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[Rp] Male mort-né.

Elisa.baccard
    « J'aurais aimé pouvoir dire qu'elle avait guéri miraculeusement, mais ca n'a pas été le cas. Elle a juste cessé de respirer. Et j'aurais aimé pouvoir vous dire qu'elle n'était pas morte pour rien, que sa mort avait eu un sens pour la suite de notre vie ou même que sa vie avait eu une signification particulière, qu'on avait donné son nom à un parc, à une rue, ou que la cour suprême avait changé une loi à cause d'elle. Mais rien de tout ca ne s'est produit. Elle est partie c'est tout. Elle est redevenue un morceau de ciel bleu et nous devons tous continuer à vivre. »

        Ma vie pour la tienne




Ce monde était si calme, pur, bordé de lumière qui l’empêchait de pouvoir dévoiler entièrement ses pupilles noires. D’un coup, un homme vint se poster devant elle. Grand, mince, aux cheveux longs et blanc. Il ne semblait plus tout jeune de toute évidence, mais il est était beau. Son visage lui inspira tout à coup une sensation si paisible qu’elle s’enfonça un peu plus dans cette mort qui lui tendait les bras, se perdant encore plus dans celle-ci, prenant le risque de ne plus pouvoir faire demi-tour, de ne plus pouvoir revenir en arrière, dans le monde réel…
Elle le regardait émerveillée, éblouit, amoureuse. Cet homme avec qui elle s’était déchirée quelques instants plus tôt. Etait-il réellement là ? Où bien n’était-ce que le fruit de son imagination car elle aurait aimé l’avoir près d’elle ? Elle ne pouvait pas le savoir…Elle ne voulait pas le savoir… Elle se plaisait à croire qu’il n’était pas parti, qu’il était là tout près d’elle.


Oh mon amour, vous êtes là… Vous êtes revenu… Ne partez plus. Je vous en conjure, ne partez plus, malgré tout ce que je peux vous dire, tout ce que je peux ordonner… Je ne veux pas vivre loin de vous…

Les doigts fin et blanc viennent se tendre vers lui. Mais l’image se trouble tout à coup, et l’homme face à elle s’éloigne petit à petit. Reculant tandis qu’un faible sourire né sur ses lèvres.

Non je vous en prie… Je vous en prie ne faites pas ça… Kye ! Kye ! Kyyyyye ! Revenez ! Ne m’abandonnez pas… Ne partez pas !

Les yeux s’embrument en même temps que l’image devient floue. Elle n’aperçoit même plus ses yeux bleu qui l’a regardé encore avec tellement d’amour quelques instants plus tôt. Elle n’entend plus cette voix qui venait l’appeler « mon étoile », elle ne sent plus la chaleur de cette main qui venait se poser sur son ventre commençant à s’arrondir. Sanglotante…

Vous m’aviez promis…

Plus bas, à peine audible, elle répète encore.

Vous m’aviez promis…

Mais il est trop tard. Il a entièrement disparu… Elle est seule. Terriblement seule désormais dans ce même lieu qu’elle trouvait si pur quelques instants plus tôt. Elle est seule, frigorifiée et vide… Elle meurt, tout doucement le croit-elle. Mais il en est tout autre. La belle se trouve simplement dans les monts interdits. Là où le Très-haut décide de notre sort… Là où il décide s’il a encore une mission en bas, pour nous. Mais son heure n’est pas venue. Elle est encore jeune, elle est encore mère et elle veut devenir grand-mère un jour… Elle ne s’imaginait pas vraiment ce qu’il allait advenir durant les prochains jours… Elle ne savait pas que sa relation si fusionnel avec son tendre Kye allait prendre fin ; Elle ne savait pas qu’elle pleurait la mort de son enfant durant des mois. Elle ne savait pas que cette agression la rendrait peureuse dès qu’elle allait être en dehors de chez elle… Tout cela, elle ne le saurait que plus tard…

Elle entendait des voix au loin, plusieurs, qui discutaient parfois ensemble parfois pas. Elle sentait également des mouvements qui venaient percuter son corps… Mais elle était trop faible encore pour ouvrir les yeux. La duchesse gardant son énergie pour revenir petit à petit sortir la tête de cet abîme dans laquelle elle s’était nichée.

