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[RP] (fermé) Dis mois avec qui tu couches......

--Dacien2
......Je te dirais qui tu es.

Il jeta la bouteille au sol. Le liquide ambré de l’alcool se déversait sur les pavés, dégoulinant dans les rainures pour s’imbiber dans la terre. Depuis ce fameux soir où il s’était vidé l’âme plus que de raison, Dacien avait quitté cette famille bancale pour essayer d’oublier le mal qui le rongeait au fil du temps. Il n’eut pas le loisir de rester pour mieux travailler, pour mieux se rincer le regard ou encore pour esquisser un léger rictus d’arrogance devant certaines situations. Il préféra tout laisser en suspend sans aucun ambages mais avec ce goût amer d’avoir échouer dans ce qui devait être une poignée de mains tendues vers ce qui aurait pu changer un tantinet son existence.

Ivre. A longueur de journée. Le Nobliau avait réussi à l’enfermer dans la complaisance de ne plus vouloir croire en rien et de défaire le peu d’attrayant qui aurait pu se dessiner. Dacien était parti de son propre chef puisqu’il avait fauté. Depuis des mois, il buvait, s’imbibait d’alcool à toute heure du jour et de la nuit pour éviter d’avoir la conscience en ébullition après cette dernière altercation avec Adryan. Le Barman l’avait accablé. Qu’une silhouette lui rende la dureté du corps encore mais, qu’il s’agisse d’une femme alors que le Nobliau était giron, là, il n’en était pas revenu au point de le murer dans un silence effrayant et de n’avoir comme compagne la bouteille à tout instant. Cet état d’éperdu l’empêchait de réfléchir et de revivre cette scène encore et encore qui le hantait.

Oui mais voilà. Un nom lui était arrivé aux oreilles depuis quelques jours. Les clients de l’Aphrodite circulaient dans les rues parisiennes et ne tarissaient aucunes éloges sur le Bordel. Dacien n’était plus indispensable au Lupanar. Comme cela était étrange. Lui qui avait toujours pensé être le seul et l’unique. Comme quoi, parfois, l’on avait des idées préconçues et fausses. Cette femme faisait fausse route à croire que Adryan succombait pour elle. Non, il cherchait juste encore une fois, à se voiler la face et à tromper son monde comme toujours. Le Nobliau aimait les hommes quoi qu’il puisse en dire. Il lui avait prouvé par deux fois en laissant trainer ses lèvres sur les siennes, en lui laissant ce fameux goût de désir. Et parce qu’il décida que cette femme ne pouvait être usurpée encore plus longtemps, Dacien décida de retourner là où tout avait commencé.

Les cheveux plus courts et le visage fatigué de boire tout le temps. Son minois retrouvait peu à peu l’expression de ce rien qu’il possédait à l’origine pour refermer cette porte qui aurait l’emmener encore plus que le fond du gouffre, la mort. L’apparence apprêtée, il descendait la rue menant à la lanterne rouge qui annonçait le plus magnifique endroit de jeux interdits de ces derniers temps. Encore quelques pas pour entrevoir la porte et de claquer ses phalanges contre le bois. Fab…..Ahh non…Ce n’était pas Fabian. Un homme grand et élancé lui donna accès au Bordel. Bonsoir avait-il dit d’un ton sobre. Dacien savait qu’Adryan ne serait pas là ce soir. Oui, il était encore bien renseigné le Brun. Cela était bien serviable lorsque vous vouliez débarquer pour entrevoir la poupée qui croyait faire tourner la tête au Nobliau.
Et Dacien s’avança jusqu’au bar. C’était…..Une dame brune qui tenait les ficelles du service. L’Aphrodite avait changé. Un air d’amertume de revenir trainait sans pour autant le prendre de plein fouet. Et ses émeraudes se posèrent sur la Brune pour la solliciter d’un verre.


Bonsoir.

Une commissure s’étirant.

Est-il possible d’avoir un bochet?

Faisant glisser sa main sur le comptoir pour appuyer son coude et d’apposer son minois sur ses phalanges. Et d’un léger sourire.

Je cherche une certaine Camille. L’on m’a dit qu’elle trainait dans le coin….
Camillle_
Au comptoir, Camille cherchait simplement de quoi se rafraichir lorsqu’un homme pénétra dans le Salon de la Maison Basse. Etait-ce la première fois qu’elle le voyait ? Surement, néanmoins sa voix lui semble familière. Pourtant, elle peine à se remémorer l’endroit où cette voix lui frappa les tympans. Mais alors qu’il avoue l’objet de sa visite, l’esprit de Camille s’aiguise. Adryan. Les traits se peignent enfin sur cette voix qui mêlée à celle du Mentor, avait troublé la cave du Lupanar.
De leur entrevue, Camille en quête d’ingrédients pour réaliser ses concoctions n’avait entendu que le désir et l’envie. Les révélations, indiscrètes avaient été avouées et les Amants dévoilés. Impudique, outrageante, Camille peina à s’éloigner de ces aveux. Elle n’éprouva aucun dégoût, aucune incompréhension et pour cause, les penchants d’Adryan s’étaient encrés jusqu’à ses reins. Alors pourquoi était-il présent ici lieu ? Pourquoi vouloir s’adresser à Elle ?

Je suis Camille. Se retournant vers les étagères, l’ancienne serveuse s’empare du Bochet. Boisson étrange qui la laisse indifférente. Du sucre et des épices, de l’eau et de la levure de bière, nulle doute que la boisson devait être détonante. D’un geste posé, mécanique, le verre est posé à proximité de l’Amant.

Que puis-je pour vous ?

L’abcès est crevé et loin d’apprécier de tourner autour du pot, la question se veut franche et sans détour. Que lui voulait-il ? Se rendait-il compte que la situation semblait aussi dérangeante que déroutante ? L’Amant et l’Amante, l’Inverti et la Putain. De leur relation, elle en ignore l’intensité, tant et si bien, qu’elle se sent comme étrangère. Adryan était-il épris de cet homme ? Etait-il son premier ? Lui avait-il avoué son goût pour les Femmes ou au contraire, l’avait-il réconforté dans cette union masculine ? Etait-elle finalement de trop dans leur couple ?

Vous désirez me parler d’Adryan ?

Encore plus précise et franche, la Droguée cherche à percer la motivation de l’Amant. Elle sait pour eux, du moins, elle n’en connait que les contours. Et si cela pouvait l’aider à avouer sa démarche, cela n’en serait que moins long pour les deux comparses.

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--Dacien2
Il l’avait trouvé sans le vouloir. Jeune, brune, frêle, le teint légèrement hâlé. Le genre de femmes que Dacien aimait tenir entre ses doigts l’espace d’un instant pour sentir la satisfaction outrageante de l’homme qu’il était démesurément. Une femme qui lui en rappelait une autre. Hispanique, avec cette rose accrochée au corsage dont il y avait longtemps qu’il n’avait plus de nouvelles. Cette femme qui lui avait laissé un goût d’amertume lorsqu’il eut fermé la trappe de la dévotion et que ses yeux n’étaient emprunt qu’à la suspicion de l’humidité. Il avait aimé sa chevelure ébène venir caresser son torse lorsque ses lèvres se déposaient sans ambages et avec gourmandise. Dacien avait raffolé de la cambrure de ses reins lorsque sa dextre passait de l’épaule à sa croupe en volupté comme pour parfaire ses courbes alors qu’elles étaient déjà parfaites. De temps en temps, il y pensait encore. Par moment, le Brun se disait que si elle avait été encore là, il aurait évité de faire l’idiotie de sa vie. Elle, qui paliait souvent à ses colères et qui servait de tampon pour éviter tout désagrément. Dacien avait compris qu’elle l’aimait et que, malheureusement pour elle, cet amour là n’était pas réciproque malgré l’attirance qu’il avait pour elle.

