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[RP]Je vois des morts

Umbra
Ce fut en auscultant les profondes entailles d’un suicidé que Freyja sut qu’elle y passerait, elle aussi, un jour. L’esprit tendu vers celui du damné, elle entendit en sourdine les complaintes et les secrets qui tourmentaient son âme. Sa puissante foi, son imagination débordante et ses drogues violentes guidèrent son hypersensibilité vers les tréfonds de son propre cœur. La vision des scarifications du désespéré ouvrirent les portes de sa réminiscence et inconsciemment, l’Ermite sonda son être. Elle revit ses souffrances, sa solitude, son incompréhension et comme par magie, le passé se transforma en une suite logique d’avenir. L’idée de passer à trépas ne l’effrayait guère car c’était une évidence. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que c’était le simple dénouement de toute vie. Mais le matin de sa mort, la Sauvage la pressentit. Elle était consciente de ne pas être tout à fait prête à franchir le cap. Sans parler de pouvoirs surnaturels, la Folle quitta sa paillasse avec un désagréable pressentiment. Comme si de rien n’était, elle entama le rituel de ses journées. Cependant, la sensation d’être en danger permanent la suivit des heures durant comme son ombre. Pour plus de précautions, la Mère envoya Triora cueillir des simples manquants pour sa décoction. Une fois, sa fille hors de danger, la femme reprit ses activités en attendant l’heure fatidique. Elle n’avait rien divulgué de sa prémonition à sa descendance ni même dit Adieu. La Rousse ne ressentait pas le besoin de s’exprimer de la sorte, trouvant les mots trop éphémères pour l’amour qu’elle lui portait.

Depuis sa plus tendre enfance, la Sorcière avait patiemment inculqué à son enfant la magie des plantes. Ce don de survivre à l’Homme. Freyja avait tant donné à la Nature qu’elle était intimement convaincue que la Nature lui rendait la pareille par les effets des simples et qu’après avoir passé sa vie à s’occuper de la flore, Mère Nature la cueillerait pour son repos éternel. En dévoilant tous les pouvoirs de la Nature à sa fille, l’Ermite lui transmit outre une connaissance pointue des vertus végétales, la notion de longévité. Dans ses moult pratiques, elle jouait avec le temps : deviner l’avenir, comprendre le présent, scruter le passé. L’éternité prenait son véritable sens dans l’apprentissage de la gamine. C’est pour cela que la Sauvage ne souhaita pas la saluer pour cette ultime fois. Elle savait qu’avec le temps, Triora saurait la revoir en revisitant le passé ou en la retrouvant dans un arbre. Tout l’amour que la Mère n’avait jamais avoué de vive voix, elle l’avait cultivé dans l’éducation de la Rouquine et un jour, elle était persuadée que toute cette science de Vie éclorait dans l’esprit juvénile.

Mais ce temps-là appartenait encore au futur et pour l’heure, il n’y avait que le glas qui retentissait.

Toujours nue comme un ver, souillée jusqu’aux entrailles, la Folle gisait à terre sous les regards sadiques des visiteurs. Petit œil avait tenté de lui venir en aide mais en vain car on ne change pas le destin. L’un des intrus encore dépenaillé de ses premiers méfaits jonglait habilement avec la dague :


Bonne idée , Chienne impie ! rit-il tandis que la jouvencelle rétorque en s’époumonant :

NON !

Un impudent maitrisa facilement l’enfant au sol quand un second demanda :

Dites, v’croyez qu’e’l’ a un cœur l’Sorcière ? Hein, pa’ce qu’c’est pas dit !

La femme en question fixait toujours sa progéniture, un sourire déformant ses traits usés. Elle tendit lentement sa main vers la petite quand l’homme armé stoppa son geste en écrasant violemment ses doigts.

Allez, les gars, aid’moi à l’tenir !

Les trois autres assaillants vinrent se poser autour de la Folle et chacun empoignèrent fermement le bras ou le pied devant lui. Tous la maintenaient au sol tandis que le malveillant agitait sadiquement la dague au dessus de la poitrine offerte.

N’a qu’à vérifier…

Les rôdeurs accroupis éclatèrent d’un rire malsain pendant que la lame se plantait vicieusement dans la chair. Une large incision scinda l’abdomen de la Rousse qui renversait la tête afin de regarder inlassablement Triora. Elle maitrisait mal sa respiration et chaque halètement ouvrait un peu plus la plaie. Le sang giclait à chaque inspiration, maculant les visiteurs de leur barbarie. Le curieux qui avait lancé l’idée glissa un doigt puis deux dans la blessure et écarta lentement les chairs, provoquant une effusion d’hémoglobine. La carcasse du spécimen de Folle se prit de spasmes virulents et les visiteurs redoublèrent de force pour la clouer à terre. Le liquide carmin coulait à profusion alors que le tortionnaire étirait davantage la peau. Les tremblements nerveux devenaient frénétiques et les paupières de la Sorcière battaient vaguement. Son regard en direction de l’enfant se faisait trouble et un rire hystérique s’échappa de ses lèvres. Plus l’homme l’éventrait, plus le cri s’intensifiait. Tous pataugeaient maintenant dans une mare de sang. La voix perdura un instant avant de s’étrangler dans des flots ferreux. Le visage à l’envers, de longs filets vermeils glissaient de sa bouche jusqu’à ses yeux éteints, se logeant dans ses narines pour l’étouffer encore plus. Ses pupilles ouvertes se figeaient pour l’éternité sur le faciès difforme de Petit Œil, marquant à jamais son esprit. Le corps s’agita quelques minutes avant de se raidir une bonne fois pour toute. Les tripes à l’air, Freyja n’avait définitivement plus rien d’humaine.

