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[RP] Plouc invasion*

Minah
[Rue toute pourrie, devant une chaumine toute pourrie – s’agitent deux gueuses toutes pourries – le 17 décembre de l’an de grâce 1461]

Mémé ! Au pied !

Index impérieux pointé en direction des bottes d’un rouge putassier chères au cœur de la manchote, lesquelles frappaient durement le sol avec colère.
Aucune réaction de l’interpellée.


Et pose-moi ce… ce…
(les mirettes noisette s’agrandirent d’horreur) Oh foutre ! Elle en a trouvé un… Ce harpon ! Tout d’suite ! Dou-ce-meeeeeent… Voilààààà…

La crasseuse laissa échapper un soupir de soulagement. Les visites à mémé Glaviotte étaient des corvées parfois plus périlleuses qu’elle ne l’aurait souhaité. D’ailleurs, si la baraque défoncée de la vieille n’avait pas été sur le chemin du Blaireau Vérolé, la taverne où mam’zelle hibou crevé avait ses habitudes, les visites à l’aïeule Lebergier auraient été bien plus rares.
Et cette maudite Ada… Elle était à Toulouse, c’était sûr et certain. Sa dernière lettre était remplie de grommellements et geignardises divers quant aux chasses au loup toulousaines, à l’absence de sa petite sœur qui pourtant l’y avait invitée. Ainsi que quelques inquiétudes au sujet d’un attentat sur le cheval du comte.
Et sa cadette ne l’avait pas vue une seule fois ! Pire encore ! Elle n’avait jamais fait de corvée-mémé. A quoi servaient les frangins si on ne pouvait même pas leur refourguer la vieille illuminée ?!

N’à-qu’une-patte récupéra prestement l’arme avant que sa légitime (?) propriétaire ne change d’avis.


J’t’ai d’jà dit qu’on chasse pas l’rouquin au harpon. C’pas correct y paraît. Allez, on rentre. ‘Vec tout l’boucan qu’on fait, c’commence à attirer les curieux.


En effet, les habitants du quartier, toujours en quête de spectacle, pointaient le bout de leur nez, qui par une fenêtre, qui par une porte entrebâillée, qui se retournant sur elles dans la ruelle pour mieux les entendre.
On avait vite appris à surveiller Titania, dans le coin. Sa renommée de cinglée commençait même à atteindre les abords de la ville. Elle était une cible facile pour les galets et panais pourris. Et la gent masculine se rassurait de la savoir à distance respectable de ses attributs.


* à prononcer avec un gros accent américain pour faire plus mieux.

_________________
Aymon.lebergier


Faubourgs de Toulouse, un jour de Décembre 1461. Le chant éraillé du coq du coin sortit le grand colosse de sa torpeur. Un grand bâillement précéda l'ouverture des yeux. Des piaillements aigus finirent le travail entamé par le coq. Niché dans le creux de son cou, une portée de poussins avaient trouvé refuge là pour lutter contre le froid de la nuit. Un oeil torve les observa un instant. Un sourire presque enfantin se dessina à la commissure de lèvres du géant, suivi d'une sorte de râle ogresque qui, pour ceux qui connaissait l'individu, signifiait par là son affection pour la situation présente. Aymon se leva, s'étira dans un vacarme assourdissant de protestations de celles qui venaient de se faire expulser de leur logement sans autre considération. La portée s'égayait aux quatre-coins de la grange quand le géant se mit sur ses pieds. Il se passa la main dans les cheveux en guise de peignage, dompta une mèche rebelle avec le concours d'un peu de bave, délogea du petit doigt une graine de lin qui s'était logée entre deux chicots bruns dans sa bouche. Sa toilette terminée, l'homme s'agenouilla dans la paille humide et récita le credo aristotélicien dans un mélange de langue occitane et de latin. Imaginez un instant la situation chers lecteurs : chez lui l'occitan n'était plus qu'un vaste souvenir déchu qui montrait le bout de son nez sur les accents de certaines syllabes. Quand au latin, Aymon ne le connaissait qu'au travers de quelques textes lus à la veillée par son ancien maistre. Le lavement spirituel accompli, l'homme prit son baluchon et s'engagea en direction du centre de Toulouse, à la recherche du marché, là où il pourrait trouver quelque chose à grailler : nourrir l'esprit c'est bien. Nourrir le corps... c'est bien aussi! Surtout quand on s'appelle Aymon Lebergier, enfin.. frère Aymon!

Le géant n'avait pas l'habitude de devoir se prendre en main. Jusque récemment, il appartenait à la suite d'un inquisiteur un peu dérangé... Mais n'est-ce pas là un pléonasme? En connaissez-vous des inquisiteurs qui ne soient pas "dérangé"? Exorciste passe encore mais inquisiteur?!?!?!? Bref, Aymon avait été le conseiller particulier de cet homme puissant et dérangé. Enfin conseiller...ça, c'est lui qui le disait! Le Très-Haut vous dirait sans doute qu'il jouait plus le rôle de serviteur en soutane du-dit inquisiteur, mais Aymon se plaisait à voir ainsi son rôle dans la petite troupe. Ils s'étaient rencontrés quelque part du côté de Patay, dans une petite abbaye où Aymon s'occupait des vaches. L'escorte de l'inquisiteur avait été attaquée par des mauvais malfrats (Quand on est brigand, si on ne sait pas évaluer la force de l'ennemi, on est mauvais. Point final.) et avait du essuyé quelques pertes. L'inquisiteur s'était arrêté dans le premier lieu sacré afin de reconstituer ses forces. Aymon avait vu dans son choix la reconnaissance de sa piété et sa grande dévotion envers le Très-Haut. Enfin, il était reconnu pour ses connaissances dogmatiques, la profondeur de son discours. Ses heures passées à étudier le droit à la lumière d'une chandelle vacillante prenaient enfin tout leur sens. Eh oui, ça, c'est Aymon. Simple d'esprit? Non! Mais la naïveté n'est-elle pas l'apanage des esprits purs?

Le froid avait rougi les joues et le nez du fils Lebergier. Une goutte de morve sur le point de se transformer en stalagtite commençait sa formation à l'extrémité de l'appendice nasale. Le moine balaya d'un revers de la main la concrétion calcaire en formation, essuya cette dernière sur la robe de bure. On avait ainsi peine à croire qu'il avait dormi avec les poules. Des escargots eut été plus crédibles.


- Adieussiatz l'ami! Dis-moi, combien d'stères d'bois cont' kek miches d'pain, une pinte d'lait et un p'tit pot d'crème?

Eh oui! Contrairement à ce que l'on peut penser quand on voit les attelages des inquisiteurs ou des grands prélats de l'église, le voeu de pauvreté est encore répandu dans certains congrégations cléricales.

- Tu m'fournis la hache et j'te prépare d'quoi alimenter ton four à pain. Marché conclu?

