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[RP] Pour le glamour, vous repasserez!

Soren
Rien ne fonctionne comme prévu. D'abord ces cadavres qui parsèment l'échappée de la prisonnière. Et puis cette pluie qui rend la chasse à l'homme totalement incontrôlable. Maintenant, voici que la bande des Corléone refait surface. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Et dire qu'au début, tout ça ne devait être qu'une mascarade pour lui casser le moral à cette Lisreux! Foutu acte manqué ouais!

Derrière nous, le cri des loups s'atténue peu à peu. Ont-ils renoncé à la poursuite? Et les autres Corléone? Que font-ils? Mon archer maladroit, a t-il réussi à fuir? Trop de questions dans un laps de temps bien trop court. Je n'ai pas le temps de penser à ça. Le sol est totalement détrempé. A chaque pas que je fais, je crains qu’il ne se dérobe sous moi. Les pierres sont glissantes et l'humus s'effiloche en de longues coulisses liquides. La bouche ouverte à la recherche de la moindre parcelle d'air, le bras gauche tendu vers l'avant pour éviter le fouet des branches rebelles, je tire la Corléone pour hâter son pas. S'est-elle aperçue que sa famille est venue la chercher? Elle non plus ne doit pas trop penser : son esprit doit être guidé par une seule notion : marche...ou crève! Sur mes talons, je sens la présence de Plume et de son double. Enfin...J'espère que c'est bien son loup, sinon, c'est un brouet au jarret de danois et à la sauce italienne qu'il risque d'y avoir au repas!

Oui. Un seul objectif. Fuir au plus loin et au plus vite le lieu du combat précédent. Combien de Corlèone sont-ils ? Deux? Dix? Vingt? La pluie torrentielle alourdit mes vêtements. Chaque pas devient de plus en plus difficile. Un brasier ardent consume mes poumons. J'ai les muscles des bras qui sont tendus à en être douloureux. Ceux des jambes sont au bord de la tétanie. Je sens les crampes qui cherchent déjà à s'installer. Poursuivre, encore un peu pour ne pas tomber entre leurs griffes. Courir, sauter, s'abaisser, enjamber un ruisseau, circuler d'un arbre à un fourré, d'une clairière à un fossé. Aller jusqu'au bout. Toujours plus vite. Sans fléchir. Sans ralentir. Dans la précipitation, mon bras effleure le poignard danois qui pend à la ceinture...


- S'ils nous rattrapent, je te jure sur la tête de Syu que tu y passes!

C'est sorti tout seul. J'imagine qu'elle doit croire que je me moque. Jurer sur la tête de Syu… Mais elle n'y connait rien. Rien de mes relations passées avec la rousse écossaise, ni des sentiments qui m'animent aujourd'hui. Sans doute d'ailleurs ne peut-elle rien comprendre. Quand on passe son temps à voler, piller et tuer, on a des idées bien différentes sur la nature humaine. Je le sais : le Søren mercenaire d'il y a quelques années n'a plus rien à voir avec celui d'aujourd'hui. Oh certes, je ne suis pas un ange et je doute que le Très-Haut accepte un jour de m'ouvrir les portes du paradis. Il y a un an, jamais je n'aurais eu de remords à traiter ma prisonnière comme je la traite aujourd'hui. L'échec de ce soir, jamais il n'aurait eu lieu. J'aurais fait ce qu'il y avait à faire : ne pas la voir comme une personne mais juste comme un tas de chair. J'ai été faible ce soir. Je le sais. Et les cadavres parsèment le chemin de cette comédie. La moindre erreur se paie cher de nos jours.

Et en parlant d'erreur, cogiter en est une autre. Quand tu cogites, tu fais moins attention à ton environnement. Quand tu fuis dans une nuit éclairée seulement par l'astre lunaire maléfique et quelques éclairs sporadiques, sous des trombes d'eau, l'environnement est ton plus grand ennemi. Enfin... au moins aussi grand que les Corléone qui pourraient être dans ton dos. Est-ce cela qui peut expliquer le pied qui glisse sur une pierre lisse? La cheville qui se tord entre deux racines traitresses? Le déboulé qui s'en suit, entrainant irrémédiablement à ma suite l'ombre attachée à mon poignet? Roulé. Boulé. La tête passe au dessus des épaules. Les bras s'emmêlent les uns aux autres pour ne pas former qu'une sorte d'amas de membres démantibulés dévalant une pente mouillée et finissant sa course au bord d'un précipice dont la hauteur est insondable et inquiétante. Les yeux écarquillés, les veines du cou proéminentes, les mèches de cheveux totalement détrempées et collées à mon visage, tout ça, et le reste de la tête, pend joyeusement au dessus du profond ravin. Il me faut quelque temps pour reprendre mes esprits, comprendre ce qui vient d'arriver et être capable de savoir ce qu'il faut faire désormais.


- Pluuuuume! Viens vite me débarrasser du poids qui appuie sur mon dos!

Puis, presque amicalement à la Corléone.. .

- Hé? Ça va? Pas trop de mal? Mais réponds-moi…

Le regard va de la Corléone au gouffre dont je ne devine presque rien en face de moi. Il ne manquerait plus que le sol se dérobe sous moi pour que ce soiiiiiit..... Pourquoi faut-il que toutes les choses négatives auxquelles on pense arrivent? Hum? Quelqu'un peut-il m'expliquer ça? Inexorablement la masse corléono-danoise glisse sur le sol qui s'effrite sous son poids. J'essaie de me retenir en utilisant la main valide, mais toute la terre se désagrège au fur et à mesure. La panique grandit à mesure que les yeux s'écarquillent et que l'inévitable devienne réalité.

- Ooooooooh...

Plus dure sera la chute dit-on. Et elle l'est! Mon épaule risque de s'en souvenir longtemps encore, et les jambes qui ont amorti le contact avec le sol aussi. Je ne sais pas ce que ce bosquet d'arbres fait là, mais il est on ne peut mieux placé pour freiner notre déboulé. D'un côté du végétal, une ombre. De l'autre, un danois. Au milieu, tendu par une grosse branche, une chaine de métal qui va d'un poignet à un autre. Ooooouffff! Quelle nuit! J'en ai assez! Cette petite escapade doit s'arrêter là!

[Le lendemain après-midi, maréchaussée du Périgord-Angoumois, bureau de Sarlat]

- Plume, j'ai commis une erreur. Toute cette affaire aurait pu plus mal se terminer encore... malgré le fait que nous ayons déjà eu plusieurs victimes.

Au moins, ils étaient tous volontaires pour faire cette petite chasse aux Corléone. Et d'après ce qu'ils avaient déclaré, ils n'avaient pas vraiment de famille proche à s'occuper. Mais qu'importe! Oui, j'ai commis une erreur et ils l'ont payé cher.

- Il est temps d'en finir avec tout ça! Le blondinet est dans les parages? Parfait, on va en profiter. Tiens! Arrange-toi pour le retrouver et lui porter ceci. Il est temps d'abattre notre jeu et de clôturer la partie. Moi, je retourne à la grotte pour vérifier que la prisonnière ne nous a pas joué un vilain tour... et qu'elle est toujours en vie!

Citation:

    De Søren MacFadyen Eriksen
    Au blondinet de la troupe des Corléone.

    On va faire court : j'ai votre complice. Je vous la rends. A une seule condition : je veux que vous me livriez Syuzanna NicDouggal. Si vous êtes d'accord, dites-moi où et quand on peut procéder à l'échange. Il n'y a pas d'entourloupe de mon côté, c'est Syu que je veux. Je ne lui ferais aucun mal. Si j'ai les informations que je désire, Syu sera ensuite également libérée.

    Envoyez votre réponse à la maréchaussée du Périgord-Angoumois, bureau de Sarlat. Il me semble que vous savez où elle se situe.

