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[RP] « Changer de lit guérit la fièvre* »

Diego_corellio

Le courrier de Maryah avait mis du temps à arriver jusqu’à Annecy. Une fois en main, une fois la sois disant vérité sous les yeux, j’avais été incapable d’admettre que ma femme n’avait pu me quitter mais que c’était seulement un mauvais tour de la guerrière.
Je n’avais pu me résoudre à croire bêtement à cette vérité, à cette version que l’on m’apportait sur un plateau d’argent. Car si j’avais appris une chose, c’est que les femmes étaient très douées pour mentir et se couvrir entre elles.
Ainsi pour moi il ne pouvait aller autrement que la rousse s’était tout simplement fait la malle.

Puis, alors que la solitude d’avoir été abandonné m’avait gagné, que j’avais l’impression qu’à vouloir deux femmes j’avais perdu les deux, une réponse de La Nordique était arrivée. L’espoir avait renait dans mon cœur.
Et si c’était triste et dur à dire, en partant Eliance m’avait brisé et déchiré le cœur mais elle m’avait également permit et offert la chance de pouvoir vivre la vie à deux que nous ne pouvions qu’effleurer en rêve.

Si la réponse de la Corleone avait été si longue, c’est qu’elle n’avait plus de quoi écrire son mari le lui interdisant, alors elle avait écrit avec son sang. Encore une preuve de son amour à mon égard.
Si la réponse avait été longue, elle méritait que l’on attende une éternité simplement pour lire les quelques mots de la fin qui m’avait remis sur pieds et à demi apaisé de ma douleur et perte «J'ai pris mon cheval et mon fils, et c'est loin des Corleone et de Gabriele que je chevauche. C'est vers toi... Je viens à toi, parce qu'il ne peut en être autrement. Je viens à toi parce que le destin nous offre cette chance que tu mentionnes. »

C’est simple mots avait eu sur moi un effet enchanteur ; ils m’avaient ramenés à la vie en un rien de temps.
Si nous savions tous deux que l’autre ne pourrait combler le vide de l’époux ou l’épouse parti, nous pouvions veiller à rendre l’autre heureux simplement en profitant de tous ces instants que nous ne pouvions qu’entre apercevoir dans nos songes.
Le vélin est saisi est une ébauche de réponse court sur le dos du parchemin destiné à la Nordique :

Citation:
Mon aimée,

Achètes du fusain, et si tu n’as pas l’argent je te le rembourserai je t’en couvrirai même mais s’il te plait arrêtes avec ton sang. S’il te plait…
Fais le pour moi, tout comme je suis sobre au moment de t’écrire. Ce sera bien le seul moment d’ailleurs.
Je ne peux plus arrêter, c’est trop tard. Trop tard. J’en ai usé et abusé et maintenant elles me tiennent.

Ton mari t’as trompé avec sa cousine ?
Ce n’est pas moi qui ferai des préjugés sur l’inceste, note cependant que c’est gaia qui à brisé ma cousine en obligeant le compagnon de celle-ci à cause d’une de ces prétendues dettes. Elle aura profité de cette dette pour le prendre dans ses filets.

Je comprends et ressens ta peur.
Elle est justifiée.
Nous avons vécu avons de nous retrouver et aujourd’hui tout se fini pour construire de nouvelles choses sortie du plus profond de nos songes.
Penses tu qu’à force que nous rêvions ils aient fini par se réaliser ?
Moi je le pense j’en suis même sur. Ils ont entendu nos prières, et se sont enfin décidés à les réaliser au prix d’autres qui nous sont chers.
Et en plus tu viens à moi ?!

Je ne saurai pas dire ce que j’ai ressenti en lisant ces mots. Des mots qui me réjouissent plus que tout autre parce qu’ils signifient que nous seront ensembles. Ensembles tu entends ?!
Tu as toujours ton fils, c’est déjà cela. Il pourra t’apaiser durant ton voyage.
En d’autres circonstances j’aurai aimé que tu ne prennes pas la route, trop dangereuse pour une si belle femme, mais je te sais forte et l’envie de te voir surpasse celle d’éventuels dangers. Il ne t’arrivera rien du moins je l’espère et je prirai pour que cela arrive.
Dis toi, que si avant nous ne pouvions qu’espérer que nos rêves se réalisent, aujourd’hui ils sont en passe de le faire et nous ne pouvons plus seulement les sentir et les effleurer, nous pouvons les palper et les effleurer.
Je ferai tout cela, je te le promets. Et je sais également que je ne pourrai jamais combler le vide qu’il a laissé dans ton cœur. Mes enfants elle me les rendra. Si elle en veut qu’elle en fasse. Ce dont elle à toujours répugné.

Bientôt tu seras dans mes bras…
Bientôt je pourrai sentir ton odeur que je n’ai jamais oublié…
Bientôt…

Une nouvelle vie commence, La notre.

L’italien.


