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[RP] "Oh, juste un doigt...

Umbra
- Vous ne voulez pas un whisky d'abord?" *

[Ventadour : où l’alcool nous joue des tours]

L’Ombre, cloitrée dans une chambre miteuse, broie du noir. Allongée sur un lit grinçant, elle fixe la porte en face, d’un air renfrogné. Non, elle ne la franchira pas et d’ailleurs, elle ne peut pas. Premièrement parce que son état physique calamiteux l’en empêche et deuxièmement, parce que sa conscience lui interdit.

Umbra, les bras croisés, rumine d’un œil sombre, les événements qui l’ont mené jusque là : Tout d’abord, son grand retour que peu ont dû remarquer s’en suivi la prise de Murat qui lui permit d’élargir sa bibliothèque. Le nouvel ouvrage est d’ailleurs posé sur la table de chevet. Cette dernière est poussiéreuse à souhait, en plus branlante. La pellicule de salissure forme à lui seul un napperon crasseux et le poids du livre rend bancale le tout…Bref, on s’en fout ! Les iris charbonneuses se détournent du décor pour se figer au plafond en un soupir.

En vérité, ce qui la cloue au pieu, c’est un carreau d’arbalète planté de sang froid dans sa cuisse droite. Un comique tragique qui a le don de mettre sur les nerfs la Noiraude. Elle, de nature silencieuse, réfléchie et asociale, dotée d’un verbe riche et d’une patience sans limite, beuglait comme un veau des insanités à tout va à autrui qui croisait son chemin sans lui venir en aide, parfois même les coups pleuvaient. La Solitaire avait besoin de présence. En somme, c’était le monde à l’envers.

Dans son malheur, un borgne tomba à pic. Alors qu’Ombeline n’avait plus les deux yeux en face des trous, le Cyclope l’a raccommoda tant bien que mal. Tord-fer qu’il s’appelait…Mais après le massacre –car oui, l’opération fut un carnage-, elle le baptisa Chauffe-fer. Cet ancien forgeron eut l’idée lumineuse de cautériser la plaie béante avec une barre de fer chauffée à blanc. Diagnostic : poils roussis, peau brûlée à moult degrés mais plaie refermée ! Résultat : échec cuisant sans faire de jeu de mots.

Rien qu’à y songer, sa jambe la lança atrocement. Les mâchoires crispées à s’en briser les dents, les poings serrés à s’en blanchir les jointures, la Bâtarde essayait de maîtriser le flot de douleur et de rage qui l’envahit.

Toute cette mésaventure pour une fringale d’après-cuite. Vous savez celle qui vous tord le bide parce qu’une fois que tout l’alcool ingurgité file dans vos veines, la panse est vide –et la vessie pleine !-.

Mâdame voulait du canard ! Mâdame est devenue un canard et boiteux en prime ! Mare ! La jouvencelle en avait déjà marre de devoir se reposer dans son coin…Coin !

Mais le plus tordant, c’est qu’après avoir tenté de lui refiler la gangrène, Tord-fer lui réclamait un dû. Son service allait coûter un doigt à l’Ombre ! Oui, oui ! Un doigt. Le borgne demandait une amputation avant même de la sauver d’une autre. En plus d’un œil, il lui manquait vraiment des cases à ce type-là. Umbra en avait maintenant la certitude.

Le gros problème des fous, c’est qu’ils sont inconscients. La Noiraude se méfiait du Pique, la Cour Brissel avait sa réputation et il ne lui semblait pas judicieux de voler dans les plumes du palmipède. A la suite d’un profond sommeil causé par une trop intense réflexion, Ombeline pensa avoir trouvé une solution. Difficilement et non sans déverser quelques jurons, elle s’empara d’un vélin et gratta violemment l’infime cuir :




Au Borgne, si ton unique oeil te permet de lire ces quelques lignes,

Si tu veux mon doigt, va falloir bouger ton cul mais mélange pas les deux, parait que ça pue.

Rendez-vous ce soir à l’auberge près de l’église.

Boiteusement,
L’Ombre d’un canard.

P.S : N’oublie pas la prune.


En relisant sa courte missive, la Bâtarde se rendit compte de sa vulgarité et de son amertume mais ne souhaita, pour autant, pas modifier la teneur de ses propos.

S’il croit que je vais être aimable en plus de ça, il s’fout l’doigt dans l’œil jusqu’au coude…grommela-t-elle en attachant son courrier à la patte d’un pigeon domestique.

* Citation tirée du film "La Cité de la Peur"

_________________
Tord_fer
- Il dit qu'il voit pas l'rapport.*

[Ventadour : Prêts des vautours]

Ventadour. C'est quoi c'nom tous pourris ?! Non mais sérieux ? Qui a déjà entendu parler de cette ville avant d'y faire un malencontreux détour ? Un détour à Ventadour. Pathétique. Mais bon le Borgne y était et il allait devoir prolongé légèrement sa halte dans cette....euh...ville.

Pour comprendre ce qui c'était passé à Murat, la ville voisine - et un peu plus célèbre- de Vend ta tour, il faut revenir quelques semaines encore en arrière dans la vie du Borgne, dans une ville dont il avait déjà oublié le nom.
Que c'était-il donc passé dans cette ville ?
Rien de bien inhabituelle dans la vie du Borgne. Il s'était pris deux carreaux d’Arbalètes. Un de le bras, et un dans le genoux. Pas forcement dans cette ordre. Une rencontre malencontreuse. Un maniaco d'la gâchette, susceptible de surcroît. Quelques insultes. Tord s’intéressant de trop prêt à la Blonde du Sire. Une vielle rancœur du Sire envers les Piques... Et Hop ! Enfin plutôt *PAN* *PAN*, deux carreaux dans la cuisse et un Borgne obligeait de ramper jusqu’à la taverne voisine pour se faire soigner. Bref, pathétique. Aussi Pathétique que "Ventadour".

Revenons maintenant à Murat.
- Si si y'a un rapport j'vous jure ! -
Tord Fer bien dans sa tête, bien dans son corps, entre dans la taverne en boitant (souvenez vous, la flèche dans le genoux, faut suivre un peu). Trébuchant sur une donzelle en rage, beuglant pire qu'une chèvre pris dans un piège à loup, le Borgne rencontra ainsi Ombeline. Il comprit plutôt rapidement, pour un homme comme lui, que la donzelle était en détresse, et comprit plus vite encore que sa détresse avait un rapport avec la sienne. Le maniaco d'la gâchette avait encore frappé. Bien que pour une fois il ne s'en pris pas à un Pique il y avait une histoire de canards derrière cette blessure d’après ce que baragouiner la mourante, et cela suffit comme raison au Borgne pour porter secours à la demoiselle en détresse. Un vrai prince charmant j'vous dit ! Ne voulant surtout pas que l'autre glandu a l'arbalète gagne en laissant crevée sa proie, c'est donc de bon cœur et sans arrière pensé aucune, que Tord pris soin de la pauvre femelle blessé.
Enfin, s'agissant du Borgne il y avait toujours une pensé malsaines à chacun de ses actes, outre le plaisir de mettre son doigt dans la plaie, et de toucher la cuisse d'une jeune femme... Mais faisons comme si il avait agit par piété et non par intérêt.
Comment la soigna-t-il ? En la cramant. Le Borgne aimait l'odeur de chaire roussit. Et si ça empêcher la brune de se vider de son sang, c'était forcement un duo gagnant. C'est tout aussi naturellement qu’après un tel acte de bravoure et de dons de soit, que Tord Fer réclama son dut.