    Søren



- Ah... Et Plume? Fais renforcer la garde autour des bureaux de Sarlat. On ne sait jamais...
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Plumenoire
La brunette, sa dague en main, Evil sur les talons, suit le danois.
Il va vite, elle le suit, accelerent toujours. Sur les nerfs.
Elle n'aime pas fuir. Elle en a horreur mais elle est obligée, pour les sauver, pour leur plan.
Ou sont passé les alliés de Seurn ? Combien y avait il d'ennemis ? Les loups s'en sortiront ils ?
Pas sur …

Un bruit de chute se fait entendre, la tirant de ses pensées. La pierre. Les corps qui roulent, boulent, glissent, dévalent la pente. Elle l'évite …


SEUUUUURN !!

Elle court, descend a toute vitesse, dérapant a son tour. "Manque de chance", c'est un arbre qui « amortit » sa chute, la préservant de l'abime.

Pluuuuume! Viens vite me débarrasser du poids qui appuie sur mon dos!

Un gémissement lui répond. Elle peut apercevoir plus haut la silhouette du louveteau qui l'observe, gémissant, ne sachant comment descendre.

Evil reste la....

Le "haut" ne sort pas, le loup glisse. Il dévale la pente dans une série de glapissement. Elle le rattrape difficilement.

Bon sang Evil !
J'arrive Seurn !


Elle commence a marcher, un pieds tâte le terrain … Du vide. Un glapissement de la part de l'humaine, elle s’agrippe a l'arbre qui l'a recueilli.

Seurn attention c'est du …. !

Ooooooooh...


Seuuuuuurn !

Elle a deviné qu'il a glissé, l'horreur se peint sur son visage. Foutue expédition !

[ Le lendemain, aux côtés de Seurn, dans le bureau de la maréchaussée Sarladaise.]

Une fois un peu reposée et nettoyée, elle est de retours, aux côté du danois. Dans une salle a l'abris des oreilles indiscrètes, elle écoute son mentor.

- Plume, j'ai commis une erreur. Toute cette affaire aurait pu plus mal se terminer encore... malgré le fait que nous ayons déjà eu plusieurs victimes.

Silence ….

-Il est temps d'en finir avec tout ça! Le blondinet est dans les parages? Parfait, on va en profiter. Tiens! Arrange-toi pour le retrouver et lui porter ceci. Il est temps d'abattre notre jeu et de clôturer la partie. Moi, je retourne à la grotte pour vérifier que la prisonnière ne nous a pas joué un vilain tour... et qu'elle est toujours en vie!

D'accord … je vais me débrouiller pour le trouver …

Ah... Et Plume? Fais renforcer la garde autour des bureaux de Sarlat. On ne sait jamais...


Sourire amusé de la brune au blond.

Tu as peur que je me fasse enlever ?

Un éclat de rire cristallin plus tard, Plume sort du bureau, pli en main, Evil sur les talons.

[Un moment plus tard …]

Elle errait depuis déjà un moment, cherchant le blond. Il avait été blessé, ou pouvait il être maintenant ? Dans une taverne de la ville ? Une auberge ? La louve n'en savait strictement rien, et elle ne le connaissait pas assez pour savoir ou elle le trouverais.
Evil ne retrouverais pas son odeur non plus !


Pffffff pourquoi j'ai accepté ça moi … ?

Le loup leva le nez vers elle, et elle lui sourit.

Tu sais ou j'peux le trouver toi ? Le Blond Corléone ? Non bien sur …

Léger soupire.
Puis l'idée lumineuse lui vint a l'esprit.
Vérifiant qu'elle avait bien ses lames, épées pendant a la ceinture a gauche, dagues dissimulées, loup a ses côtés, elle prit la directions des tavernes mal famées de la ville.
C'était la qu'elle avait le plus de chance de trouver le Corléone.
Plume entra, rabattant sa capuche sombre sur son visage.
Il faisait sombre, l'air ne lui plaisait pas, pas plus que les visages qui se tournaient vers elle.
Sa voix est forte, elle ne tremble pas, assurée, malgré la solitude. La présence du loup la rassure.


Je cherche un Blond Corléone, quelqu'un ici sait ou il se trouve ? J'ai un message pour lui.

Direct. Trop direct … La brune reste dans l'embrasure de la porte, plus pratique pour sortir en vitesse. Qui sait ? Peut être aurait elle de la chance ? Sinon elle essayerais ailleurs, et encore ailleurs jusqu'à ce qu'elle le trouve. Après tout, quelqu'un doit bien savoir ou il est ... il n'était pas seul cette nuit là … Si ?
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Tynop
C'est donc une flèche fichée dans l'omoplate qui met un terme à l'opération sauvetage de l'Ombre. De douleur et de frustration, au sol, il grimace.
Finalement, ce n'était peut-être pas une excellente idée que de charger à l'aveuglette sans s'être au préalable assuré d'être suivi. Établissant avec une certaine résignation ce constat, le Blondin se prend alors un un coup de pied bien placé dans les côtes. Levant les yeux sur l'homme, il lâche alors un faible ricanement et assiste impuissant au nouvel enlèvement de l'ombre. Sa faute, et uniquement la sienne. Si elle crève, il aura de quoi s'en vouloir toute sa vie.
Offrant un regard empli de culpabilité à la Mustélide qui vient se porter à son secours, il reste muet et s'agrippe avec peine à elle. Jamais il ne s'était senti aussi impuissant. Dur retour à la réalité, après des mois de pillages victorieux, plus que probablement à l'origine des sentiments d'impunité totale et de toute puissance qui l'ont poussé à une telle inconscience. C'est seulement maintenant qu'il se rend compte qu'il aurait pu y passer, qu'il n'est pas immortel.

Le souffle lourd, il laisse Enjoy œuvrer, toujours incapable de prononcer le moindre mot. Que pourrait-il dire, de toute manière ? Que c'est à cause de lui si des semaines de traque ont été inutiles. D'une seconde à l'autre, il s'attend à subir les foudres de la Mustélide, sachant pertinemment qu'il n'aurait rien à lui répliquer. Mais les seules paroles lâchées par la Corleone se veulent réconfortantes. Aussi, il esquisse un maigre sourire en réponse et se fait violence pour ne pas crier de douleur lorsque le fer vient entrer en contact avec sa blessure. Ça fait mal pourtant, et les regards moqueurs des mercenaires ne font rien pour arranger le tout.

Merci. Et désolé.

C'est peu, mais c'est déjà beaucoup pour un Blondin à l'ego meurtri.

La nuit passe, soulageant la blessure physique mais aggravant le coup porté à son moral. Il n'a pas pu dormir, a passé les dernières à se remémorer la tournure désastreuse des évènement.

Alors, chancelant, encore faible, il se dirige en compagnie d'Enjoy dans la taverne du coin. Et boit. Lorsque la donzelle au loup pénètre dans la taverne, il met quelques secondes avant de se souvenir de son identité. Il n'a pas oublié son visage, l'ayant côtoyé quelques semaines en taverne, à Sarlat, avant de se livrer au pillage de la ville avec les forces conjointes des Corleone et des MacDouggal. Son sang ne fait qu'un tour. La donzelle a-t-elle perdu la raison pour ramener sa trogne ici.

La main se porte machinalement au pommeau de la rapière. D'un ton las, il signale sa présence:


Blond, je le suis. En revanche je ne suis pas Corleone. Mais je suppose que c'est moi que vous cherchez.

Péniblement, il se lève, jette un regard en coin à la Mustélide avant d'aller s'emparer dudit message, une lueur de curiosité dans le regard.

Pourquoi vous communiquez par écrit ? Z'avez perdu votre langue ? Oh... Je sais, vous allez dire que vous n'adressez pas la paroles aux vilains brigands de mon espèce...

Les yeux se portent vers l'écrit, un sourcil se hausse et un sourire s'étire sur la trogne du Blondin. Finalement, un éclat de rire est lâché avant que d'un signe de la main il n'invite la Mustélide à la rejoindre, lui tendant le pli.

Ton ancien beau-frère fait dans l'humour, maintenant.

