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[RP-Lieu Public] Et au milieu, une étendue d'eau paisible...

Fourmi.
Il suffit de suivre les sentiers négligés, de s’écarter des zones fréquentées par les rares bucherons et de s’éloigner des bruits de cognée ; s’enfoncer dans les recoins les plus sombres de la forêt, encore épurés de la marque corruptrice de l’homme et pister les traces de passage de daims au travers des bois pour découvrir un Graal recherché, un coin ignoré de tous, ou pas, mais désert en cette heure…

Le doux clapotis d’une eau pure, morcelée de fragments de lumière éparse par les rayons d’un soleil filtrant au travers des frondaisons d’arbres majestueux… Les lianes de saules penchés qui caressent amoureusement la surface ondulante pour en faire frémir la lisse harmonie. Quelques rochers calcaires bordent la rive et s’enfoncent dans l’eau pour y mourir doucement. C’est une mousse fraiche sous le pied qui accueille sans plus de préambule les vêtements qu’elle laisse s’échouer au sol. Le contact chatouille et la fait sourire alors qu’elle s’avance, dénouant sa trop longue chevelure en pénétrant dans l’eau, le pain de savon en main.

Le calme de la surface miroitante est brisé par sa lente progression. Elle ne peut s’empêcher de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule, surveillant la rive, les sens aux aguets. Le silence relatif la rassure. Le bruissement des feuillages bercés par une brise indolente rompu par quelques piaillements d’oiseaux guillerets voletant de branches en branches à la poursuite d’insectes gras… Tout est calme. Elle ébrèche cette perfection dans une gerbe bleutée, plongeant soudain. La bienfaisante fraicheur de l’eau émousse sa peau qui se hérisse et frissonne en douceur, d’un effleurage qui l’enveloppe toute entière. Elle émerge quelques mètres plus loin, passe une main pâle sur son visage pour replacer ses cheveux en arrière avant de se laisser porter par l’ondée délicate, les yeux à demi clos, satisfaite de la pause.

Un huissement suraigu la tire de sa léthargie et attire son œil sur les hauteurs d’une bande céruléenne qui transperce le vert des feuillages. Là haut le faucon plane et tournoie, impavide compagnon. Le plus fidèle. Le dernier encore en vie. Il joue lui aussi. A sa façon. Explosant d’un piqué le vol d’un groupe d’étourneaux qui se dispersent affolés dans un ballet devenu chaotique et désordonné. Elle sourit… Et s’arrache à sa pose pour nager en direction du rivage. Tout juste immergée jusqu’à mi cuisse elle joue du savon et perturbe la netteté de l’eau d’une mousse aux senteurs d’épices et de fleur d’oranger. La main s’attarde sur le ventre à l’arrondi discret, caressante de cette vie qui y croit chaque jour un peu plus. Un soupir s’envole, chassant les pensées qui pourraient l’envahir, avant de poursuivre s’attachant à cette sombre masse capillaire frottée, lavée.. comme tout le reste.

Le pain de savon est lancé sur la berge et elle replonge dans l’eau, disperse son écume odorante au gré d’un courant qui traverse l’étang, nage jusqu’à une étendue de roseaux où l’onde se fait plus sombre et se perd en marais. Elle revient, frissonne à mi chemin en croisant un courant plus froid, s’amuse à plonger et disparaitre pour refaire surface quelques mètres plus loin. Elle profite encore quelques instants avant de se raisonner et s’extraire de l’eau, rejoignant ses affaires pour passer une chainse de lin fin et de s’asseoir sur un rocher pour entreprendre de démêler le fatras de ses cheveux dégoulinants avec le peigne d’ivoire qui l’accompagne depuis des années… Le faucon se pose à portée sur un tronc couché par les ans, lui faisant admirer le volatile assommé qui git sous ses serres meurtrières. A nouveau la Fourmi sourit, savourant cette symbiotique complicité…

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Dalmau
La Nature et le destin m'avaient condamné à une vie agitée et sans repos, cette évidence me frappa comme jamais cette après-midi là.

Fourbu de mes courses entre les étals, je décidai de prendre le chemin de la forêt où s'acharnaient, laborieux, les bûcherons du pays dans leur quête effrénée aux stères de bois. Bientôt, je m'arrêtai devant la majesté d'un colosse armé d'une hache dont la lame était large comme trois fois ma main. Ce spectacle ordinaire, commun à toutes les cités forestières de ce royaume, me retint une demi-heure avant que je ne l'aperçus, furetant ou se promenant entre les arbres hirsutes.

Curieux, et clairement intéressé par cette apparition, je me secouai, m'ébrouai et finalement, me mis à la poursuivre sous les frondaisons feuillues. Dix pieds en moyenne devaient nous séparer tout le temps que dura le trajet. Je ne souhaitais pas éveiller ses soupçons, résolu à l'observer à son insu de derrière un tronc ou un buisson tel ces jouvenceaux guettant à la dérobée celles qui aspirent l'ensemble de leurs pensées.

