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[RP] Le Campement des Monstres

Sarah_callahan
Elle ne s’éloigne jamais vraiment du campement, affichant un sourire de façade pour ceux qu’elle croise. Elle a envie d’être seule, de s’accorder du temps pour réfléchir à « tout ça », pour faire le vide dans sa tête… Sauf que seule elle n’arrive plus à l’être justement. Elle a l’impression d’être constamment surveillée, épiée. Protégée. Elle n’est pas stupide, elle les a remarqués ces petits tours de garde auxquels sa participation n’est jamais demandée. Tous veillent, pas elle. Alors une seule explication : c’est elle qu’on surveille. Elle n’a pas l’habitude d’être à cette place-là mais alors vraiment pas. Elle est cheffe de Clan, mère, guerrière. Sanguinaire. Elle se souvient des mots de la rousse Syuzanna lorsque celle-ci lui avait demandé de prendre le relai : « Protège-les comme une louve protège sa meute. ». Alors pourquoi est-ce qu’elle a plus l’impression d’être une espèce d’agnelle que tous cherchent à protéger du grand méchant loup ?

Parlons-en du « grand méchant loup », justement. Raclure d’italien, pourriture de rital. Enfoiré de violeur. Cette nuit de juillet il avait tout détruit, tout ce qu’elle avait passé des années à bâtir, tout ce en quoi elle croyait. Il lui avait volé sa fierté, son honneur. Et, comme si les images arrivant en rafales ne suffisaient pas, il subsistait les marques. Humiliantes, dégradantes, écœurantes. A chaque fois qu’elle regardait ses poignets, elle serrait les dents pour oublier l’italien au-dessus d’elle, contre elle, en elle. Depuis qu’il avait décidé de revenir foutre le bordel dans sa vie, elle n’arrivait plus à dormir. Comme elle l’avait confié à Lix, les cauchemars ne la laissaient jamais en paix, pas plus que les sueurs froides ou la désagréable impression qu’il était tout près d’elle, prêt à recommencer. Lix, l’amie, la confidente…la fiole venait surement d’elle. L’Ecossaise a envie de la boire pour tout oublier le temps de quelques heures dans les bras de Morphée mais elle ne le fait pas. A la place, elle relit une missive, sa missive.

Citation:
Ma douce,

Tu n’es pas sans savoir que je suis un homme et les hommes ont des besoins à satisfaire. Tu tardes à me rejoindre l’Ecossaise, un peu trop à mon goût. Ta filleule est bien mignonne, elle te ressemble. Je reconnais qu’elle est jeune mais après tout il n’y a pas d’âge pour ça ! Dans mon souvenir tu portais encore notre enfant quand nous avons fait notre première fois alors on peut dire qu’il a connu d’une manière très précoce ces choses-là.

Enfin, je m’égare. Le marché est simpliste, Sarah. Toi contre la gamine. J’ai pas mal d’argent de côté, assez pour qu’on vive de belles années. Tu seras ma femme, moi ton mari, donc. Nous accomplirons le devoir conjugal au moins une fois par jour mais je saurai être reconnaissant, ne t’en fais pas. Je ne te traiterai pas mal, tu le sais j’espère. Tu pourras voir le petit de temps en temps mais uniquement quand tu m’en auras fait un autre, comme ça, je suis sûr que tu reviendras.

Pour l’échange je veux que tu sois seule, j’ai pas envie de subir les foudres de l’autre jaloux. Il lui restera sa main, c’est toujours ça. Et, poussé par l’altruisme, je pourrai lui envoyer quelques catins au moins les premières semaines.

Dépêche-toi ma belle, la gamine risquerait de payer cher ton retard.

Ton passé, présent et futur.


Les poings écossais se crispent avant de s’abattre au sol. Elle cogne encore et encore, assez longtemps pour que les jointures de ses doigts se fassent sanguinolentes. Comment un seul homme peut-il cumuler autant de vices à lui tout seul ? Son fils ?! Il ose prétendre que le même sang que le sien coule dans les veines du petit Maonaigh ?! Crève semblent dire les prunelles assombries par la haine de la brune du Nord. Imaginer ne serait-ce qu’une seconde qu’elle puisse devenir sa femme, subir les mêmes viols tous les jours la terrorise et la dégoute. Mais le pire c’est ce qu’il insinue. Il l’a bien violée elle alors pourquoi pas la gamine, Maya ? La haine se mue en une rage destructrice, elle le tuera. Mais pas maintenant… Parce qu’il n’hésitera pas une seule seconde à mettre ses menaces à exécution.

Elle ne veut pas dormir, elle ne veut pas oublier. Abandonnant l’odieux vélin, elle s’approche du berceau dans lequel dort son enfant. Son fils. Avec une douceur infinie, elle le prend dans ses bras, l’enveloppant dans une chaude couverture au passage. Au diable le fait qu’elle soit entendue, vue et suivie. Elle se fout pas mal de les inquiéter, là, tout de suite. Sans hésiter elle quitte la tente pour s’enfoncer dans la forêt bordant Chinon. Tendant l’oreille, elle essaye de deviner si oui ou non, elle a été suivie. Celui qui surveille de loin n’est autre que Torvar, encore une preuve qu’elle n’est pas parano, tiens ! C’est Maryah qu’il devait protéger, pas elle, surtout après leur rencontre pas franchement amicale. Cependant, en cet instant, elle a vraiment l’impression d’être seule.

Une unique larme se fraye un chemin sur sa joue gauche tandis qu’elle s’empare de la main du petit ensommeillé. C’est à lui qu’elle veut parler, à lui et à personne d’autre.

Tu sais, j’voulais pas te garder au début, j’voulais pas que tu naisses. Et pourtant je t’aime depuis que je sais que je porte. C’est juste que…

La gorge se serre, une autre larme fait son apparition. Peu savent ce qui s’est passé il y a maintenant près de quatre ans de ça. Elle n’en parle pas, elle prend ça sur elle. Parce qu’elle est fière mais aussi parce qu’elle a mal. La blessure sera toujours là, toujours aussi vivace.

Tu aurais pu avoir une grande sœur, tu sais. Elle s’appelait Lana, elle avait trois ans… J’ai pas pu la protéger, j’étais pas assez forte. Elle me manque et chaque jour je me demande ce qu’elle serait en train de faire si j’avais pu la sauver…

Ravalant difficilement de nouveaux sanglots, elle darde sur son petit un regard protecteur. Celui d’une louve, celle qu’avait évoqué feue Syuzanna.

Mais toi, toi qui porte mon nom, je peux te jurer que jamais rien ne t’arrivera. Tu es ce que j’ai de plus cher au monde, de plus fragile aussi. Je donnerai ma vie pour toi, tu l’sais petit bonhomme ?

Non, tu ne le sais pas, tu ne comprends même pas un mot de ce que te dit ta mère mais elle, elle comprend. Elle sait la conclusion à laquelle elle est en train d’arriver.

Maya aussi porte mon nom. Je me souviens, il pleuvait… Ayla et moi étions seules, deux hommes sont morts ce jour-là. Mais elle, elle est née. Et Ayla l’a appelée Maya Callahan. Elle a fait de moi sa marraine, elle m’a donné un nouveau but. Ce jour-là j’ai juré de la protéger alors crois-moi, je ne laisserai jamais ce salaud la toucher. Je vous protègerai, tous les deux. Même si je dois tout perdre, même si je dois me perdre moi-même…

Elle ferme les yeux, serrant l’enfançon dans ses bras. Elle les décevra et blessera tous autant qu’ils sont. Mais ils vivront et la petite aussi…
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Aslynn
    « Le temps adoucit tout. » Voltaire


Il est un temps pour tout. Quelque soit la raison, le temps est toujours celui qui nous fait défaut, jouant contre nous comme pour nous mettre à mal. Manque de temps, trop de temps. Il se met parfois même sur pause histoire de nous rendre dingue, mais jamais au moment que l'on aurait souhaité. Un arrêt sur image, un moment volé... Pourtant un voleur va toujours très vite dans l'exécution de son méfait, mais jamais assez pour ne pas se faire attraper. Dommage, pauvre voleur d'éternité...
Mais ainsi va la vie et l'éternité n'est jamais qu'une illusion.
Il est facile de mentir aux autres, surtout lorsque l'on ne connaît pas les gens à proprement parler. Facile de dessiner un sourire mécanique sur un visage angélique, facile de détourner le regard pour laisser croire à l'autre - qui que ce soit d'ailleurs - qu'on est touché par la réalité de la vie. Se mentir à soi-même, c'est bien plus compliqué. Qu'il est difficile de détourner les yeux lorsque les choses vous semblent évidentes, qu'il est horrible de devoir se regarder dans la glace avec cette intime conviction que le feu ardent est en train de nous ravager de l'intérieur. Un feu, ou un torrent... Quel est le plus destructeur ? L'amour ou la haine ? Il n'y a qu'un pas entre les deux après tout, il ne suffit que d'avoir le courage de franchir la ligne invisible. Un pas si petit, tout petit, si insignifiant qu'il finit par s'effacer, ne laissant que trouble et obsession dans les esprits de tous.