Emporté dans son discours verbale et gestuel, un morceau de vélin s'échappa de la manche de sa soutane pour venir atterrir dans la flaque d'eau derrière lui. Aymon se précipita pour le rattraper, jeta un coup d'oeil suspicieux à droite, puis à gauche et replaça le Précieux de là où il s'était échappé lorsqu'un bruit de foule attira son attention. Curieux, le moine releva les sourcils, son séant et se dirigea vers l'endroit où une petite foule commençait à s'attrouper. Il fallut un moment à Aymon avant de comprendre ce qui se passait mais quand toutes les connexions furent enfin établies, une main farfouilla dans son sac à souvenirs. Elle tomba sur un objet rond et dur et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Brulez-moi toute cette bande d'hérétiques!" le dit-galet vint heurter l'occiput de Minah. Un large sourire béant qui aurait fait les délices d'un arracheur de dents apparut sur le visage de Aymon. Les yeux pétillaient de malice et la bedaine ballotait au rythme des spasmes de rire qui agitait tout son corps.
Adalasie
[Quelque part aux abords de la ville, au pied d'un arbre.]

    Les paupières encore alourdies par le sommeil, une Lebergier se masse mollement le dos en laissant échapper un long bâillement. C'est décidé, aujourd'hui elle va trouver la bicoque de l'arrière grand-mère et sa frangine avec ! Marre de dormir n'importe où avec ce froid et la neige qui commence à tomber. C'est qu'ils taxent dur dans le coin : un écu pour dormir en ville tout ça parce que c'est une capitale, pfff. En plus, ça fait quelques jours qu'elle ne s'est pas lavée, faudrait être barjot avec la température actuelle de l'eau... Bras qui se lève, rotation de la tête, deux p'tits reniflements et pouaah... ! Elle sentait presque aussi fort que sa boule puante de cadette. Bon d'accord, elle exagérait un peu, personne ne pouvait battre l'odeur de Minah, personne. Maintenant bien réveillée après son shoot à la transpiration, Adalasie se décida à bouger ; Direction la ville !

    Alors qu'elle progresse sur le chemin, un buisson s'agite sur sa droite et «Une dinde sauvage apparaît, Adalasie utilise ''Haussement de sourcils'', c'est très efficace ! ». La bestiole s'arrête, la regarde et lance un gloussement amical. Oui, c'est une gentille dinde, un point c'est tout. S'en suit un affrontement de regards pendant lequel les deux inconnues refusent de céder. 1 minute, 2 minutes, 3 minutes et oh puis zut hein, ça commence à être long ! Alors, à contre cœur elle cède, ce qui fait bien marrer la dinde. Oui, les dindes aussi ça rigole. La gueuse tend les bras et ramasse sa nouvelle amie qu'elle nommera Poulette, car c'est probablement l'une des personnes les plus intéressantes qu'elle ait rencontré depuis qu'elle a mis les pieds dans le sud. Précisons tout de même qu'en plus de ses gênes peu avantageux, la gueuse était sous l'effet de quelques champignons bien connus de la Mémé.

    Reprenant sa route, elle arpente les rues de la ville en évitant certaines places où l'on parle politique. Comprenez, elle voudrait pas trop tomber sur le Comte du coin, sont pas trop copains. D'ailleurs, faudrait qu'elle essaie de se faire passer pour quelqu'un du bled afin de voter pour la liste adverse. Un Comte plus Comte, c'est déjà moins dangereux...
    C'est plongée dans ses pensées très philosophiques qu'elle arrive dans une ruelle bien déglinguée mais fort animée. Des têtes sortent des masures et ça chuchote des histoires de vieille barjot, illuminée, croqueuse d'hommes, d'ancêtre et de fées. Illumination !


    Mais c'est mé...

    Pas le temps de finir sa phrase qu'un objet volant non identifié lui frôle les moustaches qu'elle n'a pas, avant d'aller atterrir sur la caboche d'une brunette. Vraiment, sont tous siphonnés dans le coin ! La tête vire sur sa gauche pour tenter de repérer l'imbécile qui balançait des caillasses -ou quoi que ce soit-, un regard noir se pose sur le gros plein de soupe qui se marre non loin.

    S'pèce d'abru...

    Paf dans ta gueule ! Vision d'horreur, les bras se resserrent sur la pauvre Poulette qui commence à se débattre. Gné pas potib ! Pas lui, pas ici ! Aymon, cet affreux qui faisait tellement fuir les filles avec sa tronche qu'il avait du se rabattre sur la voie de l'église, mais qu'est-ce qu'il fabriquait ici !? La pauvre gueuse était en plein cauchemar, tous les dégénérés de la famille qu'elle avait tenté de fuir se retrouvaient à Toulouse.

    Et ça, c'était encore et toujours à cause de la même qui lui avait tendu un piège : Minah !


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Minah
[Les cailloux sont nos amis, épisode 1 : les galets aviateurs]

Observez la trajectoire d’un caillou commun en plein apprentissage de vol.

Swiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip… SCHBONK !

Admirez l’excellence de la courbe. Un minéral dont la carrière dans l’aéronautique est voué à un avenir des plus brillants, assurément.

Iiiiiirk !

Ça ? Le cri de détresse de la manchote sauvage. D’un intérêt fort limité. Oh ? Vous voulez en savoir plus ?
Dommage, moi qui préparais la biographie du caillou volant en six volumes…


[Les cailloux sont nos amis, épisode 2 : impact de la masse minérale sur le monde]

Minah, très occupée à ronchonner contre l’aïeule Lebergier, ne vit pas le projectile arriver.
Choc. La cadette Lebergier referma tout à trac la gueule qu’elle ouvrait grand pour agonir encore , se croquant au passage le bout de la langue. Du sang vint lui couler dans les cheveux.

Durant un long moment, elle vacilla, sonnée, tentant de remettre de l’ordre dans ses sens. C’était dur, ça arrivait brusquement et ça faisait mal. L’équivalent d’un phylécastrope de soudard en manque qui profite de la folie du champ de bataille… mais situé à l’arrière du crâne. De mémoire minahesque, on n’avait jamais vu d’homme si haut monté.
Pas un gros dégoûtant, donc. La petite Bête secoua la tête. Il y avait mémé, il y avait de la foule… la bouille gueuse s’éclaira d’une grimace de compréhension. Un caillou ! Ça ne pouvait être qu’un caillou ! Ou un navet de l’an dernier…

L’écuyère de Bouillon se retourna avec morgue vers la foule, carrant ses épaules (il n’y en avait qu’une, hélas, de musclée : le moignon de son bras droit pendouillait lamentablement contre ses côtes). De la patte, elle chercha l’épée qui battait habituellement à son flanc, mais ne la trouva pas. Elle évitait d’apporter ce qui ressemblait de loin ou de près à une arme quand elle rendait visite à mémé. Question de bon sens.


C’qui l’fils de chien qui m’a caillassée ?!

Parmi la populace, une trogne se démarquait. Un visage que Minah n’avait pas vu depuis ce qui lui semblait des siècles, mais pourtant qu’elle ne risquait pas d’oublier, ou de se tromper sur la personne.
Les traits typiques des Lebergier étaient marquants et ceux d’Aymon étaient disons… marqués. Dire qu’il était laid n’aurait pas pu lui rendre justice. C’était un qualificatif bien trop doux pour décrire le faciès du frangin.
N’a-qu’une-patte écarquilla les mirettes, abasourdie de le voir là.


Tu…

Bon sang qu’elle n’en revient pas !

T’m’as cassé la gueule !

Disons achevé d’abîmer ce qui ne tenait déjà plus très droit. Entre les dents en moins et la vilaine estafilade qu’elle avait reçue au front lors de son précédent tournoi, la tronche de la bouillonneuse avait bien plus de vécu qu’il n’en faudrait pour une môme de son âge. Et ne parlons pas du reste. L’intérieur de la caboche valait le détour.