Puis, dans la foulée un autre est saisi, pour Maryah cette fois :

Citation:
Je sais que tu mens, pas besoin de la couvrir, dis-lui, puisqu’elle n’a pas eu le cran de le faire elle-même, que je ferai une demande de divorce pour que soit relégué notre mariage au rang de simples souvenirs.
Dis-lui qu’elle fasse ce qu’elle veut désormais elle est bel et bien libérée de toute promesse maritale, et que par contre elle me rende mes enfants sinon j’irai porter plainte, et, n’étant pas la mère créatrice de ceux-ci, elle sera mise en tort.
Tu ne recevras normalement pas d’autre missive de ma part.

Prends soin de toi,

Diego.


Voilà c’est fait. La vie vient de m’asséner une claque magistrale dans le visage. Je perds une femme pour mieux en retrouver une autre. Mais je sais que l’autre ne comblera jamais le vide laissé par la première à avoir séjourné dans mon cœur.
Désormais je sais que je dois ranger au rang de souvenirs du passé mon histoire avec Eliance. Ma femme, la seule l’unique, la véritable. Je sais que je dois l’oublier mais je ne peux pas. Je ne pourrai jamais oublier à quel point je l’ai aimé. Je ne pourrai jamais me faire à l’idée que désormais un autre verra son visage en se levant.

Mais ces sentiments sont en contradiction totale avec la joie que j’éprouve de revoir la Nordique. De pouvoir la tenir serrée dans mes bras, mais surtout de pouvoir l’aimer librement.
Deux sentiments qui s’opposent et me laisse pantois.

Ma vie est bousculée et moi je suis complètement paumé.

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Eliance
La froideur des steppes est sortie, laissant Eliance en équilibre précaire sur un pot de chambre. Si elle était gênée de sa proximité physique d'avec le Cosaque, la chambre vide ne l'apaise pas davantage. Une sensation étrange l'habite, indéfinissable depuis son réveil. Elle met ça sur le compte de la fièvre qui, même apaisée, perle encore un peu sur son front. Les fesses sur la petite bassine, elle se cramponne sur son bras droit, en appui, tentant de garder équilibre grâce à ses deux jambes écartées et tendues, malgré celle qui ne répond plus. Elle se sent si faible, si vulnérable, si rien, si vide...

Il lui faut une concentration extrême pour ne pas céder à l'appel des larmes et reporte donc son attention sur des pensées. Invariablement, elle revoit le Cosaque à Valences. Elle réentend leurs conversations interminables. Et puis elle repense à l'homme qui vit ici. Cet homme n'est pas le même. Il n'est pas celui de Valences. Pas celui des lettres. Malgré ses gestes et son attention, ses mots restent de glace, piquants, tranchants. À Valences, il n'était pas des plus démonstratifs, ça non. Et pourtant, elle sentait une certaine légèreté en lui. Aujourd'hui, elle a l'impression d'être Maryah. Pas réellement d'être elle, mais le Cosaque s'adresse à Eliance comme à l'Épicée. Elle se souvient la manière qu'il avait de lui parler, si acerbe, de l'envoyer balader toujours. Il retrouve dans les reproches formulés plus tôt le même ton.

Elle n'a rien répondu, d'ailleurs. Elle n'a pas la vivacité d'esprit requise ces derniers temps pour détourner le reproche en un jeu de l'esprit quelconque. Elle n'a rien répondu, parce qu'elle a été surprise de ça. Bien sûr, les remarques de la sorte sont monnaies courantes avec le Cosaque. Dans ses paroles, ses écrits. Seulement avant, avant la fameuse lettre de rembarrage, c'était ponctué d'autres choses plus douces. Une sorte de mélange savamment équilibré. Mais l'équilibre est rompu et cette constatation la rend infiniment triste. Ça signifie qu'elle a échoué et l'a déçu autant que Maryah. Ça signifie qu'il la considère comme un poids, comme Maryah.

Les pensées qui devaient l'emmener loin de sa tristesse l'y précipitent plutôt. Et sur son pot de chambre, elle n'a plus la force de rester. Alors elle laisse glisser son corps meurtri sur le plancher et elle pleure. Elle pleure de n'être que déception, de ne jamais être à la hauteur. Le poing vient frapper une lame de bois du plancher. Elle enrage d'être vivante.

Elle déteste subitement Maryah pour l'avoir emmené ici. Elle déteste Torvar pour ne pas l'avoir mis à la porte tout de suite. Elle le déteste pour cette foutue lettre. Pour ces foutus reproches. Elle le déteste, comme elle déteste à cet instant la terre entière. Diego n'échappe pas à la sombre règle et l'esprit ménudiérien est assailli par les trahisons dernières. Et puis une lueur s'est éclairé dans sa caboche. Un mot résonne. La falaise... Il lui faut une falaise. Sa falaise. C'est son moyen de survie, à Eliance. C'est ce qui lui permet de résister depuis toujours. D'oublier. D'avancer. D'affronter. La falaise a été d'abord été la lucarne de son grenier quand elle était enfant, pour devenir la fenêtre à l'étage de leur grande maison bourgeoise quand elle était femme mariée, et la falaise s'est finalisée tel qu'aujourd'hui quand elle a découvert le monde. La falaise, c'est son ultime délivrance. Et sa falaise l'appelle, inlassablement, dès qu'elle a mal.

