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[RP-Lieu Public] Et au milieu, une étendue d'eau paisible...

Fourmi.
La saveur d’une immobile étreinte n’a qu’un temps… dont l’échelle se perd en une fraction d’éternité en frémissements galopants le fil d’une échine pâlotte. Elle pourrait rester ainsi et s’en satisfaire des heures durant. Savourer simplement le mélange de leurs imperfections, sa brûlure doucereuse. Mais le catalan s’insurge et regimbe d’une impétuosité retrouvée.

Silène ithyphallique, il se déchaine et l’invite à ses priapiques agapes. Complice, le corps soumis à cette volupté se soulève et reprend la cadence d’un ballet à la concordance affolée et pourtant d’un naturel si harmonieux qu’il en occulte toute velléité de rébellion. Elle s’abandonne entre ses mains, ne contrôlant plus rien, livrée à son bon vouloir et esclave de ses luxurieux instincts. Le front posé contre une épaule musculeuse, son regard s’accroche à une goutte de sueur qui dévale depuis sa gorge à son ventre, en une descente affolante qui la mène aux confins d’une joute licencieuse. Les stigmates dont il marque sa peau la tirent de son extatique contemplation. C’est à peine si elle s’est rendue compte des plaintes que sa propre gorge exhale sous ses divines applications comme autant d’estampilles impudiques de cette félicité dont il lui fait grâce.

De délicieux fourmillements s’invitent dans cette ascension dionysiaque et la cambrure s’accentue sous l’impérieux besoin des désirs qu’il a profilé, esquissé sur sa peau. A son tour elle goûte le sel de sa peau, saoule de son odeur. Ses mains s’accrochent et le pressent d’une gestuelle enfiévrée sous l’hégémonie de cette sensuelle collusion qui la consume. Ce bras qui la retient force ses reins tant elle se tend, une main plaquée sur la nuque mâle maintenant cet étau qu’il a fait de ses dents sur sa peau et imprime la marque du point de non retour de cette montée en puissance, déclic vers l’absolu.

Les augures s’avancent, en tremblements discrets et murmures diffus, comme autant de suppliques qu’elle lui adresse en chavirant peu à peu dans l’océan tumultueux de leurs ébats. Au plus profond de son être une boule ardente ne cesse de croître et appelle son incube à l’assouvir. Capitaine dans cette tempête au cœur de la déraison la plus totale, il les guide sur les flots rugissants de leur amour. Les fourmiesques pommettes se parent de rouge, puis la totalité de son visage s’enflamme. Les murmures s’effacent derrière la barrière dentée qui ronge sa lèvre et délivre un filet ensanglanté, sans parvenir à enrayer l’afflux de plaintes qui en franchissent les écueils. La lave se propage et explose et force le lâcher prise. Elle se laisse entrainer, cédant à cette lutte inégale et l’explosion la submerge. Déferlante de lave qui la balaye et la fige pour le retenir au centre de l’embrasement…

Un long cri déchire le silence relatif de leur étreinte passionnée. Elle vogue sur cette mer agitée par les vagues qui parcourent son être et la transportent. Petite carcasse spasmodique à la tête rejetée vers l’arrière, le regard flou sur la trame des cieux. Instant fugace où Chronos suspend le sablier du temps, plus rien n’a cours, plus la moindre pensées. Rien que cette perfection cotonneuse, déconnectée du réel... Le corps secoué par les ballottements crispés de cette extase…

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Dalmau
La décharge fut subite, violente et chaotique, autant que je pusse m'en apercevoir. Je ne vacillais pas bien qu'elle me portât, en cet instant, sur les rivages agités de l'inconnu. Je n'avais jamais songé à autre chose qu'à moi-même dans ces moments-là, me repaissant des caresses de l'autre sans rien contempler que ma propre jouissance. Egoïste avant elle, avant ce Printemps qui embrase ma mémoire où je la découvris, studieuse et muette, sur les chaises de cette taverne. Dorénavant, je m'abreuvais sans commune mesure de cet abandon licencieux, où voix et muscles se mêlent et s'entremêlent dans la tourmente, l'accompagnant de ma propre fougue.