T’m’as cassé la gueule mais pour d’vrai, quoi !

Silence. L’outrage ne passe pas.

T’sais qu’le Bon Dieu, ben il aime pas qu’on essaie d’tuer sa famille !

La crasseuse se souvenait que le Très-Haut, c’était la corde sensible au frangin. Elle aurait bien pris Adalasie à témoin mais ne l’avait pas remarquée dans la populace. Quelle idée, aussi, d'aller faire gouzi-gouzi au repas de noël quand on avait besoin d'elle… Quant à mémé Glaviotte, elle parcourait d’autres mondes qui n’appartenaient à personne d'autre et il ne servait à rien de lui demander son avis. Autant causer à un champignon.
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Aymon.lebergier


Avez-vous déjà été câliner par un ours? Non? Drôle d'expérience croyez-moi! Les ours ici, ça pullule! Suffit de se balader un peu en forêt ou en montagne et on a de bonnes chances d'en croiser un! Évitez juste l'automne. A cette période de l'année, les ours font leurs provisions et ne sont guère commodes. Malheur à à vous si vous avez une pomme dans votre besace! Cette année cependant, il semblerait que les temps sont durs pour les ours. Ils ne se croisent pas seulement en forêt ou dans les montagnes, ils arrivent même au centre de Toulouse! Demandez donc à Minah ce qu'elle en pense de son câlin d'ours! Les bras d'Aymon se sont refermés sur la manchote, écrasant sa face contre sa poitrine et son corps contre sa bedaine rembourrée. Et il serre, il serre! Il serra aussi fort qu'il est heureux de la revoir. L'étouffer? Non! Rien à craindre! Le Très-Haut ne permettrait pas que sa sœurette chérie le quitte alors qu'il vient à peine de la retrouver!

Pour Aymon, Le Très-Haut avait donné un don précieux à chaque enfant Lebergier. A Minah, il avait donné le talent d'orateur. Le colosse ne comprenait pas toujours les paroles de sa sœur chérie. Il savait que c'était hors de sa portée parce que Minah utilisait parfois des mots savants. Aussi ne faisait-il plus trop attention à ce qu'elle racontait, il se contentait de lui montrer toute son affection.


- Minaaaaaah! J'suis ben ben content d'te r'voir, t'sais?

Sa grosse paluche graisseuse massait sensuellement la chevelure de sa sœur. Enfin sensuellement... façon Aymon Lebergier! Il faut que vous sachiez chers lecteurs que les seules femmes qu'Aymon n'ait jamais tenu entre ses bras sont ses soeurs Minah et Adalasie. Sa main passait et repassait sur la partie contusionnée de l'occiput Minéenh sans même se rendre compte de la bosse naissante.

- T'vas ben Minah? T'es ravissante! L'Très-Haut a pris soin d'toi à ce qu'j'vois! Alors dis-moi Minah, y'a t-il un courayeux d'jupons qu'a réussi à t'passer la bague au doigt ou tu leurs as tous flanqué la rouste d'leur vie? Dis-moi, t'as des nouvelles des z'aut' ? J'puis pas r'venu à Toulouse pour rien! J'ai comme qui dirait une idée derrière l'cabochon!

Il desserra enfin l'étau, laissant la donzelle prendre à nouveau contact avec le sol. Son visage se referma aussitôt, prenant un air de conspirateur typique. Il regarda à droite, à gauche, scrutant les têtes de l'assemblée. Avec son sourcil baissé, sa tête circonspecte, il était encore plus laid que d'habitude. Il écrasa la main de Minah dans la sienne, toujours d'une façon affectueuse à la Aymon et entraina sa soeur quelques pas plus loin, dans la première ruelle puante des remugles de peaux de bêtes que l'on tanne. Il la plaque contre le mur et approcha sa trogne patibulaire et malodorante du visage de son interlocutrice.

- J'suis v'nu pour qu'on ait une réunion d'famille. Ouais! Faut qu'on tienne un conseil d'famille. J'ai un sujet d'la plus grande importance à présenter aux aut'! C't'en rapport à l'affaire d'Bergerac!

Il avait dit cela d'un air sous-entendu, comme si tout le monde civilisé était au fait de l'affaire de Bergerac. L'affaire de Bergerac. Savez-vous ce que c'est vous l'affaire de Bergerac? Non? Alors, détendez-vous et installez-vous profondément dans votre fauteuil, je vais tout vous expliquer. Tout commença le jour où Flex de la Mirandole fut déclaré félon par la comtesse du Périgord. Oui, oui, celle qui distille des poires pour faire un alcool liquoreux. Bref! De cela, en découla pour Flex la perte de tous ses titres de noblesse. L'homme, très fier de ceux-ci, en a eu des ulcères d'estomac. Il a donc regroupé autour de lui une bande de brigands aux mines patibulaires, presque aussi patibulaires que celles d'Aymon. Et il a monté une armée qu'il a appelé l'Armée d'Hercule en référence à ses convictions aristotéliciennes. Il a tout détruit sur ce passage. A la fois Bergerac et son armée. La ville périgourdine a été à moitié détruite par le feu inquisitorial avant que les reliefs de l'armée ne se débande dans la campagne. Oui, chers lecteurs, c'est ça la fameuse affaire de Bergerac dont Aymon parle à Minah.

... Enfin, plutôt aux conséquences d'l'affaire d'Bergerac!

Instinctivement, il porta sa main dans la manche opposée afin de vérifier qu'il avait toujours en sa possession son Précieux.

- Et vu qu'tu causes bien, c't'à toi qu'j'voulais d'mander d'présenter mon histoire aux aut' memb' d'la famille. J'ai b'soin d'eux Minah. J'ai b'soin du talent particulier d'tous les Lebergier pour toucher au but! Et si on y arrive, tout l'monde aura sa part.
Adalasie
[Pendant ce temps là, à quelques mètres...]

    Ne prêtant pas trop attention aux alentours, la gueuse était en plein débat interne qui se manifestait par des sourcils froncés. Guet-apens de son affreuse frangine ou malheureuse coïncidence ? Son esprit balançait entre les deux théories sans trop réussir à les démêler. Dans ses bras, Poulette avait cessé de se débattre et la regardait d'un air inquiet. C'est que sa mine horrifiée n'avait pas quitté son visage depuis deux bonnes minutes.
    Papillonnant des yeux, Adalasie se reconcentra enfin et ses yeux se dirigèrent vers la tête brune qui avait piaillé en se prenant la caillasse. Deuxième choc de la journée, à quelques minutes d'intervalle, le Très Haut avait un drôle de sens de l'humour... V'là-t'y pas que le frangin avait shooté la frangine et que ces deux nigauds ne l'avaient même pas aperçue ! Mais quelle famille !

    Toujours à distance de sécurité, la maigrichonne hésitait à se manifester. Avait-elle vraiment envie de fréquenter ce duo infernal ? La réponse arriva bien vite quand elle vit la trombine de sa cadette s'écraser sur la bedaine du vilain. Beurk. Beurk. Beurk. Hors de question de subir le même sort, les calins-bisous-bisous c'était pas trop son truc. Par contre, elle ne se gêna pas pour éclater de rire tout en jubilant de la situation. Un sourire sadique se dessina naturellement sur ses lèvres quand elle murmura un « Héhé, c'est bien fait pour toi. Voilà c'que c'est de patafioler les Lebergiers » pour elle même. Le paroxysme fut atteint quand elle vit le colosse embarquer l'odorante et vulnérable Minah vers on ne sait où. Pouah, ça la pousserait presque à se rendre à l'église pour allumer un cierge...

