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Info:
Suite du RP 'La Résolution'. Je tiens tout d'abord à vous remercier tous lecteurs pour avoir été aussi nombreux à avoir lu cette partie de l'histoire. Je suis très fier et heureux que le RP vous ai autant plu. J'espère faire de même avec cette suite. Grand merci bien sûr à tout les joueurs qui ont fait parti du RP. Dans cette seconde partie de l'histoire de Jules de Sambre, nous nous propulsons deux mois et demi plus tard après la tentative d'assassinat du Baron Trokinas échoué. Entre temps, deux listes comtales sont passés. La dernière, 'Respire' détient plusieurs membres qui ont été dans le groupe ayant mis aux fers l'assassin. Nous retrouvons certains protagonistes de la première partie et Jules dict 'le vagabond'. Bonne lecture à tous !

[RP] Expiation

Juleslevagabond
[ Gouffre - Geôles de Limoges, plusieurs mois plus tard ]

Des fois...

N'avons-nous jamais eu envie de voir à quoi ressemblait une prison et de tenter l'aventure un jour ou deux ? Juste pour voir...
Oui c'est certain, c'est une expérience en soi, on a le temps de "réfléchir à la portée de ses actes" ou bien de frapper mieux là où ça fait mal. Échafauder une fuite ? Malheureusement pieds et poings liés cela risquait de devenir impossible. Oui "risquait", après tout il doit bien y avoir un pourcent de chance que le geôlier nous donne la clé par compassion et/ou pitié et nous aide à sortir de ce trou à rats... Non... Soyons sérieux, la prison c'est un avant-goût de l'enfer.

Outre le fait d'être quasi-obligé de vivre dans une cellule étouffante tant par l'espace de vie - un peu plus réduit par les chaines (ce qui vous donne environ le droit d'une promenade d'un mètre sur un) - que par les rats désireux de goûter à la chair humaine. La puanteur des cadavres ou juste de la moisissure y régnant donnait des nausées chroniques et rendait le visage plus pâle, l'obscurité aidant. La nourriture se résumait au pain sec et cruche d'eau. Mais je vous rassure on ne s'intéresse presque jamais au pain, tant la brûlure au ventre qui vous tenaille vous dégoute de tout met à portée.
Seul trésor qu'il pouvait s'offrir : la pâte à dents. Après demande répétée d'un mois au geôlier - et plusieurs engraissements de pâte - ce luxe était rendu possible.
Nul doute qu'un jour ou l'autre l'on découvrirait le pot-de-vin... Peut être qu'on le battrait encore à terre sans vergogne ou peut être qu'on le fouetterait.

Le borgne geôlier aimait les monologues avec l'assassin. Les discussions se ramenaient toujours aux différentes morts qui l'attendaient, au temps du jour, aux grands évènements, aux actes qu'il avait commis.
Pourquoi répondre s'il savait l'essentiel ? Et puis Jules était squelettique à faire peur, parler signifiait perdre un peu plus de secondes à vivre.
Il avait de grandes chances de mourir, il n'était pas dupe...

Commettre l'assassinat du Lieutenant Commandant de la Licorne, ex-Juge du Limousin durant la cérémonie d'anoblissement du mandat du Baron, être le commanditaire de l'enlèvement de deux femmes nobles dict Alienaure de Malemort et Ewaele de la Boësnière et enfin avoir grièvement blessé l'irlandaise et le Baron Trokinas de Perpezac le Noir. Beau tableau, il y avait là de quoi être fier pour un premier coup dans le métier de l'ombre. Le revers de médaille allait sûrement être tout aussi joyeux.

Les allées et venues de brigands d'un soir, d'hommes et femmes clamant leur innocence, de femmes de joie en manque d'argent ne finissait pas... Seuls "loisirs" pour l'ex-maire-sergent-barbier de la COLM.
Tiens d'ailleurs il n'avait toujours pas reçu de visites ou de mots de qui que ce soit... Même pas de menaces. Peur de constater la machine à tuer qu'il était devenu un court instant ? Possible. Ou tout simplement on voulait l'oublier, l'effacer de sa mémoire. Oui plus de chance.

Les seules nouvelles qui lui avait fait lâcher un ricanement était les deux dernières listes comtales élues. Renaissance et Respire... Comme quoi le Limousin n'était vraiment plus rien d'autre qu'un sac de politiciens. Renaissance qui était la liste la plus redoutée par le peuple... Élue après le mandat du vicieux Baron. Vraiment l'ironie savait être bonne parfois.
Et aux vues des retours du borgne ils avaient mal agis... Comme quoi...

Il y avait peut être une raison à voir Renaissance puis Respire... Laisser la première liste se planter et profiter de l'occasion pour se dorer le blason ; oui c'était probable. Après tout les politiciens ne sont-ils pas connus pour leurs géniaux plans envers leurs ennemis ? L'irlandaise avait bien joué son coup comme toujours. Si ce n'est qu'il avait failli tomber sous les techniques d'épée de la rouquine.

Ewaele la Comtesse perverse... Breccan le Procureur fine lame... Shiska le Capitaine loup... Alienaure la Chambellan fragile... Trokinas le vicieux Maître du Grand Couvain... Finitou le pion abusé aux services de la COLM... Les Anges de sa "justice".
Chacun avait dorénavant un haut poste, plus ou moins liés. La coïncidence l'avait frappé puis fait sourire. Mieux valait ne plus penser au Limousin. Juste sortir et la retrouver elle.

S'il devait subir mille tortures avant d'avoir le droit de vie et de liberté il le ferait sans hésiter. Elle n'est que sa seule et unique raison de vivre après tout. Il avait bien fait toute cette violence par justice et folie amoureuse à son égard.
Si l'on devait clamer insultes et rumeurs à sa personne qu'on le fasse. Il n'autoriserai juste jamais une seule insulte envers elle et quelques personnes précises.
Il savait faire la différence entre ceux qui n'avaient rien à voir avec l'affaire et les corrompus.

Depuis qu'il s'était fait capturé et ramené de la même façon que les deux nobles femmes l'assassin n'aspirait à rien de plus que de filer d'ici. Mais aucune fois une occasion s'était présentait. Deux mois et demi s'était écoulé... Le plus grand ennemi n'était pas la souffrance physique mais la lenteur du temps.