Je la portais quasiment à bout de bras, soulevant sa croupe lubrique, contaminée de spasmes, avant de la laisser choir délicieusement sur ma hampe saturée de désir. Je me volai des soupirs gutturaux à chaque retombée que j'éteignais à la hâte sur sa gorge ouverte sur les nues. Mais le trop plein d'ardeur... le trop plein de volupté me fit geindre, perturber de mes râles l'obsédante aria dont elle me faisait profiter.

Décidé à endiguer le cours de mes soupirs, je m'agrippais fermement, de toute la force de mes lèvres et de ma bouche unies, à son épiderme diaphane presque translucide. Je m'y agrippais tellement que je sentis sur mes papilles affolées le jus sirupeux et chaud qu'abritaient habituellement ses veines bleutées. Je ne pus me résoudre à me décrocher de son cou, ni à déloger mes crocs assoiffés de sa peau blanche quand bien même les perles de ce nectar de vie s'amoncelaient toujours davantage sur ma langue et sur ma lippe... Je la mordais, têtu et fou, goûtant à outrance les saveurs de sa gorge percée.

Mes doigts trahissaient l'extase, la violence de cet infâme plaisir d'ichor et de stupre mélangés, s'incrustant sans vergogne dans la chair de ses reins, tandis que ma main, encore appliquée et nerveuse, gâtait mes sens des incessants va-et-vient qu'elle commandait. Je me sentis venir le temps d'une fraction de seconde, un voeu de chair, bref et contenu, d'épouser les affres de mon orgasme le sien extatique. Je la guidais plus lentement, apaisant l'émoi de mon vit, et me détachais enfin de son cou rougeoyant de mes baisers mordants dont je me régalais à en jouir.

Lentement, je redressais mes pupilles dilatées sur son menton ivoirin à l'affût d'un regard, d'un nez ou d'une lèvre fendillée offerte à ma bouche sanguinolente. Mon souffle souffreteux dégageait mollement ses exhalaisons ferrifères sur les coteaux à l'immaculé capricant de sa gorge. La frénésie s'estompa plus encore jusqu'à l'immobilité totale des corps où seules, demeuraient les pulsions confuses de nos intimités embrassées.
Fourmi.
Elle redescend lentement des nues auxquelles il l’a portée, les yeux encore embrasés de cet extatique tremblement qui imprègne chaque parcelle de son corps. Il accompagne en douceur sa retombée sans rien perdre de cette vigueur amoureuse qu’elle emprisonne de ses brulantes convulsions. Ô divines palpitations qui alimentent encore et encore son émoi pour en appeler la récidive. Ses prunelles cornaline trouvent enfin leurs homologues et s’y fondent autant que leurs âmes entremêlées se pâment dans la fusion.

Elle décroche sa main de sa nuque pour venir passer ses doigts émus sur les lèvres assassines, accrochant à son bec un sourire, avant de passer une nouvelle fois sa langue à ses lippes sèches et essuyer ce sang béni. Sur sa peau marbrée du sceau du catalan, un fin filet raisiné s’épanche et s’effiloche sur sa gorge, épousant l’arrondi d’une opulence incontestée. Ses joues s’empourprent… Dans son esprit malmené d’inavouables désirs s’entrechoquent… Elle voudrait qu’il s’en saisisse à pleines mains, qu’il s’en abreuve et y appose sa marque avec la même ardeur du désir violent qui est sien depuis.. lui. La déglutition est difficile avant qu’elle ne revienne à ses lèvres partager un baiser et ses troublants bouquets.


T’estimo amb bogeria…

Le murmure est presque plaintif contre ses lèvres maculées de ce sang qu’elle lui offre. Depuis lui la raison n’a plus court. Cet amour qui chaque jour n’a de cesse de croître et les porte, égoïstes, à ne songer qu’à l’autre en terme de priorité. Elle l’étreint plus encore, cherchant à le dessiner de sa chair enfiévrée. Et ne s’arrache qu’un soupir gémissant supplémentaire. Chaque mot sacré à leurs yeux, chaque geste divin, empreinte de promesses solennelles auxquelles leurs essences même se sont pliées comme la plus évidente des exquises sentences. Ses doigts effrontés glissent d’une épaule à ses reins rassérénés. Ils effleurent un flanc, en agacent la chair qui se dresse, offusquée.