Les assaillants barbouillés de sang se redressèrent tour à tour tout en scrutant leur œuvre. La Sauvagerie à son apothéose, l’Homme dans son infinie splendeur. Le macabre dessein humain…


On fait quoi d'la môme ?

Et toutes les paires d’yeux se posèrent sur Triora.
_________________
Triora
ça ne pouvait pas être réel , Mère lui avait apprise la folie , la colère et la cruauté que le monde pouvait faire preuve ... Mais a ce point ?... Les questions se ruent dans sa tête qui semblent a la fois lourde et vide ... Aucune réponse , initiative , idée ne traverse son esprit pour sortir de la ... Rien a part attendre et ... Mourir ... Elle sentait dans le regard de sa mère comme le savoir qui venait en elle a chaque fois qu'elle le regardait et la ... Elle ressentait une grande peur et ... Un étrange sentiment inavoué ... Serais ce l'amour ... D'une mère ?

J'ai peur

Voyant la main se relever dans sa direction , elle trainait ses doigts contre le sol pour rejoindre la main et , peut être , mourir ensemble sera plus agréable qu' d'assister a ça ... Mais ses espoirs furent réduit quant l'homme armé écrasa les doigts violemment de sa botte ... Seuls ses yeux pouvaient toucher sa mère ... ce sera sans doute suffisant pour mourir ... Puis les bras de sa mère sont saisit ... La dague danse lentement au dessus de sa poitrine déjà ensanglantée ... Et ...

Des larmes ... , Du sang ... L'impuissance ... La peur ... L'enfant qui n'en est plus une observait d'un regard vide sa mère qui se faisait violenter par l'arme et les mains des hommes , elle ne trouvait rien d'autre a observer ... A part ses yeux et son rire qui disparait soudainement quant les mouvements de sa mère ont cessé

Le mauvais-oeil observait tour a tour les hommes du méfaits ...

Un visage brulé par les produits de mère qui portera cette plaie pour toujours et des cheveux brun , Un homme aveuglé par les morceaux de verres brisé qui s'étouffait dans son propre sang et ne survivras pas bien longtemps , De longs cheveux blonds sale et une barbe tout aussi longue sur un visage brulé par le soleil et marqué par une blessure qui joint la commissure des lèvres jusqu’à l’œil , Un frère d'arme plus pâle et chauve avec des yeux bleu aussi tranchant que l'acier et un regard satisfait méprisable, un visage porcin dégoulinant de sueur et de sang qui respire difficilement avec une ombre de barbe ocre et une calvitie naissante , De long cheveux noir comme les cendres ou apparaisse un sourire dévoilant des dents gâtées et un regard fou et des yeux verts ... Et la poigne qui la maintenait en place ... Un garde ... Ou un noble ... Une armure d'argent couverte de marque de combat et des cheveux coupé pour pouvoir porter un casque et le blason du domaine lié au seigneur qui protégeait les sorcières ... Pourquoi ...

Soudain les regards se tournent vers elle ...

On fait quoi d'la môme ?

Aucune pensée ne traversait son esprit , elle était oisive ... morte de l'intérieur malgré son cœur qui continuait de battre malgré son envie d'en finir ... Plus de peur , Plus de famille , plus de chaleur ... Elle continuait de regarder la carcasse en restant au sol a genoux , ses cheveux roux trempé de sueur d'urine et de vomissure lui barrant le visage ...

Soudain la voix autoritaire de l'homme en armure s'élève en même temps de se saisir l'enfant par le col pour la trainer dehors

Elle mourra seule de faim dans les bois ... Laissez la .

Les hommes armés observèrent leur frère d'arme sortir l'enfant puis haussèrent les épaules ou crachèrent au sol en jurant ... Le travail n'était cependant pas finis

Brulez tout !