Souvent, j'étouffai à force de retenir mon souffle dans un excès de prudence pour ne point l'alerter. Parfois même, j'entrai en apnée pour n'en ressortir qu'une ou deux minutes plus tard haletant comme une vache à viande après qu'un loup l'ait coursé dans les prés. Sot à n'en pas douter. Entre ces moments, frôlant une panique absurde car je ne risquais rien à être découvert, j'avançai gaillard entre les chênes et les hêtres pour rattraper mes retards et poser de nouveau mon regard éperdu sur les charmantes courbes de l'Angevine.

Elle s'arrêta, affleurant les rives d'une rivière ou d'un quelconque cours d'eau, et je me dissimulai immédiatement derrière l'épais tronc d'un arbre centenaire. Ma tête, par intermittence, s'enhardissait et venait s'extirper de sa cache, alors je la regardai... Que dis-je, je la mirai comme si je l'eusse jamais vue de ma vie. Je contemplai, l'instant d'une seconde, tout ce qui m'était donné de voir... Sa chevelure de jais cascadant sur son dos, les fines rondeurs de ses fesses faisant saillie sous l'étoffe avant qu'elle ne révèle, ses...

Je me tus et me cachai encore, elle venait de se retourner. M'avait-elle aperçu? M'étais-je trahi par quelques bruits? Mon coeur se mit à palpiter violemment, et je tentais de le contraindre au silence en pressant fermement ma main sur mon sein gauche. "Fotut", me dis-je. Je n'osais regarder et m'assurer du bien fondé de ma crainte, gardant un oeil inquiet dans les environs de ma cachette. Si son visage m'apparaissait...

La respiration se fit profonde autant que muette, les secondes s'écoulaient sans que je ne la visse. Et je risquais finalement un nouveau coup d'oeil: elle s'était retournée. Je soupirai et m'attardai maintenant sur cette baignade surréaliste où chacun de ses gestes me gonfla le coeur et plus encore jusqu'à son retour sur la berge.

Je repris peu à peu le dessus sur moi-même, la chainse de lin qu'elle enfilât m'y aidait grandement... Je maugréais tout de même, cette fichue tunique occultait d'une manière détestable tout ce que j'aimais voir. Désormais, envieux de reprendre mes droits sur sa nudité, je m'élançais hors de ma planque et vint m'emparer de la motte de laine, de lin et de cuir qui jalonnait le sol herbeux. M'avait-elle remarqué? Je m'en assurais, m'approchant vivement de celle qui se peignait. Mes mains encombrées de son linge vinrent se ficher sur la taille fuselée tandis que je pêchais un baiser à sa nuque, mêlant mes lèvres au cheveu humide.


N'as-tu pas honte de me dérober ainsi la vue? murmurais-je à son oreille.
Hawk_peregrinus



Il s’est posé sur ce tronc à l’écorce fendue d’un vivier propice. Mort l’arbre reste nourricier comme tout c qui compose les lieux. Ce cycle de la vie… Comme cette chose dont le cœur rend ses ultimes palpitations sous son bec qui déchire son plumage et s’en repait. Ainsi qu’il l’aime encore chaud, arraché et gobé gorgé de ce sang qui anime et rend fort. Le bec plonge dans les entrailles à en faire disparaitre la tête qui fouille cette carcasse encore agitée de spasmes résiduels… Comme si elle refusait l’évidence de cette inéluctable fin.

Le faucon se raidit et se dresse, cherchant l’insolite qui a réveillé son instinct. Elle semble paisible, nettoyant son pelage ainsi qu’il le fait lui-même. Mais le rapace sent la menace et trépigne, malmenant le petit corps déchiqueté. Il reprend son repas, jetant son regard jaune alentour sans arrêt.

Et soudain la voici qui surgit. Il gonfle son poitrail à la blancheur maculée du sang de sa victime et étend ses ailes, exprimant un cri menaçant dans toute sa majesté, prêt à fondre bec et serres sur l’intrus. Mais elle sourit et semble en confiance, alors il retourne aux délicieuses entrailles chaudes de ce petit en-cas... Veillant d'un oeil jaune sur sa compagne bipède.



___________________
Jamais loin d’elle…
Fourmi.
Elle admirait le spectacle donné de cette nature brute et sans concession. Elle admirait depuis toujours Hawk et lui enviait sa liberté, bien qu’il reste près d’elle en dépit des années écoulées. Chaque geste qu’il faisait lui paraissait empreint d’une grâce inaccessible… Même plongeant la tête dans la panse d’un étourdi il restait magnifique.

Le peigne se coince dans le désordre de la masse de cheveux et elle grogne, s’affaire à démêler ce foutu nœud avant de voir le manège énervé du rapace. Elle se redresse. Roide, les yeux sur l’arme posée contre le tronc de l’arbre juste à côté et pourtant aucun bruit n’attire particulièrement son attention. A l’exception de…

Lui…

Ce presque blond catalan pour qui elle a tout quitté du jour au lendemain et sacrifiera bien plus encore dans quelques mois sans une once d’hésitation ou de regret… Alors elle sourit, aussi bien au faucon qu’à ces mains qui viennent de se poser sur ses hanches. Le minois pâle se tourne, toujours éclairé de ce sourire qu’il fait naitre sans même rien faire.


Tu ne voudrais quand même pas que j’effraie autre chose que les poissons ?