Alors, les yeux rougis et embués, assise par terre, elle se traîne comme elle peut sur le plancher. Une main tire, pendant qu'un pied pousse, et le reste des membres et de son corps suit, lentement, comme on traînerait un cadavre lourd derrière soit. L'objectif est la fenêtre et il faut un temps qui lui paraît infini pour parvenir en dessous. De là, elle se hisse debout, tant bien que mal, ouvre la fenêtre et savoure, le nez en l'air. L'équilibre est précaire. Un seul pied au sol la maintient d'aplomb, ainsi qu'une main cramponnée au chambranle de la fenêtre. Elle a fermé les yeux, tendu son museau cabossé en avant. Elle respire profondément. L'air venté glisse sur sa peau, chassant les quelques gouttes de sueur de son front, en laissant derrière lui un frisson imperceptible. Le soleil vient sublimer et vivifier le derme de sa caresse douce et envahissante.

Ses pensées sont éteintes. Elle n'entend rien. Simplement le vent. D'un geste, elle a rouvert les yeux et, en s'asseyant sur le rebord de la fenêtre, la jambe valide a passé le cadre pour se retrouver dehors, dans le vide. Sa jumelle ne tarde pas à la rejoindre, portée par le bras ménudiérien à bout de force. Eliance a réussi. Elle est assise à présent sur le rebord de la fenêtre, les jambes dans le vide, savourant le vide. Les paupières se sont à nouveau rabaissées. La falaise est là. Le vide aussi. Elle le sent. Il la rassure. Il l'entoure d'une étreinte folle, de celle qu'elle refuse aux hommes. De celle qu'elle rougit de donner, ne serait-ce qu'à son mari. Même fermés, ses pupilles voient. Pas le paysage bourguignon, non. Eliance voit le paysage de son enfance. Elle revoit ce qu'elle passait des jours entiers à observer de sa lucarne. Le bois, en face de la chaumière. Les branches hautes qui s'agitent les jours de grand vent.

Un fin sourire se dessine, venant égayer ses traits tirés et cernés par la fatigue.
Un jour, le vide la prendra. Un jour, il la délivrera. Un jour, plus personne ne cherchera à comprendre ça. Plus personne ne pourra lui faire des reproches, lui faire sentir qu'elle n'est rien. Elle sera libre.
Une bourrasque plus forte chatouille ses narines, provoquant un éternuement bruyamment aigu. Et elle rit. Les joues toujours baignées de larmes, elle rit aux éclats. Elle rit comme elle a appris à le faire depuis qu'elle est partie, depuis qu'elle vit vraiment. Elle rit comme pour conjurer le sort.

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Torvar
Les volutes de fumées apaisaient l’âme et le corps du cosaque. Un sentiment de plénitude flottait autour de lui et peu importe ce qui viendrait le déranger, cela ne pourrait plus l’atteindre. Il avait franchi le cap de non-retour. Plus rien ne pouvait l’étonner ni même le toucher. Cette journée avait pourtant si bien commencée…

Il se rappelait le calme de sa vie avant Maryah et les rencontres faites ces derniers mois. Il se rappelait cette solitude qui l’accompagnait partout où il était. Il se rappelait cette vie qui était la sienne et qui n’appartenait qu’aux souvenirs. Parce qu’il y avait une chose dont il était certain le cosaque c’était que plus rien ne serait comme avant. Tout comme avec Eliance. Plus rien ne serait comme avant son accident, avant leur rencontre, avant leur échange de courriers.
Un soupir s’échappa des lèvres de Torvar. Soupir de silences perdus qu’il aurait dû mettre en place au lieu de coucher sur le vélin des mots auxquels il ne croyait pas lui-même… il s’était épris d’une chimère car la rousse n’était finalement que cela… une illusion de beauté… un miroir aux alouettes… un piège à con… Et il s’y était laissé prendre avec une rapidité que lui-même ne s’expliquait pas… sans doute la solitude de sa vie qui l’avait précipité au bord de ce précipice… capharnaüm de sentiments erronés qui lui faisaient croire en toute impunité qu’il était tombé amoureux… Pauvre fou qu’il était donc… un vieil homme aux manières rustres et étrangères ne pouvait pas s’éprendre d’une jeune femme à la beauté sauvage et au cœur poli par de bonnes intentions… Eliance était une intouchable, de celles que l’on admire de loin et que l’on évite pour ne pas se mettre en danger. Il aurait dû le savoir, il aurait dû le deviner, il aurait dû le comprendre à sa façon de minauder, d’hésiter, de le regarder avec intensité pour mieux lui préférer un homme qui l’a trompé. En fin de compte, Torvar était impardonnable. Il aurait dû savoir et ne pas insister. Où alors il aurait dû appliquer les lois ancestrales de sa terre natale. « Une femme te plait, tu la prends… de gré ou de force ! »