Usant de chaise et de table , les étrangers brisèrent tout meuble qui tenait encore debout , renversait les produits au sol , brisait les fioles , déchirait les grimoires et lèvres , lancèrent les restent en riant puis mirent le feu a la bâtisse en jetant une torche sur une gerbe de produit qui était entouré de son ancien récipient et une flamme surnaturelle se déploie aussitôt ... Bleue ... étrange et menaçante ... Les assassins crachèrent aux sol pour conjurer le mauvais sort ... Puis chantèrent des chansons paillarde en riant ... Et au centre de cette agitation une enfant seule et rousse perdue ... Elle n'avait rien et on le lui a enlevé ... Puis l'obscurité ... Ou suis je ? ... Mère ... J'ai peur ... Je crois ... être ... Moins seule ...
_________________
Umbra.
[Mes pieds sont réduits en cendres.
Mes muscles craquent, ma moelle et mon sang sifflent.
Ma chair se consume comme du cuir rétrécit.
Deux bâtons desséchés et noircis.
Les os de mes jambes pendent au dessus des flammes.
Qui montent, bientôt lapent mes cheveux.
Ma tête est une boule de métal en fusion.
Mes yeux étincellent puis fondent dans leurs orbites.
Si j'ouvre la bouche, je bois du feu.
Si je la ferme le feu est à l'intérieur.]
*

Un être s’effondre. Le sang s'enflamme puis se consume, les lambeaux de chair brûle avant de partir en fumée, ne laissant qu’un squelette carbonisé au beau milieu d’un immense tas de cendres. Les trous béants de ses orbites fixent toujours la même direction, bien que le décor est maintenant disparu dans le brasier, et son sourire est toujours là, figé sur les mâchoires noircies.

A mille lieues, l’Ombre, dans la crypte, se contorsionne comme une possédée. Elle se bat, elle hurle. Umbra lutte contre la mort qui l’envahie. Prisonnière d’un corps froid qui s’embrase, elle vit la mort, la ressent sans pouvoir l’arrêter, la subit. En transe, les effets du bouillon atteignent leur summum. Les violentes hallucinations rongent sa carcasse après avoir empoisonnés son esprit. Le teint cadavérique de la Noiraude vire au vermeil, cette dernière sut comme si elle était au centre d’une fournaise. Ses paupières closes voilent ses pupilles dilatées ainsi que son regard convulsionné alors que la bouche entrouverte, Ombeline suffoque. Son corps s’agite frénétiquement, pris de douloureux spasmes tandis que ses articulations, nerveusement contractées, produisent et reproduisent des bruits secs.

Finalement, c’est en sursaut que la Bâtarde s’échappe de cet enfer. En nage, ses boucles brunes collent à son front enfiévré. Des sueurs froides plaquent sa tenue à sa silhouette. Vaseuse, la Manchote jauge approximativement son nouvel environnement. Son regard brumeux chavire jusqu’à lui donner la nausée. A peine le temps de reprendre son souffle que l’Ombre vide ses tripes au sol. Elle est mal, elle a mal. Umbra s’essuie les lèvres d’un revers de manche avant de se tourner vers Triora. Ses iris ternes fixent le corps d’enfant et le moindre clignement d’yeux devient un effort. La Noiraude est exténuée par ce cauchemar. Puisant dans ses dernières forces, elle se laisse choir dans les couvertures en tendant son unique main vers celle de son amie. D’une voix brisée, elle murmure :


Petit Œil...Tes nuits sont le combat d’une vie…

* Paroles de Rutsah - ETHS
Triora.
Le corps de l'enfant qui n'en est pas une était couchée au sol , le visage plongé dans les couvertures trempée de sueur et de larme . Le cauchemar c'était assoupis mais l'odeur de la camomille , du souffre , et du feu s'humait encore pleinement ses narines ... Ou bien était ce les dernières fumées produite par le brasier au coin du feu et l'arrière gout du bouillon ?

Non ... Il y'avait autre chose ... Elle commençait a souffrir ... ... La sensation que son corps se déforme... Grandit ... Son visage devient plus lisse au niveau de sa déformation... mais vieillit ... Des cris et gémissements de douleurs l'empêche de respirer pleinement et l'impression que son âme qui venait tout juste de reprendre son corps la quittait de nouveau ... Plus loin ... S'envolait ... Toujours plus loin ... Elle se voyait d'un œil qui n'était pas le sien ... Au dessus des couverture , entourée des morts qui l'observent dans cette tombe ... Et son corps enfantin qui continue de convulser en regardant son amie en haletant d'une voix étouffée ... Que m'arrive t'il... La panique grandissait en elle ... Son rêve devait cesser ... Maintenant ! Maintenant ! ... Qu'ai-je fais ... La douleur continue et se transforme en brulure ... En brasier ... et sa peau en lave ...

Puis le corps arrête de se mouvoir soudainement en même temps qu'une courte expiration... Mais son esprit continue de regarder sa mort devant ses yeux ... Un sourire ambigu et affreux se dessine sur le visage de son corps inerte ... Son œil enfantin gauche grand ouvert , les vaisseaux sangins pété donne une couleur carmin a son œil visible ... Mais ce sourire ... Mauvais ... Réservé ... effrayant ...Puis sa respiration reprend ... Puis une voix que jamais elle n'avait utilisé ... Son accent d'origine anglois ... Mêlé de grognement ... Et du croassement d'un corbeau

Kraah ! Pas ta vie ...