Attendre... Attendre toujours et encore qu'on daigne le faire sortir, ne serait-ce que pour le juger ou n'importe quoi. Rester enfermé ici était inacceptable, il aimait profondément la liberté. On lui avait déjà tellement enlevé... Mais là c'en était trop. Combien de fois avait-il hurler, frapper les barreaux de ses mains fragilisés par le manque de bonne nourriture, maudit tout le Comté, penser à elle ?

Que pouvait-elle donc faire ? Savait-elle la vérité ? Où était elle ? Il savait si peu et beaucoup de choses à la fois. Il n'avait qu'une peur... Qu'elle l'ai laissé tomber ou oublier. Plus vite il serait sorti, plus vite il pourrait lui dire...
Mais pas maintenant, il ne fallait pas sombrer dans une autre folie. Rester calme et attendre même si cela était immonde. Il aurait son jour de gloire...

_________________
Juleslevagabond
[ Jour de gloire - Geôles de Limoges, 6 Juin 1457 ]


Les jours passaient, il attendait, impatient, de sortir de ce gouffre béant. Des mois sans avoir vu la lumière du jour, des matinées à gratter le mur en bâtonnets pour noter la vie qu'il perdait par leur faute. Toujours le même espace, le même air qui puait la mort et l'injustice...

Oh qu'il le comprenait dorénavant. Il allait peut être devenir comme lui désormais, qui sait...
Faim, soif, survivre, ne pas devenir fou, penser à elle, comment sortir d'ici... Tout se mêlait dans sa pauvre tête endolorie par les coups reçus de la dernière fois. Fallait pas répondre à cette ordure de geôlier... Son instinct le lui avait dit.

Mais non il l'avait envoyé se faire voir et demandé à être seul, ce qui avait suffit comme raison au borgne pour lui apprendre à la fermer. Une façon comme une autre de souvenirs dans la COLM et les grades.Pour sûr que cette technique devrait lier les langues les plus fières. Dix coups de fouet dans le dos quand ça plais pas. Simple non ?

Mais revenons en à notre assassin-kidnappeur qui manque à tout moment d'égorger le premier qui le détache de ses chaînes... ou de le remercier s'il le sauve. Mais ça c'était autre chose. Beaucoup de choses même... Trop pour un seul homme ou commanditaire en tout cas. Il n'y croyait plus vraiment en fait.

Puis de nouveaux bruits de portes. On venait. Le reste de la bande qui avait hier soir tenté l'improbable au castel ? Il aurait bien apprécié qu'ils réussissent. Avec un peu de chance, les autres se retrouveraient dans la même geôle que lui... et la fête pourrait commencer. Surtout un certain homme dont une de ses mains a un souvenir des plus chatoyants de sa part.

Vu le bruit métallique, des soldats ou gardes accompagnaient. Rire gras. Le borgne... Que préparait-il comme coup foireux encore ?
Une nouvelle bastonnade devant deux spectateurs en mal de loisirs... Un pot-de-vin qui n'est pas passé inaperçu... Une envie de voir ce que ça fait trois contre un enchainé...

C'est bien pour sa pomme. Trois hommes et le geôlier se plantèrent devant les barreaux de sa nouvelle maisonnée.
Celui qui avait l'air le plus costaud prit la parole tout en pointant du doigt ganté de fer le rouquin en sale état :


C'est... Lui ?


Ricanement du borgne.


L'unique et l'seul mon ami... Ainsi son heure est venue ?


Yeux du rouquin qui fixait dans le même temps avec colère les quatre bonshommes. Si seulement... Si seulement il avait une lame et toute son énergie.
Les deux autres boîtes de conserve lâchèrent un gloussement en signe de réponse tandis que le plus grand reprit son discours.


Il va payer oui... C'est aujourd'hui. Ouvres la porte qu'on l'emmène à la place principale ensuite.


La tête du borgne n'hésita pas à hocher puis à afficher un sourire des plus radieux - mais à nos yeux nous dirons des plus horribles - avant d'ouvrir la grille dans un cliquettement de clés. Petit conseil avant.

Attention quand même, c'est une tête dure et un malin il a...


Celui qui devait donc être le chef le coupa.

On connait le mécréant. Il sera bien traité ne t'en fais pas. J'ai déjà un message à lui transmettre.

Ses deux acolytes le suivirent dans la geôle du roux puis obéirent à l'ordre de détacher les pieds du fou déserteur. Ainsi donc il allait... Non pas sans procès... Pas avec l'irlandaise... Que se passait-il ?
Tintement de chaînes. Le voilà enfin un peu plus libre... Sauf les poignets toujours maintenus par ces fichus bracelets. Chacun des compagnons du costaud tenait fermement la chaîne reliée à chaque bracelet. Les deux boîtes de conserve levèrent non sans mal le rouquin qui eût beaucoup de mal à tenir tel un Homme.

Trop faible, beaucoup trop faible le Jules. Pitoyable... Sa haine augmenta tandis que le chef déroula un parchemin avant de commencer à lire.


Aujourd'hui est un grand jour car nous pouvons affirmer que les crimes ne restent pas impunis sur nos terres.
En effet,la vermine grouillante et malodorante a trouvé un comté où elle n'est pas libre de sévir sans en payer les conséquences.
Grâce au courage et à la force des soldats de la C.O.L.M, des gouverneurs Sindanarie, Abbygaelle,de Corenthine,de Breccan capitaine du Limousin à l'époque des faits mais également grâce au lieutenant Shiska, au médicastre Flaiche et même aux Comtes Trokinas et Nicotortue pour en citer quelques uns.
Tous ensemble nous avons réussi à capturer et à mettre aux fers le ravisseur de la comtesse Ewaele et d'Aliénaure de Malemort ,également coupable d'avoir incendié le castel de Limoges.

Jules,Habitant exemplaire de Ventadour, Sergent de la garnison de sa ville, barbier de la C.O.L.M est accusé de hauts crimes contre le comté.
Afin que tout le monde soit au courant du funeste sort qui attend les inconscientes raclures de son espèce, la marque de la trahison sera apposée au fer rouge sur sa personne, et ce publiquement sur la grande place de Limoges ce samedi, 6éme jour du mois de Juin 1457.

