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[RP Ouvert] Cailles & mari nés - projet X Y

Cerdanne
Le regard bleu n’avait cessé de suivre la silhouette brune et c’est avec un petit claquement de langue satisfait qu’elle regarda le Maître reprendre sa place.

Plus faim…Mais soif…

Sa soif devenait impérieuse et son regard glissa sur les flacons qui trainaient un peu partout sur les tables…
Sa main s’avança, hésitante avant de renoncer à saisir un breuvage plutôt qu’un autre.
Trop de choix tue le choix c’est bien connu et la précipitation n’engendre hélas que des déceptions.

La Provençale a soif, mais elle n’a pas l’intention non plus de perdre pied sitôt arrivée.
Elle se connait, si le vin lui plait, d’une longue rasade, elle videra un flacon. Et un flacon en entraine toujours un autre.
Son estomac grogne encore mais elle le sait bien, elle réfléchit mieux le ventre vide.

Elle se contentera donc de tremper poliment ses lèvres dans ce verre… là…qui traine et qui s’ennuie sur cette nappe trop blanche.
Le regard, mobile revient fréquemment vers la petite fleur d’Anjou qui … -Froncement de sourcils- semble avoir maille à partie avec un éleveur de Canard.
Les pupilles fixent l’homme un long moment avant de se tourner vers le responsable de sa venue ici. Ici en Alençon.

Petite gorgée de vin avant de se décider à franchir les derniers pas qui la sépare de la grande tablée.
Petits saluts de tête, sourires fugaces et la brune avance, avance encore…
Cherche un bout de chaise et s’immisce sans vergogne entre les soies colorées mais si encombrantes.

Verre plein tendu en guise de salut vers son ex pourvoyeur de folies douces et furieuses, elle retient les mots entres ses lèvres.
Scellées sur un sourire énigmatique, son regard danse et semble tracer des lignes joyeuses qui plongent toutes vers les pupilles si noires de son ami Judas
.
- Viendra, viendra pas…Viendra…La danse s’éternise, silencieuse.

Merci pour cette invitation que je n’attendais plus, Judas.

Il faut bien savoir donner le change pour le vaste monde qui nous entoure. Un peu d’éducation ne nuit pas.

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Rosalinde
Du vin, du vin et du vin. Elle les goûte tous, mais juste un peu. Élire son préféré, et ne pas s'en défaire de toutes les festivités, voilà un travail de longue haleine qui méritait toute son attention. Et puis de la viande. Voilà qui tombait à pic, elle commençait à crever la dalle. Cuisse de poulet dans une main, verre de Montrecul dans l'autre, elle profitait des festivités dans un coin de la salle, observant l'un et l'autre, tranquille.

Enfin, tranquille, c'était vite dit. Parce que du coup, son regard était irrémédiablement attiré vers la porte, et là, qui voit-elle arriver ? Et bien son invité, le comte du Limousin (rien que cela !), vers qui elle s'avance, dans le dos. Et il crie, il l'appelle. Puis marmonne. Du coup, elle éclate de rire.


- Me faire quoi, dites donc ?

Et puis de lui tendre sa coupe presque vide, tout en mordant encore un bon coup dans son poulet.

- Venez que je vous présente à Judas.

Et hop, elle lui prend le bras, et l'entraîne.
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Pour de vrai !
Anaon

    En retard.

    Elle est en retard. Peut-être pas autant qu'elle aurait pu. Sans doute plus qu'elle ne le croit. Juchée sur sa monture qu'elle laisse aller d'un pas nonchalant, les mains trop occupées à natter la longue mèche qui lui pend sur l'épaule pour songer à tenir les rênes. La mercenaire ne se presse pas pour faire bonne figure. L'Anaon en retard ? Jamais. Jamais quand il s'agit de travail ou d'évènements importants, on ne plaisante pas avec l'heure et la réputation. Mais quand il est question de réjouissances, y'a plus personne...

    Les murs du domaine apparaissent avec ses quelques fiacres encore postés devant ses remparts, effigies du beau monde pour lesquelles la cavalière ne prête pas plus de curiosité. Dans la cour, elle sent déjà une agitation en sourdine se rendre jusqu'à l'extérieur. Faut croire que çà n'a pas attendu pour faire grimper les festivités. Un pied qui rejoint l'autre au sol, et la balafrée n'accorde au palefrenier que le loisir de l'accompagner jusqu'à l'écurie. Quitte à être à la bourre, autant ne pas faire la fine bouche sur une grappe de minutes supplémentaires. On dira élégamment qu'elle sait se faire désirer. Elle vous répondra avec franchise qu'il en a été tout autrement.