Donc, l’Arrogant avait trouvé la fameuse Camille en question. Que puis-je pour vous lui avait-elle soufflé. Une commissure s’étirant. Son verre servi, il l’attrapa d’une poigne ferme pour le porter à ses lèvres et d’en boire une gorgée. Ses émeraudes la dévisagèrent sans scrupules, examinant chaque détail du visage pour se perdre délicatement vers les seins et essayer d’en deviner la forme. Ahhh lala. Non, on ne changeait pas les habitudes d’un courtisan.
Et la question suivante l’interloqua furtivement sans pour autant hausser un sourcil. Que savait-elle vraiment…..Adryan avait du causer….La proximité des deux personnes était-elle aussi poussée…Il en aurait eu des questions à poser d’un coup le Dacien mais, cette fois-ci, il les enfouirait dans un coin de son cerveau pour les oublier.
L’Arrogant appuya ses coudes sur le comptoir pour admirer la jeune femme en face de lui. Un simple sourire d’abord pour ensuite reprendre son verre et reprendre encore une gorgée. Et de reposer le contenant sur le marbre du bar.


Alors comme ça, c’est vous qui rendez la dureté à un homme qui préfère se mettre à genoux?

Voilà. "Evitons de tourner autour du pot, cela fait mauvais genre" pensa-t’il.

Vous savez que vous n’êtes pas son type?

Autant ne pas lui laisser d’illusions à cette pauvre femme. Cela serait dommage qu’elle puisse gâcher sa jeunesse avec un homme qui aime les hommes.
Camillle_
Pour un inverti, les iris se perdent de trop sur les courbes de la Droguée. Un comportement qui l’intrigue tant par son aspect décalé que par la manière, pourtant si familière qu’il emploie. Mais loin de se perdre en perversité, le ton est donné. Sec et franc. L’Etranger ne tourne pas autour du pot et cela plait à la courtisane, bien que les mots employés la laissent perplexe. Dans sa contemplation, la Droguée inspire, impassible, tandis que la réponse être prête à fuser. La première révélation déjà la laisse dubitative, depuis que l’Interdit avait été consommé, jamais Adryan ne s’était mis à genoux devant elle et jamais, elle ne l’aurait toléré. Seule sa dureté est véritable. Pourtant le bougre semble sûr de sa révélation, comme si cette attitude était commune à celle du mentor, comme si dans leur intimité, le Castillon était homme à plier l’échine. Est-ce donc cela le malaise qui envahit ses veines ? Celui de se savoir intruse, fruit d’un soir dans son originalité. Et d’ailleurs, il continue, achevant l’intrigue par l’assurance d’une deuxième réplique.

Mais loin d’être dupe, prête à enchérir, la courtisane joue ses convictions et ses espoirs.

S’il se met aisément à genoux devant vous, c’est debout et roide que je l’ai connu. Quant à être son type, seule sa jouissance qui a réchauffé mon ventre est à même de contredire votre jugement.

La Droguée malgré l’évidence, ne peut y croire. Mais contre elle, cette fois où plaquée à même l’irrégularité du bois, les reins avaient été pris. Absent, troublé, c’est en Amant que la courtisane avait été saisit pour conduire, libre et entier, la jouissance du Mentor. Mais qu’en est-il pourtant de cette étreinte, de ces soupirs abandonnés et avoués alors qu’elle s’était empalée à ses dépens ? Etaient-ils faux ? Plongée dans les Abysses, les souvenirs de cette soirée s’étaient disloqués, emportant avec eux, la sincérité de sa jouissance et de ses murmures. Pourtant, elle se souvient de Ce regard, la seule chose encore encrée entre ses tempes et qui encore aujourd’hui, la confronte à la honte de n’être qu’une putain.

Alors, la Vipère montre les crochets de peur qu’une baffe ne s’échoue contre son visage, de peur que la douleur ne soit trop vive. Elle ne peut se résoudre à n’être qu’une fantaisie, une donzelle sans importance, un écrin que l’on prend par dépit d’avoir autre chose de plus accueillant. Elle ne sait s’il s’agit bien là de fierté ou d’orgueil, mais Camille ne peut survivre à l’Indifférence. Elle défend ce qui lui semble être vrai, même si la vérité reste quant à elle, dissipée dans un nuage de vapeurs interdites.
La meilleure des défenses restant l’attaque, elle ose.

Dites-moi, vous êtes ici pour essayer de vous rassurer ou simplement pour comprendre comment un être au sexe creux est à même de le combler, mieux que vous ?

_________________
--Dacien2
Il avait eu les bonnes rumeurs. La voilà qui la conforte dans ce qu’il avait déjà appris depuis quelques semaines. Forcément, cela lui retournait l’estomac, lui triturait les tripes comme si l’on voulait lui nouer au point que la douleur lui serait insupportable. Dacien s’était paré de cette immensité glaciale, l’entourant entièrement et laissant dans ses jades cette couleur claire de rien. Le gouffre était déjà bien profond et même à l’annonce que Camille puisse jouir entre ses mains, cela ne lui faisait ni chaud, ni froid. Pendant ce temps loin de l’Aphrodite et loin d’Adryan, il avait appris à se renfermer sur lui pour ne rien laisser transparaitre au point d’en être indifférent au final.

Une légère commissure s’étirant. Si la Brune croyait que l’Arrogant n’avait pas compris son petit manège, elle se mettait le doigt dans l’œil. Courtisan certes mais pas au détriment de la réflexion que l’on pouvait lui donner sur un plateau d’argent. Et malheureusement pour la petite, elle venait de le faire. Avant, il aurait pu lui dire ce qui était ou pas. Avant peut-être, ce serait-il insurger de ouir comme quoi Adryan pourrait être son amant pour avouer en toute transparence aucun lien d’affinité. Avant aussi, il aurait pu lui rétorquer comme quoi elle était blessante. Mais non, pas cette fois, plus maintenant.
Dacien avait tout mis en œuvre pour ne plus perdre pied comme la dernière fois où il avait dit au revoir à cette famille bancale. A présent, la froideur et l’adiaphorie seraient de mise à l’extérieur même si, à l’intérieur, tout n’était que déchirure.

Une main passant dans quelques mèches machinalement.


Qui vous dit que la sensation d’avoir quelqu’un d’autre entre ses cuisses ne se profilait pas dans son esprit?