C'est comme ça et personne n'y peut rien. Et c'est ainsi que parfois le groupe se déchirait à s'envoyer des mots d'amour, des cris de rages et de colères, s'entrainant main dans la main avant de retourner marmonner chacun dans son coin. La diversité est une force, mais aussi une faiblesse qui pourrait couter cher au clan. Des esprits contrariés, torturés par la crainte de voir Sarah agir dans son coin. Des tensions naissaient de cette peur de voir la Sauvageonne se sacrifier, alors que tous étaient prêts à faire le grand saut pour la savoir en sécurité. Une obsession commune pour toutes ces personnes venant d'horizons différents. Mais tout le monde sait que l'horizon n'est autre que la limite que s'impose l'homme pour se donner un point d'ancrage à la vue, ou plutôt à la vie. Il se veut parfois coloré, délicatement parfumé de douceur, mais aussi tumultueux et infiniment insaisissable pour ceux qui ne voulaient pas voir ce qu'offre l'étendue du monde.

L'étendue, pour le moment, de leur monde se résumait au camps où ils réunissaient tous. Tantôt pour veiller sur Elle, tantôt pour monter les gardes de jour comme de nuit, ou encore pour s'entrainer. Mais les esprits - aussi torturés soient-ils - avaient tous besoin de souffler un peu. Un verre, une taquinerie lancée au détour d'une taverne, ou encore une envie de martyriser celle qu'elle avait appelée "La Curieuse". L'adage ne dit-il pas " qui aime bien, châtie bien" ? Et tout le monde sait que lorsque l'ébène aime, c'est pour de bon, allons...

Le pas est feutré, et le regard attentif au moindre mouvement. Torvar remarquerait-il que la Medici entre dans la tente de Maryah ? Enfin, la tente de Maryah.. Le mot était grand et la gentillesse de l'Ebène la perdrait un jour. Quelle idée de donner sa tente!
Le pan foncé est poussé de l'épaule italienne, alors que le regard s'habitue peu à peu à la pénombre de l'endroit. L'exécution se doit d'être rapide, mais contrairement au voleur, il ne faut pas qu'elle se fasse attraper. Un temps pour tout et chaque chose à sa place, elle s'allonge sur la couche qui était sienne il y a encore peu.
Dors-tu bien Maryah, dans cette couche aux mille combats ?
L'esprit est amusé par cette simple pensée, tandis que la torturée sort de sa besace l'animal minuscule - petite souris déposée par le chat - qu'elle enferme comme elle peut sous les peaux près de l'endroit où la brune déposerait son visage malicieux. L'entendrait-on rire ? Crier ? La Curieuse devinerait-elle que la farce est signée Medici ? Seul le temps lui dira.

La boucle est bouclée alors que le temps revient à nous. Car oui, il est temps. Temps de sortir de là tel un chat sauvage, temps d'aller dégourdir les jambes fines et dessinées comme il fallait par la Nature, temps de retrouver ceux pour qui elle n'a que tendresse, amour et possession. Laissons le temps au temps et faire les choses, comme elle se doivent d'être faites.
Le temps. Le temps, mais qu'est ce que le temps ...?

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Kheldar
"Le temps est tout. Se trouver au bon endroit au bon moment, frapper ni trop tôt ni trop tard. Vivre son temps et voler celui de l'adversaire pour arracher une victoire totale."

Les mots raisonnaient et raisonneraient toujours en son esprit. L'on pouvait les associer à chacun des arts guerriers, ils étaient vérité.
Le tir n'était pas parfait, la pose et la stabilité non plus mais globalement la tireuse qui n'était pas censée en être une était dans le temps. Le carreau avait filé, précis et mortel et le colosse n'aurait pu l'esquiver. C'est l'air grave et songeur qu'il s'approcha de Maryah pour lui tendre une main secourable. Il ne croyait pas à la chance du débutant, et il commençait à nourrir des soupçons sur les réelles compétences de la jeune femme. Il la remit sur ses pieds à la seule force de son poignet et clama d'un ton neutre.

"Tu sais t'en servir. Cale ta crosse avec du cuir ou un tissu rembourré la prochaine fois."

Les questions attendraient. Le plus pressant était réglé, ils disposaient d'une tireuse.

Le colosse récupéra une épée dans la charette à proximité du lieu de l'entrainement et après un bref salut à l'intention de Maryah, s'éloigna plus avant dans la forêt. Il avait grand besoin de faire provision de solitude avant de retrouver ses compagnons.
Autour de lui, le calme régnait à présent. Seuls les incessants murmures de la forêt, caractérisés par les piaillements des oiseaux et la morsure d'un vent glacial troublaient un silence salvateur. Le guerrier se prit à sourire derrière le masque, fermant les yeux pour apprécier la sérénité de l'instant présent.

Puis, sans aucun signe avant courreur, il fit décrire à sa lame un arc mortel en direction d'un ennemi imaginaire. S'exercer en ce lieu loin des regards apparents lui ferait le plus grand bien. L'arme du colosse fendit l'air en émettant un sifflement strident avant d'executer une botte fluide en direction d'une gorge invisible. Après plusieurs enchainements intenses où le corps et l'arme étaient en harmonie, le guerrier rompit le combat. Peut être était ce seulement une biche craintive qui avait fait craquer cette branche sous ses pieds.. Mais il n'était pas homme à s'arrêter aux conclusions faciles.

"Sors d'ici..." clama t'il en pointant sa lame vers les fourrés.
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Maryah
Fourbue c'est le mot. Oui plus que énervée, elle est éreintée. Tout s'accumule et se mélange dans sa tête. Elle ne supporte plus l'attente, bien qu'elle tue le temps à la cueillette, à la pêche, à l'entrainement, à s'occuper du petit Maonaigh. Elle sent qu'elle ne va plus tenir longtemps, et cela lui met une double pression. Et puis, il faut bien l'avouer, depuis qu'elle a croisé Ezequiel en taverne, elle n'est plus tout à fait la même. Ses nuits ne lui servent plus à rien, puisqu'elle fait toujours ce même cauchemar : elle est là dans la forêt, au moment de l'échange. Elle est en planque avec l'arbalète, Ez se montre avec la petite Maya. Maryah arme et tire un carreau. En plein dans la tête ! Les gens crient, le temps s'affole ; la tête de Maya est une bouillie, rien d'autre qu'une bouillie sanguinolente. Elle vient de tuer la petite, pour que plus jamais cet homme n'ai de pouvoir sur personne. Elle se voit même reverser des larmes, pleurer pour la petite, alors que Sarah la traite de tous les noms. Sous les coups, elle redevient la Sanguinaire et plante les crocs dans la carotide de Sarah. Ses nuits sont un vaste champ de cauchemars, baignés de sang.

Bien sûr, elle n'avait pas osé en parler sauf à une personne ... Enjoy. La cheffe de clan avait du déjà vivre ça, non ?! Mais la réponse n'était pas venue. Sauf que quelques temps plus tard, elle était là, au village avec tout son clan. Et Maryah jubilait, elle était venue l'aider, elle venait secourir Sarah. Non ... il n'en était rien, et la déception de Maryah avait été de taille. Elle avait été la rejoindre le soir venu pour lui parler, Enjoy était entourée, donc Enjoy était différente. Maryah revoyait la scène où la rousse Carensa avouait prendre parti pour Ez le fourbe, affirmait à Enjoy que si elle était pour défendre Sarah elle n'en était pas, et raconter à Maryah que si elle avait été à la place d'Ezequiel, elle aurait tué Sarah de ses mains, donc que Maryah soit bien contente que cette dernière soit vivante. La rousse n'était même pas de la famille Corleone, et Enjoy n'avait pas pipé mot. Pas même une parole pour lui dire de se taire. Pas même une vacherie pour lui dire d'aller faire un tour ailleurs et se calmer. Pas même un mot d'amour pour sa cousine ! Le désespoir de Maryah atteignait le summum.

Depuis qu'elle était arrivée avec Sarah, elle n'avait jamais pu parler des deux soucis qui la tracassaient. Sarah n'était pas vraiment là, elle n'avait pas la tête à ça. Maryah devait apprendre à vivre en groupe, mais quand on a subi les pires traitrises, qu'on a été esclave, et porte-misère de Tord Fer, j'vous assure qu'on ne sait vraiment plus faire confiance. C'est un truc qui vous saute à la figure chaque jour qui passe ... c'est un Lyan que vous ne voyez pas arriver, et qui vous saute à la gorge. C'est un Kheldar qui vous propose un entrainement et vous laisse tomber au bout de dix minutes. Alors elle avait bien tenté de se centrer sur autre chose, autre chose que le chaos, autre chose que ce goût de sang qui éveillait des sensations morbides en elle. Elle avait fait des recherches sur la famille, ce qu'elle n'avait pas eu, et qu'elle avait refusé à son enfant. Et désarroi ! Terrible constat. Se reposant sur ses compagnons d'armes, elle avait vite fait le tour des histoires de famille :
- c'était l'histoire d'un père qui n'avait jamais répondu au courrier que Maryah avait envoyé pour donner des nouvelles de Maonaigh ; en gros, il n'en avait rien à foutre ;
- c'était l'histoire d'une petite fille abusée de nombreuses fois par son père, avant de crier vengeance ; et qui passait son temps à se refermer sur elle-même ;
- c'était l'histoire d'une soeur qui avait fait l'amour avec son frère, et avait perdu le bébé né du pêché ;
- c'était l'histoire d'un père mercenaire qui n'avait pas voulu voir grandir ses filles, et qui en avait déjà perdue une ;
- c'était l'histoire d'une cousine qui avait tellement honte de ses sentiments qu'elle préférait fermer son bec devant l'infâmie, et courber l'échine ;
- c'était l'histoire d'une mère qui n'avait pas su défendre sa fille, et s'entêtait à perdre sa vie et peut être celle de son fils, pour ne pas reproduire l'histoire ;
- c'était l'histoire d'une fille devant qui on avait massacré ses parents, et qui avait transformé son coeur d'orpheline en vie solitaire.