    C'est qu'elle avait longuement réfléchi, en froissant le bout de papier dans tous les sens. L'Anaon n'est pas une bête affable, l'Anaon n'est pas une franche camarade de beuverie – si Alphonse témoigne du contraire, prenez l'aveu comme une exception – et de plus, l'Anaon n'a pas non plus l'alcool joyeux – si Fitz veut briser ce mythe, l'Anaon ruinera son image de chaste et sobre ecclésiastique -. Ses soirées à elle, quand elles s'habillent de sociabilité, se passent bien souvent dans une taverne entourée d'anonymes, dans un coin isolé, à boire en solitaire tout en observant ses congénères. Des silences pour parier avec elle et elle-même sur qui sera le premier à se rependre sur le plancher, puis des heures à les passer au crible de la critique quand les verres commenceront à s'empiler. Parler et faire connaissance sont bien loin d'être sa prime préoccupation. Voilà une raison pour laquelle l'Anaon avait boudé l'invitation dès sa réception... Et bien évidemment, ce n'est pas la seule.

    Le principal argument justifiant ses réticences et expliquant pourtant le pourquoi de son acceptation, n'est autre que Judas. Satisfaire l'invitation du Von Frayner, c'était s'assurer de se retrouver avec des connaissances, présences vaguement croisées, autres choses à deux pattes, appréciées ou pas. Et l'Anaon redoutait par-dessus tout de se retrouver entourée de cette plâtrée de têtes, qui lui avaient scié les nerfs jusqu'à la moelle, à une époque pas si lointaine pour elle : l'Anjou. Faut dire que la balafrée n'a pas de bol, à chaque fois qu'elle ose des sorties en taverne quand le Judas est dans le village, on peut être sûr que çà va tourner au vinaigre. A croire que sa liaison adultère avec le seigneur est gravée sur front. Imaginez donc, trois jours de ripailles. C'est prendre le risque de lui flinguer définitivement la santé mentale. Alors la balafrée avait songé ne venir que le deuxième jours... Et puis elle a ardemment désiré ne passer que le troisième. Mais c'est qu'une bête comme Judas, ça s'entoure de femmes, forcément, et débarquer après trois jours à picoler au milieu de donzelles, c'était bien trop dangereux. Elle risquerait de le retrouver dans un entrelacs fort déplaisant pour elle. Alors dans un immense acte de charité envers les tapisseries Judéennes, l'Anaon avait décidé de leur épargner le risque d'une recoloration au rouge cardinale indélébile, et avait donc décidé d'arriver le premier jour. Pas trop tôt, mais pas trop tard non plus.

    Une main se lève pour flatter l'encolure de l'ibérique parfaitement étrillé. Maintenant qu'elle a fini de prendre soin de sa monture, elle n'a plus d'excuse pour grappiller du temps. Et oui l'ami, il est maintenant l'heure d'aller faire bombance ! Ah Ah ! Les lèvres s'étirent en un mince sourire qui lui claque une brutale douleur au creux du crâne. Les mâchoires se scellent et sa main se porte vivement sur sa joue. Damned !

    Les doigts frôlent les points de sutures qui lui font à nouveau une dentelle de fil au coin d'une lèvre. Décoration toute fraîche en souvenir de Paris. Ça aussi, c'est une parfaite raison pour ne pas sortir de chez-soi. La main abandonne la blessure, vérifiant tout de même qu'aucun sang n'est venu empoissé ses doigts.

    Et à la mercenaire de quitter enfin l'écurie en pestant sur tous les dieux, pour rejoindre le banquet. En traînant des pattes...

    P'tain c'est dur la vie.

    Mais Diable ! Sait-elle faire simplement la fête c'te bonne femme ? Son nez se baisse sur ses cuisses. Les doigts pincent un brin de paille resté accroché à ses braies aux larges rayures noires et grenats. La ramille est portée devant ses yeux. La fête ? Ouai. Mais çà, c'était avant. Le brin est jeté par-dessus l'épaule, et l'Anaon pénètre enfin dans la boîte de Pandore.

