Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

[RP] « Changer de lit guérit la fièvre* »

Maryah
- Je me fous que tu la laisses crever ou pas… tu t’arranges avec ta conscience mais tu aurais pu la soigner sur place… pourquoi faut-il toujours que tu me mêles à tes choix Maryah hum ? Pourquoi penses-tu toujours à moi quand ce n’est pas nécessaire ? Quant à ma présence, je doute qu’elle l’aide d’une quelconque manière. On ne se connaît pas assez pour que cela puisse changer grand-chose, crois-moi. Tu aurais dû la laisser à son mari et ne pas la ramener ici…

Elle ne répond pas, et le regard tendrement. Que peut-elle répondre ? Qu'elle n'a jamais laissé derrière elle quelqu'un en danger de mort ? Que si elle vient chercher après lui, c'est parce qu'elle l'aime, qu'elle a confiance, qu'elle se sent en sécurité, qu'elle sait qu'il saura réagir même s'il devait arriver quelque chose de grave, qu'elle trouve en lui un cadre, un repère, et une sérénité d'esprit qui lui fait trop souvent défaut. Oui elle pourrait lui répondre tout ça, très sincèrement. Trop. Il ne veut pas l'entendre. Il peut être aussi désagréable qu'il voudra, grand bien lui fasse, elle l'appréciera toujours autant, parce qu'elle sait exactement ce qu'elle trouve chez lui, qu'elle n'a trouvé chez nul autre.

Alors, elle le regarde sortir, toujours en colère contre elle. Elle regarde Snih et lui sourit doucement, puis hausse les épaules :


Il ne changera pas hum ... moi non plus ... Et ainsi va la vie mon cher Snih. Si ma vie pouvait être aussi blanche que ta robe, il cesserait peut être de me faire des remontrances. Mais bon ... on n'est pas toutes nées Princesses. Tu t'en fous toi hum ? Bah t'es gentil, j't'achèterai des carottes. Et une pomme. Mais faudra t'glisser dans l'esprit de ton dresseur, et lui faire penser plein de bien de moi !

Elle rit, elle va pas se laisser démonter maintenant. Le plus dur est passé, ils sont là. Et ce soir il aura son dessert à la poire. Et tout ira au mieux dans le meilleur des royaumes. Eliance va pouvoir souffler, commencer à vivre, pour elle, à voir comme la vie est belle, quand on sait la caresser dans le sens du poil. Une petite tape sur la croupe de Snih, et la bonne odeur de la maisonnée vient chatouiller ses narines. Elle a plus de talents pour approcher Snih que le Cosaque, il a fini par lui faire aimer les chevaux. Elle finira bien par se faire apprécier de lui. Quoi ? Elle a bien le droit de rêver d'abord !

A peine arrivée devant la bicoque que la porte s'ouvre brusquement avec un :

- Ne m'attendez pas pour manger !

Elle se pousse de justesse, avant que son épaule ne la percute. Va vraiment falloir lui faire très plaisir, pour équilibrer un peu la situation. Et la voilà de retour dans la Salle, où Percy reste tout triste de l'absence de Torvar.
- Pourquoi il veut pas manger avec nous ? Quand t'étais pas là, il mangeait toujours avec moi !
- Et si on lui faisait un panier de victuailles ? Et tu pourrais manger avec lui si tu veux.
- Mais je veux aussi manger avec toi et S...Marie.
- La vie c'est ça Percy. Il faut souvent faire des choix qui sont pas faciles. Mais l'essentiel c'est de toujours écouter ton cœur, ce que tu veux toi !
- Alors euh ... je peux manger avec Torvar ce midi, et ce soir on mangera tous ensemble. On pourrait faire un feu de camp comme avec les cosaques ...
- ... moui ... on verra d'icy là hum ?
- D'accord.


Voilà comment Maryah se retrouva à remplir un panier, avec de la viande, du pain, du fromage, du vin, et les dernières pommes. Si les hommes ne les mangeaient pas, les chevaux s'en feraient un plaisir. Elle le regarda s'éloigner et attendit que la porte se ferme pour grimacer. Elle prenait conscience de l'importance de Torvar dans la vie de Percy, et cela ne la rassurait pas. Qu'en serait il quand Torvar finirait par lui claquer la porte au nez, et qu'elle retrouverait son petit bonhomme en larmes, avec un nouveau chagrin inconsolable ?
Heureusement, Marie lança la conversation et les deux amies se mirent à papoter plus joyeusement. Encore une fois, le plus dur était derrière elles, la semaine de voyage, l'enlèvement, la fatigue du voyage, et la gestion d'une blessée et de deux bébés, n'avaient pas été de tout repos. D'ailleurs Maryah suggéra à Marie de se reposer après le repas ; elle n'avait pas eu beaucoup de temps pour elle, depuis qu'elles avaient pris les routes.

Mais ça c'était avant ! Avant le bruit sourd. Ce BOUM qui leur fit lever les yeux à toutes les deux. Précipitations de pas dans l'escalier, et arrivée en trombe dans la chambre où dormait Eliance ...


- Eliance ! Merdeeeuhhhhhhh ... Elle est tombée du lit ... Bouge pas ma jolie ... t'en fais pas, on va s'occuper de toi ...
Sauf que Maryah pris vite conscience que devoir la retourner avec un bras cassé, un os délogé, une cuisse saignante, la fièvre et le reste n'était pas chose aisée. Et elle ne voulait en aucun cas, la blesser plus qu'elle ne l'était.
Marie ! S'il te plait ! Va chercher le Cosaque ... il doit être à l'écurie avec Percy ... ça passera mieux si c'est toi qui lui demande de venir ... s'il te plait ...

Et alors que Marie s'en allait remplir sa "mission", Maryah s'accroupit auprès d'Eliance, caressant son front, et cherchant à remettre ses membres dans une position aussi confortable, qu'elle pouvait l'être, compte tenu des circonstances.

Eliance ... c'est moi Maryah. Tout va bien. Torvar est là. Il va nous aider à te réinstaller en douceur sur le lit. Ne t'inquiète de rien ma jolie, dans quelques minutes tu seras dans ton lit, et t'auras rien senti. Ne bouge pas ... laisse moi faire ...

Allez savoir si elle rassurait la rousse ou elle même. Torvar allait certainement encore débarquer en gueulant, en reprochant à Maryah de n'être pas restée constamment à côté, et patati et patata. Oh pis zut ! Advienne que pourra, peut être que le moment avec Percy l'aura détendu.
_________________
Percy_
Bon ... autant le dire, marier Torvar et Maman, ça va pas être de la tarte ... aux poires. Ils font que de se chamailler, comme Zéphyr et Snih sur le bateau. C'est pas facile les grands, ils sont jamais contents.
C'était bien avec Torvar, on a fait plein de trucs quand Maman elle était pas là. Mais je crois que Torvar il veut pas que maman elle lui prenne sa maison. Déjà qu'elle l'a envoyé vivre dans l'écurie. Peut être qu'il a peur qu'elle lui prenne tout, la maison, le haras, ses habits, ses armes, ses outils ... Mais moi je sais que ma maman elle est pas comme ça.

J'entre dans l'écurie. Y a les chevaux, parce qu'il fait trop chaud là et qu'ils se reposent. Et y a Torvar. En train de boire le truc qui pique mais qui sent pas. J'approche avec un petit sourire. Quand il est assis j'en profite pour l'attraper par le cou, et je le serre fort. Des fois il me caresse les cheveux, des fois il me tape dans le dos. Là, je pose le panier trop lourd, et je vais lui faire un câlin parce qu'il est triste, et je dis dans oreille :


Tu sais ... ma maman elle va pas prendre ta maison. Faut pas avoir peur. Elle va encore vouloir repartir. Et elle te rendra ta maison, et ta salle, et ta chambre. Et elle va pas te voler tes chevaux non plus. Je te jure ! Juré, promis, craché !

Et je crache. Comme un homme, un vrai, un grand. Je m'assois et pousse le panier vers lui.
Je veux pas que tu restes seul. Et puis je veux manger avec toi, comme hier. C'était trop bien. Maman elle a mis du pain, du porc ronron, du fromage, des noix, des pommes, et je lui ai dis de mettre de vin, elle avait pas pensé.

...

Dis Torvar ? T'es pas fâché contre moi ? parce que ce matin c'est vrai que j'ai arrêté de couper le bois, mais je vais continuer ...

...

Et pourquoi Snih il a peur de tout ?
Et pourquoi t'aimes pas ma maman ? Elle t'a fâché ?
Et si t'es fâché avec maman, ça veut dire que tous les deux on va aussi se fâcher ?
Parce que moi je t'aime bien. Et j'aime bien quand on monte. Et quand on nage. Et aussi quand on fait la bagarre. Et quand tu me chantes des chansons de cosaques. Et quand tu m'apprends à couper du bois.
Tu m'aimerais toujours si je faisais quoi ?


Je sais ça fait beaucoup de questions. Mais j'ai touuuuuuuuut ça dans la tête ! Pour de vrai. Je tourne la tête sur le côté et j'attends. Peut être qu'il veut pas manger avec moi ... Pourtant Matvei il avait dit les hommes mangent ensemble, et les femmes entre elles". Et Matvei il sait beaucoup de choses, mais Torvar il en sait plus. Parce que il est plus vieux. Je pique un morceau de viande en salaison et j'en tends une à Torvar, en cadeau de paix. Torvar il dit qu'il faut manger de la viande pour être très fort. Et un jour, bientôt, je serai fort !
Marieladamnee
Le retour avait été sans encombre sauf qu'il fallait prendre soin de le blessée et des petits. C'était le plus épuisant du voyage mais ils se relayaient et avaient pu profité de moments sympas aussi.

Au final le plus difficile de l'opération " Eliance " avait été l'arrivée chez le cosaque et le regard qu'il leur avait lancé à tous. Marie avait haussé les épaules, elle avait vécu avec assez d'hommes dans les divers groupes pour savoir qu'ils étaient plus soupe au lait que la majorité des femmes.

Le temps passait avec les biberons, les soins... Elle avait l'impression que ca faisait des semaines qu'elle était là et elle avait besoin de souffler. La proposition de Maryah d'avoir un break lui plût même si elle n'allait pas se reposer mais aller se balader à cheval, elle ne le faisait guère là et picoler en ville.

Nevers, ville ou elle avait vécu avait beaucoup et peu changé en même temps, s'y balader lui ferait le plus grand bien. Et puis elle rencontrerait peut être des anciens amis.

Mais pour l'heure après manger elles vont voir la blessée. La rousse est tombée du lit, la fièvre a du la faire délirer et Marie file en courant à l'étable trouver Torvar. C'est pas vraiment une partie de plaisir mais elle n'a jamais eu peur des géants, elle a vécu avec certains et puis elle lui doit rien à lui. Elle n'est là que pour aider.

Percy et Torvar discutent, elle se racle la gorge pour les interrompre.


'Scusez de vous déranger mais nous aurions besoin de votre aide Sieur Torvar. La rousse est tombée de son lit. Elle est pas lourde mais avec toutes ses blessures on peut la porter à deux.