Secouant la tête, il s'adresse à la messagère:


Y'a pas d'accent sur le E. La prochaine fois, on écrira la bonne orthographe en gros sur le mur de la mairie, histoire d'éviter de telles erreurs. Je sais qu'il ne faut pas trop en demander aux Périgourdins, alors on va vous laisser le temps de bien retenir, et on reviendra voir si vous avez bien retenu la leçon, un de ces jours.

Le regarde se porte de nouveau vers la Corleone. Elle seule décidera de la réponse à offrir au Danois.
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Umbra
Dans les ténèbres ambiantes gisait une carcasse ensanglantée. Echouée à même le sol humide, dans une léthargie proche du coma, l’Ombre demeurait parmi l’obscurité béante. Retour à la case départ, plus détruite que jamais. La dextre prisonnière d’une menotte qui lui rongeait la chair du poignet foulé, le membre suspendu en l’air par les liens de métal, elle laissait son maigre corps choir dans la moisissure environnante. Elle avait frôlé la liberté de si peu que la réincarcération n’avait jamais été si ravageuse. Des larmes roulaient silencieusement sur son faciès râpé. Umbra était anéantie, Soren avait réussi. Son être implosait insidieusement et même la douleur physique pourtant intense au vue des blessures ne valait rien face à son abattement. Les yeux noyés de sanglots, elle divaguait vers d’autres réalités moins tourmentées. La Noiraude voguait à mi-chemin entre la vie et la mort. Priant pour que l’Ankou l’emporte rapidement sur sa charrette aux essieux grinçant, elle –même n’ayant plus la force de marcher au près de la Faucheuse.

Les images de la veille défilaient inlassablement dans sa mémoire tandis que chaque blessure s’avivait vicieusement à leur souvenir. Son épaule, par chance, n’avait pas été démise malgré les puissantes mâchoires canines. Le sang avait coagulé sur son chemisier mais Ombeline n’osait solliciter son bras pour le moment. Elle le laissait ballant contre son poitrail décharné. Ce dernier d’ailleurs, avait lui aussi pris un coup. La chute avait été plus violente que ne laissait croire l’atterrissage dans les fougères. Deux côtes s’étaient fêlées dans la cascade, réduisant ses inspirations à de faibles halètements pour ne pas se tordre de souffrance. La respiration s’embuait dans l’atmosphère gelée. Ses dents claquaient nerveusement et ses lèvres se teintaient de bleu pendant que sa carcasse s’ébrouait douloureusement pour se réchauffer.

La jeune fille avait difficilement tenu le pas de course du danois et ses jambes, aujourd’hui, étaient courbaturées autant de froid que d’effort. Dans son esprit résonnait encore sa menace. Ce sadique aurait du la laisser crever sous les crocs de la meute plutôt que de prolonger son agonie au fond de cette cellule miteuse. Même si, à l’instant, elle était enfin prête à coopérer, elle ne pouvait rien divulguer car réellement, elle ignorait tout. L’Ombre n’avait été qu’un pantin dans cette affaire, elle avait prêté ses bras à la Famiglia sans plus de raisons valables que le chaos et l’argent. Maintenant, elle se retrouvait entre les mains d’un tortionnaire qui exigeait des réponses dont elle ne connaissait même pas la question.

La garde à l’entrée de la caverne avait été renforcée, Umbra entendait les pas réguliers des geôliers, leurs chuchotements pour passer le temps et la relève. Dans la cohue de la dernière journée, elle avait remarqué la présence de Plume mais pas celles des Corleone et c’est pourquoi les propos de Soren restaient incompréhensibles pour elle. A mille lieues d’imaginer que son Clan vienne la secourir, elle maudissait encore et toujours sa visiteuse de l’avoir abandonné. Exténuée, la Noiraude s’endormit, ivre de douleur, ne se doutant pas qu’au dessus de sa tête, d’autres s’enivraient pour oublier leur défaite.

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[Mode Tamago du 20/12 au 02/01, si RP urgent me contacter par courrier IG Bonnes fêtes à tous et à l'année prochaine!]
Enjoy
    ~ La taverne encore & toujours ~

    En d'autres circonstances, ses pieds n'auraient jamais honorés de leur présence l'assemblée des badauds Périgourdins. Lors d'une traque, on reste à l'affût mais fallait une liqueur sirupeuse en guise de baume pour l'ego meurtri d'un blondin. Sa comparse, quant à elle, fidèle à ses principes n'écluse aucunement. Même si parfois le besoin s'en fait sentir grandement. Entre rires gras, lèvres souillées et baveuses, les faciès conquérants ont, aujourd'hui, triste mine. La défaite a un goût acre. Une saveur que les siens n'ont plus connus depuis des lustres. Alors le simple revers d'une chasse chaotique harcèle le moral de sa troupe. Sa petite troupe à la frimousse teintée d'innocence.

    Sur le seuil, l'inconscience fait son entrée. Un rictus se fige sur le charmant visage de la Corleone. Belle en apparence, d'une nature différente à l'intérieur. Voici que les traits d'une opportunité appétissante se dessinent sous ses yeux. Les onyx de la désormais Lionne scintillent plus que de raison. A croire que l'échec d'une nuit la change en bête. Prête à fondre sur cette frêle proie toutes griffes dehors. Chose qu'elle n'aura pas à faire car bien loin des clichés, la réalité propose toujours une alternative. Que certains jugeront de peu spectaculaire mais au combien efficace. Ainsi donc, au sein de l'embrasure de la porte, une ombre imposante épouse la silhouette de la seconde de Seurn. Une masse complice, l'un des hommes de la Corleone, qui coupe toutes possibilités de retraite.

    Finalement. Finalement, le seul écueil restant n'est rien d'autre qu'un loup. Afin d'enjamber ce problème de taille, il faut une solution équivalente. Le regard sombre de l'italienne jauge son entourage proche. Des gueux avides d'argent mêlés à de la canaille. Un mélange détonnant. Et pendant que Tynop s'assure de la bienséance, elle, s'assure de quelques renforts improvisés. Suite à l'invitation du blond, la Corleone le rejoint en silence. Le pli tendu est lu. Le piège se resserre doucement. En quelques mouvements, les complices engraissés par les écus, s'empressent de bloquer le loup dans un coin. Une large couverture le recouvre entièrement sous les railleries inappropriées de cette fosse commune, qu'elle tient pour semblables. Quant à Plume, la voici prisonnière sous l'emprise de cet homme deux fois plus large qu'elle. Et avec en face, le miroir de son inquiétude à venir. La Corleone assène un coup de poing violent dans l'estomac de la brunette suivi d'un autre.

    Enfin, le cortège s'éclipse pour retourner à la cabane abandonnée. Avec à leurs côtés, une prise de choix. La chasse est toujours ouverte.


    Citation:
    De Enjoy Corleone,
    Au sot Søren Mac Fadyen Irrité

    Saluti !

    Visiblement les règles du jeu ont changé. Nous comprenons bien mieux la facilité déconcertante avec laquelle, nous avons pris votre cité. Commettre l'erreur la plus improbable qui soit d'envoyer une jeune donzelle débutante en guise de messagère. A moins que vous ne soyez bien plus cruel qu'il n'y paraît. Mes hommes et moi, n'en avons fait qu'une bouchée.

    Vous détenez notre complice. Nous en faisons de même. Et si vous osez la maltraiter, nous espérons qu'une éternité suffira pour que vous assembliez un à un les morceaux de notre captive. Si de votre côté, le doute est permis. Sachez que du nôtre, nos paroles sont toujours des certitudes.

    Ainsi donc, nous procéderons bel et bien à un échange. Umbra contre votre brune. Il aura lieu près de la bicoque abandonnée du garde chasse. Vous viendrez seul. Au moindre mouvement suspect, je l'égorge. Si vous respectez les clauses de ce présent pacte, vous aurez la vie sauve et votre dû.

    Ceci est non négociable.

    Enjoy Corleone

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Plumenoire
[Une erreur ... une inattention ...]

La brunette observait, amusée, le blondinet. Lui donne le message et l’écoute.

Je parle aux canailles … la preuve, me voici et je vous parle. Je laisse juste le « chef » vous transmettre ses amitiés.