Un doigt.

Aussi quand il reçut la lettre de l'infortuné, il ne se concentra guère sur la forme, souriant déjà en savourant le fond. Il allait donc finir par avoir son doigt. Si il venait le chercher. Pour ça pas de problème, elle n'allait quand même pas gâché son plaisir en se coupant elle-même cette excroissance de chaire inutile !
L'auberge près de l'église. Soit.
Il ne prit pas la peine de répondre à la lettre, après tout, elle verra bien assez vite si il acceptait l’invitation. Il s'empara de son couteau fétiche, et, après réflexion, prit aussi sa fiole de prune et se rendit à l'auberge.

Frais et pimpant comme à un rendez vous galant, le Borgne attendit la donzelle, couteau et prune à la main.
Quoi ? qui a parler de fleur ?


* On garde les mêmes référence !

_________________
Umbra
"Il bluffe.
- Pas sûr."
*

[Ventadour: où il vaudrait mieux se jeter du haut d'une tour]

Le "rencart" avait lieu dans une bonne demi-heure -enfin si le Borgne ne lui posait pas de lapin-. Ceci dit, l'Ombre n'aurait pas été contre pour le coup mais il semblait déterminé...A voir. En attendant l'heure fatidique, Umbra décida de sortir de sa chambrée. Les traits grimaçant, elle tentait vainement de s'habiller sans se faire mal. Fleur des pois lui avait donné quelques calmants qui ne donnaient effet que si la cuisse restait immobile. C'était déjà mieux que rien après tout.

La Noiraude débarbouilla sa tête de déterrée et s'observa un instant. Elle avait seize ans à tout casser et pourtant, son reflet dévoilait une femme bien plus brisée par le temps. De sombres cernes alourdissaient son regard charbonneux, sa tignasse bouclée n'était qu'un champ de bataille pour une brosse -et une attraction pour les poux-. On lui donnerait quasiment le double de son âge si on ne prêtait pas attention à sa carcasse filiforme. Était-ce l’enchaînement de toutes ces mésaventures qui avait gravé la colère sur son faciès? Ombeline, l'impassible, commençait à voir son masque de glace s'éfriter. Lentement, au rythme des coups durs, il se détériorait pour laisser paraître un visage bouillant de haine. La métamorphose n'était pas belle à regarder.

En claudiquant vers l'unique porte de sortie de sa piaule, elle grommelait. Arrivée au seuil de cette dernière, la Bâtarde hésita à sauter le pas. Allait-il venir ou non? Après tout, il ne lui avait pas répondu. Dans le doute, elle partit s'attabler dans la taverne dans un coin reculé où personne ne viendrait la faire chier...


Bonsoir ma petite dame, qu'est ce que je vous sers?

Merde.

Je vais vous prendre le plat du jour...annonça-t-elle sans aviser la carte.
Un magret de canard aux pommes pour la dame...autre chose?

En entendant le contenu de l'assiette, la jouvencelle blêmit.

Non, finalement, je vais vous prendre le plat de la veille...
- Une cuisse de canard et ses haricots?


L'Ombre secoua négativement la tête avant de rétorquer:

Non plus! Je vous prendrais le plat de demain!
- Des aiguillettes de cana...
-NON! Non mais c'est quoi votre problème?! On est pas dans le Sud que je sache, vous avez pas autre chose que du canard à bouffer ici?!


Le tenancier embarrassé, observa Umbra s'énerver et répondit penaud:

Bien, ma petite dame, c'est que mon épouse et moi venons de l'Ariège... Le canard est la spécialité de notre auberge...

D'un timide mouvement de tête, il désigna l'enseigne de sa taverne où l'on pouvait admirer un magnifique canard à trois pattes.

Non mais c'est quoi l'embrouille, là?! éructa-t-elle, On est où ici?!

Alors qu'elle attentdait une réponse du genre "à Ventadour", il lui répondit, déconcerté:

Bien, à l'auberge du canard à trois pattes, ma petite dame...

La respiration lourde et pesante de la Noiraude prouvait bien son état de fureur imminent. Par sécurité d'ailleurs, l'aubergiste fit quelques pas en retrait avant de demander une énième fois, d'une voix hésitante:

Désirez-vous quelque chose, ma petite dame...?
- UNE PRUNE ET SANS CANARD!**

Elle qui souhaitait rester discrète, fit détaler en une fraction de seconde le tavernier et accusa tous les regards noirs de l'assemblée. Ombeline se tassa dans son siège et maugréa en sourdine en attendant sa commande. La serveuse arriva alors à son tour et l'on pouvait deviner ses genoux tremblants sous son jupon. Elle posa le verre face à la Bâtarde qui semblait prise d'une profonde réflexion.

C'est...C'est la maison qui offre, ma dame... annonça-t-elle avant de déguerpir à l'abri vers son comptoir.

Ah! Bah, voilà une bonne nouvelle, enfin!


* référence again!
** le mot "canard", dans cette situation est un morceau de sucre que l'on imbibe d'eau-de-vie et que l'on consomme en digestif.

_________________
.opaline.
Barrez-vous, cons de mimes !*


Tu es une marionnette sans fils. Tu sais que quelqu'un gère tes faits et gestes mais tu ne sais pas qui. Tu luttes, de toutes tes forces mais rien ne se passe. Tu n'es pas acteur de la vie, tu la subies. Ce n'est pas toujours le cas, tu le sais, alors tu prends ton mal en patience. Tu le laisses te ronger, la ronger, tu en profites pour reprendre des forces.
Tu la détestes. Tu détestes son air désabusé, sa manière de parler et la couleur de ses cheveux. Tu la détestes.Tu détestes ce qu'elle est, la façon dont elle se voit mais par dessus tout, c'est ce qu'elle fait de toi que tu détestes.

Tu n'as pas eu mal. La question ne s'est pas posée. Tu l'as vu souffrir, tu l'as entendu grogner, tu as vu ce qu'il a fait de cette plaie béante et tu n'as rien fait. Ta lèvre s'est retroussé en un affreux sourire. Dédaigneux. Hautain. Tu as attendu. Patiemment. Tu es patiente, tu sais ce qui t'attends.