Le médecin avec l’aide des gardes et Argawaen, fini par ramener le corps de la Malemort jusqu’à la maison de son cousin. Là-bas, elle prendrait le repos qu’il lui faudrait pour revenir à elle. Là-bas, elle subirait les soins que le médecin lui infligerait pour la remettre sur pieds. Là-bas, elle pleurait la perte de leur enfant déjà tant chéri qu’elle n’avait pas su protéger…

Là-bas, elle se sentira tout simplement si mauvaise mère, et si mauvaise femme… Et pourtant… Elle avait su résister à la mort.

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Maiwen
« Plus les cibles pensent contrôler les choses, plus elles se font facilement manipuler. » Scott Lynch

[Deux mois plus tard]

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis cette soirée fatidique où s'était fait agresser Elisa de Malemort. L'inquiétude était peu à peu retombée, et finalement il semblait que plus personne ne parlait de ce qui s'était produit. Peut-être par gêne, peut-être parce qu'il était imaginé que si on en parlait pas, cela ne se reproduirait pas, ou peut-être tout simplement parce que l'incident était sorti des esprits. Durant ces quelques semaines, l'avocat n'avait pas cessé de se rapprocher toujours plus près de la duchesse, par un mécanisme qu'il n'expliquait pas vraiment : lui n'était pas habitué à si vite s'attacher à qui que ce soit... mais elle faisait exception. Entre eux, semblait être née une sorte d'alchimie étrange. Beaucoup appelleraient ça de l'amour ; mais Maïwen n'était pas amoureux, et imaginait, pour l'avoir déjà vécu, qu'il le saurait si tel était le cas. C'était tout autre chose, plus proche d'une amitié

Cette soirée de mi-novembre fut douce au juge fraîchement nommé. Il avait profité de certains de ses derniers instants avec la duchesse, alors que celle-ci se préparait à partir dans un long, un interminable voyage. Comme Élisa l'avait justement dit, leurs vies s'étaient suivies, sans vraiment s'entremêler. Et elles allaient se séparer, peut-être pour de bon. Certes, ils s'étaient promis de s'écrire. Allaient-ils tenir cette promesse ? Les lettres compensent-elles vraiment l'absence ? Tant d'incertitudes dans le futur qu'ils partageaient. Maïwen était inquiet, autant qu'on pouvait l'être quand on risque de perdre quelqu'un qui compte énormément pour nous. Et Élisa comptait énormément pour Maïwen. Il ne voulait pas qu'elle parte. Il lui avait dit. Et d'une certaine façon, il lui en voulait pour ça, même si, et ça aussi il lui avait dit, il la comprenait. Il tâchait donc de profiter des derniers instants que la vie leur réserverait avant au bout de temps. Ce serait différent, sans elle, ici. Non pas qu'il s’ennuierait, il avait bien trop de travail pour ça. Mais il penserait à elle. Elle lui manquerait, indéniablement. Même en sachant qu'elle serait peut-être mieux ailleurs.

Maïwen resserra autour de lui la lourde cape vert sombre qu'il avait prise pour se couvrir en cette froide nuit. Les nuits s’allongeaient, et les températures, elles, diminuaient : Winter is coming. Plus tôt, il avait raccompagné Elisa chez elle, et à présent, il marchait au hasard dans cette ville de Montpellier qu'il connaissait par cœur. Ses pas l'avaient mené vers l'ancienne faculté de droit, vers la mairie, puis aux alentours des jardins, plus vers l'extérieur. Il n'y faisait pas vraiment attention, attendant simplement de sentir le sommeil le gagner pour rejoindre ses appartements et laisser Morphée s'emparer de lui. Il se remémorait tout ce qu'ils avaient traversé, tous les deux. Ce n'étaient pas que des bons moments. Il y eu des disputes, innombrables, et d'une violence inouïe pour deux personnes censées être amies. A de nombreuses reprises, celles-ci furent telles qu'il eût l'impression d'avoir perdu la duchesse à tout jamais. Il s'était toujours trompé, le bonheur dégagé par la réconciliation était toujours plus présent. Et puis finalement, les disputes cessèrent plus ou moins.

