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[RP] Toute prison a sa fenêtre. *

Deedee
*Citation de Gilbert Gratiant



17 octobre 1461

Citation:


« […]

Pour toutes ses raisons, nous, Kirat juge de Normandie, reconnaissons Deedee coupable de Haute Trahison et le condamnons à une peine de prison de 9 jours ainsi qu'à des excuses publiques.

*La séance et levée* »


    La sentence était tombée sans appel dans ce pseudo tribunal où la justice n’existait pas. Les chiens en avaient décidé ainsi, tous les « gêneurs » les résistants, ceux qui entraveraient d’une manière ou d’une autre leur pillage subirait le même sort. Une justice aveugle, basé sur de fausse accusation.

    -Des excuses publiques ?! Vous n’aurez aucune excuse de ma part ! Avait-elle hurlé alors que les gardes s’emparaient déjà d’elle. Je préfère encore mourir que de vous donner la moindre excuse bandes de chiens !!

    Et alors qu’elle hurlait encore sa colère, la lourde porte du tribunal se referma et se fut les geôles sombre et humide qu’elle découvrit un peu inquiète, avant d’être jeté sans ménagement dans une cellule.
    Elle mourrait d’envie de se retourner, de hurler de nouveau sa haine et sa colère, de montrer a son geôlier qu’elle était normande avant tout, qu’elle ne craignait rien, et qu’elle continuerait à se battre contre cette « vermine », mais une vive douleur se réveilla dans son bras blessé, et Adeline ne trouva la force que de se recroqueviller sur elle-même, sentant soudainement le poids de toutes ces journées passées a lutter, en ville, au château, dans l’armée… et auprès des blessées…

    Anéantie…
    Simplement anéantie par la douleur physique mais aussi morale de voir sa chère Normandie souffrir a ce point et les vautours se régaler de sa chaire…
    Anéantie…
    Songeant aux longues heures qui l’attendaient coincée dans ce trou sordide tandis qu’au dehors tout le monde se battait encore…
    Anéantie…

    Elle sentie alors un long frisson lui parcourir tout le corps, un froid immense l’envahir, et elle eut simplement envie de se laisser glisser dans ce long trou noir qui lui tendait les bras. Mais deux mains froides attrapèrent les siennes et reconnaissant Lizie, Adeline s’y agrippa comme elle put, tentant de ne pas perdre courage…

_________________
Matouminou
Citation:
20 octobre 1461
AU PHARE DE FÉCAMP


"On a besoin dans la nuit de croire au soleil"

Ces dernières semaines, elle dormait mal. D'ailleurs elle doutait fort que beaucoup de gens en Normandie dorment sur leurs deux oreilles. Les brigands avaient envahi le duché, et semblaient s'y plaire, avide d'asseoir leur pouvoir néfaste, ils pensaient tenir les rênes. Ils étaient arrogants, vulgaires, brutales; des chiens galeux...Seule une poignée échappaient à cette définition qu'elle avait établie. Jamais , elle ne se soumettrait à leur pseudo suprématie fondée sur la terreur et l'injustice...plutôt mourir.

Et c'est bien ce qu'elle crut vivre en cette froide nuit du 20 octobre 1461.
Elle dut se réveiller quelques minutes avant que l'horreur ne commence; un sixième sens sans doute. Cette nuit là Stromb n'était pas à ses côtés, dans le lit conjugal, il était parti pêcher assez tard. Les mines étant fermées, les embauches se faisant rares, le marché, volontairement, désersifié de la moindre denrée, il fallait se débrouiller avec les moyens du bord qui étaient, eux aussi, fort réduits.
Toutefois, un normand ne se soumet jamais, il ploie mais ne rompt pas.

Ce sont des bruits sourds contre la porte qui la firent se lever brusquement. Elle n'eut le temps que d'enfiler une paire de braies et son corsage que déjà la porte de la chambre s'ouvrait à la volée, la faisant sursauter.
Devant elle, une torche à la main, une épée dans l'autre, se trouvait un garde, derrière lui un autre garde et enfin Suzon et Didier, affolés.
Elle sut immédiatement pourquoi ils étaient là, mais avant qu'elle n'ait eu le temps de dire le moindre mot, Didier tenta de s'opposer au garde qui la menaçait de son épée. Il ne fit pas un pli, d'un revers de la main, ce dernier l'envoya au sol et le tint à bonne distance. Matou réprima un cri et leva les mains en signe d'apaisement. Elle était blême, pourtant un calme étrange l'habitait.
Elle réussit même à dire d'une voix sans trémolos:


- Je vous en prie, ne les touchez pas, je vous suis....regardez, je ne suis pas armée, et il n'y a ici que mes gens de maison et mes enfants...épargnez les.

Ils hochèrent la tête. Elle sut qu'il n'avait pour mission que de l'emmener. Elle frissonna.
Le premier garde sortit alors un parchemin et à la lueur de sa torche et le lui lut:


Citation:
En ce jour du 20 octobre 1461,
Moi, Kirat, Honorable juge de Normandia, gardien du code brigandesque;

Attendu les deux réquisitoires, les deux plaidoiries de défense ainsi que les témoignages de la défense,

Attendu que pour avoir offenser notre humble procureure, la plus jeune de l'histoire des royaumes,

Attendu que l'article 980 du code brigandesque traite de TOP et plus précisément ce qui est reproché à la coupable , ce qu'a voulu dire Olive, c'est à dire Le carton rouge :
Toute personne coupable de mener une section de la Résistance, de tenir une taverne prônant la Révolte, l'anti-pouvoir, de déstabiliser la régence et de spéculer sur les denrées au détriment du reste de la population,

Pour toutes ces raisons, je reconnais Matouminou coupable de Trouble à l'ordre public et la condamne à 6 jours de prison.