Pour le Limousin,
Pour la Comtesse.


...

Tu ne dis rien ?


Il ne voyait pas l'intérêt sinon subir un peu plus. Quoique si...

J'adore ton armure... On échange ?


Coup de poing dans le ventre de la part d'un des gardes le retenant. Le corps du rouquin se courba sans demander son reste. Goût de sang dans la bouche, filin qui descend doucement des lèvres vers le menton.

Urgh...


J'vous l'avais dis...


Le chef fît comme s'il n'avait rien entendu et claqua des doigts. Le garde n'ayant pas encore frappé releva adroitement l'assassin. Le costaud s'approcha du dict Jules et essuya d'un revers la tache rouge sur le visage avant de continuer.


Tu ne perds rien pour attendre "sergent" de Ventadour... Tu vas recevoir la punition qui te revient de droit.


Regard vers ses alliés.

Dépêchons-nous, je n'aimerais pas que la Comtesse nous passe un savon.

Dommage que je ne verrais pas le spectacle... Je me serais un peu amusé...

Ta place est avec les dangers du Comté, tu en es le gardien. Acquittes-toi de ta tâche, ce sont tes ordres.


Pour une fois le borgne ne chercha pas d'ennui. Il est tellement plus intelligent de frapper plus faible que soi... Un jour peut-être le rouquin le croiserai en meilleure forme ; et ce jour-là... L'assassin se réveillera cent fois plus furieux que jamais.
Mais aujourd'hui il se devait de ne rien dire, de rester "fier" devant la populace qui l'insulterais sans chercher à comprendre le pourquoi du comment, devant les cailloux et légumes avariés qu'il recevra, devant les actes d'accusation qui seront de nouveau rappelés pour le plus grand plaisir de la Comtesse et de toutes les personnes touchées par l'affaire, devant celui qui s'occupera de son cas...

Et le petit groupe avança doucement mais surement vers la sortie de ce petit coin d'Hadès... Et enfin, enfin le rouquin pût apprécié et désapprouvé la lumière du jour, la brise du matin, l'air frais quoi qu'un peu lourd de la fin du printemps. Et ils avancèrent, ils avancèrent, sans secret quelconque, pas besoin de cacher qui était-ce... On le criait. Déjà une petite foule suivait quelques mètres derrière. Limoges entier allait s'éveiller pour voir un homme souffrir de ses soi-disante fautes.

Sois fort Jules... Sois fort... Bientôt tout sera révélé... Ou enterré... et tu pourras la rejoindre... Si elle se rappelle de toi encore. Ne meurs pas. Laisse les se délecter de la suite.


A partir de maintenant le RP est considéré comme public, vous pouvez intégrer votre personnage par simple curiosité de l'affaire ou haine de l'homme (pour une raison ou une autre) pour la torture, sur la place publique de Limoges, de Jules. Le rouquin n'est pas encore arrivé sur la place, nous resterons RP sur le même jour temporel (6 Juin 1457). Jouez en conséquence et amusez vous. Évitez juste de trop vous approchez du groupe si vous ne voulez pas recevoir des retours physiques des gardes... Tout assassinat de Jules est proscrit ^^ Bon jeu !

_________________
--Erynie
[Un jour auparavant : 5 juin 1457 ; couloirs de geôles au Château de Limoges]

Il faisait sombre. Très sombre. Il faisait toujours sombre là où se tenait l'Erynie. Jamais dans la lumière pure du jour, mais toujours enfermée, de son plein gré, dans les ténèbres des geôles, elle accomplissait, quand l'occasion s'en présentait, son sinistre office. Tortionnaire en chef et bourrelle, l'Erynie s'était choisi ce nom lorsqu'elle s'était présentée, bien longtemps auparavant, au Château de Limoges en demandant à être reàue par Charon, l'ancien bourreau, disparu depuis bien longtemps semblait-il. Du moins n'en avait-on plus de nouveles depuis longtemps. Et c'était parce que Charon semblait s'être purement volatilisé que l'Erynie avait pris ses anciennes fonctions.

Bref, toujours est-il que le 5 juin 1457, l'Erynie hantait calmement les geôles à la recherche d'une âme rescapée, quand un garde l'attrapa pa l'épaule. Elle se dégagea d'un mouvement brusque avant de darder un regard froid sur celui qui avait interrompu sa progression dans le long couloirs. Le garde sembla soudain beaucoup moins à l'aise, et finit par articuler :


V'z'êtes l'Erynie, hein ?

Un simple hochement de tête répondit à sa question.

Alors... Ben, z'êtes au courant que v'z'allez devoir vous occuper de çui qu'a enlevé la Boesnière pis l'autre, là, la Malemort... Euh, Aliénord, j'crois bien. On dit même qu'c'est lui qu'a tué l'Juge d'y a quelque temps, Stannis qu'y s'appelait, j'crois bien...

Regard froid qui durcit encore et se fait glacé. Et une réponse sèche.

Je sais.

Et, comme elle ne sentait pas le besoin d'en dire plus, l'Erynie se détourna et reprit son chemin. Oui, elle savait qu'elle allait être le bourreau de celui qui avait enlevé Ewaele de la Boesnière et Aliénord de Malemort, et qui avait sans doute assassiné l'un des rares Juges qu'elle avait estimé et admiré, même si elle ne savait pas à quoi ce lâche ressemblait. Passant entre les cellules, alignées comme de petits soldats, la bourrelle jetait des regards perçants à ceux qui les occupaient. Serait-ce celui-là, avec son faciès de brute épaisse ? Sans doute pas, même s'il avait le physique de l'emploi, il n'avait pas l'air assez futé pour une telle tâche. Et celui-ci, avec son air chafouin et fourbe ? Aucune force, et puis c'était un habitué des lieux, il n'avait sans doute pas vu la lumière du jour plus de trois jours d'affilée en plusieurs années, alors comploter pour enlever deux des personnages les plus en vue du Comté, et, peut-être, en assassiner un plus en vue encore... Impossible. Les réflexions s'enchainaient ainsi, du blondinet terrifié mais encore propre au rouquin squelettique d'à côté. Pas beaucoup de femmes, ces temps-ci, hormis quelques catins, et d'ailleurs, elles n'avaient à cet instant aucun intérêt pour l'Erynie, qui ne cherchait que l'assassin, qui était un homme, de l'ancien Juge du Limousin.