Lui laisser la suspicion que Dacien soit déjà passé par là. Un rire en douce. Tendre naïveté. De quoi devait-il se rassurer quand il savait que rien n’avait eu lieu. Dacien vida son verre, le frappa légèrement sur le comptoir et releva son regard vers Camille avec cette attention particulière qu’il savait décupler en un instant. Elle était à son goût la Brune, juste la pointe de narcissité qu’il fallait pour pouvoir éveiller sa curiosité de courtisan. Dacien aimait les brunes avec ce caractère atypique et fondant à la fois. Là où vous osiez toucher à ce qui leur appartient, les crocs sortaient pour essayer de piquer au vif la personne en face. Elle n’aurait pas gain de cause mais plutôt l’engouement de vouloir la laisser dans la rétrospective d’une éventuelle aventure entre le Nobliau et lui.

Pourquoi se rassurer quand l’on sait ce que l’on vaut….

Le revoilà. Le vrai, l’unique. L’Arrogant se pavanant dans toute sa splendeur avec cette pointe acidulé d’impertinence qu’elle venait de faire réapparaitre. Il se leva de son siège, fit le tour du comptoir pour se retrouver devant elle. Un léger parfum de fleurs, d’herbes et de concoctions se dégageait d’elle. Cette odeur là, il l’avait déjà senti quand il avait cotoyé un soupçon Fleur de Pois. Une herboriste. Décidément, Adryan aimait les femmes faiseuses de potions. Un sourire en coin. Il se permit de l’empoigner avec juste ce qu’il fallait de force sans lui faire mal. Ses émeraudes se baladant dans ses basanés. Une dextre s’employant à pousser ses ébènes de son cou et d’y venir renifler délicatement cette fragrance féminine. Ses phalanges ne se privant pas de se promener dans le dos de Camille avec frénésie. Un mordillement de lèvres. L’envie n’était pas bien loin alors que les doigts remontaient jusqu’à la nuque et ses lippes en face des siennes, prêtes à attaquer. On ne pouvait changer un courtisan et encore moins ses manières. Il la tenait contre lui et de mettre à hauteur de son écoutille ses lèvres pour lui susurrer allègrement quelques mots tout en faisant remonter une main sur son cou entièrement.

Croyez-vous vraiment qu’il serait capable de se passer de tout cela? Croyez-vous sincèrement pouvoir lui donner ce qui lui manque?

Et en même temps, dans son esprit, trainait l’idée de tâtonner son corps et de sentir la petite besace que chaque herboriste digne de ce nom possédait à sa ceinture. En effleurant ses cotes, il l’avait senti. Il osa l’Arrogant laisser trainer ses lèvres sur les siennes avec âpreté pour détourner un court instant son attention et pouvoir tremper ses doigts dans le petit sachet pour en prendre une espèce de poudre pâteuse et de la cacher en deux temps trois mouvements dans une de ses poches.
Un regard encore, profond d’assurance vers Camille.


Allons, ne soyez pas incrédule.
--Adryan
Ses bottes claquaient depuis le seuil du lupanar, déterminées, avec un jour d’avance sur la date prévue de son retour. La promesse d’une nuit dans le bordel le plus renommé de la capitale avait été l’argument décisif pour convaincre un normand bourru de céder son calvados au prix d’une piquette. Sans cette lueur salace dans l’œil du producteur, certainement le Castillon serait-il encore coincé dans cette campagne peuplée de pommiers et de vaches placides. Pas qu’il n’aimait ni les vaches ni les pommes, mais aux beuglements, il préférait néanmoins le silence solitaire de son appartement. Pourtant, en passant les portes de la capitale, bien que fourbu et en sueur par cette journée à galoper, il avait préféré passer à l’Aphrodite pour régler quelques affaires en cours.

L’idée n’avait peut-être pas été des plus judicieuses alors que pénétrant le salon, la scène qui s’offrit à son regard le fit grimacer d’agacement. Soit, Camille était putain. Ne lui avait-elle pas rappelé elle-même de la plus acide des manières alors que le souffle castillon était encore haletant de plaisir ? Si. Et de cela il mesurait tout l’outrage quand c’était lui-même, comble de l’ironie, qui l’avait formée à cet art corrompu. Mais s’il s’accommodait comme il pouvait de la savoir chaque soir dans les draps de clients de passage, la découvrir nichée dans les bras de cet homme là était une toute autre affaire. Cet homme là dont Adryan reconnu l’allure sans la moindre hésitation tant il la connaissait.

Dacien.

Si son sang ne fit qu’un tour agité dans ses veines, il parvint néanmoins à une maitrise honorable de son irritation, et brisa les câlineries indues d’un
Bonsoir sec en se glissant derrière le bar. Sans le moindre regard ni pour l’un ni pour l’autre, épargnant une fois de plus à l’Arrogant la marque de son poing en pleine figure, et respectant l’Interdit en réprimant l’envie de serrer l’Elève contre lui pour l’embrasser comme l’assoiffé qu’il était, il se servit un verre de vin dans une mécanique parfaitement huilée. Verre qu’il but d’un trait tant sa gorge était asséchée par la poussière. Puis toujours engoncé de ce calme froid et calculé s’en servit un second qu’il laissa trainer sur le comptoir alors qu’il se retournait pour compulser le carnet des inventaires dressé par Adélaïde lors des ses déplacements. Exaspérant de lenteur à tourner les pages une à une que pourtant il ne lisait qu’en diagonale, il lança d’un ton faussement badin.

Alors Dacien, de retour ?
Camillle_
Arrogant et méprisant, les armes d’un courtisan s’adaptent ainsi à l’identité de son hôte.

Agile, fourbe, le corps de Dacien se déplace jusqu’à venir chercher ses formes. Attirée contre lui, l’échine de la Droguée se raidie. Autant que les mots, c’est l’assurance de l’Invité qui dérange et agace l’esprit de la courtisane. Il hume, effleure, provoque et si les parfums d’herbes se propagent sans honte aux tempes de l’invité, Camille reste de marbre. Devant elle, l’Art lui éclate au visage. Les gestes sont lents et envieux, le regard suggère autant que les non-dits, les lippes se rapprochent pour espérer et la chaleur masculine se repend contre sa chair. Chacun de ses gestes ainsi que l’approche de Dacien semble refléter cette aisance et cette assurance déroutante. Irrésistible ? Il semble y croire pourtant, Camille n’est point dupe. Les mains remontent contre sa nuque et soudainement, les lippes masculines se figent. Mal à l’aise, le souffle de la Vipère se bloque de peur d’effleurer cet Autre. Mais doucement, le souffle s’éloigne pour s’abandonner contre ses tempes et se muer en deux interrogations irritantes.

Touchée. L’Attaque est criante de vérité, cruelle dans sa formulation et méprisante dans sa présentation. Voilà donc la raison de cette approche et de cette intimité ? Dacien souhait-il ainsi s’abreuver à la source ? Respirer, haletant et avide, le trouble qui saisit la Vipère ? Saisir par ce contact, ce frisson de haine et de perdition qui saisit, impuissant, sa chair à la simple idée de n’être qu’une Femme et que l’étroitesse de ses reins ne saura jamais remplacer la carrure et le contact d’un homme. Et voilà que le maestro s’abreuve en apposant ses lippes contre les siennes. Insatiable, Dacien, au-delà de son désarroi et de sa victoire, s’empare d’un baiser qu’elle n’offre qu’à Lui.