Elle déglutit, retint ses larmes, fit un pâle sourire à Suzon et à Didier. Elle aurait voulu leur dire de ne pas s'inquiéter, de bien s'occuper des enfants, de dire à son volcan qu'elle avait été forte, pour une fois, et qu'elle tiendrait le coup, pour lui, pour eux, pour Fécamp, pour la Normandie, mais aucun mot ne sortait de sa bouche.
Elle avait froid, et lorsqu'on lui ligota les poignets et que, sans ménagement, on la poussa hors du phare, elle resta digne. Le trajet ne fut guère long jusqu'à la prison. Mille pensées défilèrent dans sa tête, lui faisant prendre pleinement conscience des conséquences de son arrestation...la taverne...la résistance...


EN PRISON

Mon corps est en prison, mais je garde ma liberté de penser, et de....parler!

On la fit descendre de la charrette, brutalement, elle perdit l'équilibre et bascula sur le côté; ce fut son épaule qui encaissa le choc et une douleur lui vrilla tout le corps; on la releva et on la poussa dans la prison.
elle ne retint rien du trajet qui la mena jusqu'à sa cellule, si ce n'est l'odeur insupportable, mélange d'urine, de chair en putréfaction, de souffrance aussi.

La lourde porte de fer de ce qui allait être sa demeure durant 6 jours, se referma sur elle dans un bruit qui la glaça. Elle tomba à genoux et resta un long moment, prostrée sur elle-même, incapable de réagir...













_________________
Petitbonhomme
Le gosse avait reçu du courrier de Matouminou. Il ne comprenait pas tout ce qui se passait autour de lui, normal, à seulement presque cinq ans. Ce qu'il savait en revanche, c'est que depuis le début de cette guerre, sa maman était partie, que son papa était triste, qu'il y avait plein de monde dans les tavernes, mais que c'était pas toujours des gens gentils.

La preuve, y'en avait même un, Crakity, qui avait dit de sa mère que c'était une catin. Il n'avait pas compris, sur le moment, mais au bout de plusieurs jours et à force de demander des explications, il avait fini par cerner l'acception globale du mot, à quelques détails près. C'était visiblement pas un compliment.

Heureusement, quand son papa n'était pas là, d'autres, comme Durandal ou encore Catyline ou Lia étaient plein d'attentions pour lui. Mémé Lave, aussi. La liste était longue, mais il se demandait pourquoi son papa avait toujours le visage grave, et rigolait tellement moins qu'avant...?

Dame Minou était en prison donc. Il frissonna à l'idée que sa mère pourrait aussi bien s'y trouver, vu qu'elle aussi était en procès. Plein de détermination et d'innocence, il se présenta dans le bâtiment annexe au tribunal, dont l'allure sordide ne lui inspira qu'un frisson de peur, puis prenant son courage à deux mains, se présenta, son nez arrivant tout juste au niveau du comptoir sur lequel il posa une menotte.


Onzour... Z'm'appelle tit Pierre. Ze voudra voir Dame Minou. L'est emprisonnée ze sais pas pourquoi. Est ce que ze peux ?

Regard interrogatif et craintif. Le môme attendit qu'on lui réponde.

_________________
Floralise
Citation:
Floralise était accusé de trouble à l'ordre public.

Le jugement a été rendu

Enoncé du verdict
Le prévenu a été reconnu coupable de trouble à l'ordre public.
En ce jour du 20 Octobre 1461,


Ils l'avaient jetée en prison comme une malpropre !
Il y faisait noir, sale et humide !
Elle n'allait pas se laisser abattre, ohhh non, pas elle, pas LA FLo !
Attrapant les barreaux de la minuscule ouverture à deux mains elle hurla :

JE SUIS LIBRE DANS MA TÊTE !!!
_________________
Deedee
18 octobre 1461

    Le froid et la douleur. Comment y échapper quand elle vous tient au corps, vous engloutit tout entier, et vous harcèle à chaque mouvement, chaque respiration, chaque instant de la journée et de la nuit.
    Seul la colère et la haine vous permet de ne pas trembler, de ne pas sombrer. La colère et la haine qui vous donne un semblant de vie, d’existence dans ce trou à rat dont l’odeur nauséabonde vous prend jusque dans les poumons.

    Adeline était là, les yeux rivés sur la seule source de lumière de la cellule, une torche éclairant à peine le couloir a travers les barreaux de sa cage.
    Les dents serré, son bras valide maintenant l’autre blessé, ressassant indéniablement les minutes de ce procès et les derniers jours passé en Normandie. Que se passait-il dehors ? Ou en était les troupes ? Ou en était l’ennemi ? Est-ce que le château avait été repris ?

    Elle attendait, recroquevillée sur elle même, tentant de combattre le froid, la douleur, et cette haine qui la rongeait de plus en plus…

    Heureusement sa journée fut égayée par quelque nouvelle reçut de sa cousine. Malgré le marchandage voulu du garde lorsqu’il lui apporta la missive. Quelque écus d’or suffirent à obtenir le précieux parchemin et la jeune femme put se plonger avec plaisir dans une lecture qui l’emmenait pour quelque instant bien loin de sa prison.


Citation:



Ma chère cousine

Je trouve enfin un peu de temps pour t'écrire. A ma décharge, les deux derniers jours ont été mouvementés. J'ai des nouvelles en tout genre à t'annoncer, mais mon choix des thèmes dépendra de ta réponse. Commérages ou sujets plus sérieux ?
Ais-je besoin de remonter ton moral ? De menacer Leda d'une mort certaine s'il ne se décide pas à te faire sa demande, pour t'aider à tenir le coup ? De soudoyer les gardes pour améliorer ton confort en cellule ?
A toi de me le dire, le but est de te distraire, et moi aussi par la même occasion. Les derniers jours n'ont pas été de tout repos. A vrai dire, j'échangerais volontiers ma place pour quelques heures avec la tienne. Juste le temps de souffler un peu, et pour toi de te dégourdir les jambes.

J'attends manifestation de vie de ta part, avant de poursuivre.
Tu as intérêt de te battre et de ne pas te laisser faire.
Prend soin de toi
Kate


    Mais comment lui répondre dans cet endroit où elle manquait de tout et même de l’essentiel. Ni plume, ni parchemin, ni encre…
    Heureusement que dans la cellule voisine, Lizie avait pensé à tout, et tres vite, tentant de voir quelque chose dans la pénombre de la cellule, Adeline tenta de coucher quelque mot à l’intention de sa cousine.