La brune le regarde espérant ne pas avoir un de ces regards qui tuent mais elle n'est pas à un près...
_________________
Diego_corellio
La bouteille vide vient se fracasser contre le mur dans un bruit d’éclat de verre cristallin suivit de mon ricanement qui fait écho dans ma caboche bien plus fort que de coutume. Une autre vient rejoindre la précédente et inlassablement un défilé vient frapper le mur qui n’a pas demandé ce traitement de faveur.
Mes pieds nus viennent balayer d’un geste rageur les tessons de verres sans ressentir de douleur aucune avant de beugler :

Put*in elles sont où mes bouteilles ?! Henry viens ici petit c*n !


Henry, c'était le nom que j'lui avait donné. Pourquoi ? parce qu'Henry c'est un nom de noble et j'aime pas ça.
Le gamin d’une quinzaine de piges est saisit par le col, levé contre le mur et vigoureusement cogné contre celui-ci. Je suis hors de moi. Je suis incontrôlable. Je suis dépendant.

Elles sont où mes bouteilles ? Tu crois que j’te paie pour rien foutre pt’it merdeux ? j’vais t’faire passer l’envie d’me voler t’vas voir. Tu d’vais m’ramener des bouteilles et d’l’opium et tu reviens et j’ai quoi ? Que dalle ! j’ai pas qu’ça à foutre attendre alors magnes toi l’cul à aller en chercher. J’le veux pour dans cinq minutes.

Allez dégage.

Le jeunot est balancé et un coup de pied dans son derrière vient compléter le tout.

Mais je…


Dégage j’ai ! Dit barre toi ! Barrez-vous tous ! Allez tous vous faire foutre tous ! je la déteste, je la déteste.

Après cette charmante tirade, le poing est abattu plusieurs contre ce pauvre mur, puis la main est passée d’un geste désemparé dans mes cheveux en bataille.
Je tourne en rond comme un lion en cage qui n’aurait pas été nourrit depuis plusieurs semaines, et c’est à peu près mon cas, à la différence que je ne me nourris plus depuis qu’elle est partie. Et seule la bouteille me maintient en vie. Je ne suis pas un homme mort de faim comme ce lion. Non je suis un homme dépendant. Je suis un homme qui vient de terminer ses réserves pourtant conséquentes d’opium et d’alcool depuis une dizaine de minutes. Un homme drogué, enchainé et pris dans l’engrenage des sal*peries. Tout comme j'en suis une.

Cela faisait quelques jours seulement qu’Elle était partie.
Elle avait laissé mes lettres sans réponses. Au fond je ne voulais pas en recevoir.
A mon réveil je l’avais cherché comme un fou mais mes recherches étaient veines, je le savais, je l’avais senti. Alors j’avais chopé le médicastre et j’avais menacé son service trois pièces pour qu’il me dise ou Elle était. La folie qui bouillonnait avait éclaté et il en avait fait les frais. Après avoir été malmené il m’avait proposé une solution : il ferait passer les lettres à celle qui l’avait emmené.

Celle.

Mais ce petit mot qui aurait pu changer des choses n’avait pour moi eu aucune signification. Il m’avait juste enfoncé un peu plus dans ma léthargie naissante, et encré plus profondément en moi des pensées qui me tiraillaient ; la Rousse s’était enfuie, et elle avait planifié cela. Elle avait choisi ce moment où j’étais au plus faible. Ce moment où je restais coincé dans cette ville qui me retenait prisonnier. Mais le fait qu’Elle soit partie avec quelqu’un signifiait qu’elle avait demandé de l’aide. Avais-je donc été si terrible que cela avec Elle ?
Je ne me souvenais en tous cas pas avoir jamais levé la main sur Elle.

La blonde était repartie quelques heures plus tôt ce matin même. Je l’avais laissé filé parce que je la savais insaisissable. Je l’avais laissé filé parce qu’elle m’avait aidé le temps qu’elle avait pu. Pour cela elle avait toute ma reconnaissance.
Ce que nous avions fait n’appartenait qu’à nous. Mais ensembles, nous avions pleurés serrés l’un contre l’autre la perte de nos enfants. Nous avions été couple et parents réunis et endeuillés le temps de quelques jours.
Elle, avait expié ses regrets de n’avoir pas pu les connaitre plus avant, et moi de n’avoir su les garder auprès de moi.
Finalement nous nous étions consolés de la seule manière que nous connaissions, et avions conclu que nous nous battrions pour les retrouver et les avoir à nouveau.

Je m’arrête fixant le vélin chiffonné sous mon pied, le ramassant pris d’une inspiration soudaine pour l’écriture à une femme fantôme qui n’était plus.

Citation:
Je vous félicite Eliance, pour avoir si bien préparé votre fuite !
Vraiment bravo. C’était très réussi.
Alors quoi ? Vous êtes allée rejoindre qui cette fois ? ce chevalier que vous m’aviez assuré ne plus voir ? Ou alors cet homme que vous avez séduit cet homme avec qui vous étiez sensée rabibocher Maryah ?

Vous parlez de mes amies mais vous ne pas mieux qu’elles. Non vous êtes même carrément en dessous d’elles, parce qu’elles ont au moins le mérite de reconnaitre ce qu’elles font et ce qu’elles font. Vous non.
Petite allumeuse !
Voleuse de gamins !
Je vous déteste !

Non je ne vous déteste pas ! Que dis -je ?!

Non non je n’ai pas écrit cela. Je vous le jure. Vraiment je ne pourrai pas. Vous êtes ma femme et ces horreurs ne vous sied guère.
Ils ne vous étaient pas destinés.
Je vous demande pardon. Pour tout et rien à la fois.

Dites à mes enfants que je les aime. Dites leurs, que je serai toujours là pour eux, dites leurs qu’ils sont la meilleure chose qui me soit arrivée. Dites-leur s’il vous plait. C’est important.
N’oubliez pas de de bien les nourrir, il n’aime pas vraiment le lait de chèvre ni celui de vache, ils mangent des fruits de saison et Lucrezia aime énormément les fraises. Faites lui en manger s’il vous plait. Ça lui fera plaisir. Emmenez les dehors, ils pourront courir, mais pas après le repas, il fait trop chaud et ils doivent faire la sieste. Minimum une heure de sieste. Mais ne les laissez pas dormir trop longtemps sinon ils ne dorment pas le soir.
Il faut leur faire prendre un bain ensembles sinon ils pleurent et il faut brosser les cheveux de ma princesse pour qu’ils soient doux et brillant. Une robe pour ma fille et pour mon fils des braies marron et une chemise blanche. Ah et il faut les coucher avec un tissu blanc c’est leur doudou.
Et faut leur chanter Ai miei piccoli, affinché sognano la notte.*

Voilà. C’tout.

Et aimez les, les deux autant. Pas de différence.
Oubliez pas de leur dire que je les aiment.
Et vos aussi.

Non c’est pas vrai. Tais toi ! Stupide chose ! Tu l’aimes pas. Chuuut.

Diego Corellio.



Voilà l’étendue de ma folie. Voilà le résultat de toutes ces années de travail à chercher à être meilleur. Je venais pourtant, en quelques jours de faire un retour aux sources à une vitesse stupéfiante. Le pilier s’était sorti, et, non contenant de faire chuter l’homme, il avait libéré le démon.
L’ancien était de retour.

Le vélin et chiffonné pour être ensuite accroché aux pattes de la bestiole et de la balancer par la fenêtre… ou plutôt sur la fenêtre qui était fermée.

Putain.
Pigeon ! Pigeon, il me faut un pigeon tout de suite gamin !

Comme ledit drôle ne se magne pas le train, je fonce dans la chambre d’à côté, puis dans la suivante à la recherche d’un volatile en envoyant valser tout ce qui se trouve sur mon chemin. Ma blessure qu'Elle avait recousue s'est rouverte et je m'en fou, je la laisse saigner, et j'oublie que j'ai mal, que je ne peux marcher sans canne, la douleur émotionnelle me fait oublier mes faiblesses physiques. Finalement j’en déniche, l’harnache et le jette dehors.

Allez, vole Sal*perie.

La pipe est allumée avec le peu d’opium qu’il me reste agrémenté de feuilles que j’ai ramassé dehors et dont la variété est non identifiée, le chemin du bordel est pris, habillé simplement de braies, d'une chemise blanche fendue sur le devant et de bottes.
Ce soir je vais payer pour baiser.


* A mes petits, pour qu'ils rêvent la nuit

_________________
















Torvar
[Toujours la même journée qui n'en finit pas, en Bourgogne, bien avant la réception de la lettre de Diego]


Respirez, inspirez, respirez, inspirez…
Sortant de la maison, Torvar avait donc pris la direction de l’étable afin d’y reprendre un peu de calme dans cette foutue journée de folie. Folie qui allait encore étendre ses branches sur la vie de Torvar car à peine arrivé là où il le désirait qu’un pigeon l’attendait. Un énième volatile envoyé une nouvelle fois par cette « Atro » qu’il ne connaissait absolument pas mais qui tenait à faire la conversation par missives interposées.

Non pas que cela ne lui plaisait pas mais d’emblée la dame avait semblé agressive et peu encline à lui laisser le bénéfice du doute. Dès le premier courrier, elle l’avait jugé et bien évidemment, la gentillesse du cosaque avait été reléguée au second plan. Déjà qu’il ne lui en fallait pas beaucoup pour être désagréable… Donc une nouvelle missive et cette fois-ci, la dame ne le jugeait plus et après avoir été implorante vis-à-vis du cas de la rousse, elle se faisait menaçante… carrément ! Et le cosaque d’éclater de rire en lisant cette piètre missive. Voilà que cela éclairait d’un jour nouveau cette journée des plus merdiques qui pouvait exister. Prenant plume et vélin dans sa besace qu’il avait rapporté, il s’installa sur un billot de bois et se mit à écrire tant bien que mal.




Avant de me menacer de vouloir me raccourcir ma vie, sachez donc à qui vous vous adressez. Vos menaces ne sont pour moi qu’un petit divertissement et si vous réfléchissiez avant de balancer vos sornettes vous n’auriez jamais osé dire ça… Et priez Dieu ou ce que vous voulez de ne jamais croiser ma route car je ne donnerais pas cher de votre peau !

En ce qui concerne la rousse, vous me faites bien rire. Vous ne vous êtes pas souciée de son cas jusqu’à sa disparition… vu l’état dans lequel elle m’a été amenée, c’est risible de lire un semblant d’inquiétude de votre part. Si vous traitez aussi bien vos ennemis que vos amis, je n’ai aucun souci à me faire !

Et puis inquiétez-vous donc, ça vous fera le plus grand bien. Je ne vous dirais pas comment elle va ni même si elle est encore en vie ou à l’article de la mort… Vous n’avez pas daignée la soigner en temps et en heure, ne venez rien réclamer la concernant.


