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[RP fermé] Aller et Retour, récit d'un voyageur par Tanatloc

Tanatloc
Merci de ne pas poster ici sans y avoir été invité et bonne lecture.
Ceci est mon premier rp de cette envergure et j'espère qu'il vous plaira autant à vous en le lisant qu'à moi en l'écrivant.
D'ailleurs, si cela vous plait, pensez à faire monter mon vieux Tanatloc de rang ! ;)





Aller et retour,
Récit d'un voyageur par Tanatloc Armogan


ou

Le Tour du monde à quatre-vingt ans



[Biscarosse - été 1461]

Dans une baraque, vivait un vieil homme.
Ce n'était pas une baraque déplaisante, sale et humide, rempli de bouts de vers et d'une atmosphère suintante, non plus qu'un trou sec, sablonneux, sans rien pour s'asseoir ni sur quoi manger : c'était une baraque d'un vieil homme ayant bien vécu, ce qui implique le confort.

Cette baraque était à Biscarosse, un nom qui lui convenait parfaitement, un petit village sans importance pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'y grandir, en Gascogne. Ce village était au bord de la mer, et la caraque était sur le flan d'une petite dune de sable, face à l'océan, à l'écart du village.

Il avait une porte tout à fait ronde comme un hublot, peinte en vert, avec un bouton de cuivre jaune bien brillant, exactement au centre. Cette porte ouvrait sur un vestibule en forme de tube, comme un tunnel, un tunnel très confortable, sans fumée, aux murs lambrissés, au sol dallé et garni de tapis. Le vieil homme avait passé toute sa vie à rendre habitable cette caraque, et cela se voyait.

Le tunnel s'enfonçait assez loin, mais pas tout à fait en droite ligne, dans le flanc de la dune - La Dune, comme tout le monde l'appelait à des lieues alentour.
Le vieil homme n'avait pas d'étages à grimper : chambres, caves, dépendances, cuisine, salle à manger, tout était de plain-pied et, en fait, dans le même couloir. Les meilleures pièces se trouvaient toutes sur la gauche (en entrant), car elles étaient les seules à avoir des fenêtres, des fenêtres circulaires et profondes, avec une vue sur la plage qui descendaient jusqu'à l'océan.

Ce vieil homme s'appelait Armogan. Les Armogan habitaient le voisinage de La Dune depuis des temps immémoriaux et ils étaient très considérés, non pas parce qu'ils étaient riches, ce qui n'était pas le cas, mais parce qu'ils n'avaient jamais d'aventures et ne faisaient rien d'inattendu. On savait ce qu'un Armogan allait dire sur n'importe quel sujet sans avoir la peine de le lui demander.


Ceci est le récit de la façon dont un Armogan eut une aventure et se trouva dire et faire les choses les plus inattendues. Il se peut qu'il y ait perdu le respect de ses voisins, mais il y gagna... eh bien, vous verrez s'il y gagna quelque chose en fin de compte.



Inspiré en grande partie de Bilbo le Hobbit par J.R.R. Tolkien, chapitre 1 "une réception innatendue"

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Tanatloc
Or donc, la mère de cet Armogan était la fameuse Belladone Tapion, l'une des trois remarquables filles du Vieux Tapion, chef des pirates naviguant sur le bâtiment "Le Baggins", bien que personne ne sache ce que voulait dire ce mot.
Il y avait chez eux, sans nul doute, quelque chose qui n'était pas entièrement normal, et de temps à autre des membres du clan Tapion se prenaient à avoir des aventures. Ils disparaissaient, et la famille n'en soufflait mot ; mais il n'en restait pas moins que les Tapion n'étaient pas aussi respectables que les Armogan, bien qu'ils fussent incontestablement plus riches.

Mais si Tanatloc, fils unique de Belladone, ressemblait en tous points par les traits et le comportement à une seconde édition de son solide et tranquille père, il devait avoir pris au côté Tapion une certaine bizarrerie dans sa manière d'être, quelque chose qui ne demandait qu'une occasion pour se révéler.
Cette occasion ne se présenta pas avant que Tanatloc ne fût devenu tout à fait adulte, et même assez vieux ; il avait alors environ soixante ans, ce qui est un âge tout à fait respectable ; il habitait dans la belle caraque qu'avait construit son père et que j'ai décrit plus haut, et, il semblait qu'il s'y fût établi immuablement.


Il avait, de l'autre côté de La Dune, des propriétés, quelques champs pour y cultiver de quoi faire vivre sa famille ainsi qu'une vieille vache, un bique et quelques lapins dans un clapier. Il avait épousé une jeune femme remarquable du voisinage, une fille de pêcheur, tout à fait respectable, qui lui avait donné quelques beaux et charmants bambins pleins de vie.