Ce n’est pas qu’un simple courtisan qui se dresse devant Elle. L’expérience parle d’elle-même et si l’arrogance lui semblait déplacée et méprisante, elle lui semble désormais méritée. De ce stratagème et de cette main qui se loge dans sa bourse, elle n’en ressent nullement la présence. Dupée, blessée, Camille serre le poing sous cette ultime tirade. Incrédule ? Peut-être l’a-t-elle été après tout. Naïve ? Également.

Pourtant, elle ne peut encore répondre. Devant eux, Adryan fait son entrée et sous son regard, Camille déglutie. Tromper. C’est bien ce sentiment qui ronge ses veines alors qu’elle semble être prise au dépourvue. De cette entrevue inattendue, elle réalise que le tableau qui se peint pour le Mentor, ne laisse aucun doute quant à la luxure. Le long de son échine, un frisson la saisit tandis qu’elle repousse le corps du courtisan dont la présence devient aussi oppressante qu’embarrassante. Ce n’est pas ce que tu crois. Si les mots lui manquent, le regard qu’elle quémande crie cette vérité. Salie. Pour la première fois, la chair vipérine s’englue d’une crasse tenace. Si séduire et s’offrir était aisé à la Maison Haute, ici lieu, dans son repère, elle n’est plus une courtisane et la blessure n’en ai que plus vive. Putain. Ici lieu, elle ne l’est pas et c’est en cela que Camille cherche à se justifier.

Bâtard. L’insulte fuse dans son esprit alors que toute cette mise en scène lui semble préméditée. L’approche, les mots, le baiser volé et l’arrivée d’Adryan. Nul doute que sous ce masque de courtisan se cache les traits d’un vil serpent.

Allez-vous faire foutre. La réplique n’a rien d’originale et la réponse pourrait même lui être retournée avec facilité. Pourtant, sous l’instant, rien ne sort de ses lippes sinon cette surprise et ce sentiment d’impuissance. Bernée, la Vipère redevient humaine. Un dernier regard se perd pour le Castillon alors qu’elle s’éloigne du comptoir. La main cherche à se tendre, le baiser lui brûle les lèvres alors que l’élan est freiné jusqu’à lui arracher les tripes. Comment avait-elle pu être si stupide ? Comment avait-elle pu croire qu’un inverti succomberait à ses reins et à son antre ? Comment avait-elle pu croire qu’un courtisan puisse un jour faire preuve de sincérité dans une couche ?

La Vipère s’éloigne des deux amants et alors que l’ombre se fond à celle du couloir, elle s’interrompt et se poste. Elle ne peut rien entendre, mais ces iris eux, peuvent déceler cette part de vérité. Dis-moi que je n’ai pas été aussi sotte ?...

_________________
--Dacien2
Un cliquetis. La Brune toujours dans ses anses. Le coin de l’œil se détournant légèrement vers la porte. Le même cliquetis qui fit remonter à son esprit l’entrée de Cersei dans le bureau d’Alphonse le jour où elle entra dans cette famille boiteuse afin d’offrir ses services. Le même craquement grinçant qu’il entendait lorsqu’elle osait débarquer dans son antre les soirs où elle avait besoin de ce réconfort qu’elle ne trouvait qu’auprès de lui quand elle se sentait si petite. Cette sensation de peut-être la croiser après tout ce temps lui donna un frisson léger alors que l’Hispanique était partie depuis longtemps. Mon Dieu, qu’elle lui manquait par moment pour se poser contre elle, pour déposer les quelques maux qui le taraudaient. Aucun n’avait son égal. Elle, qui savait comment lui donner ce calme en une fraction de seconde, qui lui glissait ce brin d’ataraxie pour détendre l’atmosphère et que rien ne puisse perturber l’entente entre eux. Dacien sentait encore cette délicate fragrance qui l’accompagnait au travers de cette rose fraiche quotidienne accrochée à son buste. Mais non. Ce ne serait pas elle qui ouvrirait cette porte. Il ne verrait plus sa silhouette longiligne la passer. Il ne la tiendrait plus dans ses bras comme avant. La nostalgie remontait doucement.

Et le battement fut poussé pour laisser apparaitre celui qui l’avait poussé pendant six mois à ne plus penser à rien, à avoir cette envie de tout oublier, à ressentir cet empressement de ne plus être personne. Son corps s’était imbibé de cette ivresse amnésique pour ne plus se torturer ni l’esprit, ni le carde. Chaque gorgée prise l’emmenait un peu plus au fond du gouffre. Cette partie noire qui vous incite à un moment donné de vous laisser aller pour déposer vingt et un grammes dans l’atmosphère et ne plus en revenir. Camille se raidit quelque peu. Ses phalanges contre son dos s’écartèrent un peu plus. Sentait-il cette perturbation soudaine qui s’offrait sous ses yeux? Peut-être bien. Adryan avait ce regard gris glacé qu’il lui connaissait bien. La Vipère n’avait pas l’air tranquille. En quelques secondes, les rumeurs qui circulaient dans Paris vinrent se concrétiser sous ses émeraudes de par l’attitude de l’Herboriste. Il se sentit bousculer pour qu’elle puisse se dégager. Et elle avait cette attention envers le Nobliau qui lui insufflait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Un sourire en coin. Une phalange venant essuyer le coin de sa bouche, insistant qu’il était dans la manière de le revoir après ces quelques mois loin de lui. Le carde glacé mais les tripes défaites de l’apercevoir. Rien. Rien ne marquait cette coincidence de le voir ici, de le revoir encore et de sentir cette envie traversant son esprit de sentir son souffle contre son cou. Cependant, au final, cela tombait bien.

"Allez vous faire foutre", d’une voix irritante et dérangée de les trouver ainsi. Dacien avait frappé fort cette fois-là. Voilà qui concrétisait bien ce qu’il avait appris. D’un agacement fugace s’en suivit une pointe d’ironie. La jalousie s’était transformée en désir soudain quand l’idée vint lui traverser l’esprit de le droguer pour pouvoir en maitriser jusqu’au bout des ongles la moindre parcelle de cet homme. L’Arrogant ne répondit rien à ces quelques mots embrumés de cette incongrue situation mettant à mal la Vipère. Il ne pouvait que en rire intérieurement. Il ne pouvait que se satisfaire d’égratigner Adryan en le voyant se déplacer si lentement que l’on discernait cette irritation. On aurait dit une petite fille prise la main dans la besace tellement elle se sentait gênée de se retrouver de force entre les abattis du Brun. Elle disparut sans rien dire de plus, seul son regard parlait pour elle. Et Adryan s’approcha derrière le comptoir, se servant un verre. Une dextre dans le fond de sa poche, un œil parcourant la salle vide et le voyant détourner le regard un instant, la poudre pateuse glissa dans le contenant pour s’y diluer. Dacien en profita pour se resservir cette boisson piquante au gosier et se remettre de l’autre côté du comptoir. Une gorgée se délecta le long de la gorge et une commissure s’étira à cette question harassante, un brin curieuse. Le verre reposé sur le marbre du bar lustré et une lucarne antipathique.