N'ayant finalement trouvé aucun candidat satisfaisant à l'issue de sa revue méticuleuse, la bourrelle retint un soupir. Eh bien, l'on verrait le lendemain... Là, elle verrait, au grand jour, le visage de celui qui avait tant troublé le Comté. Et, d'ici là, elle n'avait plus grand temps à perdre... Rassembler et préparer ses instruments avant l'aube, rendre une visite à un autre condamné qui depuis longtemps croupissait en ces lieux abandonnés d'Aristote et des hommes sans pour autant livrer, malgré le talent de la tortionnaire, le nom de ses complices. Et aller récupérer, dans la malle qui contenait encore quelques affaires ayant appartenu à Charon, la cagoule, cette fameuse cagoule noire qui en avait terrifié un si grand nombre.


[Dies Irae : 6 juin 1457 ; grand-place de Limoges]

Et l'aube avait à peine cédé la place à une clarté plus vive quand l'Erynie envoya ses assistants préparer l'estrade sur laquelle aurait lieu le supplice, sur la grand-place de Limoges. Bientôt elle les rejoignit elle-même, ombre silencieuse, toute de noir vêtue, cagoule dans l'une des poches du long mantel sombre qui l'enveloppait. Et, droite et immobile sur l'estrade, visage encore à découvert, semblable à une formidable et impitoyable statue, la bourrelle, ni vraiment jeune ni vraiment vieille, au profond regard noir dans un visage, pâle comme la mort, encadré par des mèches d'un brun foncé, laissait les passants approcher de son domaine, de son estrade, et lui demander pourquoi on l'apprêtait. Ses assistants répondaient toujours, sachant combien l'Erynie détestait qu'on lui adresse la parole avant un supplice.

La lumière de l'astre du jour fit cligner les yeux de la bourelle quand elle se tourna finalement vers le Levant. L'heure viendrait bientôt. Elle verrait bientôt le visage de celui qu'elle marquerait dans sa chair. Un regard vers ce que ses assistants avaient préparé lui apprit que tout était en ordre. Le braséro, les fers, les tenailles. Oh, non, elle ne se servirait pas de tout, c'était convenu, mais avoir plus d'instruments que nécessaire ne pouvait nuire... Des fois que celui qui avait enlevé deux grandes figues du Limousin ait des velléités de rébellion, il fallait avoir de quoi les mater. D'ailleurs, comme preuve qu'elle ne se servirait que de l'instrument prévu, il n'y avait qu'un fer en train de chauffer dans le braséro. Un seul.

Un mouvement de foule en direction de l'estrade devint bientôt sensible, au-delà de l'attroupement qui s'était formé sur la grand-place, entre les échoppes et l'estrade de la bourrelle. L'Erynie crut voir scintiller au loin, sortant du Château de Limoges par la porte principale, les lances des gardes. L'heure venait. D'un geste rapide, car elle devait être prête à son arrivée et à celle des membres du Conseil, la bourrelle tira la noire cagoule de Charon de la poche de son mantel et en couvrit son visage avant de replonger dans l'immobilité la plus parfaite, bras croisés, solidement campée sur cette estrade que ses assistants avaient à présent désertée. Seules quelques mèches brunes s'échappaient encore de la cagoule, et seul le regard noir et froid comme une tombe rappelait que dans cette statue sommeillait un être humain.

Plus qu'à attendre qu'arrivent l'accusé et le Conseil régnant. L'heure venait.


Edité pour des raisons de cohérence RP
Johane
Johane arriva sur la grand place de Limoges tôt ce matin là. Le spectacle prévu sur l’estrade installée pour la circonstance n’était pas à son goût, et elle ne resterait sans doute pas longtemps. Mais sa curiosité l'avait emporté sur le reste.

Elle avait entendu dire que l’homme qui serait torturé n’était autre que Jules, l’ami de Yarwelh, l’aubergiste de Ventadour chez qui elle avait séjourné, il y a bien longtemps. Elle savait que Yarwelh, comme beaucoup d’autres, avaient quitté le Limousin, depuis l’affaire Etincelles et les raisons qui avaient motivé Jules étaient probablement liées à toute cette affaire. L’idée de lui rendre visite dans les geoles du château était venue à l’esprit de Johane, pour essayer de savoir, pour comprendre, mais les rumeurs qui circulaient à propos de l’état dans lequel avaient été retrouvées Ewaele et Aliénaure, l’avaient effrayée et le courage lui avait manqué.
Comment Yarwehl pouvait elle aimer un homme capable de telles monstruosités ? Etait il si lâche pour s’en être pris à Aliénaure plutôt qu’à Trokinas ? Etait-ce vrai aussi ? Etait ce lui l’assassin du poitevin ? Tout un tas de questions qui restait sans réponse dans la tête de Johane qui n'avait toujours pas oublié. Elle avait emporté une tranche de viande sèchée qu'elle espèrait pouvoir lui lancer, sachant par expérience qu'en geôle, la première torture était la faim. Même s'il avait commis des horreurs, il était un homme et surtout le compagnon d'une amie.

Le bourrel était déjà là, prêt à officier. Un frisson lui parcourut le dos en le voyant lui et ses outils. Malgré ses craintes, elle réunit tout son courage et s'en approcha autant qu'elle put pour l'interpeller. Il était raide comme une statue et Johane hésita un instant avant de le héler, se demandant s'il lui répondrait.


Hé, le bourreau ! dites, est ce bien l'homme qui a enlevé la comtesse et le chambellan qui va être mené ici ?
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Alienaure
Depuis la fenêtre de son bureau, Aliénaure avait regardé l'estrade se monter et le bourreau arriver.