Elle est ton parfait opposé. De l'extérieur elle est sombre et morte alors que tu es vive. Pourtant l'enveloppe charnelle montre l'inverse. S'ils savaient. Si elle savait ce que Toi, tu sais. Tu sais que tu éxistes. Dans un recoin. Tu es toujours dans un recoin et elle s'anime, tu l'animes, lentement. Tu es viscieuse et tu aimes ça. Ton âme s'agite alors que tu commandes à boire.

A boire...
Elle boit toujours. Elle a toujours bu. Elle aime boire et tu aimes qu'elle le fasse. L'alcool se fait venin dont tu serais le précurseur. Et si la greluche savait qu'en gavant gratuitement Ombeline elle faisait naître autre chose, le ferait-elle?


L'auberge des canards... Quel choix Ombeline, encore une fois tu t'es surpassée! Depuis le temps que je te conseille de boire avant de sortir, nous aurions fait un meilleur choix... Nous...

Tu permets que je me pose?
Et tu te poseras là. Et comme un nuage brumeux avant la rosée du matin, personne ne fera attention à toi. Les pieds se lèvent sur la table et tu rabats ta capuche, le temps que le verre soit ingurgité.

Bois, Umbra, Bois.
Et laisses moi exister.




* Cité de la peur again and again.
Tord_fer
Crève pourriture communiste ! *

[Ventadour : Toujours.]

Le Borgne arriva devant l'auberge. L'attendre devant ? Pourquoi faire ? Quitte à attendre, autant attendre une chope à la main.
Il leva la tête vers le panneaux qui grinçait au vent. Il représenter un canard à trois pattes. Cela le fit sourire. Il se demanda si la Ritale avait fait exprès de donner rendez vous à un Pique à cette endroit. M'enfin la question ne lui resta pas bien longtemps dans la tête, il préférait penser à des doigts. Plein de petits doigts.
Doigts qu'il portait fièrement en collier autour de son cou.
Apres tous à quoi ça sert d'autre un doigt ?

Le Borgne poussa la lourde porte de l'auberge et entra en boitant à l’intérieur. Vous avez pas oubliez les histoires d’arbalètes hein ? Il ne fit que quelques pas et jeta un coup d’œil autour de lui. Enfin, jeta, non regarda. Il n'allait pas s'arracher les deux yeux quand même ! Enfin pas pour le moment du moins.
Il n'y avait pas foule, une dizaine de personne tout au plus. Son regard s'attarda sur la tavernière qu'il trouvait a son gout. Peu être s’occuperait-il d'elle après avoir récupérer son précieux dut.
Il mit un certain temps avant d’apercevoir qu'Umbra était déjà attablé un verre à la main.
Tans mieux.
Il n'aimait pas attendre.
Il se dirigea vers elle d'un pas lourd mais décidé, ignorant la tavernière qui c'était entre temps approché de lui un certain dégoût sur le visage afin de savoir si elle pouvait l'aider en quoique ce soit. Le Borgne sentait qu'elle aurait surtout voulut l'aider à sortir de la. Mais il ne vit pas la grimace qu'elle fit quand elle le vit se dirigeait vers la cinglé aux canards.

Arrivé à sa hauteur il posa avec violence la bouteille mal vieillit de prune sur la table ainsi que son couteau. Ça annonçait la couleur directement.
Il tira ensuite le tabouret vide qui se trouvait en face d'elle et s'assit avec difficulté, réprimant une grimace.
Avant de la salué il héla la tavernière de sa voix rauque et grave.


Mets moi la même chose Donzelle.

Il se tourna ensuite vers Ombeline sourire de conquérant au coin des lèvres. Il ne perdit pas son temps en salutation sommaire ni en toutes autres formes de politesse.

Bon choix d'auberge. J'te coupe l'quel alors ?

Tord direct ? NOOOOoon du tout, c'est un illusion auditives ! Si si c'est vrai.
La tavernière lui apporta vite sa prune et s'approchant pour lui demandé des pièce. Elle abandonna vite cette idée, ayant vue le couteau posé devant lui et avait entendu le mot "couper" il ne lui en fallut pas plus pour laisser ce couples étranges discutailler en paix. De plus le Sire dégageait une très forte odeur, mélange d’excrément et de sueur, et d'une autre chose qu'elle n'arrivait pas identifié. Une odeur cuivré qu'elle connaissait, qu'elle sentait une fois par mois...

Le borgne ne remercia pas la tavernière et la regarda s'en allait le visage blême comme si elle avait vue un revenant.
Hummm, il fera sa connaissance plus tard.
Tord regarda les mains d'Umbra avec attention. Lequel voulait-il ?


* Voir premier post^^

_________________
Umbra
"On ne peut pas tromper une personne mille fois... si, si on peut tromper mille personnes une fois... euh mille fois..."1

[Ventadour : où les rimes, ça devient lourd...]

L’Ombre entamait son verre de prune, le regard dans le vague. Le silence régnant après sa crise de nerfs dans la taverne était apaisant. Une étrange sensation parasitait la pensée d’Umbra. La désagréable impression d’être observée ne la quittait plus depuis qu’elle avait commandé sa boisson. Les iris charbonneuses balayèrent distraitement la salle mais personne ne semblait lui porter attention. Tant mieux, ce qui allait suivre ne devrait rester qu’entre quatre..euh trois yeux. L’esprit préoccupé par les prochains événements, la Noiraude vidait sa choppe comme du petit lait. L’habitude de boire des alcools forts et souvent immondes laissait son visage impassible. Aucun tord-boyau ne la mettait à bout mais l’idée que Tord-fer voulait un bout d’elle alors là… Ombeline sentit sa gorge se serrer et eut du mal déglutir sa gorgée.

Les mouches volaient dans l’auberge : en d’autres circonstances, ç’aurait été un bon présage hélas leur vol carré –oui, les mouches volent en carré !- ressemblait à celui qui annonce les gros orages. Quand tous les insectes ont les nerfs qui lâchent à cause de la pression atmosphérique : ils vous agressent alors que vous leur avez rien demandé ! Bref…En l’occurrence, le bourdonnement était un cigne ! Non, pas l’oiseau sur un lac… Mais le signe annonçant l’arrivée du canard. Pas le palmipède qui patauge dans sa mare, celui qui traine à la Cour Brissel. Pas étonnant que les mouches soient attirées par son fumet, on le sent des lieues à la ronde. Quand le Pique est recherché, on lance pas des avis de recherches, on lâche juste les limiers.