Le sourire perdure alors qu’elle se défend mollement, alors que ses prunelles embrasées la trahissent de façon éhontée… Comment nier le fait qu’ils pourraient passer l’éternité peau à peau, emboîtés l’un à l’autre à se perdre dans une éternelle et extatique étreinte scellant leur union.
Le prétexte du démêlage semble tout trouvé pour dégager encore plus sa nuque opaline et l’offrir à ses lèvres… Et le peigne glisse dans sa chevelure corbeau qui continue de ruisseler et inonde le lin fin qui finit par coller à sa peau en fragile transparence. Ses yeux revenus fixer le sol sous ses pieds s’illuminent d’un éclat malicieux. Elle dépose le peigne aussi discrètement que possible sur la pierre qui accueille son assise avant de saisir le bras qui l’étreint et de mettre toute sa force pour le tirer en avant et provoquer la bascule.

La surprise aidant, il atterrit au sol, étendu sur le dos et elle suit le mouvement, prenant ses bases sur lui, installée à califourchon.



J’ai gagné…


Certes, il n’y avait rien à gagner, mais le dire semblait pernicieusement savoureux sur l’instant. Le sourire mutin toujours accroché au bec, elle se penche pour venir accrocher sa lèvre fendue à un baiser à la dérobade, avant de se redresser, jouant à crocheter du bout des doigts le lacet de sa chemise.


Tu venais prendre un bain toi aussi ?..

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Dalmau
Exquise mélopée. Ainsi pensais-je quand vint tinter sa voix à mes oreilles.

Sitôt j'oubliais la question posée qui au demeurant, me sembla d'une absurdité incommensurable ; quel être sensé, sur ce continent et sur cette Terre, si idiot qu'il fût, pouvait s'enorgueillir d'en être effrayée? Chaque geste, chaque parole, chaque parcelle de cette femme n'appelait qu'un amour fervent à en être indécent. Fi des marques rougeoyantes enchâssées dans sa chair. Fi de ces hanches à la maigreur excessive. Fi de ses yeux noisettes bien trop sombres pour le franc imbécile. Je la désirais, moi, comme nul autre, homme ou animal, sur ce fragment d'Univers. Et mon humble baiser se mua en un flot tumultueux qui baignât sans vergogne, aucune, cette attrayante nuque jusqu'à irriguer la protubérance d'une jugulaire palpitante.

Mon coeur tonnait contre mes tempes à cet instant précis, mes pensées s'entrechoquaient, courant ça et là d'un songe léger à un désir brûlant. Et je devinais par dessus mon nez agité le regard de cette méduse adorée qui me scrutait et me souriait peut-être. Elle me perçait malgré elle de toute part, ou était-ce moi qui me pourfendais moi-même de ce regard onirique... Fol empire...

Je n'eus point le temps de me redresser, de m'arracher à ce derme ivoirin, que je me retrouvasse sur le cul ou sur le dos par un bras tiré... Je ne sais plus trop. Mes sens et ma cervelle furent chamboulés ensemble et ma mémoire en souffre. Je me souviens uniquement des voluptés qui me furent offertes. Mon regard, malicieux, se fixa effrontément sur les monts capiteux qui transparaissaient sous sa chainse mouillée. Mes mains exaltées abandonnèrent sur l'heure leur larcin tissulaire (ndlr: rien à voir avec l'anatomie), le laissant choir à quelques pouces de mon flanc, et vinrent s'accrocher au linge imbibé.


J'ai gagné..., me dit-elle. Je ne saisis pas immédiatement de quelle éclatante victoire il s'agissait. Mes doigts égrillards, avides de son épiderme et de ses formes prodiges, s'évertuaient à chasser le lin fâcheux qui la dissimulait à peine. D'un souffle, bien que je n'en eusse strictement rien à faire, je lui répondis:

Ja ho crec! clamais-je un sourire con aux coins des lèvres. Les mots étaient de trop, inutiles et fades. Je brûlais de m'assouvir. Mes phalanges, nerveuses, se pressaient inlassablement et fermement sur la faible échancrure de son vêtement qui finit par céder, dévoilant à mes prunelles insatiables une vallée luxurieuse.

Je me redressais à peine, désireux d'embraser de ma lippe affamée cet étroit corridor, cavalant entre ses collines d'albâtre, quand elle vint à ma rencontre, m'apaisant d'un baiser. Eût-elle pensé me contraindre au calme qu'elle n'aurait trouvé meilleur moyen. Et sa voix tinta de nouveau, brusquant le bourdonnement que prodiguaient à mes esgourdes les battements lourds de mon palpitant:


Tu venais prendre un bain toi aussi ?..

Je ne répondis pas de suite, infléchissant le regard sur les doigts qui épousaient le lacet de ma chemise. Je voyais sous l'étoffe les effets qu'elle m'inspirait: mon poitrail se gonflait et s'écrasait à un rythme indescriptible. Je prenais sur moi de pacifier cette tension avaricieuse en respirant le plus profondément possible.

