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[RP] A tribord ! [...] Non ! L'autre tribord !

Aelig
la lune glissant sur un ciel ouaté de nuages qui laissait entre eux des intervalles d'un bleu foncé au -dessus du pont, tranchait avec le danger du gros grain de vent qui menaçait. Au loin, la ligne noire qui montait lentement dans le ciel et n 'était séparée de la mer lugubre que par un trait de lumière ardent, menaçait d' éclater au-dessus d'eux prochainement.

Gros-Temps-A-Bâ-Bord, Ca-Pi-Tai-Ne ! Main-Te-Nez-Le-Cap-West !

Aelig leva la tête et dressa l’oreille dans la direction du grand mât.

-Keskidi ?

Moi non plus j'ai pas compris. Je comprends d'ailleurs pas pourquoi Philippe a été placé à la vigie, on n'y entend jamais rien à ce qu'il raconte.

Violent coup de pomme d'Eve dans la côte d'Adam.

- Dis donc, ce s'rait pas un message codé par hasard ? Parce qu'il est malin l'vieux singe.

-Un message codé ? Ah ouais ? Mordieu ! T'es pas idiote !
C'est vrai que c'est un filou le vieux, plus rusé qu'un corbac ! Pas la première fois qu'il me fait prendre des vessies pour des lanternes...

Dis donc, ça sent drôlement ici...Snif, snif, snif... Ca sent fort la poiscaille. Tu ne serais pas tombée au milieu d' un banc de sardine ?

-C'est parcequ'on longe la côte portugaise ?
Ah ouais ? C'est vrai, je vois plein de lanternes au loin.


Mine bougonne et boudeuse de sa compagne.

-Bon en attendant, message codé ou pas, va falloir quand même qu'on traduise son poème, parce que j'ai des comptes à rendre. Et si je ne reviens pas avec ses traductions, le vieux, il va me faire un caprice, tu vois, comme les vieux capricieux... C'est comme son p'tit lait qu'il laisse traîner. Il tourne.

-Comment ça, Je vais traduire ? Mais Maria ! Je sais même pas décliner Rosa en latin ! Et puis j'te dis que le vieux il m'a confondu avec toi, parceque j'ai les tétons qui poussent...Tu voudrais quand même pas que je finisse dégradé, au fond de la cale tiens, à calfeutrer la coque, comme l'autre clande...catala...Enfin l'Pedro.


Rosa rosa rosam ?

"Rosae rosae rosa." Ah c'est bien, ouais, c'est bien...

Aëlig prenait note, le parchemin posé sur un tonneau.

"Rosae rosae rosas. " Ouais, ouais.

Tu vois quand tu veux.

"Rosarum rosis rosis."

-...

- Maria ?
Tu ne serais pas en train de te fiches de moi ?
C'est pas gentil...

-...

-Mi Pajajito...(1)
C'est ton petit canari des îles qui te le demande.

-Allez ! s't'plaît.

-Juste cette strophe :
Le goujon
Petit poisson
Tourne en rond
Comme un saucisson


-...

-Maria ?

La nuit n’est elle pas douce et fraîche ?
Est-ce que tout autours de nous ne nous invite pas à l’amour ?

Sens les parfums de... ça sent ... Comme...Regarde le ciel plutôt !Regarde la lune Maria ! Elle-même se met de la partie ! La lune, cette confidente des amoureux ! Oh ! le beau clair de lune ! Et cette lumière intime.. Que de mystère et de promesses dans cette lumière juste assez pour nous aimer et pas assez pour nous voir !

Il l'empoigna par la taille puis la plaqua contre ses...seins.

- Oh Maria je suis grisé de ton corps, ivre de ta beauté, mon amour infini me mine et me dévore.
Sous ton regard de braise, je sens, tant je t’adore tout mon corps exploser d’une tempête de désir !*


SCRAAATCH, BRAOUUM !*

- Wow, t'as vu ça Maria ?! Dis t'as vu ? Sortilège !

"semental
Los peces pequeños
El entrar en círculos
Como una salchicha" (2)


Desserre l’étreinte

- Attends, va pas si vite, faut que je reprenne ma plume !

Comment tu dis goujon ?


*Inspiré de Monsieur chasse ! Georges Feydeau
* Manifestation de l'orage au loin


1 : Mi Pajajito : Mon petit oiseau
2 : Le goujon
Petit poisson
Tourne en rond
Comme un saucisson

_________________
Maria_paz
- Pas goujon, goujat ! Que tu eres !(1)

Elle raffolait des étreintes de son hidalgo qui pour l’occasion lui jouait son opérette à quatre sous. Seins contre seins et corps tendus, son souffle chaud sur ses tempes, presque mielleux lorsqu’il tentait de l’amadouer pour arriver à ses fins. Elle contenait son amusement. Jouer encore et encore. Se jouer de lui sans craquer. Enfin, pas encore.

- Hermoso corazón ! (2) Pour sûr tu es doué à la manœuvre ! Tu crois que c’est en hissant le grand foc que je vais te faire deux passes de plus avec chaque toron ?*
- …


Elle eut envie de céder sous son regard empli d’attentes, esquissa un sourire pour assouplir ses mots.

- El tiempo es pesado, la tormenta se acerca,
Vayamos resguardarnos.
(3)

- Attends, attends ! j’écris !

Un bout de langue au coin des lèvres, Aëlig soufflait sur la plume à l’encre crissante.


- El tiempo est pesado… et puis ? Ha oui !
- La Tor..men…ta se acer…
- Mais non sangre de Dios !(4) Je te dis qu’il faut qu’on se casse ! Y rápidos !!!!




