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[RP - Denée] Le soleil d'Anjou, ça tape.

Finn
Petites vacances en Anjou, loin de sa Bretagne en décrépitude, pour se ressourcer, recharger les fûts et entretenir les liens diplomatiques avec l’Archiduché voisin. Ce qui en langage irlandais consiste à squatter l’une des seigneuries inoccupée de l’Archiduchesse après l’avoir menacée de mort pour que son épouse bénéficie de son petit confort habituel.

Et en dehors de ça, à faire la tournée des rades avec les locaux... Ils ont la main lourde, les locaux, très lourde. Les réveils sont d’autant plus durs qu’ Ó Mórdha n’a jamais rien su refuser à son foie, surtout pas des tournées gratuites. Pris dans un guet-apens alcoolisé la veille, il décolle sa première paupière à none et s’enfonce dès lors au fond d’un transat tourné vers le soleil dans la cour du petit château de Denée.

Dans un transat voisin, son vieux compère et sous-fifre Mog cuve également son vin, la panse gonflée par les excès de la nuit.


- « J’ai l’caisson qui va exploser… »
- « On aurait pas dû boire en faisant le cochon pendu. »
- « On a fait ça ?... »
- « Juste avant que tu décrètes que la Reikrigen est ta fille et que l’Artésien propose de planter des tubes dans un Champenois pour souffler dedans façon cornemuse. »


De révélation en révélation, la brume s’efface sur une nouvelle que le gras du bide lance avec une pointe d'amertume.

- « Au fait, j’ai fait courir le bruit. »
- « Quel bruit encore ? »
- « Celui qui dit que tu cherches des paires de mains qui savent tenir une épée par le bon bout. Comme si je suffisais pas ! »
- « Qu’est-ce que… »
- « Oh pas la peine de faire l’innocent, je m’en souviens parfaitement : "À la recherche de membres – amputés et bras-cassés acceptés." »


Le soupir nauséeux, la trogne hémiplégique se détourne du trapu en pleine crise de jalousie pour s'échouer de l'autre côté.

- « Tu m’fais penser à ma femme, parfois… »
- « ... Tu devrais vraiment arrêter de boire à l'envers. »


Y a pas gravure, elle est infiniment mieux roulée.
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Cassandrenne.
    «  Non, c'est vrai ? C'est là ? »


C'est qu'elle en avait parcouru des lieues pour courir après une annonce qui s'était révélée être une rumeur et qui après coup était redevenue une rumeur – mais pas n'importe quelle rumeur, une rumeur sûre lui avait-on dit ? Ah une annonce alors ? Non, une rumeur. Ah. Et l'homme était retourné à ses affaires sous le regard éternellement perplexe de l'ex-sergente qui n'avait plus sifflé mot. À quoi bon ? Personne ne l'écoutait toute façon. Mais là pour le coup, il semblerait que le Très Haut ait entendu son appel et qu'elle soit à la bonne adresse.


Oh Seigneur ...Un château. Le visage de la blonde vacilla entre contentement et dépitement : Heureuse parce qu'elle ne s'était pas perdue, ni fait tabasser par tous les brigands du coin et qu'elle était entière avec son sac. Dépitée parce que cette demeure ne laissait planer aucun doute quant à ses occupants : Sûrement des nobles. C'est qu'elle avait eu déjà son quotas de nobles pour les dix ans à venir au moins. Un petit regard derrière elle alors qu'elle se mordait la lèvre inférieure, en mode réfléchissement : Elle pouvait toujours s'en aller. Elle n'était plus à quelques jours près mais ...d'un autre côté, elle ratait peut-être une occasion en or.


Un soupire passa ses lèvres – J'vous jure - alors qu'elle s'avança vers cette magnifique grille ouverte. Quoi ? C'est ouvert ? Un moment de latence se produisit pendant lequel elle se demanda si elle ne rêvait pas. Oui mais non et elle la poussa lentement, très lentement : Il y avait peut-être un piège là-dedans. Un pas, puis deux, et son regard se porta de chaque côté. Rien. Machinalement, elle leva les yeux vers le ciel : Il ne se foutrait pas un peu de sa gueule, lui, là-haut ?


Ses doigts viennent jouer avec la lanière de son sac qu'elle tenait fermement tout en commençant tranquillement sa visite. C'était plutôt joli l'extérieur : Non, c'est vrai, les pierres étaient jolies en plus il faisait beau : Que demander de plus ? Ça aurait pu se gâter quand un garde passa près d'elle. Elle s'arrêta et lui fit un joli sourire, doux, comme à son habitude avant de dire le plus naturellement du monde «  Je suis la nouvelle servante ». Excuse numéro 1 dans la liste des excuses bidons à fournir pour justifier le fait d'être dans un endroit où vous ne devriez pas. Testé et approuvé.


Son attention fut attirée par ce qui lui semblait une conversation. À l’affût des voix, la jeune femme essaya de s'orienter afin de trouver d'où provenait cette discussion et surtout de qui ce qui l'amena à sa plus grande surprise dans une petite cour dans laquelle se tenaient fièrement deux transats. Le problème n'était pas vraiment les transats mais plutôt les types qui étaient allongés dessus. Elle resta un moment là, silencieuse à les écouter, sans vraiment savoir quoi faire. Non mais c'était p'être bien eux en fait.

    « Goeiedag » ..


Merde ça c'est du flamand. On dit comment bonjour en Anjou ? Elle se pinça les lèvres avant de choisir directement d’enchaîner, son attention se portant à l'un puis à l'autre avant de revenir sur le premier : Son visage.. il avait quelque chose de spécial mais quoi ? Elle en savait fichtrement rien alors qu'elle, tout se lisait sur le sien : elle n'avait jamais pu le changer et ce malgré les années en Savoie.