    Arrivée devant la salle de réception, la re-balafrée reste un instant figée dans l'embrasure, avant de s'écarter contre le chambranle pour laisser le champ libre à une flopée de serviteur. Alors, y'a déjà du monde... Et la sicaire trouve cela largement appréciable, car elle est assurée de ne pas trop se faire remarquer. Mais plus que l'abondance de gens, c'est l'abondance tout court qui la gèle dans une moue dubitative. Y'en a de partout ! Du manger, du boire, des bougies, des gens, de la musique, du bruit. Dieux c'est faste, y'a pas à dire, mais quelque chose... "d'intense" dans l'ambiance sent déjà la fin de soirée bien arrosée. Et en parlant de sentir, une narine du cabot-humain se crispe dans un tic de contrariété. Les azurites se posent mollement sur un tapis où une tâche plus sombre semble attester du désir que l'on a eu d'effacer à grande eau une... une bénédiction incongrue. Pas suffisamment effacée au vu de l'arrivée affolée d'une domestique, armée de seau et serpillère, qui s'empresse de récupérer les petits bouts restants.

    ... Sans... déconner...

    On est bien le premier jour ? Début de soirée ? Elle s'est plantée et est bel et bien débarquée au deuxième carat des festivités ? Sont déjà tous beurrés ? L'œil se pose sur d'autres petites mains qui astiquent le sol ailleurs. Elle a peur. Oui. La mercenaire a peur, parce que parti ainsi, à la fin du séjour, il va falloir une barque pour naviguer sur les rejets stomacaux et... autres cadavres. Quelque peu désarçonnée par la tournure rapide des évènements, la sicaire relève un visage sceptique sur la foule avant d'attraper par le col un gamin qui lui passe sous le nez avec un pichet à la main. L'échanson modèle "petite-noblesse" est tiré en arrière, suffisamment pour constater le récipient rempli, et de s'en emparer en renvoyant le jeunot décontenancé vers les fûts d'une bonne claque dans le dos. Ça sent l'Epique tout çà...

    Le pichet est porté aux lèvres couturées qu'elle ouvre d'un interstice minimale. Et sans quitter son chambranle, la mercenaire entame patiemment la dissection de la foule. Histoire de palper réellement l'ambiance où elle a foutu les deux pieds.

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    | © Image Avatar : Eve Ventrue | © Image Signature : Cristina Otero | Anaon se prononce "Anaonne" |
L_aconit
- Mais je t'en prie, Cerdanne.

En insistant un peu sur ce dernier nom, comme elle a su insister sur le sien. Etrange sensation que de prononcer un prénom qui n'a pas franchit les lèvres depuis longtemps. Un peu comme déterrer des cadavres, ou soulever des nuages de poussières en courant sur un vieux chemin que l'on avait laissé aux oubliettes de son esprit. Judas se remet à boire, ouvertement, et sans manières. Puisqu'il est chez lui et que tout le monde a su prendre ses marques, puisque personne ne mourra de faim sauf peut-être lui, d'une faim particulière, Courceriers avale une rivière de vin et essuie le coin de ses lèvres proprement... D'un revers de manche. On peut craindre pour son mobilier mais jamais pour ses chemises, des petites mains blanches savent toujours les remplacer. Il détaille les plats qui arrivent comme un semblant de second service puis accorde à la nébuleuse Provençale un semblant d'attention. Semblant seulement car...

    Lorsqu'elle s'approche de lui, lui la revoit en Anjou autour d'une table de jeu, le cheveux ruisselant.

    Lorsqu'elle le remercie, lui revoit la haine qui suinte de ses yeux le soir où il pose l'enfant pour la première fois contre son torse.

    Lorsqu'il lui porte de l'attention, elle lui rappelle qu'il en manque. Malgré tout.


Cerdanne navigue dans le coeur de Judas entre deux eaux. D'un geste moins vif que la première fois, il encourage la fourmilière à charger sur le pain blanc et les fromages. Roquefort, Brie, Comté, Beaufort s'étalent sur des pains aux épices, d'autres saupoudrés d'anis... Il sacrifie d'ailleurs une boule à la mie tendre pour la tremper dans une sauce au verjus, rare offrande faite à son estomac ce soir. Les yeux vont de Cerdanne aux "hôtes", observant leurs appétits et leurs jeux, les affinités déjà présentes et celles plus inattendues qui se forment. Les clans. Les femmes. Elles lui rappellent soudain la raison de ces ripailles. D'un mouvement ample, il se redresse, demande le silence momentané de tout ce petit monde d'un ferme tintement de hanap. Le vin aidant, Judas ne se sent que plus avare de ... Discrétion. Et sa voix rauque devient plus éraillée que d'ordinaire, haussement de ton oblige.


- Mes Dames, mes sieurs ... Votre attention s'il vous plait.


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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Sabaude
Haut perché Courceriers! Vous avez là voix de donzelle qu'on entend à peine.