* Episser un oeil : former une boucle permanente à l'extrémité d'un cordage. Entrelacement de trois torons après avoir formé la boucle, finir par deux passes de plus avec chaque toron en rotation. Tant pis si vous n'avez pas compris, pas le temps de vous faire un dessin.^^

(1) Que tu es
(2) Joli coeur
(3) le temps est lourd, l'orage s'approche, allons nous abriter
(4) Sang de dieu

_________________
Cendres
[ Le jardin des Délices - La cabine de pilotage]

Tout le monde s'afferait dans le navire, tous étaient assidue à la tâche assignée.
Le maître d'équipage au quartier maître, le Coq à la poule, la vigie vegettait, Elysabeth au stock auquel elle n'avait que peu accès, le second au porridge et le capitaine au capital. Si avec une telle organisation la caraque n'avançait pas... Mis à part les turpitudes de Deos, ça fleurait bon. Quoiqu'un peu la sardine.


Colle pas aux côtes... Colle pas aux côtes... Elle en a de bonne ! Ce sont les côtes qui me collent ! Plus je vais à bâbord, plus elles viennent de tribord !

Regard sur le noeud de chaise entamé.

Soupire

Puis sur le journal de bord

Soupire

Il détourne les yeux. Puis y pose le regard à nouveau

Soupire

Il l'ouvre



Cher journal,
Tu m'emmerdes.


ça c'est fait

Soupire

Tagada... Tagada... Les doigts courent sur la table Tagada... Tagada...

Il se passe la main sur le visage, ralenti au niveau du nez, s'y attarde.
Les Yeux vert le ciel. Rictus. Concentration. Le doigt fouille.


J'y suis presque... J'y... Suis... Presque...

Rotation, pincement

Je te tiens...

Il tire

AH SA MERE LA CATIN DE VESOUL ! BORDEL A IONF DE MES DEUX ! CROQUEUSE DE JONC ASIATIQUE ! et caetera desunt

ça fait mal...

On a beau être vieux... Le poil est parfois bien accroché.
_________________
Madeline
[Jardin des Délices – Salle des cartes]

Ce qu'il y a de formidable avec les vieux, c'est qu'ils entretiennent le mystère.
On sait par définition qu'ils ne vous écoutent pas. Mais... vous entendent-ils ?
On sait par définition qu'ils ne vous répondent pas. Mais... se souviennent-ils encore des mots ?


-AH SA MERE LA CATIN DE VESOUL ! BORDEL A IONF DE MES DEUX ! CROQUEUSE DE JONC ASIATIQUE ! et caetera desunt 

ça fait mal..


Oui, assurément ils savent encore parler. Mais pour l'écoute... C'est peine perdue.

Aussi, Madeline avait assisté à cette scène d'épilation en restant complètement stoïque mais en priant intérieurement le Très Haut qu'il n'ait pas un poil de cul qui le démange car là... après la guerre, les famines, la peine, le malheur... ç'eut été trop pour son petit cœur.

Elle se contenta de désigner un objet et d'ordonner d'un ton autoritaire.


- Le poil... Dans l'écuelle avec les autres, pas par terre !

Oui, lecteur. Toi qui vis dans une société de consommation, sache qu'en ces temps reculés tout est utilisable et réutilisable. Et lorsqu'on est sur un bateau, tout est précieux. Et si l'eau douce est le plus précieux des trésors, les poils plein de cérumen du capitaine Cendres ont une valeur surestimables eux aussi puisqu'ils servent pour appâter les poissons !
Et ils aiment ça les bougres... Faut dire qu'avec tous les poils disgracieux qui lui poussent de partout, y'a de quoi faire une bonne bouillabaisse tous les jours... Et c'est pas Maria qui dira le contraire, même en chinois !

Elle prit à son tour le journal de bord pour le compléter :




4 mars 1462
Capitaine : Madeline
Temps : orageux
Température : 37,2 le matin
Position : sur l'eau
Etat des réserves : manque toujours une robe « isipice di counasse » dans l'inventaire.
Moral des troupes : Yopla !


- Voilà, ça c'est correctement fait !
_________________
Aelig
[ Golfo de Cádiz, où l'on échappe au grain.]


Un peu plus tard, on entendit soudain le second, Madeline, tonner sur la dunette :

- Tous le monde sur le pont ! Quartier-Maître, Maître d'équipage, sur la dunette !

Aëlig et Maria, restés confinés toute la nuit dans un coin de la dunette, sortirent cheveux hirsutes et allures débraillées, puis prirent alors l'escalier du gaillard arrière. Au moment où leurs têtes dépassaient le plancher, il virent Cendres à la barre et Madeline, qui semblaient interroger l'horizon avec inquiétude, puis prirent en cours de route la conversation.

"-Palsambleu ! Tu as raison Madeline ! Non-seulement le vent n'a point tenu, mais nous allons avoir un grain."

- Sans compter, cher Capitaine, répondit le second, que nous sommes en mauvaise position pour le recevoir. Nous aurions dû faire même route que l'autre navire...

Cendres ne put réprimer un mouvement de mauvaise humeur.

- J'ai eu un coup de Trafalgar...

- Il a au vent Cadix qui va adoucir pour lui la violence du grain que nous recevrons, sans en perdre une goutte de pluie ni une bouffée de vent, et sous le vent tout le golfe de Cadix. Ajouta Madeline

- On s'en fout ! Lui il a une nave, et moi un trois mâts carré !

Cendres se tourna avec inquiétude vers la masse noire qui se dressait devant lui et qui, du côté du sud-ouest, ne présentait aucun abri.

- Bon! dit-il, nous sommes à un mille de Cadix.

-Oui, Cendres, tu noteras que je n'ai encore rien dit... que je me contiens... que je fais preuve de savoir-vivre...
T'ES TROP PRES DES COTES !!!!

Une rafale d'ouest passa, précurseur du grain de la tempête.