Encore une fois, Torvar ne signa pas. Pas la peine, elle saurait de qui cela vient. Et le cosaque d’enrouler la missive et de l’attacher à la patte du volatile avant de le lancer dehors. Qu’il parte cet oiseau de malheur et qu’il ne revienne jamais. Cette soi-disant amie prenait soin des autres d’une bien étrange manière. Eliance était au plus mal et personne n’avait, semble-t-il, levé ne serait-ce que le petit doigt pour s’en assurer… Étrange conception de l’amitié pour certains, Torvar soupira préférant oublier ces gens qui gravitaient autour de la rousse. Elle choisissait son entourage comme elle vivait… à son image et le cosaque ne pouvait que constater les dégâts…

Retour à l’intérieur de l’étable, le cosaque se mit à entretenir le cuir des harnais des chevaux. Son matériel installé sur une petite table, des baumes pour le cuir, des chiffons et de l’huile de coude pour bosser correctement… tout y était et même un Perceval qui déboula en plein travail. Pas la peine pour Torvar de tourner la tête dans la direction du gamin, il savait qu’il ne pouvait pas passer un instant seul sans que ce dernier ne le suive. Brave petit soldat, il s’acquittait de sa mission avec bravoure. Dans la tête du gamin, quelque chose avait germé. Le cosaque en aurait mis sa main à couper mais il le laissait faire. Au moins il laissait respirer Maryah et lui, il savait comment l’occuper pour éviter de l’entendre trop parler. Mais là, une fois n’était pas coutume, Percy avait pris les devants et surtout, il avait rassemblé toutes les questions possibles et inimaginables. Reposant avec attention la lanière de cuir qu’il était en train de lustrer, Torvar plissa les paupières afin de se concentrer sur le petit de Maryah. Le même que sa mère, en couleurs. A parler et surtout s’inventer ses propres vérités… décidément, il y avait du boulot avec lui aussi mais le cosaque se fit indulgent… privilège de la jeunesse… posant un pied sur son billot de bois, il mit les mains sur son genou relevé tout en plantant ses azurs dans le regard sombre de l’enfant.


- Perceval, tu ne vas pas faire comme ta mère et venir me voir avec des sornettes… Ta mère et moi on n’est pas fâché… on n’est simplement pas d’accord sur beaucoup de choses mais je te l’ai déjà expliqué, ça n’a rien à voir avec toi. Toi tu as ta façon de penser et de vivre et ta maman la sienne… et si Maryah fait quelque chose de travers, je ne t’en voudrais pas pour autant… tu comprends ?

Pas le temps d’avoir une réponse que Marie fit son entrée. Allez donc, ça continuait… Journée merdique jusqu’au bout… Torvar ne la calcula pas plus que ça, il ne la connaissait pas et ne voulait pas la connaitre. Elle avait débarqué chez lui et ne c’était pas vraiment présentée, même pas un merci pour le toit qu’il lui offrait alors qu’il aurait pu lui dire d’aller dormir ailleurs… bref, les gens comme ça, il préférait les ignorer donc il l’écouta d’une oreille en soupirant devant ce qu’elle lui annonçait et ne put s’empêcher de répliquer.

- Si Eliance n’est pas si lourde que ça, pourquoi venir me chercher… vous êtes au moins deux là-bas non ?

Une réponse à la cosaque comme il les aimait. Et il se détourna de Marie en prenant la direction de la maison afin de voir les dégâts potentiels que la rousse avait dû s’administrer en tombant. Décidément, rien ne lui sera épargné. Montant les marches qui menaient à l’étage quatre à quatre, Torvar s’arrêta sur le pas de la porte en regardant Maryah.

- Une vraie petite infirmière… on dirait que tu as fait ça toute ta vie l’Epicée…

S’approchant du corps, il fit glisser ses mains au niveau des épaules d’Eliance et fit signe à Maryah de la saisir aux pieds.


- T’es prête… un… deux… et trois….

Le corps fut soulevé et remis en place sur le lit avec plus ou moins de douceur. Puis Torvar leva son regard vers Maryah et lui fit signe de le suivre jusqu’à la cuisine. Il lui fallait lui parler. Dans un premier temps, il se contenta de silence tout en allant et venant du bahut où résidaient les verres et un gourde qu’il déboucha rapidement versant quelques gouttes de gorzalka dans les godets. Torvar prit le sien d’un geste rapide en montrant le sien à Maryah.

- Bois, ça te fera pas de mal…

S’essuyant la bouche du revers de la manche, Torvar se reversa un second godet.

- Il lui faut un médecin… un vrai. Tu ne l’es pas, moi non plus. Et je doute que la brune que tu m’as ramené le soit tout autant que nous. Il faut lui faire tomber la fièvre et il lui faut des soins appropriés. Et surtout, il faut la réexpédier d’où elle vient.

Le verre fut vidé à nouveau d’un trait mais le mouvement pour le reposer fut plus lent.

- Je sais que tu as voulu bien faire Maryah… comme toujours mais on me menace déjà alors qu’elle est à peine arrivée. Je ne veux pas me retrouver mêlé à une histoire de famille, de couple ou je ne sais quoi parce qu’elle aura disparu… Tu sais comme moi qu’il n’y a que son mari qui compte et je ne tiens pas à le voir débarquer ici et encore moins à donner d’explication à cette Atro qui veut me faire la peau donc tu vas en ville, tu trouves un médecin, tu le ramènes ici. Il fait le nécessaire et elle repart… je paierais y’a pas de soucis pour ça…

Ses yeux se posèrent un instant sur une Maryah aux traits fatigués puis s’enfuirent vers la cour où Percy s’échinait à couper quelques rondins de bois. Un sourire apparu finalement sur les lèvres de Torvar et il se rapprocha de l’Epicée. Son bras vint envelopper ses épaules tandis que ses doigts serraient l’arrondi de l’une d’entre elles.

- Va le retrouver. Il croit que je lui fais la tête parce que toi et moi on se cherche des poux dans la tête… il n’y est pour rien et ne doit pas souffrir de l’attitude des grands. Et puis il voudra certainement te montrer comment il fait pour couper son bois. Moi je vais monter surveiller la rouquine et si ça se passe mal, je l’attacherais…

Un bref baiser à peine effleuré sur la chevelure de Maryah que Torvar était reparti dans sa chambre. Installé dans son fauteuil, il observait Eliance naviguer entre deux mondes et priait pour qu’elle sorte des brumes rapidement.
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eliance
Elle se bat. Elle affronte son propre corps, ses propres hallucinations dans une lutte acharnée où rien ni personne n'est épargné. C'est un comble de vouloir autant affronter son dernier souffle, de narguer le vertige des falaises et de ne pas accepter l'échéance lorsqu'elle se présente à l'improviste.

Tout ce qui l'effraie est bien là, au rendez-vous de l'agonie. Son père, son premier mari et ses rustres d'amis, la tarte, Aphro, Erilys, d'autres femmes inconnues mais bougrement séduisantes, des soldats sanguinaires, des enfants qui braillent en une cacophonie étourdissante, des morts pourrissant l'air de leurs émanations nauséabondes. Tout ce beau monde se mêle pour donner vie à un terrible cauchemar. Et derrière, loin, tout ce qui la rassure. Tous ceux qui la maintiennent en vie depuis toujours. La rebouteuse Jaquemine, la lucarne de son grenier, son Italien, Atro, sa falaise, Kachi, Maryah, Thomas et son autre frère Théran,Torvar, Ayla. Ils sont tous là. Même Mike a droit à une apparition, furtive, au fond. Ceux de derrière agitent les bras, semblent hurler pour attirer l'attention de la rousse, mais c'est bien les choses effrayantes qui prennent le dessus, accaparant toute son attention. Et plus les femmes s'approchent, plus Diego s'éloigne. Plus son père tend les bras gigantesques, plus Thomas s'efface, devient flou.

Et puis tout empire. Elle sent une lame tranchante sur sa gorge. Comme lors de l'attaque de ce brigand sur les chemins. Elle sent le froid de l'acier contre la peau de son cou, les mains inquisitrices violant sa pudeur et elle regarde Diego au sol, étalé, la gorge tranchée, le sang et la vie écoulés en une flaque désespérée. Dans le sang, les jumeaux sont assis. Ils trempent leurs doigts fins dans le liquide visqueux paternel pour braquer ensuite leurs grands yeux poupons sur leur belle-mère impuissante. Le moment semble une éternité. Une éternité atroce pendant laquelle Eliance veut mourir pour lui et à la fois survivre pour eux. Son cœur vacille entre ces sentiments tordus quand sa vision se précise sous la forme d'un loup effrayant de stature, les babines retroussées, les muscles saillants, surgissant derrière les jumeaux. Son regard cruel ne quitte pas la rousse. La menace est là. Le cœur ménudiérien semble s'arrêter, défaillir. Son choix est fait. Son sommeil est constellé de décisions. Elle sait à ce moment qu'elle devra être une mère pour ces enfants qu'elle rejette depuis le début. C'est cet instant que le loup choisit pour se ruer à sa gorge fragile, toutes dents dehors. Elle ferme les yeux, instinctivement, sous l'attaque canine et pousse un cri terrorisé.

Un vrai cri résonne dans la chambre et la sort elle-même de la torpeur dans laquelle elle est plongée. Une larme s'écoule de ses yeux ahuris, tandis que son poux s'emballe de toute ses forces. La couverture vient se froisser au creux de ses doigts qui se crispent, rendant la douleur de son bras écharpé insoutenable. Son visage se crispe. Les paupières clignent rapidement. La même chambre que la dernière fois qu'elle a ouvert les yeux. Elle reconnaît les murs, le plafond, la lingère. Elle se souvient d'un fauteuil aussi et tourne la tête pour l'apercevoir. Et là, les yeux se figent, la bouche s'entrebaille, le sang ne bat plus la chamade, le souffle est coupé, les doigts relâchent la couverture de laine pour se tendre malgré la douleur vers le fauteuil en tremblant.

Elle tend la main comme pour toucher la réalité ou bien se rendre compte d'un nouveau rêve. Il ne peut pas être là. Ça peut pas être lui. Et pourtant...
Les pupilles ne le lâchent pas alors que les lèvres gercées tentent plusieurs fois de formuler un son avant d'y parvenir.


...
Vous... ici... Qu'est-ce que... vous... faites ici ?


Instinctivement, les derniers mots écrits par le Cosaque lui reviennent, rendant incontournable la question posée. La fièvre est encore là, faisant suer son front, trempant ses boucles ambrées, palissant sa peau déjà si claire, mais les pupilles sont réveillées, conscientes. La main valide se porte très lentement vers son nez, posant un doigt sur la bosse née sur l'arête du nez, quelques mois plus tôt, un jour où elle avait décidé qu'être moche simplifierait sa vie.

Vous avez vu ?