Voila plusieurs nuits que le sommeil lui faisait défaut. Il n'avait jamais été vraiment long, depuis cette nuit où elle avait été enlevée. Mais il avait le mérite de reposer son corps durant le peu d'heures qu'il sévissait.
La nuit dernière, à force de fixer le plafond, regarder l'homme qui dormait à ses côtés ou se tourner et se retourner maintes fois, elle avait préféré quitter le lit et s'était réfugiée dans le bureau qui lui était attribué à Saint-Junien. Recroquevillée dans un des fauteuil, elle avait bu quelques verres d'un alcool récupéré au passage dans le petit salon. Chose qu'elle faisait souvent, depuis peu, et qui avait le mérite de l'apaiser suffisamment pour lui offrir quelques heures de sommeil.
Cependant, cette fois, rien n'y fit. Dehors, un orange avait sévi. Et malgré sa peur, elle l'avait regardé zébrer le ciel, secouer les branches des chênes environnants, mouiller les pelouses entretenues de la vicomté qui serait bientôt sienne.
Mais inlassablement, les mêmes cauchemars venaient la hanter.
Stannis, étendu sur le sol de la grande salle, son sang quittant le corps désormais agonisant... Un visage horrible. Son kidnappeur. La Camarde... Une voix, lugubre, terrifiante.
Je te vois....Je te vois fillette...Je vais lui redonner une petite partie de toi même...
Et le sang... Le sien, celui d'Ewaële, celui de Trokinas. Et surtout celui de Jules...

Fermant les yeux, Aliénaure repoussa les visions qui revenaient en cet instant. C'était fini. Tout était fini. Même s'ils y avaient presque tous laissé des plumes, ils étaient en vie.
Trokinas cachait ses doigts absents par un gant de cuir. Ewaële semblait ne garder aucune séquelle. Quant à elle, son oreille était constamment cachée par ses longs cheveux bruns, et sa cheville la faisait souffrir les jours d'humidité, comme aujourd'hui. Seule marque visible, la fine cicatrice qui ornait son cou.

Elle avait longtemps hésité quant à la conduite à tenir.
Ne pas assister à la punition de Jules. Faire comme si rien n'avait existé, comme si elle pouvait oublier et enfouir tout dans un coin bien caché de sa mémoire.
Ou bien y aller, être au premier rang et voir le fer marqué la chaire de celui qui avait marqué la sienne.
Mais une Malemort ne fuyait pas. Elle faisait front, quitte à souffrir. Mais les peurs s'affrontaient.

Reculant de la fenêtre, elle sortit de son bureau et se dirigea vers la place

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--Erynie
[Grand-place de Limoges]

Du monde commençait à s'agiter sur la place. Pas encore beaucoup, non, mais assez pour que le spectacle devienne intéressant pour la bourrelle. Des gens de tous horizons à présent se mêlaient. Certains avaient dans les yeux la lueur vive de l'intelligence, et d'autres le regard bovin du paysan sans cervelle, ni moeurs, ni éducation. C'est une dame de la première sorte qui s'avança finalement, se détachant du flot pour s'approcher de l'estrade, alors même que la plupart des habitués de ce gene de spectacle restaient plus loin. C'était souvent ainsi que cela se passait : les inexpérimentés devant, les coutumiers plus loin, et les badauds à l'arrière. La dame qui s'approchait finit par s'arrêter à une distance raisonnable, sans doute arrêtée par quelque badaud, et lui lança par dessus quelques têtes une question qui avait le mérite d'être précise. Un point pour la dame... Un point qui confirmait l'intelligence que la bourrelle avait cru déceler dans sa physionomie alors que ses yeux glacés parcouraient ceux qui s'assemblaient autour de l'estrade.

Mais avant tout... Une petite rectification à apporter, immobile toujours, sans abaisser le regard qui à présent contemplait le Château. C'était bien vrai, après tout, que le mantel (qu'elle n'avait pas ôté) et la cagoule de Charon n'aidaient pas à montrer qu'elle était une femme...


Pas bourreau, Dame. Bourrelle. Je ne suis pas un homme.

Et de fait, sa voix l'indiquait clairement. Baissant ses yeux noirs et froids sur celle qui lui avait posé une question, elle lui répondit, d'un ton monocorde :

Oui, c'est bien lui qui sera mené ici, celui qui a enlevé Aliénord de Malemort et Ewaele de la Boesnière.

Le ton était monocorde, la voix peu amène. Et le regard de l'Erynie se releva vers l'horizon.
Trokinas
[Vicomté de Saint Junien - 5 Juin 1457]

Le Vicomte avait longuement hésité. Il avait plusieurs fois pensé à aller voir le tortionnaire de sa Dulcinée. Celui-ci croupissait au fond d'une geole. Le Vicomte n'y était pas allé finalement, pour la simple et bonne raison, qu'il voulait laisser le temps à l'homme de réfléchir. Il lui avait expliqué bien des choses, et rien de tel qu'une longue période de repos et de calme dans des geoles pour trouver réponses aux multiples interrogations que leur dernière rencontre ne manquerait pas de susciter.

Le Vicomte, assit confortablement dans son fauteuil regarda sa main gauche gantée de noir. Cette main, que Jules avait tranchée, lui faisait toujours mal. Le Gant, dont les 3 derniers doigts avaient été rembourrés pour donner l'illusion de plénitude, ne quittait jamais le Vicomte, même dans les moments les plus intimes, Aliénaure pourrait en témoigner.

Trokinas regarda par la fenètre et y vit son verger. Il se leva, et regarda au loin la ville de Limoges. Il savait que demain, Jules allait étre torturé. Et cela le dégoutait. Non pas que Jules ne méritait pas de payer l'infamie dont il était coupable. Mais plutot que cela était fait pour les mauvaises raisons. Il décida qu'il devait y aller. Il prit donc son mantel, et sortit. Il hésita un instant à aller chercher Aliénaure pour qu'ils y aillent ensemble, mais il y renonça, car demain, le Vicomte ne serait pas sous son meilleur jour. Nul besoin de brusquer la Douce et belle Jeune Femme.