- Fais amener les perroquets, on va serrer le vent, lança Cendres.

- Capitaine ! Tu crains point pour la mâture? interrogea Aëlig, qui avait achevé de monter sur la dunette et se tenait derrière, en compagnie de Maria.

-Je crains Madeline !

Madeline, de cette voix pleine et sonore du marin qui commande aux flots et aux hommes, répéta le commandement dans un langage technique d'anglois nautique au Maître d'équipage, Maria, qui elle-même devait traduire en espagnol aux matelots, une vingtaine de catalans recrutés à Barcelone. Notons que Maria n'entendait l'anglois et les termes de marine guère mieux que Madeline le catalan et les marins catalans, l'espagnol. Ce qui donnait à peu près cette chaîne d'ordres cacophoniques :

Amenez, carguez et serrez les perroquets !
Lower, brail up and take in the gallant sails ! (1)
Arria, carga, y affera los juanetes ! (2)

Mais Maria qui avait, une fois encore, compris que venait de surgir un danger, savait très bien comment se faire entendre par les matelots :

Y voush né fêtes pas lé a'n'douilles chicos ! Sino y liaura pas la pétite chirène qué sé dévoilé lé chaméti choir au fond dé la calé (3).

Aelig qui n'avait rien à faire, notre jeune moussaillon, Quartier-Maître et timonier sur le rôle de l 'équipage, apprenait le maniement de la barre, mais on ne lui donnait point cette responsabilité par gros temps, uniquement pour suivre la route tracée par le capitaine, se hasarda :

- Est-ce qu'il y a du danger, patron ?

Cendres se tournant vers Aëlig, se recompasa une mine altière.

-Il n'y a jamais de danger sur un bâtiment commandé par Cendres de l'Aube, parce que sa prévoyance va au-devant de tous les dangers; seulement, je crois que nous allons avoir un grain.

--Un grain de quoi? demanda Aëlig, ingénu.

--Un grain de vent, répondit Cendres.

--Je trouve le temps assez beau cependant, dit il tout en regardant, au-dessus de sa tête.

--Ce n'est point au-dessus de notre tête qu'il faut regarder, cornemuse ! C'est là-bas, à l'horizon, devant nous !
Sang-dieu ! Qu'est ce que je vais faire de lui ? Continua t'il dans sa barbe.

Une seconde bouffée de vent passa, chargée d'humidité; sous sa pression, le navire s'inclina et fit un crissement.

Sur le grand mât, on pouvait apercevoir Philippe, les mains au mâts, égrener une petite prière.

- Morbleu ! Carguez la grande voile! Dit Cendres laissant Aëlig à des considérations météorologiques et jetant ses commandements sans transmission intermédiaire.
Mais qu'est ce qu'ils foutent les rats de cale ? Ho ! bande de coléoptères...! Magnez vous le cul ! Hâlez bas le grand foc! Nom d'une pipe !

Cinq minutes plus tard, Le vent, avait sauté au nord et le bâtiment avait le vent complètement debout. Le vent du nord avait masqué la voilure: les mâts, surchargés de toile, craquaient.

Le second jeta un regard rapide et inquiet autour de lui. Le temps, nuageux toujours, s'était cependant éclairci. Cadix se dessinait à tribord, et l'on s'en était approché au point de distinguer, dans la lueur du matin, les points blancs indiquant les maisons. Mais ce que l'on distinguait surtout, c'était les larges franges d'écume blanchissant sur toute la longueur de la plage de la fureur des vagues s'y brisaient.

- CENDRES ! LA COTE ! TU COLLES LA COTE !

- C'est pas moi qui colle aux côtes ! C'est les côtes qui me collent ! J'ai beau virer bâbord, elles attaquent par tribord !

De sa voix, elle eructa :

- Changez la barre! changez derrière! Virons en culant!

La manoeuvre etait hasardeuse. Si le vaisseau manquait son abattée, il était jeté à la côte.

Claclaclaclac...Firent les quenottes de Maria derrière.

- Bon, ben, si vous n'avez plus besoin de moi, je vais me retirer au fond de la dunette...

Cendre tonna en frappant du pied, comme si le navire eût pu l'entendre : Vire donc! vire donc!

Le navire obéit. Il fit son abattée, et, après quelques minutes de doute, se trouva le vent par tribord à l'ouest-nord-ouest.

-Bon! Reprit Madeline en respirant, nous avons maintenant cent cinquante lieues de mer devant nous avant de rencontrer la côte.

- Mais, dit Aëlig, il me semble que nous n'allons point dans la bonne direction et qu'au contraire le bâtiment, a le cap sur l'Afrique.

Madeline d'un ton très pédagogue, qui était le sien propre, prit la patience d'expliquer à son élève :

-Nous nous élevons au vent pour courir des bordées et dans vingt minutes, nous allons pouvoir virer de bord et rattraper le temps et le chemin que nous avons perdus.

-Virer de bord ? c'est faire ce que vous venez de faire tout à l'heure ? Ah d'accord. Mais, est-ce que vous ne pourriez pas virer de bord un peu moins souvent quand même ? Parceque tout à l'heure, il m'a semblé que vous m'arrachiez l'âme...

Grain : terme de marine. Grain de vent, ou simplement grain, changement subit dans l'atmosphère accompagné de violents coups de vents.
Pluie subite accompagnée de bourrasque.

1 : Amenez, carguez et serrez les perroquets !
2 : Amenez, carguez et serrez les perroquets !
3 : Et vous ne faites pas les andouilles, garçons, sinon il ny aura pas la petite sirène qui se dévoile le soir au fond de la cale.