Citation:


Ma chère cousine.

J’espère que tu recevras cette lettre, et qu’elle te trouvera en vie et en bonne santé. Je serais des plus brèves, il reste peu d’encre et je dois t’avouer que je n’y vois pas grand-chose dans cette prison.

Sache simplement que ta lettre m’a réconforté, tes quelques mots ont apporté dans ma cellule un peu du ciel que j’imagine bleu, sans nuage, comme lors de ces journées de printemps que je chéri tant.

Laisse Leda en dehors de tout cela, je tremble déjà suffisamment de le savoir en danger et d’imaginer le pire… Je n’ai pas envie de me retrouver veuve avant d’être marié….


    Adeline regarda un moment les quelques mots qu’elle venait de coucher sur le parchemin et se mordit la lèvre… Peut être était-ce lui, au final, qui finirait veuf avant d’être marié… Avec un pincement au cœur elle se souvint de ses derniers mots.


Citation:


Ne t’occupe pas de moi, fait surtout attention à toi. Donne-moi vite de tes nouvelles…

Ta cousine

Adeline


    Inutile de lui en dire plus, inutile de lui parler de son état, de ce qu’elle pensait. L’armée, la guerre, les combats, elle savait ce que sa cousine endurait pour cette Normandie…
    Elle souffla alors sur ses mains glacé, tendant dans la foulé sa lettre au garde a qui elle donna encore quelque écus, espérant qu’il ferait parvenir sa lettre sans encombre.

    Affamée, meurtrie et complètement frigorifiée, Adeline s’allongea sur sa couche de fortune, tentant de se réchauffer comme elle le put, attendant…
    Attendant simplement…




20 octobre 1461

    De la haine à la colère, de la colère à la résignation, de la résignation à l’abandon.
    Elle était passée par toutes ces étapes, tantôt hurlant contre ses geôliers, ses bourreaux, complètement révolté, et tantôt résigné, la tête posée sur ses genoux et le regard vide perdu dans l’obscurité de cette cellule.

    Tenir bon…. Ne pas sombrer… Autant de mot qui lui résonnait dans la tête comme des cloches dans une église vide… Tenir bon… Ne pas sombrer… Mais pourquoi faire ? Pour qui ?
    Continuer ? Se battre ? Elle n’en trouvait plus la force, plus l’envie non plus…

    Prostrée sur sa couche, elle remarqua à peine la porte de sa cellule s’ouvrir et une ombre tomber à genoux devant elle sans la voir. « Une autre « victime » de la justice Fatum » pensa-t-elle en tentant d’apercevoir le visage de sa nouvelle compagne de cellule, jusqu’à ce qu’un petit rayon de lumière de la torche du geôlier lui permit de reconnaitre les traits de sa marraine.
    Sans bruit, une boule dans la gorge, les mains tremblante, Adeline se laissa glisser hors de sa couche et se traina jusqu’au coté de la jeune femme qu’elle pris doucement dans ses bras.


    -Matou…

_________________
Matouminou


Citation:
-Matou…


Une voix, une voix familière à laquelle elle se raccroche forcément car elle a peur Matou. Une peur qui s'est immiscée dans son corps plus glaciale que la lame d'une épée. Elle se rend compte combien elle a été choyée jusqu'à présent, combien surtout elle a été épargnée. Pourtant elle en a connu des chagrins, elle en a connu des situations d'abattement, mais même dans les combats qu'elle a menés contre l'ennemi, elle s'en était toujours bien tirée.
Cette voix elle la connait, oui, alors elle s'accroche au bras de sa filleule, car c'est bien elle qui est là et qui lui parle.

Elle n'a même pas pu embrasser ses enfants, elle n'a pas pu non plus prévenir son Volcan, et puis soudain, elle comprend toute l'horreur de son emprisonnement et elle sanglote:


- Adeline....je...je...ils...ils vont mourir de...de...faim par...ma faute!

Elle balbutie, bredouille. Qui maintenant va approvisionner la taverne? Cette taverne qu'avec Stromb, elle a ouverte, afin que tous les fécampois en manque de nourriture, puissent manger tous les jours. Cette taverne où le portier avait pour ordre de ne laisser entrer aucun Fatum.
Les larmes coulent sur son visage. Elle se sent tellement impuissante. Son épaule lui fait mal, et ses genoux sont en sang, ses vêtements rouges, ceux-là même qui l'ont condamnée à la prison, sont sales de la terre boueuse qui fait office de sol.

Elle se relève enfin, aidée par Adeline, et réussit à s'asseoir sur la planche qui doit faire office de couche.
Ses yeux se sont habitués à l'obscurité uniquement perturbée par une torche, sans doute accrochée dans le couloir.

Elle distingue alors le visage de sa filleule et son coeur se serre. L'horreur d'une nuit lui revient en mémoire. Des coups frappés faiblement à la porte de l'auberge d'Idryl, à Fécamp,et Deedee, blessée presque morte, qu'elle n'a que le temps de rattraper avant qu'elle ne s'effondre.
Elle pousse un gémissement, c'est un horrible cauchemar, un non sens...
Alors, elle s'adosse au mur humide et ferme les yeux et psalmodie:


-Je....veux...mon Volcan....je ....veux...mon Volcan...

Elle entend des voix, et une porte qui se referme avec un bruit métallique, le cliquetis d'une clé dans une serrure et quelqu'un hurler:

Citation:
JE SUIS LIBRE DANS MA TÊTE !!!


Elle sursaute, il lui semble reconnaitre cette voix, elle serre la main d'Adeline, les larmes coulent sur son visage. Pour l'instant, elle ne peut pas se ressaisir.

_________________

























Leda
Il avait espérer un meuilleur retour sur ces terres. Mais il n'en fut rien. Le futur ex-Surintendant des Finances comptait profiter de sa douce, mais voilà qu'à peine arrivé, il devait aider à vider les caisses du duché, apprendre qu'Adelin était blessé puis emprisonné. Beaucoup en si peu de temps. Entre deux rondes, il prit donc le temps d'écrire à celle qui lui manquait, pui avait chargé un gamin de faire le nécessaire, lui même ne pouvant pas se présenter comme si de rien n'était.