Voilà ce que c'était la Famille. Finalement, en abandonnant ce bébé 4 ans plus tôt, Maryah avait évité le pire. Bien sûr, il serait orphelin lui aussi. Mais c'était peut être mieux ainsi au final.

L'Epicée était perdue. Elle l'avait dit à Lyan, en venant icy, elle s'apprêtait à trouver Sarah et le petit. Rien de plus. Pas un campement de monstres, où chacun s'amusait à la rendre folle avec un petit secret qui lui faisait voir partout le danger. Elle se retrouvait à composer avec un groupe de dix personnes aux multiples caractères, une Sarah qui avait toujours mieux à faire, et cette horrible affaire. C'était la guerre des nerfs pour elle, et elle commençait à accumuler les réactions non adaptées.
- elle s'était mis toute la petite équipe à dos en cherchant à gratter sous le voile des apparences,
- elle avait rejouer l'entêtée, et avait failli mourir étrangler sous les pattes de l'ours,
- elle avait voulu comploter pour tuer Maya afin que Ez n'est plus aucune monnaie d'échange,
- elle avait failli sauter sur Lynn la veille, car elle avait le visage rempli de sang et que sa dépendance sanguinaire réapparaissait jour après jour,
- elle avait découché la nuit dernière, pour disparaitre sous la tente de Torvar et n'en sortir qu'au petit jour.

Fourbue.
Et bientôt Folle à lier.
Déjà Folle alliée !

La nuit est déjà tombée quand Maryah rejoint sa paillasse, après une après midi au lac. Elle a ramené du poisson et des champignons, elle a couru, sauter, tirer à l'arbalète ... elle en a l'épaule bleue. Mais qu'importe ... ce qu'elle veut ... c'est s'allonger et trouver quelques heures de sommeil, de répit. Elle retire son mantel, se glisse sous la couverture de Lynn, ses cheveux noir se répandant en flot sur le sac de farine qui lui sert d'oreiller. Elle est lasse, elle ferme les yeux ... quand soudain ... l'odeur du sang lui revient. La viande fraîche, le goût du meurtre ... Hum, c'est horrible ; elle ne pourra résister longtemps ! L'odeur est trop ... PRESENTE !
Elle ouvre un oeil, aperçoit la souris, juste là à quelques centimètres de son visage. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle tire la dague de son fourreau à sa taille, et traverse une première fois le corps de la souris, elle s'y reprend une seconde fois, une troisième etc. .... Elle s'acharne, le sang gicle, ses mains sont couverte de sang, elle se défoule, elle décharge toute cette haine, toute cette retenue ! Et puis Merde ! Elle comprend que quelqu'un l'a mise là. Quelqu'un qui voudrait la faire partir.

C'en est trop. Elle va pas se les farcir jusqu'à la nuit des temps. Et puis la colère montant, elle en veut à tout le monde. Et Sarah aura sa part, elle qui s'est bien tenu de lui dire ce qui allait se passer.
C'est donc dans une fureur incontrolable, éclaboussée de petite tâche de sang, les mains en étant couverte, tenant fermement la brochette de souris émasculée, que Maryah traverse le campement des monstres en gueulant et se pointe sans aucune gêne sous la tente de Sarah :


ça suffit ! cette fois ! J'en peux plus ! J'ai jamais demandé ça ! Je venais pour toi ! J'voulais pas d'cette vie là ! J'suis pas faite pour ça !
Si tu m'retiens pas, Apeau va tous les saigner ! Un par un ! T'auras plus que tes yeux pour pleurer Sanguinaire, et tes bras pour creuser et porter leur dépouille en terre !

Droite comme un "i" devant une Sarah interdite, elle enchaîne non sans reprendre une grande inspiration :
Ton Ours a voulu m'étrangler car j'ai dit que t'étais belle ! Y vaut pas mieux que Ez et regarde ce qu'il vient de laisser sous MA tente ! J'en ai gros là ! J'ai pas fini !
Et de lui montrer son illustre dague, surplantée de bouts de souris, le sang dégoulinant sur sa main et son avant bras.
Et ton enfoirée d'cousine qui ferme sa mouise d'vant la Carensa,
Et Lix qui peut pas me blairer,
Et ta soeur qui r'mue l'couteau dans la plaie avec son désir d'enfanter,
Et Lynn qui m'foudrait bien entre ses draps,
Et toi qu'y est jamais là !!!

Et un coup de pied dans les besaces au sol, un ! ça continue ! ça vole sous la tente !
On fait quoi LA ?! On va se souMETTRE longtemps aux caprices d'EZ ?! C'est quand l'échange ??? C'est où c'est quand ?!
Dis-moi, avant que je vous MASSACRE tous !


Pétage de plomb en bonne et due forme. Vraie que de l'extérieure c'est impressionnant. Mais Sarah a déjà vu la Sanguinaire comme ça, du temps où à Nauzhror, Apeau ne réussissait pas à réanimer les torturés et s'énervait de ses "jouets" cassés ...
Quand on ne sait pas pleurer, une goutte de sang fait tout aussi bien l'affaire ...

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Torvar
Un campement, des hommes et des femmes d’horizons bien différents, une proximité qui n’était pas pour lui plaire… Le cosaque était obligé de composer. Il avait accepté de rester. Pour Sarah, pour les gosses qui dans cette histoire n’étaient que des victimes innocentes, pour Maryah… Mais depuis, les gens s’étaient installés et Torvar s’était mis en retrait. Oh pas tant que ça non plus, il ne fallait pas rêver mais il se faisait rare à la vue des autres. Les autres, il ne les aimait pas, les autres ne lui faisaient ni chaud ni froid, les autres pouvaient même crever qu’il s’en foutrait comme de l’an quarante.

Toutefois, comme promis dès le départ, Torvar chassait. Qui, quoi, comment, cela restait à son bon vouloir. En effet, lorsqu’il apercevait Sarah quitter sa tente avec son gamin dans les bras, le vieux mercenaire se mettait à une bonne distance et la pistait… pour son bien comme tout le monde le disait mais le cosaque sentait bien que le brune écossaise cogitait pas mal. Et cela n’amenait jamais rien de bon surtout que dans le campement, l’ambiance n’était pas des plus joyeuse et que chacun faisait un peu sa soupe de son côté. Pour le vieux loup, ils allaient tous droit dans le mur alors il veillait, comme l’ombre qu’il était, comme l’homme qui prenait ses responsabilité, comme le père qu’il n’avait jamais été ou presque…

Et le reste du temps, le vieux s’en allait par les forêts à la recherche de victuailles. L’hiver s’annonçant, cela devenait plus difficile de suivre un chevreuil ou un cervidé quelconque. Il restait bien les canards ou les cygnes mais là encore, fallait être méticuleux et surtout silencieux pour ne pas les effrayer. Heureusement, la chasse faisait partie de ses passe-temps favoris… De son enfance, il se souvenait encore lorsque son père, le chef du clan cosaque auquel ils appartenaient, l’entraînait pour chasser quelques jours loin de tout, dans les steppes où leur survie dépendait de ce qu’ils réussiraient à tuer. Chasse ou crève, voilà un credo qu’il connaissait par cœur le cosaque… Et aujourd’hui, il avait la responsabilité des personnes qui grouillaient dans le campement… Mais responsable jusqu’au bout des ongles, lorsqu’on lui allouait une mission, il s’y tenait. Chaque jour il ramenait la bectance qu’il dépeçait même afin que les donzelles n’aient plus qu’à la cuire… Chaque jour était un éternel recommencement, une pâle copie de la veille.

Pourtant, il suffisait de compter sur une Maryah furibarde pour mettre un peu d’ambiance… Un jour qui n’était pas fait comme les autres, Torvar était revenu avec quelques lapins qu’il avait pris dans ses collets posés la veille. Tout à leur retirer leur jolie fourrure hivernale près du feu de camp, ce fut le beuglement de la brune qui mit ses sens en éveil. Cela allait se passer vite et mal…. Et surtout mal par en juger les vociférations que l’Epicée poussait… ou bien voulait-elle tout simplement faire bouger les choses ?
Ce n’était pas pour lui déplaire au cosaque qui commençait à compter les nuages dans le ciel par temps clair. Il avait pour habitude de dire que cela allait mal se finir et à en juger de ce qu’il se passait… s’essuyant les mains dans un linge pendu à sa ceinture, souriant en coin, amusé du spectacle que ça risquait de donner, il s’approcha négligemment de la tente de Sarah pour mieux entendre les débats. Pour une fois qu’il y avait de l’animation, cela risquait d’être amusant… non ?