Cette apothéose dont elle revient à peine lui parait incomplète sans qu’il n’en ait goûté la saveur. Le baiser se prolonge et s’anime d’un feu nourri, écumant de cette volonté libertine. Qu’importe désormais le quidam qui pourrait surprendre leurs ébats. Qu’y verrait-il si ce n’est une nymphe et un satyre soumis aux bacchanales de leur passion ? A nouveau elle se crispe autour de lui, se refusant à plus de mouvement sans qu’il n’en intime la volonté avant de délivrer sa bouche, haletant doucement d’un souffle trop agité encore, venant plonger ses mirettes dans les prunelles céruléennes. Qu’il lise plutôt que d’entendre… Et qu’il souffre de devoir épuiser ses mots pour exprimer ses désirs à son tour.


Je t’aime…


A peine un souffle… De mots simples qui disent tant et plus, déclaration banale au commun, remarquable et chargée de tellement d’autres choses encore chez eux. Elle a repris le français de crainte d’épuiser le peu qu'elle sait de cette langue qu’elle s’est mise à apprendre en secret. SA langue… A lui.

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Dalmau
Elle m'embrassait du regard, de ce regard brun aux reflets cornaline qui n'avaient de cesse d'hanter mes tourments. Je le guettais si souvent. Je tentais si souvent d'attraper de mes azurites diminuées cet éclat léger, éthéré, presque invisible, dans l'ombre de ses yeux. Et je le mirais enfin, m'en saisissant et le dévorant de mes prunelles affolées. Je ne voulais pas en laisser une miette de cet éclat aérien qui, peut-être, s'éteindrait dès que j'eusse tourné la tête. Et je le regardais. Et je le contemplais encore...

Son doigt m'invita à me reprendre de son humide caresse. Il m'effleurait, là, sur cette lippe encore glacée du sang de cette sylphide, frémissante sous la pulpe délicate. Je me vis le laper, et le happer ensuite entre mes lèvres enduites de cette lymphe rubiconde. Je l'emprisonnais, le suçais à peine avant de le libérer non sans une once de regrets.

Cette aimable présence s'effaça dès que je portasse mon regard sur la finesse de ses lèvres abîmées, de ce velours sanguin où s'incrustaient les marques de notre folie. Je dérobais, songeur, de licencieuses promesses à cette langue mutine, enrobant sa lèvre féminine. J'aspirais à ses baisers, à la confrontation de nos gourmandises, et à l'onirique union de nos organes. Elle me l'offrait tempéré, et je le rendis passionné, immolant à ses lèvres toutes les passions qu'elle m'avait inspirées.


T'estimo amb bogeria..., me dit-elle dans un murmure, affleurant l'écrin de ma bouche offerte. J'eus bien du mal à dissimuler la joie qui me tenaillait les tripes, un sourire félon d'une douceur excessive violant le secret de ma Pensée. Cependant, je ne répondis rien ou quelques bredouillements ineptes au sens incertain que j'égarais sur ses lèvres aimantes.

Et elle se mit à m'étreindre et à soupirer, écrasant les rondeurs ivoirines de sa poitrine contre mon torse bouillant. Je frémissais en-dessous et sous l'effleurement de ses doigts sur mes flancs au derme hérissé. Mes mains se firent l'écho de ce sensible bouleversé, dévalant pour l'une la chute de ses reins et pour l'autre l'arrondi de cette fesse satinée. Mes caresses étaient gauches et fébriles, mais je m'en délectais, fouillant de mes pulpes empressées le tendre de sa peau tiède. Le baiser prit fin, m'arrachant un souffle troublé.

Dorénavant, je la fuyais, infléchissant le regard sur la genèse de ses monts, alors qu'elle scrutait les tréfonds de mon âme. Au creux de ses seins et sur la plaine de ce décolleté d'albâtre, s'écoulait un infime ruisseau écarlate... C'était son sang, ce sang enchanteur que j'avais versé sur l'autel de ma ferveur. Je déglutis douloureusement devant ce paysage. L'envie furieuse de la goûter rejaillissait en moi en vagues déferlantes choquant mon torse et ma hampe érigée en elle, vaines velléités de l'instant qu'elle gréva d'un second aveu.


