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[RP mai : La joueuse] Entre vous et moi… Elle.

Axelle
Les doigts, la fermeté de Gade à la plier à son jeu la firent frémir, mais le baiser indécent ouvrit la brèche neuve d’un désir animal et irraisonné. Abandonner son corps aux pulsions les plus primitives quand l’esprit piaillait de lâcher prise, telle était la leçon, débutée bien des mois auparavant, qui s’installait dans les reflexes gitans avec plus de souveraineté chaque jour passant.

Depuis longtemps la honte lui était passée de cette échappatoire condamnable mais efficace comme rien. Pourtant en cette soirée affranchie des autres, elle s’autorisait des sommets de débauches perfides jamais atteints. Les yeux clos, la poitrine agitée d’un souffle dépravé, sacrifice d’un jeu dont elle ne savait rien mais décidant, mutine, de suivre ses propres règles, un chuintement léger la fit ronronner et elle ouvrit les yeux. Devant ses prunelles floues, Rosa délicieusement nue, enfin sortait de son infâme torpeur. Et elle lui sourit.

Sourire offert pour mieux se casser la figure, quand d’immondes lacets virant de l’écarlate au violacé laceraient la peau de nacre de l’Amante. Le regard noir s’alourdit d’un abime d’incompréhension mêlée d’indignation devant le sacrilège perpétré. Lentement, comme plongé dans une boue gluante, Axelle se redressa, repoussant avec douceur Gade du plat de sa main sur son torse. Le temps se jouait des réalités, et la Gitane n’aurait pu dire combien de temps ses yeux plissés scrutèrent ces seins et ces cuisses saccagés. De la même lenteur équivoque, la Gitane se leva, remontant le rouge de sa robe sur sa gorge pour le garder prisonnier contre elle. Dans un mutisme complet, les pas glissant sur les tapis, elle s’approcha de Rosa, sans même chercher son regard et la contourna, découvrant sur le dos et les fesses le même carnage.

Le casse tête trouvait sa solution, petit à petit, laissant les pièces éparpillées prendre leur place une à une sur l’échiquier.
Qui ? A nouveau face à la Rousse, le noir défia le clair de répondre sans pourtant lui en laisser le temps. Les boucles brunes ondoyèrent quand elle tourna la tête, troquant un bleuté contre un autre. Vous. L’affirmation n’attendait aucune confirmation. Ainsi donc, enfin, les règles du jeu se dévoilaient. Règles qu’elle avait tant voulues connaitre et qui à présent lui donnaient la nausée. Gade tenait Rosa sous le joug de ses coups, la pliait à sa volonté. Pourquoi ? Oui, pourquoi acceptait-elle ? Tous deux n’étaient pas mariés, Gade n’avait aucune autorité légitime. De plus Rosa ayant été l’amante royale, devait connaître bien des personnes pour assurer sa protection si besoin. Mais non, Rosa restait. De son plein gré. Elle se faisait battre et acceptait. Une seule raison à cela. Elle aimait. La nausée tordit le ventre gitan de plus belle, pensant deviner une autre vérité encore plus détestable.

C’est pour cela que tu es venue, n’est-ce pas ? Plus aucune lettre dévorée au passage de ses lèvres, particularité néfaste quand une colère glacée s’emparait d’elle. J’étais trop douce. Tu attendais que moi aussi je te fasse souffrir. Votre petite manigance a-t-elle bien fonctionné ? Es-tu satisfaite ? Votre jouet a-t-il comblé vos espérances ? Peu importe que ses déductions soient vraies ou fausses et injustes, la blessure était ailleurs, dans les cachoteries révélant le manque béant de confiance de Rosa pour elle. Pute, Rosa prenait bien la Gitane pour telle et non comme une amante quand la confiance était d’emblée refusée. Je n’étais pas loin de pouvoir t’aimer pourtant, lâcha-t-elle la voix brisée avant de remonter la tête, port de danseuse indéfectible. L’emprise sur le rouge se relâcha, et le tissu dégringola dans un froissement diffus, la laissant nue mais tranchante comme jamais. D’un pas souple mais assuré, la danseuse revint s’appuyer à la table délaissée quelques minutes auparavant, les boucles brunes cascadant sur ses épaules cachant avec peine l’insolence de ses courbes tendues d’un cambrement ravageur. Les prunelles noires, indéchiffrables harponnèrent Gade. Je me couche, vous avez gagné. De l’homme, le regard glissa à nouveau sur la femme. Prenez vos gains ou partez. Tous les deux. Aucun autre choix ne leur serait laissé, et si rien ne transparaissait sur ses traits, farouche à toujours payer ses dettes, la gitane n’avait qu’une envie, les voir déguerpir, elle surtout, qui l’avait manipulée comme un vulgaire jouet. Déguerpir pour qu’elle puisse se blottir dans les bras d’Alphonse, au creux de leur cocon hermétique, jusqu’à ce que la nausée infecte s’apaise.
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Gade
Les cartes se dévoilent. Il était le Maître du Jeu. Roi du bluff, As de la persuasion, il avait gagné. Là d’abord, face à ce corps conquis auquel pourtant il n’opposa aucune résistance lorsqu’il fut lentement écarté. Puis juste après lorsque son regard suivit celui de la gitane pour découvrir Rosalinde nue. La peau toujours marquée par ses colères et caprices. Preuve du vice qui l’animait dès qu’il était en présence de la rousse.