Tabouret me manquait.


Quel beau menteur. S’il y en avait bien un qu’il ne désirait pas voir, c’était bien le Flamand. Il ne lui ferait pas l’affront de lui quémander encore une fois l’entrée icelieu. Il ne lui ferait pas l’affront non plus de s’excuser d’avoir oser fouiller dans son bureau pour assouvir cette curiosité acerbe et dévorante. Il l’éviterait au gré des soirées et irait voir le grand patron pour retrouver sa chambrée d’autrefois. Et histoire d’attiser un peu ce qu’il pressentait intérieurement en observant cette inertie que le Nobliau s’exerçait à laisser paraitre.

Belle créature que voilà.

Une gorgée encore.

Il y a longtemps qu’elle se trouve dans ces murs?
--Adryan
[Au bar]

« Allez-vous faire foutre. »


Le regard accroché à une écriture flottant dans l’incompréhension d’une lecture à laquelle les méandres de la cervelle ne prêtaient aucune attention, les lèvres castillones remontèrent doucement, ironiques et pleines d’orgueil, jusqu’à déborder sur ses iris grises. Caché à l’ombre de ce dos qui n’offrait rien qu’une présence pesante, Adryan se délectait de ces quelques mots qui à eux seuls avouaient la Vérité. Comme il le sentait ce regard Disciple posé sur lui. Comme son plaisir sournois et mesquin au soufflet de Camille, le démangeait de se dévoiler sans plus d’hésitation. Mais l’Interdit planait, irrémédiablement. Et gagnait. Alors il resta stoïque, même si le pas léger de la Vipère s’éloignant trop vite l’écorcha quand le besoin de la prendre dans ses bras et de lui murmurer sa perte à l’oreille l’écartelait.

Mais Dacien, malgré l’affront ne rangeait pas les armes. Bien au contraire. A croire que plus l’ancien courtisan essuyait de revers, plus sa pugnacité gonflait.


« Tabouret me manquait. Belle créature que voilà. Il y a longtemps qu’elle se trouve dans ces murs? »

Définitivement, le carnet n’était que grimoire ésotérique et fut refermé d’un claquement sec. Se retournant, Adryan déposa enfin un regard dédaigneux sur l’homme, se privant, par prudence ou par pudeur, de suivre la silhouette gracieuse de l’Amante s’évanouissant entre les soies du salon. Les prunelles nuageuses transpercèrent sans pitié, n’ayant plus à cœur de cacher ni les sentiments ni l’agacement quand Camille, de son simple éloignement, était protégée de débordements saumâtres.

La dextre nobiliaire, trop calme, saisit le verre pour le porter aux lèvres encore mutiques qui le vidèrent de moitié dans une grimace furtive.
Fais ce que tu veux avec le comptable. Le verre dans sa paume tournait au rythme d’une tranquillité faussée. Le Castillon s’accouda au marbre et se pencha jusqu’à ce que son souffle se mêle, vicieux, à celui de Dacien, l’orage de ses yeux enferrant le vert face à lui. Mais Elle, tu ne l’embrasses plus. Tu ne la touches plus. Tu ne la regardes plus. La menace était lancée, froide, revêtant des allures de serments à ce point inébranlables que jamais sa voix n’avait été aussi profonde. Trop aveuglé par la jalousie pour entre-apercevoir le petit jeu pervers auquel Dacien se livrait. Trop égoïste pour vouloir deviner la difficulté, et peut-être la douleur, qui pouvait nouer les tripes de l’Arrogant. Et inconscient aussi, alors que dans ses veines louvoyait déjà la drogue perfide, le verre fut vidé, offrant à Dacien la réussite sans ambigüité de son petit tour de passe-passe. Se reculant enfin, il observa le verre vide en secouant vaguement la tête. Ce vin est infect, lâcha-t-il plus pour lui-même que pour son interlocuteur. Puis, se délogeant du bar et s’éloignant déjà, sans plus d’autre regard vers l’enfant prodigue de l’Aphrodite, il interpella une soubrette.

Les bains sont-ils déjà prêts ?
La donzelle opina, s’égarant déjà dans une logorrhée d’explications qu’Adryan fit taire d’un geste agacé de la main et reprit son chemin, le pas long, pressé de se débarrasser de cette journée interminable. Pourtant, avant de disparaître dans la vapeur, il jeta sans se retourner. Dacien, le cidre, lui, est délicieux.

[Dans la salle des bains]

A peine fut-il dans la salle des bains que les effluves entêtants de sèves assaillirent ses narines, le transportant avec une force superbe vers ces contrées arabiques derrières lesquelles Adryan soupirait. Les motifs géométriques dansaient doucement devant ses yeux comme autant d’invitations alanguies à l’évasion. Plongé dans cette moiteur suave, il se dirigea vers l’alcôve la plus chaude, doucement enivré d’un bien-être naïvement attribué au lieu. Et sans chercher à savoir pourquoi, alors qu’un à un ses vêtements chutaient au sol humide, il souriait. Indifférent à l’armagnac et au producteur libidineux. Indifférent au retour de Dacien. Indifférent aux bouderies de Sybil. Indifférent à la chevalière au doigt comptable. Pourtant son sourire s’élargit encore alors que du bout des doigts, il redessinait la calligraphie orientale tatouée à l’os saillant de sa hanche. Dans un soupir grisé, il glissa dans l’eau brulante, jusqu'à s’y noyer complètement, ne daignant ressortir la tête que le souffle épuisé. Se cambrant, il étendit les bras sur le rebord du bassin pour y prendre appui, et rejetant la tête vers l’arrière, la pomme d’Adam offerte sans pudeur, s’engouffra dans la féérie du plafond jouant les caléidoscopes devant ses yeux troubles. Troubles et traitres par la drogue s’éveillant dans chacune de ses veines jusqu’à embrumer ses pensées d’un voile trop insouciant.
--Dacien2
[Au bar encore mais plus pour longtemps]

La goutte qui avait coulé dans ses veines pendant six mois sans s’arrêter un seul jour lui avait donné ce mutisme, ce froid inébranlable en le fixant des ses émeraudes transparentes au point de voir au travers de son visage le mur qui se tenait derrière lui. Adryan pouvait dire ce qu’il souhaitait, Dacien s’en foutait éperdument. Cette pointe de chaleur humaine qui lui était resté de son enfance avait disparu avec l’alcool ingurgité puis transpiré et évacué chaque jour de son absence de la fourmilière.
Il n’y avait pas à dire. Si le Brun voulait voir le Nobliau jaloux au point de faire jaillir les flammes dans ses grisailles, la réussite était largement à son rendez-vous. Voilà qui venait de mettre un point ferme à son désir de semi-vengeance à ce qu’il lui avait fait subir pendant tout ce temps où il avait été loin de l’Aphrodite. Certes, l’élément déclencheur fut cette jalousie maladive qu’il possédait et qu’il ne connaissait pas jusqu’au moment de tomber amoureux de cet homme froid et avide de paroles censées au point d’effleurer une vile délicatesse d’empoigner une gentillesse. La brutalité, son maître mot.