Un Judas qui a bu peut-il tenir debout sur un tabouret sans tomber? Là est la question que le Renard se pose. Voir son hôte vaciller d'un pied sur l'autre et peut-être se retrouver cul à terre, quatre fers en l'air n'est pas pour lui déplaire.

Le petit meuble de bois est repéré dans la vaste salle et déposé narquoisement devant le Maître des lieux.

Von Frayner! Hissez vous donc en société.

Sur un fin rire il s'en retourne et s'insinue au coté de Cali.

Belle bergère me voilà bien aise de vous trouver ici. Sachez que ce soir vous avez troqué vos moutons pour quelques animaux bien plus dangereux.
Mais dites moi, je suis curieux, où avez-vous donc fait la connaissance de notre énergumène aviné?

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Elvy_lee
Oui, répond Judas sans conviction aucune, et Elvy, hilare, se retourne vers June.

Ah tu vois bien !!!

Tandis que l'homme continue son chemin, elle sursaute en l'entendant énoncer d’une voix à peine audible, comme une évidence :

... Profitez de la première nuit.

Parce qu'il allait y en avoir d'autres ?
Les tapis sont couverts de vomissure, les parquets sont esquintés. On se gave de cuisses dodues et dorées tantôt dans son assiette tantôt dans celle des autres, on boit du vin goulument et on s’essuie les doigts aux nappes naguère immaculées. Tout le monde semble déjà repu. Dans le chaos ambiant, sont jetés des restes de nourriture. Ça gesticule et ça braille. La fête bat son plein, on pourrait même la croire sur le déclin et on n’en serait qu’au début ?

Le Courceriers perd un équilibre qu’il reprend aussitôt, s’insinue dans la foule, se fraie un chemin jusqu’à son poste d’observation. Perché en son fauteuil, il voit tout, honore les plats qu’on lui présente qu’il renvoie vers ses convives d’un bref signe de tête.
C’est bien ainsi qu’elle se représente un festin chez les nobles. A manger à n’en plus pouvoir, à boire jusqu’à plus soif. Comme chez les gueux quoi ! Sauf qu’ici on vous surveille du coin de l’œil, l’air de dire :
t’as vu comment il elle bouffe celle-là ? comment elle est attifée ? d’où il sort l’autre là-bas ? Bon soyons « honnête », dans son monde à elle, on n’aime pas non plus l’étranger qui s’invite à la fête en faisant comme chez lui. Il est naturel qu’on se méfie les uns des autres : on dirait deux clans qui s’observent avant de porter les coups.

Elvy se saisit d’un morceau de paon qu’elle porte à sa bouche. Elle n’en a jamais mangé. Une nouveauté, une découverte. L’animal est fiché sur un bout de bois qui le fait tenir droit, les plumes sont dressées autour de lui en éventail et maintenues par une armature invisible. Elle se demande comment on a pu le débarrasser de son plumage sans abimer la peau. Le plat est garni de persil et de fleurs de bourrache. Elle est déçue, la viande est un peu sèche. Heureusement qu’elle est farcie de foies, de lard gras et d’épices.

Donnez-moi à boire, crie le maitre de maison d’une voix légèrement fêlée. Elvy avise un gamin qui passe à sa portée, un pichet à la main et s’en empare. Elle hume le parfum délicat et se sert quelques verres qu’elle range soigneusement, en pousse un vers le maitre des lieux.

Les Corleone se sont éloignés. June s’est détourné ailleurs. Autour d’elle, on hoche la tête, on arbore un rire franc ou un sourire timide. Certains ont l’air mal à l’aise, d’autres en proie à des émotions diverses. L’homme qui promène un canard le prend dans ses bras et le place dans les bras d’une femme. Elle en serait presque jalouse, l’Hydreuse. Une femme pose un chat sur la table, lui offre une coupelle d’eau et lui tend des morceaux de viande.

La musique envahit l’espace et les mouvements se font plus fluides. L’ivresse gagne et la voix du Seigneur est sur le point de se briser.


Mes dames, mes sieurs ... Votre attention s'il vous plait.

Elvy, ravie, se tourne vers son voisin de droite.

Il va nous conter histoire, lui glisse-t-elle à l’oreille tandis qu’elle s’installe confortablement, cuisse dans une main, coupe dans l’autre.

J’adore les histoires…
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Gade
Grillé. Il ne l’avait pas vu arriver dans son dos, et la première réaction qu’il eut face à sa réponse, c’est un grognement. Comment avait-elle pu se glisser jusqu’à lui aussi discrètement, hm ? Il se tourne vers elle et lui adresse un regard malicieux, se penchant doucement pour lui murmurer à l’oreille.