M’excuse de l'horrible plagiat fait sur certaines lignes, qui collaient à l'IG et que j'ai adaptées, au grand Alexandre Dumas et son oeuvre,la San Felice
_________________
Maria_paz
Sur le pont et pour tromper sa propre peur, juchée sur un tonneau, La Paz était revenue donner de la voix pour encourager les matelots à gorge déployée et dévoilée par une rafale impertinente. Erigée comme un sémaphore, les bras battant la mesure, imaginez un peu le tableau et la teigne, elle encourageait la troupe à sa manière.

- Vaya ! Cante cante ! Más fuerte ! Nombre de un perro ! (1)

No, no era la balsa
De la Medusa, este barco,
Qué se lo diga al fondo de los puertos,
Diga al fondo de los puertos,
Navegaba en padre pancho
Sobre la grande charca de los patos,
Y se llamaba los Amigos primero
Los Amigos primero.
(2)

Un gros grain dans le souffle d’un coup de vent lui renvoya les Amigos dans les amygdales. Elle n’en perdit pas une corde vocale pour autant et trompetta :

- Todavía! Y en francés por favor !(3)

Au moindre coup de Trafalgar,
C'est l'amitié qui prenait l'quart,
C'est elle qui leur montrait le nord,
Leur montrait le nord.
Et quand ils étaient en détresse,
Qu'leur bras lançaient des S.O.S.,
On aurait dit les sémaphores,
Les copains d'abord.
*

Du fond de la basse-cour, montaient des bruits de gamelles battues sans mesures par un maître coq percussionniste à défaut d’être illusionniste.

- Hola du Chapeau ! Plus fort les basses !


* Brassens, vous l'aurez reconnu.

(1) - Allez ! Chantez chantez ! Plus fort ! Nom d'un chien !
(2) Non, ce n'était pas le radeau
De la Méduse, ce bateau,
Qu'on se le dise au fond des ports,
Dise au fond des ports,
Il naviguait en père peinard
Sur la grand-mare des canards,
Et s'appelait les Copains d'abord
Les Copains d'abord.
(3) Encore ! Et en français s'il vous plait !

_________________
Aelig
Elle chantait bien Maria.
Ah si vous l'aviez entendue à Pampelune égrener en plain-chant les Avé, Maria, à l'aube de ses 16 ans : A cette époque, confia-t-elle un jour, elle portait les cheveux noirs longs et bouclés, son teint était olivâtre et ses yeux enflammés. On la disait fille bâtarde d'une égyptienne* un peu sorcière, du nom d'Esmeralda, qu'on appelait Belle, et de Don Diégo de La Paz, riche négociant en produits de luxe, honorable bourgeois et conseiller municipal, tous les jours à la messe, huit enfants dont l'un bossu, sonneur de cloches, et un autre chanoine à la Cathédrale...Et le soir, gérant du bordel le plus crasseux de tout le Nord de l'Espagne.

Maria, dont les yeux étaient deux billes sombres, épaules dénudées.
Maria, dont les jambes fines , que sa jupe dévoilait par moment , étaient prolongées dans un même mouvement agile par des petits pieds qui dansaient tout le temps.
Maria, qui voltigeait avec grâce, entre danse de séduction et ronde de Sabbat.
Elle était une petite fée, un ange, une succube, une enfant de Bohème et de la balle, tantôt charmeuse, tantôt amuseuse, tantôt jongleuse, attirant tous les regards, au milieu d'une faune bigarrée où régnait débauche de bruits, de rires, de musique légères et de chants grivois provenants des voix grasses et avinées.

Et pourtant, quelle lumière dans ses yeux, quelle Lumière dans sa voix lorsqu'elle chantait les Cantiguas ** à la chorale des soeurs carmenites va-nues-pieds, dans le couvent duquel elle avait par la suite été cachée.***


Alors que le vent montait, que le navire tanguait et que le travail sur le pont tournait à l'enfer, les manœuvres furent exécutées avec promptitude, les matelots et gabiers pour qui la mer n'était pas une passion - Nombreux étaient parmi eux des gens de cordes et sacs sans beaucoup d'expérience et à qui Cendres avait promis Monts et Merveilles - étaient regonflés par les tchicatchicatchic monophoniques du Maitre d'Equipage, nouvelle égérie, voir petite sirène pour certains.
Des cales, l'on pouvait entendre ce piétinement pressé et irrégulier de matelots polyphoniques, chantant en choeur dans les efforts qu'ils faisaient pour lutter contre le danger :


Tiens bon la vague et tiens bon le vent
Hissez haut ! Hiiiisssez haaaut !!


Au bout d'une demi-heure et de plusieurs tourne-vire et vire-tourne, un tous les miles, le grain qui avait failli jeter "Le Jardin des Délices" sur les côtes de Cadix était passé;

En quelques heures, le JDD rattrapa la nave devant nous que le grain avait atteint mais de façon moins sensible, la violence du vent ayant été brisé par les sommets et le bâtiment étant plus léger. Celui-ci remit du vent dans ses voiles, reprenant de la distance.


- Cap´taine ! Le navire est toujours devant nous ! cria la vigie.

- SACRISITI ! Personne ne peut dépasser le navire du capitaine Cendres de l'Aube ! Il faut le canonner ! Maître-canonnier ! Raoul ! Il est passé où le Glaber ?

- Il sèche la poudre, Capitaine.

Nous noterons un seul incident durant cet épisode venteux : le coq avait passé toutes les manœuvres à vomir.

Allez hop, double ration de porridge pour l'équipage !

* Egyptiennne : Égyptiens, terme d'origine médiévale ; ce terme rappelle une ancienne légende selon laquelle les Roms seraient venus d'Égypte.  Le terme Égyptiens se retrouve également dans la formation de la dénomination gitano en langue espagnole et en langue anglaise : Gypsy.