Les mots sont accompagnés d'un semblant de sourire. Elle aimerait plaisanter, à ce moment-là. Elle aimerait être dans un état normal. Parce qu'avec le Cosaque, elle se doit d'être la joie de vivre. Elle se doit d'être légère. C'est comme ça qu'elle est habituellement, et avec lui surtout. C'est comme ça qu'il aime sa présence. Ses reflex reprennent vite vie. Elle ne peut pas paraître plus faible encore devant lui. Une sorte d'instinct de survie l'a envahie, rendant possible ce mouvement de bras, ces paroles, ce sourire. Un instinct de vie comme les bêtes en ont dans la nature en se mettant sur pattes quelques heures après leur naissance.
Échapper aux prédateurs et survivre sont une priorité. Sa priorité.

_________________
Torvar
Les minutes s’égrainaient laissant la place aux heures. Puis soudain, du côté du lit, la forme bougea. Quelques mots prononcés, à peine audibles mais Torvar qui veillait depuis un bon moment était à l’affut du moindre mouvement. Il s’était alors redressé le cosaque afin d’être certain qu’il n’avait pas rêvé mais non, Eliance s’éveillait bien doucement. Les brumes avaient été chassées cédant la place à la triste réalité.

Triste car dans l’état de la jeune femme, il lui faudrait du temps pour ne plus souffrir et pouvoir s’occuper d’elle-même. Mais de ça, il se tairait, lui laissant l’entière satisfaction de s’en rendre compte chaque jour. N’avait-elle pas eu la stupidité de se faire matraquer le visage pour ne plus être jolie aux yeux du monde… comme si une bosse pouvait effacer ce qu’elle était au plus profond d’elle-même. Mais encore fallait-il qu’elle ne soit pas dans le déni et qu’elle regarde en face cette autre réalité… De ça, Torvar était certain qu’elle ne le ferait jamais. Il en avait pris conscience au fur et à mesure qu’il lui écrivait. Se mettant à nu par légères touches, tout en pudeur et en timidité, il avait osé rêver l’impensable. Et tout à sa rêverie, il n’avait pas vu venir l’évidence… Pourtant dès le départ, malgré un tendre sentiment qui les avait unis lors d’une soirée, un sentiment où le respect et l’amitié s’étaient mêlés, il aurait dû le sentir le cosaque que c’était voué à l’échec.

L’espoir était une chose qu’il ne pouvait se permettre alors pourquoi avait-il perdu du temps à s’y accrocher ? Il n’aurait su l’expliquer au final mais aujourd’hui, il avait les pieds bien ancrés dans cette réalité et n’en dérogerait plus pour un écu.

Levant donc le corps et la tête avec lenteur afin de ne pas faire peur à Eliance, il déplia sa grande carcasse de son fauteuil et s’approcha doucement. Posant sa main sur le bras qui s’était mis à gesticuler, le cosaque prit un air sombre pour lui parler à son tour.


- Pas de mouvements brusques Eliance sinon vous risquez de vous rendre la guérison bien plus compliquée qu’elle ne l’est déjà… et en toute franchise ce n’est pas peu dire…

Les yeux du cosaque bifurquèrent un instant sur le nez auquel elle semblait tenir et surtout lui montrer la bêtise dont elle avait fait preuve. Dodelinant de la tête, il lui répliqua à nouveau.

- J’ai vu oui… et on dirait que vous aimez vous abîmer… Pas la meilleure idée que vous ayez eu ce nez mais vous êtes encore plus obstinée quand on vous fait remarquer que l’idée est mauvaise…

Alors ça c’était fait. Il lui avait dit de vive voix. Depuis le temps qu’il attendait pour lui dire en face ce qu’il avait pensé de tout ce cirque… et encore, elle avait de la chance d’être allongée sinon il lui aurait bien fait comprendre sa façon de voir les choses par une soufflante dont elle se serait souvenue toute sa vie…

Cherchant un verre d’eau sur la table de nuit, Torvar passa sa main sur la nuque de la rousse et lui fit boire quelques gorgées afin de l’hydrater. Puis enfin, il daigna lui répondre.


- Ce que je fais ici… et bien je suis chez moi… Maryah a eu la bonne idée de vous ramener jusque chez moi afin de vous faire soigner… et vu votre état, je dirais qu’elle n’a pas eu tort même si je doute que votre voyage eut été plaisant. Maintenant, il va falloir qu’on vous soigne correctement…

Il laissa en suspend le fait que l’Epicée avait aussi ramené les jumeaux mais pas son mari ni même celle qui lui écrivait avec autant d’entrain. Ça ne servirait à rien à la guérison de la donzelle, du moins dans l’esprit de Torvar. Reposant le verre, il remonta la couverture pour qu’elle ne prenne pas froid puis, calmement, désireux de savoir si elle avait conscience des derniers jours passés, il se mit à lui poser quelques questions.

- Et vous vous souvenez de ce qui vous a mis dans cet état ? Qui était avec vous, ce que vous faisiez là ?... Et avez-vous faim ? Maryah a préparé un repas et je suis certain qu’il en reste un peu… vous pourrez reprendre des forces ainsi…

Se reculant, il alla jusqu’à la fenêtre afin de voir où était le petit monde qui avait envahi sa demeure quelques temps plus tôt mais il lui sembla que la demeure s'était tut depuis un petit moment et l'absence de Percy dans la cour lui confirma le départ de tout le monde... Torvar dont les épaules s'affaissèrent légèrement se mit dans un coin, les bras croisés sur son torse encore puissant. Les tenants et les aboutissants de l’histoire ne lui appartenaient absolument pas et il n'avait pas envie de donner une chance à la rousse de partir dans une discussion dont il ne voulait pas parler. Il avait fait ses propres choix tout comme la rouquine les avait fait et même si elle l’avait réclamé comme Atro le lui avait dit dans la première missive, il ne pouvait rien faire de plus que ce qu’il avait mis en place depuis son arrivée. Il n’était pas du genre à s’apitoyer sur le sort d’autrui même par amitié.
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Maryah
Le bourrin ! Maryah en avait pâli pour Eliance. Elle qui voulait l'aide de Torvar pour porter la rousse délicatement sur le lit, qu'un lui tienne le bras cassé en place, pendant que les deux autres la remettent sur la couche, le voilà qui la retourne sans égard, fait signe à Maryah et s'il avait pu balancer Eliance sur la paillasse, il l'aurait fait.

Choc pour la Bridée.

Elle sait qu'il n'est pas content et tout ça, mais c'est pas une raison de s'en prendre à la malade. Jusqu'où serait-il capable d'aller pour retrouver sa tranquillité ? L'achever ?! Et là Maryah ne se sent pas bien, le doute l'envahit ; c'est une évidence qu'il en a tué des plus coriaces. L'espace d'un instant, elle regrette. Et si elle s'était trompée ? Si Eliance n'était pas en sécurité icy ? S'il lui voulait du mal ? Si le Cosaque et la Pâtissière avaient échangé disputes et menaces, si ... Humpf ! Sa tête allait exploser.
Croyait-il que c'était facile pour elle de porter secours ? de gérer la p'tite famille ? de subvenir aux besoins des jumeaux ? et sans compter ce qu'elle avait du promettre à Körbl pour acheter les remèdes. Hoooo oui ça lui avait coûté ! Et ça lui coûterait encore !

Elle suit Torvar dans la cuisine, à deux doigts d'exploser, de lui rentrer dedans, de le baffer, de le secouer, de l'Humaniser quoi ! Mais voilà qu'il la devance, comme s'il lisait en elle. Il l'amadoue même en lui servant à boire. Ouais, il lui faut un truc fort. Un truc qui lui mette de la couleur aux joues, parce que là, elle n'a qu'une envie, c'est d'attraper son fils et d'se barrer au fin fond du royaume avec, en les laissant tous dans un puissant merdier !
Elle boit, et à l'entendre reprendre son discours sur le vrai médecin et tout ça, elle quémande une nouvelle gorsalka. Elle boit encore. Pour avaler cette culpabilité !

Elle sait ce qu'elle a fait, elle a drogué Eliance. Körbl lui avait bien dit d'aller doucement avec la Valériane ; il avait insisté : "pas plus d'une fiole par jour", parce que plus ferait dangereusement baisser la tension artérielle et le rythme cardiaque. Mais il avait dit que ça diminuait l'agitation nerveuse, et sur le bateau la Rousse était en proie à de tels cauchemars, qu'elle avait augmenté la dose. Un peu chaque jour. Elle voyait que le sommeil de la belle était plus lourd, durait plus longtemps, et que ça pouvait devenir dangereux. Mais elle n'oubliait pas le B.A.ba des empoisonneuses que lui avait inculqué Gaïa Corleone, dans son jeune temps. Elle saurait la ramener à elle si son cœur cessait de battre. Enfin ... normalement ... . En attendant, passant à deux fioles par jour, elle avait fait le constat que les crises d'anxiété et d'affolement de la Rousse, se faisaient moindre.

En voyant les réactions d'Eliance à ce jour, elle avait compris. Le surdosage avait été trop important. Peut être même, la valériane interagissait elle avec les tisanes et compresses de Calendula, ou encore avec l'onguent pas très aristotélicien à base de sédum et de plantes toxiques, qui hâtait pourtant la cicatrisation des plaies. Elle aurait peut être du s'en tenir au classique onguent d'achillée millefeuille pour la cicatrisation. Oui sauf que voilà ... Maryah n'était pas patiente, et elle avait constaté la rapidité de la cicatrisation, alors elle avait continué. Et puis Maryah était torturée, elle revoyait en Eliance les nombreux galériens dont elle avait eu à fermer les yeux, impuissante à les soigner. Et elle ne voulait pas que chaque sommeil soit envahi par le revécu de la lutte contre l'armée Italienne, pour Eliance.

Alors oui ... elle l'avait shootée. Zoquée. Overdosée.

Mais ... cette chute du lit était le signe qu'elle sortait de tout ça. ça lui faisait mal à la bouche de l'avouer, mais Torvar avait raison ; il fallait des conseils avisés. Sauf que si elle faisait venir un médecin du village, peut être découvrirait il ce qu'elle avait fait. Et là, elle aurait Torvar et Eliance sur le dos. Ils la maudiraient, la rejetteraient. Et elle passerait pour la pire des femmes devant son fils. Et ça c'était hors de question. Elle savait à quel point les gens ne comprenaient pas ce qui pouvait parfois tourner dans sa tête. Alors mieux valait que personne ne sache. Körbl n'était pas si loin que ça, vu ce qu'il allait lui en coûter et avec le vieux fou il ne s'agissait jamais d'argent, il pourrait bien faire le déplacement. Ce n'était pas lui qui aurait du sang sur les mains, voire pire !


Tu as raison Torvar, je vais voir si je peux trouver un médecin, on ne peut pas la laisser comme ça.
J'suis désolée pour l'dérangement je ... je vais régler tout ça ... et je ... je vais écrire à ses proches ... promis ...


Son regard croisa celui du Cosaque. Humpf. L'instant d'après, elle était là tout contre lui. Sa puissance, son odeur, son charisme ... Elle ferma les yeux, profitant du moment, ne pouvant s'empêcher de poser sa tête contre son torse et de glisser une main dans le dos du Cosaque. Voilà. Subtil moment de paix pour lequel elle était prête à batailler pendant des jours et des nuits.
... alors ... pour Percy ... il faut qu'on arrête de se chamailler devant lui ...