Il traina sa patte fol jusqu’à la tablée de la Bâtarde qui l’observait d’un œil noir. Il n’aurait pas pu poser un lapin avec sa guibole branlante ? Plus le temps de se lamenter, il était déjà face à elle. Sans ouvrir la bouche, les iris de jais roulèrent de la bouteille à la lame puis ses lèvres se crispèrent furtivement. Il avait rien oublié, le bougre. L’unique œil du Cyclope était rivé sur les doigts noueux qui étranglait le verre maintenant vide. Cela l’empêcha de remarquer le regard assassin qu’elle lui jeta quand il prit place. Pour attirer son attention, la jouvencelle rangea ses mains sous la table. De là, il n’avait plus aucune distraction possible. Plusieurs solutions s’offraient donc :

a) Se barrer à toute vitesse –pas facile quand on boite-
b) Le faire boire jusqu’à ce qu’il oublie jusqu’à sa naissance –possible mais dangereux-
c) L’endormir avec un débat philosophique –facile mais inutile dans la situation-
d) La réponse D2

Le choix était rude, l’Ombre décida donc de rétorquer de sa voix doucereuse empreinte d’ironie :


Avant de me couper quoique ce soit, verse-nous un verre et raconte-moi l’histoire de tes doigts…

D’un mouvement de tête, n’osant dévoiler ses mains, Umbra désigna son col. Elle savait quel collier macabre se cachait sous sa chemise et l’idée qu’un morceau de son être rejoigne de funeste bijou l’horripilait davantage. La tactique était, nous l’avions tous compris, perdre un maximum de temps.

Allez père Castor, raconte-nous une histoire même deux histoires!3 A vrai dire, autant d'histoires que tu as de doigts pendus autour du cou...


1) La Cité de la Peur -encore et encore ^^-
2) Qui veut gagner de l'argent en masse?
3) Père Castor

_________________
Tord_fer
-Prenez un chewing-gum Emile.*


[Ventadour : Roulement de tambour.]

J'vais prendre le super moite-moite !
Tord avala d'une gorgée son verre de prune. Apres avoir but l’alcool contenue dans le pots que Miya se trimbaler partout, il ne craignait plus rien !
Les précieux doigts qu'il fixait disparue sous la table. Le borgne grommela et reporta son attention sur Umbra, il n'avait plus grand choix. Elle lui demanda de lui raconter l'histoire de ces doigts. Bien si elle voulait, mais ça ne changera pas grand chose au faite qu'a la fin, il lui prendrait le sien. Et ainsi il aura même une autre histoire a raconter.
Soupirant fortement il passa une main sur son cou et détacha le collier qu'il avait caché sous sa chemise.
Il le déposa avec autant de délicatesse qu'il était possible. Le collier n'avait que deux doigts qui pendaient. Du moins pour le moment.
Le Borgne saisie le premier et le tourna à la lueur de la bougie pour que la Donzelle en vit tous les détailles. En effet une tête de canard y était tatoué dessus.
Le Borgne avança sa main gauche et plaça le doigt à la place du trou qu'avait laissé son annulaire. Le premier doigt était le sien.


Cl'ui là, l'est à moi. J'ai du l'couper en d'venant Piques. J'ai perdu mon oreille dans la même soirée. J'le garde, l'es tatoué, c'est la preuve qu'j'suis un Pique.

Le Borgne en est fière. Il fit tourné le doigt dans ses mains qui commencé à devenir noir et nécrosé, et joua un instant avec sur le table.

J'ai coupé c'lui la, comme ça j'me marirais plus. L'oreille j'l'ai filé à Miya.

Il lâcha le premier doigt et pris le deuxième en main. Celui la était plus frais, moins nécrosé. Il avait une inscription dessus. Beer. Inscription graver au couteau. Il montra l’inscription à Umbra comme il l'avait fait avec le premier et commença à raconter l'histoire de ce deuxième doigt.

J'sais pas à qui il est c'doigt. J'ai croisé un gars en taverne un soir, Beer. Il l'avait un collier remplis d'doigt à son coup. J'lui ai d'mandé d'm'en filé un. Il m'la donné et a marqué son nom d'sus pour pas qu'on puisse s'contacter en cas d'besoin.

Voila, le père Castor a finit son histoire sur les doigts. Bientôt il en aurait une bien plus intéressante à raconter. Une histoire qui parlerait d'une donzelle en détresse qu'il avait sauvé d'une morte certaine et lente. Et d'un doigt qu'il avait pris dans une auberge au nom majestueux.
D'ailleurs il lui tardait d'ajouter cette histoire à celles des autres.
Il se saisit de son couteau et regarda la brune d'un air d'autoroute.**


Fait voir ta minime toi, j'te raccontr'ais même ton histoire après s'tu veux.

* Cité d'la peur encore
** Gad Elmaleh

_________________
Umbra
À votre avis : c'est qui le plus fort, l'hippopotame ou l'éléphant ? Non parce que, l'hippopotame c'est quand même très très fort.1

[A l’auberge du canard à trois pattes : et là, je vous épate !]

Le Borgne n’a qu’un œil, logique me direz-vous. Seulement, avec un œil, c’est dur de faire passer des émotions dans le regard. C’est ainsi que le Cyclope eut l’air vraiment…euh…l’air d’un type qui vient de passer sous les roues d’un carrosse alors qu’il tentait de franchir un accès à plusieurs voies pour chevaux tractés –l’ancêtre de l’autoroute !-. Inutile donc de vous préciser que cette œillade laissa de marbre l’Ombre. Celle-ci, d’ailleurs, restait impassible depuis qu’il avait pris place. A croire que le fumet du canard la tenait en apnée et que la moindre expression pouvait l’essouffler. En faite, la situation n’était pas drôle et c’est pour ça qu’elle ne riait pas.

Umbra, inébranlable, ne s’attendait pas à ce que les contes soient aussi brefs. Elle pensait avoir le temps de bien entamer la prune avant qu’il ne conclut. Aucun suspens…Limite affligeant: Remboursez nos invitations ! Remboursez nos invitations !2


Fait voir ta minime toi, j'te raccontr'ais même ton histoire après s'tu veux.

La Noiraude le toisa une énième fois de son regard sombre avant de dévoiler à nouveau ses mains mais seulement pour s’emparer de la bouteille. D’un geste habile, les doigts effilés au revêtement de cuir cadavérique agrippèrent le verre et renversa le contenu dans le contenant et vice et versa ! La présence de l’arme ne semblait pas l’affecter à outrance. Après deux mois de séquestration et de tortures, d’un carreau d’arbalète dans la cuisse et de chair cautérisée à vif, il en fallait davantage pour intimider Ombeline. Dans son court babillage, Chauffe-fer avait tout de même laissé une brèche. Le genre de petite faille que seul les vicieux remarquent et qu’ils se font un plaisir de gratter jusqu’à découvrir une plaie béante.

Ne plus te marier ?