    « J'suis pas encore amputée et j'espère pas l'être ... J'pensais être perdue mais finalement non. C'est bien ici qu'il fallait venir ? Ah et très jolies les pierres, c'est de bonnes qualités et tout ».

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Finn
Et l’échange se poursuit entre les deux viandes saoules avachies dans leurs transats.

- « Ça suffit, j’décrèterai pas que t’es mon fils juste pour te payer tes coups au bordel ! »

Il se conclue surtout, car une arrivée les interrompt avant qu’ils n’en viennent aux mains. Les regards se braquent sur l’apparition, un tantinet déconcertés en découvrant la jeune inconnue qui se présente à eux la bouche en cœur. Bien mignon tout ça, mais qu’est-ce que ça fout planté là au milieu de la cour ? La jaugeant avec l’œil trouble du poivrot, l’Irlandais constate que le périmètre breton a été franchi sans désagréments d’ordre physique. À croire que le personnel angevin a aussi fait la bringue la nuit dernière, laissant n’importe quel intrus bafouer la notion de propriété privée, si chère au vieux grison.

Tiens, ça cause. Et flamand ?
L’œil se plisse devant l’hypothèse que ce soit une farce de la seule réelle flamande qu’il connaisse : sa Marraine, l’occupante de la seigneurie voisine.

Il convient d’entrer en contact avec l’individu.. femelle de toute évidence.


- « Vous êtes un genre de tailleuse de pierres ? »
- « Ce serait pas du luxe, il tombe en ruine ce château. J’me suis pris un créneau sur la gueule hier ! »

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Cassandrenne.
    « Tailleuse de pierres ? Oh moi ? Pas du tout bien que j'ai des petits cailloux sur moi. »


La jeune femme se met à fouiller frénétiquement dans son sac, un peu maladroite, elle écarte les babioles tout aussi sentimentales qu'inutiles avant de trouver ce qu'elle cherchait : son précieux, son dernier caillou, sa dernière pierre, extraite même des mines savoyardes. Elle relève la tête vers les deux hommes et s'approche d'eux pour leur montrer cette pierre à laquelle elle tient comme à la prunelle de ses yeux. En même temps, en Savoie, son compagnon avait été Myckael et ça avait été un commissaire aux mines tellement consciencieux qu'il lui racontait le soir sa journée chaque nuit pour la faire s'endormir.

    « Elle vient de Savoie- La Savoie, c'est mon duché, vous comprenez- C'est un petit souvenir parce que je ne peux pas y retourner. »


Une petite moue ennuyée fit son apparition sur son visage. Elle n'était pas sûre que cela soit vraiment nécessaire de développer la raison pour laquelle elle avait été bannie de son duché pour le reste de ses jours ni du fait qu'elle ne souhaitait ou plutôt qu'elle ne pouvait pas y retourner : Le procureur ne serait pas toujours son ancien compagnon qui l'adorait malgré ce qu'elle avait fait et si elle prenait encore des risques aussi stupides, la potence lui tendrait bientôt les bras.

    « Puis, lorsqu'on a pris l'argent – C'était pour un remède contre les roux mais ça n'a pas fonctionné – il n'y avait pas d'écus juste des cailloux. »


Oui, les roux. Ils avaient tous les trois cru que c'était un mal qu'il fallait combattre pour sauver leur âme mais en réalité, ils se trompaient. Oh bien sûr, aucun d'eux ne s'étaient rendu compte de la portée de leurs actes même si avec le recul, elle aurai toujours une petite pointe dans son cœur pour Hasdrubal qu'elle avait longtemps vu comme un père. Peut-être qu'il lui pardonnerait, un jour...Ou jamais. Elle remit sa pierre au fond de son sac à cette pensée, cachant du mieux qu'elle pouvait la petite lueur de tristesse qui passa de manière imperceptible dans son regard. Ah s'il savait ce qu'elle était devenue, il la tuerait de ses propres mains. Limite, il engagerait une sorcière pour lui faire remonter le temps et la tuer le jour de sa naissance.

    « Alors on est parti à Genève avec et on a fait des jolis petits châteaux miniatures enfin juste des remparts parce que Nanard n'était pas très doué pour faire autre chose que les remparts. Miniatures les remparts toujours. »


Mince, ils ne savaient pas qui était Nanard mais ça aurait été tellement dure de leur expliquer. Cassandrenne s'attarda sur l'homme dont la moitié du visage semblait resté fixe. C'était vraiment étrange mais elle cacha son air dubitatif sous un sourire. C'était une maladie ? Comme les roux ? C'était contagieux ? Elle avait été infirmière ! Mais Galopin, c'était pas une lumière pour apprendre les gestes de premiers secours et elle-même était un peu narreuse, alors son rythme de parole déjà assez rapide s'accéléra encore plus sous l'effet de sa nervosité apparente. Heureusement, elle n'avait plus rien dans les mains ni à proximité sinon elle aurait renversé et causé surement moult catastrophes.

    « Et puis on a vendu les cailloux à Genève et à Freibourg c'est pour ça que je remarque forcément les pierres lorsqu'elles sont de bonnes factures. Il y a bien fallu qu'on s'y intéresse pour ne pas être arnaqués ».


Voilà, c'est la fin. La blonde reprenait sa respiration. C'était difficile pour elle de raconter tout ça. D'ailleurs pourquoi elle leur racontait ça ? Elle n'était pas venue pour ça ! Elle n'était pas conteuse de récits ou encore ...J'sais pas moi ...Elle avait trop parlé. Elle s'en mordait les doigts. Alors par lassitude, elle haussa les épaules avant de continuer d'un ton plus calme. Toute façon, il n'y avait plus d'apparence à sauver, il n'y en avait jamais eu. Elle? C'était un peu la paysanne type. Au pire, elle fuirait. Elle se souvenait à peu près le chemin à prendre pour commencer à courir si l'un des deux hommes auraient un geste inquiétant. ça, elle avait l'habitude et elle était même devenue très rapide - en plus des tours de caserne que son lieutenant préféré lui faisait faire.