Hors, il advint que la vie au bord de mer était très difficile et que la plupart de ses enfants moururent avant d'avoir 10 ans. Il lui en resta quand même deux, deux garçons solides et de bons pêcheurs. Tous deux rêvaient de vivre sur des navires de grandes tailles, et pas sur des petits bateaux de pêcheurs, et en cela ils tenaient de leur grand père Tapion. L'un s'embarqua à Mimizan sur un navire marchand dès qu'il eu 16 ans, l'autre n'attendit pas si longtemps et s'engagea comme moussaillon sur un navire de guerre.

Cela faisait de nombreuses années et ils n'avaient guère de nouvelles d'eux. Bien qu'ils sachent tous les deux lire et écrire, ils étaient aussi insouciants que les Touque, et ne prenaient pas le temps d'entretenir une correspondance avec leur vieux parents.


Un matin, il y a assez longtemps, du temps que le monde de Tanatloc était encore calme, qu'il y avait moins de bruit et davantage du bleu de l'océan et du gris de La Dune, Tanatloc Armogan se tenait debout à sa porte après le petit déjeuner, en train de fumer une énorme et longue pipe de bois qui descendait presque jusqu'à ses pieds calleux.

Lorsque soudain, sa vieille épouse, qui fredonnait des chansons de matelots à côté de lui en reprisant un filet, se trouva fort mal, arrêta de chanter puis, doucement, glissa de son fauteuil pour finir allongée sur la plage, sur le filet.
Tanatloc la prit doucement dans ses bras, et l'amena jusqu'à leur chambre, l'allongea sur le lit puis, entreprit d'écouter son pouls. Il était très faible et cela mis en panique notre vieil homme. Il s'en alla aussi vite que ses pieds le permettait chercher un guérisseur au village. Lorsque celui ci arriva enfin au chevet de la vieille femme, c'était trop tard pour elle. Elle respirait avec encore plus de difficulté et le médiastre fut au regret d'annoncer au vieil homme que sa science ne pouvait plus rien faire.

L'obscurité envahit toute la pièce, le feu finit par s'éteindre et alors, la vieille femme se mit à chanter. Elle chanta une chanson que le vieux grand père Tapion chantait parfois dans sa jeunesse, sur les collines et les montagnes enneigées, si loin de la plate mer, que leurs habitants chantent dans les profondeurs de leurs vieilles demeures.

En l'entendant ainsi chanter, le vieil homme sentit remuer en lui l'amour des belles choses faites par le travail manuel, les vallées et les sapins, un amour féroce et jaloux au cœur des montagnards. Alors, quelque chose de tapion s'éveilla en lui, et il souhaita aller voir les grandes montagnes, entendre les pins et les cascades, explorer les cavernes et porter une épée au lieu d'une canne. Il regarda par la fenêtre. Les étoiles luisaient au-dessus de l'océan dans le ciel noir.

Et quand la chanson fut finie, elle avait arrêté de respirer.

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Tanatloc
Ceci se passait l'été de l'année mille-quatre-cent-soixante-et-un et cela s’avéra un tournant dans la vie de Tanatloc Armogan.

Il fut rongé par le chagrin, et vécu quelques mois tout seul dans sa caraque vide. Mais cette vie n'était pas faite pour lui. Il s'y ennuyait et décida qu'il y avait assez vécu comme cela. Après tout, il n'était pas si vieux et se dit qu'il préférait vivre un peu de nouvelles expériences avant de partir comme sa femme. Après tout, la mort l'avait surpris à un moment des plus improbable, et cela pouvait arriver pour lui aussi.


Un matin, il prit donc un sac de voyage contenant quelques vêtements, ainsi que plusieurs objets essentiels -dont une pipe et quelques bonnes réserves d'herbe à bourrer- puis sorti de chez lui. Il avait vécu soixante années en Gascogne et n'avais jamais vu cette grande ville et se dit que c'était un bon début à son aventure.

Il ferma la porte à clef, et la cacha dans le conduit de cheminée, comme il faisait habituellement lorsqu'il sortait de chez lui. Il alla voir quelques -vieux- amis à lui, et à chacun leur dit ceci :

Ne me cherchez plus, je pars pour une aventure ! Je vous écrirais parfois, et je reviendrai surement.