Mon coeur,

C'est loin de toi encore une fois que je prend la plume. A croire que l'histoire ne fait que se répéter. Je te sais emprisonnée et blessée. Quand je suis encore fièrement debout derrière l'étendard Normand.

J'aimerai échanger ma place avec la tienne et que tu ne sois pas seule ainsi. J'ose espérer qu'au moins tu n'es pas maltraité, même si nous n'avons pas à faire à des enfants de coeur.

Je ne rêve que du moment où nous nous retrouverons enfin, pourrons mettre cette vermine en dehors de la Normandie et savourez des moments ensembles!

J'espère que tu pourras me faire parvenir une réponse, mais quoiqu'il en soit j'attendrai ta sortie avec impatience.

De tout mon coeur,
Ton Duc.
Kathryn.brehnian
Depuis le temps qu'elle connaît l’aînée de Courcy, Kathryn sait interpréter non dit et silences. La lettre qui venait d'arriver apportait son lot de non-informations, mais au moins Ad' était encore en mesure d'écrire. A tout prendre, c'était déjà ça. Le ton donné, aidait à sélectionner ce qu'elle pouvait lui dire. Pas grande chose à vrai dire, au risque d'encore plus inquiéter sa cousine, mais elle savait s'adapter.
Une couverture enroulée autour de la malade, elle prit sa plume et insuffla à ses mots un optimisme qu'elle était loin de partager.




Ad'

Ta lettre m'est bien parvenue, et j'y réponds. Tu en concluras que je suis toujours en vie, et tu auras raison. Tu es donc en vie, moi aussi, excellent, mais passons aux choses sérieuses. Si les courriers peuvent circuler, alors il n'y a aucune raison pour qu'en graissant quelques pattes, d'autres denrées ne puissent pas suivre le même itinéraire.
Je vais tenter d'organiser cela s'il est possible de se rendre d'Orival à Rouen. Nos gens doivent pouvoir te fournir quelques vivres et autres denrées de première nécessité, dont de l'encre. Je veux m'assurer que tu ne baisses pas les bras et pour cela tu dois avoir de quoi correspondre. Si je veux que cela ait une faible chance de te parvenir, les proportions doivent être réduites, je le regrette mais je vais faire de mon mieux pour améliorer ton sort et celui de ceux qui le partagent. J'ai perdu le fil de qui se trouvent avec toi en prison, mais sache que nos pensées vous accompagnent. Courage.


Un paquet pouvait-il parvenir aussi aisément qu'un rouleau de parchemin à travers les geôles de Rouen ? Combien pouvait coûter de soudoyer les gardiens ? N'était-il pas préférable d'envoyer un des domestiques d'Orival sous un accoutrement inoffensif...médecin ou prêtre, puis de demander à voir les prisonniers. Qu'envoyer...un peu de nourriture, de calva, un ou deux baumes, des vêtements chauds, de quoi écrire, un peu de liquidité. Elle imagine et planifie déjà. Même si une grande partie du colis disparaît dans les poches des gardiens avant de parvenir à destination, cela vaut la peine d'essayer.



Quant aux nouvelles que tu réclames, elles ne sont guère réjouissantes, mais nous sommes dehors, nombreux et avec de quoi manger. Cela aide à tenir, c'est certain, malgré la maladie qui touche nombre d'entre nous.Sinon, les élections approchent et tout le monde observe les choses avec attention. Pour le reste, car il y a bien plus à raconter, tu t'en doutes, je vais attendre ta sortie et te savoir rétablie.

Kate

_________________
Deedee
22 octobre 1461

    Déjà 6 jours qu’elle croupissait dans le fond de cette prison, 6 jours dans l’obscurité, l’humidité et cette odeur qui arrivait encore par moment à lui soulever le cœur. 6 jours sans pouvoir manger, buvant l’eau que les geôliers daignait leur apporté. 6 jours… et cela n’était pas fini…

    Bien sur, la compagnie de sa marraine lui avait apporté ce regain d’énergie qui commençait à lui manquait. Bien sur, elle avait tenu bon jusque là pour lui insuffler la force, et le courage nécessaire à cet enfermement, mais indéniablement, plus le temps passait, plus ses forces déclinait, et elle finissait par se demander si elle sortirait un jour, vivante de ce trou à rat…

    Des lettres et des paquets affluait, régulièrement, le seul moyen qu’elle avait trouvé pour se raccrocher au monde extérieur, qui parfois, lui semblait tellement loin. Un compromis avait été arrangé avec le geôlier, sa part de pain et les denrées des paquets, contre la possibilité de pouvoir écrire et de recevoir des missives… C’était peu, mais qu’importe, au moins elle avait encore l’impression d’exister et d’être vivante…

    Johane, dont les dernières nouvelles l’avait bouleversée, elle lui avait répondu quelque mots, quelque lignes, d’une main tremblante, tentant de l’encourager et de tenir bon elle aussi. Et puis, sa cousine, dont les mots faussement sévère arrivaient encore à lui arraché un sourire malgré la peur qu’elle ne pouvait contrôlé d’imaginer qu’elle puisse se trouver face a l’ennemi, exposer a tant de danger. Elle s’en voulait, Adeline, et c’est cela qui la rongeait le plus. Elle s’en voulait d’être là, « à l’abri », impuissante, quand d’autre était prêt à donner leur vie pour ce duché.
    Et puis il y avait eu cette lettre, qu’elle n’attendait plus, qu’elle ne voulait plus espérer, cette lettre, pourtant arrivée et vite dévoré à la lueur d’une torche. Leda…

    Elle n’avait su dire si cela été la fièvre ou pas, mais ses quelques mots de réconfort coucher sur ce vélin lui avait réchauffé le cœur. Quelque rayon de soleil, quelque minute de douceur, avant de revenir dans à la dure réalité du moment.