    « Mais, je ne suis pas tailleuse de pierres »


Non, elle était incapable de créer quoi que ce soit de ses mains alors que d'un autre côté, elle pouvait manier les codex avec une facilité déconcertante et sortir le petit paragraphe qui remettait tout en question. La vie, ce n'était jamais tout blanc ou tout noir. Mais c'qui était sûre, c'est qu'elle ne réparerait pas ces ruines. Elle ne l'avait déjà pas fait pour la Savoie mais alors celles pour deux parfaits inconnus, et puis quoi encore ? Il ne recherchait pas des petites mains et bras pour combattre ? Il était vrai qu'elle n'avait pas l'allure d'un grand gaillard mais elle savait se battre même si accessoirement, elle n'était pas encore amochée, ayant toujours joui d'une chance exceptionnelle ou de boucliers humains extra-résistants.

    « Je sais me servir d'une arme »

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Finn
Anjou, terre de réunion de tous les fêlés du carafon.
Refuge à zinzins de tout poil.
Asile à ciel ouvert.

Cette réputation n’est plus à démontrer et la Flamando-Savoyarde en est de toute évidence l’un des nombreux exemples. Tout à fait dubitatif devant la maladresse de la donzelle, Le Frisé l’écoute babiller ses premiers mots pour développer en long en large et en travers son rapport – apparemment intime – avec le minerai et son militantisme contre la race à poil roux. Et peu à peu, le vernis un tantinet guimauve laisse apparaître une âme manifestement prédisposée… au crime.

Une fugitive… On lui ramène des repris de justice. Bien sûr, l’idée de se renseigner sur une éventuelle prime qu’elle arborerait sur sa jolie petite gueule blonde lui traverse l’esprit. On s'refait pas. L’appât du gain est un principe qui lui est chevillé au corps. Mais le profit va par ordre de priorité : aujourd’hui c’est une lame qu’il veut.

Ainsi, le faciès demeuré marbre se détend lorsqu’elle annonce être le genre de pépite qu’il recherche.


- « Les cailloux, c’est quelque chose. J’comprends. Moi aussi j’aime les cailloux, surtout les galets, mais c’est surtout pour faire des ricochets. J’aime ça les ricochets. »

Son mal de crâne l’abandonnant un peu, il se redresse pour, d’un regard, intimer aux nains qui lui servent de valet de sortir le whiskey ramené des caves d’un défunt Grand-Duc breton. C’est qu’elle doit avoir soif, avec toute cette route depuis les montagnes de l’Est. Manquerait plus qu’elle claque maintenant.

Reprenant ensuite, son godet de vieux malt entre les doigts.


- « Vous avez des scrupules ? »

La question à un million d’écus.
Mais surtout :


- « Ça vous arrive souvent d’entrer par effraction chez les rupins ? »
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Cassandrenne.
    «  ...ça ne se vend pas les ricochets ... »


Quel intérêt d'apprécier des galets pour faire des ricochets alors que cela ne rapporte rien ? La petite regardait avec de grands yeux incrédules l'homme, résistant à l'envie de demander à son voisin «  mais il est fou ? » alors qu'elle était certaine au fond d'elle-même qu'ils devaient l'un et l'autre la prendre pour une cinglée. Après, c'était une question d'habitude, avec les années, elle ne s'en formalisait plus vraiment. Puis les galets, ça faisait vulgaire.

Lorsque l'Impassible se redressa sur son transat, ses jambes la forcèrent à faire un pas en arrière, réprimant un sursaut. On était jamais trop prudent – même si pour l'occasion – c'était une réaction stupide. Une petite vieille lui avait souvent dit que c'était l'instinct de survie – régulièrement aussi avec un regard plein de pitié comme si elle allait se faire dévorer par une bande de sauvages et qu'elle serait la première à mourir. Être au bas de la pyramide alimentaire, c'était moche, même pour elle.

Hein? quoi? Des quoi? Des scru...scrupules ? Évidement qu'elle avait des scrupules ! C'était une personne humaine aussi ! Pas un animal ! La petite blonde porta un regard à moitié indigné à son interlocuteur. Non mais c'est vrai quoi ! C'était pas une diablesse, ni une démone et encore moins une sans-cœur ! Bientôt, il la traiterait de ... ses pensées cessèrent à l'instant même où on lui servit un verre de ... de quoi déjà ? Elle remercia d'un signe de tête, faisant tourner ses doigts autour de son godet sans pour autant le boire : Rien à faire, c'était quoi dedans ?

    « Bien sûr que j'ai des scrupules quand je commets une petite bafouille :
    J'ai une conscience...
    Mon plus grand principe ....
    Moment de silence avant de poursuivre, hésitante sur le choix des mots
    ...est de frapper assez fort pour que la personne ne se relève pas pour voir ce qui se passe.
    On m'a toujours dit qu'il fallait pas faire souffrir les bêtes. »
    Vous comprenez?


Évidence, quand tu nous tiens ...La petite blonde se détendit légèrement alors qu'elle alla porter le godet à ses lèvres avant de finalement se dire, non. Les rupins ? C'était quoi ? Elle n'avait jamais entendu ce mot. Il faut avouer que le langage des savoyards, c'était souvent paix et amour alors que rupins, ça sonnait un peu comme rugueux. Ça ne devait pas être un truc agréable.