[Limoges - le 6 Juin 1457]

Et voilà. Le Vicomte était présent sur la place publique, alors que l'homme allait être soumis à la vindicte populaire, quelle dérision, quelle bétise, et quelle hypocrisie. Trokinas avait une légère naussé, et bouillonnait de rage. Le peuple allait assister à une parodie de justice. Un homme allait souffrir et pourquoi? Non pas parce qu'il devait payer ses crimes, mais parce que les hommes et les femmes, incapables d'assumer leur parcelle de noirceur, allait exorciser leur mal en stigmatisant un homme qui avait succombé à ses pulsions négatives. Quelle puanteur. Trokinas ferma sa main gauche, et sentit encore une fois l'absence de ses doigs. Tous les jours il avait la possibilité de visualiser une parcelle de lui qui était plus noire que la nuit, et tous les jours il l'assumait. Au moins, lui avait le courage de se regarder en face, pas comme tous les abrutis qui allaient se défouler sur Jules. Trokinas estimait que si on voulait vraiment faire payer Jules, alors il faudrait que seuls les gens à qui il avait fait du mal participent à sa torture. Mais bien sûr, cela serait personnaliser et assumer sa douleur et sa rage. Et cela n'était pas possible, on préférait un bourreau anonyme et recouvert d'une capuche pour permettre à une justice hypocrite de soit disant faire son office tout en permettant aux hommes incapables de s'auto considérer de se défouler. Quel gachis ![/i]
_________________
Alienaure
[Grande Place, au Pied du Château]

Il était fort peu étonnant de voir les badauds qui étaient déjà présents. Chaque apparition de l'estrade signifiait une réjouissance quelconque, pour le commun des mortels. Une fête, une annonce, un débat. Les punitions se faisaient rares, ces derniers temps, alors, la présence du bourreau...

Frissonnant malgré un soleil déjà haut dans le ciel, Aliénaure se fraya un passage jusqu'au grand brun qu'elle avait reconnu de dos.
Ils n'avaient pas parlé de leur présence ou absence respective à cet évènement. Mais elle se doutait qu'il voudrait y assister. Peut-être comme une vengeance pour sa main estropiée. Peut-être pour voir la douleur briller dans le regard de celui qui avait fait souffrir.
Esquissant un sourire d'excuse, elle repoussa la marchande de fruits qui se glissaient dans les rangs pour vendre les rebuts de son étal.


Je ne savais pas si tu viendrais...


Main glissée dans le cuir, avec douceur, et baiser déposé au coin des lèvres vicomtales.
Il lui avait bien dit que, de par leurs charges, ils devraient garder une certaine distance, en public. Mais aujourd'hui, elle n'en avait que faire. Peu lui importait les qu'en dira-t-on.
Si elle devait être présente, elle n'était pas assez naïve pour savoir qu'elle pouvait affronter cela toute seule.

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Massai
Cela faisait plusieurs jours qu'il trainait à Limoge à la recherche de Lilith... Il avait obtenu quelques indices prouvant qu'elle était passée par là, mais il ne savait toujours pas si elle y était encore ou si elle était déjà partie... Il fallait encore attendre, alors il passait le temps à se balader dans les rues...
Ce jour là, la rumeur grandissait, les passants et badauds se précipitaient tous vers un seul lieu... Piqué par la curiosité, il les suivit pour arriver sur la grande place de Limoge où une estrade était montée... Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre... Cette estrade, il la connaissait bien... Cette vision le renvoya quelques années en arrière... Les mêmes poteaux, le même brasero... Il passa instinctivement sa main sur son épaule gauche, là où la marque lui avait été infligée... On se préparait à supplicier de nouveau...

Qui ? Il n'en avait cure, pourquoi aussi... Cela ne le regardait pas, il se fichait bien du pauvre hère qui allait subir le châtiment, mais ce qui l'attira fut la silhouette présente sur l'estrade... Le bourrel... Il sentit le goût de fiel de la rage et de la vengeance dans sa bouche ! Se pouvait-il que Charon, l'ignoble bourreau du Limousin fasse toujours son office ? Il s'approcha, bousculant rudement les curieux avides de sensation qui allaient se repaître du spectacle. Il les haïssait autant qu'il haïssait ce satané bourreau, mais il ne pouvait tous les tuer là, même si son épée le démangeait... Mais Charon... qui sait ?

Au fur et à mesure qu'il approchait, la fumée qui s'échappait du braséro, l'odeur qui s'en dégageait, le vision du fer ne firent qu'accentuer sa rage. Il sentit un frisson lui parcourir l'échine...certains souvenirs sont aussi tenaces que le V qui était marqué sur son épaule. Il se força à rester lucide cependant... Se concentrer sur son objectif, sa proie comme lorsqu'il était en "chasse"... Il voulait voir Charon, capter son regard, l'obliger à se souvenir, lui faire comprendre qu'il était de nouveau là, et que ses jours étaient désormais comptés...

Mais la silhouette qui se dressait maintenant à quelques mètres de lui ne collait pas... Beaucoup trop menue pour être le solide bourrel qui l'avait maintenu durant son supplice, un regard froid certe, mais pas celui de Charon... On n'oublie jamais le regard d'un homme qu'on se promet de tuer un jour ou l'autre...Ce n'était pas Charon, il n'y avait aucun doute... A la rage, fit place la déception...

Tant pis, ce serait pour une autre fois... Il tourna alors les talons... Il se fichait dorénavant de ce qui allait se dérouler là... C'était les affaires d'un autre, il se fichait bien de ce qu'il avait bien pu faire, il ne fallait pas se faire prendre, là était la clé... il ne le plaignait pas, incapable qu'il était de ressentir de la pitié pour qui que ce soit, mais il n'appréciait pas non plus, tant cela lui rappelait sa propre histoire... et il disparut au coin d'une ruelle, laissant la populace à son spectacle.

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Johane
Pas bourreau, Dame. Bourrelle. Je ne suis pas un homme.

Johane n’avait pas imaginé un seul instant que le bourreau puisse être une femme. Elle sursauta et ouvrit de grands yeux, cherchant à détailler la silhouette qui se profilait sur l’estrade, mais les vêtements qu’elle portait ne laissait rien révéler de sa féminité. La bourrelle avait déjà repris une attitude figée, attendant vraisemblablement le condamné. Johane regarda en direction du château, tentant d’apercevoir le cortège lugubre qui était attendu.
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Trokinas
Trokinas se retourna vivement. Son visage était fermé, et ses yeux ne reflétaient pas la joie de vivre. En voyant Aliénaure, Trokinas s'adoucit, et rendit ses baisers à la belle.