Un sourire en coin se dessine sur les lèvres de Plume.

Que voulez-vous, les Danois n’ont pas la même orthographe que nous !

Leur cheffe. Enjoy, de ceux qui ont mené le coup contre Sarlat. Elle arrive, elle lit, la brune attend sa réponse. Mais bientôt se sont des grognements qui lui font tourner la tête. Evil. Là. Acculé. Prêt à bondir. La couverture.
La brune esquisse un mouvement vers son ami à quatre pattes lorsque deux bras musclés l’attrapent.
Un piège.

Le regard glacial se tourne vers celui de la Corleone et le soutient, effronté, insolent aussi. Un premier coup de poing la fait se plier en deux … Enfin, c’est ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas été retenue. Le souffle court, elle accuse le deuxième, étouffant grognement de douleur sur grognement. Les jambes tiennent bon, grâce au colosse surement.
Les mèches tombent devant son visage, elle cherche à reprendre son souffle lorsqu’on l’emmène.
Après un moment à essayer de se débattre en vain, si ce n’est pour recevoir des coups la faisant avancer, la brune plonge dans ses sombres pensées.

Où est Evil ? Va-t-il bien ? Que fait Seurn ? Que fera-t-il ? Lui en voudra-t-il ? Va-t-elle être torturée ? Tuée ? Servira-t-elle de monnaie d’échange ? Surement … Au moins une question à laquelle elle peut répondre.
Elle a confiance en le blond, mais il est imprévisible … parfois trop !
La question est maintenant, que doit-elle faire ? Les suivre gentiment ? Obéir ? Ou ….

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Soren
[Sarlat, bureau de la maréchaussée du Périgord et de l'Angoumois]

- Prisonnière?!?!?!? Prisonnière des Corleone? Ah ça alors!

La tête baissée, le messager se tient penaud devant moi, n'osant bouger pendant que d'un geste de colère du pied, je repousse le bureau devant moi. L'encrier bascule dans le vide, déversant son contenu entre les jointures des planches de bois. Deux plumes atterrissent au même endroit quelques instants plus tard, leur blancheur immaculée se teintant alors de noir.

- Rhaaaa! Est-elle maréchale ou paysanne?

Impossible de rester debout. Il faut que je me lève et que j'arpente la pièce de long en large à la recherche d'une solution. Le message n'est toujours pas partie. Mes paroles ne s'adressent pas vraiment à lui. Je ne fais que réfléchir à voix haute.

- Rhaaaa! Est-elle maréchale ou paysanne? Se faire prendre alors qu'on les avait à notre pogne, c'est rageant!

Ai-je vraiment le choix? Si je secours Plume, je perds ma monnaie d'échange et tout espoir de questionner Syu. Le dernier espoir de connaître jamais la vérité qui s'envole... Attaquer? Les prendre d'assaut mettrait la vie de Plume en danger. Là, tant qu'elle est leur prisonnière, ils ne lui feront rien de mal. Elle a trop de valeur pour elle... Gagner du temps? Se repositionner de manière plus favorable. Oui, mais comment?

En face de moi, une armoire remplie de dossiers : passage au guet de Sarlat, rapport des maréchaux, liste des malfrats classés selon la nature de leurs méfaits habituellement constatés. Au fond, une bouteille de Nectar Bergerare. C'est elle que je suis venu chercher. Rapprochant la chaise du bureau, je viens déposer les pieds, croisés, sur ce dernier. Un ploc significatif se fait entendre suivi du gargouillis d'un liquide qui coule dans une gorge. La bouteille, bien que non vide, vient frapper violemment le mur opposé après que j'eus décidé que j'en avais assez.


- Fichu bordel!

La chaise qui se balançait jusqu'àlors sur ses deux pieds arrière retrouve soudainement sa stabilité lorsque je bascule vers l'avant. Dans le tiroir du bureau, une plume, un vélin, un autre encrier. La plume glissa sur la feuille de manière effrénée, se couvrant rapidement de pattes de mouches. Mes lèvres bougent mais ne produisent aucun son pendant que je relis ma prose.

- Tu as été capable de me ramener ce torchon Corleone? Tu seras capable de les retrouver et de leur porter...ceci!

Citation:
    De Søren MacFadyen Eriksen
    A Enjoy MacDouggal Corléone

    Chère belle soeur,

    De un, il est dommage qu'une MacDouggal ne sache pas que "Mac" est un préfixe et donc se colle aux fesses des Fadyen. De deux, il est regrettable que tu aies voulu occultes mes origines paternelles car, dans l'affaire qui nous préoccupe, elles sont plus souvent sollicitées que mes origines maternelles.

    Mais pour en revenir à l'essentiel, j'accepte ta proposition. Je tiens aussi à ajouter que si le moindre mal est fait à Plume, c'est ta Corléone qui en paiera le prix et ceux-ci ont connu une croissance importante depuis le pillage de Sarlat.

    Mes hommes se tiendront à distance respectable, c'est à dire à portée de cor. Tu viens seule avec Plume puisque tu me demandes d'être seul. Si tu ne respectes pas cette clause, je te promets un bain de sang, foi de danois.

    Avec mes salutations les plus familiales,

    Søren MacFadyen Eriksen



[Caverne aux bisons, quelque part dans les alentours de Sarlat]

Le bruit de mes bottes martelant la pierre au sol se répercutent en écho dans toute la galerie. Il y a trop de pensées qui s'entrechoquent dans mon esprit. Trop de haine. Trop de dépit. Les mâchoires sont serrées, les traits sévères, tirés. Il me faut lâcher mon petit jouet et j'ai du mal à l'envisager. Plume for fanden! Pourquoi t'es-tu faite prendre? Réalises-tu le prix demandé pour ta libération? Combien cela me coûte?

- Lève-toi...

Cette fois, je n'ai aucune condescendance pour la Corleone qui git au sol.

- Lève-toi je te dis!

Sans même attendre sa réaction, je le soulève du sol en tirant sur ses chaînes et en venant la plaquer rudement contre la paroi de la caverne.

- Écoute-moi, tes amis ont accepté de négocier. Je vais donc te rendre ta liberté mais comme je n'ai pas obtenu exactement ce que je souhaitais, tu vas devoir compenser pour leurs pingreries. Alors, tu vas faire exactement ce que je te dis si tu ne veux pas revenir me voir rapidement. C'est compris?!?!? C'EST COMPRIS??????

Les mots ne suffisent parfois pas. Ce soir, mes considérations humaines sont enfouies sous un tas de feuilles mortes que je piétine allègrement, sans aucun regret. Ce soir, la bête qui sommeille dans mon esprit tire sur ses chaînes pour se libérer et ravager tout sur son passage. Ce soir, elle me donne envie de se comporter comme elle. Je tire sur les chaînes qui entravent les mouvements de la brune. Je sais que ça doit lui faire mal quand le métal vient enserrer sa peau et presser ses os les uns contre les autres. Mon visage est proche, très proche du sien. Mes yeux viennent planter deux lances aiguisées dans son regard. Mes postillons viennent sans doute s'étaler sur sa face.

- C'est compris? Alors, écoute-moi. Voilà ce que tu vas faire...

[Bicoque du garde-chasse - Dans la forêt, aux environs de Sarlat]

Un rayon de soleil perce l'épais couvert végétal que la forêt nous prodigue. Celui-ci est tellement lumineux que je détourne un instant le regard, indisposé et grimaçant. Une brume fantomatique d'environ un pied de haut serpente entre les arbres et les buissons, semblant nimber toute la végétation dans une espère de ouate déliquescente. Au loin, un corbac fait entendre sa présence. Un Grand-Duc lui répond. Sur la rivière qui nous sépare de la maison du garde-chasse, Une famille de canard cancane en se dandinant des fesses dans l'eau fraîche du matin. Les rebords du pont branlant qui la surplombe sont recouverts de lierre qui s'emberlificotent sur toute la longueur. D'un signe de la tête, je signale la chose à ma prisonnière que je tiens fermement d'une main.