    Les portes des cellules voisines s’étaient ouvertes, puis refermé, avec ce cliquetis très caractéristique d’une clé tapant dans le fer de la serrure, résonnant alors dans la pénombre de cette prison. Adeline avait juste eu la force de lever la tête, tentant d’apercevoir qu’elles étaient les nouvelles victimes, mais ni les cris, ni les ombres ne l’avait mise sur la voie. Elle avait alors tenté de rassembler ses maigres forces pour écrire, juste écrire, donner quelque nouvelles, avertir qu’elle était toujours là, toujours en vie, mais même là, l’exercice était devenu périlleux…


Citation:


Kate,

Merci pour tes quelques mots, merci aussi pour ce paquet, même si j’ignore s’il vient de toi ou non. Je n’ai malheureusement pas pu bénéficier de tout ce qu’il contenait, ayant du négocier âprement avec le geôlier… Mais au moins, même s’il se nourrit lui, j’ai l’assurance de pouvoir t’écrire et de disposer d’un peu de lueur dans les ténèbres de ma prison…

Mais là n’est pas l’important… Tu dis qu’une épidémie touche le Duché ? As-tu été touché ? Et Méléagre ? Les autres ? Parle moi de tout cela je t’en supplie, que je me raccroche encore un peu a la vie hors de ces murs…

Matouminou partage ma cellule, et d’autre sont arrivé aussi, mais je ne saurais te dire qui… Il fait si sombre ici. J’ai reçut une missive de Leda… Ne va pas l’étriper pour rien, mais si tu le vois…. Dis lui simplement que je l’aime. Je ne sais pas si j’aurais la force de lui répondre…

Prend soin de toi Kate,

Adeline…


    Elle avait alors tenté de coucher encore quelque mots, à l’intention de Leda cette fois ci, mais elle dut rapidement se rendre à l’évidence que sa mains refusait maintenant de lui obéir, en proie à des tremblements qu’elle ne parvenait a contrôle.

    -Je n’y arrive pas…. Je n’y arrive plus…. Je n’y arrive plus…. Murmura-t-elle en laissant tombé plume et parchemins sur le sol humide du cachot, regardant sa marraine les yeux embuée par la fièvre.

    -Je n’y arriverais pas… Je n’y arriverais pas… Murmura-t-elle encore avant de s’étendre en tremblant sur la paillasse de sa prison et de fermer les yeux, sombrant alors dans un sommeil sans rêve, sans cauchemars, un sommeil sombre et froid, comme les murs de cette prison.

_________________
Kathryn.brehnian
Quelques mots griffonnés à la hâte.



Ad'

Nous allons bien. J'ai été malade, mais je me remets, et Mel n'a pas été atteint. A Lisieux, nous
sommes nombreux à être tombés malades, mais tout le monde se remet correctement.
En revanche, je vais devoir être brève, les ordres viennent de tomber, nous devons nous mettre en
route.
Venons de croiser brièvement Leda, je n'avais pas encore ton message, je lui transmettrai
à notre prochaine rencontre, promis. Je n'aborderai même pas la question, et pourtant il faudrait, de
votre mariage, par égard pour toi, tu apprécieras. Je déplore de ne pas pouvoir t'être d'un plus grand
secours.

ABC


Par delà les mots creux, Kathryn espère que l'acronyme dont elle se sert en guise de signature incitera sa cousine à chercher un autre sens à ses propos.
_________________
Matouminou


Trois jours déjà dans cette geole. Elle avait beau faire passer et repasser des images heureuses dans son esprit, rien n'enlevait l'inquiétude qui lui serrait le coeur et la faim qui lui vrillait l'estomac.

Elle avait été profondément abattue la première journée, restant prostrée sur elle-même, sourde aux paroles de réconfort de sa filleule.
Deux choses l'avaient finalement fait réagir: la prise de conscience qu'en se laissant aller ainsi, elle faisait la part belle aux fatum, et l'état de sa filleule qui devenait de plus en plus alarmant.
Elle sortirait bientôt de cette prison et là, aucun mur, aucune loi fatum, aucune pitié, rien ni personne ne se mettrait en travers de son chemin. Ils paieraient pour ce qu'ils avaient fait...d'une façon ou d'une autre.

Matou voyait bien que les forces de sa filleule déclinaient. Quelques pigeons lui étaient parvenus auxquels elle répondait comme elle pouvait, à bout de force. Matou l'aidait en prenant de temps à autre la plume écrivant sous la dictée. Les mots étaient dits dans un souffle, mais ils étaient le dernier moyen pour espérer, pour tenir encore.

Le soleil, encore une fois, s'était couché, et avec lui leurs espoirs. La nuit tant redoutée avait pris possession de l'extérieur mais des geoles aussi. La nuit n'est guère bonne pour les prisonniers, leurs angoisses reprennent possession de leur esprit, les maigres forces qui les faisaient tenir disparaissent...devant eux un gouffre...des heures interminables qui s'égrènent...les gémissements et les pleurs qui s'élèvent, des chants, la colère et la peur aussi, palpables, tout ce qui empêche de trouver un peu de repos. En prison, on ne peut fermer les yeux et se laisser aller, tant on a peur d'être emporté dans son dernier sommeil. Tout ceci est sans doute exacerbé par la peur, par l'injustice de la situation.
Ce troisième jour de captivité, Matou avait pris Adeline qui elle entamait son 5e jour, dans ses bras et lui avait chuchoté:


- Tu sais, dans quelques jours, je me marie...l'avantage de cette situation, c'est que...mais tu le gardes pour toi...je vais pouvoir rentrer dans ma robe de mariée sans souci!

Petite grimace dans l'obscurité:

- Oui...j'avais un peu abusé ces derniers mois, et du coup tu imagines l'horreur? je pouvais, certes, fermer, ma robe, mais...arfff, j'étais...tiens tu vois un saucisson? et ben ficelée, boudinée, affreuse!!

Elle lacha un petit rire un peu forcé, chassa très vite l'image du saucisson, pour lequel à cet instant précis elle se serait damnée pour en avoir un morceau, ignora également l'affreux gargouillis qui s'élevait de ses tripes et poursuivit, d'un ton qu'elle s'efforçait de rendre amusant:

- Faut dire aussi que je suis gourmande, alors forcément ça aide pas...