Mais il n’était pas comme ça le pauvre vieux. Du moins il ne l’était plus. Sa carcasse en avait vu d’autre et il n’avait plus besoin de se prouver qu’il pouvait arracher aux autres ce qu’on lui refusait. Il n’avait plus rien à prouver, plus rien à se démontrer. Alors il l’avait laissé à ses propres chimères et était retourné aux siennes qui finalement devenaient sa réalité. Le cosaque s’appliquait à faire de sa vie autre chose qu’un enfer. Il avait balayé devant sa porte, envoyé au loin la rousse et son minois qui lui plaisait, expédié à l’autre bout du pays sans possibilité de retour, il ne voulait plus entendre parler d’elle et de son mari volage qui lui faisait du mal mais qu’elle aimait tant qu’elle ne pouvait se séparer de lui. Grand bien lui fasse après tout c’était encore pensé le cosaque un jour alors que Maryah était venue lui parler d’Eliance. Il avait clos le débat sur un ton qui n’admettait aucune réplique et l’Epicée avait fini par ne plus prononcer de nom qui fâchait. Eliance n’était pas la première qui passait dans sa vie et comme toutes les autres, elle ne s’arrêterait jamais… un jour … un jour il irait au loin pour ne plus revenir vers ces femmes qui aguichaient pour ne jamais donner ; un jour, il retournerait au pays et il épouserait une femme de là-bas qui ne regarderait que lui et qui ne vivrait que pour lui… un jour… dans une autre vie…

Le fracas de l’équipée sauvage parvint doucement aux oreilles du cosaque, le faisant sortir des méandres de sa conscience. Fermant la porte de son esprit sur un constat des plus funestes, il n’avait plus qu’à lever le visage pour se rendre compte que les ennuis n’étaient pas finis. Les mioches du Corellio à ses pieds, il n’en avait cure et les laissa pour compte afin de suivre Maryah du regard. Mais Percy fit son entrée et accapara le cosaque. De sa haute stature, il regardait l’enfant de l’Epicée, fronçant les sourcils afin de suivre ce babillage de fou qu’il lui montait aux oreilles. Les mioches gazouillaient ou marmonnaient… allez savoir ce qu’à cet âge ça peut bien raconter… Percy l’assommait et Maryah fit son entrée comme une diablesse tout droit sortie de sa boite. Une céphalée pointait son nez sous la boite crânienne du loup qui fit tourner ses yeux avant de pouvoir se fixer sur la brune.

- La chèvre ? Snih ? mais bon dieu, t’as qu’des conneries à faire ?

Alors là, c’était la goutte d’eau qui faisait débordait le vase. Son poulain était effrayé autant qu’il était amusé et courait dans tous les sens. La chèvre et ses petits qui en faisaient autant et voilà l’enfer sur terre. Torvar bouscula Maryah et se mit à courir en direction de l’enclos à peine sortit de la maisonnée. Encore souple pour son âge, il franchit la barrière d’un saut et se retrouva à devoir faire un choix… cornélien le choix… chèvre ou poulain… le plus simple pour lui était quand même de s’approcher de celui qu’il connaissait le mieux et d’un sifflement entre ses dents, il appela son compagnon à quatre pattes pour qu’il capture son attention pour commencer. Puis doucement, Torvar s’approcha de lui en parlant cette langue âpre et lointaine qui était la sienne. La main tendue en avant du cavalier attira bientôt l’attention de Snih qui vint doucement à sa rencontre. Oh en plusieurs fois quand même… la robe du poulain frémissait à chaque bêlement de la chèvre ou des chevreaux mais Torvar put passer un bras autour de l’encolure de l’équidé pour mieux le diriger. Et hop, déjà un à l’étable pour mieux le contrôler. Snih allait rejoindre Vorobeï qui semblait amusé de la situation. Il ne restait plus que le plan chèvre à actionner parce qu’il était hors de question que ça gambade dans tous les sens avec les chevaux tant que les uns ne seraient pas habitués aux autres. Mais la bestiole ne l’entendait pas de cette oreille et Torvar dut courir après… et que je te tourne en bourrique, et que je te tourne en ridicule et que je me fous de ta gueule… l’esprit animalier est retord tout le monde le sait… Quand vous croyez choper l’animal, une impulsion sur ses gambettes et paf… vous vous retrouvez face contre terre… enfin là c’était plutôt face dans la boue qui trônait autour de l’abreuvoir des bêtes. Le pied du cosaque avait glissé et il avait fini par s’étendre de tout son long dans une marée boueuse…

Cette fois-ci c’était la guerre qui était déclarée. Torvar allait avoir la peau de la chèvre ou c’était lui qui allait y passer. Un coup à droite, une esquive à gauche, l’homme finit par plonger et choper les pattes arrière de l’animal… Torvar 1 – chèvre 0. Circulez y’a plus rien à voir ! La biquette coincée sous le bras, il vint la déposer aux pieds de Percy qui avait suivi le mouvement et la rude bataille avec attention non sans se marrer. On était un enfant ou on ne l’était pas. Et Torvar finit par lui ébouriffer la tignasse avec affection.