Je n'aurais manqué cela pour rien au monde. Ce spectacle du summum de l'hypocrisie humaine me ravit. Chaque fois je me délecte de voir la capacité qu'a l'homme de ressentir les instincts les plus vils, et de se cacher derrière une soit disant morale. Mais toi, que fais tu ici?
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Finitou
[Grande Place, au Pied du Château]

C'était un jour de liesse pour bien des personnes. Certains venaient au spectacle espérant y voir du sang ou entendre des cris d'agonie, d'autres venaient en famille en faisant de cette scène, un moment éducatif pour les enfants.
On entendait des "tiens tu vas voir le méchant et si tu fais quelque chose de mal et bien tu pourrais te retrouver là un jour".
Les crapules aussi, venaient se faire peur à s'imaginer à la place du condamné.
Des curieux, des pieux priant de toutes leur force, des prétentieux se faisant voir....

Corenthine regardait ce magma humain mélange des genres et de sentiments.
Elle était dans un coin bien à l'abri des regards. Il était là à cause d'elle ou grâce à elle. Elle ne savait pas vraiment.
Il aurait du mourir au devant la chapelle, comme un chien.
Elle avait préféré le ramener vivant pour qu'il soit jugé.
Toutes sortes d'images des évènements lié à cet homme refirent surface.

Le fin mot de l'histoire, Corenthine ne le savait pas. Comment Jules en était arrivé là?
Lui son barbier.
Qu'était il passé par la tête du roux?
Elle avait toute une flopée de question qui restaient en suspens.

Seule dans son coin, elle était là pour le spectacle ou tout simplement pour le voir même si ça ne répondrait pas à ses interrogations.
Adossée contre une palissade, Corenthine était parmi le badauds. Son sentiment à elle était l'incompréhension.
Alienaure
Regard posé sur l'estrade où le brasier est allumé.
Pourquoi était-elle là? Lui dire qu'elle avait toujours cette même peur, la nuit, quand elle était seule, à Limoges? Lui avouer qu'il n'y avait que quand il était là, la tenant fermement contre lui, qu'elle pouvait fermer les yeux et trouver le repos?


Je ne sais pas... Sans doute pour exorciser ce qu'il s'est passé. Comme tu m'as aidé à avoir moins peur de l'orage.

Souvenir d'une étreinte dans l'intimité d'un bureau à Saint-Junien, où il lui avait fait oublié les grondements et où le spectacle des éclairs silencieux était devenu apaisant, au creux de ses bras.

La jeune femme leva sa main et caressa doucement la joue piquante.


Ce qui est fait doit être fait. Le cousin Nico m'a empêché de rendre juste moi-même, ce jour-là. Vous l'avez tous voulu ainsi.
Alors qu'il soit marqué à vie. Comme nous... Et qu'on laisse tout derrière nous.

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Ewaele
[Face à la place dans son bureau]

Le fameux grand jour était arrivé et elle faisait les cent pas devant cette foutue fenêtre. Non elle ne descendrait pas prendre un bain de foule, non elle n’irait pas voir de prêt le travail de la bourrelle. Ewaele était là depuis des heures, la lune et les autres astres brillaient toujours dans le ciel quand elle avait ouvert sur la nuit l’accès au balcon donnant sur la place pour regarder les derniers préparatifs de la scène qui se passerait bientôt devant ses yeux.

Il y avait en bas une fourmilière qui s’acharnait à finir à temps pour un spectacle qui lui soulevait le cœur rien que d’y penser.

Mais pourquoi se rendait-elle malade à l’idée de cette punition? N'avait-il pas maltraité elle et bien d’autres, et encore le mot était faible? Il ne devait y avoir qu’une justice, cela elle le savait et en était persuadée mais des souvenirs plus anciens remontaient à la surface…

Une guerre, un champ de bataille, une flèche, son cou… Main qui se portait sur la cicatrice comme pour vérifier qu’elle était toujours là. Puis ces deux bretons qui la transportaient dans les geôles. Première bataille, un frère d’arme en mauvaise position, ce frère d’arme qui, elle l’apprendrait plus tard, n’était autre que son frère. PsyK.

Son prénom mourut sur ses lèvres, il était porté disparu depuis trop longtemps déjà et malgré les recherches entreprises dans tout le royaume, pour le moment aucune nouvelle lui était parvenue. Le silence, le froid, le manque, elle souffrait de ne pas savoir ou justement d’imaginer le pire! Mais ce jour là sur les remparts de Rieux, elle ne savait pas. C’était un homme de sa lance, elle n’avait pas réfléchit et pour lui venir en aide s’était précipiter épée en avant. Maudit archer qui l’avait touchée en pleine course. Ils avaient du l’abandonner et rebrousser chemin. Cinq jours.... Cinq jours entre les mains de ses geôliers… Mais qu’était la torture pour ceux qui ne l’avait pas vécue? qui pouvait prétendre connaître les maux d’un tel châtiment? Et s’ils s’étaient contentés de lui administrer des coups et autres traitement de choc… Non, cela ne suffisait point… Ils l’avaient marquée non point au fer rouge, mais pire encore pour elle, de la salissure, de la salissure des hommes vils…

Elle frissonna en repensant à tout cela et se dépêcha de rentrer, évitant de regarder en bas de peur que le vide l’appela et la happa.

L’aube était enfin arrivée et ses pensées, loin de s’être envolées aussi facilement, lui tenaillaient les tripes. Elle espérait la présence d’une personne à ses côtés, une main dans la sienne pour se sentir plus forte. Toute la matinée elle avait espéré voir la porte de son bureau s’ouvrir et son visage réconfortant venir l’aider à passer ce cap, mais il n’en était rien. Etait-ce son chemin de croix ? Elle n’en savait rien mais le moment n’allait pas tarder où elle devrait faire son apparition.

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Juleslevagabond
[ Marche ou crève - Ruelles de Limoges, 6 Juin 1457]

Nouvelle chute sur les pavés. Ses jambes ne le portent plus. Les longs mois de captivité se font sentir à chaque mouvement. Grimace de douleur, on dirait un bambin à qui on apprend de marcher.