    La bienheureuse caressait sa dinde en observant la foule se disperser après ces émouvantes retrouvailles à coup de caillassage. Et puis, c'est une mémé planant sur son petit nuage qui apparu dans son champ de vision. La bisaïeule Lebergier, parfait ! Adalasie se dirigea tranquillement vers la vieille peau et, d'un geste vif lui attrapa le bras.


    Viens mémé, on rentre à la maison.

    Réfléchissant un instant, elle se remémora une des lettres de la cadette qui lui indiquait que la Glaviotte se prenait pour une reyne des fées. Alors elle ajouta pour se corriger :

    Bouge tes fesses la reyne des fées, y'a pas de beaux garçons dans le coin.

    Pas le temps pour les babillages d'usage après des années de séparation, elle s'en occuperait plus tard si ça lui chantait. Mais pas maintenant, il y a un bain qui l'attend. Car oui, la gueuse entraînait l'ancêtre vers sa bicoque dans l'espoir de se laver dans de l'eau bien chaude avant de voir redébarquer les deux conspirateurs. Une dinde au bras gauche, l'autre au bras droit, elle traînait tout ce petit monde à travers les ruelles pour trouver le domicile familial.


[Chez mémé]

    Poussant la porte de la masure, la gueuse grimaça.

    Bon bein, on va faire avec c'qu'il y a...

    Et la voila qui se met à fouiller pour trouver de quoi se faire chauffer de l'eau.


Edit : Correction de vilaines fautes
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Meme_glaviotte
La Reyne des fées était terriblement contrariée.
Comprenez ! Son ignoble valet, le gnome sans patte, lui avait retiré son arme de prédilection pour la chasse au roux. Comme si elle risquait de se blesser avec ! Tsseuh ! Comme toutes les fées, Titania était férue de chasse à courre et, en tant que souveraine, était bien évidemment particulièrement douée. Elle allait d’ailleurs vol… se procurer une monture quand avait surgi cette sale petite manchote.
Et maintenant, cette stupide populace qui lui jetait des trucs… Elle le leur avait pourtant dit, elle en était sûre, qu’elle préférait les fleurs et les diamants aux panais et aux cailloux. Hélas, les humains étaient des créatures des plus obtuses…

Encore une journée gâchée par cet infâme gnome sans patte, en somme… Soupir.
Titania allait se retirer en son palais, laissant l’impudente N’a-qu’une-patte se faire dévorer par un être mi-homme mi-ours, quand elle fut abordée par une pauvresse visiblement dérangée d’esprit.
A quoi cela se voyait-il ? Elle ricanait comme une démente en câlinant une volaille. Le genre de signes qui ne trompaient pas.


Mémé ?! Un peu d’respect, voyons ! Je suis peut-être bimillénaire mais je suis loin d’être une vieille ratatinée ! Observe donc ces courbes à damner un saint !

D’un geste vaniteux, elle fit rebondir sa mamelle, ébranlant toute sa carcasse qui, si elle avait pu damner un saint dans sa jeunesse, se laissait à présent charmer par la gravité. Une attirance plus terre à terre, voyez-vous…

Mais je crains que tu n’ais raison sur un point. Nul beau mâle à l’horizon… Je n’ai même pas vu mon chevalier depuis la battue aux loups !

Petit reniflement éploré.

Allons donc en mon palais !

[Dans la chaum… le palais féérique aux tours de toiles d'araignée et aux vitraux en larmes de papillon]

La personnalité de Titania commençait à vaciller. Cela arrivait quand les effets des diverses substances qui se mélangeaient dans son estomac et sa cervelle s’estompaient.
Elle n’aimait pas beaucoup ça. Elle se rappelait certains détails de sa vie en temps que Glaviotte, qui était beaucoup moins amusante que sa Titaniatitude. Déjà, elle se rendait petit à petit compte que la désaxée à la dinde était son arrière-petite-fille.


Tu cherches de quoi faire bouillir ton chapon ? Attendons le gnome sans patte.
Quand elle aura fini de se faire étouffer, elle viendra nous aider à le plumer et le vider. Avec son histoire de soupe, elle est devenue très douée pour enlever les tripes des gens.


Mémé ne doutait pas un instant que la petite dernière vienne lui rendre visite. Avec la foule et le lancer de caillasses, elle n'avait pas fini son sermon à propos du harpon.

N'était-ce pas le mignon petit Aymon, avec elle ? Un garçon des plus charmants si mes souvenirs sont bons, qui se soucie des choses de l'esprit.
Minah
Eurrrgl…

Ce fut la seule chose que parvint à articuler et à penser la petite manchote sous l’étreinte de plantigrade du frangin. De fait, l’odeur était sensiblement du même ordre.
Il lui semblait que la démonstration d’affection d’Aymon n’en finirait jamais. C’est qu’elle n’était plus habituée, la Bête. On la tenait éloignée du commun à cause d’hypothétiques miasmes, m’dame Scath la payait à coup d’pied, elle se trouvait loin du giron maternel depuis bientôt deux ans, Adalasie n’était pas des plus affectueuses, quant à mémé… elle ne serrait dans ses bras que de beaux mâles plus ou moins (surtout moins) consentants.
Bref, pas l’amour qui risquait de l’étouffer.

Quand elle se sentit enfin libre, Minah se palpa les côtes, fébrile, craignant s’être fêlé quelque chose. Heureusement que le géant savait s’arrêter avant d’entendre les os craquer.


Moi aussi chu contente de t’voir.

Le choc du caillassage et de la tentative de concassage passé, la cadette Lebergier était parfaitement sincère.
C’était une bestiole du genre grégaire, un peu comme les moutons parmi lesquels elle avait grandi – un rien plus barbare toutefois. Elle avait toujours aimé sa famille, même les membres les plus bizarres. Et chez les Lebergier, le terme « bizarre » atteignait des frontières depuis longtemps dépassées par l’entendement humain. N’a-qu’une-patte avait été terriblement triste de les quitter il y avait maintenant deux hivers de cela pour sauver du bûcher les fesses ratatinées de mémé Glaviotte.
Sa fratrie lui avait beaucoup manqué, raison pour laquelle elle s’était raccrochée à Ada comme une grosse tique quand elles s’étaient retrouvées.

Minah remit en place son couvre-chef, repoussant la grosse paluche du frangin qui s’épanchait largement.


Pscht ! T’vas déranger Philémon qui s'repose !

Le hibou crevé, c’est sacré. Evitant soigneusement la question des prétendants, la môme sauta directement sur l’occasion de se plaindre.

Les z’aut’ ! Les zaut’ !

Brassage outré de l’air environnant.

Ada, elle est ici, à Toulouse, et j’ai même pas vu l’ombre de… de… d’son ombre ! Même pas qu’elle est v’nue rend’ visite à mémé !

Bref silence, le temps de reprendre un souffle rendu court par l’indignation.