    Vous faire d’horribles choses. Nous y reviendrons, une autre fois.

Net et sans appel, voilà ce serait la seule réponse qu’elle aurait. Et il souhaitait par ce genre de réponse faire travailler intensément l’imagination qu’il savait prolifique.
D’une main, il prit la coupe pour en boire une rasade ; de l’autre il déroba la cuisse à moitié mâchouillée pour l’entamer un peu plus, y plantant ses crocs.


    Moué, pas mauvais. Et pour les présentations, on va p’têtre attendre un peu, non ? C’est qu’il braille et qu’il est le centre d’attention … Je ne voudrais pas qu'il soit forcé de partager l'affiche. Et surtout il y a des gens que j’aimerais éviter …

Et sur ces mots, son regard trouvait la danoise. Le mort-vivant comme il l’avait appelé lorsqu’ils s’étaient croisés. La rencontre avait été divertissante d’ailleurs, la balafré mal-aimable n’avait pas échappé aux provocations du grogneur et elle le lui avait bien rendu.

    Bon, il a des prédispositions aux discours, votre ami … ? Et ce n’est pas un politique ? Étonnant, il a raté sa vocation.

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L_aconit
Judas pousse d'un pied le marchepied présenté, si ce Diable de Moulicent savait sur quoi il l'avait hissé la dernière fois, et ce qui s'étendait sur la tablée où il posait le coude, guilleret, comptant fleurette à la Poitevine... Un fin sourire se découpa sur son faciès racé. Le Duc savait ouvrir les hostilités... Et Judas d'y répondre, soudain bien plus inspiré.

- Je n'aurai qu'une chose à vous dire, vous qui êtes venu ici ripailler... Sachez que ces festivités ont été organisées en l'honneur de Sabaude Renard, ce cher duc au Canard. Je vous prie donc de le célébrer, tout comme je le fais. Car ni de le voir accroupi mon carrosse astiquer, ni de l'entendre bêler entre les cuisses d'une femme qui n'est pas la sienne n'ont su le départir de mon amitié. Levez haut votre verre et acclamez-le, il est mauvais à la chasse et aux jeux mais il sait mieux que quiconque porter l'habit de soubrette, pour honorer sa parole d'ami! AMEN!


Sur quoi il trinqua avec la première coupe levée à sa portée, et but, l'oeil rieur et presque pas mauvais. Au final, dans tout cela, il y avait bien un fond de vérité.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Cali
Absorbée par la contemplation des plats qui se suivaient et ne se ressemblaient pas, la Thouarsaise mit un temps à comprendre que la jeune fille au chemisier gris à ses côtés s'adressait à elle. A sa question sur la durée des festivités gustatives et autres elle lui répondit:

- Trois jours durant si j'ai bien compris.

Le chemisier gris souris s'échappa de sa vue, le temps pour Cali de voir réapparaître la silhouette de Cerdanne à qui elle adressa un petit signe amicale du bout de sa fourchette. Si la chair du Paon lui avait parut si délicieuse c'est que dans la profusion des plats c'est au faisan qu'elle avait fait sa fête. Goûter à un met si rare que le Paon était une occasion qu'elle ne pouvait laisser passer, surtout en sachant l'aura mythique qui l'entourait. Mais à la première bouchée elle fut bien étonnée de trouver sa chair un peu coriace. Longuement elle mâchouilla le petit morceau et déglutit pour l'ingérer, juste à temps avant de sursauter pour la deuxième fois à la voix de Judas qui s'élevait à nouveau, faisant vibrer la surface écarlate du vin dans son hanap.

A celle de leur hôte demandant l'attention des convives se succéda la voix tonitruante et taquine de Sabaude, sous le regard amusé de Cali qui le vit prendre ensuite place à ses côtés.


- Belle bergère me voilà bien aise de vous trouver ici. Sachez que ce soir vous avez troqué vos moutons pour quelques animaux bien plus dangereux.
Mais dites moi, je suis curieux, où avez-vous donc fait la connaissance de notre énergumène aviné?


Cali sourit d'autant plus à son vis à vis que sa bouche n'avait plus à mâcher ce qu'elle y avait précédemment englouti.

- Ola Maître Renard! Plaisir partagé que de vous retrouver à cette tablée.
Je vois que vous avez faussé compagnie à votre chaperon perruqué.

Elle avait bien entendu regardé à ses pieds s'il était toujours accompagné par le drôle de palmipède. Puis sur un ton amusé de lui répondre en pointant un doigt accusateur sur le plat devant eux.