Il contemplait les stigmates de sa débauche, observant attentivement la réaction de la brune. Il la savait sanguine, farouche. Et là, il tentait de deviner ses pensées face à ce corps maltraité. Sans doute était-elle outrée ou même dégoutée. Lui, semblait satisfait à en juger par son sourire narquois. Il les jaugeait toutes deux. Il cherchait à déceler le courroux de l’une, et appréciait le courage de l’autre.


    Moi.

Le regard brillait d’arrogance. Oui, lui. Lui, bourreau autant qu’amant. Lui, qui lui faisait autant de mal que de bien. Lui, qu’elle réclamait encore et toujours malgré ce besoin de violence. Il était son cauchemar et pourtant elle s’accrochait à lui. Elle était son exutoire et il le savait. Il avait besoin d’elle. Il avait fait d’elle le seul rempart contre lui-même. Et même s’il était capable d’une violence presque haineuse à son égard, il se savait en mesure de l’aimer, de lui apporter de la tendresse et de l’attention l’espace de quelques instants, de temps en temps.

Le temps … Il lui semblait long, interminable. Lentement, Axelle s’était dévêtue. Langoureusement, l’acier du regard du Géant avait suivi les mouvements de ce corps. Insolent, le brun avait perpétrer la même caresse qu’auparavant sur ce ventre brûlant. Insolent toujours, il l’avait délaissé pour s’approcher de Rosalinde. Insolent encore, il avait osé lui offrir la même caresse, à la variante près qu’il tenait du bout des doigts la pointe de l’un de seins mortifiés. Incorrigible, il y avait rivé ses yeux avant de prendre la parole.

    Tu vois ma Rosa. Je suis le seul capable de t’aimer, te comprendre et te faire du bien sans jamais te juger.

Il se faisait à présent poison. Saloperie qui s’insinue là, jusque dans l’esprit de la rousse pour assoir son emprise. Il la voulait sienne, et pour y parvenir, il était prêt à tout. « Rhabille toi, on s’en va. » Et comme un adieu à celle qui avait obéit à ses dépens, il avait tourné les talons, se dirigeant vers le rideau, un claquement de doigts à l’attention de Rosa, qu’il attendait. Chose qu’il détestait.
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Rosalinde
C'était une déferlante, après que le regard d'Axelle l'eut transpercée de part en part, et qu'elle tenta, impulsivement, de dissimuler sa poitrine ainsi exposée de ses bras. Mais rien n'y fit, et elle ne put échapper au regard inquisiteur de l'amante, qui se mit à la jauger comme une vache à la foire, détaillant chacune des marques qui constellaient son corps avec une même insistance. Et nul besoin de pratiquer la télépathie pour comprendre que la Gitane était révoltée par ce qu'elle voyait. Et, versant dans la colère, elle au moins n'hésita pas à exprimer le fond de sa pensée. Des questions qui la mirent mal à l'aise, elle avait l'impression d'être une môme que l'on gourmande. Et Gade, qui en rajoutait, avec son insolence habituelle. « Trop douce ». « Jouet ». Elle n'avait rien compris.

- Tu n'as rien compris, alors...

Elle soupira, et jeta un regard noir au Veynel, qui continuait à se prendre pour un cador. Une caresse sur le ventre, un sein annexé, quelques mots glissés, il jouait seul à présent, avec le plaisir de se savoir unique gagnant. Et la rousse de baisser la tête, songeant qu'elle venait délibérément de sacrifier l'une, pour ne pas perdre les deux. Quel autre choix avait-elle ?

Axelle leur signifia ensuite que l'entrevue était terminée. Et le Limougeaud de prendre, bonhomme, la direction de la sortie après avoir ordonné à Rosalinde de se rhabiller. Mais ils étaient loin, les vêtements. Et elle, elle était proche. Alors, bien que résolue à ce que leur histoire - mais pouvait-on seulement appeler ça ainsi ? - se termine là, elle décida de tenter une ultime explication. Gade attendrait.