Les rues qu'il empruntait devinrent plus étroites, moins fréquentables. Il n'y faisait même pas attention, plongé profondément dans ses pensées, et avançant d'une façon automatique. Parfois, il passait devant des tavernes encore éclairées, où l'on pouvait entendre rire, crier, et chanter. La capitale Languedocienne ne dormait jamais entièrement. Cela n’avait pas d’importance. Il eût beau marcher, de longues minutes qui se transformèrent bientôt en heures, il ne se sentait pas plus fatigué. Le jeune avocat devenu juge était ainsi fait : il avait le sommeil léger et difficile, rien n’y changeait, quelques soient les efforts qu’il pouvait prodiguer. Seules certaines plantes l’aidaient à s’apaiser plus facilement, mais il n’en usait que très rarement, ne considérant pas cela très Aristotélicien comme technique. La marche, à n’en point douter, était bien plus saine.

Il n’avait pas remarqué cette ombre, plus discrète que la nuit elle-même, qui depuis tout ce temps, depuis plusieurs jours même, le suivait. Lui d’habitude si prudent, si méfiant vis-à-vis du monde, lui qui quelques années auparavant aurait rapidement remarqué cet homme, ou plutôt cette ombre, en permanence quelques dizaines de pas derrière lui. Il se sentait pourtant en sécurité dans Montpellier. Fauteurs de trouble et brigands en son sein ? Impossible ! Qui, de plus est, à ses trousses à lui, avocat de renommée nationale, défenseur du riche et du malandrin? Doublement impossible. Il n’était jamais escorté quand il se promenait dans les rues de la capitales, et ce, même aux plus petites heures du matin. Allait-il le regretter ? Le sourire en coin sur le visage masqué de la mystérieuse créature à ses trousses en disait long.

Un bâillement traversa le visage de Maïwen. Il devait être non loin des 4 heures du matin. Il serait peut-être tant de rentrer, et visiblement, son sommeil était d’accord avec lui pour une fois. Ainsi, il fit demi-tour sans autre forme de procès, bifurquant ainsi droit vers son poursuivant. Sa vue lui fit hausser les sourcils. Un homme masqué, juste derrière lui, en pleine nuit ? Il y avait de quoi en affoler beaucoup. Lui y comprit, d’ailleurs. L’avocat devenu juge n’était pas du tout un homme d’action, et loin de là. Malgré tous ses efforts pour remédier à cela, malgré tous les entraînements qu’il s’était infligé, il restait un mauvais combattant, peu endurant, mauvais en technique, et très peu intimidant par-dessus le marché. Malgré tout, il ne changea pas de direction, voyant mal pour quelel raison on lui voudrait du mal. Il n’avait pas encore rendu de jugements difficiles, et en général, les malandrins l’appréciaient souvent pour ses dons d’avocat.

Ainsi, il passa aux côtés de l’inquiétant personnage sans s’inquiéter outre mesure, ce qui est plutôt un comble. Sa surprise fut totale, quand il sentit le sol se dérober sous ses pieds. Habilement, le passant l’avait poussé en avant, l’obligeant à heurter sa jambe et à s’écraser par tête. Sa chute fut brève et brutale, tant et si bien que Maïwen n’eût pas le temps de se poser la moindre question. Pourtant, elles auraient pu être nombreuses. Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Il n’eût même pas le réflexe de se sentir spécialement en danger. Il n’eût d’ailleurs pas le réflexe de quoi que ce soit. Il vit simplement des étoiles. Ses bras lui faisaient mal. Sa tête lui faisait mal. Son corps entier lui faisait mal. Le monde sifflait autour de lui. Il grimaça, bredouillant, cherchant autour de lui qui était le responsable de cela, bien que le sachant pertinemment. Une main secouriste se présenta à lui.