Étrange conversation que celle-ci, si futile mais tellement primordiale aussi. Il était nécessaire de se raccrocher à un semblant de quotidien, essayer de laisse son cerveau s'évader vers l'extérieur, surtout ne pas se replier totalement sur elles-même. Il semblait à Matou que c'était leur seule arme pour s'en sortir. En même temps parler nourriture alors que toutes deux crevaient de faim, c'était bien du Matou tout crachée:

- D'ailleurs, j'ai oublié de te le dire, tu es ma témoin. Alors, je te préviens, je veux une témoin solidement campée sur ses jambes!! tu te débrouilles, mais tu n'as pas le choix!!

L'épuisement prenait le dessus, et elle finissait par s'endormir d'un sommeil troublé par des ombres, des cris, parfois entrecoupés de visages souriant, ses enfants, son volcan...puis le noir reprenait ses droits.

Il n'y a jamais de calme absolu en prison, peut-être est ce mieux. Et lorsque le matin arrivait, on ouvrait les yeux sur le même environnement que la veille, sauf que dans la nuit, quelques personnes étaient arrivées. L'obscurité empêchait de distinguer les traits. On découvrirait cela au fil des heures.

Adeline avait négocier sa maigre pitance contre du parchemin, une plume et de l'encre. Matou en avait fait autant...se nourir de mots plutôt que de ce pain immonde.

L'humidité lui glaçait les os. Elle se sentait sale, osait à peine imaginer l'odeur qui se dégageait de sa personne. Elle ne put s'empêcher de sourire en se souvenant de ce qui se disait "les nobles, ça sent bon", il faudrait qu'elle démente cela, non, en prison, ils ne sentent pas bon...

Elle se pencha vers Adeline:


- Deedee? ça va?

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Deedee
22 octobre 1461

    Quelques heures ou quelques minutes de sommeil, et la faim l’avait réveillée comme chaque fois qu’elle tentait de s’assoupir, se reposer un peu.
    La prison…. Peu de personnes s’imagine ce que cela signifie, surtout lorsque l’on a passé quasiment toute sa vie à se préoccuper d’un duché, d’un peuple, avant de songer à sa propre vie. Difficile, d’entendre simplement un : « bah ! Ça sera vite passé ! » Quand les heures défilent lentement, torturer par le froid et la faim… Difficile surtout lorsque l’on se sent là, abandonné de tous… Pas encore mort mais déjà enterrée et oubliée…
    La prison… qui peut comprendre au final ?

    Adeline n’avait pas réussi à se relever lorsque le geôlier lui avait apporté la seconde missive de sa cousine, c’est donc allongée, qu’elle était parvenue avec peine à la lire, la déchiffrer, et comprendre entre les lignes le message codé que sa cousine lui avait transmis.


    -Avant qu’il ne soit trop tard…. Avait-elle alors murmuré dans un soupire en serrant la missive contre elle.

    Elle sentit alors sa marraine la serrer doucement dans ses bras et commencer à lui parler de tout, de rien, comme elle savait si bien le faire quand elle sentait sa filleule perdre pied. Parler de tout, de rien, du temps qu’il fait, de celui qu’il fera demain, du calva, de mariage, de repas… même si cela pouvait paraitre insolite, déplacé même dans cette cellule, quelque part, Adeline savait que l’espace de quelque instant, elles pouvaient, toutes deux, s’échapper de leur prison. S’échapper, voler, loin de ce trou, loin de la tourmente, loin, dans cet endroit où elles étaient encore libres, libres et heureuses.
    Ne trouvant pas la force de répondre, Adeline serra simplement la main de sa marraine et laissa dessiner sur son visage fiévreux, un petit sourire, songeant à son tour à tous ces merveilleux moments… dehors.
    Ce mariage qu’elle attendait avec Leda, celui de sa marraine qui lui tardait de voir, la fierté de son vassal, celle de voir enfin sa marraine heureuse, la magnifique robe que sa cousine lui avait confectionnée. Elle vit aussi le visage de son ami le Barbu, sa femme, ce navire sur lequel il devait embarquer pour un voyage à travers les mers, et puis les paroles de sa marraine s’estompèrent, les douces visions également. La nuit et l’angoisse étaient là, et avec elle les cauchemars… Elle vit apparaitre des visages qui riaient de la voir ainsi, ces mêmes personnes s’étant prétendu « amies », celles-là même qui lui avaient ensuite craché au visage, piétiné, hypocrite. Des visages riant, dansant devant elle, se moquant encore et encore, l’assassinant de ces paroles qu’elle entendait encore et encore.

    Un long frisson galopa tout le long de son corps et Adeline se mit à trembler, respirant avec peine, cherchant à se battre contre ces cauchemars…
    Nouvelle nuit d’angoisse…
    3 jours encore…. 3 jours….


23 octobre 1461

    Deedee? ça va?

    Le jour avait du se lever, une nouvelle journée commençait dans la pénombre de la prison. Une autre journée… semblable aux sept autres dans l’enfer d’une prison à ruminer la faim, le froid, et l’indifférence…
    La voix de sa marraine lui parvint comme un écho derrière ses paupières closes, elle était encore en vie… Mais pour combien de temps ? Au prix d’un effort surhumain, Adeline parvint à ouvrir les yeux se rendant alors compte qu’elle avait bien du mal à respirer et qu’elle était en nage.
    Une nouvelle journée… juste pour lutter et ne pas sombrer.

    La de Courcy leva les yeux sur Matou et cligna légèrement des paupières, hochant en même temps la tête doucement, pour la rassurer. Elle voulut ouvrir la bouche mais aucun son n’en sorti, et épuisée… elle referma les paupières…

    Lutter ? Se battre ? À quoi bon… Une guerre se gagne avec une armée, des soldats, un bataillon, mais pas seule… Elle avait tenu tête à cette vermine, clamé haut et fort que la Normandie ne céderait pas, elle s’était battue par la diplomatie, négociant encore, espérant encore… Mais aujourd’hui… Elle n’était qu’une ombre, disparaissant sans un bruit dans le fond d’une prison.
    Inutile…
    Incapable même de prendre sa plume et écrire…

    Fermer les yeux, se laisser aller… Après tout… Peut être était-ce mieux ainsi.