- Si en terme de dangerosité vous faites allusion à ce Paon, qui bien que de s’être époumoné à faire la roue ou le dindon s’est quand même retrouvé déplumé et affublé d’oeufs dans son croupion, je saurais prendre garde de ne pas me retrouver en telle situation. Quand au sieur Von Frayner, c'est en quelque sorte.... Son regard dévia vers les plats avant de se reporter sur Sabaude.... une histoire de charcuterie. Comme quoi encore une fois elles nous ont réuni. Judas avait fait appel à mes compétences de médecin pour extraire de son épaule une pointe d’acier qui n’aurait pas du s’y trouver.

Elle même allait lui demander à son tour comment les deux hommes s'étaient rencontrés quand Judas capta à nouveau l'attention , délivrant le pourquoi de sa précédente intervention, et regarda son compagnon de table.

- Ah oui? Vous seriez donc l'invité d'honneur? Puis elle rit doucement et leva sa coupe vers lui.
- Judas a répondu d'une façon très éloquente à la question que je me posais sur votre relation complice. A votre santé donc, Sabaude Renard, Duc des canards et Poenix à ses heures.
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Rosalinde
Et oui, le temps qu'elle attrape le bras du comte du Limousin, Judas était devenu plus ou moins indisponible. Prendre la parole devant tout le monde. Elle sourit. Il devait adorer ça, être le centre de toutes les attentions. D'autant que dans son entourage proche gravite encore la femme au mouton. Sauf que cette fois, hors de question qu'elle se laisse avoir. Sabaude ne parviendra pas à lui refiler. D'ailleurs, il roucoulait, le joli-coeur, alors qu'elle, elle ! Elle venait de se faire voler son poulet ET son vin !

- Mon manger !

Elle grogne. Ah oui ? Il croyait que ça se passerait comme ça ?

- Judas aime surtout être le centre de l'attention.

Et voilà qu'il dédiait ce festin au Renard. Lever son verre, impossible, elle n'en avait plus. Alors à la place...

- Préparez-vous, Gade...

Sourire malicieux, et on y va.

- A POIL !

Et elle se marre, comme une baleine. Triade ne pouvait pas être sans ce genre de blagues au goût douteux.
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Pour de vrai !
Sabaude
Apprécier l'instant, vivre le moment présent, tout cela prend son sens en présence de Courceriers, car rien ne vous garantit que la grâce d'un échange, le fil ténu d'une complicité voilée de bienséance, ne seront pas écrasés dans la paume poisseuse de graisse et de vin d'un hôte bien décidé à vous faire rattraper le temps passé à composer une attitude digne, dévouée, vertueuse et autres procédés issus de la bonne morale. Certes les principes sont piétinés depuis quelques temps et sans aide....

Plusieurs possibilités font la ronde dans la caboche au faciès recouvert d'une main, geste de dépit qui ne saurait dissimuler ses traits. La plus violente revient à écraser un plat de pâté sur la face rieuse du seigneur et une fois précipité sur la table à lui enfoncer une cuisse de poulet dans le croupion. Indigne serait telle attitude, la voilà donc reléguée comme simple image illustrative d'une envie certes déplacée mais que l'on pourrait trouver justifiée et pourquoi pas amusante. Une plus modérée mais O combien révélatrice d'une incapacité à accueillir dignement le brocard consisterait à prendre le plus discrètement possible la poudre d'escampette. Totalement indigne de lui, lâche, rejetée ! Feindre l'empoisonnement par mets avariés ou rapidement trouver en la bergère une complice atteinte d'un soudain malaise ? Consternant...
La coupe vient cogner celle de Cali, résigné à faire face à ce portrait peu élogieux mais malheureusement badigeonné de vérités.


Bergère ! Pardonnez que je vous fausse un instant compagnie, il semblerait qu'il reste un dindon à servir, moi-même. J'espère qu'après cela vous saurez encore m'accorder vôtre attention. J'ai aussi des qualités et il n'y a pas que la tenue de soubrette que je porte comme personne.

Sur un clin d'oeil à la jeune femme ce traître de Judas est rejoint avec la nonchalance de celui qui n'a rien à perdre. Cela fait belle lurette que quelqu'un s'est chargé de lui enseigner à sa manière de ne plus faire grand cas de sa fierté.

Farce que voilà von Frayner. Vous avez oublié de préciser que j'ai certainement reçu plus de gifles de dames et donzelles effarouchées ,ou non, que vous qui êtes mon aîné. Mais permettez qu'à telle peinture la vôtre soit offerte en miroir.

Coupe levée, beau joueur, parole est prise.