Je t’aime…, fit-elle en un souffle. Mon pays s'effaçait à sa bouche et la folie aussi. Serait-ce l'oeuvre pudique d'un coeur rapatrié? J'éludais cette question et vins happer tendrement sa lippe timide, plantant le soupçon d'azur, qui vivotait encore autour de mes sombres prunelles, dans ses mirettes noisettes. L'élan s'estompa, et je lui susurrais simplement d'une voix qui se voulait amène: Jo també t'estimo...

Le regard toujours ancré au sien, je nous allongeais désormais sur le sol sans rompre le lien fragile qui nous unissait... Mes mains gagnèrent bientôt les contours de son visage, de ses épaules et de sa gorge ouverte sur le sillon sanguin. J'effleurais chaque parcelle de sa peau pâle du bout des doigts tandis que je me penchais inexorablement sur elle. Mes lèvres s'attardèrent sur la commissure des siennes, sur le bord de sa joue rougissante avant de fondre et d'embraser, fiévreuses, les contours de son cou.

Cette proximité m'enflamma et mes reins endormis renaquirent, me faisant revivre entre ses jambes. Je ne souffrais plus cette molle tendresse qui me posséda, et je la brisais maintenant sur ses cuisses et sa fleur entrouvertes. Bousculé par ma propre fougue, je flattais sa gorge de mes baisers confus et abondants, dispersés ça et là au gré de mes assauts vigoureux.

Inondée d'une fureur sans nom, j'enchâssais fermement mes doigts en son sein. L'empoigne me rendait fou. Je le pressais vivement, devinant entre mes phalanges écartées les tendres chairs qui cherchaient à me fuir. Tout m'inspirait, m'aspirait à cet instant-là... Et je cavalais de gorge en gorge de la pointe de cette bouche affamée, fumante d'envies. J'embrassais chaque parcelle de cette rondeur malmenée. J'agrippais mes lèvres tressaillantes au tétin flamboyant et l'entravait entre elles jusqu'à le faire rougir de mes ardeurs. Le bruit régnait, le bruit de ma lippe et de ma langue, le bruit de mon coeur flagellant mes cotes de ses cavalcade effrénées, le bruit de nos mottes à l'unisson. J'étais l'homme, la bête, le rufien le plus bruyant qu'il fût en cet instant-là... Volupté sans égale qui déchirait ma raison jusqu'à l'hystérie...

Amant, je me relevai à peine, décrochant mes appétits lubriques de mon idole rosée, et arrimai mes rétines cramées de désir à son regard brun tout en gorgeant ce ventre adoré de mon roide ithyphalle. Elle me tuait. Oui, elle me tuait. Et les douceurs extatiques de son con trempé culbutaient les inhibitions faiblardes de ma tendresse passagère. Je la voulais de chair, de sang et de passion, au-delà des mots et de toute poésie de l'instant, brûlante de vie sur ma lance érigée.
Entre mes tempes battues de sang et de sueur, une seule aspiration: aime-moi!
Fourmi.
Ils chantent, dansent et caracolent, tour à tour nymphe, satyre, succube, incube, dévêtus des oripeaux d’une morale absconse, ils s’offrent à l’autel de leurs délicieuses Lupercales.

Sous ses mains, ses baisers, il n’est pas une miette de sa petite carcasse qui ne se tende et s’offre plus encore à ses caresses délicates ou passionnées. Chaque grain de peau dressé, en émoi, sous ces ineffables frissons qu’il fait perdurer inlassablement. Sa gorge se distend et étire le cachet où perle l’ichor sacrificiel. Ses soupirs rajoutent à toutes les autres composantes de leur mélopée langoureuse, argumentant leur chant de quelques envolées lyriques sous la passion dont il l’abreuve.

Pour la bête furieuse qu’il se fait, elle devient Ménade aux nymphes imbibées. Eperdue sous ses assauts, les convulsions se font violentes, en proie au délire dionysiaque. Ruades d’une monture exaltée, griffures dans la chair, le corps cède à ses instincts profonds en quête d’un assouvissement total. Mourir encore, entre ses mains, agonir en une longue plainte extatique, le ventre explosant en un torrent de lave… Incandescente et ruisselante, un instant interdite avant que la frénésie ne ranime toujours plus cette pulsion de vie et de mort accouplées qui les habite. Ses yeux la retiennent captive, ils brulent de la même vésanie et étrangement l’apaisent. Elle se crispe et invite l’immobile. La torture est sans commune mesure, l’appel au calme… létal à leurs souffles violents.