Un rictus enlaidit le faciès implacable de la Bâtarde. La senestre reboucha le litre d’alcool bon marché, tandis que la dextre portait déjà le liquide à sa lippe. Le godet devant la bouche, la jouvencelle surenchérit avant de prendre une gorgée. Plongeant ses iris charbonneuses dans la pupille isolée du Pique, elle ajouta :

Cela sous-entend que tu l’as déjà été, n’est-ce pas ? Ce doit être un macabre vestige pour que tu en viennes à te mutiler, non ? Et plus encore, si tu tiens à garder en souvenir ton annulaire… A quoi penses-tu quand tu l’observes ? L’as-tu accroché à ton cou pour qu’il sente ton cœur battre ?

L’Ombre se plaisait à remuer le couteau dans la plaie. Si la lame de ton couteau est bien affûtée, sache que ma langue est encore plus aiguisée. A ta santé ! Sans même débiter un mot, Umbra mima le geste en direction de Tord_fer, sachant pertinemment qu’il comprenait son petit jeu. Allait-il doubler la mise ou était-il mauvais joueur ? La Noiraude, quand à elle, attaquait sa deuxième choppe.

1 et 2 Innovons, The City of Fear!

_________________
.opaline.
Rien ne peut devenir aussi insignifiant que ce à côté de quoi l'on se réveille chaque matin de son existence.



[ A l'auberge du canard à trois pattes : On aimerait bien lui en casser une ]


Et ce qui est à côté de toi, chaque matin, c'est elle. Et bon sang ce qu'elle t'ennuie. Elle n'a pas encore assez bu. Tu te demandes combien de temps vont durer ces civilités. Bonjour, tu vas bien? Oui et toi? Et bien je vais bien et toi? Super. Et toi ? Parfait, et toi, mieux? Ah moi toujours aussi bien. Si t'en avais la force tu te collerais une tarte mais il risquerait de ne pas comprendre.

Tu observes l'étrange manège des deux bruns. Tu es outrée de l'odeur du mâle, tu rêverais que cette fichue auberge se transforme soudainement en lavoir où tu froterais jusqu'au sang les deux zigotos. Tu prendrais le temps de coiffer la femelle, et oserais un catogan dans ceux de l'autre. Tu en viens à rêver d'un monde qui sent la lavande et où des papillons voltigeraient autour des individus. Tu en viens à espérer que cette fichue conversation finisse et qu'on en vienne aux faits.

Tu sais qu'elle tente de gagner du temps. Et c'est presque plaisant. Tu observes ses mains et les tiennes. Puis ceux qui pendent autour de la bougie. Tu observes leurs ombres, et imagines avec un grognement de plaisir non dissimulé le sang qui a coulé pour qu'enfin ils se retrouvent là. Tu es dans ton élément. Tu flottes de satisfaction.

Tu te limes les ongles. Les dix. Tu en profites tant que les as encore, ça ne sera bientôt plus le cas. Tu souris dans ton coin. Tu écoutes. Tu jubiles. Tu ne penses qu'à ça, qu'à ce doigt, juste un doigt... Mais le temps passe.

Et tu souffles. Tu es prisonnière de ton corps. Tu l'ordonnes de boire. Il faut qu'elle boive. Qu'on en finisse !

Tu n'as jamais été mariée. Enfin tu ne t'en rappelles pas, il faut dire qu'entre ton enfance et cette histoire de doigt, tu as comme un trou...

Tu gardes finalement ton calme, et attaque ta deuxième choppe.
Et tu pries pour que celui dont l'odeur te chatouille les narines ai au moins une bonne anecdote sur son histoire de mariage, parce que tant que la Noireaude n'en sera pas à son quatrième verre, il y a peu de chance qu'il l'enfile, son doigt.







* Alessandro Barrico
Tord_fer
La misère unit tout aussi bien que le sang.*

[Auberge du canard à trois pattes : Coin coin]

Le Borgne avait un dons pour raconter une histoire de trois heures en cinq minutes. Bien que la réel utilité de ce dons rester douteux. Mais lorsqu'il avait raconter l'histoire de ses doigts il avait quelque mots de trop. Il s'en était aperçu, et elle aussi. Il faut vraiment faire attention à tous ce qu'on dit devant une femme. Pire que devant les enfants, elle prenne tout pour argent comptant. Aussi ne fut-il pas surpris lorsqu'elle elle enchaîna sur ces quelques mots :

Citation:
Ne plus te marier ?
Cela sous-entend que tu l’as déjà été, n’est-ce pas ? Ce doit être un macabre vestige pour que tu en viennes à te mutiler, non ? Et plus encore, si tu tiens à garder en souvenir ton annulaire… A quoi penses-tu quand tu l’observes ? L’as-tu accroché à ton cou pour qu’il sente ton cœur battre ?


Tord sourit. Le conte des mille et une nuits était inversé, c'était le tyran qui devait raconter mille et une histoire avant de récupérer son doigt. Mais le Borgne était joueur. Elle voulait des histoires, elle en aura. Elle voulait connaitre l'histoire se mariage. Soit. Il répondra à ses questions, dans les moindres détails. Mais il ne perdrait pas son objectifs de vue. Son doigt il le voulait.
Et il l'aurait !
Il regarda son doigt tatoué, et repensa à sa femme et à son fils. L’histoire allez peu être être plus longue que celle des doigts coupé... Si il lui racontait bien sur, après tout, elle lui avait poser des question bien ciblé, et il allait répondre à ces questions. Elle avait bien joué en posant cette question, son doigt gagné ainsi quelques minutes de sursis.


Oui j'ai été marier en effet. Et en effet ça a pas très bien finit. Mais si j'garde mon doigt c'est pour l'tatouage. J'ai la flemme d'm'en refaire un pour bazarder c'doigt là. Mais j'pense a rien quand j'l'observe.

Hum après tous, pourquoi lui répondait-il ? Il avait changé d'avis, il ne voulait pas lui en dire plus. Il n'avait rien promis à cette donzelle, et il n'aimait pas trop aborder ce sujets Même si cette histoire avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui.

Tu as la r"ponses a tes questions. Donne moi ton ton foutu doigt avant qu'j'magace !

Le Borgne devenait un tantinet susceptible quand on abordait ce sujet.

* de Louis Caron. Extrait du Le canard des bois.

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Umbra
En histoire, il faut se résoudre à beaucoup ignorer.*

[Auberge du canard à trois pattes : …]

Décidément, le Borgne n’était pas conteur pour un sou. L’Ombre se voyait déjà le perdre dans moult interrogations, l’assaillirent de remords, lui renvoyer son passé en pleine tronche jusqu’à ce qu’il cède… Mais ce foutu canard ne mordait pas à l’hameçon ! Il se vexait facilement et se muait dans le silence. Umbra avait atteint la corde sensible et la réaction du Pique la satisfaisait. Borné comme il est, elle n’en tirerait rien d’autre à ce sujet ce soir. Cette nuit encore, La Noiraude s’endormirait ignorante de quelque chose. Tant pis.