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Lyantskorov
Conflits. Et voilà. On y était. Oui, Lyantskorov était un être plutôt insociable. Susceptible. Violent. Et depuis peu, jaloux. Surtout lorsqu'il avait fallu laisser l'Ordure filer sous l'impulsion de la même perle qu'il avait eu l'ignominie de profaner. Dans ce contexte, il avait, le même soir, mal, très mal pris certaines paroles de Maryah, qui avaient pris un aspect bien particulier et réveillés en lui les réflexes primaires qu'il avait développés auprès de ses brutaux compagnons d'autrefois. Et la querelle entre le rustre borné et la fouineuse invétérée, qui avait enfin réussi à s'adoucir, s'en était vue brusquement cristallisée.

Enfin, avec toutes ces histoires ... il était à combien de temps, déjà ? L'espèce de gruau qu'il faisait sur le feu sentait à peu près ce qu'il sentait quand il le faisait d'ordinaire (sans être atroce, il ne fallait pas faire montre d'une exigence démesurée quand c'était lui qui cuisinait), mais il s'était embrouillé dans le décompte des minutes. Hum, bon, on ferait ça à l'instinct, et puis voilà. Allez savoir pourquoi, quand c'était pour des onguents ou autres, il s'en sortait plutôt bien. Mais quand il était question de nourriture, il avait un mal fou à comprendre certaines choses évidentes.

Cependant, ce ne sont guère les talents culinaires de notre Slave eux-mêmes qui nous intéressent ici. Lyantskorov tiqua, comme il vit de l'autre côté du camp Maryah se diriger telle une furie vers la tente qu'il partageait avec Sarah et le nourrisson. Avec ...


" Tchiort ... " *

... une dague ensanglantée ! Avec il ne savait trop quoi empalé sur celle-ci. Alors, inutile de dire qu'à ce moment-là, la réussite de son gruau devint brusquement très secondaire. Lyantskorov se redressa prestement et fila à la suite de Maryah. Il ne discerna pas les tout premiers mots, mais elle beuglait si fort que tout le reste lui parvint aux oreilles. "Tous les saigner" ... oh, merde, ça, c'était mauvais ... accélère, foutue jambe ... comment ça, parce qu'elle "avait dit que Sarah était belle" ? Tu parles d'un raccourci ! Il n'y aurait pas eu de problème si, effectivement, elle n'avait dit que cela. Le barbu poussa un grognement de douleur. Ça allait un peu mieux, sa jambe, mais de là à se précipiter comme ça ...

Cela dit, pour l'heure, cette question l'intéressait à peu près autant que son foutu gruau ... plus que quelques pas ... c'était quoi, cette histoire de souris ? Et voilà qu'elle crachait un peu sur les comportements de tout le monde ... rien d'alarmant, dans une telle crise de nerfs, enfin rien qui ne venait empirer la menace. Il entra dans la tente juste à temps pour voir sa besace se faire malmener. Enfin, cela ... eh bien, une nouvelle fois, tout cela le préoccupait autant que du gruau brûlé. Il vit Maryah agiter sa dague sous le nez de Sarah, et il avait beau la voir de dos, elle avait l'air d'avoir complètement déliré. Le visage barbu se crispa, tandis que sa main senestre venait chercher l'épée à son fourreau.

"Je vous massacre tous" ... il fit un pas vers elles, bien décidé à l'arrêter là. Ce fut à ce moment qu'il put voir que ce qu'il y avait sur la dague étaient des résidus vivants, mais pas humains. Un reste de ... ah, d'accord, la souris, c'était donc ça ... un acte gratuit ... sur une victime fragile, qui ne rendait pas les coups, et ... il écarquilla d'horreur. Si elle se faisait trop menaçante, Sarah saurait s'en occuper, mais ... mais si ... à cette pensée, le Slave dériva sa trajectoire, pour se retrouver entre l'endroit où se trouvait Maryah et celui où le petit Maonaigh réveillé par les cris commençait à se plaindre. N'y pense même pas ...


" Maryah ... "

Il avait essayé d'être diplomate, mais il n'entendit qu'un son de voix tranchant et agressif.

" Repose ça ... "

Et il pointa l'arme vers elle. Diplomate, hein ? On ne se refaisait pas si facilement ...


* Juron, récurrent dans la bouche du barbu
Alix_aude
Cette vie au campement semblait décidément dure à vivre. Il n'y a rien d'apaisant dans le fait de vivre en communauté avec des personnes qu'on supporte difficilement. Il n'y a rien de pire qu'une attente qui n'a pas de fin, pas de délivrance.

La Lix, elle, avait atteint ses limites l'avant-veille, alors qu'elle avait vainement espéré se détendre en venant en taverne. Grossière erreur, ça n'a rien d'un endroit où l'on peut se détendre. Etrange ? Pas lorsqu'une Maryah vient en taverne, et fait tout pour vous faire disjoncter. C'était d'ailleurs le cas. A tout faire pour lui faire atteindre ses limites, elle y était finalement parvenue. Il y avait eu les questions d'abord, trop nombreuses, qu'elle aurait pu comprendre puisqu'ils étaient les inconnus venant de débarquer dans l'affaire, à ses yeux. Mais un interrogatoire si poussé n'avait pas de sens. La Belle, poussée dans ses retranchements, avait fini par cracher le morceau sur les années de maltraitance et d'abus que son père – maudit soit-il – avait commis sur elle alors qu'elle atteignait tout juste ses onze ans. Trop belle, trop jeune, trop exposée à un homme fou. Après l'aveu, la pitié et la compassion. Dégueulasse. N'importe qui sait que quelqu'un dans cette situation ne veut pas de tout ça. Elle en faisait pas exception, cherchant uniquement à y penser le moins possible. Il y avait eu ça, et son comportement inadmissible vis-à-vis de Lynn, qui la révulsait. Plusieurs fois, elle l'avait menacé si elle continuait ses allégations.

Jusqu'à la fois de trop. Furieuse, elle s'était jetée sur Maryah, pour lui faire fermer son trop grand clapet avec ses poings. Le pire évité, le Slave entre les deux femmes pour empêcher une possible effusion de sang, la Lix enrageait encore, et avait balancé ses quatre vérités à cette femme qu'elle ne supportait plus, avant de s'entailler le bras pour vérifier un détail qu'elle avait pu observer plusieurs fois. Elle disait ne pas se battre, mais déployait un peu trop d'agilité à son goût, avec trop de bémol dans son discours. Elle disait ne pas aimer le sang, mais montrait pourtant une fascination certaine dès qu'une goutte du liquide carmin se glissait hors d'une plaie.
Vérification réussie. Elle mentait donc effectivement, la Sanguinaire. Deuxième preuve de la fausseté de cette femme alors qu'elle affirme avoir été abusée elle aussi, et qu'il est possible d'oublier cela, qu'elle l'a fait elle-même. Mensonge. On n'oublie pas ces choses là, jamais. Jamais. Même si l'on croit devoir faire ça pour la bonne cause, jamais on n'oublie les mains d'un homme qui se pose sur vous alors que vous n'êtes pas consentante, pas en pleine possession de vos moyens. Foutaises. Et ça foutait la rage à la brune qui était partie en claquant la porte.

Cette dispute de plus avait au moins eu l'utilité de rapprocher encore un peu plus Lix et Lynn qui partageaient tout depuis un moment maintenant, jusqu'à leur Brun, Lex. Beaucoup de L dans cette histoire, mais ils se protégeaient mutuellement, et cela touchait la belle Brune bien plus qu'elle ne voulait bien le montrer, elle qui semblait enfin trouver un équilibre dans l'amour dont l'inondaient les deux êtres qu'elle chérissait plus que tout au monde.
Le campement, elle s'y faisait. Ou plutôt, elle n'y faisait plus vraiment attention. Elle y était pour les tours de garde, pour dormir, et pour manger parfois. Elle ne parlait qu'avec Lyan, et Sarah lorsqu'elle avait la chance de la croiser, mais elle évitait Maryah comme on évite la peste. Elles avaient peut-être le même but, mais la Lix n'avait pas à subir son caractère de merde, et ses références insistantes à ce qu'elles avaient pu vivre, Lynn ou elle. D'ailleurs, l'ébène semblait l'avoir bien remis à sa place, concernant ce sujet. Fallait pas déconner non plus. Seulement, les cris parvenaient tout de même à ses oreilles lorsqu'au campement, Maryah craquait – encore -.
Adossée contre un arbre, les bras croisés, elle avait écouté les conneries débitées à un volume et à un débit défiant toute concurrence. Qu'elle pouvait pas la blairer, ça commençait à devenir vrai, mais c'était entièrement sa faute. Que Lynn veuille la mettre dans son lit, par contre, c'était n'importe quoi. La seule que l'ébène voulait dans son lit, c'est elle-même, et les autres si envieuses soient-elles, se foutaient le doigt dans l'oeil bien profond.