A cette tablée dont je ne connais pas le tiers des convives , mais quelque chose me dit qu' à grand renfort de spiritueux nous ne tarderons pas à être tous bientôt intimes, je lève mon verre.
Si vous avez répondu présent à l'invitation de nôtre hôte c'est que vous êtes à n'en point douter hommes et femmes d'exception ou bien complètement fous. Les deux ne sont pas incompatibles.


Une gorgée de vin prend le relais avant qu'il ne poursuive, prunelles luisantes.

Je propose de trinquer dès lors à Judas von Frayner. Une chance au jeu horripilante, le verbe haut quand le sexe n'est pas dressé ou le palais empli des vapeurs éthyliques de Montrecul, une capacité à plonger sans complexe regard et vomissure dans le décolleté des femmes de taverne, prompt à faire don de sa personne pour tout projet artistique, un caractère parfois de cochon et des manières parfois de paon, la susceptibilité de la donzelle et l’indifférence du serpent. Nous sommes prévenus, il mord, pique notre intérêt, soulève l'indignation et les jupons, mais au bout du compte nous ne saurions l'envisager autrement. Que cette soirée que vous nous offrez, mon ami, soit à votre image : décadente !

Liquide grenat bu d'un trait et contenant jeté par dessus l'épaule.

Il me semble que la rousse dame de Fouille- Tarte désire nous voir dévêtus.

L'index pointe Rosalinde.

Désignez quelqu'un et proposez un défi, s'il n'y répond, un vêtement est ôté. S'il s'acquitte du gage vous serez mise à contribution sitôt vôtre personne moins... grosse.
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L_aconit
Une Une petite tape sur l'épaule de sabaude, un rire amusé.

- Bien joué Renard. Bien joué.

Après tout, Judas considèrait le Duc comme son poulain. Il s'auto-congratula donc, l'air de rien. Il le laissa parler à la femelle de la Triade, troisième vassale de la paire, et ajouta à l'oreille ducale en douce un:

- Faille-tourte nous a déjà vus dévêtus, mmh. Je ne pense pas que ce soit ça. Sans doute qu'être grosse augmente son besoin d'attirer l'attention... voyez.


Et le dernier mot fût accompagné d'un mouvement de menton vers l'homme qui accompagnait la rousse de près. Judas ne laissa que vaguement paraitre la méfiance qu'un nouveau mâle dans le giron de Rose lui inspirait. Au fond, il était trop entamé pour y réfléchir. Un sourire s'estompa sur son visage pour ne laisser que son ombre, figée sur ses lèvres, les yeux fixés sur la rousse. Les trois vassaux de la Saint Fargeau avaient beaux être amis, la possessivité résistait aux guerres, aux bâtards, aux époux et aux amants. En réponse à l'extrême et délicieuse audace de Rosalinde, il leva de nouveau sa coupe et répondit haut et fort avant une nouvelle rasade:


- Et qu'ils soient roux de préférence!
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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Gade
La cuisse de poulet fut balancée négligemment, la coupe une fois vide passa par-dessus l’épaule comtale. Il sourit doucement à la rousse, se léchant la commissure des lèvres de la pointe de la langue, l’œil malicieux.

    Mon manger. Et y’en a pu. J’ai tout fini.

Un haussement d’épaule aux dires qui suivirent, comme s’il était habitué aux besoins d’attention des uns et des autres. En Limousin, ils avaient une salle d’audience pour exprimer tout leur besoin de reconnaissance, et en général, c’est avec un fin sourire que les recevait Gade. Le fin sourire qui annonçait des propos parfois tranchants, parfois plus doux, mais toujours directs.

    Je lui laisse l’attention volontiers … Vous n’deviez pas aller l’voir ? J’ai quelque chose à faire.

Gade se gratta la barbe, ne comprenant pas ce qu’elle voulait dire par « préparez-vous », enfin il fut vite mis au parfum après le cri … de guerre … de la rouquine et les remarques des deux autres.

    Eh bah allez Rosa, à poil !

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Chimera
....Pourvu qu'elle soit rousse.

    « L'encre des billets doux pâlit vite entre les feuillets des livres de cuisine. »*

- Rappelle-moi, déjà?
- L'orgueil.
- J'en suis encore là?
- On ne se refait pas.
- C'est presque trop facile.
- Ou pas.