Une main tremblante se lève et vient épouser une joue amoureuse. Un pouce effleure de sa chair celle rougie d’une lèvre aux appétences infinies ; elle crève de l’embrasser mais se contente de partager le zéphyr d’une respiration avant de le repousser doucement, une main pressante à ses reins pour le faire basculer avec une douceur presque désarmante.

D’haridelle en écuyère… le lien est rompu. Ses lèvres viennent redécouvrir la géographie d’un torse et déposent un lacis rosé sur la peau innervée de son sigisbée. Nulle parcelle n’est omise par ses baisers épris ou ses morsures taquines. Elle ondule à l’aune de ses appétits, souriant contre sa chair tendue aux épousailles d’une cravache et de ses opulences. Ses doigts s’immiscent sur ses flancs, effleurent et griffent en douceur pour provoquer son bassin, en invoquer la cambrure tandis qu’elle poursuit la dégustation du paysage de ce corps offert à ses embrassades éperdues. Le temps s’écoule avant qu’elle ne cède à l’envie d’un banquet et d’aller récolter de sa bouche humide le mélange licencieux de sucs amoureusement dilués. La saveur licencieuse imprègne ses papilles et, telle une chatte rompue aux caresses de son maître, sa gorge vibre de ronronnements exquis. La main qu’il vient poser à sa nuque, loin de la raisonner attise l’insatiable et des profondeurs brulantes s’invitent au coulissement lascif du baiser. Ses prunelles torturées de désir lisent le visage aimé. Entre ses lèvres il se rengorge, devient marbre, sublime statue d’airain qu’elle délivre pour venir partager l’ivresse luxurieuse de la rencontre de leurs haleines mouillées.

Au-delà d’un baiser, leurs langues parlent un langage inaudible, de parfums, d’émotions brutes et d’instinct ; et son corps languide revient le prendre, en parfait contrepied de la passion de leurs bouches avides, l’amazone est d’une langueur absolue, et savoure chaque seconde de ce retour. Suppliciés, les intimes en tressaillent, vibrant d’une complainte fébrile sous la lenteur du va-et-vient qu’elle installe. A regret elle abandonne ses lèvres pour se griser de chaque regard ou souffle qu’il offre à ses yeux embrasés.

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Dalmau
Et je chavirais, naufragé suffoquant sur cette lande de terre. La rivière, si elle eût existé un jour, s'en était allée depuis longtemps pour moi, noyée dans l'humidité de ses entrailles et chassée par la chaleur de ses étreintes. Nulle eau à l'horizon désormais, si ce n'était celle, salée et odorante, de sa peau et de son ventre ardent. Je tentais de m'accrocher à une épaule, à une crinière ou à ce sein que j'avais choyé de mes impétueuses caresses pour me rappeler à son bon souvenir... en vain. Ma fureur cédait inéluctablement aux attraits de la soumission.

L'ondine rallia mon corps désemparé de ses rituels frustres, tintant de leur sensualité païenne. Elle m'ensorcelait de ses frôlements légers dispensés sur mon torse, mon ventre et ce catéchumène trépignant, innervant ma chair d'un millier de frissons indistincts. Tantôt ses lèvres suaves, tantôt ses morsures aériennes mouillaient et flattaient ma peau piquée de désirs. Je l'avais souhaitée déchaînée et elle s'offrait délicate. Voulait-elle me torturer?

Elle se figea légèrement, ondulant sur moi. En contre-bas, je devinais sur ma corolle violacée le satin de sa gorge vivante, cette exquise opulence qui me ravageait si souvent. Elle le savait. Elle savait que cette délicieuse folie m'enivrait comme aucune autre. Et, assommé d'ivresse, j'accentuais insensiblement cet attouchement divin de mes reins vivotant. Mes soupirs, vagues et lourds, se dispersaient dans l'air, vers les nues, comme autant d'éloges passionnées à sa gloire damnée. Mais elle se retira encore, frustrant mes sens de cet autel lascif sur lequel je m'abandonnais.