Ils ont bon dos les enfants. Elle regarde le petit homme, couper de petits rondins de bois, la chemise ouverte sur sa fausse cicatrice. Et de un, et de deux. Elle a rechargé les batteries. Torvar aura ses poires, et Percy aura aussi son petit cadeau !

Heureuse que Torvar prenne le relais pour Eliance, elle le regarde monter les marches et la rejoindre, pendant qu'elle va réveiller les jumeaux. ça y est, elle est de bonne humeur. Envolée la culpabilité. Après tout, y a pas mort d'homme ...'fin d'Eliance.

Elle réveille les jumeaux, leur donne de quoi boire, les habille pour la sortie "Marché" et va les déposer dans la charrette. Elle rassure Marie et lui donne son après midi ; la pauvre est cernée, il faut absolument qu'elle se repose. Mieux vaut qu'elles se relaient, que de faire les choses ensemble. Elle demande à Percy de surveiller le petit gars et la p'tite donzelle qui bavouillent de partout en faisant des brrrrrrrrrrrrrrr, et les voilà parti pour le marché et le pigeonnier.





AU Pigeonnier de Nevers !


Citation:
Cher Körbl,

Je vous écris parce que les potions de cicatrisation fonctionnent à merveille et que ... En fait, j'ai eu un p'tit souci ... oui je sais ce que vous allez me dire ... Mais attendez.

La "patiente" était très agitée, on a du prendre le bateau et tout ça. Et y avait deux bébés, et quand elle s'agitait elle les réveillait. Et c'était pas possible. J'ai du la calmer. J'ai augmenté un peu la dose de la fiole à base de Valériane, j'me doute bien que vous avez mis d'autres trucs pas bien dedans vu ses réactions ! C'est pire que du délire ! Si vous aviez entendu tout ce qu'elle disait sur le bateau, je l'aurai cru possédée ! Je sais bien que c'est pas juste la fièvre. C'est vot'mélange dont j'préfère pas vraiment connaître la composition. Et du coup, avec deux fioles par jour, ces deux derniers jours, j'dois avouer qu'elle s'est pas réveillée. Mais du coup j'ai pas pu la nourrir. Elle est faible, elle n'a plus de tonus musculaire, ni de couleurs. Elle est ... évanescente en fait. Et elle a des p'tits bleus qui apparaissent sur la poitrine et le ventre. Mais personne le sait hein.

J'crois bien que ... j'vais avoir besoin de vous pour qu'elle retrouve l'usage de son corps. Tout à l'heure, elle a voulu faire je sais pas quoi ... et elle est tombée du lit. J'crois qu'elle a une patte folle qui répond pas, mais chut ... Dites moi qu'c'est temporaire, que vous allez pouvoir inverser tout ça.

Et surtout ... dites moi que vous allez pouvoir venir. Je suis à Nevers, le haras à la sortie de la ville, entre la rivière et la forêt. Körbl, on s'connaît d'puis Paris et sa cour des miraculés, vous savez que j'paie toujours mes dettes. J'refuserai même plus d'aller à la fosse commune vous cherchez des cadavres, si vous m'aidez à ce qu'elle ne reste pas handicapée. J'voulais la sauver, j'peux pas en faire une cul de jatte ! J'irai même vous chercher de la cervelle, un rein, un foie, une rate ... vous pourrez bien m'demander ce que vous voudrez, tant que ça ne touche pas mon intégrité et celle de mon fils.

Merci par avance.

Apeau'
Celle qui a toujours payé ses dettes.


Citation:
Diego,

Je ne sais pas si tu pourras me lire, mais au pire le rebouteux que j'ai laissé à tes côtés le fera.
Te souviens tu de moi, Maryah la bridée, ex franc comtoise et amie de Sarah ?

Je voulais que tu saches que Eliance est en sécurité auprès de moi. Elle m'a envoyé un message de détresse. Je pense qu'il faut qu'elle prenne un peu de temps pour elle, qu'elle voit autre chose. Je n'ai rien contre toi, ne le prend pas personnellement, mais je connais les gars comme toi ; oui j'ai un peu trop connu Niallan.

Je vais la remettre sur pied. Tu étais souffrant et elle aussi. Mon instinct maternel ne m'a pas permis de laisser les deux bébés seuls. Je sais qu'ils sont à toi. Mais je pense que sur son chemin d'éveil et de liberté, Eliance aura besoin d'amour et d'occupation. Rien de tel que les jumeaux. Je veillerai sur eux, n'aie crainte. Comme je veillerai sur mon fils, ou le petit de Sarah. Dis moi juste comment ils s'appellent. P'tit gars et p'tite fille, ça va bien un moment.

Repose toi, soigne toi, sois tranquille, tout va bien ici. Nous sommes à Nevers, dans le haras d'un ami. Ne te déplaces pas, je te la ramènerai aussi vite que je suis venue la chercher. Je sais ce qui vous est arrivé ... Quand tu seras remis sur pieds, si elle le désire, je te la ramènerai. Si elle ne le veut pas, je te ramènerai tes enfants.

Bon rétablissement,

Que Déos veille sur toi,

Maryah



Il ne restait plus qu'à attendre. Maryah avait insisté pour que tout se passe rapidement, mais avec les pigeons on ne savait jamais combien de temps il faudrait. Elle avait donné quelques sous à un gamin qui devait lui porter au haras les réponses ... si réponse il y avait.
_________________
Eliance
Elle boit, goulument, avidement, pour éponger la soiffe qui la tenaille. Elle boit et s'en met un peu partout, laissant maladroitement couler l'eau aux coins de ses lèvres, comme une enfant qui n'a pas encore pris possession de tout son corps. Même le nez dans la timbale, ses prunelles claires ont bien du mal à se détacher du Cosaque. Et pourtant, il est bien là. Elle ne rêve pas. Elle en est persuadée. Il a parlé, bougé, elle sent sa peau contre la sienne, dans sa nuque. Et puis ce regard intransigeant ne peut pas venir tout droit d'un songe. Il est bien réel. Là.

L'explication qui suit, justifiant sa présence au pied du lit, est tout aussi surprenante. Il lui faut bien plusieurs minutes pour ingurgiter le tout, pour déterminer si ce n'est pas une blague. Réflexion stupide pour qui connaît l'homme, pas franchement du genre à raconter des sornettes pour se rendre marrant ou intéressant. Non. Elle intègre les informations. Tente de comprendre. Maryah... les lettres... Torvar... tout se met bout à bout dans son esprit. Elle se souvient maintenant avoir écrit à Maryah. Elle se souvient, mais pas de la dernière lettre d'appel à l'aide, non. Elle se souvient des précédentes seulement. Elle se souvient aussi des lettres de Torvar où il lui avait confié ses relations nocturnes particulières avec l'Épicée, puis leur semblant de noces pour faire plaisir au neveu. Elle se souvient aussi d'un Torvar qui ne voulait plus entendre parler de l'Épicée et qu'elle s'acharnait à côtoyer pour son gamin. Et puis elle se souvient de son propre éloignement avec le Cosaque. Mais elle ne parvient pas à comprendre le pourquoi du comment et lâche l'affaire pour l'instant, se contentant de rompre enfin le silence d'une voix faible et éraillée par la honte.


J'suis désolée... J'ai pas voulu... si j'avais su...
Je... pardon...


Comment lui dire qu'elle aurait respecté son souhait de ne plus la revoir, de ne plus entendre parler de celle qui a été le temps de quelques lettres son rayon de soleil. Au revoir et à jamais. Elle aurait respecté. Elle l'a presque toujours respecté. Elle lui en avait envoyé une dernière, une lettre. Une où elle aussi s'énervait, aussi rare soit-il, elle savait coucher sa peine, sa déception, son incompréhension sur un papier. Et puis une dernière. Une autre encore. Quand la tarte avait fait irruption dans son existence et dans celle de l'Italien, quand elle a cru que son monde s'effondrait, qu'elle deviendrait folle, elle avait ressenti le besoin de s'adresser à cet homme si fort, si droit, si parfait. Bien sûr, de l'une ou de l'autre, aucune réponse ne lui était parvenu. Lucide, elle n'en attendait pas plus. Elle sait depuis leur première rencontre que le Cosaque n'a qu'une parole, que ce soit envers les autres ou lui-même. Alors là, de se retrouver face à lui, de s'imposer à lui, aussi faible de surcroît, par la faute de Maryah, provoque un sentiment de malaise en elle. Parce qu'elle a bien l'impression de violer ses vœux, ses décisions, sa demeure, son intimité, sa vie.

Bien sûr, ses yeux suivent le géant qui déambule dans la pièce, incapables de s'en détacher, comme happés par la silhouette. Elle a rêvé le revoir. Elle le regrette à cet instant. Elle regrette de lui imposer ça. Elle regrette que Maryah leur impose ça. Une pensée furtive va à Diego. S'il savait, il deviendrait fou. Mais à quoi Maryah a-t-elle pensé ! À rien, bien sûr, l'Épicée étant ignorante des choses étranges qui se sont déroulés entre l'un et l'autre de ses amis. Eliance essaie de se concentrer son attention sur ce qu'il dit pour répondre à ses questions, se souvenir.


On allait en... Italie... avec... pour...
Mais comme elle est hésitante, le Cosaque enchaîne, elle racontera plus tard. Sans doute se souviendra-t-elle mieux, plus tard.
J'ai... faim, oui.

Consciente à présent du bras douloureux, Eliance se redresse sur son bras sain et tente de faire tournoyer ses jambes de sorte de s'asseoir au bord du lit. Tente, parce que si le bras s'exécute à merveille, la jambe censée donner l'impulsion à l'autre demeure raide comme la justice. Un nouvel essai est entamé tandis que l'attention est reportée sur la couverture immobile qui recouvre ses membres et que la panique la gagne.

Je... pourquoi elle bouge pas ? Torvar, elle bouge pas ! Ma jambe ! Je la sens pas !


L'effort de paraître forte s'est évanoui dans la nature en même temps que la constatation de son état. Elle voulait simplement manger et de ce fait, se lever et aller à la cuisine. Rien de sorcier ni d'irréalisable. Avant d'arriver ici et après la mésaventure italienne, elle pouvait se mouvoir. En boitant, certes, à cause de la plaie sur sa cuisse, mais la jambe sourde et morte est bien la jambe exempte de blessure. C'est à présent des yeux effrayés qui quémandent du soutien au Cosaque et d'une main, la couverture est retirée pour observer cette jambe qui lui fait défaut.

D'ordinaire pudique, la Ménudière ne se préoccupe pas de sa tenue légère, sa nudité recouverte d'une simple chemise fine, trop acaparée par cette jambe. Et c'est concentrée à l'extrême qu'elle tente de bouger les orteils de l'une, puis de l'autre. Échec sur la seconde. Et un nouveau regard est noyé dans celui de l'Argenté. Le désespoir est là, apporté rapidement par la fatigue, la fièvre et les événements. Trop rapidement, sans doute.