- S'il y a une personne qui n'a pas joué avec les sentiments d'autrui ce soir, Axelle, c'est moi. J'avais trouvé un semblant d'équilibre. Lui, il me punit pour mes péchés, et toi, tu consolais mes chagrins. Mais vous avez joué à vous prendre sur la table. Vous m'avez forcé à enlever ma robe. Je ne voulais pas que tu voies ça, parce que je savais que tu ne comprendrais pas. Tu n'as même pas cherché à comprendre. Tu t'es imaginée victime quand tu as été bourreau.


Laquelle était plus blessée que l'autre, difficile à dire. Mais alors qu'elle prononçait le dernier mot de sa tirade, la rousse tourna les talons, et partit se rhabiller. Bottes et robe enfilés, sans même prendre le temps de relacer cette dernière. Sa main glissa dans celle de Gade, ils n'avaient plus qu'à partir.
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Axelle
« Il n'y a pas de suicides, il n'y a que des meurtres. »
Elsa Triolet



« Rhabille toi, on s’en va. »

La Gitane peina à étouffer le soupir de soulagement qui assaillait sa gorge, persuadée d’avance que Rosa, dans son l'infâme soumission, suivrait et obéirait au Géant. Ce qu’elle n’avait pas escompté fut la tirade, qu’elle écouta attentivement, ses mâchoires brunes incapables, dans leur crispation, de cacher davantage la colère qui animait tout son sang. Si l’une n’avait pas compris, l’autre ne comprenait pas davantage. Rosa avait raison sur un point, Axelle ne comprenait pas et n’aurait jamais compris l’ignominieuse découverte, mais aurait entendu l’appel à l’aide. Ce que la Rousse ne percevait même pas, était qu’avec une simple pincée de confiance, malgré l’incompréhension, la Gitane aurait pu l’aider. La secouer pour l’arracher à cet engourdissement vénéneux dans lequel l’ex-amante se noyait. Mais de confiance il n’y avait pas eue. Quel aveuglement de ne pas même apercevoir qu’on ne pouvait espérer la compréhension et la clémence d’un pion jeté sur l’échiquier d’une partie déjà entamée et ignorée. Surtout quand ce pion se nommait Axelle Casas.

Etre punie, être battue, ne pardonnait de rien. C'était même péché de vanité de le croire. Etre battue ne détruisait que davantage encore quand la Vie même s’acharnait à enchainer les leçons les plus âpres. Aux yeux de la Gitane, il n’y avait aucune autre vérité, seule la volonté, la ténacité et la force permettaient d’avancer, de se relever après les chutes. Les coups, les bleus, les éraflures, les déchirures désirés n’étaient que dérobades stériles, peureuses et lâches, tout juste bon à refléter sur la peau l’aliénation de l’esprit. Et l’esprit malade de Rosa, rien ni personne ne pouvait le soigner hormis elle-même. Non, rien, hormis la volonté de s’arracher à cette dominance infecte qui jour après jour la pourrirait un peu plus. Qu’importait une partie de jambes en l’air factice face au gouffre dans lequel la Rousse s’échinait à sombrer, refusant sa confiance à celle même qui, absurdité inégalable, avait la tâche de la consoler. Voila, ce qui gonflait l’ire gitane avec une emphase rarement égalée.

Enfin, la Rose s’éloigna, main dans la main avec son bourreau qui loin de se contenter de flageller le corps, s’insinuait comme un vers immonde dans l’esprit.

Le couple allait passer le rideau, et leur pieds franchissaient à peine le seuil que la gitane lâcha, plus pour elle-même que pour eux.
Te consoler de blessures que tu t’infliges toi-même. Non. C’est juste hérésie. Et ils disparurent enfin derrière le lourd rideau duquel le regard gitan, brulant comme un brasier sans fond, ne pouvait encore se détacher. Devant le noir du regard, dansait le sourire de sa Rousse. A ses oreilles étincelait le rire irrésistible d'espièglerie de sa Rosa, animant chacune des taches de rousseur parsemant son nez quand elle fouillant, aussi agitée qu’une enfant à la veille d’un jour de fête, dans le coffre de soieries pour se faire danseuse orientale. Et une larme, aussi claire et pure que la perle à son cou glissa sur la joue brune. Rosa était morte, son rire s’était éteint. La femme qui venait de sortir n’était qu’un fantôme, qu’une imposture. Alors, enfin, Axelle se redressa pour renfiler sa robe et s’engouffra dans les couloirs dérobés pour rejoindre la maison basse où l’attendait la Vie pour chasser la mort.
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