... L'avant gout de cette mort ... La faisait ressentir une horrible impression ... Le feu léchant son corps , les tissus collant a sa peau fondue ... Et ses cheveux brulant comme un chemin de poudre ... Mais aucune flamme ne s'élevait dans la crypte ... Est ce ça que tu ressens , Mère ?
Umbra.
[Falling Awake
From a walking sleep
And all that remains
Is the dying memory
And now I can dive for
Like I am Falling
I am falling awake]
*

L'Ombre reprenait tant bien que mal ses esprits aux côtés de son amie. Cette dernière semblait encore immerger dans son cauchemar. L'inertie soudaine du corps enfantin inquiéta Umbra qui avança une main sur le front moite de la rouquine. L'oiseau de mauvais augure croassa de nouveaux sons si proches d’une complainte humaine que la Noiraude frissonna à ce présage.

Triora, réveille-toi...

Les propos avaient plus des allures de suppliques qu’un véritable ordre. La pensée encore confuse, Ombeline n’arrivait pas à sortir de sa mémoire les images de ce funeste rêve. Sa carcasse encore engourdie semblait épuisée des évènements macabres comme si elle avait subi chaque torture. Ses muscles restaient tétanisés, les nerfs vifs et la peau hypersensible. La bâtarde dévisageait Triora endormie. Ses traits étaient crispés, la bouille juvénile n’était qu’un masque de terreur. Horrifié était le mot qui convenait le plus à la situation.

Petit-Œil lui avait confié ses violents troubles du sommeil et la Manchote s’était portée gardienne de ses nuits. Lors de ses insomnies, elle veillait sur le repos agité de son amie et plus d’une fois, elle remarqua la détresse gravée sur son faciès. Maintenant, l’Ombre savait.

Sa simple présence ne suffirait pas à apaiser les tourments dont était victime la Sorcière. Il lui faudra expier ces maux qui la rongent nuit et jour, chasser ses démons intérieurs pour qu’elle retrouve la paix avec son âme. Mais comment faire ?

La dextre toujours posée sur le front suant, Umbra prenait conscience de la gravité des faits. Une fois de plus, elle avait sous-estimé la rouquine. Sous ses airs juvéniles, cette dernière avait bien plus vécu, bien plus souffert qu’elle ne l’avait imaginé. La Noiraude chérissait son manque de sommeil chronique. Bien qu’exténuée, elle restait maitresse d’elle-même, de ses pensées. Triora, perdue dans son subconscient, revivait encore et toujours l’enfer de son enfance. Dans le royaume de Morphée, il n’existait aucune limite à la douleur, aucune trêve à la peine, aucune notion de temps.



[There is no returning to that emptiness,
Loneliness
The dream that lives inside of me
Won't fade away, it's wide awake...]
**

Triora, réveille-toi.

* Tomber éveillée
Depuis un sommeil marchant
Et tout ce qui reste
Est la mémoire agonisante
Et maintenant je peux plonger pour
Ses rêves que je fais
Comme je tombe
Je tombe éveillée

**Il n'y a pas de retour à ce vide,
Solitude
Le rêve qui vit à l'intérieur de moi
Ne s'effacera pas, il est réveillé

* et ** Paroles de Falling Awake de Tarja Turunen
Triora.
L'enfant restait stoïque et sa respiration haletante ,les yeux fixant un point au plafond ... Le corps regardant son esprit voler parmi les défunts... l'affreux sourire dévisageait sa faciès infantile ... Et un rire ressemblant a une quinte de toux douloureuse la laissait immobile au sol , l'impression d'habiter un nouveau corps ... charnue ... froid et pourtant si chaud ... Inerte ... Mère ...Les ricanements incessants lui donne une mine inquiète et folle .La peur s'installe , l'angoisse ... La folie ... Mère ... Le corps couché sur le ventre en T , les poings serré et son teint gris . Cette image ferait pensé quiconque a un enfant mort prématurément ... C'était la son unique apparence.... Mère ...

Le corbeau s'approche de l'enfant, qui n'en est pas une , en sautillant ... Observant le corps immobile ... Le bec s'entrouvre lentement , les ailes s'ouvre grandement pour battre l'air en direction de la sorcière en croassant de sa voix affreuse et insupportable

Croaaaa !!! Croaaa!!! Mèèèère !

Lentement le corps se redresse difficilement comme si elle était entravée de lourde chaine la maintenant au sol , grinçant des dents sous la douleur et l'effort ... Le grand œil bleu infantile observe son amie comme s'il s'agissait d'une inconnue ... Avec méfiance , peur et ... colère . Le masque de terreur déchiré par cet affreux sourire continuait de la torturer comme si la vie ... La mort ... Tout n'était qu'une vaste farce inventée par les dieux ... Qui suis je ...

Sa tête se penche lentement comme une poignée de porte sans bouger le reste de son corps , dévoilant enfin le reste de son visage ... Défigurée , hideuse ... Cauchemardesque ... Sa nouvelle voix s'élève tout aussi rauque que les croassements du corbeau ... Et un étrange accent peu naturel rende presque incompréhensible ses propos ...

Pas Tr'ora !

La tête se secoue de haut en bas dans le même rythme que ses ricanements ressemblant a une porte grinçante.