J'suis désolée... vraiment... J'sais pas pourquoi j'suis là... Maryah aurait dû m'laisser.


Les yeux qui s'embrument voudraient rajouter qu'elle aurait mieux fait de crever que de venir perturber le quotidien de l'homme, mais les mots ne franchissent pas ses lèvres, trop conscients de la colère qu'ils engendreraient. Et pourtant, la pensée est là, bien lisible dans son regard lointain. Et puis parfois, les mots sont inutiles. Ne dit-on pas qu'on peut lire une âme à travers des prunelles ?
_________________
Torvar
Il aurait voulu qu’elle parte, vite et loin mais il savait la chose impossible. Elle était là et resterait là tant qu’elle serait dans cet état. Il en prenait vraiment conscience lorsqu’elle se mit à lui demander pardon. Pardon pour quoi, pour qui ? De venir l’envahir alors qu’elle n’y était pour rien. Torvar leva la main comme pour l’arrêter, lui indiquant que ce n’était pas nécessaire de s’excuser mais la rousse insistait… aussi têtue les unes que les autres ces femmes… puis elle essaya de se lever. Arquant un sourcil, il se demanda si elle allait vraiment le faire. Mais bien sûr…

Folie passagère ou bien était-elle vraiment en train de choisir de se lever… pour partir ? Avec Eliance, il était sûr d’une chose le cosaque c’était que cette femme-là était capable de tout et n’importe quoi. Elle le lui avait démontré avec son fameux nez… tout ça pour ne plus plaire… fallait déjà avoir un p’tit grain au milieu du cerveau pour faire ça… mais Torvar n’était sans doute pas au bout de ses peines. Et soudain ce fut le drame. L’intonation qu’Eliance avait employé, la peur dans son regard, l’angoisse dans sa voix… le cosaque daigna enfin s’approcher et de s’accroupir à côté d’elle pour mieux se rendre utile.

Une main sur l’épaule de la rousse comme pour lui dire que ça allait passer et l’obliger à se rallonger et une autre sur la fameuse jambe qui lui faisait défaut, sans appuyer pour ne pas la faire souffrir, il essaya de contenir la panique qu’il sentait se répandre à grande vitesse dans ce petit corps meurtri.


- On se calme Eliance, on se calme…. Respirez… allez, doucement… respirez… voilà, comme ça…

Il plongea ses azurs dans les mirettes de la rouquine et mima le mouvement de sa respiration afin de l’aider à retrouver cet état dont il ne voulait pas qu’elle se sépare. Les poumons montaient et descendaient en cœur avec ceux d’Eliance, la main se fit moins dure sur l’épaule de la jeune femme, Torvar tenta même un léger sourire surtout lorsqu’il vit poindre les larmes au bord des yeux… foutues bonnes femmes trop sensible qui ne pouvaient pas retenir leurs émotions… Pour la peine, les doigts se firent caressants sur l’épaule amicale tandis que le cosaque lâchait la jambe pour venir prendre le menton entre ses doigts et l’obliger à se caler sur son regard, à écouter sa voix, à oublier cet instant de panique.

- Ce n’est rien Eliance, votre jambe va aller mieux. Pour le moment la plaie est trop profonde pour que vous puissiez bouger… Il faut laisser le temps au temps, vous comprenez ? … et puis Maryah va ramener un médecin qui vous examinera et il vous aidera… d’accord ?

Signe de tête affirmatif de la part du géant des steppes, il ne lui demandait pas son avis de toute manière. Il tenait juste à la convaincre et pour cela il emploierait toute la persuasion dont il était capable. Parce que ce n’était pas Eliance qui menait la danse à cet instant, c’était lui qui allait devoir lui imposer ses choix. Et pour le moment, il était simple. Rester allongé et ne surtout pas bouger.

Relâchant ses doigts de sur l’épaule de la rouquine, Torvar se redressa puis vint recouvrir son corps de la couverture de laine. Il l’aida même à s’installer confortablement sur l’oreiller. Le dresseur de chevaux se transformait en gentille infirmière… rien que cette pensée lui fit monter une bouffée d’orgueil mal placé qui exprima par un léger soupir mais avant de laisser s’installer la mauvaise humeur, le cosaque regarda à nouveau Eliance.


- Je vais aller vous chercher de quoi vous nourrir… un peu… histoire de reprendre des forces tout doucement mais je vous préviens, si je vous retrouve à nouveau à terre, vous y resterez jusqu’à ce que Maryah rentre…

Le ton se fit sévère mais un petit sourire se dessina malgré lui à la commissure des lèvres. Il ne voulait pas la terroriser mais simplement qu’elle reste tranquille. Sa chute lui avait peut être endolorie sa jambe ou bien avait-elle agravé la blessure. Il n’était pas médecin et n’y connaissait que le strict minimum à ces choses là. La plaie était belle ou pas… si elle ne l’était pas, on coupait… point final… là ce n’était pas le cas. Le mal semblait venir de l’intérieur et là, il n’y pouvait pas grand-chose… d’un geste vif, le cosaque sortit de la chambre pour débouler dans la cuisine et ramener un peu de soupe qui mijotait dans le chaudron sur le coin du feu, là où il l’avait placé le matin même avant que tout le monde ne débarque chez lui… c’était même Percy qui l’avait aidé à couper les légumes… Il remplit un bol, coupa du pain en petits morceaux qu’il mit dans la soupe afin de rendre le bouillon un peu plus consistant, une cuillère et le tour était joué… il rapporta le tout à Eliance rapidement et tout en désignant le bol, il lui lança.

- Elle a été faite ce matin avec des légumes frais du marché. Après si vous avez encore faim, j’irais vous chercher autre chose mais j’ai pensé que la soupe passerait mieux… et si vous avez besoin d’autre chose, j’suis là… quitte à vous porter pour vous y emmener…

Torvar rapprocha le fauteuil du lit histoire de ne pas avoir à brailler pour lui parler. Et puis il n’aimait pas se sentir loin de son interlocuteur. En bon chasseur qu’il était, il aimait observer les gestes et les mimiques d’autrui… même de près et ouvertement qui plus est !
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Atropine
Juger était facile oui, pour tous. Ainsi, le cosaque se permettait un avis sur la brune sans non plus connaitre toute l'histoire. Mais vu de l'extérieur, la demie portion aurait eu la même réaction. Tout n'est qu'apparences ... La lettre lue est un déchirement pour la brune. Les inquiétudes s'amplifient. La culpabilité aussi. Elle aurait dû voir que la rousse était en piteuse état. Elle avait eu quelques jours après le rétablissement de son blond pendant lesquels elle aurait dû savoir que l'état de son amie s'aggravait. Mais non, trop soulagée, trop égoïste, comme à son habitude. Trop buttée aussi, elle s'était attardée sur les maux de coeur d'Eliance sans s'inquiéter des autres éventuels. Les mots du cosaque la blesse plus qu'ils n'auraient dû. Ils lui rappellent la dure réalité, qu'elle n'est qu'une piètre amie, souvent. Qu'elle n'arrive pas à donner autant qu'elle reçoit. Que ses proches méritent mieux.
Le parchemin est chiffonné avant d'être jeté au loin, de rage. Les dents sont serrées. Qu'il crève ce prétentieux. Il n'a été bon qu'à abandonner la rouquine avec des mots cruels. Il n'a été bon qu'a la laisser le réclamer encore lorsque Diego la blesse en se perdant dans d'autres femmes. Si elle a été une amie aveugle ces derniers temps, il ne valait pas mieux au final. Et les mots crachés sur le vélins se veulent amers, autant que la femme blessée qui les écrit.




Si mes menaces ne vous effraient pas ne pensez pas que les vôtres m'atteignent. Quant à être classé dans mes ennemis, vous n'en avez pas l'étoffe !
Vous semblez vouloir tellement de bien à Eliance, alors pourquoi ne pas lui avoir écris quand je vous ai parlé de ses troubles ? Pourquoi l'avoir envoyé paître de la sorte ? Pourquoi avoir gardé le silence tout ce temps ? Pour aujourd'hui jouer le preux chevalier ? Mais vous ne valez pas mieux que moi, car j'étais là, pendant qu'elle se débattait avec sa tristesse et cette falaise qui allait l'engloutir ! Je ne vous permet pas de juger mes actes ou ce que vous pensez savoir. Allez au diable, mais prenez soin d'elle ... S'il vous plait ...


La hargne se mue en supplique qui pourrait tomber dans l'oublis, ne trouvant pas la réponse escomptée. Eliance ... Il y avait peut être une chance encore qu'elle ne soit pas avec cet homme ... Non, mais, de quel état parlait il ? Eliance n'avait plus rien, elle allait mieux, en tout cas, la demie portion en était persuadée ...
_________________
Eliance
Elle a paniqué et il a assuré, tout simplement. Il a su trouver le moyen de la calmer, de focaliser l'attention ménudiérienne toute entière sur autre chose que la fichue jambe déconnectée et inactive. Elle l'a écouté, a été attentive à la voix grave, s'est laissé envoûtée par le ton suave, par les mots énoncés, tout en respirant avec lui, à l'unisson, dans un chœur de souffles, sans jamais quitter le guide des yeux pour ne pas perdre le rythme, pour ne pas s'égarer. Elle a accepté cette proximité inhabituelle comme un élément salvateur et le calme est revenu en elle. L'oubli aussi. La jambe est oubliée. La jambe n'existe plus. La fièvre n'est qu'un vague souvenir, au même titre que son bras douloureux. Toute négativité s'est échappée de l'esprit de la Ménudière.

Elle l'a vu sourire. Elle en est sûre, il a souri. Un peu. Deux fois. Les sourires du Cosaque étaient son défi lors de leur rencontre. Elle devait lui redonner vie. Les rôles semblent inversés à cet instant et c'est lui qui offre à présent sa bonhomie, pudiquement, par petites touches, entre deux mots secs, entre deux regards qui se veulent intransigeants. Elle le connaît peu et pourtant elle sait la valeur de ces sourires, la fausseté de sa froideur. Elle sait leur rareté, leur richesse. Alors elle se laisse manipuler docilement, allonger, puis recouvrir à nouveau par la couverture.

Les gestes du Cosaque jurent avec sa stature. Eliance l'observe tout en respirant calmement. Elle observe la dualité habitée de cet homme. Elle n'en a jamais douté. Elle en a aujourd'hui la preuve. Les hommes de sa trempe, froids, austères, lointains, sont capables d'une douceur infinie, d'une attention de tous les instants, sans doute plus poussées que les hommes communs. Ils sont excessifs en tout. La sensation d'avoir toujours eu raison de ne pas s'arrêter aux apparences lui étire les lèvres dans un discret sourire de satisfaction. Elle pense à ça quand il s'éloigne. Elle pense encore à ça quand il revient, la soupe en main. Le bol est saisi d'une menotte hésitante et posée sur son ventre pour plus de sûreté. Elle a été sage, comme recommandé, et n'a pas bougé d'un pouce.