‘Fin bon… Parle-moi don’ d’ton idée caboche en allant chez mémé. Mieux vaut n’pas parler d’trucs importants dans l’coin. Y parait qu’les murs ont des oreilles ou ch’pas quoi… Tant qu’y ont pas d’troufignon, moi j’dis…

Visiblement, le frangin avait des affaires de la plus haute importance en tête, et sous-estimer ces choses-là pouvait se révéler dangereux. Même, si, à dire vrai, Minah n’avait pas la moindre idée de ce dont il parlait. Bien entendu, une fierté mal placée l’empêchait de l’avouer.
La manchote s’efforça de l’entraîner quelques mètres plus loin dans la ruelle tout en causant.


L’affaire Bergerac… Oui. Ou…i… Tout à fait. Une affaire tout à fait euh… affaireuse.

Elle s’arrêta devant une chaumine plus miteuse encore que toutes les autres réunies, dont la porte défoncée et vermoulue, mal fermée, grinçait doucement.

Tiens, c’est la porte à la maison à mémé. Viens, on causera mieux d’tes histoires d’berge au rat. Pis elle a t’jours d’la bonne gnôle planquée derrière son pot d’chambre.

disoulée pour le retard.

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Aymon.lebergier


Le hibou... Le fils Lebergier avait toujours été partagé vis-à-vis de cette bestiole. D'un côté, elle les débarrassait des souris et des rats qui allaient grignoter les réserves de fromage dans le grenier familial. De l'autre... elle le privait parfois d'un somptueux dessert car Aymon oui, aussi pieux qu'il soit, avait ses propres faiblesses. Et la bouffe en faisait visiblement partie.Bah oui que voulez-vous! Ça n'est tout de même pas pour rien qu'il avait cette peau tendue et arrondie sur la bedaine l'père Aymon! Bref, son péché mignon à lui c'étaient les souris. De préférences celles avec un pelage blanc. Il n'y avait pas grand chose à manger sur un souris mais c'était largement suffisant comme dessert. Et puis, plus la souris était petite, plus la chair était tendre et plus le péché était petit aussi. Lorsque la providence lui mettait une mustélidé entre les paluches, le grand bonhomme s'isolait dans un coin dehors. Il allumait un petit feu et faisait rôtir l'animal. Ça prenait toujours dix fois plus de temps à préparer qu'à manger, mais qu'importe! Un péché mignon, ça ne se contrôle pas!

Les pensées du grand moine bedonnant reprirent pied avec la réalité alors que les Lebergier déambulaient dans les ruelles de Toulouse. Il fallait qu'elle comprenne et qu'elle adhère à son idée pour convaincre les Autres de mettre leurs forces en commun dans cette aventure. Ils avaient tous à y gagner. Prenant un air de conspirateur, le géant chuchotait à l'oreille de sa soeur, jetant de temps à autre des regards suspicieux de tout bord tout côté.


- Alors voilà... L'affaire d'Bergerac donc!

Et il lui raconta tout. Enfin... Tout ce qu'il savait. Il ajouta même certains détails se disant que ça n'avait pas pu se passer autrement. Pour d'autres, il inventait tout simplement. Il lui raconta comment, alors qu'ils traversaient le Périgord et que la ville de Bergerac se profilait sur l'horizon, ils furent pris à partie par une bande de malandrins armés de piques, de fourches, et de frondes. Ils s'en prirent à eux et les submergèrent rapidement sous le nombre. Il lapidèrent l'inquisiteur et pillèrent les coffres de la caravane. Plusieurs soldats restèrent sur le carreau. Lui s'en était sorti avec plusieurs ecchymoses et quelques entailles. De la petite troupe de l'inquisiteur, ils n'étaient plus que quatre : un simple soldat, un novice et un moine franciscain. Lui, Aymon, était, à en croire ses paroles, était le plus éduqué de la bande. Plus tard, ils apprirent qu'une bande de pillards venant du sud avaient amené une armée de brigands aux portes de la ville pour finalement la disperser à l'intérieur et bruler tout ce qu'ils pouvaient avant que les soldats du Périgord n'interviennent. Et comme ce fut un inquisiteur qui avait allumé le brasier, inutile de préciser que l'amalgame avec la caravane d'Aymon et de son inquisiteur à lui avait été facile à faire.

- Mais là n'est point l'plus important Minah! Écoute donc l'suite...

Ses paupières se fermèrent, ne laissant qu'une mince fente pour que ses pupilles puissent distinguer l'essentiel. Ses traits se fermèrent, ses sourcils se froncèrent. Aymon était passé en mode "Je déclare mon secret et le premier qui écoute sans en avoir l'autorisation je l'assomme" ! Ça, c'était pire encore que le monde conspirateur! Il sortit de sa manche un vieux morceau de vélin écorné et déchiré, jauni et gondolé par l'humidité, et il lui raconta que ceci était un morceau d'un parchemin qui avait appartenu à son patron l'inquisiteur. Sur ce vélin, des mots étaient écrits en langue latine mais aussi dans une langue qu'Aymon n'avait su identifier. Ce qui manifestement était l'esquisse d'un dessin, ou plutôt d'un croquis, complétait le tout. Il était cependant difficile de deviner à quoi pouvait ressembler l'oeuvre dans son entier tellement le morceau qu'Aymon tenait dans sa main était fragmentaire.

- Les trois z'aut' ont l'reste du parchemin. A nous quat' réunis, on a l'énigme dans son ensemb' !

Minah l'interrompit soudain, lui signalant qu'il venait d'arriver chez Mémé. Aymon poussa la porte, laissa passer sa soeur chérie, puis s'interposa, l'empêchant d'entrer plus loin tant qu'il n'avait pas fini son histoire. Derrière, la porte se referma dans un grincement lugubre.

- C'te parchemin Minah, c't'une carte... au trésor! Oui! Au trésor!

Il la dominait de toute sa taille, son haleine fétide s'égrenant en d'invisibles volutes de part et d'autres de son visage. Même le hibou avait dû la sentir. Il avait ponctué la fin de sa phrase par un hochement de tête d'arrière en avant. Il martelait ses paroles autant avec le ton de sa voix qu'avec la force de sa tête.

- Mon Inquisiteur d'patron travaillait sur c'te carte à chaque fois qu'il l'pouvait! Il étudiait des tas d'vieux livres pour décrypter c'qui était écrit d'ssus et comprendre c'te énigme! Si on trouve l'trésor, nous, les Lebergier, on s'ra tous riches! Tu pourras t'ach'ter toutes les robes et les maris qu'tu veux! Même l'comte d'Toulouse viendra t'lécher les pieds tellement tu s'ras riche!

Il avait hésité à lui divulguer toutes les convictions qu'il s'était forgé depuis la signature du pacte quadripartite qu'il avait conclu avec ses compères d'infortune. Minah ne le croirait jamais s'il lui disait qu'il était convaincu qu'il chassait le fameux trésor des templiers. Et si Minah n'était pas convaincue, elle n'accepterait pas de plaider sa cause auprès des autres Lebergier. Et pourtant, face au défi qui les attendaient il avait besoin de la participation de tous!
Adalasie
[Dans le palais défraîchi d'une Reyne imaginaire]

    Mais quel capharnaüm ! Il fallut bien cinq grosses minutes à la gueuse avant de mettre la main sur une espèce de bassine trouée qui devait reposer là depuis des siècles au vu de la couche de poussière qui la recouvrait. Dans son dos, l'arrière grand-mère Lebergier semblait perdre de son superbe et revenir peu à peu à la réalité. Quoique, si c'était pour proposer de faire griller sa nouvelle meilleure amie, c'était tout sauf une bonne chose ! Qu'elle retourne sniffer de la poussière de fées et qu'elle arrête de regarder ce pauvre volatile tellement innocent avec l'eau à la bouche. Hors de question de manger Poulette aujourd'hui, elles venaient tout juste de se rencontrer !