... Pendant cette instant ... le corps de Triora observe les morts autour d'elle ... Nageant dans l'air comme un poisson dans de l'eau mais la similitude s'arrête la ... L'enfant pleure , tremble ... Cale ses jambes contre son torse et son front sur ses genoux ... Et pleure ...
Umbra.
La léthargie de Triora inquiétait de plus en plus l’Ombre bien que les gestes qui suivirent ce pseudo coma lui glacèrent le sang. Alors que l’iris azuré la fixait, haineux, Umbra retira son unique main et entreprit de se lever maladroitement. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle craignit véritablement son amie et pour cause, ce qu’il résultait devant son regard effaré n’avait rien en commun avec l’enfant qu’elle avait secrètement adopté dans son cœur. Le faciès difforme de la rouquine ne possédait plus un trait humain. Il était tordu de douleur, de rage. Il était teinté de mort.

A peine debout, les genoux flageolants, qu’une voix d’outre tombe franchit les lèvres juvéniles.


Pas Tr'ora !

Quelque chose de singulier résonnait dans l’effroyable rire à la suite des paroles. Son bâton au poing, la Noiraude se mit en garde pour décourager celle qui l’intimidait bien plus. Les sourcils froncés, elle était prête à passer sur le corps de la Sorcière pour sauver son âme. Les iris de jais ne quittaient pas le masque ancré sur le visage enfantin. Inconsciemment, Ombeline connaissait déjà cette expression terrifiante. Elle avait déjà entendu ce terrible accent. C’est alors que la Bâtarde comprit et étrangla davantage son arme, nerveuse. C’était impossible et pourtant c’était bien réel…

Votre place n’est pas ici. Retournez-vous en de ce corps ! Il ne vous appartient pas...Plus ! Rendez-moi Triora ! Vous entendez…Freyja ?!

La peur vibrait dans ses menaces. Son cœur battait dans ses tempes, peut-être le cauchemar n’était-il pas fini tout compte fait ? Sans doute, les drogues faisaient encore leurs effets. L’Ombre s’imaginait encore endormie ailleurs. Mais il fallait se réveiller…Maintenant.
Triora.
Le rire s'arrête soudainement , le corps encore fortement penché en arrière , presque sur le point de tomber vu les bras gesticulant qui tente de garder l'équilibre de la carcasse enfantine.une légère buée se forme et monte vers le plafond jusqu’à disparaître a chaque gémissements long et sombre qui continue hélas de sortir d'entre les lèvres de l'enfant.

Lentement le corps dessine un arc de cercle en s'inclinant sur la droite et poursuivant le mouvement , jusqu’à adopter la position d'une vieille femme souffrant de scoliose , les cheveux roux , trempé de sueur et de larme , ne laisse voir que très légèrement ses yeux et sa bouche infantile. Les deux yeux devenu presque globuleux , inexpressif et azuréen observe la femme en face d'elle comme un renard méfiant .

La voix croasse , grogne et feule tel une forêt inexplorée par l'homme .

Tu veux fille de moi ... Elle vouloir être 'vec toi ... Mais pourquoi moi te rendre elle ?

Le visage se penche peu a peu sur la gauche , les cheveux glisse sur sa figure a la fois chaotique et innocent et se rassemble sur la partie déformée de sa faciès. Le petit œil danse dans la pièce a la recherche d'un lieu ou placer et canaliser sa haine et sa peur grandissante tandis que l’œil enfantin observe la femme armée
Umbra.
En garde, l’Ombre observait l’enfant se muer en vieille dame. Toute la haine et la souffrance tassait le corps juvénile comme si le poids des années l’écrasait. Umbra revoyait à nouveau Freyja devant elle. Elle connaissait la douleur de ses articulations, l’oppression de ses tourments. Elle savait que tenir debout lui était déjà difficile mais le tout emprisonné dans l’être enfantin lui était tout bonnement inconcevable. Triora n’avait pas à subir ça, elle n’avait pas l’âge ni l’endurance.

Pourquoi fallait-il libérer la Rouquine ? Parce que la Noiraude lui avait promis sa loyauté, sa protection. Parce qu’elle ne faillit pas pour si peu. Ombeline avait enfin trouvé quelqu’un pour qui se damner, quelqu’un à qui elle pouvait s’accrocher. Parce qu’elle ne tolérerait pas de rester seule à nouveau. Alors le démon la libérerait parce qu’elle l’a ordonné.


Et vous, pourquoi la garderiez-vous? Votre tour est passé, Freyja. Vous en êtes toute aussi consciente que moi. Vous ne vivez plus dans le même monde. Et vous l’aviez vu…Je le sais car je l’ai appris à travers vos yeux. J’ai enduré vos dernières souffrances, j’ai expiré votre dernier souffle. Et pire encore, je veille sur les nuits de votre fille. C’est moi qui protège son sommeil quand vous le hantez alors laissez-la en paix. Elle a assez souffert de votre perte, de votre absence. Cessez de tourmenter son âme si vraiment vous tenez à elle. J’ai lu dans votre cœur l’enseignement que vous vous évertuiez à lui offrir. Je connais l’ampleur de ce que vous lui léguez. Maintenant retournez-vous en Freyja, Triora sera riche de votre amour et de votre art le temps venu.