Donne moi ton ton foutu doigt avant qu'j'magace !

Ombeline chauffait les oreilles de Tord_fer, il y a peu, c’était lui qui lui brûlait la peau : œil pour œil, dent pour dent, non ? Réprimant un soupir, elle versa une nouvelle tournée, bien dosée celle-ci. Posant le verre du Cyclope devant son nez, elle détaillait son visage furtivement. L’organe oculaire manquant sur son faciès n’écœurait pas plus que ça la Bâtarde qui s’amusait à le fixer en s’adressant à lui. D’une intonation outrageusement ironique, la jouvencelle feignit la sympathie :

Écoutes, Chauffe-fer. Inutile de t’énerver de la sorte… Comprends-moi, tu m’as sauvé la vie mais je ne connais rien de toi. Comment pourrais-je te décrire aux gens qui me demanderont qui est mon sauveur, hein ? Et les troubadours, y as-tu songé ? Ils dressent des portraits héroïques. Un jour, battant la campagne ou pourrissant dans ta basse-cour de Brissel, tu entendras clamer au loin…

Tout en levant, intentionnellement de sa senestre, son verre plein dans sa direction pour trinquer, l’Ombre chantonna d’un air effroyable faux :

C’est l’épopée d’un Borgne qui secouru une boiteuse…

Après avoir fredonné quelques « lalala » à faire grincer des dents, elle inclina la tête en fausse révérence puis vida son verre cul-sec pour conclure. L’alcool au passage lui enflamma la gorge et purgea ses boyaux. Une partie d’elle aux tréfonds de son âme la poussait à se servir une nouvelle prune. Cette infime entité trouvait le temps extrêmement long et ses propres agissements excessivement ridicules. Cette sombre conscience, un tantinet suicidaire, n’attendait que de prendre pleine possession de son esprit et de la carcasse par la même occasion pour livrer en pâture le doigt. Au fond de sa tête, une petite voix hurlait : "Qu’on en finisse !". Mais non, c’était hors de question ! L’orgueil mêlé à la peur et un brin de narcissisme se liguèrent en bloc contre cette mutinerie psychologique, refusant de se mutiler. Insidieusement, lors de cette bataille interne, l’eau-de-vie traçait son chemin dans ses veines, engourdissant tous les membres qu’elle traversait avant d’envahir son cerveau.

Un rictus aussi rapide qu’un éclair tordit la bouche lippue d’Umbra. Le verre toujours en main, elle le posa lourdement ou plutôt en éclata le fond sur la table. La lutte infernale dans son esprit alliée au trouble naissant de l’ivresse sans compter la nervosité de la situation, la Noiraude commençait à perdre la boule. Quelques éclats de verre se logèrent dans sa paume mais de ces entailles, elle n’y prêta guère attention. En l’occurrence, le tenancier et sa serveuse, si. A l’autre bout du comptoir, ils pestaient en sourdine, se demandant quand les deux éclopés partiront. C'est vrai, combien de temps s’était-il écoulé depuis le début du rencard? Environ une demi-bouteille et les chandelles n'avaient pas fondus de moitié. La belladone agissait toujours sur la cuisse suturée, rien ne rappelait donc à l’ordre Ombeline.

Elle avait fini de parler au mur, car oui, converser avec le Borgne revenait à monologuer. Lâchant les débris de verre qui s’étalèrent sur la tablée, la Bâtarde écarta ses dix doigts et les plaça bien en évidence sur le plateau. Le bois s’imbibait de minces filets de carmin qui s’échappaient du marbre de sa main gauche. Les iris de jais luisant sous l’effet de la prune se figèrent dans l’ œil du Cyclope. Il n’y avait plus rien de drôle dans son expression et d’un ton froid au possible, elle ordonna :


Si tu ne veux pas causer, jouons !

Peut-être serait-il plus réceptif à ce contact ? Pour ne pas le sous-estimer, la Bâtarde se tut. Il connaissait surement le règlement du jeu et d’ailleurs, sa gorge était tellement sèche à cet instant qu’elle aurait été incapable d’énoncer la moindre règle. Le regard brumeux dévia sur l’orbite béant et fixa le néant de ce dernier.

*Citation d'Anatole France

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Tord_fer
Le secret excite la vénération.*

[Auberge du canard à trois pattes : dans cette bonne ville de Ventadour]

La donzelle lui servit un verre bien dosé en lui expliquant que sa curiosité n'était dut qu'a l'envie de faire partager leurs histoire aux troubadours de passage. Le Borgne la dévisagea comme elle le dévisageait. C'en était presque devenu un jeux, à celui qui lâcherais le premier. Bien sur le Borgne partait avec un handicape, il avait un oeil de moins pour tenir.
Il se saisit du verre bien décider à se l'envoyer d'une traite au fond du gosier quand elle se leva d'un coup, verre à la main et se mit à chanter extrêmement faux.
Cela consola d'une certaine façon le Borgne. Même si il ne souhaitait pas forcement que la mort de sa femme et de son fils reste un secret absolu, il était tous de même satisfait d'avoir garder sa langue dans sa poche, la donzelle chantait bien trop mal pour faire de lui un héros dont le noms résonnerais jusqu'au fin fond de la cours Brissel.

Il avala son verre d'une traite comme il avait prévu de le faire avant qu'Ombeline ne se prenne pour une chanteuse à la noix.
Elle en cassa même son verre. Le regard de la tavernière se tourna vers eux, décidément il avait vraiment l'impression d'être le bienvenue nul part, et pour l’instant il n'avait encore rien fait !
Il s'imagina un instant la tête de la tavernière lorsque que celui-ci coupera un doigt de la pauvre infortuné devant lui et que du sang coulera sur la table a peu prés proprette de cette auberge à trois pattes.

Mais les choses prirent une tournure intéressante et le Borgne a vrai dire n'en avait rien à foutre de ce que pouvais penser la tavernière.
Umbra avait poser ses dix doigts sur la table, bien écartés et bien en évidence devant l'oeil unique du vieux brigand.
Le regard de la brune changea radicalement, d'un regard rieur il passa à froid, et le son de voix fut aussi glaciale lorsqu'elle lui dit.


Citation:
Si tu ne veux pas causer, jouons !


Le borgne sourit et se saisit de son couteau. Il aimait le nouveau timbre de sa voix, et cela lui donner envie de causer à présent, l'histoire de faire durer le plaisir et la tension qu'il pouvait lire dans ses yeux.
Il pris le couteau par le manche et très lentement il planta la lame entre chaque doigts de la brune. Lentement ? Oui, il irais plus vite plus tard. Elle voulais savoir ce qu'il était arrivé à sa femme. C'était maintenant le bon moment pour parler. Pas avant.


J'étais forgeron avant, c'est pour ça qu'on m'app'lez Tord Fer. J'pouvais tordre l'fer à main nue.