    Nan, on va pas faire bouillir Poulette. Pas touche !

    Petit regard noir delamortquitue jeté à la ruine ambulante et on reprend là où on était : le décrassage de cette fameuse bassine. Et pendant ce temps là, on balaye la pièce du regard pour trouver quelque chose à faire cramer dans la cheminée afin de chauffer l'eau. Après tout, c'est un bon bain bien chaud qu'elle voulait prendre.

    Mignon petit Aymon ?

    Adalasie fronça les sourcils, sa bisaïeule ne devait plus avoir les yeux en face des trous, Aymon était tout sauf mignon. Ça devait même être un des hommes les plus laids qu'elle n'ait jamais rencontré. D'ailleurs, Ada s'était déjà posé une question très intéressante à son sujet. Comment, leurs parents, en voyant la tête de leur fils à la naissance et plus tard, avaient continué à faire des enfants ? Bon... En réalité elle avait déjà la réponse mais chut. C'est des choses qu'on ne dit pas.

    Mouais...

    C'est la seule chose qu'elle trouva à dire sur son aîné. Depuis combien d'années ne l'avait-elle pas vu, elle ne saurait le dire.

    Berk ! Mais c'est quoi ce machin ?

    La maigrichonne agitait une bouteille contenant un drôle de liquide devant son nez. Faisant sauter le bouchon, elle mis précautionneusement son nez au dessus de celle-ci et en huma un petit coup.

    Pouah !

    Et la grimace qui s'en suivit n'indiquait rien de bien rassurant. La pauvre gueuse s'était débouché les sinus pour tout l'hiver. Tremblotante, elle reposa l'odorante bouteille et alors qu'elle s’apprêtait à se remettre à chercher du bois, elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle.

    La gueuse se retourna et vit apparaître sa cadette suivie de près par le colosse avec une pointe de regret, elle n'avait même pas eu le temps de préparer son bain qu'ils étaient déjà là ! C'est la faute à pas de chance et à mémé bordélique aussi...
    Par contre, ils étaient toujours dans leur petit complot. Même pas un coup d’œil pour son autre frangine ou la vieille. Nan mais ! C'est quoi ces manières ? Moue vexée de la principale intéressée. Réaction paradoxale ? N'est-ce pas elle qui voulait éviter de les voir ? Exact ! Mais Ada est une femme et les femmes sont compliquées, c'est comme ça ! Alors, avec la grâce d'une ballerine bien alcoolisée, la brune décocha un magnifique coup de pied aux fesses du géant qui lui tournait le dos.


    Comment ça qu'on va être riches ?

    C'est mal d'écouter les conversations des autres ? Boaf... Quand ils sont à moins d'un mètre c'est pas fait exprès. Et surtout, quand ça parle d'écus, elle est toujours intéressée l'affreuse.

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Minah
La bestiole ouvrit la gueule. Hésita. La referma bêtement.
Peut-être, se dit-elle, avait-elle trop fréquenté les gens sensés. Les gens qui comprenaient tout ce que vous leur disiez, même quand ça vous paraissait très compliqué, ceux dont la cervelle n’était pas juste un point B entre une oreille A et une oreille C.
Ceux à qui il ne fallait pas le dire deux fois, que, dans une ruelle mal famée, on ne braillait pas le mot…


… Trésor ?!

Minah se plaqua une mimine aux ongles noirs sur la bouche, comme si elle pouvait ainsi effacer son énormité. À frère boulet, sœur boulette.
Le mal, évidemment, était fait, et la petite gueuse s’agonisait des pires malédictions que son esprit pouvait concevoir. Au nombre du lot comptait une noyade par bain intégral.
Un regard en arrière, par-dessus l’épaule. Personne dans la venelle. Mais qui sait quelles oreilles se collaient aux volets clos des masures alentour ?


Bon, rent’ vite ! Va pas y passer la nuit… Allez ! Grouille !

Et de bourriner la panse du frangin, sans s’apercevoir qu’il est également assailli à coup de tatane par la face nord.
Autant essayer de faire rouler une cathédrale. Minah était costaude pour une donzelle taille mi-portion mais ne faisait pas le poids face au gigantesque frérot. Une fois son idée en tête, le rondouillet colosse ne risquait pas de bouger d’un pouce. A croire qu’elle lui lestait trop bien la cervelle.
N’a-qu’une-patte finit par se faufiler tant bien que mal entre la bedaine et l’encadrement de la porte branlante.


Et y vient d’où c’trésor ? Si qu’on l’trouve, y’a pas une bande d’costauds armés jusqu’au troufignon qui vont n’tomber sur l’rab…

Silence. Les mirettes noisette s’étrécirent.
La cadette Lebergier venait d’apercevoir son aînée.


Toi, là ! C’mat’nant qu’tu t’pointes ? Béh l'était temps !

Gonflée. Depuis le temps qu’elle était à Toulouse sans rendre visite, elle trouvait bien son moment pour se ramener, la frangine. L’sens d’la famille s’perd, moi j’vous l’dis…

Tsseuh !

Marmonnements divers.

‘Fin bon… Piskeuh t’es enfin là ! J’pourra t’refiler mémé. On peut causer comme y faut d’not’pognon.

Parce que le gentil grand frère va bien en donner une part à ses adorables petites sœurs bien aimées, n’est-ce pas ?
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Aymon.lebergier


Même quand on est un colosse comme Aymon Lebergier, un coup de pied dans les fesses, ça ne passe pas inaperçu. Les sourcils se froncèrent, les lèvres se plissèrent en un rictus mauvais, les prunelles dégageaient un sentiment de colère. Le géant se retourna brutalement pour faire face à son agresseur et lorsque son regard arriva à se stabiliser sur le sujet en question, lorsque le message passa des yeux à la cervelle et de la cervelle aux zygomatiques, le visage d'Aymon se dérida instantanément.

- Adalasie!!!!

Les bras du colosse se refermèrent sur le corps en comparaison frêle de sa soeur, l'écrasant de tout son amour contre son torse et sa bedaine rebondie, la tête d'Adalasie venant s'accoter sous l'aisselle droite de son frère. Aymon la souleva du sol et la secoua comme un prunier, visiblement heureux de la retrouver. Il souriait béatement, dévoilant un sourire des plus attrayants où il manquait quelques dents et où ceux qui restaient étaient soit crochus, soit des chicots bruns du meilleur gout. Il reposa sa soeur au sol et se courba pour approcher son visage du sien.

- T'sais, j'suis ben content d'te r'trouver! T'as pas changé d'un poil... Et moi non plus!

Il ponctua sa phrase d'un clin d'oeil sous-entendu. Adalasie... Sa relation avec la plus grande de ses soeurs était différente de celle qu'il entretenait avec Minah. Elle prenait sa source dans ce qui s'était passé un soir, alors qu'Adalasie l'avait surpris dans la foret. Depuis, elle savait. Et il savait qu'elle savait. Elle connaissait son secret. Elle était capable de le faire tomber quand elle voulait. Tout comme ce maudit volatile! Minah avait beau prétendre qu'il était mort, lui Aymon connaissait la vérité! Il l'avait vu dans la foret, planté sur sa branche, hululant dans la nuit. La bestiole connaissait elle aussi le secret d'Aymon. Elle l'avait surpris elle aussi! Ça et les souris, c'étaient les deux raisons pour lesquels le colosse était méfiant vis-à-vis d'elle.