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Asti_dict_le_barbu


Il était temps ! Il était grand temps ! Il n’avait que trop tardé à envoyer missive à ses amies de toujours. Les premiers jours, il n’avait pas la force d’écrire, puis quand il put, il se disait que les lettres ne leur parviendraient pas et que de toute façon, il serait tot ou tard un compagnon d’infortune. Les jours passant, et au hasard d’une conversation, il apprit que les lettres passaient dans les deux sens. D’un coup, l’inquiétude l’assaillit. Aucune nouvelles ! Pourvu qu’il ne leur soit rien arrivé !

Ni une ni deux, canne posée contre la table qui lui servait de bureau, parchemin blanc devant lui et plume à la main. Hésitation… quoi dire à des gens qui sont dans le noirs et le froid, peut être avec pour compagnie des rats affamés ? Il se força à montrer de l’optimisme.

Citation:
Bonjour ma Deline !

J’ai d’excellentes nouvelles à t’annoncer. Les Normands n’ont pas plié ! Ils continuent de lutter et les élections ont écrasé les chiens de Fatum à plus de 85 pour cent de voix contre eux. J’en suis tout ragaillardit.

Mais il faut aussi que je te dise que si je ne t’ai pas écrit plus tôt, c’est que je pensais venir te rejoindre dans les geôles. Pour l’instant, il n’en est rien. Ce qui ne veut pas dire que tu ne me verras pas arriver un de ces jours. Ces chiens sont la pire espèce qui soit, et malheureusement, plus rien ne m’étonne de leur part.

Et puis, je ne pensais pas que les missives passaient. C’est en discutant avec le forgeron de St Eloy que j’ai appris la chose. Il est bizarre cet homme là d’ailleurs. Comment diable a-t-il su cela ? J’espère qu’il n’est pas un espion à la solde des chiens galeux.

J’ignore si tu es avec ta marraine ou pas, ou bien avec d’autres prisonniers. Dans le doute je vais écrire à Matou pour l’encourager et prendre de ses nouvelles. Mais si par hasard, tu es en bonne compagnie, je t’envoie le chant des résistants Normands.

Oh, je sais bien que tu le connais mieux que quiconque, mais sur ce parchemin, il n’a pour objectif que de te remonter le moral.


"Normand, entends-tu le pas lourd de Fatum sur nos plaines ?
Normand, ne rit pas du petit eldo qui obéit bien à sa châtelaine ,
Normand, as tu vu ton sang couler par leur haine ?
Ohé, artisans, mineurs ou bien paysans c'est l'alarme
Ce soir l'ennemi règlera le prix du sang et des larmes...

Sortez de la mine, traversez donc les collines, les bocages,
Sortez de la paille vos épées, vos boucliers, votre rage,
Ohé, bras vengeurs à vos armes et vos couteaux, frappez vite,
Ohé, il est l'heure, d'anéantir ce fléau, sans limite...

Ces armées de brigands périront sous nos lames toutes entières
Demain nous libèrerons Normandie de l'oppression, et nos frères
Elle est notre pays, où fleuriront de nouveau et les gens et les rêves
Et pour ça nous vois tu, nous on marche ou on crève

Ici, chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait même s'il trépasse
Normand, si tu tombes, un frère sortira de l'ombre à ta place,
Demain le sang Fatum séchera au grand soleil sur nos routes
Chantez, compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute... "

Deline, sois sure que je prie pour toi et pour ton salut ainsi que pour tous les Normands injustement emprisonnés.
Si d’aventure, les colis peuvent passer, fais le moi savoir dans ta réponse, je trouverai bien quelque chose à t’envoyer. Un peu de Niboux peut être ?

Tu nous manques !

Amicalement,

Asti


Quand il referma la lettre et y apposa son cachet de cire, il pria pour recevoir une réponse de sa main. Il saurait ainsi avec certitude que son amie était toujours en vie.

Ceci fait, il se mit en devoir d’écrire quelques mot à la Dame de Guilberville.

Citation:
Bonjour Matou

J’espère que cette missive te trouvera en santé.

J’ai une nouvelle à t’annoncer qui te fera chaud au cœur. Les Normands ont voté aux élections et les Fatum se sont fait balayer sans ménagement. Plus de 85 pour cent de voix pour la liste Normande. J’en suis tout ragaillardi. Tout n’est pas perdu et nous continuons la lutte.

Un jour arrivera où nous pourrons exterminer la vermine qui est venu assombrir nos jours. Tu es bien placée pour savoir que tous les espoirs sont permis. Même ton volcan et moi avons réussi à converser aimablement. N’est ce pas le meilleur des présages ?

Sois forte !

Johane et moi pensons bien à toi qui es enfermée et nous prions pour ton salut.

Réponds-moi si tu peux, cela me rassurera.

Toutes mes pensées et toute mon amitié.

Asti



A son tour, il referma la lettre de son cachet de cire et envoya les deux missives non sans une certaine appréhension.

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Floralise
" Le cinquième jour....."

Il fait sombre, humide et cette odeur...
Flo se cramponne aux barreaux essayant d'avaler une bouffée d'air frais.
Elle a reçu un seul courrier depuis son emprisonnement et elle sait que dans les cachots avoisinants d'autres normands sont là .
Trois jours, " ils " l'avaient condamnée à trois jours de prison et à l'aube de ce cinquième jour elle y est toujours....
Ne pas se décourager, ne pas perdre espoir, surtout pas, mais le temps lui semble long, si long.
Elle se sent si seule, si inutile si...
Ohhhh, comme elle attend des nouvelles de sa Wou, Anna, Jean et les autres !
Elle sait qu'elle n'est pas abandonnée ni oubliée mais cette solitude la ronge.
Elle a entendu dire que la liste QFP a gagné les élections et cela met du baume à ses blessures.
Ils vaincront !
Forte de ses convictions elle hurle:

JE SUIS LIBRE DANS MA TÊTE !!!