Arrivé à la dernière maison du village, celle d'un cousin à lui, du côté des Tapion, un de ces cousin préféré, il constata alors qu'il avait oublié son mouchoir ! Et un vieil home comme lui avait toujours besoin de son mouchoir sur lui !
Mais son cousin et ami, habitué des voyages et des aventures liées à son côté Tapion, lui dit :

Ne vous en faites pas ! Il vous faudra vous passer de mouchoir et de bien d'autres choses avant d'arriver au terme de votre voyage.

Et c'est ainsi qu'ils se quittèrent.

Autour de lui, sur la grande route menant vers la capitale, d'autres voyageurs et marchants, tournèrent le coin, venant du village. Ils étaient montés sur des poneys, dont chacun était chargé de tout un attirail de bagages, ballots, paquets. Lui-même voyageait à pied, car il trouvait qu'il éveillerait ainsi moins l'attention des autres voyageurs.

C'est ainsi qu'il parti pour la capitale, la grande ville, Mont-de-Marsan.


A partir d'ici commence l'histoire de Tanatloc, au plus proche de sa réalité IG.
Si vous l'avez rencontré et que votre nom apparaît (ou n’apparaît pas) et que cela ne vous plait pas, envoyez lui un pigeon et cela sera modifié au plus tôt !


[Mont-de-Marsan - Septembre 1461]

La-bas, il essaya au mieux de découvrit la nature des habitants de la grande ville. A la campagne, et particulièrement au bord de la mer, on vit au rythme des saisons, ou à celui de la marée. Mais qu'en était-il des citadins ? Étaient- ils tous aussi pressés que ce que l'on disait ?

Il arriva en ville au bout de deux jours de marche à travers la forêt, sur des petits sentiers peu connus, tracés sur une carte qu'un de ses amis lui avait laissé. Ainsi, il évita les brigands.

Sitôt qu'il arriva en ville, il prit une chambre à l'hôtel puis décida d'aller faire un tour en ville. Il s'arrêta devant une taverne, dans laquelle il fit connaissance avec la tribun, le maire, ainsi que quelques représentants du peuple au parlement. Que de grands messires et de grandes dames ! Il osait à peine prendre la parole ! Assez vite, ils apprirent à le connaître -et réciproquement- et l'enjoignirent à rejoindre leur parti politique.

Hors, Tanatloc pensait qu'un bon parlementaire était quelqu'un qui devait être connu du peuple, ce qui n'était pas son cas...
Il décida alors de prendre la mer avec le capitaine Yousseph à bord de l'Ibizza. Et hop, direction Mimizan pour embarquer !

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Tanatloc
[Sur les routes gasconnes - Septembre 1461 ]

Et voilà comment il partit de l'auberge où il s'était installé, par un beau matin juste avant le mois d'octobre ; et Tanatloc portait un capuchon vert foncé (un peu délavé par les intempéries) et une cape de même couleur, empruntés à son cousin Tapion. Ils étaient trop grands pour lui, et il avait un air assez comique. Ce que son père aurait pensé de lui, je n'ose pas y songer. Sa seule consolation était de ne pouvoir être pris pour un voleur, puisqu'il n'avait pas d'arme.

Au deuxième jour de voyage, il se mit à pleuvoir sans discontinuer.
Jusque-là, depuis qu'il avait quitté sa caraque, il avait été aussi beau qu'il peut l'être au mois de septembre, comme dans des contes joyeux ; mais à présent, il faisait froid et humide. Depuis Biscarosse, il avait dû camper quand il le pouvait, mais au moins y faisait-il sec.

Dire que ce sera bientôt pire avec l'automne puis l'hiver, grogna Tanatloc, qui barbotait dans un sentier fort boueux.

Le moment du thé était passé ; il pleuvait à verse, comme il avait fait tout le long de la journée ; son capuchon lui dégouttait dans les yeux, sa cape était saturée d'eau.

"Et je suis sur que la pluie s'est infiltrée dans les vêtements secs et dans les sacs de provisions, pensa Tanatloc. La peste soit des voyages et de tout ce qui y touche ! Je voudrais bien être chez moi, au coin du feu, dans ma gentille caraque, avec la bouilloire en train de commencer à chanter !"

Ce ne devait pas être la dernière fois qu'il se disait cela !

Quelque part derrière les nuages gris, le soleil avait dû se coucher, car il commençait à faire sombre, tandis qu'il descendait dans une vallée vers la mer, au fond de laquelle coulait une rivière. Le vent se leva, et les pins, le long des rives, se courbaient en gémissant.
Heureusement, la route passait sur un vieux pont de pierre, car la rivière, enflée par les pluies et il aurait eu plus que les pieds mouillés si il avait du passé à guet.
Quand ils eurent traversé, il faisait presque nuit. Le vent dispersa les nuages gris, et une lune vagabonde parut au-dessus des collines parmi les lambeaux flottants. Il s'arrêta alors et se murmura pour lui même quelque chose au sujet du souper.