    « Non non, jamais ou presque...Je crois
    Juste une fois dans le carrosse du bailli pour lui planter une dague dans le poitrail.
    Puis, aussi chez le Capitaine pour lui p..emprunter des documents
    Ah oui ...peut-être aussi une fois chez le comte mais je n'avais vraiment pas le choix.
    Il voulait pas me donner ce que je lui demandais !
    Puis, toute façon, ça ne compte pas pour le Cac. Il était d'accord. »


Etait-il de bon ton qu'elle précise qu'elle avait envoyé un courrier d'excuses le lendemain pour chacun de ses actes? Peut-être que ça faisait bien mais bon, généralement, ça empirait les choses et on lui avait appris à ne jamais dire ce qu'elle avait fait parce que souvent, la personne n'était pas encore au courant avant d'avoir reçu le pigeon. Faut avouer que son piaf, elle le nourrissait au grain. Machinalement - parce que ses pensées tergiversaient beaucoup trop- la petite but une gorgée. C'est que parler, ça donnait soif sauf que là, ça faisait tout sauf rafraichir et la petite blonde commença à tousser. C'était sûr, ça devait être une horreur qu'on buvait chez les nobles ! Bordel ! Elle le savait pourtant, fallait jamais boire des liquides dont on ne savait pas la provenances et encore moins servis dans une propriété privée dans laquelle on doit pas se trouver.

    "C ... toussotte C'était quoi la question déjà ?"


Ses joues rosirent légèrement sur l'effet de l'alcool et tout au fond de son esprit, dans un endroit reculé ou nul homme n'oserait aller, elle se jura de lui demander plus tard ce que c'était cette horreur afin que jamais, cela ne refrôle ses lèvres.
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Finn
« Ça ne se vend pas les ricochets »…

La gamine vient de décrocher le gros lot avec cette réflexion digne de son pragmatisme à lui. Même si pour le coup, elle froisse cette infime, vraiment minuscule part de romantisme qui fait tout le paradoxe du vieux grison. Faire des ricochets sur l’onde d’un lac, d’une mare, ou sur les crânes de ses misérables semblables, c’est juste agréable.

Voyant qu’elle bute sur le mot « scrupule », l’Irlandais lui accorde à présent toute son attention. Lui aussi a toujours connu d’énormes difficultés à appréhender ce principe pourtant fondamental chez les autres. Apparemment, c’est compris dans le package à la naissance ; force est de constater que le Seigneur l’a oublié pour mieux lui permettre d’être Son implacable bras armé. Oui, car Il n’a pas oublié de remplir son ego par contre.

À sa réplique, Ó Mórdha se fend brusquement d’un rire gras vers Mog tout en lui désignant sa trouvaille avec fierté.


- « Elle plante des Baillis dans l’buffet ! »
- « Hahaha ! »


La réponse est satisfaisante, pour sûr. De toute évidence consciencieuse dans son ouvrage, la gamine mal fagotée semble posséder les pré-requis d’une collaboration fructueuse.

- « Vous y avez répondu mais faites gaffe, tout de même. Les scrupules, c’est comme un crachat dans sa chope : d’abord ça rebute, et après ça laisse un goût amer. »

Sans se soucier du petit bond en arrière de la Savoyarde, il quitte son transat pour se dresser sur ses guibolles. L’habitude de provoquer ce genre de réaction épidermique face à son hygiène plus que douteuse lui évite de s’en formaliser.

- « J’devrais pouvoir faire quelque chose de vous si z’êtes pas trop encombrée par ces trucs-là. Il faut savoir voyager léger. Le poids du remord entrave les artisans de la mort dans leur œuvre. »

Quoique les confessions, ça aide. Tout en songeant à la présenter à Sœur Valyria pour une analyse spirituelle de la potentielle recrue, l’Insulaire s’abreuve en conséquence du débit de salive utilisé pour exprimer sa pensée. Faisant macérer le liquide ambré entre ses joues, il remarque néanmoins de son regard torve que la donzelle montre des signes de fatigue.

- « Vous allez pas tourner de l’œil, au moins ?... J’ai encore des questions. »

Comme par exemple…

- « Si je vous dis « canard rôti à la sauce dodine », vous en pensez quoi ? »

Attention, tout peut se jouer ici. Le canard est un sujet sensible.
Les deux paires d'yeux gaéliques la scrutent attentivement dans l'attente de son verdict.

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Cassandrenne.
C'était joliment dit «  Le poids du remord entrave les artisans de la mort dans leur œuvre » C'était même à noter quelque part tellement que c'était bien formulé. Pour la peine, la blonde se contenta d'un silence éloquent tandis que ...Qui d'ailleurs? Elle savait même pas qui il était, c'était beau...En plus, il parlait en connaissances de causes lui ? L'individu qu'il était, il avait déjà eu des remords pour parler ainsi ? « Faire quelque chose d'elle » Sur l'papier, elle n'était pas très contraignante sur ses choses et elle apprenait plutôt vite surtout quand c'était une question de survie ou de nécessité en fait...Après, fallait une bonne dose de patience, énormissime même.

Une mine, un peu vexée, fit son apparition sur son visage : Non, elle ne tournerait pas de l’œil. Oui, elle était probablement fatiguée. C'était pas une raison pour lui sortir ! Sur le coup, un peu lasse, sa main passa sur son épaule opposée qu'elle massa furtivement avant de venir jouer avec la lanière de son sac « J'vous écoute » Toute façon, ça ne pouvait pas être pire qu'à l'Ost  dans le genre : questions débiles et questionnaire beaucoup trop long que pour être utile.


Cassie plissa les yeux face à la question - c'était quoi cette connerie ? Finalement, l'Ost ... Bon alors réfléchissons, c'qui était sûre, c'est que ça servait à rien pour rentrer chez les gens, ni à l'armée et encore moins dans un tribunal – Enfin, elle le croyait sinon elle devait avoir raté un petit truc. Le canard, c'est un animal, ça vole ... rôti ...C'est cramé, c'est ça ? Sur un bûché ? Non il y a que les gens qui vont sur le bûché. Mais voler, ça revient à de la sorcellerie donc on finit sur le bûché. Oui mais un canard, ce n'est pas une personne. Quoique, on dit bien boiter comme un canard. Donc le canard c'est une personne qui boite mais qui avait volé et qui a finit sur un bûcher. Oui, mais à la sauce dodine ? Ça veut dire quoi tout ça ? Ahhh mais Dodine, ça doit être le nom de celui qui a allumé le feu pour cramer le gars. Parait que les bourreaux, ce sont de grands sentimentaux. Il aurait alors illustrer cet acte qui serait sûrement à ses yeux de l'art. Tout se tient ! La blonde fut prise d'un gros doute ...et si ? Dodine, ça pouvait être très bien le Juge qui avait prononcé la peine ou encore le gars qui avait été volé. La gamine laissa paraître une moue :Trop d'incertitudes.