- Tu vois? Il n'y a pas que toi qui est enchaînée. Ceci dit, si ta chef fait ce qu'il faut, toi, tu seras libérée de ces entraves d'ici quelques instants. Pour ce pont en revanche, il lui faudra être patient... jusqu'à l'automne! Tu te rappelles ce que je t'ai dit n'est-ce pas? Je suis un homme patient mais si on abuse de cette abuse, mes origines scandinaves remontent vite à la surface! Ne l'oublie pas! Ça serait dommage pour toi que je doive abîmer ce joli minois!

Ça y est! Le moment est venu. De la main qui me reste, je m'assure que le cor se trouve à ma ceinture et...

- Enjoy!... Enjoy Corleone! Je viens t'apporter ton cadeau!... Montre-moi Plume!... Plume????... Parle-moi! T'ont-ils fait du mal?
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Umbra
Mille quatre cent soixante..Mille quatre cent soixante et un..Mille quatre cent soixante-deux…

Croupissant toujours dans l’obscurité, la captive se raccrochait vainement à la notion du temps. Celle-ci passait par le clapotis d’eau s’immisçant au travers des ancestrales fondations. Ploc..Ploc..Ploc.. Le goutte à goutte régulier résonnait dans la cellule sans que l’Ombre ne put discerner leur chute ni la flaque à terre. Elle comptait les chocs rythmés dans sa tête, s’imposant par cette pratique une valeur temporelle dans cette attente interminable. Le tic-tac avait des consonances aqueuses ici bas mais ce maigre battement lui permettait de se vider l’esprit, de ne pas songer à son sort, de ne pas penser à sa mort. Umbra fixait son entière attention au calcul de ce martèlement, oubliant tout, de sa douleur jusqu’à son agonie. Elle s’évinçait elle-même de sa propre conscient, sombrant peu à peu dans la folie.

Deux mille sept cent quatre vingt..Deux mille sept cent quatre vingt un..Deux mille sept cent quatre vingt trois.
- Tu as oublié Deux mille sept cent quatre vingt deux, recommence.

Assise face à la carcasse rongée par les fers, la Visiteuse était de retour. La Noiraude ne l’avait pas vu entrer, elle n’avait même pas entendu sa venue. Le fait qu’elle était là. Un sourire goguenard figé sur son visage, elle imposait de nouveau sa présence. Ombeline, qui s’évertuait jusqu’à présent à faire fi de son environnement, de son état, de son être, se retrouvait en une poignée de seconde de retour à la triste réalité : les poignets sanglants entravés, pataugeant parmi les brins de sa paillasse pourrissante, la douleur tiraillant son corps. Les yeux fixés sur son hôte, elle reprit son comptage dans un mutisme absolu.

Un..Deux..Trois

Alors qu’un bon litre s’était infiltré par les parois poreuses de la geôle, le bruit de pas lourds et assurés se rapprocha dangereusement. La porte vint s’éclater contre le mur, éblouissant la Bâtarde de la maigre clarté qui s’enfouit dans l’ouverture. La fureur incarnée fut irruption dans la pièce insalubre…

- Lève-toi... Lève-toi je te dis!

Bien que ce fut un ordre, l’Ombre n’eut ni le temps ni la force pour l’exécuter que le cliquetis métallique et douloureux se fit entendre. Suspendue à ses liens, la captive ne ressemblait plus qu’à un pantin meurtri, une poupée défigurée dont le marionnettiste danois se jouait. Elle paniquait, la figurine. Son cuir en carton se déchirait sous l’étirement forcé pour laisser jaillir de nouveau le liquide carmin. Elle souffrait, la sculpture articulée. Ses os de bois craquaient sous les mains du modeleur tortionnaire.

- C'est compris? Alors, écoute-moi. Voilà ce que tu vas faire...

Non, la prisonnière n’avait pas tout assimilé pour le coup. Comme la carcasse détériorée, sa matière grise s’était altérée. Dans sa misère, Umbra n’avait pas perdu que ses moyens physiques. Le peu d’espoir qu’elle gardait secrètement s’était consumée. Son courage couard avait été lapidé et sa logique ne savait plus comment réfléchir. Des amis disait-il ? Comme si la Noiraude avait eu des proches… Des connaissances, oui. Des compagnons d’infortune puis ceux de fortune mais pas d’amis, non. Personne pour épancher sa tristesse et sa solitude autre qu’une bouteille de gnôle infâme, personne sur qui se reposer quand l’épuisement se faisait sentir hormis une paillasse froide et miteuse. Personne pour la soutenir dans sa déchéance ou la relever dans sa misérable existence. Non, personne.

Ombeline écouta les murmures aux intonations nordiques. Bien qu’elle songeait que MacFayden tentait encore de la manipuler, s’essayant à faire vibrer la corde sensible de l’isolement, elle réagit. A aucun moment, la Bâtarde ne chercha à imaginer qu’il disait vrai et que réellement quelqu’un au dessus d’elle s’était démené pour la libérer, que quelque part dans ce monde, quelqu’un tenait suffisamment à elle pour avoir remarqué son absence et y pallier. Docilement, l’automate brisé corps et âme se résigna à obtempérer sans véritable espoir de liberté prochaine.


- Tu vois? Il n'y a pas que toi qui est enchaînée. Ceci dit, si ta chef fait ce qu'il faut, toi, tu seras libérée de ces entraves d'ici quelques instants. Pour ce pont en revanche, il lui faudra être patient... jusqu'à l'automne! Tu te rappelles ce que je t'ai dit n'est-ce pas? Je suis un homme patient mais si on abuse de cette abuse, mes origines scandinaves remontent vite à la surface! Ne l'oublie pas! Ça serait dommage pour toi que je doive abîmer ce joli minois!

Les menaces du ravisseur n’impressionnaient plus l’Ombre prisonnière. Menottes aux poings meurtris, elle se tenait immobile et muette près de Seurn. Pour le moment, la captive ne remarquait personne aux alentours, aucune trace de libération prochaine. Inerte, elle patienta, laissant voguer sa vision sur l’environnement. Le cadre avait des allures mystiques dans ce brouillard matinal. L’eau de la rivière dormait paisiblement comme si Mère Nature ignorait le sort d’Umbra. Le vent murmurait aux arbres touffus la situation et les feuilles frémissèrent à leur tour. Le monde semblait en apnée au même titre que la Noiraude. Bientôt quelques silhouettes se détachèrent du décor.

- Enjoy!... Enjoy Corleone! Je viens t'apporter ton cadeau!... Montre-moi Plume!... Plume????... Parle-moi! T'ont-ils fait du mal?

Le cœur d’Ombeline manqua un battement à l’appel. Son regard cerné s’écarquilla en un mélange de détresse et de soulagement indéfinissable cherchant à percer la brume. Les carrures fantomatiques s’avancèrent lentement et peu à peu, le visage de la Lionne se dessina. Comme un mirage, Enjoy apparut. Figée sur place, la Bâtarde n’en cru pas ses yeux. La Corleone était réellement là, détenant Plume. Les iris fixés sur la Mustélide, la vision de l’Ombre se brouilla et silencieusement, des larmes roulèrent sur ses joues creuses.
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[Mode Tamago du 20/12 au 02/01, si RP urgent me contacter par courrier IG Bonnes fêtes à tous et à l'année prochaine!]
Enjoy
    A travers la brume, les silhouettes s'esquissent dans l'antre des contrastes. La pointe de sa lame picore le dos de sa captive. Son sort ne tient aucunement au fil faiblard d'une promesse. Mais bien d'une certitude. La distance entre la geôlière et son hôte n'existe que par la longueur de son épée. Ne pas se poster trop près afin d'éviter un soubresaut, le courage des inconscients. Ni trop éloignée afin de parer à toutes éventualités, notamment une tentative d'évasion. La fuite. Quant à la ponctualité, elle n'a pas omis d'être à l'heure. Les protagonistes se font doucement face tandis que le décor se fige. Entre bruissement timide des arbres, oiseaux aux chants aphones, et rivière contrite de s'écouler avec ce ruissellement habituel.