- ... Mais j'pense que t'aurais besoin d'un bon bain!

Entendant Minah se demandait s'ils pourraient rencontrer des problèmes en partant à la chasse au trésor, le géant attrapa Adalasie, la mit sur son épaule comme un simple sac de farine et l'amena à table. En l'absence du paternel, en tant qu'ainé, Aymon était le responsable de la famille et il assumait ses responsabilités. Enfin...au moins en partie. Il reposa lourdement Adalasie sur une chaise autour de la table, et invita d'un geste de la main la cadette Lebergier à en faire de même. Il évita lui-même de poser son divin fessard sur la chaise de bois et de paille qui lui tendait les mains. La pauvre n'aurait certainement pas supporté le poids du Géant.

- Si j'suis icitte, à Toulouse, c'te parce qu'j'avions b'soin d'vous pour...

Ça, il fallait bien avouer qu'il n'était pas très doué pour les interactions sociales Aymon Lebergier. D'ailleurs, ça n'avait jamais été son point fort et sa vie passée au sein de l'église n'avait pas amélioré les choses, loin de là!

- ... qu'on trouve l'trésor des templiers! Ouais! Rien qu'ça!

... ajouta t-il en déposant à portée de main le morceau de parchemin qu'il avait présenté précédemment à Minah. Il avait beau avoir confiance en ses soeurs, il n'était tout de même pas prêt à ce que les donzelles mettent la main sur son Précieux qu'il coinça sous sa main droite.

- Écoutez ben c'que j'vais vous raconter...Et en passant si Mémé est dans l'coin ou les z'aut', allez les chercher, j'veux parler à tout l'monde!

Puis il partit dans une sorte de logorrhée verbale mêlant faits historiques et opinions personnelles, se trompant dans les dates ou les titres des personnages, passant du coq à l'âne, de Dieu à l'hérétique. Il oubliait des morceaux de la grande histoire et se perdait dans les détails insignifiants de la petite histoire. Tel un histoire, il composait avec ce qu'il savait, ce qu'il croyait savoir, et ce qu'il ajoutait pour essayer de paraître persuasif. Il n'oublia pas de raconter comment son inquisiteur avait trouvé la mort non loin de Bergerac. Il décrivit l'accord qu'il avait passé avec les autres survivants. Enfin, il en vint à sa requête.

- V'là! Vous savez tout! Pour répondre à ta question Minah, c'te possib' qu'on doive affronter une bande de raclure armés jusqu'aux dents qui voudraient nous barrer l'chemin. C'te même possib' qu'on rencontre des bandes rivales qu'auraient entendu parler d'nos quête...mais avouez qu'si on arrive à not'objectifs, on s'ra riche comme jamais on l'a imaginé! Alors c'que j'attends d'vous, c'est qu'vous m'aidiez! D'abord, faut qu'on trouve d'l'argent. On va avoir d'bsoin d'hommes d'armes pour assurer not'protection. On va avoir b'soin d'charriotes, d'outils, d'nourriture, d'chevaux. On va aussi avoir b'soin d'avoir accès à des bibliothèques pour déchiffrer c't'énigme. On va d'voir poser des questions à des savants qui comprennent l'charabia qu'est écrit sur c'te parchemin! Et vous, par vos r'lations, j'suis sur qu'vous pouvez prendre ça à vot'charge! Vous comprenez pourquoi j'avions b'soin d'l'aide de tous les Lebergier maint'nant?
Adalasie
    Regard noir à sa cadette. C'était quand même pas sa faute si, quand on l'invitait, elle se retrouvait embarquée dans une chasse au loups par des dégénérés parce que son adorable petite sœur chérie n'était même pas là pour l'accueillir ! « It's the pot calling the kettle black !*» comme diraient les angloys. Elle était gonflée l'affreuse, c'était pas censé être un moment de pur bonheur après ces mois de séparation depuis leur dernière rencontre à Paris ? Bah non, trop facile pour des Lebergiers.

    Tu pourra me... quoi ?

    La gueuse marqua un temps d'arrêt quand elle entendit “refiler” et “mémé” dans la même phrase. Mais pas le temps de connecter ses neurones pour analyser la situation que le colosse, dont elle avait dangereusement négligé la présence, manqua de lui exploser un tymphan en braillant son prénom. Et piiiire ! Elle n'eut pas le temps ne serait-ce d'essquisser un geste d'esquive qu'elle se retrouva écrabouillée sur la bedaine de son grand frère. Plus horrible encore ! Il tentait de l'étouffer avec sa foudroyante odeur de transpiration, son pauvre nez avait déà bien assez souffert pour la journée... Ca devait être l'autre pas marrant de Très-Haut qui se vengait, elle aurait pas du rire du malheur de sa cadette. Pourtant, c'était quand même bien tordant...

    Grmmphh

    La maigrichonne se retrouvait maintenant à voler au dessus du sol, secouée dans tous les sens par un zigoto bien content de lui. Et après on se demandait pourquoi elle n'était pas ravie de revoir sa petite famille chérie ? Pendant un instant elle aurait presque regreté de ne pas être aussi épaisse que sa frangine, le gros balourd aurait déjà plus de mal à la trimballer...

    M'ouii... *Blurp* c'est c'la oui.

    Adalasie balançait dangereusement sur ses pieds en retenant ce qui remontait par la voie expresse de son estomac.

    J'suis pas sure *Blurp* d'être contente de *Blurp* le savoir...

    Cet espèce de grand malade qui s'était mis à hurler un soir de pleine lune dans les bois alors qu'elle était encore petite, il lui avait collé une de ses frousses que ses bas de l'époque s'en souviennent encore. Triste épisode. Si la gamine qu'elle était ne l'avait pas reconnu, elle aurait probablement jamais remis un pied dehors de nuit... Après cette découverte, elle s'était mise à le surveiller et éviter au maximum de le croiser dans la maisonnée Lebergier. Et ce, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle pourrait se servir de ce secret pour servir ses intérêts... D'ailleurs, ne serait-ce pas un super moyen de piquer la part du trésor d'Aymon ? Humm, l'idée lui arracha un bref sourire. Bref, oui, car la remarque du grand frère le lui effaça instantanément. Comme si c'était de sa faute, hein ! Y'a rien dans cette baraque pour se laver, ce qui explique sûrement la couche de crasse sur la trombine minhesque.

    Grognements divers pour exprimer son mécontentement.


    Ah non ! Tentative de fuite quand la paluche s'approche de nouveau pour l'attraper. Encore raté. La honte...

    Crac. C'est le bruit de son postérieur qui s'écrase sur la misérable chaise en bois et surtout du choc du coxis contre l'armature en bois. Il voulait l'achever le bougre ! Attrapant les rebords de la chaise, sans se lever, elle se déplaça à l'autre bout de la table histoire de sortir de la zone « atteignable » du frangin. Là au moins, elle aurait le temps de le voir débarquer !

    Le trésor des quoi...?