L'aubépine met d'elle-même fin au conciliabule des consciences. L'oscillation de la voiture suffit, en vérité. L'Alençon. Qui sait, peut-être au milieu des mille visages eux-mêmes pluriels que Von Frayner aura sollicités trouvera-t-elle... amarres? en quelques minois amis. Cassel d'Ailhaud, l'Altesse des greniers vides aux appels argileux. Quelques uns, pour qui ces sauteries ne seraient pas un jeu des miroirs? La roture a ses douceurs qui dispensent de ce genre de saveurs. Mais oui, évidemment, qu'elle y aspire, simplement pour donner à d'autres l'espace ou danser.

- Je n'aime pas ça.
- Shhh. Dis toi que c'est diplomatique.

    « L’écriture est une aventure. Au début c’est un jeu, puis c’est une amante, ensuite c’est un maître et ça devient un tyran. »**

A n'en pas douter, c'est l'heure des maîtres.

Elle a délibérément manqué l'arrivée de la viande, sujette ces jours aux réparties mesquines. Exercice du pouvoir impose. La foule aidera, évidemment, à la détourner des répliques qu'un face à face aurait, à n'en pas douter, déclenchées. Leur précédente entrevue? Des funérailles lors desquelles silence de mort n'avait pas juré. La précédente encore? Diablement abusive, quand chacun s'était paré d'un peu plus de masques qu'à l'accoutumée. Mise en abîme des identités. Histoire de.
Bref, toute fille de Cerridwen soit-elle, elle n'invitera pas le chaudron des vengeances à la table de l'hôte.
Le biquet d'alors -qui du reste l'est resté- est au rendez-vous, tout consacré à bêler quelques secrets des sursauts à l'oreille du septentrion. Le courant d'air iodé alors qu'elle passe dans son dos suffira à l'avertir de la présence invitée. Honorée, reste à voir.

Ainsi c'est à Renard qu'il avait choisi de se lier? Le temps d'une ou de quelques bouchées.
Lequel, parmi eux, avait eu trois noeuds?
Dénéré-Malines, épouse des heures lointaines, vient demander des comptes.

Pour qui est-ce un festin, en vérité?
Elle regrette presque déjà, une fois les comptes envisagés. Au jeu de la surenchère, Dugez Breizh n'est pas douée, pas plus qu'elle ne le souhaite.
Trinquer à Judas? Allons, ducaillon au verbe juste, bien d'entre nous ont déjà testé, jusqu'à l'ivresse. De celles qui piquent le lendemain, évidemment.
Chimera de Dénéré-Malines Von Frayner?
Ce fut un menu.
Un repas.
Un entremet.
Un digestif.
Un couac?
Peut-être, mais laqué.

Fort heureusement, c'est plutôt à plumes, ce qui la distrait des injonctions du moment. Les plus que familiers qu'elle espérait à la pelle manquent à l'appel. Une soeur, là, l'accroche. Remarquera l'aînée des buses, sans doute, à moins que quelqu'un(e) ne la devance.

Quelle idée, d'arriver comme un cheveu -roux qui plus est- sur la soupe. Le premier qui la prend pour cible à l'heure du choix finira noyé sous les abats de son festin d'Investiture, ainsi en a décidé la duchesse de Bretagne, qui trouve soudain aux festivités réitérées un intérêt tout neuf.


* Georges Brassens
** Winston Churchill

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L_aconit
Le rire est graissé, huilé, avant de ne se perdre sur une fausse note, énième, millième de la soirée. Les vents contraires finissent toujours par souffler dans les cheveux de Judas, y laissant en bataille tous les embruns salins qu'on lui connait. La Bretagne en Majuscule est de la partie. S'il s'attendait... Une part du gâteau est donc au beurre salé, du Kermorial à la Dénéré Malines... Judas sent ses tripes s'essayer à l'exercice difficile de l'apaisement. Tout était bien jusque là. Tout aurait pu se passer idylliquement, en omettant la Mortana. Mais puisqu'il a vu avant même l'Anaon que Chimera était là... Judas pose sa coupe. La soif est une traitre amie. Ce n'est finalement pas sans lui rappeler cette Autre. Pour une fois, et après deux soirées où il l'avait délibérément ignorée, évitée, évincée - rayez la mention la plus utile - Judas cessa de s'entêter à changer ses itinéraires. Il se leva, dans la direction de la rousse Chimérique, droit et fier, comme si... Comme si rien ne pouvait plus atteindre ou attendre? Puisque sa bile ne se décidait pas à s'apaiser à chaque fois qu'elle apparaissait, entêtée, il prit le parti de recommencer à digérer. Le fait qu'il soit diable en sa demeure n'y était sans doute pas pour rien. La main de la bretonne fut saisie à la volée, avant qu'elle ne décide cette fois de lui rendre la pareille dans un jamais deux sans trois.

Bretonne.

Restez ici.
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