**Cantiguas de Santa Maria : Le manuscrit des Cantigas de Santa María est un des plus importants recueils de chansons monophoniques de la littérature médiévale en Occident, rédigé pendant le règne du roi de CastilleAlphonse X dit El Sabio ou Le Sage (1221-1284). Ces cantigas sont le volet religieux de la littérature galaïco-portugaise, le volet profane comprend les cantigas de amigo, les cantigas de amoret les cantigas de escarnio.

***Nous noterons toutefois que Maria Paz se lança dans la chansonnette en osant participer à un concours lancé par le bureau d'animation municipale, intitulé : “à la recherche de la nouvelle menestrelle”, où elle interpréta une chanson très populaire à Cadix : “Qui a vu Coco dans l'Trocadero ? ”. Bien qu'elle fût rapidement plébiscitée par les lanciers du 10 ème escadron de la Guardia civil, Nous ne savons point si elle fût sélectionnée.

_________________
Madeline
La tempête apaisée, le calme revenu, la sérénité retrouvée, la quiétude de retour, on pouvait à présent dire qu'à part les remontées gastriques du Coq symptomatiques d'un surmenage de ménage et de vaisselle qui valse, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes*.

- Bon ben à table alors !

C'est donc au mess que l'équipage s'attabla pour prendre une collation bien méritée.
Il débutèrent par une soupe de poissons, enchaînèrent avec des sardines grillées à la cendre et finirent leur menu de la mer par une crème renversée, car avec le Coq, tout finissait de traviole.

Madeline ne fut pas trop surprise de trouver quelques poils dans les sardines . Elle souffla à sa voisine Antoinette Lavoisine – ça ne s'invente pas – que rien ne se perdait, rien ne se créait, tout se transformait*. Elle ne fut pas trop surprise non plus quand cette femme griffonna sa citation sur un morceau de parchemin, le plagiat et l'imitation étant coutumiers depuis si longtemps.

Ils en étaient à tous s'essuyer la bouche quand Mémère – oui, elle savait pour « Mémère » - prit la parole :


- Lorsque nous avons passé Gibraltar, j'ai vu un animal intéressant qu'il nous faudra prendre le temps de capturer au retour. Il était là sur « lacoste » à se dorer les écailles. Alors je ne vous cache pas qu'il est laid... Très laid. Et dentu... Très dentu... mais il a de ces écailles ! Pour tout vous dire, quand je l'ai observé, ce n'est pas un animal que mon esprit a visualisé, mais un tas de besaces et de chausses.

Et là, elle se leva, s'appuya de ses poings sur la table, légèrement penchée en avant et pivotant la tête pour bien regarder en face chacun de ses interlocuteurs tour à tour.

- Je... VEUX... cette bestiole ! MAIS ATTENTION !

Et là, elle marqua un silence presque glacial.

- Pas de lance... Pas de trous hein, pas de trous ! Vous n’abîmez pas la matière première ! Vous le capturez vivant si possible, mort s'il le faut, mais intact ! Je suppose que Cendres...

Elle se tourna vers le capitaine qui avait piqué du nez et s'en alla claquer des doigts sous son nez.

Clic clic clic.

- … Hey roupille pas, on parle logistique ! Objection ?


* D'après Voltaire
** D'après Antoine Lavoisier

_________________
Maria_paz
[A l’entrée du port , ça coince…]

Ils avaient eu largement le temps de nettoyer la cantonnerie, le Coq et ses gamelles, le pont, le bavoir de ce vieux tromblon de capitaine, les nippes de mémère, la goule à Raoul, les slips d’Ely et de raccommoder le Phyl qui s’était pété le fond des braies en descendant un peu trop vite de son poste de vigie.

Le rafiot demeurait immobile.

Le rafiot bouchait le port par dessus le marché.


- Dis donc Aelig ! Quand le Capitaine à beuglé, il voulait qu’on jette l’ancre ? No ?(1)

Ces deux-là sont des enfants de Bohême, font qu’des conneries.




(1) non ?

_________________
Aelig
[Jeudi 6 mars de l'an de Grâce 1462. Temps clair, vitesse du vent : 27 noeuds.
Où l'on retrouve le Jardin des Délices mouillant enfin dans la lagune d'Aveiro. Paraît qu'il y a embouteillage.]

- Dis donc Aelig ! Quand le Capitaine a beuglé, il voulait qu’on jette l’ancre ? No ?

Demanda Maria avec circonspection, lorsque l'incident fût clos.

J'pense pas Maria. Le second a crié "let go"(1). Or "let go", dans le jargon maritime, a deux sens en français d'après mon manuel : laisser choir un pavillon ou mouiller l'ancre.

Alors j' crois bien que tu t'es emmêlée les fanions en traduisant aux matelots, pensant que c'tait de l'ancre dont il s'agissait. j'me disais aussi que c'était trop tôt... Du coup, toute la longueur de la chaîne bâbord a défilé et le bateau a stoppé net avant l'entrée du port. Mais si ce n'était que ça.... L'effet de freinage de l'ancre fit faire une embardée au navire à tribord, droit vers l'autre bateau qui en sortait. Et je crois qu'on aurait pu encore limiter les avaries si, pour arrêter notre fâcheuse progression , on n'avait pas jeté l'ancre tribord, ce qui fût visiblement sans effet, puisqu'elle tomba sur le gaillard avant de l'autre navire qu'était plus bas que le notre et dont l'équipage, pensant qu'il s'agissait d'un abordage, se jeta à l'eau...

Résultats des courses : six heures pour desenquiller les deux bateaux ! Sous les injures assassines du capitaine qui nous demandait de faire des choses impossibles à nous autres et au navire, sans parler du fait qu'on bouchait l'entrée du port. Faut dire aussi qu'on avait perdu notre mousse, tu sais, celui avec une tête de souris. Ce qui n'était pas pour le calmer*.