Mon regard s'infléchit tandis que je redressais mollement la tête pour la contempler. J'observais avec désespoir la fuite de ce tendre de gorge qui m'emprisonnait et me délectait. Intérieurement, j'hurlais ma peine. Je brûlais de sentir à nouveau ce carcan luxurieux autour de mon vit incandescent. Rien. Mes doigts agacés s'incrustèrent dans les herbes et dans la terre meuble de la berge alors que je soupirais après ce trésor de voluptés. Et je me cambrais sous ses caresses et griffures légères plus fâché qu'heureux, victime de ce vouloir inassouvi.

Ma tourmente ne fit pas long feu. Mes hurlements silencieux se virent apaisés par le plus délectable des baisers. Je basculais inévitablement ma tête en arrière, scrutant de mon regard trouble la voûte de ce ciel azur. Ma glotte roula d'autant qu'elle parcourait de ses lèvres accueillantes et de sa langue appliquée le glaive paillard qui se dressait devant elle. Je l'entendais. J'écoutais chacun des bruissements de sa bouche qui m'avalait, m'en repaissant jusqu'à la nausée. Sybarite éhonté tandis que mes poumons s'ouvraient et se fermaient inlassablement au rythme de ses va-et-vients féconds.

J'en voulais plus, plus de cette tiédeur humide qu'elle me présentait. L'une de mes mains quitta le sol où elle gisait afin d'accrocher la fine nuque de cette nymphe magnanime. Je me redressais, ancrant mon regard avide au sien qui me regardait. Je la priais de tous mes doigts de m'avaler encore, je l'attirais à moi, envieux de ses lèvres et de leur profondeur. Ma vigueur s'en regorgeait, insatiable, et se raidit jusqu'à transpercer mes chairs émues de douleurs indicibles. Un mouvement...

Hors d'haleine, j'accueillais ses lèvres sur les miennes. Au profond, je succombais immédiatement et ma langue s'assouvit, griffant mon âme de ses ébats mouillés où survivaient la saveur de nos sèves respectives. Je tremblais sous elle. Je manquais d'air contre sa lippe funeste. J'ébranlais son derme et sa toison de mon méat suant de passion. Je n'en cuisais plus de cette rupture abjecte. Je n'en souffrais plus de ces abandons multiples qu'elle me distillait au gré de ses envies. Et... je la discernais enfin.

Le baiser rejaillit d'ardeur, tempêtant entre nos lèvres ouvertes, tandis qu'elle enfonçait entre ses cuisses mon obélisque languissant, qu'elle s'empalait sur mon ithyphalle fiévreux. Je me pris à la mordre sensiblement sous le torrent luxurieux qui dévastait ma chair. Elle m'échappa encore.

Elle échappa à ma lippe et à ma langue assoiffées, exposant ses charmes capiteux à mes prunelles affolées. Et je la dévorais... Je la dévorais de mes pupilles alertes et de mon ventre tremblant. Je la dévorais du regard, de ce regard insane qui dévalait, caressait, léchait chaque parcelle de sa petite carcasse. J'embrassais tout d'elle... jusqu'à la jonction de nos êtres, ce peu de moi qui s'étalait à ma vue malade au rythme de ses hanches.

Ma main de sa nuque échappée vint finalement baiser de sa chaleur amante les serpents entrelacés et le sombre triangle qui me dominait. Elle y demeura un temps, immobile et muette, tandis que j'ancrais de nouveau mon regard au sien. Un léger sourire s'empara de mes lèvres. Je ne saurais trop dire ce que ma Pensée eût dessiné en cet instant, mue qu'elle était par les excès et l'envie de jouir de cette ineffable chair.


Tue-moi..., murmurai-je finalement les rétines rivées sur son visage de lait sans me départir de ce sourire abscons. Je n'attendais aucune réponse. Je désirais seulement mourir entre ses cuisses, inonder son ventre de mon amour débridé, ne plus faire qu'un avec elle. Saoul de cette certitude, je vins épancher le tourment de mon âme vacillante en caresses frivoles, trempant mes doigts énamourés à ses ténèbres extatiques et taquinant du pouce la commissure de son intime réprouvé.
Fourmi.
Le regard qui glisse sur sa peau marquée la fait rosir. A ses joues qui s’échauffent elle sourit, de ce sourire idiot qui pare les amoureux, empreint de gêne un peu surprise, confuse d’être là, d’être son choix tout simplement. La morsure renouvelée a ravivé la blessure et l’écoulement discret ourle sa lèvre avant de filer sur son menton. Des doigts elle en brise un instant le flux, le cueillant pour aller dessiner sur le ventre tendu entre ses cuisses d’un sceau bien passager. Une plainte étouffée lui échappe dans un souffle. Une perle frémit et tressaille sous les doigts qui s’animent. Coite elle se fige, soupirant pour éluder cette chaleur diffuse qu’il instille, satyre à l’expertise érigée, ancrée dans ses entrailles.