Certainement que Adryan ne s’attendait guère à le voir en ce lieu, en ce jour, en cette heure et encore moins que celui-ci se facilite la tâche d’avoir dans ses bras celle qui ébranlait son for intérieur. Qu’à cela ne tienne, il aurait ce qu’il méritait dans un sens. Dacien avait compris avec le temps que cet homme voilait la face aux autres pour ne pas dire mentir carrément. Il n’y avait qu’à regarder la tête de Camille lorsqu’il glissa à ses écoutilles comme quoi la personne à qui elle s’était amourachée aimait aussi bien les hommes que les femmes. Peut-être même plus les hommes. Certainement ne ressentait-elle pas encore assez combien le creux des reins pouvait le faire jouir à ce point. Ou alors, elle était trop éprise pour le constater par elle-même. Le Brun lui ferait comprendre. Tellement affamée de savoir s’il avait raison ou non, tellement drogué Adryan qu’il ne se rendrait plus compte de ses faits et gestes, tellement assoiffé Dacien d’avoir ce qu’il désirait depuis longtemps.

Et il le vit boire, finir le contenu de son verre. Un maigre sourire en coin de satisfaction. Ne rien dire, ne rien bouger. Ne rien faire non plus pour ne pas lui laisser penser quoi que ce soit. Et Adryan pouvait bien dire ce qu’il désirait, Dacien n’écoutait même plus. Il avait simplement cette soif de le sentir contre lui, sa peau contre la sienne, ses doigts agissant sur lui. Il le voulait pour lui, rien qu’à lui-même si cela n’était qu’un laps de temps. L’Arrogant le fixa, finit son bochet et revint à la raison lorsque fut émis l’idée de le prendre dans le bain. Le Nobliau venait de lui souffler allègrement quand il demanda si les eaux étaient prêtes et chaudes. Il le regarda quitter la pièce et Dacien pensa à ce qu’il allait faire. Comment pouvait-il en être arriver à ce point. Droguer celui pour qui il ne souhaitait que le meilleur. S’emparer un instant de son corps pour assouvir un désir violent mais tellement intense. Non, il ne reculerait pas devant cette possibilité. Dacien prit le chemin des bains, un sourire en coin sur le visage, imaginant presque la suite.


[Dans la salle de bains]

Debout en s’appuyant sur l’un des piliers se trouvant devant le bac d’eau où se prélassait Adryan en toute quiétude, Dacien le contemplait sans ambages. Quelques phalanges passèrent sur son visage en délimitant le contour. Humidification de ses lèvres et il remarqua une partie de dessin oriental à sa hanche. Dacien plissa des yeux et osa s’avancer pour voir de plus près, en entier ce tatouage et trouver une excuse afin de l’approcher. Tant enivré par la poudre diluée dans son verre de vin, Adryan n’aurait peut-être pas conscience de s’extirper de cette eau vaporeuse. Quelques pas vers lui. Quelques gestes lents pour défaire en premier sa chemise et la laisser tomber à terre. Une commissure remontant presque machiavéliquement aux suggestions qui étaient en train de s’étendre devant ses yeux. Et le pantalon tomba amèrement sur le sol. Ne laissant aucune seconde de répit pour qu’il réalise quoi que ce soit, le Brun entra à l’opposé du Nobliau et de glisser d’un ton rauque en baissant la tête sans le quitter des yeux.

Voilà un bien beau tatouage.

Ses phalanges ne se privèrent pas pour venir effleurer les esquisses si bien dessinées et d’appuyer son regard envers lui comme une invitation de le saisir une bonne fois pour toutes.
--Adryan
Le carrelage froid contre son dos jouant de la chaleur de l’eau était connu et reconnu. De Fez à Antioche, de Damas à Bagdad. Jamais pourtant ce paradoxe n’avait étourdi ainsi les sens castillons. Jamais les parfums résineux n’avaient envouté ses flâneries avec autant d’emphase. Et jamais, peut-être, à part dans le bureau comptable, Adryan ne s’était senti à ce point serein sous le regard bleuté d’une mosaïque lui racontant des histoires fantasmagoriques issues de sa simple imagination droguée.

Trop drogué même pour soupçonner que tout était sur-joué avec grandiloquence. Que tout avait été calculé dans l’esprit malade de l’Arrogant. Adryan n’était plus qu’un pantin naïf et sensuel, jouet d’un machiavélisme dont il n’aurait jamais cru Dacien capable. Alors il était là, offert au regard vert, avec pour seule pudeur la vapeur moite, percée des lueurs fantomatiques des rares flambeaux et du remous lascif de l’eau caressant son torse d’une langueur déjà coupable. Sans l’extirper de son mirage éthéré, une voix s’invita dans ses pensées divagantes et groggy.


« Voilà un bien beau tatouage. »

La tête brune se redressa, plus interpellée par une nouvelle caresse que par les mots dont le sens lui échappait. Et d’un univers peuplé de bleu, ce fut de vert qu’il se teinta. D’un vert volontaire ombré de noir, délibérément provoquant. Férocement irrésistible quand il narguait de son parfum salé d’homme. La brume des prunelles grises s’éclaira furtivement d’une lueur concupiscente avant qu’un sourire trouble ne fleurisse aux lèvres castillones.

Dans la peau, oui, tant sa cambrure est belle. Soupira t-il doucement alors que son dos refusait encore de délaisser la fraicheur du carrelage, inconscient lui-même de la portée de ses mots quand ils n’étaient pourtant qu’hommage à une Vipère. La dextre glissa sous l’eau, telle une anguille sournoise pour se poser sur la main inquisitrice. Mais prends garde à sa morsure. Un rire ravageur ricocha entre les voutes de pierre pour s’évanouir aussi brutalement qu’il avait jailli. Les ivrognes et les enfants disaient toujours la vérité ? Quand était-il des drogués ? Difficile à savoir quand les pensées castillonnes s’entremêlaient sans relâche de désirs contradictoires, paumant son identité même dans les caprices de ce vit qui palpitait doucement à l’orée des doigts courtisans. Il avait lutté, longtemps, contre cette attirance pour les corps mâles, frustrant ses envies, muselant ses désirs coupables, jusqu'à rayer de son existence le plaisir que trop peu de femmes avaient l’audace d’aller dénicher. Et finalement, à bout de force, il avait lâché prise. Il s’était abandonné, avec une férocité qui n’avait eu d’égal que la profondeur de la frustration qu’il s’était infligé, dans les bras de son ennemi intime. Si de l’abdication, il avait gardé un gout méprisable au fond de la gorge, ce n’était pas au gout des hommes, mais à celui de cet homme là. Cet homme là, qui malgré tout, lui avait apporté la paix d’une résignation si longtemps fuie. La paix pourtant si furtive quand Elle avait déboulé, saccageant sur son passage toutes ces nouvelles certitudes si chèrement acquises, à grands coups d’extases irraisonnés, de mots susurrés fissurant le cœur inviolé du Castillon d’élans incontrôlés de la serrer contre lui, de respirer l’odeur de son cou chaud, quand elle essaimait sur son passage l’amertume de l’Interdit. Tiraillé. Ecartelé. Dacien lui tendait un piège bien plus fourbe qu’il ne l’avait certainement imaginé, s’assurant la victoire de son entreprise d’un filet de drogue pour annihiler une volonté d’ordre dévastatrice. Pourtant où serait le désastre, quand sous le couvert de l’onde, la main nobiliaire conduisit l’arrogante vers sa perte, au plus chaud de son ventre.