- Va l’attacher vers la maison plutôt, elle y sera mieux, le temps de s’habituer à son nouveau logis… les petits vont suivre sans rechigner… Quant à toi…

Le visage du cosaque se tourna vers celui de Maryah qui avait ramené la zizanie une fois de plus dans sa maison. Une ombre traversa le regard azuré et soudain, Torvar chopa l’Epicée par les jambes, la bascula sur son épaule et l’entraina vers l’abreuvoir. Après tout, il n’allait pas être le seul à être ridicule. Et puis ils avaient promis de ne plus se faire la guerre devant Percy. Et comme le gosse n’était pas loin…. Torvar allait se venger à sa façon en plongeant le cul de Maryah au frais dans l’eau.

- Ça te rafraichira les idées ! avait-il lancé avant d’ôter sa chemise trempée et boueuse tout en se foutant de Maryah qui pataugeait, assise dans l’abreuvoir. Finalement cette mise en scène avait du bon car le cosaque partit d’un rire tonitruant en voyant la tête du fils et de la mère. Mais alors qu’il s’essuyait le visage dans la chemise déjà dans un piteux état, son regard fut attiré par la fenêtre de sa chambre où Eliance avait pris place.

- Et merde… mais jamais ça ne s’arrête ?

Se lançant à toute volée, Torvar bouscula Marie dans la maison sans parler des gosses au-dessus desquels il sauta à toute enjambée pour grimper l’escalier et venir se planter dans sa chambre. Un instant d’hésitation, quelques secondes puis sans réfléchir, il s’avança, passa un bras autour de la taille de la rousse et la souleva du rebord de la fenêtre pour ne pas avoir à déplorer une morte dans la journée. Mais cette fois-ci, la colère l’avait envahi.

- Espèce de petite écervelée… tu cherches quoi, à te finir au reste ? Si tu veux te massacrer, fais-le mais pas chez moi… tu auras sans doute l’occasion de te passer par la fenêtre quand tu retourneras d’où tu viens mais tant que tu es ici, chez MOI, tu te tiens correctement !

Le ton n’admettait aucune réplique. Cette fois, la fureur allait frapper. Qu’on lui impose une blessée passe encore, avec le temps, il s’habituerait mais qu’en plus, elle fasse des conneries… c’était inadmissible. Soulevée comme une poupée de chiffon, Torvar transporta Eliance sur le lit avant de rugir comme un lion du pas de la porte.

- MARYAHHHHHHH ramène-toi et vite ! Viens t’occuper d’elle avant que je ne vous tue l’une et l’autre…

Voilà, ça c’était dit ! Rageusement, Torvar ouvrit la porte de son armoire, en sortit une chemise propre qu’il posa sur son épaule avant de tourner le dos à tout ce petit monde. Il allait faire un tour à la rivière qui passait derrière chez lui pour se débarbouiller et enlever toute la boue qui le recouvrait… ça lui ferait du bien de penser à autre chose qu’à cette journée maudite !
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Maryah
Maryah ne l'avait pas fait exprès. Elle ne s'imaginait pas, et encore moins en cette jolie journée, que partager un bout de territoire entre un jeune cheval et une maman chèvre, pouvait tourner à l'Enfer sur Terre. Bien sûr qu'à tout moment, Maryah aurait pu aider, aurait du même, mais ... voir Torvar courir en tous sens, se faire devancer par une chèvre, rouler dans la boue et tout, valait son pesant d'or.

Marie était arrivée au bon moment et surveillait les jumeaux dans la maison. Quant à Percy et Maryah, ils admiraient le rodéo un peu spécial qui se déroulaient sous leurs yeux, y allant de commentaires salés et de petits rires. Qu'il était bon de rire ensemble, et encore plus si c'était au détriment de Torvar. La bonne humeur jouait les prolongations pour la mère et le fils, qui pariaient tantôt sur le cosaque, tantôt sur la chèvre.

Torvar avait finalement gagné. Toutefois, Maryah se raidit en le voyant arriver à grands pas vers lui. Qu'il ne s'avise pas de la gifler ou de ... Déjà elle était sur son épaule, criant pire que la chèvre, sous le regard ébahi de Percy, suppliant :


Torvar, non ! Lâche-moi ! Torvar pas devant le petit ! Tu dois me laisser .... arrêtttttteuhhhhhh ...

L'instant d'après, elle était dans l'abreuvoir, reprenant avec difficulté son souffle sous l'effet de l'eau froide qui semblait la traverser de toute part.

- Ça te rafraichira les idées !

Les éclats de rire fusèrent. Elle allait du regard du Cosaque à celui de l'enfant, et finit par éclater de rire elle-même. La situation était cocasse, mais pour le moins méritée. Lui couvert de boue, elle trempée jusqu'aux os, le petit riant aux larmes ... et les animaux qui paissaient tranquillement, ne tenant pas compte du désordre alentour. Comme on le dit souvent, le bonheur est constitué de petites choses. Cette partie de rire en ferait partie, à jamais. N'empêche qu'elle avait intérêt à faire du bon lait cette chèvre !