Je m'étonnerai toujours de la réaction des gens pendant des moments d'incident mineur...


Fit une pause.

Allez viens Maria, descendons à terre trouver quelque chose à grailler. Le Coq vient d'annoncer encore double ration de porridge ce soir.

* On retrouvera le mousse en question recroquevillé sur le quai, répétant qu'il était arrivé au port à la nage sans pouvoir expliquer pourquoi il avait terminé le traversée dans l'eau.

(1) : Let go the anchor : Traduction juste à la suite Modo Tord, merci de m'avoir inspiré ^^
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Aelig
[ Mercredi 12 mars de l'an de Grâce 1462. 11 °C, temps brumeux, précipitation :0, humidité : 86%, vent : 0]

Cher journal,

"Le Jardin des Délice" a fait sa première escale en Océan Atlantique, dans la lagune d' Aveiro, au Portugal.

Aveiro est une petite cité portuaire qui se développe remarquablement grâce à la pêche à la morue, bacalhau comme disent les portugais, un poisson moche et populaire très apprécié par les habitants et qui est à la base de nombreux mets délicats, je cite : la morue séchée, la morue salée, la morue salée et séchée, la morue à la portugaise, la soupe de morue, le foie gras de morue, la morue au porto, la morue panée, la morue frite, la morue à la vapeur, la blanquette de morue, le mille-morues, sans oublier l'huile de foie de morue et la morue a l'huile de foie de morue.

J'ai voulu moi-même manger de la morue et il faut savoir qu'on peut en trouver dans de nombreux bouges au port où règnent une obscurité quasi totale, mais également une atmosphère irrespirable, beaucoup de bruit et si possible un point d'alcool, où le pauvre marin débarqué peut se désaltérer à satiété. Je ne saurais trop t’avertir cependant, ami voyageur, si un jour tu passes à Aveiro, de la qualité médiocre de certaines morues et du prix exorbitant pratiqué. Méfies toi particulièrement des morues qui au premier coup d'œil sont appétissantes : généralement, elles portent des vêtements de couleurs vives (voir ne portent presque pas de tissus) et se postent au bord du point d'alcool, avec un œil de requin, prête à bondir sur la moindre proie sans défense(1). J'ai voulu goûter à l'une d'entre elle qu'était maigre comme un stockfisch, mais tu parles si c'était salé ! Il m'a fallu arroser tout le temps ! Paraît même qu'il y en a qui sont poivrées. Et si tu te plains, on te sert deux trois gros maquereaux avec l’addition. Ainsi, si tu es désargenté, mieux vaut se rabattre sur un bocal de roll mops d'occasion.

Le lendemain, nous avons pris la direction de Porto, grosse citée du nord, ville pentue, qui n'est pas sans me rappeler Lausanne-les-Ruines par sa topographie, et de l'illustre Henri Le Navigateur(2) qui poussa les caravelles à explorer l’Afrique. D’ailleurs, quelques habitans en furent rapportés et, curiosité locale, il n’était pas rare de rencontrer des serviteurs couleur ébène dans la ville(3). Henri fonda une institution pour navigateurs vers 1420, qui devint un véritable centre de documentation cartographique et nautique. Il imposa l'usage de la boussole, de l'astrolabe, "le preneur d'étoiles", et des portulans(4). Enfin, Henri était "l'inventeur de nouveaux mondes qu'il n'abordait pas mais vers lesquels voguait sa tête, farcie d'absolu et de rêves d'or(5)"

Et c’est justement des rêves d’or, d’encens et d’épices plein la tête, le regard porté vers la ligne d’horizon, que je me retrouvais à nouveau sur les quais du port d’Aveiro, au retour de notre expédition sur Porto, chargé de quelques fûts mais également de notes, car j'ai également profité de ce séjour dans "la Capital do Norte" pour me perfectionner dans les sciences de la navigation à l’Ecole d'Henri le Navigateur et découvrir quelques mirifiques manuscrits et portulans, ainsi que des cartes des vents et des courants.

Ainsi, peu avant l’embarquement, exploitant mes découvertes, je terminais d'ébaucher une carte agrémentée d'annotations sur un morceau de vélin, un tonneau me servant de pupitre, lorsque soudain je fus interrompu.


- Cosa stai disegnando? (Tu dessines quoi ?)

Absorbé par mes tracés, je n'avais pas vu dans mon dos le jeune garçon d’une dizaine d’années, s'apprêtant à manger nonchalamment un œuf dur et qui s’exprimait en italien. Probablement un mousse qui avait été recruté sur une nave marchande cabotant le long des côtes comme on en voyait souvent en Méditerranée, je m'étais dit .

-Je dessine une carte. M’empressai-je de répondre dans un italien rudimentaire, afin de chasser le jeune enquiquineur.
- Une carte de quoi ?
- Une carte maritime. lançai-je à nouveau sèchement.
- T’es cartographe ?
Devant l’insistance du jeune garçon, j'abdiquais. Vous connaissez les mioches, quand ils veulent pas vous lâcher avec 250 questions à la minute.
- Non, j’étudie un parcours.
- Pour aller où ?
- A la lointaine Cathay
- Où ?
- Aux Indes.
- Je connais.
- Ah bon ? T’es déjà allé ? Je scrutais le visage de mon interlocuteur haut comme trois pommes d'un air incrédule.
- Non, j’ai entendu parler. Il faut passer par la mer des Avérroïstes, (6) dit-il d 'un ton hautain.
- Pas forcément. Il y a un trajet plus direct. Annonçai-je crânement.
- Ah bon ?
- On peut rejoindre le Levant par le Ponant.
- Et ben moi, quand j’ai demandé à mon capitaine ce qu’il y avait à l’Ouest, il m’a répondu qu’on se cognait contre le ciel. Mon Capitaine, il dit que la terre est plate, entourée d'océans et fermée par une coupole.
- Balivernes ! Il est de notoriété que la terre n’est pas plate, mais ronde. Ceux qui disent le contraire sont des mystificateurs ! J’affirme qu’on peut rejoindre les Indes par l’Ouest. Ecoute ça : D’après les travaux de Petrus de Alliaco(7), l’extrémité orientale du continent asiatique serait proche des îles Canaries, tu vois ? Et il se trouve des géographes qui estiment très probable l'existence d'îles nombreuses, voire de terres plus vastes plus loin à l'ouest dans la mer océane.