    Sous son regard le spectacle poignant. L'Ombre en lambeaux, les larmes aux joues. L'aigreur envahit les mets des émotions de la Corleone. Elle s'en doutait. Même si la dernière entrevue ne lui avait pas laissée le temps d'aborder les détails. Cette fois-ci, les choses sont toutes autres. Juchée auprès de sa proie, prête à l'embrocher au moindre écart. La Plume a été bien traitée jusqu'à présent. L'intérêt n'était pas à l'abîmer. Toutefois quelques coups dans l'estomac furent assénés lorsqu'elle ne filait pas droit. Et d'autres ont été adressés à sa compagnie lors de leurs moments d'égarements et leurs envies de cuisses faciles.

    Le prestige de la Sarladaise avait un goût amer. Un drôle de butin. Des poches pas aussi remplies que ne le laissait espérer la rumeur. Des morcellements initiés par des prétentions infondées. Le prémisse de jours obscurs, celui des multiples têtes sur la chimère de la rapine. Et en guise de couronne, l'enlèvement de sa, désormais, sœur. Son ex-beau frère dans le rôle du ravisseur. Vraiment, chienne de vie. Ses lèvres mutiques étouffent le grincement rageur de ses mâchoires. Il va payer ce faquin. Une pensée tristement ironique. A ne plus savoir qui de l'un ou de l'autre tenait le mauvais rôle. L'Italienne a la rancune tenace. Seulement, elle ne rend pas les coups de suite. Mais quand le plat froid de sa vengeance se pose devant les trognes infâmes, il a une saveur acre, celui de la pitance dégueulasse.

    Des paroles silencieuses, les échanges de regards suffisent. Ils ont le tintement de ses gouailles baveuses. Celles que l'on retrouve sans cesse. Elles dégoisent, elles dégueulent d'un flux continu de propos dénués d'intérêts. Alors, la Lionne continue d'entretenir ce jardin taiseux. De toute façon, elle n'avait rien à dire au bourreau. Peut être juste un mot ou deux à la Corneille. Histoire de confirmer sa présence, qu'elle s'extirpe définitivement de l'idée malsaine d'une hallucination. Un pauvre mirage.

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Plumenoire
La nuit était passée, longue, dans la crainte et les grondements sourds de la louve. Grondements qui lui avaient valus nombre de coups de pieds. Lorsqu’elle apprend que le Danois a accepté l’échange, elle hésite, mi heureuse, mi horrifiée, énervée.

Il ne l’abandonnait pas. Il n’était pas son protecteur pour rien ! De cela, elle s’en réjouissait. Cependant, elle se doutait de la rage dans laquelle elle l’avait surement plongé. Elle s’en voulait. Ils n’auraient pas les réponses qu’ils cherchaient.
Bientôt, Enjoy l’emmena … Vers où, elle n’en savait rien. Vers Seurn, elle l’espérait, elle le redoutait …


Enjoy!... Enjoy Corleone! Je viens t'apporter ton cadeau!... Montre-moi Plume!... Plume????... Parle-moi! T'ont-ils fait du mal?

Seurn ! Seurn ! Il était là … Un regard en coin vers sa geôlière, la brune continua d’avancer

Ne fait pas attention à moi Seurn ! J’vais bien ! Ils ne me feront rien ! Garde-la ! Laisse-moi t’inquiète pas pour moi ! Vas t en ! Apprends ce que tu veux savoir, après tu reviendras ! Pas avant !

Elle ne pouvait pas s’arrêter, mais si elle avait pu, elle l’aurait fait. Pilé des quatre fers et attendu qu’il ait obtenu ce qu’il souhaitait… Elle se contenta de planter son regard dans celui du blond. Elle devait l’affronter maintenant. Savoir qu’il lui en voulait. Elle devait le savoir maintenant, et se « relever » après.
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Soren
La tempête est là. Elle se déchaine soudain avec encore plus de vigueur lorsque Enjoy et Plume entre dans mon champs de vision. Une tempête qui ne mouille pas, qui ne décoiffe pas. Une tempête qui ne laisse aucune poudre blanche sur le sol. Mais une tempête qui n'en n'est pas moins dangereuse. La dualité a toujours été mon trait de caractères le plus fort. Se battre avec soi-même. Être confronter à des choix déchirants. Ne jamais être pleinement satisfait quelle que soit la décision prise. D'un côté Plume. De l'autre Syu. Cette fois cependant, il n'y a pas de choix. On ne parie pas sur l'improbable quand la certitude nous tend les mains. Cette fille que je domine d'une bonne tête, c'est sans doute ma dernière chance d'en avoir le coeur net sur toute cette foutue histoire. Une lourde respiration plus tard, je dois bien reconnaître que tu as gagné Syu. Tu m'as dit un jour que tu me tuerais si je te quittais. Tu as fait bien pire que ça. Tu m'oblige à vivre vivre avec le doute. Et tu sais que j'ai horreur de ça. Tu ajoutes un poids supplémentaire du côté du fardeau que je traîne derrière moi. La bannissement plutôt que la mort, le doute plutôt que la mort. Le Très-Haut-Geolier s'amuse avec moi plutôt que d'abattre sèchement sa hache sur ma nuque. Il préfère me casser un doigt, me couper un orteil, m'écorcher l'auriculaire jusqu'à la main. Cette lutte intérieure me donne envie de vomir. Mon ventre se creuse comme si toutes mes entrailles étaient attirés par l'oeil d'un cyclone. Ma main se refuse à obéir à ma tête. Le combat spirituelle se transporte sur le champ de bataille du physique. Tête contre main! Aucune stratégie. C'est un assaut frontal. Un choc d'une violence que seul moi peut percevoir. Des cris, des râles, le métal qui se déforme sur les coups de l'adversaire, les trainées de sang qui alimentent la soif sans fond de la terre, le sol qui se jonche de mourants qui exhalent leur dernier souffle...

Et puis le silence. La fin du combat. Sur la plaine, aucun chant de victoire ne résonne. Aucune suprématie ne célèbre. Ma main lâche sans même s'en rendre compte les mains de la Corleone. Prendre de la distance... Une poussée dans son dos


- File! Tu es libre...

Les combattants sont fatigués. Vainqueurs comme vaincus gisent l'un à côté de l'autre, toute vitalité et toute volonté hostile les ayant soudainement fuis. Ils ne sont plus que des pantins désarticulés dans un décor de désolation. Ils ont beaucoup plus de points en commun que de différends qui les ont mené à l'affrontement. Sur cette plaine dévastée, les lambeaux un drapeau brulé, troué, déchiré flotte encore au vent. Son orgueil s'est liquéfié dans cette orgie de sang. Il flotte parce que c'est là son rôle en tant que drapeau vainqueur. Il est fatigué comme les autres. Et il n'a qu'une envie : celle de se coucher lui aussi et de panser ses blessures.

Oui, tu as gagné Syuzanna NicDouggal.


- Ne te retourne pas. Ne t'arrête pas avant d'avoir rejoint Enjoy! Et évite la maréchale quand tu la croiseras!

Oh non! Surtout ne t'arrêtes pas car tu me tenterais trop...Un coup de folie. Plume à l'abri, je pourrais voir le beurre... et aussi l'argent du beurre. Même si cet argent vient d'un quelconque pillage! Avec toi, je me suis conduit comme le pire des Eriksen. J'ai laissé ma nature maudite parler. Agir. Diriger. Je l'ai voulu. J'en ai abusé même. J'ai voulu te casser, te soumettre à ma volonté. Tu dois me voir comme le pire des salaud et tu as raison. Je parie que tu es à mille lieues de penser que si tu sors meurtrie dans ta chair, moi, c'est dans mon âme que je le suis. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, chaque coup que je t'ai donné s'est répercuté en écho dans mon âme. Oui, tu as gagné Syuzanna NicDouggal. Récupérer Plume et disparaitre. Se dissiper dans la nature comme cette brume s'apprête elle-aussi à le faire. Quitter ces lieux et oublier toute cette histoire.
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Umbra
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Même le vent retenait son souffle. La rivière stagnait en attente du dénouement. En effet, de l’eau avait coulé sous les ponts depuis que l’Ombre avait été enlevée par Seurn et ses hommes. De part et d’autres des berges, ravisseurs et prisonniers languissaient de la libération. Une saison que les hostilités étaient engagées, chaque camp était épuisé de guerroyer. Umbra, quant à elle, était lasse de vivre. Sa survie avait causé des morts et des blessés. Trop de conséquences pour sa piètre existence. Valait-elle tout ce sang répandu ? Comblerait-elle toutes ces absences ? Panserait-elle toutes ces plaies ? Le prix de sa vie lui coutait cher à cet instant.