Il la brule de ses yeux, réchauffe son âme de ses caresses, la crucifie de ses mots alors qu’elle vacille d’un rythme à lenteur recherchée. De sa chair elle imprime chaque veine gonflée, chaque rondeur épanouie, de la base au sommet et s’en repait avec une idolâtre ferveur en le dessinant de ses rivages secrets. Au paroxysme du supplice, elle fend sa lèvre une nouvelle fois d’une profonde estafilade qui rend son obole ensanglantée. Pire, ses joues rougissent sous ce regard qui la darde toujours alors que son bassin ondule à l’extrême d’un mouvement luxurieux et qu’il joue du bout des doigts à exacerber le bourgeon tumescent qui distille ses fièvres ondulantes.

Cruel qui, de sa main libre, vient caresser une hanche trop maigre à ses yeux pour remonter sur un sein lourd, en agacer du bout des doigts l’aréole déjà rougie de ses morsures et lui arracher crispations et gémissements à peine étouffés. Insurgée, elle se soulève, l’arrachant presque à son ventre brulant pour laisser ses nymphes brillantes d’émoi cajoler la rondeur d’un sommet d’un baiser à la licence exquise. Les caresses qu’il lui inflige la chavirent en dépit de ses incartades pour les éluder, elle revient longuement, sa gorge suant d’incessantes plaintes, et pourtant sans faillir à l’urgence poursuit dans ses profondes longueurs et cette indicible et fragile sensualité. Sont-ce des secondes, des minutes ou encor’ des heures qui s’écoulent dans cette douceur renversante ? A bord de la rupture, elle veut l’y transporter avec elle. Ses yeux supplient alors que son con badin se crispe autour de la hampe roide plantée au fond de son ventre et le presse sans fin pour l’enjoindre à répondre à son licencieux appel.

Maitrise, maitrise… ne maitrise plus et lâche prise. Il la plonge dans les affres du plaisir à force de caresses savamment appliquées et adjointes à leur union renversante. Ses cuisses contre lui commencent à frémir et trembloter, prémonitoire de l’autel auquel elle se rend une fois encore.
D’une main elle saisit un flanc, pour s’y arrimer, quand l’explosion détonne et balaie de son ventre à ses joues en déferlantes doucereuses. Incapable du moindre mouvement supplémentaire, elle subit le rayonnement qui la transperce et la parcourt inlassablement. Au travers de ses prunelles irradiées, c’est le monde entier qui s’est embrasé. Tout resplendit d’une aura fabuleuse, moirure chatoyante aux accents d’un ciel orangé. Même le visage de Dalmau semble rayonner, ceint d’un nimbe lumineux… Dispersés, enlacés, chaque cellule qui la compose exulte d’une béatitude absolue, douce et violente à la fois, au-delà de tout décorum inutile.

Puis, rompue de ce trop plein de cette félicité, elle s’affaisse mollement et vient retomber sur le corps malmené de son amant couronné. Elle voudrait se fondre en lui dans cette éternité cotonneuse et ne rien corrompre de cet enveloppement délicieux. Tout en cherchant son souffle, le corps traversé par de délicieuses convulsions, elle enivre ses tympans des battements de cœur qui résonnent et de l’odeur moite de son homme. Il voulait qu'elle lui offre cette mort douce et c'est encore lui qui l'a dispensée... Un murmure à peine :


Amb bogeria...

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Dalmau
Ma respiration suivait scrupuleusement le rythme de ses hanches qui embrasaient et délaissaient à leur guise la base de cette hampe trempée en ses chairs. Je m'abreuvais de l'exquis de cette caresse lente et profonde, de la danse lascive de son bassin, et de ses seins mollement chamboulés par sa délicieuse retenue. Chacun de ses mouvements me gorgeait d'un plaisir indescriptible que je traduisais en morsures légères sur ma lippe sanguinolente. Impitoyable maîtresse, elle me guidait lentement vers les rivages tumultueux de l'orgasme.

