sol, le tonnerre qui fait sentir sa présence de temps à autre, les hurlements des lycans, et les cris de sauvage du blondinet Corleone, on est loin d'un pieux recueillement pendant une messe aristotélicienne! Au moment où je m'apprête à me relever, Lucas me retient par la bras.

- Hé... Et ensuite? Je fais quoi? On se retrouve où?

- Si tout va bien, ce sera... en enfer!

Ouais, je sais... Ça fait un peu trop théâtral comme réplique. Mais désolé si cela ne vous plait pas, je n'ai pas trop de temps à réfléchir pour trouver la phrase qui convient parfaitement à la situation. Plume est bien trop pressée pour une mise en scène parfaite. Et comme l'ont fait les loups précédemment, à mon tour je dévale la pente à toute vitesse, direction la sarladaise. Par deux fois, je manque de faire une culbute en avant. La première fois, ma cheville se tord dans une ornière mal placée. La seconde, c'est une branche qui trainait nonchalamment sur mon chemin. On dirait que ce n'est pas mon jour de chance, et ça, ça n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la suite des évènements. Alors qu'il me reste encore une vingtaine de pas pour arriver au fond de la cuvette, une flèche vient siffler un peu trop près à mes oreilles. On dirait que Lucas vient de mettre mes directives à exécution. Je dévie à peine mon regard dans sa direction pour m'apercevoir qu'elle vient de se planter dans l'omoplate du blondinet. Celui-ci s'écroule comme une masse. For fanden! C'est comme ça qu'il exécute mes demandes? Je ne lui avais pas dit que le Corléone pouvait mourir? Viser la gorge n'aurait-il pas été plus radical pour ça? Alors que je passe près du blondinet, je ne peux m'empêcher de donner un coup de pieds dans les côtes de cette crapule. Ça soulage...et ça m'assure aussi aussi qu'il n'est pas en état de venir interférer dans ce que je m'apprête à faire.

Au moment où j'arrive près de Plume, un loup montre ses crocs. Je suis sur le point de lever l'épée au dessus de mon épaule lorsque je réalise qu'en réalité, c'est le fidèle compagnon de la sarladaise qui monte la garde auprès de sa maitresse. Mais le bruit derrière... Je pivote sur moi-même, l'épée tournoyante dans les ténèbres, et quelques instants plus tard, j'entend un cri de douleur qui n'a rien d'humain. Quelque chose à volé dans les airs. Une patte? Une oreille? Un autre organe? Pas le temps de m'attarder à compter mes victimes et la façon dont je m'en suis débarrassé. L'ombre bat en retraite. La menace est temporairement écartée.


- Plume! Surveille les autres loups!

A genoux dans la boue, les vêtements totalement détrempés et pesants, les cheveux dégoulinants, les mains glissantes, je farfouille en toute hâte dans ma sacoche.

- For fanden! Mais où sont-elles?

Du calme danois! Du calme! Tu ne gagnes pas de temps à te précipiter. Sur le sol, s'étalent le contenu du sac que je vide à la hâte. Ah! Voilà ce que je cherchais! J'attrape la Corléone par le revers de sa chemise et la secoue énergiquement!

- Debout, tu m'entends? Debout! Tu vas venir avec nous, que tu le veuilles ou non!

Joignant le geste à la parole, j'enfile une premier menotte sur mon poignet gauche et sa jumelle vient entourer le bras d'Umbra. C'est à peine si les cliquets se font entendre dans le vacarme ambiant. Derrière moi, des bruits de combat. Je n'ai pas le temps de voir ce qui se passe. Il faut que je fasse confiance à Plume! Pas le choix! Et puis, pour une fois, c'est à elle de jouer les protectrices!

Dans un grimace qui a pour objectif de rassembler toutes mes forces, je relève brutalement ma proie. Une baffe à gauche! Une baffe à droite! Il n'y a rien de mieux pour récupérer ses esprits. Ça, combiné à la fraicheur de la pluie qui redouble de violence désormais, ça devrait suffire!


- Pluuuuuume! On décampe! Et vite! Suis-moi!

Combien de loups reste t-il? Et combien de Corléone? Je n'en n'ai fichtrement aucune idée! Pas le temps de réfléchir! C'est tout juste si j'entends un sifflement dans la nuit suivi d'un autre hurlement plaintif de douleur. Merci Lucas! Je ne sais pas où il était ce loup-là, mais...merci!

- Pluuuuuume bordel!!!!! On n'a pas le temps de badiner!

Et tirant la Corléone par les bras, l'obligeant à marcher ou à se faire trainer dans la fange de la forêt, je quitte précipitamment les lieux de cette scène épique.
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Plumenoire
Evil se mit a gronder. Quelqu'un approchait.
La brune leva les yeux. Un homme, épée a la main il avançait vers elle.