Hum..., parlais-je ou plutôt onomatopais-je. Bien sûr, mentais-je éhontément alors que sous mes phalanges tremblantes reprenait doucement le craquement des fibres de lin. Le désir patent transpirait de tout mon être. Eussé-je chevauché aux côtés des dieux en cette heure que j'aurais eu des pattes de bouc et une flûte de pan entre les mains.
Fourmi.
"A tes souhaits !"

C’est la première pensée qui lui vient quand il se met à parler en catalan… Qui, à la fourmiesque oreille, à des accents bretonneux. Une babine se retrousse. Mais cette improbable réflexion est chassée par les doigts qui entrent en joute avec son vêtement. C’est un sourcil amusé qui se hausse en retour et le nez se baisse pour constater l’irréparable en train de se produire. Pour la chemise. Pauvre chemise. Dont l’entrelacs de fils gorgés d’eau résiste cependant vaillamment un court instant, avant que le craquement ne se fasse entendre.

L’inspiration est profonde pour se donner le temps de la réflexion. Le temps aussi de poursuivre son jeu et d’annihiler totalement la présence du lacet. Retiré dans son entier. Il s’enroule autour d’un doigt facétieux tandis qu’elle sourit au blond, se redressant et, à gestes posés, rassemble sur sa nuque son imposante chevelure pour la discipliner à l’aide dudit lacet.

Elle pourrait se lever et, emportant au passage le pain de savon abandonné, l’entrainer vers l’eau et le prendre à son propre piège. Elle pourrait... Cependant, la Fourmi docile ne bouge pas, curieuse de savoir ce qu’il va faire par la suite… Tout juste ses doigts libérés de leur tâche qui reviennent dessiner quelques arabesques sur la peau dénudée.

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Dalmau
Je fis le voeu de posséder l'éloquence de Démosthène ou de Cicéron, de conter magnifiquement tout ce qui, en cet instant, me passait par la tête: cette litanie pensive et révérencieuse, épanchement de mon âme. Mais je n'en possédais même pas une infime partie et je demeurais muet, tout à ce labeur qui me promettait la blancheur de sa gorge et l'assouvissement de mes lubriques appétences.

Plus le lin se déchirait, plus je soupirais. Je soupirais sous les nues indolentes, sous le jaune regard de ce rapace dont je ne soupçonnais pas la présence. Je soupirais encore et encore après ses doigts qui me couraient sur le torse, après cette poitrine qui toujours dormait sous l'étoffe humide, après elle qui se reposait sur moi.

Je n'en cuisais plus de cette éternité d'attente au coeur de laquelle je ne faisais que jouir de projets oniriques et j'éventrais force tiraillements l'échancrure imbibée de sa chainse. Mes phalanges ruisselaient et mon regard vorace se baignait au derme laiteux de ses seins ronds. Au paroxysme du trouble, je sentis ma glotte se dérober et me faire souffrir, m'arrachant souffle et bruissements gutturaux ; je tentais de l'ignorer.

Désormais je m'élançais plein d'hardiesse et de fougue sur le cuir satiné de cette nymphe, baisant à lèvres déployées chaque atome de son buste délicieux. Je n'en laissais rien du plus petit grain au plus vaste coteau d'albâtre, fusionnant ma bouche fanatique à sa lourde poitrine. Contre mes tempes, il tonnait encore, plus encore, m'assénant le contre-coup de mes folles passions et je lui répondais, plantant mes crocs enragés dans la chair aimée.

M'en voudrait-elle de ne pas faire preuve de cette Sainte maîtrise qui trônait sans cesse dans nos discours ineptes? Eh quoi! son attitude me forçait à réagir, à céder à l'appel de ce corps extatiques! Oui, c'était cela: je n'étais que le pion de ses propres prétentions. Cette pensée me rassurait et m'enthousiasmer, exhortant mes mains animées à plus de véhémence. Et le vêtement ploya sous mon joug. Et la dernière fibre craqua sèchement entre nos deux êtres, m'offrant son ventre impudique. Je souris à même sa gorge avant de relever mes yeux pétulants sur son visage.
Fourmi.
Elle aurait pu en effet, poursuivre l’idée du bain… Après tout n’en sortait-elle pas, suintant ses effluves délicats et épanchant encore moult gouttelettes à sa chevelure détrempée ? Elle aurait pu l’entrainer, lui faire miroiter la mousse et la caresse suave du pain de savon épicé… Aurait-elle du cependant briser là les aspirations de son bien aimé et chercher à imposer cette récurrente et foutue maitrise dont le pesant carcan brimait parfois les élans de leurs cœurs aimants ?

Ses doigts épris de la peau qu’ils effleurent s’enfoncent sous le tissu. Ils voudraient en redécouvrir chaque parcelle, sentir chaque grain se dresser à leur passage en réponse… Mais la plainte étouffée qui échappe à sa gorge et ébrèche le silence altère le geste. Les paupières se closent à demi et sa main libre vient emprisonner la nuque mâle, l’attachant à cette morsure qui embrase son âme. L’échine frémit.. Sans doute le lin imprégné de cette eau qui inonde ses reins. Tout comme ce ventre qui vibre… A n’en point douter par la faute de ce dépouillement soudain… Elle se presse dans sa chaleur, dégage sa main pour venir enserrer son dos et le griffer au travers du tissu. Sa voix est plus que troublée lorsqu’elle articule, dans un murmure :



Tu es beaucoup trop vêtu pour un bain…


Elle n’ose le regarder, les joues rosies de cette pudeur ancrée, souffrant qu’il ne découvre la passion qui illumine ses prunelles et tend à leur en faire prendre une nuance embrasée. Déjà sa main tire le tissu, dénudant son dos pour le défaire de cette insupportable barrière. Et toute Fourmi rajoute, malicieusement :


Sauf si tu comptes faire la lessive en même temps…


On ne se refait pas… Même aux frontières partagées d’un indicible désir.