Brise-toi Dacien. Brise-nous.
--Dacien2
Face à lui, le regard fouineur de la moindre étincelle qui pourrait surgir, Dacien ne prêta aucune attention à ces quelques mots ne frappant pas encore assez pour les ingurgiter afin qu’il renonce à ce qu’il s’apprêtait à faire. Trop happé par l’appétence de se saisir de son corps, l’Arrogant ne prêtait plus rien à rien à part à ses envies le taraudant plus intensément chaque seconde. L’esclaffe du Nobliau le fit sourire.

J’m’en fous….

Lâcha-t’il avec cette commissure qui s’étira, le minois toujours vers le bas et de regarder sa proie droguée avec cet éclat altéré. Un étonnement intérieur que sa dextre soit saisi de but en blanc. Il l’avait cherché pourtant. Il avait fait ce qu’il fallait pour que ceci arrive. Un creux au bord de ses tempes et son attention s’intensifia allègrement sur cette sensation qu’Adryan venait de mettre entre ses doigts. Se rendait-il compte de ce qu’il venait de faire…Par deux fois, il l’avait incité à le prendre entièrement et par deux fois, Dacien avait refusé. Mais pas cette fois. Non, pas quand on provoquait la pulsion du désir tant refoulé. Pas non plus quand vous saviez que cela était encré dans vos tripes et que, d’une seconde à l’autre, vous ne pouviez plus vous en défaire au point d’en arriver à doper la personne que vous aimiez et qui restait de marbre face à vous parce que vous lui inspiriez indifférence unanime.
Il lui avait dit qu’il voulait qu’il soit conscient, qu’il se rappelle de ses gestes, de sa prise d’otage d’une nuit, de ses caresses, de sa fragrance, de son vit, de tout. Mais Dacien, peut-être trop egoiste de cette envie si intense qui ne se détachait pas encore, le voulait pour lui, rien que pour lui juste une fois. Et pour pouvoir le posséder ne serait-ce que quelques heures, il avait du le rendre stone.

De ses doigts qui ne se privaient pas d’aduler son ithyphalle, Dacien sentait bien que l’émotion se montrait de plus en plus. Un mordillement de lèvres et des émeraudes soutenues devant l’ampleur qu’il était en train de causer. L’Arrogant ne songeait plus un instant à ce que pourrait être la suite mais bien au moment présent. Et le moment présent, c’était bel et bien Lui.
Ses habiles se montrèrent plus condescendantes d’entrevoir un vit droit debout et d’observer le visage du Nobliau pour apercevoir la réaction qu’il espérait tant. Et ses émeraudes s’éblouirent devant un tel tableau. Sa proie, juste là, entre ses doigts, presque entre ses cuisses. Et c’était bien plus qu’une envie de le prendre, c’était une exaltation d’apogée de se dire qu’il l’avait tenu, serré, pris dans sa convoitise si fiévreuse qu’il aurait vendu père et mère pour l’obtenir.
Que le dessein était trop fort. Que la velléité était impressionnante. Le Brun Arrogant ne put que répondre à ses pulsions et se relever pour se poser sans ambages sur ce corps tant ambitionné. Son mât venait, oppressant contre son bas-ventre et de s’exposer sans aucune retenue. Une dextre attrapant le bord du baquet et l’autre s’engouffrant dans la nuque d’Adryan pour emprisonner ses lèvres dans les siennes d’un baiser chaud et sucré avec l’enfer qui se présentait devant ses yeux et de lui rétorquer doucement à son écoutille.


Je te rend la monnaie de ta pièce…
--Adryan
Au diable les histoires décousues et colorées narrées par les mosaïques compliquées, la caresse des doigts de l’arrogant Djinn étaient bien plus envoutantes que les récits les plus obscurs de ses pensées troublées. L’Intoxiqué se perdit à les recevoir, troquant le caléidoscope contre l’envie se lançant à l’assaut des brides survivantes de sa raison. Qu’importait à qui étaient ces doigts habiles. Qu’importait ce regard vert qui toisait son visage étiré de langueur. Une autre drogue, plus corrosive encore que celle diluée dans son vin s’étirait dans son sang. Incontrôlable. Celle de la débauche et du gout des hommes. De leur carrure. De leur parfum. De leur langue rugueuse et franche à s’accaparer la sienne. Celle de l’étalage ce corps mâle contre le sien, au mat tendu frottant le sien d’une provocation contre nature. Celle de l’insolence cette main à la poigne téméraire dans le creux de sa nuque, annihilant sa volonté de contester l’outrage, ouvrant l’appétit castillon sans détour ni hésitation.

Patin, encore, Adryan se laissait bercer par l’envie d’un autre pour gorger la sienne avec une emphase encore camouflée sous le linceul de ses paupières baissées. Qui serait le plus puni de cette insertion voleuse ? La question aurait mérité d’être posée si tant était que l’un ou l’autre des protagonistes de cet acte joué en huit clos recèlent d’un soupçon de réflexion. Mais de réflexion, il n’en restait rien quand les prunelles grises s’ouvrirent enfin, brulées au feu sacré du désir, réclamant et promettant la perte la plus corrompue. Vérité éclatante dans cet univers de buée et de tromperie.

Si la raison était engluée dans les miasmes de la drogue et de la déviance, incapable du moindre sursaut, le corps castillon fut vif à se refermer sur celui du Djinn, avide de laisser la paume de ses mains arpenter ce dos inconnu dans un charivari de caresses brusques, bouches liées l’une à l’autre de baisers fracassants, envoyant valdinguer le couple improbable d’un bord à l’autre du bassin. Pourtant la tempête sembla s’apaiser et le Démon, ayant éveillé les instincts les plus primaires du Castillon, acculé dos au rebord carrelé, se trouva subitement cajolé d’un regard onctueux, où le gris n’avait plus rien de froid ni d’indifférent. D’agacements répétés, Dacien se voyait objet de convoitise. Et ce fut le revers de la dextre nobiliaire qui prouva cet état de fait d’une caresse tendre à la joue de son festin. Trop tendre pour ne pas être dévastatrice, quand le baiser qui la suivit fut chaud et doux, sans plus le moindre reliquat de rébellion ou de brusquerie. Instinctif, Adryan glissa hors de l’eau, entrainant avec lui le Djinn qui l’avait envouté d’un filtre maléfique.

Sur le carrelage frais, redressé sur ses bras, le Drogué contemplait le corps allongé sous lui, un sourire diffus aux lèvres. Sourire flou qui se perdit à déguster avec application le fil net de la mâchoire, pour se perdre dans le cou au parfum plus entêtant encore que les huiles et autres encens pesant entre les voutes de pierres. La pulpe des lèvres, perlée de drogue, glissa légère sur le torse sorcier, jusqu’à essaimer de savantes morsures au ventre nu. Mais, de cette douce trêve, ne resta plus rien quand la bouche d’Adryan happa sans plus de détours l’offrande tendue qui lui était proposée. Avide d’étancher sa soif lancinante, sa langue se fit vicieuse à dénicher les faiblesses jumelles et sa gorge profonde et affamée. Monstrueux de vice.