Aux poings du Danois se tenait une nouvelle Noiraude, différente de celle des prémices estivales. A sa botte, menottée, il ne restait que le tas d’une jeune femme brisée, piétinée par son bourreau. Le cuir tanné par les coups, la peau sur les os, toute sa souffrance ne se lisait pas sur ses cicatrices. On la percevait dans sa carcasse voutée, en son œil vide et ses lèvres closes. Ses tourments avaient éteint son regard, fissuré de rides prématurées son visage, obscurcit ses pensées et noircit son âme. Tous les hématomes et les plaies sanguinolentes ne faisaient pas le poids face aux traumatismes indélébiles qui saignaient son palpitant.

Une bruine glissait sur son faciès mais au fond de son être, c’était l’orage. Un typhon dans les tréfonds de son âme. Son espoir avait été balayé, ses sentiments étouffés pour qu’il ne reste qu’en surface, une bouche suffocante et un cœur asphyxié. Bientôt les liens de métal furent ôtés. Le cliquetis de la liberté avait un gout ferreux dans la gorge nouée d’Ombeline.


- File! Tu es libre...

Légère, transparente, inexistante, voilà comment se sentait-elle à cet instant. La Bâtarde avait fini par s’accoutumer de ses entraves. Son ventre vide ne grondait plus et aujourd’hui, tout reprenait vie. Un pied devant l’autre, la jeune femme titubait comme un enfant apprenant à marcher. Elle n’osait à peine inspirer l’air pur, craignant de perdre sa respiration. A demeurer trop longtemps en cage, l’Ombre trouvait maintenant le monde trop vaste. Les larmes noyaient les sillons de ses joues tandis que lentement, elle s’approchait du pont. Umbra chancelait entre la vie et la mort, intérieurement déséquilibrée. Une seconde fois, dans sa courte existence, on lui imposait la survivance. Elle était bien à l’abri des regards dans le couvent de Dunkerque avant que Moran ne lui insuffle une once de puissance. Elle était bien à l’abri du monde dans la Caverne aux bisons avant que Corleone ne lui offre de l’importance. Ce prestige avait-il réellement de la valeur ?

Les lattes de bois craquaient sous ses pas, à moins que ce soit ses articulations rouillées. Son corps se balançait de droite à gauche, espérant qu’il vacille pour de bon et tombe à l’eau. Etait-ce finalement une bénédiction qu’Enjoy accoure ? La Noiraude avait des doutes. Sa propre existence lui faisait tout à coup peur mais heureusement Elle était revenue pour partager son calvaire. La visiteuse était là, vivante, à ses côtés. Ombeline ne repartait pas seule de son isolement. Les bottes touchèrent la rive d’en face et à quelques pas de la Lionne, les genoux s’écrasèrent dans la terre. La Bâtarde s’écroula à ses pieds, anéantie. Tout son être soubresauta sous le choc de violents sanglots, impuissante dans son accablement. La jeune femme était en vie.

Face contre terre, l’Ombre gisait dans ses larmes. Sa renaissance la tuait. Difficilement, sa dextre se traina au sol en direction de sa sauveuse. Umbra, qui se croyait déjà morte, mesurait tout le poids de sa survivance. Le destin semblait si lourd de conséquences. Les doigts vinrent frôler la silhouette de la Mustélide. Oui, tout ceci était bel et bien vrai. Quelque chose de concret sous la pulpe de ses doigts, mieux que l’espoir, la réalité. Et tout pesait en elle, son cœur était gros, si gros. Prêt à exploser, il claque. Prête à crever, elle craque. La Noiraude implosait. Les ongles raclèrent la terre environnante, Ombeline remercia de ne pas ou du moins, de ne plus être en dessous. Le torrent de larmes s’assécha et la Bâtarde redressa son visage souillé en direction d’Enjoy. Ses iris de jais cherchèrent ces semblables avant que ses lippes ne se tordirent en un inaudible:


Merci.
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[Mode Tamago du 20/12 au 02/01, si RP urgent me contacter par courrier IG Bonnes fêtes à tous et à l'année prochaine!]
Enjoy
    Le miroitement de la victoire est bien faiblard. Sa récompense espérée est une frêle silhouette. Tant de sueur, de peur, de temps perdu pour cueillir une fleur fanée. L'étendue noirâtre et salée de son regard souffre d'une sécheresse lacrymale. L'erg des esclaves de la vanité. Le fouet de l'amour-propre claque sur leur dos courbé. La souffrance des non-dits. Puis un jour, l'être malade à en crever se recroqueville dans sa couche. Essuyant ses joues d'une peine incommensurable. Le fardeau d'un titan déchu. L'Atlas las et usé. Elle est à cet image rude et fragile à la fois. Soutenir à bout de bras l'action de ce monde. Sans en récolter le moindre trophée, ni même un havre. Juste la lave de larmes brûlantes sur l'épiderme hâve de sa cadette. Et l'Italienne ne cède rien, ne tisse aucun lien. Sans jamais le voir venir, le fil distendu attend l'aiguille d'une couturière novice. L'hypothétique broderie d'une connexion timide.

    Baisse la tête foutue Corleone, observe-la. Sa détresse, son affliction, ses...faiblesses. Tu es aussi friable qu'elle. Aussi perdue. Tu es juste une bien meilleure comédienne. Mais qui crois-tu duper ? Que penses-tu qu'il arrivera le jour où la herse des apparences se relèvera ? Et bien, tu te coucheras. Comme tous les autres. Peut être que ta chute n'en sera que plus douloureuse car à feindre, à se tenir debout. Rien que le fait de poser un genoux à terre sonnera le glas de la toile cassante de tes convictions. Tu sommeilleras alors dans l'abîme, dans la bile de ta détermination labile. Adresse-lui ta maladresse. Donne-lui une raison d'éclater en sanglots, de louer ses pleurs, de se sacrifier en supplique. Sois humaine foutue chienne !

    Le fauchon épouse toujours la projection de son bras tendu. La pointe harcèle encore le dos de sa captive. Sa main libre s'accapare du col de l'Ombre. Tenter de la relever, la loi de la nature est cruelle. La survie est un de ses codes, elles ne peuvent rester ici, pas en cette compagnie. L'agacement de la Lionne se fait sentir lorsque ses traits grimacent légèrement. Elle est venue la sauver, certainement pas pour y laisser la peau. La noiraude est une corneille et non un phœnix. Mais la fuite demandera qu'elle renaisse de ses cendres. Impossible n'est pas Corleone, les deux possèdent le même sang, les mêmes gènes qui gênent. Alors dans un ultime effort, son butin vivant revient dans son giron. Le visage tuméfié d'Umbra blottit contre son épaule. Le bras libre de la Corleone entoure le corps meurtri, et le duo hors-la-loi s'éloigne d'un pas lent. Si l'une souffre de ne pouvoir se mouvoir avec aisance, l'autre endure la charge réelle ainsi que celle de sa protection. Elles reculent laissant sur place son ancienne prisonnière. Plume. Qui retrouvera son loup enfermé dans le sous-sol de la taverne. Le lieu de l'altercation, l'endroit de sa plus grossière erreur. Un retournement de situation des plus profitable. Pour les deux parties. Si Seurn désirait en savoir plus. Peut être qu'un simple entretien aurait suffit. L'escalade de la violence sur la paroi acérée de ses errances. Quelle déchéance...

