Il y a eu Athènes, il y a eu Rome, il y a l'Anjou !
Que serait l'univers sans l'Anjou hein ? Un printemps sans soleil, un corps sans âme, une tête sans cervelle.
Silence vous tous ! Écoutez l'Anjou dictant sa loi au monde et à l'avenir !
Électeurs !A bas la politique moderne
Vive l'Art, la politique future,
A bas ce qui nous divise !
Vive ce qui nous réunit !
Peuple !Choisis des lettrés, des artistes de l'Anjou.
Assez de ventres ! Des cerveaux !
Assez de phraseurs ! Des chanteurs !
Plus d'avocats, des orphées !
Laisse les apothicaires à leurs bocaux
Les vétérinaires à leurs écuries
les médicastres à leurs cholériques
Les araignées à leurs plafonds
Les avocats à leurs barres
Les pigeons à leurs cages
Les pitres à leurs tréteaux.
Mon programmeAnjou ! Anjou ! Anjou !
Laisse de côté les programmes mesquins, les revendications banales de tous les fidèles, suppôts de la médiocrité. Lance-toi dans l'arène électorale avec une philosophie et une politique sociale qui ne sentent pas le rance.
Si nous détruisons c'est pour reconstruire, et si nous gardons quelques débris du passé ce sera pour les améliorer.
Améliorons au possible mais détruisons et pulvérisons pour
RECONSTITUER !Nous voulons reconstituer la joie humaine depuis si longtemps bannie de la terre par les politiques des vieilles écoles. La joie humaine, c'est-à-dire l'adoration du beau sous toutes ses formes naturelles ou artistiques, le culte des pourpres couchers de soleil et des lys majestueux, des femmes grandement belles et des statues énergiquement plantées sur des socles de marbre, des rêveries errantes au hasard des sentiers sylvestres et des éclosions d'étoiles dans lil des poètes.
Que la science vienne à nous et nous la parerons des beaux atours de la poésie. Nous voulons reconstituer la joie des yeux, des oreilles. La joie des sens et l'allégresse des curs et nous commencerons par abolir la haine ; la haine faite d'encre et d'envie égalitaire ainsi que de niveau médiocratique pour la remplacer par la sainte et naturelle...
HIÉRARCHIE !Non point la hiérarchie féodale pesant les hommes au poids de leurs armes de fer, de leurs cuirasses de bronze, de leurs palefrois et destriers ; non pas davantage la hiérarchie financière mettant les hommes les uns au-dessus des autres en raison de leurs écus résonnant dans leurs bourses...
Mais
la hiérarchie intellectuelle !Si j'étais sophiste* comme tant d'avocats, si j'étais charlatan-ne du progrès, j'inscrirais sur ce programme l'abolition des maladies affligeant l'humanité.
Je promettrais aux électeurs la destruction de la phtisie et de la peste, l'extinction du choléra et même l'abolition de la mort.
Pourquoi pas après tout ; ne vous promettent-ils pas pas perpétuellement les ambitieux du pouvoir une éclosion de justice et d'humanité ainsi qu'un tas de réformes impossibles ?
D'abord et avant tout, méprisons et foulons à nos pieds le Codex, monument cyclopéen et barbare qui enferme la liberté des gens en de si étroites limites, en des articles cellulaires si miraculeusement transformés en camisole de force par les juristes, rats-de-cave et autres, que les honnêtes gens, intelligents et joyeux sectateurs de la bonne harmonie générale sont forcés de vivre en une perpétuelle demi-asphyxie, n'osant bouger de leur cachot légal n'essayant pas de briser leur cellule juridique, tandis que d'habiles gredins se taillent un large empire rien qu'à se tenir sur les marges du Codex.
Sois maudit Ô Codex !Restaurons le
DROIT D'AINESSE ! Ne crois pas Ô Anjou que je veuille restaurer l'antique privilège du premier-né ; non pas plus que nos aïeux d'après la loi salique n'admettaient l'aînesse pour la femme, frêle et fragile créature, pas plus que je ne l'admettrais pour le faible ou l'imbécile.
L'aîné de la famille sera l'aînesse au choix, non à l'ancienneté.
Le plus intelligent des enfants deviendra apte à faire partie de la hiérarchie. Puis entre les aînés de cette espèce, le hameau fera son choix, puis le village, puis la ville, puis la Capitale.
Après ce triage hiérarchique, nous créerons les dignes représentants de notre Anjou.
Ils seront les grands élus de la nature qui leur aura accordé l'intelligence et les suprêmes hiérarques de la vie.
Quand la société comprendra enfin qu'elle doit calquer la nature pour atteindre à la suprême justice contenue dans les flancs de la terre...
Dès lors les élus deviendront les grands juges dont les tribunaux statueront sur tous les cas litigieux, politiques, religieux et sociaux. A la manière de Salomon sur son trône et de Saint-Louis sous son chêne.
Joie des yeux et des oreilles, joie des sens, allégresse du cur. Les Angevins écriront des poèmes, des odes, des musiques savantes ou gracieuses, jetteront sur la toile ou dans le marbre des figures et des formes, partageront leur pain avec tous et donneront pour rien leur âme élevée et généreuse et grande.
Notre politique sera amusante.
Le responsable de l'aménagement des villes devra formuler son budget en vers hexamètres à double césure**, les capitaines d'armée chanteront les louanges des nouvelles recrues, le responsable du budget dessinera les recettes et les responsables des filières agricoles peindront les églogues*** de grands peintres d'avenir sur le fond sombre du budget.
Angevines, Angevins ! Vous ! Adeptes d'une politique d'avenir !
VIVE LA JOIE !Ô peuple grand ! Choisis des peintres, des sculpteurs, des artistes, des écrivains, musiciens. Ecris sur ton parchemin quelques-uns des noms qui te plairaient de voir siéger et jette-les comme une protestation à la tête de la Reyne et des Royalistes de tous horizons composant sa Pairie qui t'ennuient et t'empêchent de danser en rond.
Tenace Angevin, chasse les moucherons qui rongent ta chair. Rappelle à toi cigales et abeilles, chant et miel.
Anjou ! Rends-nous beauté et joie.A bas la politique ! Vive l'Art !J'ai dit.