« Toutes mes excuses, cher maître, enfin, monsieur le juge. »

Maïwen cligna des yeux. Il ne comprit pas grand-chose, mais finalement, se dit que cet homme l’avait simplement bousculé sans faire exprès. Un peu mis sous le choc par la chute, il n’analysa même pas qu’il le connaissait visiblement plutôt bien. Il saisit la main tendue, en maugréant qu’il n’y avait pas de mal. Cela n’ôtait pas la douleur dans son corps. Un instant, l’homme sembla l’aider à se redresser. Mais bien vite, le poing de sa main libre vient s’écraser au beau milieu de son visage. Poussant un cri de douleur et de surprise, la tête du juge s’écrasa à nouveau à terre, sur la surface dure du sol. Il ne songea même pas à appeler à l’aide, à moitié assommé par les deux chocs. Il balbutia :

« Qu’est-ce donc que ce numéro… ? »

Un sourire traversa le visage de l’agresseur que Maïwen n’avait même pas essayé de détailler, à l’écoute de la détresse et de la surprise dans cette voix d’habitude si tranquille, si sûre d’elle. Ce coup, il ne l’avait pas vu venir. Encore une fois, l’avocat s’était fait piéger, aveuglé par son orgueil qui l’empêchait si souvent de voir beaucoup plus loin que le bout de son nez. Tout n’avait été qu’un jeu d’enfant. Le suivre, plusieurs jours. Et attendre qu’il commette l’irréparable. La patience avait raison de tout en ce monde. Et elle allait avoir raison de Maïwen.

« Vous comprendrez bien que ceci n’est pas contre vous, cher monsieur. », reprit l’homme masqué, toisant le Montpellierain de toute sa hauteur. Environ un mètre quatre-vingt-dix, jugea-t-il. Maïwen ne comprit pas plus. Qu’est-ce qu’il se passait donc. Qui était cet homme, qu’est-ce qu’il lui voulait ? Son nez était d’ores et déjà en sang, et sa lèvre était fendue. Du sang coulait sur son visage, mais ce n’était rien à côté de la douleur que le poing avait provoqué. Faiblement, il tenta de se redresser. Pour toute réponse, le pied botté de son agresseur vola en direction de son visage, mettant fin sans difficultés aux efforts du brun. Le choc fit voler le conseiller comtal à terre.

« Restez là où vous êtes, je vous prie. Inutile de tenter de vous relever… je n’en ai pas terminé avec vous. »

Le monde n’était plus que douleur pour le jeune élu. Ce coup de poing, puis surtout, ce violent coup de pied, avait rapidement eu raison de lui. Il ne comprit pas un mot sur deux de la prise de parole de l’homme, et, de toute façon, il n’était plus en état de se redresser. Il n’était même plus en état d’appeler à l’aide ni même d’avoir un raisonnement un tant soit peu cohérent, de toute façon. « Qu’est-ce que… qui êtes-vous… que voulez-vous… », réussit-il toutefois à bredouiller maladroitement. L’autre mit son index sur ses propres lèvres. « Chuuut », murmura-t-il. « Ne parlez pas. » Les mots de l’agresseur pour Maïwen semblaient si lointains. Il n’avait que tout juste l’impression de les entendre. Seule la douleur qu’il éprouvait le rattachait encore à la réalité. Une nouvelle fois, le pied droit de l’homme vint arracher un cri de douleur à Maïwen. Cette fois, c’était l’abdomen qui était touché, tant et si bien que le brun en eût le souffle coupé. Il toussota, le visage inondé de sang et de larmes, tentant tant bien que mal de se replier contre lui-même pour se protéger.

« Quant à ce que je veux… », reprit l’homme, toujours de sa voix grave, rauque et dénuée de toute chaleur, « c’est fort simple. Je veux que vous faisiez part à quelqu’un d’un message venant de moi, s’il vous plaît ».

Cette fois, le pied de l’homme se dirigea en grand fracas vers la cage thoracique de Maïwen. Ce coup, ce fut tout juste s’il le sentit, rendu bien trop hagard par les douleurs sur son visage et son bas-ventre. Cela ne l’empêcha pas d’hurler de douleur, encore plus faiblement. Sa vue se troublait, il marmonna pour toute réponse quelque chose d’incompréhensible, tandis que l’autre ajoutait :