Bordel...

A qui conseiller les geôles ? Personne. Même en sortant, même si l'on a envie de crier sa liberté à tous, même si on laisse chaque rayon de soleil nous réchauffer la peau, même si l'on laisse les effluves de vie nous ramener au dehors de ce trou à rats, il y aura toujours un temps d'adaptation. Pathétique vraiment. Il se hait d'être aussi faible. Combien de cou veut-il tordre jusqu'à entendre un craquement de nuque sur tout ces visages ébahis devant sa personne ?... Sans compter les gardes et le geôlier à qui il réserve bien une autre fin plus lente et douloureuse.

Qu'ont ils tous à le regarder comme s'il était une bête de foire ? Circulez, y a rien à voir... Il lui faut juste un peu de temps pour souffler.

Relèves-toi bâtard ! Ton calvaire est pas encore fini...

Les deux boîtes de conserve ne se font pas prier à relever rapidement ce qui reste du corps kidnappeur/assassin. Nouveau coup de poing dans l'estomac pour appuyer les dires du chef d'escorte.

Tiens-toi tranquille raclure... A chaque fois que tu tombes ce sera le même menu pour ta poire compris ?

Nouveau gloussement des deux soldats tenant en chaînes les bras du Jules. Les yeux de jais dans le vague, le rouquin ne donne aucune réponse. Pas de rire narquois, ni sourire en coin, ni dents serrés. Juste marche ou crève. C'est ainsi dans ce monde. C'est ce qu'il mérite. C'est le Moyen-Âge. Personne ne gagne totalement.

Même le Conseil. Ils peuvent toujours marquer la fierté d'avoir réussi leur coup avec lui... Mais le rouquin resterait à jamais pour beaucoup comme une marque indélébile. Tant de confiance brisée des deux côtés... Autant pour lui d'avoir vu à quel point le Limousin avait changé, autant pour eux d'avoir à subir les foudres d'un déserteur fou amoureux. Une trahison commune.

Et les taches ne seraient pas que dans l'esprit, oh non... Presque tous avait reçu un cadeau de sa part directement ou non. La Comtesse actuelle pourra à loisir contempler son coup d'estoc à l'épaule, le Baron sa main meurtrie, la Chambellan son oreille corrigée. Mais comme on dit, donnant-donnant...

Lui aussi n'avait pas échappé aux épées des deux premiers nobles. D'abord l'entaille horizontale sur la nuque de la part de l'irlandaise, suivie de celle sur la hanche droite d'un certain ex-Comte... Et ne comptons pas les blessures déjà cicatrisées que le rouquin détient ; Cicatrice en croix sur la joue gauche où l'on peut apercevoir de près trois fines griffures à l'intersection, souvenir d'Orient - et d'un certain félin -, ainsi qu'une dernière longeant son torse, du pectoral gauche au bassin droit.

Un petit musée de l'horreur... Mais restons humble, il y a similaire voire pire cas dans le royaume, il le sait, il ne s'est jamais permit de l'ouvrir fier de ses marques ancrées dans sa chair. Surtout qu'aujourd'hui, une nouvelle va bientôt trôner sur son corps déjà meurtri par les coups de fouet et bastonnades du geôlier.
Il s'attend au pire, que lui réserve-t-on comme supplice public pour haranguer au mieux la foule ?

Véritable pantin désarticulé qui tente de tenir la cadence dans les ruelles de Limoges, bercé par les cliquetis incessants d'armures étincelantes au zénith, hué par quelques suiveurs ou bien soutenu par ceux du monde de l'ombre d'un regard compatissant en le voyant passer.

On pourrait y lire des "Courage mon gars, c'est une épreuve à passer", "Tiens bon" dans le meilleur des cas, même si la règle d'or de ce milieu est chacun pour sa pomme. Si t'es choppé tu crèves seul. C'est ainsi. C'est le revers de la médaille. On récolte ce que l'on sème. Il savait les risques d'une telle folie au fond... Il faut maintenant endurer.

Le groupe de curieux ne cesse d'affluer derrière l'escorte, Limoges s'éveille pour l'évènement. Un peu de spectacle doivent se dire certains. Combien vont jouir de voir un homme qui a gravement trahi son Comté recevoir punition physique ? Le kidnappeur ne le sait pas. Il s'en fiche éperdument. Que ce soit rapide, qu'il arrive à sortir de cette prison, qu'il retrouve cette femme... Patience ma belle, patience, je serais là bientôt, toi et moi contre les fous. Et alors tu sauras pourquoi et comment je t'ai rendu honneur. Comme tu l'as toujours mérité.

Étincelle de folie violente dans ce torrent de fourberies politiques... Alors que le groupe et l'amas de badauds suiveurs arrivent enfin en la grande place. Le rouquin relève un peu plus la tête, prêt à croiser les regards de haine, de tristesse, d'incompréhension, de jouissance qui doivent l'attendre. Beaucoup ont dû attendre ce moment. Le bourreau semble déjà en place, on lui a bien chuchoté que celui-ci est spécial... Il sait au moins à quoi s'en tenir.


PLACE A LA CRAPULE QUI VA ENFIN RECEVOIR LA PUNITION DU LIMOUSIN, ÉCARTEZ-VOUS !


Pour l'entrée discrète évidemment on repassera, ce n'est pas dans les plans des boîtes de conserve semble-t-il. Regard sur l'ensemble de la scène qui s'offre à lui, soleil au rendez-vous malgré la noirceur de l'acte futur, encore du monde, l'estrade... Grimace de douleur, le fouet a criblé son dos de brûlures. Les quelques bandages sales et haillons disposés ne doivent pas arranger l'affaire... Camoufler les horreurs du geôlier n'est pas bête de sa part ni même surprenant... Un sournois reste un sournois, un assassin reste un assassin ; Même si tous savent juste qu'ici il est un fourbe kidnappeur.

Et l'escorte reprend la cadence, plus freinée, pour bien laisser le temps à chacun d'apprécier la vue du rouquin en sale état. Souriez et pleurez limousins, appréciez le spectacle !

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