Elle devait déjà le savoir qu'il était forgeron, après tout il l'avait soigner au fer rouge ! Le Borgne continua de passer le couteau entre chaque doigt plongeant son regard sombre dans celui de la brunette. Un sourire inquiétant se dessiner sur ces lèvres.

J'étais jeune, et plutôt bel homme à l'époque.

L'Borgne se marra, oui sa beauté était très dur à imaginer derrière la crasse, les rides et les cicatrices. Mais la misères rendait moche, c'était bien connue. M'enfin n'oublions pas qu'il avait tous ces membres à l'époques et que cette histoire avait plus trente ans déjà...
Lentement le couteau passe entre chaque doigt et les pensées du Borgne s'en éloigne petit à petit.


J'ai donc était marier, ma femme était belle, t'sais, très belle, et très gentil. Elle m'aimait et elle m'était fidèle, quoi d'mandé d'plus pour un homme hein ?

L'oeil du Cyclope s'assombrit et les mouvements du couteau se firent un peu plus rapide mais restait assez lent pour qu'il ne dérape pas encore sur un doigt. Elle voulait savoir, alors elle saura.

On a eu un fils, un p'tit gars. Y r'ssemblé plus à sa mère qu'a moi, l'avait les même yeux.

Le Borgne grinça des dents. En repensant a cette histoire. Ses jointures blanchirent sur le manche du couteau qu'il tenait maintenant trop serré.
Puis un sourire se dessina d'un coup sur ses lèvres, un sourire d'homme fou, d'un homme qui n'a plus rien a perdre à présent.


J'ai tué ma femme. On s'est disputé et j'lai battu à mort. L'Gosse m'regardé. Y m'regardé avec les yeux d'sa mère. Il avait peur. Peur d'moi.
J'ai pas aimé. Pas aimé du tout. J'me suis approché d'lui, et j'ai mis mes mains autour d'son p'tit cou et j'ai serré, jusqu’à c'qui ferme ces putains d'yeux.


Le Borgne arrêta d'un coup son couteau le regard dans l'vide. Puis son œil se posa sur l'annulaire de la donzelle qui n'avait pas de bague.

L'avait cinq ans. J'les ai envoyé dans la rivière, une pierre au bout des pieds, et j'me suis tiré. J'suis d'venue moins honnêtes, et plus moche !

L'Borgne se marre et pose le bout du couteau à la base de l'annulaire gauche de la donzelle.

C'lui là ?

* de Baltasar Gracian y Morales

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.opaline.
Du grain de folie, elle n'a que le grain.



Et tu as la folie.
Tu écoutes. Tu n'as que ça à faire, pourtant tu en aurais des choses à dire. Tu observes tes doigts, tu les trouves jolis. Oui, tous. Tu te demandes lequel va disparaître et espère secrètement que ça ne sera pas un des auriculaires. Tu n'es pas née de la dernière pluie, et tu te vois mal te gratter l'oreille avec l'annulaire, ou pire, l'index. Un coup à s'agrandir le trou sans pour avoir meilleure ouïe. La baise quoi. Bien que si c'était un annulaire... Tu observes Ombeline et... Tu finis par admettre qu'il y a peu de chances que tu te maries un jour.

Tu fais doucement claquer tes ongles sur la table. Leurs histoires t'ennuient. Et tu observes le verre qui s'étiole. Les morceaux dans la paume de ta main. Tu souris.

Et tu écoutes encore et encore les élucubrations de deux éclopés bien trop avinés pour conduire une charrette, soulagée de savoir que tu ne seras pas le Sam de la soirée. Et voilà qu'elle veut jouer. Tu ne la comprends pas. Tu ne te comprends pas. Elle lutte. Et ce n'est pas le verre vide qui va démêler le schmilblick.

Tes doigts s'écartent lentement sur le plateau. La paume de ta main colle au plateau, l'odeur du sang emplit tes naseaux. Ta gorge est sèche et tu te retiens d'hêler les deux propriétaires. Allez Ombeline, juste un verre, un dernier, pour la route.

Vous en aurez bien besoin, toutes les deux, lorsqu'enfin le borgne aura fini de raconter sa vie, en long, en large et en travers. Sait-il qu'à laisser la Bâtarde déblatérer de la sorte on peut remonter très loin dans son enfance ? A t-on réellement envie de savoir jusqu'à quel âge le borgne a tété sa mère ? Assurément, toi, non. Même si tu avoues non sans sourire en coin que l'histoire racontée te bercerait bien avant de t'endormir.


C'lui là?

Et tu souris soudainement en lorgnant ton annulaire Gauche. Enfin un peu d'action!
Umbra
La sainteté n'est pas de vaincre la souffrance, mais de l'accepter.*

De sa situation, l’Ombre s’en serait mordu les doigts s’ils n’étaient pas posés en évidence sur la table. Ses iris de jais ont vite cessés de fixer le néant de l’orbite béant quand la lame a commencé à s’agiter au dessus de ses mains. Elle aurait voulu hurler au Borgne de la fermer pour une fois. Son débit n’était que folie et au flot de ses mots, Umbra prenait conscience du Pique qu’elle avait en face. Elle aurait du s’en douter dans le fond. Son physique n’était qu’une avant-garde : même sa toilette semblait immaculée comparé à l’esprit qu’elle renfermait. Ce sadique racontait ses déboires d’un ton si dénué de sentiments, son visage ne dégageait aucun remord, il suintait l’aliénation. Le Canard n’avait rien d’humain, il n’était que sauvagerie à l’état brut. Son naturel lui collait bien à la peau.

La gorge nouée, le regard légèrement écarquillé d’effroi, malheureusement pour elle, elle était trop consciente des événements. La peur avait toujours tendance à la faire décuver rapidement. En une fraction de seconde, elle passait de l’ivrogne avachie au lapin qui détale. Hélas, ses genoux tremblants et la plaie de sa cuisse lui retiraient toute échappatoire possible. Ombeline était destinée à être mutiler et étrangement, une partie d’elle s’en réjouissait. A croire que la douleur avait quelque chose de salvateur dans son fort intérieur.

Le couteau courrait toujours au dessus de ses phalanges noueuses, la Bâtarde fermait les yeux un bref instant. Sa carcasse lui quémandait encore une prune. Boire, toujours boire : sans soif, sans envie. Boire pour noyer ses pensées, boire pour endormir son corps. La paume de sa main blessée commençait à picoter et cet infime tourment lui rappelait à quel point elle était sobre.


C’lui là ?