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Dalmau
Je tempêtais contre ce regard qu'elle me refusait, me vengeant à coups de dents sur les volutes charnelles au centre desquelles dardaient vaguement ses tétins capiteux. Je m'épuisais, m'exténuais un bon moment en ces courses frivoles, Adrastée de ma frustration, lutinant de morsures et de baisers, dans le désordre le plus complet, les jolis reliefs de l'angevine.

Tu es beaucoup trop vêtu pour un bain…, me murmura-t-elle.

Sourd à cette remarque, je ne percevais que les échos vibrants de ses gestes sur mon corps incendié. Je sentais sur mon échine la griffure de ses ongles s'enchâssant dans ma peau au travers de ma tunique. Je ressentais sous mes papilles outrancières, et maintenant posées sur son épiderme, le souffle bouleversé qui malmenait sa poitrine. Elle se pressait contre moi, j'en faisais de même, ceignant sa taille de mes bras et trempant mes doigts frénétiques à la fabuleuse frontière de ses reins.


Sauf si tu comptes faire la lessive en même temps…, me dit-elle sans pour autant m'offrir ce regard que je tentais toujours d'attraper entre deux élans incontrôlés.

Foutre, fis-je intérieurement sans même réfléchir et sans tout comprendre. Me prenait-elle pour une lavandière, une branle-queue à la planche laborieuse? Je m'empourprais tant de ce désir monstrueux qui irradiait mes reins et mon insatiable vit que de fâcherie.

Et doucement... à mesure que j'épanchais ma colère passionnée sur sa gorge généreuse... je me souvins. Vivement, je m'arrachai de son étreinte, libérant sa taille et récupérant mes mains et me jetai sur les pans de cette chemise souffreteuse, la dégageant sans ménagement. L'ourage grondait et je me saisissais indélicat de ma geôlière que j'amenasse sans scrupule à se retirer de la selle dont je faisais le cuir. Libre, j'émancipais mes cuisses et mes mollets de la cage de laine où ils demeuraient dans une frénésie indescriptible, envieuse et empressée, avant d'envoyer valdinguer mes braies. Mon regard, par touches, se couchait sur le petit corps blanc à proximité, éveillant d'autant la fureur grandissante de cette hampe dorénavant affranchie de toute toilette.


Le..., allais-je dire à l'heure de la rejoindre, haletant et furieux comme jamais. Je me tus finalement et m'envolai sur chacun de ses charmants pays, surtout sur ce ventre épais qui flattait mes folles pensées et au bas duquel survivait la sombre forêt augurant la plus exquise des voluptés. Tout m'aspirait jusqu'à la déraison en elle. Dussé-je épargner une seule de ses qualités ou défauts dans mon idolâtrie fanatique que je ne le pourrais pas... Et sous mes doigts, mes baisers et l'ensemble de mes entreprises graveleuses, je recouvrais l'entièreté de sa personne.

Dans un regain de lucidité, le nez à fleur de peau si je puis dire, j'osais un murmure somme toute raisonnable:


Oublie-t-on le bain?
Fourmi.
Le contact du tissu contre sa peau lui devient presque intolérable, heurtant sa chair aimantée. Rien n’est plus doux, plus troublant que son torse contre sa poitrine honnie, de sa fine toison exacerbant la tension de ses monts érectiles… Trouble dont il la prive de cette chemise qui altère le sublime.

Malléable, elle le laisse disposer, le sol réceptionnant son fourmiesque popotin. La demoiselle en sourit et ne perd une miette du spectacle de ce déshabillé qu’il lui offre. Un soupir se livre dans le silence d’un linge répudié et ses joues s’empourprent violemment à la vue de cette virilité érigée tel un monument qui ne serait dédié qu’à elle… Et l’embrasement de ses pommettes s’accompagne de cet émerveillement presque enfantin, cet étonnement qui chaque jour la submerge de le voir ainsi amoureux, elle qui ne se trouve le moindre attrait quelconque…


Le ?... "Le" s’étrangle dans sa gorge, soumis aux commandements que le corps qui vient recouvrir le sien lui assène, en baisers exaltés et caresses langoureuses. Ses mains reviennent se poser sur un dos enfin affranchi de toutes bornes et ses ongles marquent en douceur leur emprise sur cette chair qu’elle fait sienne. Sous le joug impérieux des lèvres qui brûlent son épiderme, le corps se tend, les reins se creusent et enfin elle retrouve la délicieuse familiarité d’un poitrail au velours mâle qui exalte et passionne ses courbes au-delà de toute commune mesure. Mais trop rapidement il s’échappe et va provoquer d’exquises douceurs du bout des lèvres sur son ventre crispé.
A nouveau son minois pâle s’embrase et se pare d’un nuancé de rouges qui gagne jusqu’à ses prunelles qu’elle ose enfin mêler au regard bleu qu’il lui oppose..