Elle se releva lentement de l'abreuvoir, regardant certainement avec un peu trop d'insistance le torse nu du Cosaque et s'apprêtait à l'arroser généreusement, quand celui-ci s'éloigna en courant. Elle observa les alentours et remarqua enfin la Rousse ... à la fenêtre ... Poussant Percy doucement, elle l'invita à faire ce que Torvar avait demandé, puis bêtement, inutilement, dégoulina jusque sous la fenêtre. Et quoi ? Que ferait-elle si Eliance sautait ? Tenterait-elle de la rattraper ? Deux écrasées au lieu d'une ? Humpf ...


Eliance ... ne fait pas "ça". Ne saute pas. Tout ira bien. Tout va s'arranger. Les jumeaux sont là, ils comptent sur t...

Très vite, l'ombre de Torvar apparu, et Maryah souffla soulagée. ç'aurait été horrible d'assister au saut de l'ange ... roux. Insidieusement, elle se demanda ce qui avait bien pu se passer cet après midi pour qu'Eliance en arrive à une telle extrémité ? Ou peut être se laissait elle déjà mourir en Savoie ? Il fallait changer ça ... il fallait aussi que Maryah se change. Un bisou aux enfants, et la voilà partie se changer, enfilant à la hâte une chainse et une robe, La robe.

- MARYAHHHHHHH ramène-toi et vite ! Viens t’occuper d’elle avant que je ne vous tue l’une et l’autre…


Le pire c'est qu'il en était bien capable. Elle ne prit pas le temps de sécher ses cheveux et se précipita dans l'escalier, où elle croisa un Torvar furieux. Elle tenta de lui tapoter l'épaule, un truc du genre "ça va, ça va, je m'en occupe ... " mais totalement inutile. Elle pénétra enfin dans la chambre de la malade, enfin ... de la fiévreuse qu'elle avait assommé de potions. Un instant ses pensées se redirigèrent vers la contrepartie que pourrait bien exiger Körbl, puis elle les chassa. Elle s'avança doucement vers le lit de la recroquevillée, et prit sa main dans les siennes, puis caressa son front, testant sa fièvre.

- Eliance, ma jolie ... comment vas-tu ? comment te sens-tu ? ... hum ... qu'est c'qui t'as pris, tu nous as fait une de ces peurs !
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Eliance
La rupture est brutale. Le Cosaque vient de l'arracher à sa falaise d'une main leste et colérique. Eliance n'a pas le temps de réagir, d'expliquer, de se justifier. Il croit. Il croit mal. Son rire a cessé, elle a eu à peine le temps de cligner des yeux que l'homme l'a ramené en trois enjambées sur la paillasse et que les mots se sont mis à pleuvoir. À fouetter, plutôt, tellement ils sont acérés.

Si les choses avaient été différentes, comme avant, la Ménudière aurait pu lui parler, lui expliquer pourquoi. Elle aurait essayé de lui dire la falaise, la lucarne, le besoin régulier de néant. Il aurait sans doute compris, comme il avait déjà compris tant de choses sur elle. Mais voilà, de l'eau a coulé sous les ponts. Et pas n'importe quelle eau. Une grosse pluie d'orage qui balaie tout sur son passage et ne laisse derrière elle qu'un paysage lessivé, désolé. La dernière confidence s'était soldée par une remarque des plus blessantes à son encontre. Quelque chose comme : « J’en connais qui ont au moins le courage pour ne pas dire les couilles de s’en sortir et de donner plutôt que de se lamenter sur ce qu’elles ont vécu. »

Alors pour une fois, pour se protéger, l'Abimée se tait. Elle laisse penser au Cosaque qu'elle a songé à se foutre en l'air, de sa fenêtre à lui, comme une vulgaire gamine écervelée qu'elle n'est pas. Elle le laisse patauger dans sa rage. Qu'il la déteste, elle n'en partira que plus facilement pour rejoindre Diego. De toute façon, de toute évidence, elle n'a rien à faire là. Elle le sait que trop bien. S'il la déteste, le séjour sera moins dur pour lui.

Et puis Maryah est là. Bienveillante et maladroite. Salvatrice et condamnante. D'une main hésitante, Eliance a pris possession de celle de d'Épicée et a redressé la tête, lui lançant un regard abasourdi.


Maryah... j'voulais pas... tu sais toi, hein. J'voulais juste voir ma falaise. J'aurais pas sauté.
Tu sais, toi. J'suis pas une écervelée. Ni une allumeuse.
Mais lui dis rien. Laisse-le penser ça...

Ramène-moi, Maryah. Torvar... j'respecte pas sa décision à être ici.
Ramène-moi. Diego va s'inquiéter. Qui va s'occuper d'lui, hein ? Et les jumeaux ?!