La question sortit la jouvencelle de ses songes. Le Cyclope en avait fini avec son monologue. Il avait cloué le bec à la boiteuse. Elle ne s’y reprendrait pas à l’interroger ni à lui demander de l’aide, d’ailleurs. Ses pupilles fixèrent la lame affûtée au dessus de son annulaire gauche telle une épée de Damoclès. Drôle de choix que ce doigt. Se l’amputer était comme s’ôter une épine du pied. Sans cette extension de sa senestre, l’idée d’un quelconque mariage disparaissait. Aucune union concevable, l’isolement était à portée de main.

L’Ombre avait toujours été intimement convaincue qu’elle resterait seule ad vitam aeternam et son sort ne la chagrinait pas à outrance. La solitude était une compagnie agréable selon elle. En même temps, elle n’avait connu que ça et le silence qui l’accompagnait depuis son enfance avait quelque chose de rassurant.

Au sein de sa personne, un malaise naissait. L’impression d’être scinder en deux. Une partie se confortait bien à l’idée d’être éperdument seule, tandis que l’autre persistait à croire qu’elle n’était pas entièrement abandonnée. A se battre contre soi-même, Umbra négligeait la gravité du moment. Préoccupée à résoudre son dilemme personnel, elle en oubliait la guillotine au dessus de son annulaire. Troublée et à moitié saine d'esprit, la Noiraude ne s’entendit pas ordonner l’exécution. De ses propres mains, elle avait sonné le glas de sa vie amoureuse –si un jour, cette dernière dut exister-, elle s’était condamnée de son gré ou du moins, inconsciemment.

Le verdict était tombé, Ombeline avait perdu la partie, une part de sa raison et une portion de son être par la même occasion.


Citation de Jean-Paul Pinsonneault.

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Tord_fer
Baisons la main que nous ne pouvons couper.*

[Ventadour : Parce que j'abandonne pas les jeux de mots lourds !]

Le visage de la Brune se crispait au fur et à mesure que le couteau se déplacer le long des ces doigts. Le Borgne avait poser la question fatale en jetant son dévolu sur l’annulaire gauche de la brunette ? Pourquoi ce doigt la ? Hé bien le peu d'humanité que possédé encore le Borgne lui avait dicté ce choix afin que la donzelle, bientôt amputé d'un précieux doigt ne connaisse pas en plus les malheurs d'un mariage raté et d'une vie de servitude. C'était pour son bien.
Même si en réalité le Borgne s'en fichait comme de sa première femme, il fallait une raison à chaque action pour les esprits sains, et si il devait en fournir une un jour, il pourrait donner celle-là.
Ou peu être étais-ce un traumatisme du à un mariage qui avait mal tournée ?
Ou bien les mariages eux même écœuré le Borgne ? A moins que ce ne soit de voir des êtres heureux ?
Ou alors c'était un doigt comme un autre ? Un choix dénué de sens comme tous ce que faisait le Borgne ?
Apres tout le majeur et l’auriculaire était bine plus utiles que l'annulaire!

Bref, il avait choisit "celui là" et la Donzelle avait accepté. Elle ne l'avait pas prononcé avec des mots, mais un très léger mouvement dans sa stature lui laissait comprendre qu'il avait son accord. Et puis, même sans son accord, ne lui aurait-il pas quand même pris ? Apres tous c'était le deal, une vie contre un doigt...

Le Borgne se leva, sous le regard de la tavernière qui espérait secrètement que ces deux là partent, même sans payer ! Mais il ne comptait pas partir. Il se déplaça sur la gauche d'Umbra et lui saisi son poignet gauche d'une poigne ferme, coulant ainsi la main de la donzelle sur la table.


Tu d'vrais boire un bon coup d'prune...

Tord de sa main libre chercha dans ses poches un morceau de cuir rapiécé et le tendit à la demoiselle, afin qu'elle puisse planter les dents dans quelque choses le moment voulut. Un vrai papa poule !
Il se saisit ensuite de son couteau et le remit sur la base de l'annulaire.
L'aseptisée ? Quésaco ?
Il appliqua une légère pression avec la lame du couteau sur le doigt, pas encore assez forte pour faire saigner mais presque, puis le retira, tenant toujours fermement la main de la donzelle. Il se redressa et la regarda en souriant.


Et mon oeil ? J't'ai raconter comment j'l'ai perdu au faite ? T'vas voir c'est plutôt marrant comme histoire !

Il reposa la lame sur le doigt, jetant un rapide coup d'oeil au visage de la donzelle, s'assurant qu'elle était toujours consciente pour entendre l'histoire de la perte de son oeil, et repris.

Cistude, tu connais Cistude ? Ma blondasse, la reine des Tortues ?

Il ne lui laissa pas le temps de répondre après tout qui ne connaissait pas Cistude ?! Il voué sans sans rendre compte une réelle admiration pour cette blonde hermaphrodite qui se prenait pour la reine des reptiles.

J'étais en geôles avec Cistude just'ment, pour une affaire à la cons, ou on était bien évidement totalement innocent, mais bon la justice est aveugle... Et on s'fsait chier...
Alors on a commencer à jouer, à une sorte, de cap, pas cap, mais version, mal, pas mal... tu vois c'que j'veux dire bien sur hein ? bon.


Le Borgne passa sa langue sur ses lèvres pour avaler un peu sa salive. Et déglutit bruyamment.
Ses mains quand à elle, ne suivait pas du tout l'histoire du Borgne et sa main droit commencer à appliquer au couteau assez de force sur la base du doigt d'Umbra que le sang commencer à présent à couler.
Mais l'esprit du Borgne était à présent loin... Il se trouver dans une geôle sombre et poussiéreuse, aux côtés de sa blondasse...


Et vl'a qu'elle m'dit j'étais pas capable d'm'arracher un oeil à la cuillère. Alors moi qu'est c'que j'fait, j'prend la cuillère qui nous avait donner pour bouffer not' pitance, et...

VLA !

A ce mot, le Borgne lève le couteau et le rabat d'un coup bref et net sur le doigt de la donzelle. Si elle voulait changer d'avis il était trop tard à présent.
Le sang se mit à couler en abondance sur la table, et le doigt ne tenait plus qu'avec quelques lambeaux de peaux. Le Borgne imperturbable coupa ses lambeaux, les yeux encore dans le vague. Il leva le couteau et continua de parler, sous le regarde effaré de la tavernière qui était à deux doigt de tourner de l'oeil.


J'm'enfonce la cuillère derrière la paupière et d'fait sortit l'globe d'son orbite.

L'esprit du Borgne revient enfin dans la taverne du canard à Trois patte et regarde le doigt qui est sur la table. Il lâche enfin le bras d'Umbra et remarque qu'il n'a même pas fait attention à ce qu'il faisait. Il l'aurait était incapable de dire si la Brune avait crier ou non. Il s'empara du doigt et le regarda de près, ne prêtant aucune attention à la Brune.

Puis j'me suis évanouie.....et j'me souviens juste qu'la blonde ma verser d'l'eau croupit pour m'reveillé....

de Henry de Montherlant.

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