    « Je pense que je ne sais même pas ce que c'est. »


Ni pourquoi vous poser cette question. Faut avouer qu'elle n'avait pas été élevée le cul dans la soie. C'est vrai, des questions, elle en avait eu droit à la pelle mais celle-là. En plus, ça aidait pas les paires d'yeux qui la fixaient dans l'attente de sa réponse. Ils l'avaient pas assez regardée ? Du coup, elle les fixait à son tour avant de porter son regard sur le gars debout. C'était bien lui qui avait posé la question, elle le regardait dans l'attente de sa réaction sans trop de gêne. Pour la première fois depuis le début de l'entretien, la jeune blonde était plutôt impassible, presque de marbre. Son côté même bavard s'était estompé pour la laisser presque silencieuse. C'était pas dans ses données, et elle ne comprenait pas. Toute façon, la méconnaissance de cette chose n'était pas cachable. P'être que ça allait lui porter préjudice pour le coup: Elle serait la première au courant.

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Finn
La mirette fixe, en droite ligne sur le jeune minois. Il entendrait presque les rouages de sa petite cervelle tourner sous la réflexion – forcément intense – qui vient de s’enclencher sous la tignasse dorée. Finalement, le verdict tombe, habillé d’une moue indécise…

Elle n’a aucune idée de ce dont il est question.

Consultant un instant Mog du regard, comme si les deux compères délibéraient par transmission de pensées, l’Irlandais étire ensuite ce qui ressemble peu ou prou à un sourire ; grinçant et mystérieux, un peu comme une vieille porte qu’on ouvre jamais.


- « Bon point pour vous. Les canards sont nos amis. »

En cela, ignorer un plat à base de canard rôti était encore la meilleure réponse à formuler.

- « On n’les tue pas, on n’les cuisine pas, et on les bouffe encore moins. Tous ceux qui se livrent à ce genre d’actes méritent d’être désossés et bouillis jusqu’à ce que leurs gencives fondent, que leurs misérables dents tombent et qu’ils s’étouffent avec. »

L’Ami des Palmipèdes insiste sur chaque mot. Il en va de l’intégrité physique de l’inconnue, si tant est qu’elle souhaite toujours rejoindre le bataillon de frappés du casque.

Voyons voir…
Scrupules ? Check.
Aptitudes criminelles ? Check.
Respect de la gent palmipède ? Check.

Tout en se grattant le haut du crâne, l’Irlandais en arrive à la conclusion qu’il ne lui manque plus qu’une épreuve à lui faire passer.


- « Vous avez déjà tué l’un de vos semblables ?... »
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Cassandrenne.
Il ne devait pas avoir l'occasion de sourire souvent, c'était du moins, l'impression qu'il renvoyait à la petite blonde lorsque ses lèvres s'étirèrent en un sourire un peu boiteux. La blonde arqua un sourcil sans rien oser répondre : l'anatidaephobie la guettait depuis l'enfance. Alors amis ou non, il était sûr qu'elle les préférait loin plutôt de près et surtout sans les yeux. Il n'y a rien de plus terrible qu'un canard qui vous fixe longuement. Encore aujourd'hui, elle en avait une peur bleue.

Sa tête alla de haut en bas lorsqu'il commença à énoncer ce qu'une personne méritait pour avoir osé cuir un canard. Et si c'était de la légitime défense ? Ça passait ? Apparemment pas. Son instinct – bien que rare voire inexistant par moment- lui déconseilla fortement de poursuivre sur le sujet : Une seule phrase pour survivre « Les canards sont nos amis » si cette phrase était magique et octroyait un don de survie, elle se promettait dans un avenir proche d'en faire une bannière et de la tenir comme un curé garde précieusement son étole : autour de son cou.

Totalement désintéressée du second individu toujours sur son transat – Lui semblait beaucoup moins dangereux question proximité que le premier- la blonde continuait de regarder ce qui semblait être le cerveau des deux êtres présents devant elle. Apparemment, ça bouillonnait dans son crâne : Ils étaient peut-être aussi nombreux dans sa tête. Ça, elle n'en savait rien mais dans tous les cas, ça donnait sûrement matière à réflexion ou alors c'était une joyeuse cacophonie. Dans tous les cas, elle regretta de n'avoir de boule de cristal. Au moins, avec ça, elle aurait su.

Ce qui sembla la fin de l'interrogatoire tomba : C'était pas faute pourtant de s'être déjà retrouvée dans des circonstances qui auraient pu la mener à devoir se servir de son arme de manière définitive sur un individu mais par elle ne savait quel caprice du Très Haut, toujours, elle s'en était sortie sans même devoir se défendre ou encore attaquer. Entre arrêt cardiaque devant elle dans la mêlée, désistement ou encore mort par empoisonnement le matin, jamais, au grand jamais, elle n'avait eu à porter le coup fatal et les rares fois qu'elle avait essayé, elle s'était rétamée la gueule avec classe et dignité, risquant la prison. Et pourtant, jamais elle ne fut envoyée en prison pour ces tentatives de crimes, ces croches-pieds ou encore toutes ces petites vacheries. Certains sont nés avec une bonne étoile, d'autres pas. Par moment, elle en était indécise.


    Oui, j'ai déjà tué des dindes ...à Noël seulement.