« Transmettez à Elisa de Malemort nos salutations. » Une exclamation apeurée sortit de la bouche de Maïwen. Tout s’éclaira soudain dans son esprit, malgré la douleur, malgré les chocs, et malgré la peur. C’était donc ça. Cette histoire n’était pas terminée. Elle ne faisait que commencer. L'ennemi Malemort s'agenouilla vers lui. Sa voix n'était à présent plus qu'un murmure, presque doux, et encore d'avantage inquiétant que son précédent ton. « Dites-lui que nous ne l’oublions pas. Dites-lui que son tour viendra. », ajouta-t-il, alors que son pied expert vient s’écraser sur le visage de Maïwen en lui ôtant ce qui lui restait de conscience. Un homme inanimé, un homme maltraité au beau milieu d’une rue déserte, pendant les dernières heures de la nuit, voilà ce qu’il restait. Sa dernière pensée fut pour Elisa, celle qui était bien plus en danger qu'il ne le serait certainement jamais.
Aphelie
J’avais une sainte horreur des situations compliquée. J’avais fuis pendant de nombreuses années dans les pays voisins et ne donnait aucune nouvelle à ma famille pour éviter d’avoir des comptes à rendre. De retour en France, j’avais trouvé un emploi chez un seigneur comme apprenti d’arme. J’étais délicate mais rapide. Je savais faire voler des dagues bien plus vite que les mots très souvent. Et à l’arc, je ne me débrouillais également pas trop mal. Je détestais seulement le pincement sur mes doigts quand je devais tendre la corde. C’est que mes mains étaient beaucoup trop frêles pour ce genre d’activités plus masculines. Avec beaucoup d’habilités, de conseils et de passion j’avais réussi à développer plusieurs techniques de combat. Plusieurs entrainements secrets avec un ami m’avaient appris à redoubler de rapidité et utiliser ma légèreté comme une force au lieu d’un handicap. Tout cela faisait partie du passé désormais. J’avais retrouvé une vie paisible, tout fuit dans une ville où personne ne me connaissait avec ma cousine.

J’avais cru que le quotidien d’une fermière ou d’une bergère m’irait mais je m’ennuyais. Les rares fois où j’allais en taverne avait réussi à m’attirer quelques ennuis. Les premiers jours à Montpellier j’avais fait la connaissance d’un homme charmant mais pris. Rapidement, j’avais pris mes distances. Éviter les conflits était pour moi un chemin de vie. Si je ne cherchais pas les ennuis, j’espérais que ces derniers ne me trouvent pas. Mais Max lui m’avait trouvé. D’agréable compagnie, je m’étais laissé bercer par l’illusion que nous pourrions profiter de la complicité et de l’amitié qui naissais entre nous. C’était sans me rendre compte que c’était impossible jusqu’au jour où il avait décréter être amoureux de moi. J’avais pris quelques jours loin de cette ville pour bien réfléchir à cette histoire. J’avais pris contact avec Nicolah, mon meilleur ami, afin qu’il me guide. J’ai fait la rencontre de Rychard à Alais qui lui aussi tâcha de me montrer le plus aisé des chemins à suivre. Que de conseils finalement pour mener à mon propre choix initial. Les sentiments doivent être réciproques et ici ce n’était pas le cas.

De retour à Montpellier, j’avais mis les choses aux clairs avec Max. J’attendais la venue de Nicolah et je n’osais plus sortir de chez moi. Aucune envie de tomber nez à nez avec Max que j’avais blessé mais également de me mettre encore dans une situation impossible que je ne pouvais gérer. Préférant ma solitude, je sortais de chez moi que très tard le soir. J’arpentais les rues endormies pour m’aérer l’esprit. La sérénité de certains quartiers de la ville à cette heure m’endormait. J’avais donc tout naturellement emprunté les artères qui semblaient moins calme. Je fus rapidement, de par mes pas, dans les bourgs malfamés. Les ruelles moins fréquentables. Quelques ivrognes hurlant à faire sursauter une pucelle de par leur vulgarité ou encore de nombreuses racoleuses offrants leur services pour cinquante écus étaient monnaie courante.

Je tournais le coin d’une rue pour en emprunter une autre et ce que je vis me fit hésiter. Un homme, c’est ce que je cru en voyant par la carrure, assimilait un coup de pied sur une forme à peine visible d’où elle était. Le bruit la fit frissonner. C’était l’équivalent d’un craquement d’os. Celui ou celle au sol venait de se faire casser le nez. Je devrais me mêler de ce qui me regarde. Mais le bourreau s’acharne comme un boucher sur un monceau de viande pour l’attendrir. Il n’y va pas de douceur et sucrerie. C’est une pluie de coup de pieds et mon cœur se comprime. J’ai pitié de cet être au sol sans savoir de qui il s’agit. C’est assez !