Jalouse ? Si peu...

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Sarah_callahan
*

Elle cogite non-stop puisque c’est la seule chose qu’elle puisse faire sans être suivie. Franchement, essayer de se frayer dans l’esprit de l’Ecossaise est, en ce moment plus que dans tout autre, mission impossible. Elle n’arrête pas de penser à sa filleule, à Ezequiel. Aux images d’une gamine insouciante et rieuse se superposent la trogne exécrable d’un violeur assassin. Elle imagine avec horreur ce qu’il pourrait être en train de lui faire subir, lui ou Sawyer d’ailleurs. Et à chaque fois, elle finit par éprouver le même mélange de peur et de haine. Si elle était sûre qu’accepter de suivre le rital pour sauver la petite était la meilleure solution, c’est sans plus attendre qu’elle se rendrait. Sauf qu’elle n’en est plus si sûre, justement. Il y a une autre solution, une autre possibilité…

Diego. L’aîné de la fratrie Corellio, le seul qui ne soit pas complètement cinglé. Son meilleur ami. Ils avaient échangé plusieurs lettres plus ou moins dures à lire et dans sa dernière missive le Tatoué lui avait annoncé qu’il quittait sa femme pour venir la rejoindre à Saint Aignan. Sa première réaction avait été celle d’une femme amoureuse de son homme, à se dire que non, le fait que son ancien amant vienne la rejoindre n’était en rien innocent et ne plairait pas au fameux homme. Et puis elle avait réfléchi. D’une manière froide, calculatrice. Ezequiel et Sawyer ne se méfieraient pas de leur frère. Ensemble, ils avaient toutes leurs chances de sauver Maya. Elle savait quel sacrifice elle demandait à son ami mais elle savait aussi qu’il ne leur restait plus beaucoup de temps. Plus les jours passaient et plus la gamine avait de chance d’être tuée ou violée par l’un des deux fadas, et, plus le temps passait et plus la tension montait au campement…

Tu t’es mise à la chasse à la souris ? Tu sais pas qu’les chats sont là pour ça ?

En voilà une démonstration de cette tension. Les restes ensanglantés du rongeur n’auraient fait ni chaud ni froid à la Sanguinaire si la venue de Maryah ne s’était pas accompagnée de telles déclarations. Aux paroles s’ajoutent les gestes, foutrement inquiétants. La dague qui s’agite, les pieds qui volent, le sang qui coule… Un coup d’œil au berceau arrache un tic nerveux à la Brune du Nord. Il serait si facile à l’Epicée d’atteindre le petit Maonaigh, elle n’aurait pas le temps de s’interposer, juste celui de porter sa dépouille en terre comme Maryah l’avait si bien dit. Non… Maryah aime le petit, y’a qu’à voir la tête qu’elle fait quand elle le porte, le sourire qu’elle lui adresse quand elle lui parle.

Maryah aime le petit, oui.
Mais Apeau… ?

D’un bond, la sauvageonne se relève, retroussant instinctivement ses lèvres, fléchissant ses genoux. Les prunelles sont assombries d’une froide détermination. Apeau n’aime pas l’enfant, Apeau n’aime personne sauf le Mal et la destruction. Elle reconnaît sans mal les expressions qui défilent sur le visage de la Sanguinaire, les mêmes qu’à Nauzhror, les mêmes que dans la salle de torture. Elle est incontrôlable, instable. Comme elle, avant qu’elle ne retrouve ses repères. La venue de Lyan et la position qu’il adopte soulagent quelque peu notre Ecossaise. Et ce temps de soulagement est mis à profit pour une nouvelle séance « cogitation ».

Délaissant l’agressivité pour un masque de neutralité, elle s’avance vers la brune, sa main gauche enserrant le poignet ensanglanté. Elle serre avec force alors qu’au contraire c’est de douceur qu’elle fait preuve lorsqu’elle ôte un à un de sa main libre les doigts enserrant le manche de la dague.

Non.

Les lippes féminines s’étirent en un sourire confiant pour le Slave.

Je m’occupe d’elle.

Traduction : je gère, ne t’en fais pas elle ne me tuera pas. Plantant son regard dans celui de l’Epicée, elle tente de lui faire passer un message, celui que, peut-être, elle attend depuis qu’ils sont arrivés au campement. « On vaincra Apeau parce que c’est ce que je t’ai promis dans mes lettres ». C’est une entreprise périlleuse qui risque de leur coûter beaucoup à toutes les deux mais c’est aussi la seule solution de les garder en vie. Elle relâche le poignet tâché de carmin et se glisse brièvement à l’oreille de la brunette :

J’ai un plan.

Elle en a plusieurs en fait, de plans. Mais elle pourra tous les combiner.
Une bataille pour Maryah, l’autre pour elle.
« Buaidh no bas - Victoire ou mort. »
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La.defroque
Alors, qui je suis, moi, dans l'histoire ? La Défroque, qu'on m'appelle. Enfin qu'on m'appelait. Le type que je cherche comprendra. C'est lui qui m'a contacté. Ça fait une paire que je l'ai pas vu, lui. Mais bon, c'était l'occasion de voir un peu ce que ça devenait, les Chardons, tout ça ...

Ah, ouais, prenons au début. Y a plusieurs années, je faisais partie d'un groupe. Les Chardons, comme on s'appelait. C'était pas vraiment une organisation, plus un groupe de types qui se rassemblaient de temps en temps pour faire des coups ensemble. Ouais, des "coups" ... on était pas des enfants de chœur, ça non. Des larrons, qu'on pourrait dire. On campe dans la forêt, on fait des embuscades, on tombe sur des voyageurs, on leur fait la peau, on part avec le butin et on fête ça en beuverie. Putain, cette époque ... pas que des bons souvenirs, mais beaucoup.

Sauf que ça fait un moment que je les ai pas revus, à part le Campagnol, avec qui on refait régulièrement des coups de notre côté. Alors, pourquoi je parle de ça ? Eh ben c'est parce qu'avec les Chardons, on avait des planques à différents endroits, où on mettait ce qui pourrait servir pour les chardons. Et y a quelques jours, il était tard, et j'ai eu envie de faire un détour pour voir si nos gars s'en occupaient encore. Eh ben j'ai trouvé un mot ! Bon, si on m’appelait la Défroque, c'est parce que j'ai failli être moine. Je me suis fait virer pour des raisons dont on se fout, mais c'est resté. Et surtout, j'ai appris à lire. L'écriture était plutôt moche, mais j'ai réussi à comprendre.

Si je m'attendais ! C'était un mot de l'Esturgeon, le protégé du Monticule ! Et il était récent ! Il disait que si des gars passaient par-là il pourrait avoir besoin d'eux à Chinon, mais que y avait pas vraiment de sous à se faire. C'était quand même bizarre, pas vraiment dans nos pratiques. Mais j'avais rien à foutre après m'être enfui d'Anjou (encore une fois, on se fout des raisons) et par nostalgie du bon temps, je suis allé voir. Et puis, c'était le meilleur ami du Monticule, et prendre des nouvelles de cette grosse tête de nœud fait toujours plaisir.

Le hic, c'est que je sais pas comment le retrouver, cet enfoiré d'Esturgeon ! Déjà, la dernière fois que je l'ai vu, il avait bien changé par rapport au début. Au début, on s'amusait bien à l'emmerder, celui-là. Alors que la dernière fois, y avait même des gars qu'avaient l'air d'avoir les chocottes de lui parler. Enfin moi, ça va, il a toujours été bizarre mais j'ai jamais eu de problèmes avec lui. Donc j'ai parcouru un peu Chinon, mais jamais vu. Je pense que j'arriverais à le reconnaître, même si ça m'étonnerait pas qu'en deux ans, il ait changé, le bougre.

Enfin, comme j'ai rien trouvé, je suis allé là où je me suis dit que j'avais des chances de le trouver, connaissant le gars : dans un bois. L'Esturgeon avait appris à bien cacher des camps, mais on était logés à la même enseigne, donc je connais un peu les trucs. Si je trouve un campement un peu suspect, ça doit être lui. Je sais aussi qu'il est pas seul, mais avec qui il est, aucune idée. Peut-être d'autres gars des Chardons ? Bah ça, je crois qu'il l'aurait dit sur son vélin.

Pour en revenir un peu à moi, je suis pas sûr d'être beau, mais je sais qu'il y a plus moche que moi. Blond, que je suis, des cheveux longs avec une natte de chaque côté. Ça a pu faire marrer des gars, mais y a des donzelles qui adorent, alors je garde. Taille ... je sais pas, normale. J'ai assez tabassé de monde pour en avoir dans les bras. Je m'habille pas très riche, un peu comme un chasseur. J'ai passé la trentaine y a pas longtemps. Sacrée beuverie pour fêter ça ... Et puis j'ai toujours Amour à ma ceinture. C'est ma flamberge, "empruntée" à un marchand.