Il est vrai, la Bâtarde avait vécu tout ça, ressenti toute cette fureur et ce fut pour cela qu’elle la craignait davantage. Le bâton étranglé entre ses doigts noueux, que pouvait-elle bien faire contre un démon ? Simplement prier pour que cela fonctionne…

Triora est sous ma protection et je ne laisserai quiconque âme défunte ou piètre brigand des bas-fonds s’en prendre à elle. Qui atteint son corps périra de son Ombre.

La Manchote avait renié Dieu et le Sans-Nom, tous les anges et les démons. Un esprit mort ou vif restait un esprit. D'un côté ou d'un autre, peu lui chaut s'il fallait le rejoindre pour batailler. Sa loyauté n'avait de limite que son coeur et ce soir, il semblait à l'épreuve.
Triora.
Le corps infantile déformé bougeait par courte saccade , la main droite vient se poser violemment contre sa tempe en grognant telle une louve menaçant une proie , la douleur grandissante la force a fermer l’œil gauche ... Laissant la vue troublée et mauvaise du petit-oeil ... qui continue de transpercer la femme armée de son bâton , Un combat se passait dans sa tête ... Des visions de fin de vie tout aussi ... Affreuse ... Un grand cavalier au casque ailé a l'armure sombre et rouillée traversait une ville enflammée ... Ses yeux se rouvre quant elle se sentait tituber

Le corbeau de malheur prend son envole peu a peu en ricanant avant de s'éloigner et de se poser sur le large lit mortuaire

L'enfant ouvre les lèvres gercée et dit dans un grognement inhumain mélangeant peur , colère , le regret ... et l'outrage ... La voix semble gronder contre chaque parois , faisant un échos affreux dans la petite pièce

PAS MOI ! TR'ORA HANTER ELLE MÊME !

L’œil déformé descend sur le sol , la seconde main se pose contre son autre tempe qu'elle presse d'une force difficilement imaginable pour le corps frêle qui loge tout ces sentiments enfouis qui se brisent et s'entrechoquent autour d'elle en entendant , et ressentant étrangement , la franchise de la personne armée devant elle... Ces mensonges ... Ces affreux mensonge ... Ils veulent l'utiliser comme elle l'a été une grande partie de sa vie ... Elle ne subira pas cette peine ...

MENSONGE ! MENSONGE ! MENSONGE !TOI UTILISER FILLE ! TOI JETER ELLE QUANT TOI PLUS BESOIN ! Moi voir elle dans maison de pierre et de fer ... Fouetter ... Torturer ... NAN ! TOI MENSONGE ! ...

Le visage se brise un instant , sombrant en larme , la voix de l'enfant reprenant le dessus ... Larmoyante ... Perdue ... Perturbée ... Ou suis je ... Je dors encore ? Cette douleur ... Ce mal de tête ...

Le visage de l'enfant gesticule de droite a gauche violemment comme pour chasser des mouches essayant de se poser sur son visage ... Des mouches prenant voix dans sa tête et la torturant de moult dire ... Vrai ... Faux ...

Elle est d...d...différente mère !Qu'ELLE ME LE PROUVE !!!
Umbra.
L’Ombre avait fini par baisser sa garde, dépassée par les évènements. Elle observait d’un œil sombre les personnalités se choquer au sein de l’indivisible et frêle carrure. Une fois de plus, Umbra paraissait impuissante face à cette bataille interne. Elle voyait les doigts blanchis par la pression tenant la pauvre tête bouleversée en étau. La Noiraude perdait la face, Freyja prenait trop d’emprise sur Triora. Bientôt sa chère amie, sa petite sœur ne serait plus si la Damnée perdurait dans sa possession.

Non…Non…Petit-Œil est à moi…Elle ne peut pas m’abandonner…Elle n’a pas le droit !

Ombeline jaugeait d’un regard accusateur le monstre en face. Cet être inhumain d’âme et de cœur ne semblait pas prendre conscience de la fureur qu’elle engendrait. De quel droit se mettait-elle en travers de son chemin, de leur chemin ?! Ombeline s’était attachée à la rouquine, surement trop à son grand Dam alors que faire. La Bâtarde se laissait crouler sous les injures : elle, menteuse ? Non, elle, différente.

Voilà que la mère ordonnait des preuves. Mais quels témoignages pouvaient offrir la manchote si ce n’est le temps qu’elle passerait à ses côtés. L’Ombre n’était pas démonstrative et cela lui avait déjà couté auparavant…Cette nuit, ferait-elle encore les frais de sa froideur ? Il fallait agir, tout de suite…Pour toujours.

Un éclat de rire nerveux enrailla les cordes vocales d’Umbra. Mieux vaut-il rire que pleurer, n’est-ce pas ? Que dire, que faire ? Comment lui dire que cette fille venue de nulle part la guidait ? Comment lui faire comprendre que cette fille ne ressemblant à rien était tout à cet instant ?


Allez, Ombeline, dévoile-toi.