Merci

Les cuillerées vont et viennent aléatoirement du bol au bord des lèvres. Elle mange, sent son corps se réchauffer au contact de la soupe chaude, mais quelque chose la chagrine. Elle se sent épiée. Jusque-là, leurs regards ne se sont guère quittés, ce qui a eu pour effet de la rassurer. Mais à cet instant, alors qu'elle mange sa soupe, que tout semble redevenu à la normale, elle ressent une gêne à cette proximité, à ce regard insistant, et ses pommettes translucides se colorent légèrement de rosé, redonnant un semblant de vie à un teint encore endormi et abusé par la fièvre. Pour oublier le regard tout droit venu des steppes, elle se prend à examiner la chambre. Puis entre deux cuillerées, elle se met à causer. Comme si de rien n'était. Comme si ils ne s'étaient jamais quitté. Jamais déçus. Jamais blessés. Jamais retrouvé. Sa voix est sereine, douce et claire, pour la première fois depuis son réveil.

Alors vous avez réussi... vous poser et élever des chevaux. Vous en avez, des chevaux, hein ? En plus de... de votre cheval à vous ? Vous devez être bien ici... enfin... avant que...

La phrase est étouffée dans une bouchée de croûtons imbibés de soupe. En fait non. Plus rien n'est comme avant. Tout est différent même si les teintes connues restent présentes.

Nous, on devait aller en Italie. Atro et Mike voulaient y aller. J'ai demandé qu'on les accompagne. Je m'entends bien avec eux. Je les aime bien. On devait faire un chouette voyage. On devait voir Venise. Il paraît que les rues sont en eaux là-bas.

Le regard ménudiérien revient se poser sur celui du Cosaque, accompagné d'un large sourire, un vrai. Un de ceux qui caractérisent la bonne humeur traditionnelle de la rousse.

Ils vous plairaient pas. Mais ils sont d'bonne compagnie, vous savez. Et pleins de qualités.

La cuillère râcle le fond du bol pour obtenir le restant de soupe et les yeux se plongent avec attention sur l'action pour éviter d'en mettre partout sur elle, sur la couverture.

Mais en fait, on a passé la frontière et on s'est fait attaqué par une armée. Italienne s'il vous plaît. Atro et Mike s'en sont tirés. Mais le lendemain, rebelote. Quelqu'un nous aura ramené à Annecy. On s'y est tous réveillé, un peu comme je me suis réveillée ici... chez vous...

La cuillère est posée dans le bol vide tandis que la lèvre est mordillée à cette dernière évocation de son intrusion inacceptable.

Mais j'comprends pas... j'veux dire... j'ai été la moins blessée. C'est moi qu'ai soignée les autres. J'pouvais marcher... et puis... après j'me souviens pas...
Torvar ?... Je...


La déglutition se fait difficilement et au dernier moment, ce sont d'autres paroles que celles prévues qui passent la barrière de ses lèvres.

Vous pourriez m'passer la p'tite boîte, là ?

Elle voudrait lui dire qu'elle partira dès que possible, qu'elle ne lui fera pas d'ennuis. Mais elle sent que c'est trop tard. Le fait d'être ici-même est déjà un désagrément pour le Cosaque. Alors elle se tait. La boîte n'est qu'un prétexte pour finir sa phrase. Et puis une monstrueuse envie d'uriner commence à l'envahir, l'obligeant à se contracter de toutes ses forces. Ne rien boire, ou quasiment rien pendant plusieurs jours, et soudain, ingurgiter de la flotte puis un grand bol de soupe en l'espace de quelques heures. Autant dire que la vessie est pleine à craquer. Et Maryah qui n'est pas là, qui ne rentrera sans doute pas de sitôt, à la recherche d'un médecin. Les poings se crispent sur la couverture, les yeux se baissent, plus honteux que jamais et la voix se fait fluette, hésitante.

Hummm... et puis... euh... hummm... euh... comment dire...
Vous pourriez m'porter et me poser le cul dans l'herbe, ou quoi ?


Un mort aurait moins honte de la situation qu'il impose. Demander ça au Cosaque, c'est comme recevoir une immense fessée cul nu devant une foule de badauds. Humiliant.

Hum... voyez... la soupe... tout ça... faut que je pisse j'crois bin...
Vinguette... pourquoi j'suis pas crevée moi...

Mais comme la Eliance légère est tout de même de retour, une petite blague est tentée pour détendre l'atmosphère.

Vous aurez qu'à m'laisser en bas, tiens, sinon vous allez passer votre journée à me porter. Vous savez combien qu'on pisse par jour !

Un rire cristallin ponctue même la phrase, reflétant toute l'insouciance dont la rousse peut faire preuve pour camoufler ce qui la dérange.
_________________
--Le_marchand_interlope


Dans l’abri relatif de sa boutique, au fin fond des bas-fonds de Saint-Claude, un vieil homme à l’allure inquiétante s’agitait dans l’ombre. Les derniers temps ne lui avaient pas été des plus favorables, même si ses désirs les plus sinistres étaient sur le point d’être satisfait. Aussi était-il particulièrement tendu et nerveux alors qu’il ouvrait le courrier qui lui était parvenu.

La lecture lui arracha tout de même un rictus moqueur. Décidemment, la petite Apeau’ l’amuserait toujours. En temps normal, il se serait rendu sur place sans plus réfléchir ne serait-ce que pour le plaisir de la faire tourner un peu en bourrique. Mais aujourd’hui, c’était différent. Il attendait une visite qu’il redoutait et désirait pourtant ardemment. Il contempla un moment ses mains parcheminées et tremblantes. S’il partait, il risquait de manquer le retour de la gamine, et pourtant, il fallait bien qu’il se prépare à son arrivée. Il lui manquait un élément essentiel pour pouvoir exercer ensuite. Et Apeau’ lui écrivait à point nommé pour le lui fournir. Finalement, cette manifestation de l’infériorité féminine tombait à pic.

Décidé, il s’empara d’un vélin, et rédigea rapidement de son écriture fine et calligraphique propre à ceux qui manient aussi bien les mots que la parole. N’est-ce pas lui, après tout, l’auteur du célèbre ouvrage, véritable bible des bourreaux et autres inquisiteurs, traduit en pas moins de cinq langues : « la thérapeutique contre le mensonge : les points sensibles »*


Citation:
Jeune fille,

Je sais que les femmes sont faibles et stupides, mais là, tu bats des records de bêtise. Il semble que je doive te rappeler que lorsque je donne une posologie, il faut la respecter à la lettre. La médecine est une science exacte, pas un jeu. Je suis bien tenté de te laisser te débrouiller seule avec ton estropiée.

Enfin, qu’à cela ne tienne, tu as de la chance, j’ai besoin de quelque chose, et je pense que tu es la mieux placée pour me le fournir. Bien sûr tu te doutes que le prix sera à la hauteur de la demande. Mais que ne ferait-on pas pour réparer ses erreurs n’est-ce pas ?

Je me mets en route dès maintenant. Je suis curieux de voir l’étendue des dégâts et puis ce sera l’occasion de faire quelques tests. Ton amie sera un cobaye parfait. Fait en sorte qu’elle ne remue pas trop, et surtout plus de soins si tu ne veux pas l’achever. Que je ne me déplace pas pour rien.

Körbl.


Sitôt le courrier expédié, le vieillard fait main basse sur le matériel nécessaire à son sauvetage, et équipa son âne, aussi miteux que lui, puisqu’il avait revêtu sa tenue élimée et crasseuse de voyageur, qui lui permettait de passer pour un pauvre hère, alors qu’il transportait dans ses musettes habilement dissimulés sous la couverture qui couvrait la pauvre bête boiteuse et pelée une véritable fortune.


* Les Barbouzes
Torvar
La cuillère allait et venait du bol à la bouche et le cosaque ne quittait pas des yeux la malade. Même si au final il ne voyait plus vraiment ce qu’elle faisait, se concentrant plus sur des petits détails que la scène qui se jouait devant ses yeux. Le regard de la rousse en disait long et Torvar ne put que se rendre à l’évidence, Eliance n’était pas à sa place chez lui. Oh bien entendu, elle resterait jusqu’à ce qu’elle reprenne des forces et se rétablisse convenablement afin d’envisager à nouveau de voyager mais cette femme n’était pas dans son élément.

Le cosaque ressortit de sa contemplation en entendant le son de la voix de la rouquine. Plissant légèrement les paupières afin d’accentuer son regard, il l’écouta avec attention. Elle hésitait, cherchait à faire la conversation, à se dédouaner d’être ici, chez lui, alors qu’il ne l’avait pas invité. L’aurait-il fait si Maryah n’était pas intervenue ? Sans doute jamais. Il avait laissé derrière lui cette Eliance adorablement jeune et insouciante dont il aimait se faire un tableau presque idyllique. Elle lui avait semblait si … différente des autres, si … admirablement compréhensive, si… incroyablement voyante… mais au final, elle n’était qu’une illusion de plus dans la vie du loup des steppes. Son oreille se dressa, son sourcil se redressa. S’intéressait-elle vraiment à ce qu’il était devenu depuis tout ce temps ? peu possible mais si cela pouvait passer le temps… alors il lui répondit.


- Des chevaux en plus de Vorobei… je n’en ai qu’un. Un jeune poulain encore farouche qui ne demande qu’à connaitre la main de l’homme pour le guider… ce dont je m’applique à lui apprendre chaque jour… les autres montures ne m’appartiennent pas. Il y a celle de Percy et Maryah m’en a ramené un autre que je ne connais pas encore… mais ce ne sont pas les miens au final, il reste à Maryah. Elle s’en occupera au moment de son départ…

Départ qu’il espérait pas trop tard car le cosaque avait peut être l’âme charitable dans certaines circonstances mais tout ce petit monde chez lui n’était pas forcément à son gout. Pinçant les lèvres, il regarda à nouveau Eliance qui lui parlait de l’Italie, de son voyage, de sa vie… il s’en serait passé lui de cette histoire. Savoir que c’était son mari qui l’avait envoyé au casse-pipe ne le mettait pas forcément de bonne humeur et l’envie de tordre le cou à Diego le démangeait une fois de plus. Les armées italiennes étaient connues pour ne pas voir plus loin que le bout de leur nez sans compter les condottieri qui trainaient aux frontières pour faire régner l’ordre au nom de certains ducs qui se prenaient pour les grands de ce monde… Soupirs cosaques à l’évocation de cette Atro qu’il avait deviné dans ses courriers et la réplique de Torvar ne put que franchir le barrage de ses lèvres.