Donc voilà, je me retrouve en forêt. Rien, rien, rien ! Putain, cet enfoiré d'Esturgeon ! Ça, pour tabasser les gars quand il était énervé, y avait du monde, mais quand il avait décidé qu'on le trouverait pas, c'était fini ! Tout pareil que quand il décidait de se barrer, que personne savait où il était, puis qu'il revenait et personne savait quand. Enfin bref, je le trouvais pas !

Et sur quoi je tombe, moi ... un espèce de grand machin avec une épée et un masque. Ça aurait pu être le Monticule, sauf qu'il avait pas la même façon de se battre, et puis c'était pas le genre du Monticule de se cacher la trogne. Il était assez fier de toutes les cicatrices qu'il avait dessus, même. Un ami de l'Esturgeon ? Bah, après tout les types bizarres aiment s'associer ensemble ... sauf que je suis pas sûr, je me cache pour l'observer.

Et là, je marche sur une branche. Le truc à pas faire. Pour un peu, je verrais le regard dépité du Campagnol sur moi et je sentirais le coup dans les côtes du Monticule, mais bon, pour l'instant, je suis seul, avec un type qui me menace. Donc je sors du buisson, pas très envie de me faire saigner, ça se comprend.


Ouais, heu, c'est moi.

Oh merde, c'est qu'il a pas l'air de rigoler celui-ci. Je tente quand même un sourire en présentant mes mains pour dire que j'ai pas l'intention d'attaquer. Jouer l'innocent, je sais bien faire. Le problème, c'est toujours mon arme, j'aurais dû en choisir une plus discrète. Mais je l'aime bien, moi, Amour. Enfin bon, maintenant, va falloir sortir de là.

Doucement, mon gars, j'en ai pas après toi. Ch'uis pas assez vieux pour m'faire crever par un type croisé par hasard.

J'hésite un peu. Mais bon, tant qu'on est là, autant aller jusqu'au bout, hein ? Ma franchise me perdra, c'est ce qu'on me disait tout le temps.

J'cherche un gars, ch'ais pas si tu connais. Heu, un grand. Plut petit qu'toi, hein, mais quand même. Y s'appelle L'Estu... enfin nan, attends, L... Lyast...

Putain de nom slave imprononçable, c'est quoi, déjà ?

Lyankstrov ... un truc comme ça ...

Bon, je fais quoi, s'il croit que j'ai inventé ça ... ouh, putain, et si c'était un de ses ennemis ? Eh ben ça va être le moment de montrer que t'en as dans le froc, mon vieux ... le froc. Vous avez compris ? Ha, ha ! Elle est bonne, non ? ... Heu, et le masqué, il a le sens de l'humour ? ...
Maryah
L'arrivée de Lyan sous le tente est loin de détendre Maryah. "Repose ça", il en a de bonnes lui ! Genre, elle va le faire ! Plutôt crever. Pour les gens comme Maryah, les étrangers, les esclaves, les gueux, les pouilleux, c'est toujours différent ; on ne les voit pas, on ne les entend pas, on ne les considère pas. Et en quittant la Cour des Miracles, Maryah s'est promis de changer de vie. Alors oui, elle prenait de la place, oui elle parlait à tout va, et non elle ne courbait plus l'échine ! Elle l'avait suffisamment fait, et quitte à encaisser les coups, autant que ce soit dans un mouvement de révolte ou de libération que de mutisme et de soumission.
Le voyant se placer près du berceau, elle secoue la tête, et grogne, ajoutant à ça :


ça t'éclate de fout'une souris morte sur ma paillasse ? T'crois p't'êt'que j'vais m'casser du campement à cause d'un présage de mort ou j'sais pas quoi à la mode Slave ? Rien à foutre de ta jalousie ! J'y suis j'y reste ! J'tiens une dague, j'la lâche pas. Icy, tous autant que vous êtes, vous n'comprenez qu'la voie des armes et des larmes. J'sais pas pleurer alors j'lève ma dague, et j'la lèverai autant que je voudrais !

Convaincu de la culpabilité de Lyan, Maryah n'allait pas se laisser marcher dessus. Toutefois, le fait que l'homme se positionne devant le berceau, lui avait fait un pincement au coeur. Croyait-il qu'elle pourrait s'en prendre à Maonaigh ? Ce petit être qui lui rappelait si fort celui qu'elle avait abandonné des années plus tôt ? Celui là même dont elle voulait aider Sarah à se débarasser ... Mouarf ...
Et c'est ce moment de doute que Sarah saisit pour l'approcher, et lui toucher le poignet. Ce qui arracha un autre grognement à Maryah. Elle n'aimait pas qu'on la touche et resserra son emprise sur la dague. C'est le regard de la Sanguinaire qui lui fait hausser un sourcil. La confiance de l'Epicée est fortement ébranlée, et Maryah continue à ne rien lâcher. Un seau d'eau contre une forêt en feu, c'est bien peu.


"J’ai un plan." , murmure Sarah.
- Bah, vas y, explique et vite ! J'ai pas l'intention d'passer ma vie icy ! Alors on pose le plan, on fixe le jour, on les crève et chacun rentre chez soi !

Parler affaire, parler départ, voyage, grand paysage ! Voilà qui peut la contenir ... un temps. Elle jette les derniers bouts de souris agglutinés à la dague sur le sol, et glisse la lame à son fourreau, jetant un regard noir à Lyan. Elle est consciente que Sarah n'a pas entendu et qu'elle fait diversion, mais ce qui compte c'est d'en finir avec tout ça.
Alors poings sur les hanches, dévisageant Sarah avec le plus de distance possible, elle attend le plan pour pouvoir hâter les choses ...

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Ysiphride

~ Une fois, une seule fois, et il lui semblait que sa vie avait prit une toute autre tournure ~




Ysiphride n'était que de passage à Chinon, accompagnée de son chat, et de deux femmes. Celle dont elle était le plus attachée, une blonde en armure. Sa douceur, elle l'appréciait. Sans doute qu'elle lui faisait penser à une présence maternelle maintenant disparue. Comme à son habitude, la brune allait vers les tavernes de la nouvelle bourgade où elles avaient posé carriole, pour se désaltérer l'esprit de quelques chopes. Elle choisissait souvent, pour ne pas dire toujours, les tavernes qui possédaient quelques âmes. Pour parler, et surtout rire, s'amuser. Là était le plus grand but que s'était donnée la femme de sa vie: l'amusement. Elle n'attendait rien de la vie, et c'est dans l'amour du rire, dont elle était devenue une fervente adepte, qu'elle la percevait. Attention, ne la prenez pas pour un joyeux luron, car pour s’égayer, elle savait jouer des mots, du mensonge. Le vice l'a toujours guetté.

Elle passa dans une ruelle du village, et entendit quelques voix dans une bâtisse qui lui donnait tout l'air d'être une taverne. Elle rentra, et y trouva une femme et deux hommes. Ces derniers s'en allèrent prestement, la laissant alors seule avec la brune. Lynn, s'appelait-elle. Elles s'étaient trouvées un point commun: Elles eurent toutes deux par le passé un esclave. Les paroles s'en suivirent, la bonne entente -que percevait en tout cas Ysiphride- était là. Il fut cependant le moment des aux revoir, et ce n'est que quelques heures plus tard, qu'elle retrouvera dans la taverne une autre brune aux yeux gris, du nom de Lix. Le courant passait tout aussi bien. Les deux femmes se virent rejointe d'autres gens, dans ceux-ci, Lynn.

Lix et Lynn susurrèrent ensembles et décidèrent, qu'Ysiphride, elle ne partirait plus avec la blonde, et que c'était maintenant avec eux qu'elle resterait. Les chopes se vidaient, se remplissaient, puis se vidaient encore, pour relaisser place à ce fameux liquide qui avait rendu toute l'assemblée ivre. Ysiphride laissa Lynn la plume entre les mains, pour annoncer à la blonde que le voyage avec elle, c'était terminé. Puis, elle aida Ysiphride, totalement abasourdie par toute son ivresse, a rejoindre leur campement. De ce lieu, notre femme n'en a guère de souvenir, et elle ne pensait pas, qu'en posant son séant là-bas, elle serait menacée le lendemain par un barbu dont le visage était familier: Lyant'. Elle l'avait rencontré en Bourgogne, et c'est dans ses airs empotés quand son chat l'approchait qu'elle avait tiré quelques rires, la brune en gardait donc de bons souvenirs. Maintenant, c'était une légère crainte qu'elle développait envers ce barbu qui lui avait interdit formellement de dormir ce soir dans le campement, et qui même parfois proposait de la tuer salement, à présent que la brune avait vu cet endroit.

La nuit même, elle écrivit à Lynn:


Citation:

Bonsoir, brunette.

Vous dormez bien? Moi non. Je dors dehors, dans la froidure glaciale et mordante que le Seigneur nous fait endurer, enfin, autant est-il que, ce cas là, il est destiné qu'à ceux qui se sont fait déguerpir de leur logis. Et oui, le barbu, votre ami, il m'a interdit de dormir cette nuit dans le campement, bien décidé à ne pas me lâcher une place au chaud. Je fais quoi, moi, maintenant? J'ai reçu une lettre de la blonde, et ce n'était pas que des mots d'amour: elle veut plus me voir. J'ai quand même trouvé dans mon sac une couverture que possédait ma soeur quand elle tenait une taverne. Mais ne croyez pas cependant que je dors sous un somptueux tissu, oh non, je l'avais rapiécée après l'avoir fait choir sur le feu. Voyez, ce n'est pas du luxe.