Des gouttes perlent à nouveau, prenant naissance sous les mèches ambrées pour glisser le long du front sur la peau si pâle, tandis que le seul bras capable tente de soulever de la paillasse le buste ménudiérien. Ce que l'Épicée a pu lui dire quelques heures plus tôt, Eliance n'en a aucun souvenir. Alors elle s'affole. Elle veut rentrer. Elle n'a rien à faire ici. Sa faiblesse a elle ne compte pas. Elle doit s'occuper d'eux, les autres, ceux qui ont besoin d'elle, et de l'Italien, surtout, si fragile ces derniers temps.
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Maryah
Maryah avait observé Eliance un peu plus attentivement. Etait-il vrai qu'elle n'aurait pas sauté ? Et puis, c'était quoi cette histoire de falaise ? Moui peut être qu'elle avait juste besoin de respirer ... N'en aurait-elle pas autant voulu, si elle avait été à sa place ? En quelques jours, la chambre d'auberge, le fond de cale du foncet, puis la chambre perchée dans les nuages ...

Il lui semblait qu'une mise au point était indispensable. Et l'avis de Torvar en ce moment était bien secondaire. La survie d'Eliance et sa faculté à retrouver l'amplitude de ses mouvements, cruciale. Elle hésita un moment, entre douceur et brusquerie ; il fallait reprendre, depuis le tout début. Il fallait qu'Eliance comprenne et qu'elle souffle, qu'elle lâche prise, qu'elle se laisse aller aux rires, à l'amusement, à l'aventure, à d'autres plaisirs que ses chaînes assassines !

Aussi, Maryah se leva, sortit sa fiole de gnole, en but une gorgée et la tendit à Eliance. L'alcool, le meilleur réconfort jamais inventé ! Maintenant elle pouvait reprendre.


J'veux bien te croire Eliance, mais ... j'peux pas te ramener. Pas encore. Un médecin va venir te voir demain. Donc on reste tous tranquille, et on laisse venir. Tout va bien, on est en temps de paix, la vie est belle, et chaque personne est à sa place, icy. Ne t'en déplaise. ... Je m'explique.

Et l'Epicée commença à marcher de long en large devant le lit d'Eliance.

Je remontais tranquillement avec Percy sur Nevers, car mon fils voulait revoir le Cosaque, quand ... arrivée du côté de Clermont, j'ai reçu une missive de ta part. Tu m'avais déjà écrit pour me dire que tes blessures étant moins importantes que celles des autres, tu t'occupais de tout ce petit monde, les jumeaux en plus. J'étais déjà inquiète pour toi, parce que tu es capable de tout pour les autres ... surtout de t'ignorer toi même, et tu étais quand même blessée.
Ton dernier courrier était un appel à l'aide, tu me demandais de t'aider. J'ai vite compris. J'ai pas hésité. La personne qui veillait sur Percy et moi, Marie, m'a parlé d'amis qui avaient un bateau qu'on pourrait rapidement rallier la Bourgogne à la Savoie. Je n'ai pas hésité. On a tout préparé, et 4 à 5 jours plus tard on était là bas. A ton chevet. Tu étais clouée au lit par une mauvaise fièvre, certes, mais par un épuisement rarement atteint. Le rebouteux que j'ai laissé près de Diego, a dit qu'il te faudrait du temps et du repos. Avec Diego, tu n'en aurais jamais pris. Alors la décision a été simple, je t'emmenais. Encore me fallait il trouver un endroit de grâce, où la paix règne, confortable et sécurisant ; le Haras de Torvar, nouvellement acheté me semblait tout à fait approprié. Et il l'est. Que Torvar râle si ça lui chante, mais cet endroit est un havre de paix pour les petits oiseaux qui en ont pris plein les ailes et ne savent plus comment voler. De plus, avec la présence du Cosaque et de Marie, il ne t'arrivera rien. Et puis moi je suis là pour que tu prennes soin de toi.
Le p'tit détail c'est que, quand on était à Annecy, Diego était très malade, toi très fiévreuse, et les jumeaux étaient un peu livrés à eux mêmes. J'suis une mère quand même, j'pouvais pas les planter là. Du coup, on les a emmenés avec nous. Ils sont au rez-de-chaussée avec Marie et Percy.


Elle s'arrêta enfin et s'adossa au mur, une jambe relevée, bras croisés avant de les ouvrir pour affirmer avec conviction :

Je te le dis Eliance, et je te le redirai encore : tout va bien. La seule chose à faire, c'est que tu récupères au plus vite, et je te ramènerais là bas avec les enfants. MAIS ... parce qu'il y a toujours un "mais", si tu veux rentrer, il va falloir :
- que ta fièvre tombe totalement,
- que tu te reposes et que tu reprennes des couleurs,
- que tu manges avec appétit, et boives avec une soif intense de la vie,
- que tu ris avec les enfants,
- que tu prennes l'air pour devenir plus solide,
- que ta plaie au bras se referme,
- et alors ... nous pourrons reprendre la route.