ça y est ... il va me ...

Elle n'avait pas fini sa phrase qu'elle le reconnu. Un soulagement intence l'envahis.
Seurn !
Evil continuait de gronder. Elle allait crier a Seurn que le loup était le sien lorsqu'elle entendit un jappement.


Evil !

Non ... non ce n'était pas lui. Le danois avait du frapper un autre loup.
Elle ne se redressa pas, tenant toujours sa prisonnière, il reprenait les commandes, et elle se dit qu'elle avait agit sur un coup de tête idiot, qui aurait pu lui couter la vie. Et celle de ses compagnons.


Oui je surveille ... merci d'être venu ...


La brunette esquissa un sourire, observant autour d'eux. Les loups étaient trop occupés a s'acharner sur le blond a terre pour s'occuper des périgourdins.
Entendant le danois pester, elle l'observa. Que pouvait il chercher ?
La réponse vint bien vite.
Se redressant en même temps qu'eux, elle scrutait les ténèbres. Dague au clair.
Un loup. Evil se plaça entre les hommes et la bête en grondant, plume bondit en avant. ramassant une boule de glaise, elle la lança. La gueule fut atteinte, le loup recula.


- Pluuuuuume! On décampe! Et vite! Suis-moi!

Un autre loup arrivait. Heureusement que ce n'était pas un homme ... Mais ... le Corléone n'était pas seul ... si ? Non, les voix s'approchaient, des jurons ... des cris, des paroles.
Le cris de Seurn la rappela a l'ordre


- Pluuuuuume bordel!!!!! On n'a pas le temps de badiner!

- J'arrive !

Dans un grognement, elle agrippa son loup et, sur ses gardes, prête a tuer au moindre mouvement dans leur direction. Légèrement sur les nerfs, elle suivit le danois, quittant a son tour cette scène, sur le qui vive.
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Enjoy

    - Ah ! Ah ! R'garde-le c'lui-là !
    - Ouais ! Pauv'pomme va !

    Les rires éclatent sous les grondements du tonnerre. Les hommes se moquent de la vaine tentative d'un blond bien plus courageux que ce piètre régiment. Au milieu des gémissements des loups, des hurlements et du frémissement de la pluie, l'escarmouche fait rage. Tout comme la mine désabusée de la Corleone. Ses poings se serrent suite aux invectives des gredins qu'elle tient pour alliés d'infortune. Artair, l'écossais en tête, avec sa barbe rougie et hirsute, ses multiples cicatrices formant une mosaïque d'échauffourées et d'une existence peu envieuse. A ses côtés se tient le lugubre Rat Crevé, à la langue noirâtre et fourchue. Il persifle. Son sobriquet lui a été attribué parce que l'homme s'apparente plus à un rampent des égouts avec le goût, le dégoût, l'odeur et la dégaine qui va avec. Sa silhouette chétive dénote avec sa dangerosité et son langage de chartier. Il éconduit la bienséance dans les faubourgs des illettrés. A un pas de ces deux loustics, nous retrouvons Hanz, un germain. Nonobstant sa musculature imposante, le colosse s’empêtre dans la glaise. Immobile. Quant on vous dit qu'ils ont souvent des pieds d'argile. A sa senestre, Louis la débrouille. Un roublard ayant traîner ses chausses trouées de la Cour Brissel jusqu'à celle des Miracles. Un périple si court mais tellement semé d'embûches. Sa première escapade champêtre, en somme le plus citadin de la bande. Et celui dont la rétine s'écarquille à l'évocation d'une catin. L'Italienne les éviscérerait un à un si seulement elle en avait l'opportunité. Surtout lorsque ses prunelles assombries se figent sur la carcasse blessée du Renard ambré. Son sang ne fait qu'un tour, se dirigeant vers le blond, les ravisseurs en profitent pour traîner l'Ombre dans les fourrées.

    Au milieu de la pluie, des flèches, des loups fuyards et des gausseries, Corleone s'élance hésitante vers sa proie. Avant de stopper sa course alors qu'un carreau siffle à son oreille et finit par se planter dans un arbre à proximité. Résignée, son cap est en déroute. Elle n'ira pas à leur poursuite. Bien que son obsession refrène sa prudence. Il y a Tynop, à l'omoplate touchée. Si bien que sous un grognement sourd empli de hargne, elle se retourne vers la troupe d'éclopés. Leur inflige un regard des plus noir avant de s'enquérir de l'état du Blondin. Tandis que les uns s'éclipsent avec son dû, les autres battent retraite.