    Oui, ça commence bien. Mais elle y connaît rien Ada, la seule chose qu'elle essaye de lire sans s'endormir -et qui ne réussit pas souvent-, c'est les lettres de sa frangine.

    Héééé mémé ?! On t'appelle !

    Puis réfléchissant un instant, elle se tourna vers sa cadette pour lui choper l'encolure et commence à la secouer. Si ça l'étrangle un peu, c'est du bonus. La crise de paranoïa vient de reprendre et la brune commence sérieusement à se poser des questions.

    Toi ! Y sont où les autres ?! T'as ramené tout le monde ici ?!

    Il ne manquerait plus que ça ! La journée se transformait en cauchemar... Ruminant dans son coin, elle ne suivit pas trop ce que racontait l'autre illuminé, le cours d'histoire ne l’intéressait pas vraiment. Par contre, elle réussit à capter la fin de l'interminable discours : du grand n'importe quoi !

    Nan mais où on va trouver tous ces trucs ? On a pas un rond !

    Levant les bras d'un signe d'abandon, elle se leva pour aller chercher quelque chose à boire. Parler à des savants, se faire tabasser par des méchants, bonjour le programme !

    C'est n'import'quoi !

    Débouchant une fiole qu'elle venait de dégoter, elle renifla le contenu et en avala une gorgée. Pouah, ça brûlait bien les tripes !

    Qui c'est qu'en veut ?

    La gueuse tendit la fiole à qui voudrait. Quel faux espoir, elle qui se voyait déjà se baigner dans un lac de joli pièces rondes...


*Juste parce que c'est marrant : "It's the pot calling the kettle black !" = "c’est la poêle qui se moque du chaudron" = "C'est l'hôpital qui se fout de la charité." 

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Meme_glaviotte
Mémé était bel et bien là.
Physiquement, tout du moins. Le corps et l’esprit de la Glaviotte étaient rarement présents au même endroit, au même moment. La cervelle de la vieille voyageait dans des espaces-temps inconnus du commun des mortels. Et des autres.
Si elle quittait doucement son état de titaniatitude, il était terriblement hâtif de la déclarer saine d’esprit.

Si Aymon le mignon ne l’avait pas immédiatement aperçue dans l’unique pièce sombre et exigüe de la bicoque, c’est que son moi physique n’était pas à hauteur du regard.
Non ! Ne regardez pas en l’air ! L’aïeule Lebergier n’en était pas (encore) à courir au plafond avec la tête qui tourne à 180° ! Elle était à croupetons sur le sol, en train de maugréer, et seul l’avenir pourrait dire si elle parviendrait à se relever.


Ma potion ! Ma potion !

Elle grattouillait la terre battue dans l’espoir vain de récupérer le précieux liquide craché avec un dégoût immérité par Adalasie.

Mon filtre qui paralyse les hommes et les rend fous d’amour… J’avais mis tant de temps à écorcher les ingrédients… Une macération parfaite !

L’ancêtre quadrupède foudroya son arrière-petite-fille des yeux, effet quelque peu gâché par son dos qui s’était bloqué et la faisait grimacer. Puis elle aperçut Aymon, et son visage s’éclaira d’un large sourire, ce qui prit un bon moment ; le temps d’écarter toutes les rides du chemin, voyez-vous.

Aymon ! Mon p’tit chaton !

Elle avait toujours eu une affection particulière pour le garçon. Sa descendance était massivement composée de filles, et mémé avait toujours considéré les autres femelles comme des vipères vicieuses. Il n’y avait qu’à regarder Adalasie et Minah. Deux ingrates retorses.
Elle essaya de se redresser, avec un résultat plus que mitigé, puis décida que les reynes des fées étaient proches de la terre mère et qu’il n’était pas embarrassant de rester à quatre pattes pour le reste des retrouvailles.


Quelle belle histoire tu nous contes là ! Il y a bien longtemps que je n’ai pas participé à une aventure – enfin, à part le gros Jean de la porte à côté mais ça n’compte pas ! Pour l’argent et pour le reste, il n’y a aucun souci à se faire. Mes armées féeriques sont redoutables et un charme les rend invisibles au commun des mortels. Quant à l’argent, nous n’avons qu’à suivre un arc-en-ciel. Ces idiots de farfadets sèment leurs chaudrons d’or à tout vent !

Le tout baragouiné avec le plus grand des sérieux.
Minah
Minah n’écoutait que d’une oreille distraite le récit de son frère, très occupée qu’elle était de subir le poignant témoignage d’affection d’Ada.
On aurait pu croire qu’elle avait l’habitude : son odorante petite personne engendrait régulièrement des réactions de ce genre dans son entourage immédiat. Mais elle ne goûtait pas particulièrement se faire secouer comme un prunier, même si son ainée possédait une force physique digne d’un chaton noyé.


Euurrgg… Pas… Moi… Rien fait.

Piètre défense pour une piètre guerrière capable de se faire surprendre par une donzelle si frêle. Elle finit par se dégager avec un grognement qu’elle espéra féroce et qui signifiait « recommence et j’t’enfonce mon moignon dans l’trou d’nez jusqu’au coude ».
Tandis qu’elle s’ébrouait, comme pour chasser les derniers effets des trop chaleureuses accolades fraternelles, elle tenta de remettre de l’ordre dans ce qu’elle était parvenue à saisir du discours franginesque. Alors… Voyons voir… Besoin Lebergier (drôle d’idée), trésor Templiers (kécécé ?), raclures dans les dents (oulà !), outils (pour enlever les trucs dans les dents ?), savants…

Long silence. L’animal prit un air con.
Ne vous méprenez pas. Ça n’était pas une vulgaire grimace accessible au premier couillon venu. La manchote avait élevé l’air con au rang d’art.
Tout d’abord, videz-vous l’esprit. Ça ne devrait pas être trop difficile. Il faut que vous vous sentiez vide de toute pensée intelligente au point de sentir le souffle du vent vous passer d’une oreille à l’autre.
Fixez un point proche de votre interlocuteur, de préférence quelques centimètres à côté ou derrière lui. Inclinez doucement la tête de côté.
Laissez s’affaisser doucement votre mâchoire inférieure, juste assez pour entrouvrir mollement la bouche. Une pellicule de salive devrait en toute logique venir perler aux coins de vos lèvres. Si vous vous débrouillez bien, vous pourrez même en avoir un filet le long de votre menton.


J’tout compris ! S’exclama-t-elle triomphalement.

Ben voyons.


On doit enl’ver d’la raclure dans les dents à des savants en tablier dans un temple ‘vec des outils et y nous donn’ront un trésor. Trop facile !

Rien n’était impossible aux Lebergier, parce qu’ils n’étaient pas assez savants pour savoir ce que cela voulait dire.

Mais…

Soupir déçu, affaissement des épaules.

J’pourra pas v’nir ‘vec vous… La patronne l’permettrait pas.

Sa vie appartenait à Bouillon. Elle n’était plus libre d’aller à son gré.
Elle était un chien, et les chiens attendent au pied de leurs maîtres, quelles que soient les folles aventures promises au-delà du chenil.


Partez tous les trois (il ne lui vint même pas à l’esprit qu’Adalasie pût refuser cette chasse au trésor). Moi, j’pourra… J’pourra…

L’écuyère se sentit terriblement inutile.

V’z’aider à trouver des provisions ?
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