Et où trouver un coin sec pour dormir maintenant ? Pourtant, je dois être prêt de Mimizan maintenant !

Et en effet, au moment où il perdait patience, il arriva en vu des premières maisons.
La nuit était noire lorsqu'il arriva au centre du village, près de l'église et des tavernes. Il trouva une gentille petite auberge, où le bruit des ivrognes et des fêtards serait moindre, et s'endormit immédiatement.

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Tanatloc
[Mimizan - septembre 1461]

Le lendemain, Tanatloc alla trouver l'homme qu'il recherchait, le capitaine Yousseph. Il alla en premier lieu sur le port, ce qui lui semblait être la meilleure idée pour trouver un capitaine de bateau.
Et effectivement, il le trouva là, discutant avec d'autres armateurs. Il le reconnu à la description qu'on lui avait faite de lui, mais surtout parce qu'il parlait de "son" bâtiment, en désignant l'Ibizza. Son navire était de belle taille et de noble stature et le vieil homme s'approcha de lui.

Les présentations furent faites, et une fois que le capitaine compris qu'il avait à faire à un vieux matelot, l'âge ne fit plus d'importance. On ne lui demanderai pas d'aller dans les cordages, mais sinon, il ferait tout comme les autres. Il n'y avait guère de lit, à part pour le capitaine, et Tanatloc ne s'en préoccupa guère : il avait l'habitude de dormir dans un hamac.

Il discutèrent brièvement de la mission comtale qui les amenaient là, ainsi que de la rétribution de les marins pouvaient espérer. Tanatloc n'allait quand même pas travailler à l’œil. Une fois mis d'accord, ils se séparèrent.

L'embarquement était prévu pour le soir même, avec la marée. Tanatloc monta à bord, déposa son baluchon dans le quartier des marins, emballé dans un hamac inoccupé. Puis alla se promener dans Mimizan.

Cela faisait si longtemps qu'il n'avais pas mis les pieds ici ! La ville était à seulement quelques lieux de Biscarosse et il y passait de temps à autre pour vendre des bulots ou acheter des vêtements ou d'autres articles peu communs. Il alla dire bonjour à quelques vendeurs de sa connaissance, puis passa à la tour de guet, donner la description des personnes qu'il avait croisé sur la route. Enfin, il mangea une bonne soupe dans une auberge puis embarqua.

Ainsi commença son premier voyage sur la grande mer, voyage qui devait l'emmener jusqu'en Bretagne.

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Tanatloc
[A bord de l'Ibizza - Automne 1461]

Les quarts se succédaient, se ressemblant tous...

La mer était d'un bleue profond, beaucoup plus sombre et houleuse qu'une autre que le vieil homme rencontrera plus tard ; mais j'y reviendrai. La côte était toujours en vue et quelques jours plus tard, ils débarquèrent à La Rochelle. La ville était sympathique, et le port encore plus grand que celui de Mimizan !

Il était arrivé à des contrées où les gens usaient d'un langage étrange et chantaient des chansons que Tanatloc n'avait jamais entendues. C'était très étrange et magique à la fois.


Puis, ils repartirent vers Vannes, leur prochaine destination.
Tanatloc avait entendu les rumeurs qui disaient qu'il faisait plus froid au nord qu'au sud, et il n'allait pas tarder à s'en rendre compte par lui même.


Les tempêtes d'automne se déchaînèrent, le vent hurlait dans les voiles, le navire tanguait de plus en plus fort et des vagues immenses heurtaient la coque et déferlaient sur le pont.

"Ah mais que n'avais-je vingt ans de moins pour aider les matelots avec ma force !" se dit Tanatloc. Il pensait une fois de plus à son confortable fauteuil au coin du feu dans son petit salon de sa caraque, et au chant de la bouilloire.
Ce ne serait pas la dernière fois !

Et la tempête passa, et ils arrivèrent tous sains et sauf à Vannes.

Ici aussi les gens parlaient une langue étrange, et ils appelaient leur duché Breizh. Tanatloc trouva que ce nom avait l'air d'un éternuement, mais ne dit rien. Ici on parlait breton, et le vieil homme eu tout le mal du monde à se faire comprendre sur le marché, ou pour louer une chambre.
Fort heureusement, il se trouva que le port était bien desservit et que les marins dans les tavernes parlaient d'autres langues encore. Tanatloc se dit que son voyage serait passionnant, mais regretta de ne point s'être trouvé un jeune interprète.
Il était trop vieux pour apprendre une nouvelle langue et avait déjà bien assez de mal avec les rudiments de latin qu'il lui restait de lorsqu'il était jeune...