Morte ou vivante, je ne dois me justifier à quiconque. Et, si ce soir, il me faut tenir parole alors mes flots ne seront débit d’air…

Tout en s’exprimant d’une intonation grave et très sérieuse, la Noiraude laissa choir son bâton à terre pour venir cueillir sous les pans laineux, une lame affûtée. Gardant ses derniers propos en suspens, elle glissa le métal glacé entre ses dents pour remonter sa manche gauche. Le moignon dévoilé jusqu’au coude, la Bâtarde exhibait son cuir blafard, faisant danser la lame entre ses doigts. Les iris de jais se plantèrent dans l’orbite défaillant avant de reprendre :

Petit-Oeil, écoute-moi. Je sais que tu es là. Je ne m’adresse pas à ta défunte mère mais bien à toi. Je ne gagerai jamais de tendresses, cependant, je puis te faire une promesse…

La pointe métallique prit contact avec la chair livide, la caressant d’une manière malsaine. La manchote poursuivit d’un ton froid mais sincère, le regard planté de celui de l’horrifiée.

Je ne prétendrai pas à te rendre plus heureuse mais je m’efforcerai de rendre ton existence moins rude. Si je ne suis pas en mesure de pouvoir refaire le monde, je tacherai de changer le regard des gens qui te blesse et t’accable. Plus personne ne rira de ta misère sans qu’il ne goute à l’enfer. Je ne te sous-estime pas, Triora..Tu es forte, bien plus que moi…Tu es bien plus que ce que je veux croire. En faite, C’est plutôt moi qui ait besoin de toi…

La lame quitte le bras amputé pour psychologiquement venir se planter dans son cœur et d’une voix vibrante, l’Ombre continue sa prière :

Je puis te promettre un repas, les jours de famine. Un feu, les jours de bise. Mais ce que je te jure, c’est que je ne serai plus jamais seule. Tu seras là, toujours. S’il me faut, veiller sur ton sommeil et ne plus jamais dormir, me briser à la tâche pour couvrir tes dépenses, mourir de froid pour te couvrir, trépasser sous les coups pour qu’ils ne t’atteignent pas. S’il me faut verser mon sang pour rompre ma solitude alors, oui, Triora. Je serai là…pour toi.

Les paupières d’Umbra se fermèrent alors tandis que la promesse devenue murmure et confession s’étouffèrent en un râle douloureux, une larme perla. Carmine et vierge, elle glissa le long de son poignet décharné pour chuter au sol. S’en suivit un mince filet tout aussi pur, la Noiraude lâcha la lame de sa main tremblante. Oui, elle n’était apte à rien mais capable de tout.

Triora, laisse-moi du temps…Laisse-moi t’aimer. Je ne veux plus être orpheline, petite sœur.

Sous le croassement moqueur du corbeau, Ombeline pleurait. En silence, sans larme, son palpitant saignait. L’orgueil à terre, le cœur à nu et en sa peau, deux marques rouges. Parole d’Honneur, Parole de Sang.

T
Triora.
La carcasse torturée par les deux personnalités observait Umbra du début a la fin , la tête enlacée par ses deux mains comme un cercueil de fer ... Ce bâton qui chute et ce rire affreux ... Les deux personnalités l'avait déjà entendu de nombreuse fois ... Puis vint les mots ...

Le corps frêle de l'enfant se redressait peu a peu , reprenant enfin une position plus ... Humaine ... Le visage difforme prenant d'autre forme sous les différents éclats de lumière du brasero dans son dos... Une pointe d'acier venait entailler sa poitrine par à-coup au même rythme que son coeur qui semblait éclater dans sa poitrine ... La moitié déformée du visage semblait grimacer de manière plus affreuse encore , le mauvais oeil plantait tel une lance la brune en face d'elle

Puis La dague ... Une des mains lâchèrent le crane pour se tendre vers Umbra ... mais une chaîne invisible semblait retenir le mouvement ...L'enfant entourée des morts sentait l'angoisse , la peur et la tristesse la troubler et la faire devenir folle ... Suis je folle ?...

Et les dires perduraient ... Continuaient ... Chacun a leurs tour ils venaient se planter tel des flèches droit dans le coeur de l'enfant qui semblait grossir et être aussi lourd que de la pierre ... Et ses pensées perdue ... Troublée ... La marque qui se dessinait sous ses yeux semblait pleurer des larmes de sang ... Puis vint la chute ... L'enfant se tordis une dernière fois , la tête penchée fortement sur la droite de manière peu imaginable ... Et les lèvres marquant un grand sourire montrant toute ses dents cariée et inégale ... Un ricanement ressemblant a une porte grinçante semblait sortir d'entre ses dents

Humain nigaud ... Toujours faire saigner ... Toujours faire mal a autre et sois ...

Le sourire semblait disparaitre et les yeux se figèrent sur l'inconnue au sol ... Un regard sombre ... Mais pas mauvais ... Fatigué ... épuisé ... Mort ...

Tr'ora tort ... Toi agir bêtement ... Passion faire mauvais choix

Le corps se tord encore un peu pour observer un coin de la pièce ... L'oeil déformé ... Pleure ... Qu'arrive t-il ...Un croassement animal sort de la bouche de la carcasse en guise de "mais"

Moi préférer voir toi saigner que Tr'ora ... Elle ... a ... Toi ...