Le jeune garçon fit une tête dubitative. Emporté par ma théorie, je poursuivais.

- Tiens regarde ma carte ! Je suis en train d’étudier un parcours direct en traversant l’Atlantique. Encore mieux que les portugais qui tentent de contourner par l’Afrique ! Pour pouvoir faire l’aller-retour, il suffit de faire un aller très au sud à partir des Canaries pour profiter des vents alizés soufflant de l'est, puis le retour se ferait plus au nord, en direction des Açores, afin de bénéficier des grands vents d'ouest qui nous ramèneraient en Europe.

- C’est si simple que ça ? Soudain ses yeux s'illuminèrent.
- Suffisait d’y penser. Hi ! Hi ! On pense parfois qu'une chose est ardue, voir impossible, alors qu'il suffit d'être ingénieux. Regarde, essayes de faire tenir debout ton œuf dur.

Je montrais du doigt l'oeuf que tenait toujours le gamin en guise de déjeuner. Le matelot affichant une mine à la fois curieuse et circonspecte s’exécuta et malgré plusieurs tentatives ne parvint pas à réussir. Je pris l’œuf, puis j'écrasai simplement l'extrémité de celui-ci sur le tonneau et m'écriai aussitôt :

- Il suffisait d'y penser ! Hi ! hi !
Le garçon bluffé interrogea à nouveau.
- Et tu vas essayer de trouver la Cathay ? Pour de vrai ?
- J’aimerais bien. Mais il faudrait encore que je finisse mes études de navigation, que je fasse armer deux, trois navires et surtout que je trouve des financements pour ma quête. Me faut beaucoup de jetons. C’est que ça coûte un bras d’aller vers l’Aëlique !

- L’Aëlique ?

- Oui, j’imagine que si un jour je découvre une terre nouvelle, on la baptisera peut-être avec mon nom. Et on y fondera la Nouvelle-Genève ! Il me plaît d'imaginer là-bas, une terre d'Asyle, un Refuge pour tous les réformés de l'Empire, de France et de Navarre.
- Moi aussi je veux découvrir de nouvelles terres et qu’elles portent mon nom !
- Ah ! Ah ! Et comment t’appelles tu minot ?
- Cristoforo Colombo*
- Colombo ? Hum… Ça fera jamais recette un nom pareil…

- Aëlig ! Magne-toi le cul ! Qu'est ce que tu fous ! T'es le dernier ! On appareille maintenant !

Hurla soudain le Capitaine depuis le bastingage

Puis tu me feras nettoyer les cales, c’est une vraie infection en bas ! Même mes cafards ni vont plus !

- Tu vois petit, comme je te disais, c’est pas demain que je découvrirai l’Aëlique, dis-je en haussant les épaules et lâchant un soupir. Et si tu veux savoir : tout ceci n’est qu’une chimère, un passe-temps, un dada. Tu vois, je finirai probablement comme second d’un navire marchand qui fera du cabotage jusqu’à Istanbul avec un peu de chance...

Je pris congé du jeune Cristoforo après l’avoir salué puis traversais l'embarcadère sans me retourner.

-Voilà, voilà, j'arrive patron...

Une fois le désamarrage terminé et l'ancre levée, je m'étais soudain aperçu que j'avais oublié ma carte et mes notes sur le tonneau. Je me précipitai alors au bastingage. Mais sur le quai, la carte et le jeune Colomb avaient disparu.

-'tain de Génois ! Sont sans gênes...(9)

1) Morue : en argot prostituée.
2) Henri le Navigateur, prince de Portugal, né en 1394, mort en 1460. Considéré comme l'une des figures du début de l'expansion coloniale européenne. Il n'a jamais navigué.
3) En 1443, des explorateurs ramenèrent les premiers esclaves africains au Portugal.
4) Cartes côtière très précises
5) Pas de moi.
6) Mer des Musulmans : Mer Rouge.
7) Pierre d'Ailly (1351-1420) cardinal français influent, auteur universitaire prolixe.
8 ) Christophe Colomb (1451-1506) prétend dans une de ses lettres qu'il fût matelot à l'âge de 10 ans.
9) En référence à la ville de naissance de Colomb. Il serait ici fastidieux d’énumérer les contentieux entre Genève et Gênes depuis la dernière guerre contre l'Empire


Edit : Corrections
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Aelig
[ 9 heures 28 minutes et 11 secondes plus tard.
N'oublions pas que le narrateur est suisse, pays de la précision horlogère.]


"Moi aussi je veux une jolie carte dessinée de ta main. Porqué ? Yé souis la Santa Maria. Je porterai le nom d'un bateau un jour."

Dit Maria à Aëlig en vis-à-vis, dans l'intimité d'une étroite cabine alcôve du gaillard arrière, tandis qu'elle essayait une nouvelle robe "Apparat", achetée sur le marché de Porto, qui lui donnait un air de Maja* s'apprêtant à danser, à grand renfort de castagnettes et de coups de reins, un voluptueux fandango.**

Et là, notre Aëlig, fou de désir, les yeux qui lui sortent de la tête, craqua complètement :

-Ventredieu ! Cette robe...Elle te va tellement bien !

On peut toucher ?