Le barbu, il a encore une meilleure idée: que je passe une nuit avec un dénommé Kheldar, et du peu que j'ai comprit, ce n'est pas à un tendre dont j'ai affaire. Je ne sais plus quoi faire, moi qui suis pourtant plein d'audace, pour trouver un coin chaud où je pourrais dormir. Et puis, il faut le dire, si j'ai quitté la blonde, c'était bien pour rester avec vous, et pas pour chercher une chaumière en attirant l'attention d'un malotru au regard lubrique.

Sur ces mots, je vais retourner dans ma couverture, qui ne cesse de s'envoler aux vents glacials et violents. La nuit s'annonce... Comment dirais-je... Merveilleuse?


Ysiphride Lebeauport,
Une champenoise qui se les caille franchement.

Ƹ̵̡Ӝ̵̨̄Ʒ


C'est le cœur serré, qu'elle se dit:

- ... Plus d'blonde, plus d'brunes, heureusement qu'j'ai encore mon chat pour m'consoler.

Elle essaya d'attraper, à travers le vent, le félin qui ne se laissa même pas toucher d'un poil, et qui parti rapidement se réfugier sous un arbre.

Kheldar
Lyant? Bien trop facile, il suffisait de se balader quelques jours à Chinon pour découvrir que nul ne savait tenir sa langue. Il y avait tellement de fuites, de coups de gueules et d'éclats de voix qu'on devait pouvoir repérer leur campement en pleine nuit avec pour seul guide les piques de colères que s'envoyaient ses compagnons. Et l'on s'étonnait du peu de temps qu'il passait en leur compagnie... Il n'avait rien contre eux, mais son esprit à lui était tourné vers l'efficacité. Les rondes, les tours de garde, et l'interception des potentiels nuisibles. Bon le clochard de la veille n'avait rien, à proprement parler d'un nuisible, mais vouloir se réchauffer auprès d'un feu de camp parce que l'on s'était fait jeté dehors par tout les taverniers de la ville n'était pas une raison suffisante pour rôder dans les parages. Et puis, il ne lui avait cassé qu'un bras d'ailleurs. Il s'adoucissait, un constat qui le gênait et auquel il remédierait sous peu. Mais revenons en à la scène sui nous préoccupe.

Le colosse observa calmement l'étranger, laissant planer quelques secondes de silence le temps de le jauger du regard. Il semblait rompu au maniement des armes, c'était la seule chose qu'il pouvait déceler dans l'attitude du fouineur, et ce n'était pas un air innocent et désarmé qui parviendraient à donner le change. Sans baisser sa garde, ni esquisser le moindres mouvement indiquant un changement dans son attitude, le guerrier clama de son habituelle voix atone.


Et bien tu vas me suivre jusqu'à ton ami, et s'il te reconnait je suppose que je vous laisserais entre quatre z'yeux.

Il ne précisa évidemment pas ce qu'il se passerait si le Slave ne le reconnaissait pas. On ne dupait le masqué impunément. D'un geste du menton, Kheldar désigna un passage improvisé dans les fourrés qui conduisait au campement.

Passe devant, poursuivit le guerrier en rengainant son arme. Aucun homme sain d'esprit ne laisserait un homme se trimballer avec une lame de trois pieds d'acier dans son dos. Et comme il aimait à le répéter, c'est l'homme qui est une arme, pas l'épée.

Après une trentaine de mètres, le colosse les fit bifurquer vers le sentier. S'il ne lui avait pas bandé les yeux, c'est parce qu'il ne comptait pas lui offrir de ticket de sortie en cas de pépin au campement. L'étranger avait intérêt de savoir de quoi il parlait...

C'est là, avance encore, il doit être dans sa tente.

Lyant? De la visite pour toi...

Alors qu'il parlait, la main du guerrier plongeait sous sa cape et se refermait sur la poignée de l'épée.
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Lyantskorov
Une grimace se dessina sur le visage ursidé. Lui ? Responsable de cela ? Lui qui la pensait un peu perspicace ... Toutefois, l'Ecossaise n'était pas dénuée d'une certaine influence sur lui. Et le sourire, auquel il répondit d'un bref hochement de tête le décrispa quelque peu, et le fit même baisser son arme. Toutefois, apparemment, ce n'allait pas être si simple ... il ne manquait plus qu'il se laisse ainsi calomnier, et si, effectivement, il n'avait rien dit, sa culpabilité aurait sans doute, à tort, était établie.

" T'es complèt'ment malade, la vipère ... j'aurais foutu ça sur ta couche ? Tu crois vraiment qu'c'est dans mes méthodes ? Si j'avais autant voulu qu'tu partes, tu n's'rais pas là pour en parler. Mais j'pourrais vite changer d'avis ... je n'sais pas quel est l'problème avec toi, mais ... "

Il croisa alors le regard de Sarah. Bien sûr, la laisser faire ... il interrompit sa phrase, garda un moment le regard posé sur elle, puis finit par renoncer, et sortir de la tente sans plus un mot. Il allait encore manquer de diplomatie, et il préféra aller retirer son gruau du feu avant qu'il ne brûle trop. Il jeta un regard critique au résultat poisseux, goûta, et, avec un soupir résigné, se mit en quête de chercher des écuelles. Pas fameux, tout ça ...

Mais il fut une fois de plus interrompu par une voix qu'il connaissait, une voix puissante.


" Lyant ? De la visite pour toi... "

Un grognement contrarié plus tard, le Slave tourna la tête.

" D'la quoi ? Je n'suis pas d'humeur, qu'est-c'qu'y a enc... ? "

Il écarquilla les yeux en posant la tête sur l'autre homme.

" Tchiort ... "

Il empoigna le type par l'épaule, et, s'adressant à Kheldar :

" Hum, ça va, je l'connais. Laisse, j'vais m'en charger. "

Et il éloigna le blond aux nattes du géant masqué. Lorsqu'ils furent assez loin pour ne plus être entendus, il se mit face à lui, et, un instant, le toisa en silence.

" Défroqué ... Sinistre crétin ... "

Alors, les lèvres du barbu formèrent l'ébauche d'un sourire. Il avait volontairement forcé sur son accent pour dire ces mots.

" Ça, pour une surprise ... qu'est-c'que tu viens foutre par-là ? Et comment tu m'as r'trouvé ? "
La.defroque
Il se passe quelques instants, et pour un peu, je m'apprête prendre Amour mais le grand type a l'air de renoncer à m'évider. C'est évident qu'il m'avait pas cru, ou pas vraiment. Plus qu'à espérer que le Slave me fasse pas un coup de pute, parce que l'autre, il me ferait pas de cadeaux. Il me laisse même mon arme, il me laisse voir le chemin ... ouais, y a un truc. Pas bon signe. Je vous cache pas que je suis un peu nerveux. Et il en faut quand même beaucoup, pour ça ! Déjà, bon courage si vous cherchez à m'énerver ! Tout le contraire de cet enfoiré d'Esturgeon ... mais bon, à ce moment, donc, je me dis que quand même, je suis pas en excellente position.

Le masqué m'amène à un campement, plus précisément vers un autre type, à qui je m'apprête à sourire ... grosse barbe, l'air pas très aimable, épaules larges ... sauf que je sais que c'est pas le Monticule au moment où je l'entends dire un mot. "Tchiort". Eh ben, ça, il a l'air d'avoir sacrément vieilli, le Slave, avec tous ces poils ! Comme s'il tirait pas assez souvent la gueule avant comme ça ! Enfin, je suppose ça lui va pas si mal, la tignasse. Mais c'est pas la question. J'adresse un sourire au masqué quand l'Esturgeon m'amène à l'écart. Histoire de dire "tu vois, j'ai pas menti".

Reste à savoir si l'autre Slave est content ou pas de me voir. Au début, il parle pas, alors je m'apprête à balancer quelque chose ... mais là, il me sort "Défroqué" avec son foutu accent. Quand il était plus jeune, il croyait que c'était une insulte, ça le faisait marrer et ça l'a refroidi de savoir ce que ça voulait dire. C'est qu'il avait pas l'air d'aimer beaucoup les curés, même si on a jamais vraiment su pourquoi. Sauf qu'après, il a bien compris que je l'étais plus, et il s'est remis à m'appeler comme ça. Un peu une blague entre nous.


- J'ai vu ton mot, abruti.
- Mon ... tchiort, j'avais complèt'ment oublié ...
- C'est malin ! Bon, alors, c'est quoi le coup ?
- Y a pas de coup ... j'pensais avoir besoin d'bras. Mais, hum ...
- Eh ben, j'suis là nan ? Alors, on tabasse qui ?
- Je n'suis pas sûr qu'ce soit une bonne idée.
- Et alors ? On fait plus profiter les amis ?
- On a b'soin d'bras ... mais des discrets. Et puis les aut' ont d'jà du mal à tous s'accepter, si tu débarques comme ça j'sens déjà v'nir les emmerdes.