La torpeur était mienne. Incapable de ruades, je ne parvenais à esquisser que peu de gestes, à peine quelques doigts émus sur sa perle déployée et ses seins blancs. J'effleurais, fébrile, les aspérités d'une aréole délectable au centre de laquelle survivait un mamelon hardi. Je l'avais embrassé ce fichu, orné de mes lèvres et de ma langue et il me narguait maintenant... sur le faîte de ce mont ivoirin inaccessible à ma bouche. Je maugréais intérieurement, transpercé d'une envie incoercible d'avaler cette gourmandise inatteignable. Mes caresses s'enhardissaient, d'autant que je me frustrais, grossières et gauches, sur sa gorge de lait et sur le reclus vivotant entre ses cuisses.

Soudainement, elle s'ébroua et interrompit les coulissements voluptueux de ses hanches sur mon ithyphalle érigé. N'épousant plus que la couronne sensible de mon akène turgescent, elle se mit à l'agacer de ses lèvres gorgées d'où s'écoulait la lymphe miroitante de son entre-cuisse. Ce baiser licencieux, fruit de luxure, m'arracha à la gorge des râles plaintifs que je ne pouvais contenir, assourdir ou éteindre dans les affres de cette félicité grandissante... Inextinguibles, ils s'enfilaient les uns à la suite des autres en une mélodie chaotique, accompagnant le délectable de cet outrage.

Et elle me revint, ménade profonde et sensuelle. Ma gorge se ferma irrémédiablement sous l'assaut et emprisonna en son sein les gémissements qui s'envolaient hors de mes lèvres. Son ventre m'enfermait, oppressant ma hampe de ses muscles tendus alors que je frôlais l'extase. Sous ses yeux, je ne faisais que suer et serrer les dents par la force de ce plaisir intense qui m'envahissait inexorablement. Plus elle me regardait, plus je sentais battre mon sang entre mes cuisses, torturé de spasmes fragiles qui ne demandaient qu'à croître encore et me faire souffrir.

Finalement, elle m'envolait. Mes sens me quittaient. Je n'y parvenais plus. Je ne me retenais plus. Je m'agitais. Je m'imprégnais en elle. J'épanchais tout mon sentiment entre ses jambes exquises. Palpitant, cognant, nageant dans ce corridor nappé de moi. Mes lèvres tremblaient, chacun de mes muscles criait sa vigueur sous ma peau frémissante. Je n'étais plus que tressaillements et soubresauts animés par sa chair offerte. J'abandonnais dorénavant mes caresses confuses pour me saisir de ses flancs humides que j'enserrais entre mes doigts puissants, pressant son bassin contre le mien... Je voulais la garder, m'enfermer en elle tant que durerait cette tempête.

Et elle s'affaissa, chuta, s'écroula sur mon corps tendu et spasmodique. Je cherchais ses yeux ; je tombais sur son front. Je m'en fichais et embrassais ce peu de peau rougissante qu'elle me donnait, prodigue de baisers abscons. Mes mains desserrèrent leurs étreinte, et mes bras l'entourèrent. Je la pressais contre mon sein chahuté de battements lourds. J'haletais contre son cheveu brun. Perdu et éperdu sous ce petit corps.


Amb bogeria..., me susurra-t-elle. Je l'étreignis davantage au crépuscule de ce murmure savoureux. Je ne pouvais souffrir aucune distance entre son coeur et le mien. Ma Pensée ne vivait plus qu'elle en cet instant. Prégnante, elle dominait mon âme et son univers.

B..., tentai-je de bredouiller vainement tant mon palpitant s'affolait entre mes cotes meurtries, m'empêchant de construire ne serait-ce que l'ébauche d'une phrase sensée. Je me résolvais au silence, aux simples bruissements de nos corps exténués encore imbriqués l'un dans l'autre. Je l'étreignis encore.

Désormais? Je demeurais là... Non, nous demeurions là, bêtes et cons sur cette berge de Champagne offerts aux regards, sans doute ahuris, de ce fidèle rapace et de l'Ether moqueur. Je me foutais d'eux et du reste. Je l'aimais, et c'était tout ce qui m'importait.
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