*Maja : Femme qui, dans l’Espagne de la seconde moitié du XVIIIe siècle, s’habille simplement, comme une femme du peuple.
** Le fandango est un style musical et une danse traditionnelle espagnole de couple, d'origine andalouse.

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Maria_paz
Bas les pattes !

Et comme on dit à G’nève,

Y’a paaas l’feu au laaac !

Elle avait un joli poisson sur le gril, aux mains pleines d’envie ce qui la ravissait. Il était beau, il était fort et sentait bon le sable chaud. Enfin presque car après plusieurs jours de navigation il fallait être astucieux.

« A l’intérieur du corps humain, la pesanteur n’existe pas »

A l’extérieur non plus visiblement.


Et puis je n’ai pas terminé mes exercices.

Les paires de castagnettes dans chaque main, pendues comme des coucougnettes, reprirent leurs claquements rythmés dans une ronde auréolant le visage de son hidalgo. Il n’y avait pas qu’elles qui cassaient les oreilles. Elle commença à chanter comme si elle venait de perdre son père, d'une voix rauque et plaintive. Puis le volume monta crescendo et on aurait dit qu’elle accouchait d'une tempête. Dans ses évolutions et volutes de dentelles, ondulations et cambrures soutenaient un regard provocateur voué à nourrir la flamme.
Le plancher chauffait, souffrait et grinçait des dents sous les coups de talon.

La cadence ralentit, la mélodie se ponctua de soupirs. Le silence s’installa brutalement. La danseuse pivota dans un dernier claquement, le bras aérien et les doigts en éventail.


Déshabillez-moi mi amor !

Puis miaula.

Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite
Sachez me convoiter, me désirer, me captiver

Et d'abord, le regard
Tout le temps du prélude
Ne doit pas être rude, ni hagard
Dévorez-moi des yeux
Mais avec retenue
Pour que je m'habitue, peu à peu...


Sachez m'hypnotiser, m'envelopper, me capturer
Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Avec délicatesse, en souplesse, et doigté
Choisissez bien les mots
Dirigez bien vos gestes
Ni trop lents, ni trop lestes, sur ma peau
Voilà, ça y est, je suis
Frémissante et offerte
De votre main experte, allez-y...

Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Maintenant tout de suite, allez vite
Sachez me posséder, me consommer, me consumer
Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Conduisez-vous en homme
Soyez l'homme... Agissez!
Déshabillez-moi, déshabillez-moi



Et vous... déshabillez-vous!
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Madeline
Le monde dans lequel nous évoluons est fait d'idées.
Deux grandes catégories s'opposent : La bonne idée et la mauvaise idée.
Au milieu de cette mer d'idées, nous naviguons et certains mêmes rament comme des malades à vouloir coûte que coûte avancer à coups de mauvaises idées.
Mais à chacun sa merde après tout, l'idée n'est pas là... mais creusons-la tout de même.
Au delà du conflit d'idées évoqué ci-dessus, il est une troisième catégorie, sournoise et omniprésente : l'idée fausse.

Prenons un exemple au hasard : Genève !

Avez-vous déjà listé toutes les fausses idées qui circulent à son sujet ?
Madeline l'a fait pour vous... du moins quelques unes :

Fausse idée numéro 1 : Les Genevois sont plein d'écus.
Faux !
Démonstration : Si nous partons d'une masse moyenne de 10 grains pour un écu d'or, cela voudrait dire qu'un riche Genevois possédant 100 000 écus en moyenne se trimbalerait avec une masse d'un million de grains sur lui, soit environ 110 livres, ou pour ceux dont les mesures perturbent, l'équivalent d'une donzelle adulte qu'on n'a jamais oubliée de nourrir.
Idée donc fausse : Les Genevois ne sont pas plein d'écus, ils ne sont juste pas cons et ont des coffres  chez Tatie !

Fausse idée numéro 2 : Les Genevois sont lents.
Faux !
Démonstration : Cette idée de lenteur au sens péjoratif, synonyme de mollesse, trouve son origine dans la vache mauve, véritable emblème genevois. Là où l'étranger aux alpages n'y voit qu'une pisseuse chronique de lait, les Genevois eux, s'en inspirent à l'instar de quelques philosophes immortels et entre deux génépis se disent que «  Si nous ne devenons pas semblables aux vaches, nous n’entrerons pas au royaume des cieux. Il y a une chose que nous devons apprendre d’elles, ruminer »*. La pensée passe donc par la panse et la rumination mène à la sagesse, long chemin qui, s'il est lentement, sereinement et calmement parcouru mène au Jardin des Délices.

Idée donc fausse : Les Genevois ne sont pas lents, ils vont vers la lumière.

Fausse idée numéro 3 : Les Genevois ne savent que chanter le yodel et jouer du cor des Alpes.
Faux !
Démonstration :...

Accrochée à la barre, Madeline ferme les yeux. Voilà une heure qu'elle a droit aux « Yaaaaaaaaaaaallllallalallalalaa mama mama mama.... » de Maria qui chante pour son Aëlig qui rumine extraordinairement bien pour supporter ça au quotidien.

Accrochée à la barre, la Madgnifique a peur de craquer entre les fritures à répétition et les répétitions vocales. Elle a beau penser « mauve », penser « vache mauve » et même ruminer quelques pâquerettes, il arrive un moment où, lentement mais sûrement, la patience commence à faire défaut.

Alors elle imagine la Maria dans la montagne, au milieu des vaches. Elle imagine un beau concert de cors des Alpes et là... ça va mieux.

Idée donc fausse : Les Genevois ne savent pas que chanter le yodel et jouer du cor des Alpes, ils chantent tout et tout le temps rien que pour vous faire chier !


* Extrait de « Ainsi parlait Zarathoustra » de Friedrich Nietzsche
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