    ~ Quelques jours auparavant ~

    Dans l'obscurité d'une auberge fumante se terre un individu au teint blafard, une balafre livide lui fend le visage. Échevelé, il dissimule son crâne presque glabre sous un turban corbeau. Ses paroles sont mesurées. A sa tablée, une silhouette féminine tourne le dos à la maigre assemblée. Les discussions des badauds couvrent la leur. Ils se dissimulent parmi la populace car ils en sont le reliquat. Les mots s'écoulent, les questions s'accrochent, les sourcils se fixent. La mise à bas du débat ne réside pas dans des précédents ébats. Ici le pavillon des professionnels bat. Ternis par les chemins, leurs faciès sans éclats murmurent plus bas. On pourrait bien les entendre.


    - L'as-tu trouvée ?
    - Oui.
    - Raconte...

    La demande prend son essence dans de vieux pots. Corleone cherche depuis des années la moindre trace de sa mère. La pensait-elle morte comme l'ensemble du Clan MacDouggal. Pourtant, il semblerait que la vérité est toute autre. La voleuse italienne aurait pris la poudre d'escampette, abandonnant son enfant. Le mensonge est du bon grain. Alors que cette révélation est de l'ivraie. Décidément ses racines maternelles lui en veulent. Ou plutôt ne la désirent aucunement. Au fil du récit, les zones d'ombre s'estompent. Après l'avoir mise au monde, Sindya aurait quitté l'Ecosse pour se perdre en territoire breton. De là, elle aurait acquise une réputation encore moins enviable que celle de brigande. Une sorcière. Des rumeurs inquiétantes faisaient états de ses exactions. Paraît-il qu'elle aurait eu cent ans et qu'elle dévorait les nouveaux-nés. Parmi l'épaisse forêt des superstitions s'y détache la mention d'un mercenaire muet. Un des rares ayant quêté dans les terres, jadis interdites. Et en être revenu vivant. Au fur et à mesure des années, certaines bouches se sont entrouvertes pour ne plus jamais se refermer. Visiblement les gens bien trop bavards avaient tendances à disparaître. Jusqu'à ce que le spectre d'une légende locale soit trop vivace. Ainsi, le dénouement des mois d'enquête pointa le bout de son nez. De prime abord, d'un simple souhait de savoir ce que la mère de la Corleone avait bien pu devenir. Nous passions à une nouvelle des plus surprenante. La soif de savoir de la Mustélide n'aurait pu se contenter de si peu en cette heure. Il fallait qu'elle sache quel avait été le destin de sa... Seulement, son informateur devient tout à coup déraisonnablement gourmand. Et la sensation de froid d'une lame dansant avec sa gorge lui redonna un certain sens des priorités. Le mystère ne tarda pas à se dévoiler, à tomber. Tout comme les certitudes de l'Italienne...

    ~ Retour à notre nuit pluvieuse ~

    Elle l'entraîne à leur repère. Une cabane abandonnée, sans doute servait-elle à un garde chasse. Les gredins à sa suite ne cessent de dégoiser dans son sillage. Maugréant contre cette expédition ratée et ce temps de chien. Servant d'appui à Tynop, la Corleone ouvre la lourde. L'ensemble est rustique, la seule source de lumière réside dans un âtre encore fumant. La table brinquebalante grince lorsque le blessé s'étend entre ses bras. Les mains de la brune s'agitent et cherchent à rassurer l'homme. Sa chemise disparaît dans un craquement sous l'agression d'une dague affûtée.


    T'en fais pas...

    Lui dit-elle en déposant délicatement ses doigts sur son front. Tandis que ses mirettes inspectent la blessure. La flèche est simple, toutefois elle n'a pas traversée. Ce qui complique considérablement l'extraction. Est-il inconscient ou désireux de paraître brave ? Mais pas un seul cri n'échappe de ses lèvres. Pourtant, la Mustélide n'est pas une médicastre accomplie et à part pour elle-même, ses soins ne sont guère souvent prodigués. Si ce n'est jamais. Un filet de sang s'écoule avec nonchalance lorsqu'un fer chaud vient cautériser la blessure.

    Nocturne agitée, petit matin ensanglanté.

    Les mercenaires ont patienté au dehors des heures durant. Les railleries se sont éteintes pour céder la place aux plaintes.  Qui devinrent de pauvres protestations jusqu'à atteindre les sommets de la colère. Pour la Corleone ceci n'était rien. Umbra était encore entre les griffes de Soren et la situation allait de mal en pis. Alors pour prouver sa détermination et redonner de l'éclat à la cohésion, son fauchon prend une teinte carmine. Assurée par la tête roulante du Rat. Finalement, il y a eu bien des morts lors de ce périple. Bêtes, gardes et faquin irrespectueux...

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