Ses mots semblaient sortir tout droit d'une gorge et tenue avec une pince incandescente dans une geole inquisitoire Les souris coururent toute en même temps vers l'enfant et escaladèrent ses jambes et se cachèrent chacun a un trou de sa tenue ... Le danger semblait passé quant elle ferme les yeux et ...

Si toi faire mal a elle ... Moi faire pire que mort pour toi ... Moi te prendre tout ... Bras ... Jambe ... Coeur ... Langue ... Foie ... Colère ... Peur ... Joie ... 'mour ... Et toi vivre sans but ... Vide comme boite ...

Cette menace semblait de rien et sortir d'une folle ... Mais dite d'une voix plus ... Douce ... Calme ... Posée ... E pourtant terriblement chaotique ... Puis l'expiration soudaine de la carcasse produit un vaste nuage de buée qui disparu en se transformant en eau au contact de la pierre servant de voûte a la crypte ... L'enfant ouvrit les yeux peu a peu ... Baisse son regard sur la femme ... Son amie ... Et se jette sur elle pour la prendre dans ses bras , le coin de ses yeux brillant par les larmes qui se forment ... L'enfant troublée disait un flot de parole incompréhensible en langue étrangère ... Mais l'intention mystiquement compréhensible ...

Pardon ...
Umbra.
Agenouillée face à celle qui causait tant de tourments à son amie. La tête basse devant celle qui la menaçait de lui retirer le peu de bonheur qu’elle avait trouvé. L’Ombre écoutait cette voix d’outre-tombe sans trembler. La peur était passée maintenant, la peine aussi. Quelques larmes sanglantes s’échappèrent des commissures des entailles, dévalèrent le cuir blafard pour chuter sur le sol. Et la Maudite parlait encore et toujours. Freyja n’avait pas tort, Umbra avait choisi la facilité. S’ouvrir la peau était plus simple qu’ouvrir son cœur. Le sang a toujours cette valeur prépondérante dans la vie de l’Homme. Ce liquide carmin est source d’existence, de puissance, de faiblesse et de mort. Quelques gouttes de ce vermeil représentent-elles la Vie ?

La Noiraude aurait pu mieux faire et elle le fera, elle se l’est promis. Ombeline leur a promis.


Si toi faire mal a elle ... Moi faire pire que mort pour toi ... Moi te prendre tout ... Bras ... Jambe ... Coeur ... Langue ... Foie ... Colère ... Peur ... Joie ... 'mour ... Et toi vivre sans but ... Vide comme boite ...

Vivre sans but…Retour à la case départ, en somme. La peine est lourde de conséquences et le simple fait de se souvenir errer dans les couloirs du couvent fit faillir la Bâtarde.

Non…

Une supplique murmurée fendit ses lèvres scellées. Non, plus jamais…Plus maintenant. La Manchote ne veut plus être seule. Que le passé reste éternellement le passé. L’Ombre ne souhaite pas que la Vie ne soit un éternel recommencement. Elle a déjà trop souffert de ce manque d’existence, elle ne veut plus le revivre. C’est ainsi, elle l’a choisit.

Umbra garda les yeux clos pour ne pas se laisser submerger par les larmes et inspira profondément pour se ressaisir. Un violent choc vint la percuter. Un coup aussi douloureux qu’appréciable, Triora était là dans ses bras. La Noiraude n’eut plus de mal à respirer, sa bouffée d’oxygène était de retour en son sein. Un débit de paroles incompréhensibles assourdit ses oreilles, ses pensées, son esprit et de cette mélodie, Ombeline ne garda que l’essence de la voix usée de son amie. A son tour, elle étreignit et soupira d’aise.


Petite sœur…

Le bras mutilé se pressa contre la tunique de la Rouquine, marquant d’un "T" sombre le tissu.

Tout est fini, Triora…Nous allons pouvoir enfin dormir.

La Bâtarde glissa sa tête contre celle de l’enfant déformé puis posa le bout de ses lèvres sur son front suant. Elle aurait voulu rester toute une éternité ainsi à la cajoler. Aux creux de ses bras, la Sorcière serait protégée de tout mais voilà que l’adrénaline rechuta violemment, vidant la Manchote de ses dernières forces. Epuisée de cette nuit éprouvante, elle sombra dans un lourd sommeil.

De longues heures plus tard, l’Ombre se réveilla en sursaut, trempée au milieu des couvertures. L’effet des plantes s’était finalement dissipé, ne laissant qu’un arrière goût rance dans sa bouche pâteuse. Vaseuse, elle chercha de son regard trouble son amie. Rassurée de la trouver près d’elle, Umbra demanda à mi-voix, légèrement hésitante:


Ce n’était…qu’un…cauchemar, n’est ce pas ?

Des picotements engourdirent son bras amputé, retenant son attention. Les iris de jais se posèrent alors sur ce dernier balafré de fraiches cicatrices pour unique réponse.
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