Ça, c'était le tact du Slave ... au moins c'était clair. Enfin, j'espère pas être venu pour rien non plus.

- Ça fait quand même plaisir de t'voir, p'tit con !
- Hmm ...
- Putain, j'dirais bien qu't'as grandi, mais c'est pas vrai .... par contre, t'as l'air plus vieux ... t'as un peu d'la sale gueule du Monticule ...
- Hum ...


Toujours aussi bavard, lui ... ça promet ...

- D'ailleurs, en parlant d'lui, il est où ? Plus avec toi ?
- Tu n'savais pas ? Il est mort.
- Quoi ? Lui ? Crevé ? Quand ?
- Ca va faire deux ans.
- Eh ben, j'devrais pas m'étonner, ça lui pendait au nez, hein ? *rires*
- Ouais, comme tu dis.
- Ah pardon, j'devrais p't-êt' pas rire.
- Oh, n't'en fais pas pour ça. C'vieil idiot l'aura bien cherché, et puis même lui il trouvait ça drôle.
- Ça m'étonne pas d'lui, ça, tiens ... et l'reste ?
- Aucune nouvelle.
- Et ça, ça m'étonne pas d'toi ! *rires*


Et on parle comme ça un moment. J'ai été mauvaise langue, il parle quand même un peu plus qu'avant. Puis quand j'essaie de le faire parler sur pourquoi il fait tout ça, il esquive un peu. Mais moi, je sais. Ça se voit gros comme une maison; l'Esturgeon, il est passé de l'autre côté. Oh, moi, ça me dérange pas, mais en général, avec les Chardons, quand un des types passait de l'autre côté, on le laissait plus avoir aucun contact avec nous. Trop dangereux. Pourquoi ? Parce que ça lui fait un gros point faible, et si quelqu'un le sait, il peut l'utiliser contre nous. Ah, au fait, "de l'autre côté", ça veut dire s'être amouraché, si vous préférez. J'aurais jamais cru ça du petit Slave. Mais en fait ... je suis plutôt content pour lui. Il fait sa route. Il a l'air bien plus sûr de lui que quand je l'ai vu la première fois, et surtout plus ... heureux ?

Enfin, après quelques heures, je finis par reprendre la mienne, de route. Et puis, peut-être qu'elle recroisera celle de l'Esturgeon, un jour, hein ? On verra.
Lyantskorov
Cela lui était passé par-dessus la tête, mais lorsque le Slave avait appris que l'Italien était en route pour s'en prendre à Sarah, il avait quitté précipitamment le Berry pour partir vers Moulins. Or, il ignorait encore beaucoup de choses, à ce moment, et il estimait pouvoir avoir besoin de renforts. En désespoir de cause, comme il passait près d'une de leurs anciennes caches, il avait décidé d'aller y jeter un œil, et, comme il n'y avait, bien entendu, trouvé personne, il avait à tout hasard griffonné succinctement quelques mots à d'éventuels lecteurs; si la plupart des choses que l'Ancêtre (ou plutôt le Monticule) avait enseignées à Lyantskorov étaient d'une moralité douteuse, les talents de la grosse brute ne se limitaient pas au meurtre, et celui qu'on avait surnommé l'Esturgeon avait appris à écrire auprès de lui, bien qu'il n'ait jamais été très doué pour cela. Il en avait également profité pour taper dans la réserve de richesses dissimulées ici; personne au camp ne lui avait demandé d'où venait tout cet argent pour payer de l'équipement et avoir encore assez pour offrir les tournées, et après tout, c'était mieux ainsi.

Toujours était-il que sa surprise était grande lorsqu'il vit se pointer la tête blonde. Enfin, après tout, des Chardons, c'était l'un de ceux avec lesquels il s'entendait plutôt bien. Sauf que de la discrétion, le Défroqué, il en manquait. Quitte à en avoir un sous la main, il aurait préféré le Campagnol, le petit au pas léger qui leur servait souvent d'éclaireur, voire la Chauve-Souris, encore que ce dernier eusse été capable de s'emballer et d'aller trucider lui-même l'Italien dans son sommeil par pur plaisir de la vue du sang ... Ceci dit, la surprise était globalement plutôt agréable; l'autre ne lui demanda même pas de détails sur la mort de l'Ancêtre, ce qui, au fond, l'arrangea, car chaque fois qu'il y songeait, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il aurait pu éviter cela. La Défroque sembla s'étonner qu'il tienne autant à défendre ce groupe, lui qui avait laissé derrière lui une réputation (fondée, du moins à l'époque) d'individualiste notoire, qui traitait avec un cynisme nimbé de sarcasme les problèmes d'autrui. Puis soudain, l'attitude du porteur de nattes changea, se faisant moins insistante, comme s'il avait compris quelque chose. Qu'il avait compris pourquoi. Et si c'était bien le cas ... il ne sembla pas lui en tenir rigueur, ce qui, d'une certaine façon, rassura Lyantskorov. Finalement, après quelques heures à siffler de l'alcool bon marché et à se remémorer des souvenirs, la Défroque prit congé. Le Slave précisa bien à Kheldar que c'était un ami, et qu'il ne les trahirait pas; il pouvait donc éviter de lui tomber dessus et le saigner alors qu'il quittait le camp. Il ne s'attendait pas à voir surgir un élément de son passé à un pareil moment, mais, finalement, sans qu'il puisse se l'expliquer, cela l'avait un peu apaisé.

____________


Les semaines avaient passé, et la fin de l'année 1461 approchait à grands pas. Et avec elle une fête qu'on célébrait ici, qui avait toujours été un peu nébuleuse pour le Slave qui n'avait jamais connu de vrai foyer depuis qu'il avait quitté sa terre natale. Il savait cependant une chose : c'est que lors de cette fête que l'on nommait Noël, il était coutume d'offrir des cadeaux aux personnes qui nous étaient chères. Aussi eut-il l'idée certes incongrue au vu de la situation mais qui pourtant ne lui semblait pas si mauvaise d'offrir quelque chose à la sacrée foutue Ecossaise qui avait fait naître en lui des sentiments qui jusque-là lui étaient inconnus. Ce fut bien plus dur qu'il se l'imaginait, car restait à trouver quoi, et Lyantskorov était incroyablement mauvais à ce petit jeu-là. Il avait ainsi demandé conseil à Lynn, à une tavernière, puis, ce qui rajouta encore à l'insolite de la chose, à celle qu'il avait si abruptement cherché à chasser du camp; Ysiphride. Il avait failli le regretter, surtout lorsqu'elle lui avait posé une question assez personnelle, à savoir comment était Sarah et comment il la percevait. Et pourtant, ce fut grâce à la réflexion de la jeune originale que notre Slave put trouver, la veille de de l'échéance, une idée. Aussitôt, il s'était mis en quête de ce qu'il cherchait, et avait rapidement trouvé ... et fort heureusement, il lui restait encore pas mal de l'argent qu'il avait "emprunté" à la cache (de toute façon, ces écus auraient sans doute finis par se perdre, n'est-ce pas ?), et il en utilisa une partie ainsi que des écus qu'il avait lui-même obtenus. Ce faisant, il put même faire un second achat, qu'il réserverait à quelqu'un de très proche de l'Ecossaise ...

Le hasard décidant même parfois de faire très bien les choses, il avait sympathisé avec la tavernière à qui il avait demandé conseil, qui lui avait même proposé sans qu'il ait rien demandé d'avoir le temps d'un soir la taverne pour eux deux, à condition qu'ils ne salissent, d'une façon ou d'une autre, rien, bien entendu. Aussi, lorsqu'il revint au camp, le Slave avait une mine qui lui était très inhabituelle : il était souriant, enjoué, presque comme un enfant émerveillé. Il entra dans leur tente; par chance, Sarah n'y était pas, et seul Maonaigh endormi gardait l'intérieur. Il put donc sortir de sa besace le deuxième cadeau; une peau de lapin, dont il recouvrit précieusement le nourrisson.


" Tiens, l'blondinet ... ça n't'aid'ra pas à veiller sur ta mère, mais avec un peu d'chance, quand tu n'en voudras plus, t'auras l'âge de chasser toi-même ... "

Il sourit en coin, comme complice, tandis que le bébé se retournait dans son sommeil, content que ladite mère ne puisse entendre cela. Puis, sans tarder, avant qu'elle ne revienne, il laissa sur leur couche à eux un mot pour lequel il avait cherché à s'appliquer.



Sarah,
J'ai quelque chose à te montrer. Retrouve-moi à la taverne municipale ce soir. Viens seule.
Lyan

La missive était volontairement évasive, car, même si elle verrait sans doute le cadeau qu'il avait fait au nourrisson, il ne voulait pas qu'elle se doute trop vite de ce qui pouvait l'attendre. Surexcité, il quitta de nouveau le camp. Il avait encore une ou deux choses à se procurer. Cela ne lui était guère une réflexion habituelle, mais ... passer un bon moment ne pouvait pas leur faire de mal. A condition que l'Ecossaise apprécie, bien entendu ...
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