T’estimo…

Pour la première fois, elle se sert de sa langue à lui… Exprimant ce que son âme ressent, dans toutes ses craintes et ses offrandes, dans ses retranchements et ses désirs inavouables… le dire dit tellement plus que de simples mots…
Une invite à la déraison dans sa forme la plus pure, alors que déjà elle se fait d’une onctueuse moiteur, soumise à cette irrémédiable volonté de s’enchevêtrer à lui…

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Dalmau
Mon Univers ne se réduisait à rien, à rien d'autres qu'à ses mots dénués de cette facétieuse pudeur qui me tirait sourires sur soupirs frustrés et à l'exquis de son corps abandonné. Je répondais incessamment de milles bredouillements incompréhensibles, bien trop agité pour être intelligible à l'heure de sentir sous ma bouche affligée l'ineffable douceur de ses lèvres voluptueuses. Comment en étais-je arrivé là? Je ne saurais le dire. Sans doute avais-je glissé le long de son ventre. Sans doute avais-je épousé durant un court instant la canopée de ses ténèbres. Sans doute... Maintenant, je la respirais à plein poumon, savourant la moiteur enivrante de ses soubassements et leurs exhalaisons entêtantes.

Tout m'était difficile dans les affres de cette respiration tumultueuse et du sang violentant mes tempes, mais je plongeais malgré tout... malgré les maux dont elle était la muse... Je scellais ma lippe à ses parties charnues, ivre de désir et d'amour. Je trempais tout le contenu de ma bouche énamourée aux aspérités de ce petit monde, cueillant par moment le suc luxurieux qui en dégouttait. Je poursuivais, effrontément, le joyau déployé de son intimité vénérée. Il ne me manquait plus que de la sentir, que de la deviner sur mes faiblesses paroxystiques.

J'effaçais cet impérieux besoin d'une paupière rabattue et d'un baiser profond. Mes doigts tremblants venaient dorénavant effleurer l'encre d'un serpent, le repoussant lentement de leurs pulpes revivifiées par mon propre émoi. Que faisais-je? Quelle folie me tenaillait les tripes à cet instant précis?

J'eus l'audace d'un regard, envolé vers son minois adoré. J'éludais son ventre tendu et ses monts de craie blanche pour l'admirer à l'heure de goûter cet interdit. Je ne pouvais la laisser là, si loin quand bien même je brûlais de demeurer là... à embrasser l'origine du monde. Je me brusquai, et quittai à regrets le velouté de l'écrin.

Lentement, je parcouru la distance qui me séparait de ses lèvres et vins l'embrasser, sauvage et langoureux, avant de lui murmurer dans cette langue chérie de mon pays natal les mêmes mots que les siens:


T'estimo...

Faible aveu par rapport à l'impétuosité de mon âme, mais je m'en contentais tandis que quelques frissons éparses traversaient mon échine trémulante, proie des effleurements involontaires de ma folie manifeste.
Fourmi.
Jamais un ciel ne lui avait paru revêtir de telles couleurs avant ce jour… La trame bleutée aperçue au travers des frondaisons se fondait d’une lumière inconnue et le vert des feuillages se déclinait à l’infini d’un éclat empyréen. Plus rien n’avait l’apparence du quotidien ; tout devenait estompe brumeuse et délicate, sublimé par cet abandon.

Elle voudrait resserrer ses perfides cuisses pour se dérober à la délicieuse torture plutôt que de se tendre sous ses licencieuses embrassades qui embrasent sa chair. De Fourmi elle s’efface un instant pour emprunter les serres d’un faucon, plantant quelque griffe dans une épaule robuste alors qu’un chant étouffé nait dans sa gorge. Une fleur aux pétales épanouis, constellés d’un émoi sans conteste et ouvrant la voie d’une ivresse affolante.

Le soupir est presque soulagé quand enfin il revient à sa bouche partager un baiser au bouquet épicé. Le serpent coulisse et vient caresser une hanche masculine lors ses prunelles explosent d’un éclat cornaline… Son ventre ébranlé par cette ardeur se crispe et implore. Les bras pâles encerclent son dos et le presse de le savourer un court instant à fleur de peau sans plus de mouvements que ces frôlements à l’invite extatique. Le murmure même mille fois écoulé aurait le même commandement, la bouleversant au plus profond de ses entrailles. Une main glisse sur l’échine aimée, délicate, la caresse en est presque fragile en rejoignant ses reins…

Le sourire d'une tendresse infinie étire un sillon aux ourlets perlés d'un voluptueux ichor... Ses yeux se perdent sur le visage catalan et s'enivrent de chacun de ses traits avant qu'elle ne revienne effleurer sa bouche d'un souffle.