- Effectivement, ils ne me plairont pas… le peu que j’aperçois de votre Atro par courriers interposés depuis qu’elle me harcèle me laisse froid et indifférent… et si je puis me permettre, je vous croyais plus avisée que ça à ne pas suivre n’importe qui à l’aveuglette…

Voilà c’était dit. Leur échange de courrier avait été une source d’inspirations cruelles pour Torvar. Il avait compris qui était réellement Eliance au fur et à mesure qu’elle lui écrivait, il avait deviné la femme indécise qu’elle était mais il avait surtout vu que jamais elle ne prendrait un risque d’elle-même pour vivre une vie sans doute meilleure que celle qu’elle vivait. Déçu, il l’avait été mais après tout, elle n’était pas lui et chacun sa vie… tendant la main pour attraper le coffret qu’elle voulait, il le lui tendit tout en se relevant pour aller se poster à nouveau vers la fenêtre. Maryah mettait un temps fou à revenir et il aurait aimé qu’elle soit là pour venir s’occuper de la rouquine. Il n’était pas « dame de compagnie » ni infirmière. Et même s’il fut un temps où il aurait tout donné pour garder Eliance près de lui et lui faire la conversation tant sa perspicacité lui plaisait, il avait depuis tourné la page… le cosaque avait du mal à revenir en arrière. La preuve en était que même avec sa propre fille il n’avait rien fait de plus que la repousser dans ses retranchements en lui suggérant que la prochaine fois qu’ils se verraient, l’un des deux mourait… Bravo Torvar, tout dans la finesse… mais c’était ainsi avec lui. Ça passait ou ça cassait et là, avec Eliance, la corde avait été rompue depuis longtemps. Se renfrognant, il prit un air sombre dont il avait le secret. Mais la rouquine se fit encore entendre pour cette fois-ci un petit problème technique. Et Maryah qui n’était pas là… foutue journée…

- Je ne vais pas vous laisser dans l’herbe au risque encore que vous vous fassiez dévorer par les bestioles qui vont adorer venir vous piquer… Maryah dira encore que je n’ai pas su prendre soin de vous et ça risque de mal finir…

Tout en parlant, Torvar avait disparu sur le palier pour revenir avec ce qui ressemblait de près et de loin à un pot de chambre… il n’était pas non plus le rustre que l’on imaginait et même s’il n’avait pas de femme et que se lever en pleine nuit ne lui faisait pas peur, il avait quelques occasions de ramener de la donzelle à la maison… bref… la femme était une source perpétuelle d’embrouilles, il était prévoyant… Posant donc le sauveur d’Eliance dans un coin de la pièce, Torvar vint la prendre dans ses bras afin de la déposer sur son trône. Et en gentleman qu’il n’était pas mais qui sommeillait en lui, il ressortit de la chambre en marmonnant.

- Je reste de l’autre côté de la porte, vous n’aurez qu’à me dire quand vous avez besoin de retourner dans votre lit… je vous aiderais à vous recoucher… et si ça va mieux, demain vous pourrez aller prendre l’air…

C’est ça, demain tout ira mieux et la rouquine pourra enfin envisager de repartir chez elle. Le cosaque profita donc du besoin de tranquillité d’Eliance pour récupérer un volatile-messager qui venait d’arriver. Et comme il s’y attendait, la harceleuse venait encore de frapper. Décidément, elle ne s’arrêterait jamais de l’emmerder celle-ci. Il retourna le vélin, trouva une plume et de l’encre dans le tiroir de la petite table qui lui servait de bureau dans l’entrée, se mit sur un coin de la table de la cuisine et répondit à la chieuse qui commençait à lui faire perdre patience.



Ah tiens, vous m’avez parlé de ses troubles… nous n’avons pas les mêmes lectures alors parce que j’ai beau parcourir les courriers que vous m’avez envoyé, jamais vous n’avez fait état d’une quelconque inquiétude la concernant, juste qu’elle était déprimée et franchement, je ne vais pas courir après quelqu’un juste parce qu’il a du vague à l’âme… Eliance est assez grande pour gérer sa vie et au besoin elle a de formidables amies qui lui sont de très bons conseils alors pourquoi demander de l’aide à un inconnu qui ne l’a vu que deux fois et qui au final n’a pas pour vocation de soigner les âmes ?

Et vous ne manquez pas de culot en me jugeant sur ce que j’ai fais ou pas… je ne lui ai pas répondu ça reste à voir… mais en attendant, je ne suis pas autant égoïste que vous qui n’avez pas vu l’état dans lequel elle se trouvait trop contente de trouver une bonne poire pour s’occuper de vous et de votre compagnon ainsi que de son mari sans en foutre une ramée… bravo, vous me la recopierez l’histoire de la bonne copine qui profite sans donner… je n’ai jamais douté qu’Eliance savait suivre son instinct et se trouver des amis…

Sur ce, pas la peine de m'écrire à nouveau, je ne vous répondrais plus et encore moins pour vous donner des nouvelles de la rousse. A mes yeux, vous avez perdu tout droit la concernant.


Retour à l’expéditeur immédiatement, Torvar se releva pour donner un peu d’amplitude au volatile afin qu’il parte plus vite puis il en profita pour allumer sa pipe qu’il avait toujours sur lui, à la ceinture. Elle était prête en permanence de ces herbes familières, celles qui venaient des steppes lointaines et que son neveu lui avait ramené… Au moins avec ça, il garderait son calme pour la fin de la journée.
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Maryah


Retour au Haras Chez Torvar ...


Et voilà que la chariote s'arrête entre la maison et les prés. Pire qu'une troupe de troubadours, entre les jumeaux qui crient, Percy et Maryah qui chantent, la chèvre qui bêle en rythme avec ses petits ... quoi ? quoi ? Ah oui ! La chèvre ! ...

Alors en fait c'est une petit mammifère blanc herbivore et ruminant, à peine un mètre de hauteur et 32 dents ... Hum ? Ah oui ... que vient faire la chèvre là dedans ? Hé bien c'est tout simplement le cadeau que Maryah a choisi d'offrir à Percy, pour calmer les tensions et le remercier de tout ce qu'il a fait. Il adore les animaux et Maryah voulait une chèvre pour le précieux lait dont elle nourrit les bébés de Diego. Du coup, elle a fait d'une pierre deux coups : elle a acheté une jolie chèvre et ses deux chevreaux. Un mâle, une femelle, tout juste sevrés, c'est à dire de 2 ou 3 mois. Percy est tout heureux, un p'tit gars et une p'tite fille, comme les jumeaux ; ils sont tout mignons et béguètent doucement entre les mains des bébés, sous la haute surveillance de Percy, pendant que la mère, attachée à la carriole bêle comme si on lui avait retiré ses petits à tout jamais.

Bref, joli bordel, bruyant et tout et tout, comme si c'était fait exprès pour s'annoncer ... sauf que ce n'était pas fait exprès. Les jumeaux baragouinent et rigolent en touchant les animaux, les éclats de rire provoquent ceux de Percy, et le rire de Percy celui de Maryah. L'ambiance est excellente. Maryah a trouvé des poires pour Torvar et acheté des sacs de céréales pour aider à l'alimentation des chevaux, un foulard violet pour remercier Marie d'être restée, et deux chevreaux pour Percy qui se sent l'âme d'une maman auprès des animaux. Elle a même trouvé un livre de fables et fabliaux, autour des voyages et de la liberté, pour qu'Eliance trouve à tuer les longues heures d'ennui. Les courses sont faites et n'ont plus qu'à être rangées, les messages sont envoyés et attendent des réponses. La vie est belle.

Vous l'aurez compris, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'est ainsi que la petite famille reconstituée (pour l'occasion) fit une entrée fracassante dans la cuisine, où Torvar fumait. Un bébé dans chaque bras, elle les déposa près de Torvar, et lui dit à la va-vite :


Tu m'les surveille un instant ... j'arrive ...

Elle avait eu tôt fait de tourner les talons avant qu'il dise non. Ce n'était en effet pas vraiment une question. Le temps de déposer les deux paquets au sol, car les petits commençaient à marcher, de libérer Percy des chevreaux et de le laisser rejoindre Torvar, et elle posa les petits devant la chèvre, tout heureuse de retrouver ses petits.
Les tirant par les cordes au cou, elle les emmena à l'enclos, sans prêter attention à Snih qui pâturait en contrebas. Elle s'assura que les barrières étaient assez serrées pour que les petits ne s'échappent pas, mais il faut dire qu'après le voyage depuis le marché, les chevreaux avaient à cœur de coller leur mère. Certainement un peu trop d'émotions pour eux aujourd'hui. Maryah se rendit dans la grange et distribua de quoi les faire boire et manger, afin de récupérer et qu'ils s'habituent en paix à leur nouvelle maison. Le plus compliqué serait certainement d'expliquer tout ça à Torvar, car Maryah n'ignorait pas qu'il risquait de vivre ça ENCORE comme une invasion de SON territoire. M'enfin, fallait ce qu'il fallait, et une chèvre serait bien plus rentable et pratique que de devoir chaque matin aller chercher du lait de brebis ou chèvre sur les étals.

Pendant ce temps là, dans la cuisine, le petit bavard de Percy racontait tout à Torvar, qui devait sentir que son temps de tranquillité avait pris fin !


... et le petit garçon il travaille au pigeonnier en fait ... et maman elle lui a donné la pièce pour qu'il ramène les courriers. Et comme ça hé bah ses parents y pourront acheter à manger. Et c'était trop bien, on a des cadeaux pour tout le monde. Même pour toi mais je peux pas dire c'est une surprise de tarte pour ce soir. Et moi j'ai eu deux chevreaux ! Maman elle est partie les mettre dans l'enclos. Dis Torvar, tu m'aideras pour leur trouver des noms ? En cosaque hein. La chèvre elle a déjà un nom, elle s'appelle Djalil. Et elle va faire plein de lait pour les bébés et pour nous ! Et c'était trop drôle parc'que ... les bébés de la chèvre, ils étaient dans la charrette et nous on leur faisait des câlins ... et la biquette ... ah non maman elle a dit qu'il fallait dire la chèvre ... bah la biquette chèvre Djalil, elle râlait parc'qu'on lui rendait pas ses bébés... Et sur tout le chemin hein ! Tu crois que Eliance aussi elle va bêler si on lui amène pas les jumeaux ? Et ...

Et la porte s'ouvrit avec fracas sur une Maryah paniquée, les hennissements de peur de Snih résonnant bientôt dans tout le haras.

Torvar ! Torvar ! La chèvre va attaquer Snih ! Aide-moi, j'arrive pas à le calmer, il rue de tous les côtés ...

Pas de pitié non plus chez les animaux. La guerre faisait rage dans l'enclos. Maryah qui n'y connaissait pas grand chose, n'avait pas vu Snih, qui était sur SON territoire. Le jeune cheval avait mal apprécié de voir la chèvre blanche avec ses cornes arquées et deux bébés, chez lui. La chèvre elle avait cru que le destrier allait s'en prendre à ses petits. Hennissements, bêlements battaient leur plein ... et il fallait les séparer au plus vite.

Maryah comprit vite au vu de la scène, qu'il ne suffirait pas d'un dessert aux poires pour rattraper le tout.
Incapable de ménager la chèvre et le chou (la chèvre et le cheval oui!), c'est bientôt elle qui allait tourner chèvre !

_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)