Je prends le temps de remonter ma cape et d’enfiler le capuchon. Je masque ainsi mon visage et me fait plus ombre. Je cherche à dissimuler ce que je suis réellement pour mettre fin rapidement à ce combat que je ne pourrais gagner que par la ruse et stratégie. De toute évidence, l’homme est un gros tas de muscles et il sait s’en servir. Je tente de fourvoyer l’agresseur par une voix calme, forte et pas trop féminine. Plus difficile à masquer mais j’essaye.


- « Qu’est-ce que vous faites ? Lâchez cette personne. »

Un visage que je ne perçois pas au vu de la faible luminosité de l’endroit se tourne vers moi. Il me sonde et m’analyse. Je le sens bien. Il fait quelques pas dans ma direction prêt à me faire fermer ma gueule. Je ne perds pas de temps à lui laisser franchir la distance que je décoche rapidement un couteau directement dans sa direction pour le lui planter dans l’épaule. Le gémissement me fait sourire. Je sors aussitôt une nouvelle lame qui brille dans cette obscurité lorsque la lune vient lécher le métal. L’agresseur est beaucoup moins certains cette fois. Je me prépare à lui envoyer ma deuxième arme lorsqu’il se donne le droit de me menacer. Cela ne dure qu’un très bref instant et il jette le premier projectile poisseux au sol, puis s’enfuit dans la direction opposée.

Je regarde la scène. Je ne sais pas si je ne dois pas seulement laisser la personne qui probablement git, inconscient et peut-être même mort au sol. Tout ceci ne me regarde pas. Je ne sais pas de qui il s’agit et les agitations qui y sont liées me révulsent. Pourtant, je ne peux me convaincre de laisser cette âme mourir sans accompagnement. Je m’approche discrètement. Je me penche pour voir une mare de sang couvrir le visage de l’homme car c’est bien d’un homme qu’il s’agit. Il n’est pas très grand. Il semble même bien ordinaire. Très commun. Son visage est amoché, sa chemise tâchée de tout ce liquide qui suinte de par plusieurs orifices de son visage. Il fait pitié. Je sors un mouchoir et tente de débarrasser un peu son visage de ce coulis sombre. Il respire encore. Bien difficilement mais encore. Il est presque méconnaissable mais j’arrive à reconnaitre celui qui m’a accueilli avec une dame blonde à Montpellier. Il s’agit d’un des propriétaires de taverne. Il doit magouiller dans quelque chose de pas très sain pour être battu de la sorte. Je ne porte pas jugement mais je ne puis me résigner à le laisser là. Le porter est non envisageable.

Je sens l'échauffement de mon cerveau. Je cherche solution et je finis par n’en garder qu’une réalisable. Je me lève et laisse l’homme gisant et inconscient au sol. Je vais trouver le tripot clandestin le plus proche qui n’est qu’à quelques pas. Avec l’accord de deux clients et en contrepartie d’une somme d’argent raisonnable, ils acceptent de m’aider. Avec leur aide, Maiwen est transporté chez un médecin dans un carrefour plus recommandable. L’argent, bien que je ne croule pas sous, n’a jamais été un problème pour moi. Je laisse donc des instructions ainsi que l’identité de la victime. Il est entre bonne main, je m’en assure avant de quitter.

Sur le chemin qui me ramène chez moi, mes mains tremblent. Je n’ai même pas pensé à ramasser mon poignard souillé du sang de la victime que j’ai laissé en pleine ruelle. Mon moment d’hésitation pour retourner le prendre se fait bien maigre. Je n’y vais pas. Mes mains sont souillées du sang de Maiwen. Ma cape également. Cette marche qui était destinée à me changer les idées n’aura pas été vaine bien que pour une rare fois ce ne fut pas mes pensées qui se sont chargés de tuer le quotidien. Je m’informerai de son état d’ici peu. Pour le moment, je n’ai qu’envie que de me débarrasser de cette rougeur sur mes mains.

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