Enfin, elle s'approcha d'elle à nouveau, et prit sa main dans la sienne, le visage se faisant moins dur, la voix plus douce et plus basse :

Eliance ? Quand j'étais esclave, j'étais comme toi. Toujours à la merci des Autres. Et je ne comprenais pas, et je ne vivais pas, et je me vendais pour un peu de douceur ou de gentillesse ... ou juste pour éviter une nouvelle salve de coups.
Quand j'ai été affranchie, et que j'ai été récupérée à la Cour des Miracles, on m'a appris trois choses fondamentales pour vivre et aimer la vie :
1- Apprends à savoir exactement ce que tu veux ;
2- Si tu veux une vie heureuse, accroche toi à un but. Pas aux gens ou aux choses.
3- quand tu veux quelque chose, prends le ; icy bas, rien n'appartient jamais à personne qu'à celuy qui le prend !

Je voudrais que tout le temps que tu sois icy, tu puisses expérimenter cela. Que tu vois combien tu peux être merveilleuse, si tu arrêtes de subir les autres ou les coups du sort. Moi j'vois une perle en toi, mais la coquille autour a bien du mal à s'ouvrir. J'veux pas voir sa surface terne et sans vie, j'veux voir la perle qui brille au delà de tout éclat. Parce que c'est toi. Sans que les autres t'assombrissent ou t'écrases ou te marches dessus.
Tu es un être à part, comme chacun de nous ! Tu es capable de te révéler, tu peux devenir toi même en étant encore plus aimée, tu as toutes les ressources en toi ...


Et voilà qu'elle lui attrape le visage entre ses deux mains, et l'embrasse bruyamment sur la joue.

Tout va bien Eliance, tu t'occupes de toi. J'ai laissé un guérisseur près de Diego et les jumeaux sont en bas, en train de rire avec Percy. Ils sont adorables, ils ont besoin d'une maman solide et aimante.

Allez, premier exercice, dis-moi, là tout de suite, icy et maintenant, qu'Est-ce qui te ferait plaisir ?

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Eliance
Les oreilles se font attentives alors que la gnôle vivifie lentement la gorge ménudiérienne et que ses pupilles claires suivent une Maryah arpenteuse de parquet. D'une explication, elle en a bien besoin. Elle se souvient des lettres maintenant. Mais ça ne justifie toujours pas que son postérieur fiévreux se retrouve chez le Cosaque. Et c'est bien là le plus dramatique de la situation, de son point de vue.
Les blessures... le surmenage... Diego... les jumeaux... Eliance finit par comprendre pratiquement tout, sauf le choix du haras, qui lui échappe encore.


Mais Maryah... Torvar, y veut plus jamais entendre parler de moi... J'devrais pas être là...

La phrase prononcée doucement, sans doute trop doucement, se perd parmi les mots de Maryah qui continue et égraine les conditions à un éventuel relâchage de rousse. Les conditions lui semblent inatteignables. La fièvre, d'accord. Le repos, pourquoi pas. Guérir, c'est préférable. Manger beaucoup, ça se complique. Rire, hors de question. La suite devient plus sibylline. Des trois choses fondamentales, elle n'en pratique aucune et peine jusqu'à les comprendre. Elle tente de s'accrocher aux mots de l'Épicée, de ne pas perdre le fil. Mais tout lui semble si utopique dans sa manière de voir les choses, si lointaine de sa manière d'envisager la vie. Et puis LA question finale tombe comme un couperet sur l'établi du boucher.

Eliance a plongé son regard dans celui de la brune et se contente de cligner des paupières lentement, repassant la question en boucle dans sa caboche. Les sons qui suivent sont mal assurés, hésitants, faiblards.


Plaisir... je... je sais pas...

Consciente que cette réponse ne contentera pas son amie, elle continue de chercher au-delà de ce qu'elle est. Elle farfouille, creuse, se perd dans tout ce qu'elle cache, rejette depuis longtemps et finit par se jeter à l'eau. Avant de savoir plonger, il faut bien quelques essais désastreux où l'eau éclabousse plus que de raison, où la tête frappe la surface trop violemment. Tant pis, elle s'y essaie, sentant bien que Maryah ne lâchera pas le bout de gras si facilement. Elle va devoir y mettre du sien.

Hm... maint'nant... j'aim'rais bien...
Une inspiration est prise, le risque est grand, mais la Ménudière tente.
... que Diego soit avec moi... qu'on soit pas blessés... que Torvar m'en veuille pas... que... j'ai pas eu cette foutue fièvre... que je sois pas là à déranger l'Cosaque... et toi... que...

La Ménudière n'achève pas sa phrase, se sentant bien incapable de trouver d'autres envies présentes en elle. Déjà celles énoncées lui paraissent stupides et puis elle ne comprend pas le but de l'exercice. Éteindre ses envies est tellement plus simple que s'y adonner et en souffrir. Elle préfère se préoccuper de son bras douloureux. Et de cette jambe qui ne répond plus. La jambe d'ailleurs...

Maryah... ma jambe... elle bouge plus... mais elle va rebouger, hein, dit...
T'as écrit à Diego ? Il va s'inquiéter si je viens plus le voir, tu sais. Y s'inquiète toujours...
Et puis Atro a écrit à Torvar une fois. Tu pourrais lui demander qu'il lui dise, à elle aussi ?

Et pourquoi tu fais v'nir un méd'cin ? J'vais guérir toute seule. C'est pas grave mon bras, tu sais.

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