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Dalmau
Etais-je interdit? Statufié entre ses cuisses, sur ses seins et contre ses lèvres? Mes secondes avaient ce goût d'éternité détestable où je crus revenir à cette première fois, fébrile et lâche. Hagard, je caressais de mon regard le sien, l'arrête de son nez, et les irrégularités de sa lippe abîmée. Je dus m'y reprendre à deux reprises pour échapper à cet invisible carcan qui m'entravait.

La première tentative s'échoua sur les bords de sa cuisse, redressée contre mon flanc, que j'effleurais à peine de ma main gauche. Elle m'encouragea - du moins, le croyais-je - d'un frôlement de lèvres, d'un souffle égaré, mais ceci n'eut pas l'effet que j'escomptais. Sitôt je retirais mes doigts, et les plantai mollement dans le sol à proximité avant de me rabattre sur cette lèvre fendue, frustré de cet échec dont je ne révélais rien.

A la seconde, ce fut mon autre main qui rejoignit son sein blanc, enveloppant son galbe enivrant. Je le pressais doucement entre mes doigts nerveux. Du coin de l'oeil, j'arrachai à mon audace la plaisante image d'un mamelon érigé, délicieux de fragilité, qui ornait ce mont ivoirin... Le temps fila subitement. Je me détachais enfin de son visage et me dérobais à cette main qui effleurait mes reins, venant quérir entre mes lèvres affamées l'inexacte rondeur de ce dardillon de chair. Je m'oubliais doucement sur cet écueil affolant au goût si léger qu'il m'en parut inexistant.

Or cet oubli, si doux fut-il, ne dura pas. Par dessous moi, je devinais l'indicible étreinte de l'extrémité renflée de mon vit et de ses lèvres honnies par la bonne morale aristotélicienne (ndlr: on oubliera que les plus grands satyres naquirent du Sacro-Saint Ventre de cette belle Eglise). Cette pernicieuse caresse me happa et me résolut à assouvir ce désir incoercible qu'elle faisait naître. Je me décrochais à la hâte de ce sein admirable et me saisis de ses cuisses tandis que j'écartais passablement les miennes. Maintenant, je demeurais là, à genoux, les jambes mollement entrouvertes, attendant d'aiguiller ma folie en dessous de cette douce toison aux poils bruns.

J'aurais pu taire cette suite létale aux oreilles pudibondes de ce beau Royaume de France, j'aurais dû la taire peut-être...

Je m'évertuais dorénavant à l'attirer sur moi, les mains ancrées sur les fines rondeurs de ses jambes, enchâssant dans cette fleur délicate à demi-ouverte la pointe de mon trait funeste. A cet instant, je me pâmais presque, étourdi par la violence de mes sens en ébullition et l'onctueuse moiteur de son être trempant l'akène de ma fureur patente. Je tentais de regagner la surface, de m'extirper de cette réalité onirique. Je relevais nez et mirettes sur son visage d'albâtre, embrasant ses traits de mes prunelles affolées. Mes doigts s'enfoncèrent dans sa peau d'autant que je la regardais, contraignant son petit corps blanc à me dévorer plus encore. La fuite ne faisait rien, elle empirait même cette frénésie dont je voulais me dévêtir.

Dans un accès de lucidité, je me pris à observer les alentours. N'était-il pas un fripon pour nous espionner? Je me voyais mal courir nu aux travers des ruelles et venelles de la ville, pourchassé par le son du cor. Mais le seul témoin de mes excès semblait être ce rapace à l'oeil d'or et d'ébène.

Fi du faucon et de son bec aquilin, je me penchais de nouveau sur son inénarrable maîtresse à laquelle je baignais ma lippe, cueillant le myrte à sa bouche et à ses monts ivoirins. Je n'étais plus qu'une bête bruyante, tourmentée de frissons incessants et de pulsions insanes. Le feu de ma débauche, toute aimante qu'elle fût, se gardait bien d'animer mes reins, mais je ressentais tout de même les flots tempétueux d'une indescriptible chaleur émanant du noeud de nos deux corps.
Fourmi.
Il la malmène de ses attentes irrésolues. Chaque geste devient supplice qui ornemente le paysage d’une géographie à la surface morcelée dont les continents frémissent sous les afflux d’un noyau ardent… Ses hésitations, ses caresses tremblantes de nervosité l’émeuvent et la déconcertent autant que ses courbes érectiles se dressent au moindre souffle.

Elle le dévore… des yeux. Soumise volontaire à cette déraison qui les a chaviré sans préambule un jour de printemps. Quoi que fasse ses mains elle n’a que son visage imprimé dans les rétines. Il modèle à sa guise et configure les prémices de délices à venir. Son regard embrasé darde son complice avant de s’inviter, curieux, à la présentation des hommages. Et les monts tumescents s’animent, emplis d’une apnée saccadée alors que le sillon de sa lèvre est approfondi par les dents qui imposent à la retenue en maintenant leur captive sans la moindre complaisance.