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Matouminou


Combien de jours encore....elle ne sait plus, les repères en prison sont différents et guère de bons augures. Il y a les portes qui s'ouvrent, tôt le matin pour apporter son lot de condamnés. Certains sont appelés brutalement, est-ce pour un interrogatoire? Est- ce pour retrouver la liberté?
Il y a la distribution d'eau, une eau croupie et nauséabonde que pourtant il faut boire, car c'est le seul moyen de ne pas mourir.
Curieusement, elle ne fait plus attention à la faim qui pourtant la tenaille.
Elle a reçu un petit mot de son Volcan. Lui aussi est emprisonné, quelque part dans cette immense prison. Bien sûr, femme et hommes sont séparés.
Elle a souri en le lisant. il lui dit qu'il a une belle cellule avec un service de livraison de mets de toutes sortes, le meilleur calva, que sa couche est confortable...Il lui raconte qu'il invite les gardes à jouer aux cartes. Elle rit cette fois-ci, Stromb a une imagination si fertile. Mais surtout il lui dit qu'elle doit tenir le coup, qu'il l'aime... Alors elle se surprend à rêver, et ses pensées volent vers lui.

Mais un gémissement d' Adeline la rappelle à la triste réalité et son coeur se serre en voyant l'état dans lequel se trouve sa filleule.
Elle lui prend la main, et sursaute, celle-ci est glacée, pourtant, en lui passant la main sur le front, elle la sent bouillante de fièvre.
Elle lui parle, mais seuls des gémissements lui répondent. Et puis, cette respiration saccadée comme si Adeline cherchait de l'air.
Matou pâlit, ces râles, elle les connait bien, ce sont ceux des mourants. Mais bien sûr, elle est incapable d'admettre cela, non, pas Adeline. Elle lui frictionne les mains. Puis, elle déchire un pan de sa chemise, elle se saisit de son gobelet cabossé dans lequel il reste un peu d'eau, elle passe le tissu humide sur son front. Elle lui relève la tête et la force à avaler un peu du vital liquide.
Elle ne cesse de lui parler, de la réconforter. Mais Adeline ne réagit plus.

Alors Matou utilise ses dernières forces pour aller jusqu'aux barreaux qu'elle saisit en criant::


JE VOUS EN PRIE! A L'AIDE!!!! QUELQU'UN!!!

Elle se laisse glisser le long des barreaux et balbutie:

-Vous ne voyez pas qu'elle... qu'elle... va mourir.....je...je...

Mais elle se ressaisit car, elle a promis qu'elle sortirait d'ici, et avec Adeline.
Elle se réinstalle auprès de sa filleule et l'encourage comme elle peut:


- Tu ne peux pas flancher, pas toi...moi, je ne suis pas forte, j'ai peur de tout...mais toi!! tu t'es sortie de situations bien plus difficiles...imagine Deedee...imagine notre belle Normandie, " les vaches rousses, blanches et noires, une mare avec des canards, des pommiers dans la prairie et le bon calva de notre chère Normandie, un p'tit village plein d'amis... "**

Elle grimace, parce que les mots sont futiles, une fois de plus, mais elle essaie de maintenir Adeline comme elle peut.

Le cliquetis de la clé dans la grosse serrure et la porte qui grince se firent entendre. Matou se figea, jamais bon ça, la visite d'un garde. Son sang se retire de son visage quand il s'arrête devant elle.


- Un courrier pour toi la Guilberville!!!

Elle murmure un faible "merci" et maladroitement déroule le parchemin froissé car, bien entendu, il a été vérifié.
C'est Asti qui lui envoie son soutien.
Elle lit tout haut la missive pour qu'Adeline l'entende.


- Tu vois, on nous attend dehors, on va tous les massacrer...

Pas de réponse, elle se penche alors, elle prend la main de Deedee, cherche son poul, ne le trouve pas, secoue la tête et bredouille "NON!! NON!!
Elle pose alors sa tête sur le torse et entend, faiblement les battements du coeur. Elle soupire, mais sait que la situation est urgente. Alors, avec l'énergie du désespoir, elle retourne à la grille et appelle le garde qui s'éloigne:


-S'il vous plait, je peux de quoi écrire , je veux un parchemin, je peux vous payer!!

Le garde s'arrête, elle ne perçoit que sa large carrure de dos, il se retourne, un sourire pervers sur son visage éclairé par la torche qu'il tient:

- ah oui? tu as de quoi payer?

Elle sent le regard de l'homme sur elle et recule.

- j'ai...j'ai...

Elle porte sa main à son oreille:

- J'ai mes boucles d'oreilles, ça coute des écus, c'est de l'or... s'il vous plait...elles sont à vous...je veux juste de quoi écrire...

Elle le voit hésiter, alors elle enlève ses boucles d'oreilles, ce sont celles que lui a offert Horloger. Elle ne réfléchit pas, il faut agir vite. Elle les lui tend à travers les barreaux, dans le creux de sa main.

Il s'approche et au moment où il veut s'en saisir, elle referme sa main et lui dit froidement et avec détermination:


- Je veux de quoi écrire, et aussi l'assurance que ma missive parviendra à son destinataire...

Elle sait qu'il pourrait lui saisir le poignet, le lui tordre pour la forcer à ouvrir la main. Elle sait qu'elle n'est pas en situation de supériorité. Elle le regarde.
Alors l'homme opine du chef et lui apporte ce qu'elle demande. Lentement, elle ouvre la main et regarde tomber les boucles d'oreilles sur le sol terreux.
Inutil de s'appitoyer, il y a plus urgent. Elle griffonne rapidement sur le parchemin, c'est mal écrit, la forme n'y est pas, la plume s'accroche au parchemin, Matou jure.
Enfin, elle a fini, elle roule le parchemin et le tend au garde:


Faites parvenir cela au Duc de Vire!!!




** extrait de la chanson de Stone et Charden "made in Normandie"
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