Oui, juste à Noël mais juste parce qu'elle s'appelait Mille Rose comme la Duchesse qu'elle ne pouvait pas supporter. D'ailleurs, sa famille l'avait souvent considérée comme une dinde, c'était donc une réponse à fournir non ? Pourtant – même si cela sonnait comme une évidence pour elle – et ce, avec une moue plus sérieuse, elle secoua la tête de gauche à droite avant de simplement répondre la vérité, crue et horrible. Toute façon, on lui avait jamais appris. Paraissait que c'était interdit.

    Non.


Ça y est, j'suis recalée, c'est ça ?
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Finn
La jeune fille considère-t-elle les gallinacés comme ses semblables ? L’Irlandais se le demande alors qu’elle confesse en dézinguer annuellement dans un murmure qui lui est péniblement audible depuis qu’on lui a à moitié crevé le tympan gauche. Devant forcer l’oreille, il hausse le ton.

- « Des dindes ?! Sales bêtes, ça. »

La vérité sort de la bouche des enfants, et celle-là reconnaît sans trop de peine la triste réalité qui est la sienne. Vierges de toute action définitive contre ses bipèdes congénères, ses mains sont propres.

- « On va corriger ça. Faites venir le prisonnier ! »
- « Le gosse ? »
- « Non, le grand décharné. »


Trop facile, sinon.

Tout à coup, le personnel nanesque s’agite. Des allers-retours s’effectuent en toute hâte entre la forge, la salle d’armes et la cour. Dagues, coutelas, messers, épées courtes, longues, de taille, d’estoc, bâtardes ; masses d’armes, haches ; armes d’hast, de jet ; arcs, arbalètes. Tels sont les outils dont dispose la blanche Savoyarde pour réaliser sa première mise à mort, jetés pêle-mêle sur les pavés disjoints de la cour ; laquelle prend des airs d’arène romaine lorsque Mog amène le captif tout droit sorti des geôles et le lâche aux pieds de son futur bourreau après l’avoir libéré de ses fers.

- « Vous pouvez y aller d’bon cœur, c’est juste un Normand. On l’a ramassé alors qu’il se promenait du mauvais côté de la frontière bretonne. »

De là, le vilain se vit offrir un voyage dans les cales du bateau, partageant une caisse avec les rats – sa seule source de nourriture, pour aujourd’hui crever comme un misérable entre les murs d’un château angevin. S’écartant de la scène, le vieux grison recule de quelques pas et coince ses pouces entre son ceinturon et son froc pour contempler la suite.

- « J’me souviens de la première fois que j’ai goûté au doux frisson d’ôter la vie… », se remémore-t-il d'un air rêveur, comme chaque fois qu’il revisite ses souvenirs d’enfance. Et de demander subitement : « Voulez qu’on le fasse courir ? Il a d’bonnes jambes, les chiens ont eu du mal à l’attraper. »
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Cassandrenne.
“ Aujourd'hui, tu vas tuer un homme” parce qu'il faut une première fois, même à ces choses-là. Ça s'apprend comme tout le reste. Aujourd'hui, ça serait ma première fois mais également la fin d'une utopie – Ben oui, les gens ça se tuent pas entre eux ou alors ça se rate ou le Très Haut les sauve. Étrange paradoxe qui se créait dans son esprit: d'un côté, un homme prenant l'allure d'un savant pédagogue, qui, dans sa grande mansuétude allait l'aider à surmonter son inaptitude mais de l'autre, il lui demandait simplement d'abattre un homme de sang froid. Un enfant? Non. Un soupire de soulagement se meurt dans sa gorge sans avoir eu l'occasion de s'exprimer. La peur prend possession lentement dans le creux de son ventre comme la gangrène envahit et se propage dans un corps jusqu'à son apogée. Il n'est plus temps de se poser de questions. Geste d’auto-contact, elle veut se rassurer, frottant sa main sur son avant-bras opposé. Oui, elle se sent mal, elle ne peut pas l'expliquer.

Silencieuse – Marque plus que traitresse de son malaise – son regard suit le mouvement de tous ces gens qui s'agitent, les allées et venues aux dépots des armes. C'est bizarre comme les nains lui font encore plus peur que d'habitude. La cour devient le théâtre d'une représentation unique où la réalité prend le dessus sur le rôle incarné. Les armes s'accumulent: Un vaste choix. Il y a toujours plus d'opportunités de commettre le Mal que le Bien. Jamais, on ne lui a appris à utiliser le dixième de toutes ces armes: Elle en vient même à ignorer comment certaines se tiennent. C'était quoi qu'on lui amenait? Un taureau? Un géant? Parce qu'avec toutes ces armes.

Ses lèvres ne s'ouvrent pas plus lorsque l'homme est libéré devant elle, se contentant de répondre par un acquiescement parce qu'elle n'est plus vraiment elle-même. Elle ne veut pas le voir, ni le regarder. Il va mourir. Pourtant, ses yeux viennent à croiser le regard de sa victime et provoque un tressaillement chez la blonde: L'un comme l'autre, ils sont pareils. Elle aurait pu être à sa place et lui à la sienne. Il a peur, comme elle. La différence est pourtant évidente: Elle a choisi d'être ici, lui, peut-être pas. Son coeur tambourine sa cage thoracique alors qu'elle cherche une issue de secours à cette angoisse qui vient à la ronger. Sa vision se détache de la victime pour venir se poser sur les deux commanditaires de cet homicide. Elle s'en doutait, c'était évident qu'il allait lui demander. Mais c'était une bonne machine, lorsqu'on trouvait les failles dans son esprit, tout était possible. La notion de ce qui était bien ou non, de ce qu'on pouvait faire, ou pas, tout ça, c'était trop abstrait pour elle et elle ne le comprenait pas toujours.