Fi de la poésie, des pistils et des fleurs quand bien même leur parfum en serait enivrant… Les couleurs et détails de l’alentour s’effacent peu à peu jusqu’à disparaitre de son champ de vision. Ne reste que lui… Ne reste qu’eux et ces corps qui lentement commencent à se conjuguer l’un à l’autre. La contrainte est délice et ses mains s’abandonnent en errance, dessinant la peau comme lui dessine ses rivages mystérieux. Elle accompagne sa frénésie d’une douceur enveloppante, cherchant presque à raisonner cette urgence. Langoureuse, presque lascive, elle l’emprisonne et l’étreint, savourant le ballet voluptueux de cet engagement impulsé d’un bassin. Le sourire se fend et étire un peu plus la crevasse qui suinte plus encore. Un doigt recueille quelques perles carmines et les yeux s’y attardent, s’y fixent lorsqu’elle va en recouvrir une lippe masculine. Elle s’en fascine alors que sa langue efface momentanément les dégâts de sa lèvre torturée. Elle le sent palpiter dans la quasi immobilité de leur entrelacs, s’enivre de battements assourdis qui cogne sous sa paume.

La passion croissante supplante et ses mains crochètent la nuque blondine pour s’y arrimer. Elle se soulève et vient prolonger l’entrelacement, soupirant contre son épaule alors que dans l’accolement de leurs poitrines les pulsations cadencées se mêlent. Le vertige est sans fin, les intimes se fondent dans la délectation, parfaits sybarites se nourrissant de cette ivresse. Ses doigts effleurent chaque parcelle de peau qui passe à leur portée et se soulent de ce contact autant que ses tympans se plaisent à l’écho d’un souffle chahuté par la profondeur de leur union.

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Dalmau
Les arabesques invisibles qu'elle dessinait de ses pulpes sur mon torse énervé accentuaient d'autant son emprise et mes affres sans pourtant que je ne cédasse à l'appel de son con trempant ma hampe. Alors au faîte du désir impérieux que je nourrissais, je ne faisais rien. Bête paradoxe d'os et de sang, je m'évertuais seulement à maintenir le lien qui m'unissait à elle.

Malgré tout, mon coeur battait à tout rompre contre mon poitrail et sous sa paume chaleureuse, trahissant l'émoi, s'il n'eût été déjà trahi, qui me submergeait et s'imprégnait en mes chairs meurtries. Chaque seconde passant accrut mon tourment et l'inéluctablement besoin d'y succomber, d'offrir son ventre à l'akène tremblant.

Un nouveau et infini frisson s'empara de moi et me traversa de part en part, naissant au creux de mes reins pour venir mourir sur ma bouche entrouverte, quand elle se mit à porter à ma lèvre brûlante l'ichor de sa passion. Je m'en abreuvais éhontément, effaçant de ma langue gourmande le vermeil à la saveur métallique qui enduisait ma lippe. Cet assaut me fit fléchir, et je m'enfonçais... Mon souffle me quitta subitement, le baiser profond de ses chairs chaudes embrasait mes veines saillantes et mon épiderme luxurieux de sa moiteur extatique. Je me vis geindre, gémir sous la caresse.

Vivement, je reportais mes mirettes incendiées sur son visage laiteux. Je n'eus pas le temps de la supplier que déjà sa main s'agrippait à ma nuque, que déjà son bassin se soulevait, que déjà elle m'avalait en elle, prêtresse antique dénuée de craintes. Je sentais sur mon oreille et mon épaule son souffle tiède lui échapper. Je percevais sur mon derme surchauffé la rondeur de sa gorge. L'ivresse se faisait monstre. Je ne respirais plus et ma gorge se fermait inexorablement sur des râles devenus inaudibles.

Je n'en cuisais plus de souffrir mon indolence crasse, mon oisiveté abjecte qui me privait des lauriers délectables de sa souveraine volupté. Enfin, je cédais à ma fureur, à mon envie d'elle. J'enveloppais d'une main brûlante la finesse d'une fesse pommée. Mon autre main suivit la première sans tarder, épousant le galbe gémellaire de sa lune pâle. Ma bouche, quant à elle, harassée de désir, s'échoua durement sur son épaule, mordant outrancière l'épiderme laiteux de mon angevine. Et je l'entrepris, intimant à sa croupe délicieuse un rythme effréné, ardeur des premiers instants.

Nos corps fiévreux s'imbriquaient et se repoussaient, chantant leur union de leurs claquements mouillés. Tout s'effaçait dorénavant. Mes tempes résonnaient des coups de sang que mon palpitant commandait. Je ne percevais plus que les ineffables mélodies de nos souffles, de nos soubassements s'entrechoquant et de ces coeurs affolés. Je savourais la caresse de ses monts adorés accolés à mon torse contrarié à chaque mouvement de son petit corps sur le mien. Des morsures se perdaient. Des baisers aussi. Des mots inaudibles fusaient d'entre mes lèvres pour faire naufrage sur l'écueil de son épiderme d'albâtre. Et je m'énervais encore... J'accentuais la danse charnelle dont nous étions l'objet... J'épuisais mes bras qui la retenaient dans cette frénésie... L'une de mes mains remonta jusqu'à ses reins délicats, décrochée par la véhémence du va-et-vient et l'eau salée qui nappait sa peau. Je la retenais, pressant mes doigts dans sa chair... Je ne voulais rien interrompre... Je voulais mourir sous elle, par elle et en elle. Fou, éperdu, je me jetai sur sa gorge et arrimai puissamment mes lèvres mordantes à son cou fluet.
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