    ~ Retour au repère ~

    La forêt ingurgite ses hôtes et reprend ses droits. Les comparses sont assimilées derrière l'épaisseur chlorophyllienne. Les êtres se carapatent dans l'aphasie désormais révolue. Les seigneurs des cieux reprennent leur mélopée, les feuilles frémissent de nouveau sous les caresses du vent joueur. Le monde continue de tourner, les corps de vibrer, et le temps de grisonner. A l'abri le physique va cicatriser doucement tandis que le pus va s'exsuder goutte par goutte. Sécrétions d'un esprit désormais mutilé. L'aînée tire une chaise pour la blessée, les mâchoires se desserrent, les lèvres suivent péniblement.


    Je n'allais pas laisser crever ma...sœur.

    A cet instant, l'épée de Damoclès la menace encore plus qu'autrefois. La Corleone vient d'ouvrir la boite de Pandore. Elle en subira les conséquences. Son sang bouillonnant s'écoulera sur le parquet abrasé d'un bouge quelconque. Le traumatisme de l'abandon. Mais pour l'heure, ses veines sont prêtes à exploser sous l'action de son palpitant. Et pour une fois, l'italienne se déride et lui sourit tendrement. Une esquisse maladroite afin de graver son visage, celui d'une sauveuse improvisée, dans la mémoire de sa puînée. La transmission d'une appartenance comme le font les chiens galeux entre eux.

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Soren
[This is the end my friend*]

C'est ici que tout a commencé : mon arrivée dans le Périgord. Mon installation aux Amazones, à Sarlat, dans cette même chambre. Sur la petite table de chevet à gauche, une bouteille de Whisky roule sur son flanc, aux trois-quarts vide. Oui, une bouteille de Whisky et pas de bière! Le Whisky, c'était sa boisson. Ça aurait aussi pu être la même si j'avais été élevé auprès de mes parents. De l'autre côté, sur la même petite table, git mon poignard danois avec ces initiales entrelacées** : S.E... Søren Eriksen. Un poignard qui datait du temps où MacFadyen ne signifiait rien pour moi. Derrière le poignard, mon sac est ouvert. Son contenu est éparpillé partout : amadou, briquet, corde... et quelques feuilles à mâcher. Certaines soignent. D'autres sont simplement bon au gout. Les dernières? Elles me servent à oublier quand mon esprit est tourmenté comme aujourd'hui. Allongé sur le lit, torse nu, les gouttes de sueur dégoulinent de mon front jusque dans mon cou. Mon regard fixe le plafond, vers ce chandelier autour duquel tournent des souvenirs douloureux. J'ai l'impression que mon avenir et mon passé s'entremêlent dans un maelström de feu. Je suis au milieu de cette tempête. Les flammes sont partout : en face, sur les côtés, derrière, au dessus de moi. Je suis prisonnier d'un dôme incandescent. Il n'y a aucune échappatoire possible excepté faire partie intégrante de ce brasier. This is the end... C'est ici que tout a commencé. Le renversement de l'autorité municipale, les combats contre les Corleone et leurs alliés... Les MacDouggal! Une flamme ardent vient me lécher les cuisses à l'évocation de ce nom. MacDouggal... Mon visage reste impassible malgré tout. Ce ne sont que des souvenirs, des reliefs du passé... ou de l'avenir. Et puis vient la capture de cette Corleone! Sévices, brutalités, besoin de casser sa volonté... J'ai perdu mes repères. J'ai laissé la partie la plus noire prendre le contrôle de moi, un peu comme sur un champ de bataille. Ici, la violence est devenue une chose normale qui n'a plus rien d'extraordinaire ou de révoltant. Ici, la violence qui se déchaine est synonyme de survie. Les cadavres s'entassent autour de moi. Les membres volent et le sol se teinte de rouge. Toute le sens de la vie se résume en une simple phrase : tue ou sois tué. Il n'a pas d'échappatoire. Le feu est partout. Il t'entoure, te coupant toute possibilité de retraite. Nous devons les tuer. Nous devons les incinérer. Porc après porc. Vache après vache. Village après village. Armée après armée***.

C'est ici que tout finira aussi. Cette opération est un vrai désastre. Tout ce que j'y ai gagné, c'est la hargne qu'elle doit avoir à mon encontre...La hargne ou le vide. S'il lui reste encore un semblant d'humanité, si je ne l'ai pas détruit totalement, réduite à la folie et à la sénilité, alors j'ai fait d'elle une ennemie mortelle. Je me suis comporté comme lui. J'ai voulu asservir son esprit, la soumettre totalement à ma volonté, quitte à la perdre. C'est sa façon de faire. Il ne me l'a jamais enseigné mais il faut croire que malgré tout j'en suis imprégné après toutes ces années passées à ces côtés. Le sang des Eriksen, ce terreau fertile à tant d'infamie. C'est fini... Elle a regagné sa compagnie et moi j'ai tout perdu. Elle? Elle y a peut-être laissé son esprit. J'ai failli. Lui, il n'aurait jamais failli. Enjoy aurait perdu face à lui. Oui, il aurait organisé l'échange. Oui, il aurait rencontré Enjoy non loin de ce pont dans cette forêt. Mais il ne l'aurait jamais libéré. Lui, il aurait sacrifié Plume. Il aurait attendu qu'Enjoy le voit, qu'elle soit aux premières loges pour savourer le spectacle...et il aurait tranché la gorge de son otage. D'un seul coup. Hier soir, j’ai observé un escargot qui rampait le long d’un rasoir... C’est mon rêve... C’est mon cauchemar... Ramper, glisser le long du fil de la lame d’un rasoir et survivre****. Cette image me hante, elle dévore la partie censée de mon esprit. Elle gagne du terrible, inexorablement, tranquillement, sans faire de bruit, comme la peste noire. Peut-on ainsi glisser vers l'horreur sans même s'en rendre compte? Je n'aime pas la réponse à cette question. Elle me rappelle mes faiblesses.

Il fait chaud sous le soleil d'été du Périgord. Trop chaud. Les flammes se sont encore rapprochées. C'est ici tout finira sous peu. Elles attendent juste le bon moment pour se jeter sur moi. Elles savent patienter car elles comprennent qu'avec le temps qui passe, je perds pied progressivement. L'abîme est au dessous de moi, là à quelques pieds devant moi. Qu'y a t-il de pire? Le fait de tomber? Ou le fait de savoir que l'on va tomber? Tout s'embrouille dans ma tête. Je lutte pour ma vie. Je sais que je dois le tuer. Je suis venu pour ça. Je dois le tuer... et vite! Avant que ce toit ne me tombe sur la tête*****. Le feu a pris un acompte. Mon visage en porte les stigmates******. Dans la rue, les passants me crachent dessus. Quand je tends la main pour quémander un écu, c'est un coup de bottes que je reçois. On se gausse de moi, de cette loque humaine que je suis devenu et dont même la mort ne veut pas encore. Mes jambes ne me portent plus******. Je ne peux que me trainer pour avancer. Je suis un escargot qui a trop longtemps marché sur le fil du rasoir. Les souvenirs se fondent les uns aux autres. Ils se liquéfient dans mon esprit pour ne plus faire qu'une mixture infâme digne de la plus hideuse des sorcières. Comment ai-je pu descendre ainsi perdre pied? J'ai descendu une pente glissante qui m'a mené jusqu'à la mort, et même jusque dans les limbes*******, et l'origine de cette pente, c'est une petite Corleone aux cheveux bruns. La vie est le cauchemar de ceux qui la rêve********.

This is the end...


* Apocalypse Now - Un film de Francis Ford Coppola - Musique des Doors.
** Cf le RP "L'Hostel particulier des Houx-rouge"
*** Colonel Walter E. Kurtz - Apocalypse Now.
**** Colonel Walter E. Kurtz - Apocalypse Now.
***** Voir le RP "Un Eriksen paie toujours ses dettes"
****** Voir le RP "Les corbeaux ont-ils une cervelle d'oiseau ?"
******* Voir le RP "Morituri te salutant"
******** Apocalypse Now

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