La blonde se rapproche des armes sans se soucier du gueux : Aucune ne l'inspire à l'exception de l'arc. Pas besoin des chiens pour le faire courir, il sauverait sa peau tout seul. La souffrance n'était pas une denrée qu'elle avait les moyens d'exploiter. La gamine était un bon soldat, obéissante à partir du moment où elle reconnaissait l'autorité de la personne. Elle aurait pu faire une carrière militaire mais aucun être vivant n'avait pris le temps de lui expliquer la frontière si infime de la conscience et c'est pour ça que présentement, elle ne voyait que “lui” ou “elle” ...


Cassie – surnom attentionné et tellement bisounours qu'on lui avait attribué en Savoie – ramassa l'arc et le carquois à flèches. Elle se souviendrait toutes sa vie des heures qu'elle s'était entrainée avec son Lieutenant et le sentiment de sécurité que cela lui avait procuré grâce à sa présence. Mais aujourd'hui, il lui avait dit “ Tu peux crever à Brest que j'm'en foutrais” et elle y était montée à Brest avec ces petites jambes. Avant de partir, elle n'avait lu que dans ses yeux de la déception et de la parjure et il ne la voyait plus que comme une traitresse. Son visage se referma, ses doigts s'aprêtèrent en prenant une flèche, positionnée derrière le Normand. Il n'avait pas bougé, affaibli par l'excellent traitement qu'il lui avait été réservé au cours des semaines. C'était pourtant simple, c'était un jeu: Il y avait une porte, un échappatoire, une distance, l'esclave et elle. La gamine se pencha, son regard vient se planter dans le sien mais elle ne le voit pas. Un court échange entre eux que chacun emportera dans sa tombe. Des murmures, un petit sourire confiant de la blonde envers cet homme avant de se relever comme une promesse. Elle ne souhaitait pas lui faire du mal. C'était vrai, elle lui en ferait le moins possible. C'est à ce moment-là que Ses lèvres s'articulèrent pour lacher un seul mot audible, claquant d'un coup sec son pieds au sol.


    “Fuis”


Contraste flagrant entre l'apparence d'une gamine pas bien menaçante et le danger qu'elle représente dans cette situation. Il n'en faut pas plus pour que l'homme suive le regard de la blonde au loin et commence à détaler comme un lapin vers la sortie. C'est à cet instant que toute notion de sentiments disparait alors qu'elle positionne sa flèche et prend le temps de tendre la corde de son arc. Impassible, elle reste malgré le fait qu'elle le voit presque s'échapper, s'approchant de son unique chance de fuite. Ne pas fermer les yeux, surtout pas. Elle le raterait. Un décompte se forge dans son esprit, forçant son corps à répondre à l'exigence que l'ordre lui impose. Son corps cesse de trembler, ses yeux se durcissent et elle laisse le projectile filer pour venir s'enfoncer dans le haut de son dos, sous la clavicule. Aucune réaction lorsqu'elle le voit tomber: Toute façon, il le méritait ..Comme Hasdrubal, Albyn, Nikolaï ...Il venait de payer pour eux. “ Tant pis
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Finn
Comment bien entamer une après-midi en Anjou ?
Avec un petit meurtre, bien sûr.

On aurait pu croire qu’elle se débinerait, que la Savoyarde trébucherait sur la dernière marche, l'ultime étape de son examen. C’est pas une dinde, cette fois. C’est un homme, ou presque ; en fait, plutôt un lapin qui détale vers la sortie sitôt la permission de fuir accordée. La voyant fraterniser à voix basse avec sa cible, l’Irlandais sourcille. Dès lors que le Normand prend ses jambes à son cou, Ó Mórdha s’apprête à lui reprocher d’avoir laissé la herse levée, et à sauter sur l’occasion de l’accabler d’une dette envers lui. Elle est à deux doigts de devoir lui rembourser un nouveau prisonnier avant de bander son arc et d’abattre le pauvre homme d’une flèche dans le dos.

Le gueux s’écroule à la surprise générale. Un silence de mort s’empare alors de la cour, rapidement brisé par les acclamations de Mog à la vue du sang de l’ennemi héréditaire.


- « Wouhou ! Un de moins ! »

Irlande 1 – Normandie 0.

Muré dans son silence, le Comte consort de Penthièvre s’approche tel l’arbitre de la rencontre et tape du pied dans la dépouille, bel et bien inerte. Sans lui laisser le temps de refroidir, le vieux grison dégaine son couteau et s’accroupit pour faire sauter les dents normandes une par une ; il est l’heure de la récolte, ou comment honorer le défunt…

Secouant les quenottes arrachées dans son poing fermé, il adresse enfin un sourire malin à celle qui vient d’entacher son âme à jamais.


- « Ça fera un fabuleux hochet pour mon fils, trugarez. »

C’est à la jeune recrue que revient tout le mérite. S’étant relevé, il va à sa rencontre pour lui témoigner l’estime qu’il accorde avec tant de parcimonie.

- « Vicieux l’coup de la fuite… Vous êtes engagée. »

L’alliance est scellée d’une poignée de main imbibée du sang de l’ennemi. Pour sûr, il n’aura pas à regretter d’embaucher main aussi froide qu’habile.

Cependant, une question lui brûle les lèvres.


- « Vous lui avez raconté quoi ?... »
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Cassandrenne.
Alors que le corps s'effondre sur le sol, ses muscles se détendent et la pression diminue. C'était fait. La petite blonde baisse sa garde et repose instinctivement l'arc là où elle l'a pris, remettant chaque chose à sa place comme elles étaient avant l'incident comme un petit rituel que seuls les maniaques compulsifs en circonstances exceptionnelles pouvaient comprendre.Sans bouger de sa position, elle les regarde s'agiter, passive à la scène. L'étonnement se marque sur les traits de son visage alors que tel un arbitre, il s'approche de la carcasse pour arracher les dents, ses yeux s'ouvrent un peu plus lorsque la raison de ce geste se fait entendre : Un hochet pour un mioche. L'enfant deviendra très probablement le portrait de son père s'il est élevé déjà dans le sadisme tout petit mais ça, c'était pas son problème.