Adryan n’était plus rien qu’un animal réduit à la concupiscence la plus primitive. Pantin accroché aux fils d’une luxure provoquée et réprouvée. Jouet d’un mirage dont le sel était tout autant traitre et destructeur qu’irrésistible et délectable, faute à sa raison muselée d’un verre de vin frelaté.
--Dacien2
Il tanguait. Dans l’eau par l’aggripage indéniable d’une ferveur extrême se développant sous l’emprise poudreuse. Ses verdures, hypnotisées par la grisaille éveillée d’une lueur étincelante d’avidité. Si Dacien souhaitait qu’il soit consentant, il était loin de s’attendre à autant de concupiscence. Son regard parlait pour ses envies et cette dextre venant se poser avec autant de douceur opposait allègrement ce dédain qu’il lui exprimait quelques minutes plus tôt. Et d’appuyer sa joue sur la main un instant en fermant les yeux pour se perdre quelques secondes dans ces méandres. Tout simplement, son esprit se surprenait à tanguer aussi devant tant de chaleur. L’Arrogant en perdrait presque la raison. Il en perdait déjà la tête et un frisson le parcourait en partant des pieds pour remonter lentement à la nuque en passant par le dos et de provoquer un soupir intensément impatient d’avoir encore. Dacien ne pouvait maitriser son attirance autant physique que singulière pour cet homme qui l’avait repoussé si durement jusque là. Et le Brun aurait du en profiter bien avant, lorsqu’il avait débarqué saoul déjà dans son antre s’il avait su que cela décuplait autant son déni.

Les deux bouches ne se séparaient plus au point que l’Arrogant se laissa guider par le Nobliau quand le débarquement au sol froid carrelé avait sonné. Ses mains se posèrent sur son dos sans le lâcher de ses jades claires et diffuses pour les faire parcourir cette peau tant désiré et de remonter jusqu’à sa nuque quand Adryan s’anima de cette amativité de faire glisser ses lippes le long de son torse, déposant les crocs délicatement au ventre alors qu’à chaque accroche un creux se formait de cette irrésistible chatoiement envieux d’une éternelle continuité. Et sa proie atteignit le cadeau quelques secondes après et d’un soupir.


Oh putain….

Et si le Brun avait su que la conséquence de son acte se transformerait en une montagne de chimères et de complaisances habiles d’extase, il aurait peut-être réfléchi à deux fois avant de lui administrer cette poudre et le droguer. Mais il était trop tard pour y penser et les sensations ne faisaient que de se décupler au point de lui fermer les paupières et de cambrer son bas rein. L’ardeur était tellement forte que l’impression de perdre pieds se sentait de plus en plus. Ses dextres infiltrées dans ses longueurs et de relever son minois désireuse ment drogué, ses émeraudes imprégnées de cette volonté fiévreuse, ses lèvres ne purent s’empêcher de prendre les siennes alors que son corps vint s’enchainer au sien et de se remettre debout. Un bras entourant sa taille et l’autre le haut de ses épaules avec ses fines toujours dans ses cheveux, Dacien s’imposa contre lui et de le pousser pour atteindre le mur. Ses lèvres emprisonnèrent celle inférieure de sa proie et une morsure d’envie de le posséder comme jamais il ne le pourrait. Un regard déterminé d’aller jusqu’au bout de son appétit intarissable et de retourner ce corps tellement envié depuis tant de temps. Il colla son torse sur son dos et de parsemer le ventre du Nobliau de mains baladeuses, son mât ne se priva pas pour s’insérer sans ombrage au creux de ses reins avec cette fringale qui devait s’étancher dans la seconde. Son souffle dans son cou. Une main prenant possession de sa jugulaire et ses commissures ne cessant de se promener entre ses deux épaules. Ses assauts resteraient calmes pour l’heure. Il voulait voir encore ses grises rayonnantes avant de l’assaillir encore.
--Adryan
Niché à la brulure de sa bouche, son vice se tendait de pulsations démoniaques et irrésistibles dont le Castillon, désinhibé, se gorgeait sans la moindre retenue. Mais alors que le gout du sel perlait à son palais, assez infinitésimal pour décupler encore l’ardeur du désir à s’enivrer du jus nacré de ce Djinn ombrageux descendu tout droit des enfers pour le perdre, Adryan se trouva dépossédé de sa ruine dans une plainte douloureuse. Chien paumé, privé de l’os qui lui avait été donné à ronger, pour le remplacer d’une langue douce et brulante à laquelle il s’agrippa rageusement.

Rien n’avait plus de logique. Rien n’avait plus de sens. Le Castillon se noyait dans une marée de bras, de jambes, de doigts et de souffles dénuée de toute cohérence. Vision apocalyptique tant elle était morcelée et qui pourtant, loin de l’effrayer, faisait battre un sang ravagé contre ses tempes réduites aux instincts primaires des reptiles. Ce n’était pas Dacien qui l’enlaçait, le redressait, l’embrassait, mais un esprit disloqué, dont les membres se matérialisaient parfois, nimbés d’une persistante lueur verte.

Pourtant la roideur qui le prit n’eut rien d’un mirage. Le souffle brisé net en attesta, tout comme les mains nobiliaires s’écrasant d’un claquement sec à la fraicheur du mur. Dévoré vivant de paumes, de lèvres, de crocs, tel aurait certainement été sa pensée si Adryan avait été capable de raisonner. Et certainement s’en serait-il outragé. Mais plus rien ne l’animait qu’un désir violent de faire exploser la jouissance luisant au bombé de sa bouche et dévorant la brume de ses prunelles comme un vers affamé.

La tête brune dodelinait, vidée de tout, alors qu’un prénom surgit des profondeurs intoxiquées de son inconscience commençait à pulser au rythme de son pouls agité. Le regard gris et abandonné s’égara dans la fumée opaque jusqu’à s’enraciner dans un vert confus. Vert comme les lianes qui défonçaient les carreaux de mosaïques, s’enroulaient à ses chevilles, remontaient le long de ses jambes et se faufilaient entre ses cuisses moites de sueur pour les ligoter. Ligoté les jambes, ligoté l’esprit, pour désentraver toujours davantage le bassin castillon qui gagnait en puissance, buttant sur le tronc derrière lui avec la régularité d’un métronome dont le mécanisme, mu par une poigne invisible, accélérait le battement inexorablement. Le prénom tournait follement entre les tempes stones, telle une ronde sans fin le tourmentant de cette danse interdite. La dextre rapace se plaqua sur le ventre mouvant ou la paume arrogante dérivait, et d’une pression sans équivoque mais sans brutalité, la conduisit à l’arc tendu et prêt à rompre qu’Adryan offrait en sacrifice. Alors, entre les lèvres tremblantes de fièvre, l’impensable aveu éclata, s’échouant à une oreille auquel il n’était pas destiné quand l’Elue le refusait mais que son prénom tatouait la peau comme l’âme du Castillon.


Je t’aime… Serpent.
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