Chouette, elle était engagée. Pourquoi déjà ? Elle n'a pas le temps de répondre qu'il lui serre déjà la main, couvrant la sienne par la même occasion de sang. Une moue dégoûtée et la voilà forcée de s'essuyer la paluche sur ... la chemise de l'acolyte qui s'était écrié un peu plus tôt «  un de moins ». Rien à faire, elle ne pouvait pas se résoudre à salir sa chemise : En plus, aller récupérer des tâches de sang sur une chemise au lavoir, c'était simplement abominable et s'en racheter une nouvelle lui coûterait beaucoup trop cher. Un petit « Oops ...Désolée ...Je n'ai pas fait exprès » quand l'individu semble vociférer à son égard et l'affaire est dans le sac. C'est vrai quoi, si on commençait à lui demander de nettoyer les caves, il lui fallait bien une petite compensation ou au moins, qu'elle ne se salisse pas. Le coup passé, la petite reprit son débit de paroles rapide sans trop s'en rendre compte, lachant une foule de questions qu'elle avait contenue pour paraitre bien



    C'est génial ...Mais ...Je suis engagée pour quoi ?
    Pour faire du ménage dans les oubliettes ?
    Défendre des canards ?
    Faire des hochets pour gosses ?
    Que j'sache quand même un peu ..

    Et ..Vous êtes qui ?
    Mis à part des salopards
    Des nobles
    Des sadiques.

    Enfin ... moi c'est Cassandrenne.
    Au cas où ma question était pas claire.
    J'me présente quand même.

    Je lui ai dit qu'il serait bientôt libre s'il courrait.
    Bêtement.
    Je ne lui ai pas menti.
    C'était la vérité non ?

    Pourquoi vous avez des prisonniers ?
    C'est quand même assez chiant à conserver, nan ?
    Ça vous sert à quoi ?
    Parce qu'autant utiliser des pièces à autre chose
    Vous en tuez souvent ?
    Y a une fosse en fait ? J'vais pas y finir quand même ?
    Pourquoi spécialement les normands ?
    Ils ont rien contre les savoyards j'espère ...Sinon j'suis morte
    Elle laissa un moment de pause, le coeur battant pendant lequel elle semblait réfléchir avant de demander avec une certaine non-chalance

    Vous avez à boire ?
    Oui, le contre-coup venait de tomber : Elle avait tué.

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Finn
C’est à croire que donner la mort lui creuse la curiosité car, sitôt son forfait accompli, la blonde retrouve sa langue si féconde pour l’inonder d’interrogations. De la myriade de demandes qui lui tombe sur la gueule, le Gaélique n’en retient qu’une qu’il consent à résoudre avant toute autre : boire un coup.

- « Suivez-moi. »

Sur ces simples mots, l’Irlandais l’invite en son antre. Ou plutôt celui qu’il occupe temporairement. Une vaste salle accueille les premiers pas dans le modeste donjon, tout juste meublée d’une grande table que quelques nains domestiques décorent de trois godets. Rien de très fastueux. Fermant la marche, Mog s’y installe en dernier, maugréant toujours contre sa brigandine toute raclurée de sang normand. Ó Mórdha, lui, ne peut s’empêcher de ricaner en ressassant l’ironie désenchantée des paroles prononcées à l’oreille du type qui gît dans la cour.

- « Laissez la bouteille. », commande-t-il au court-sur-patte apportant le whiskey.

Attablé face à la Savoyarde, et ne doutant pas qu’elle aurait besoin de toute l’amertume contenue dans cette bouteille pour digérer son acte, il lui remplit un godet du digestif avant de le faire glisser jusqu’à elle. La présence de la domesticité n’étant plus requise, la pièce se vide à l’exception des deux acolytes et de leur invitée.


- « Moi c’est Finn. Finn Ó Mórdha. Mais vous pouvez m’appeler l’Irlandais. »

C’est comme ça dans le milieu, on s’échange des petits surnoms. Quoique le sien n’a rien de très original, le décrivant simplement comme le digne représentant de sa race.

- « Lui c’est Mog. »

Juste Mog. Nul besoin de s’attarder sur l’ami d’enfance devenu homme à tout faire, lequel se contente de saluer d’une main tout en vidant scrupuleusement son verre de l’autre.

- « Et vous êtes engagée comme mercenaire dans ma future compagnie franche. Vous aurez besoin d’une épée, d’une dague, de quelques pièces d’armure et d’au moins un cheval. Bien que votre truc ce soit plutôt le tir à distance, manifestement… » Un court silence ponctue le constat, durant lequel il espère qu’elle ait plus d’une corde à son arc. « On vous fournira c’qui vous manque. »

Voilà qui devrait répondre à bon nombre de ses questions. Carrant son verre à son bec, l’Irlandais en écluse le contenu tout en tâchant de se remémorer la teneur des suivantes.

- « Les prisonniers… c’est juste pour le plaisir de la chasse. Celui de traquer du royalo. Normands, Mainois, ce sont les types de gibier les plus accessibles depuis la Bretagne. Parfois, on en tire même profit. Bien sûr, ce sera pas le cas pour celui-là, vous venez de l’abattre comme un chien. »

Volontairement abrupte, la dernière provocation n’est pas innocente. L’Irlandais est de ces gens qui piquent rarement par hasard. Son regard quitte le fond de son verre pour viser la tueuse de Normands, son profit en ligne de mire.

- « M’enfin, j’suppose que le gain d’une nouvelle recrue compense la perte d’un prisonnier. » Tournant le caisson vers Mog. « Qu'est-ce t'en penses, ivrogne ? »
- « Je l'aimais bien moi ce prisonnier... J'avais presque fini de dessiner la carte de l'Irlande sur la peau de son dos. »
- « Je t'en ferai un manteau. »

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