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Tanatloc
Leur mission originelle devait les conduire bien au delà de la terre bretonne, dans des contrées encore plus éloignées de celles dont le vieil homme avait l'habitude. Mais quelque chose rata et le capitaine reçu un pigeon de Gascogne leur demandant de revenir. Sitôt dit, sitôt fait, ils repartirent sur leur navire, et reprirent la route de Mimizan.

Le vent leur était favorable et les tempêtes leurs furent épargnées si bien qu'ils revirent assez rapidement chez eux, et fin novembre, tous sont de retour dans leurs chaumières, sur le plancher des vaches.

Mais pour Tanatloc, cela ne fait que commencer.

Fini pour lui la vie à Biscarosse !
Fini la vie à Mont-de-Marsan, la capitale où il n'a pas sa place !
Et en avant pour l'aventure !



[Gascogne et Ouest Béarn - Rencontre de Misère - Décembre 1461]


A la sortie de Mimizan, un choix s'offrait à lui : il ne voulait pas allez au nord et se décida à partir vers le sud, vers les hautes montagnes embrumées de la chanson de sa femme. Il était déjà passé par Labrit à l'aller, et se décida donc pour le chemin le plus court : par Dax, puis Bayonne.


Il campait sous les étoiles et les chevaux des voyageurs qu'il croisait avaient plus à manger que lui-même car, s'il y avait abondance d'herbe, il n'y avait pas grand-chose dans son sac, compte tenu même de ce qu'il avait emmener de Mimizan et qu'il avait pêcher à bord de l'Ibizza.

Un matin, alors qu'il était sur la route entre Bayonne et Mauléon et qu'il venait juste de quitter la mer, il passa à gué en un endroit large et peu profond, tout écumant et rempli du bruit des cailloux. L'autre rive était escarpée et glissante. Quand il parvint au sommet, il s'aperçut que les hautes montagnes étaient descendues tout près de lui. Le pied de la plus proche semblait n'être qu'à une petite journée de trajet. Elle avait un aspect sombre et lugubre, malgré des plaques de soleil sur ses flancs bruns, et derrière ses contreforts brillaient les cimes neigeuses.
Il n'avait jamais rien vu d'aussi grand !

Il continua à avancer, convaincu que la ville était à flanc de montagne. Mais l'unique sentier était peu fréquenté et quelques peu laissé à l'abandon. Il était marqué de pierres blanches, dont certaines petites et d'autres à demi recouvertes de mousse ou de bruyère.
C'était une tâche très lente que de suivre la piste, même sous la conduite d'un vieux chien qui semblait connaître assez bien son chemin et qui marchait devant lui depuis quelques lieux.


Tanatloc se dit que ce devait être le chien de quelques bergers des environs, bien qu'il trouva cela fort étrange que celui ci ne rappelle pas son chien. De plus, la pauvre bête était bien vieille et perdait ses poils par endroit. Son poil, qui avait du être noir d'encre lors de sa naissance avait maintenant la même couleur que la longue barbe de Tanatloc, d'un joli poivre-et-sel.
Mais ce qui frappait le plus, c'était qu'elle n'avait que trois pattes ! Sa patte avant droite était coupée très haut, ce qui donnait une démarche très comique et quelques peu pitoyable à la pauvre bête.

Tanatloc, se dit que le chien devait appartenir à un marchand ambulant au vu de sa connaissance du sentier. Il le laissa le guider jusqu'à Mauléon, où il arriva à nuit tombée.

Des phalènes voletaient de-ci de-là, et la lumière devint très faible, la lune n'étant pas encore levée. Les pieds de Tanatloc commençaient à buter sur les racines et les pierres. On arriva si brusquement au bord d'une brutale dénivellation qu'il faillit bien dévaler la pente et que seul un bref aboiement du chien le mis en garde avant qu'il ne fasse un pas de trop.


Nous y voici enfin ! se di-il.

Loin en dessous d'eux, Tanatloc vit une vallée. Il pouvait entendre la voix d'une eau qui, dans le fond, coulait en un rapide courant sur un lit rocheux ; un parfum d'arbres imprégnait l'air ; et il y avait une lumière de l'autre côté de l'eau en aval.

Tanatloc et le vieux chien glissèrent et dégringolèrent dans le crépuscule, le long du sentier en zigzag, jusque dans la vallée Mauléon.

Le vieil homme prit une chambre dans une auberge de passage, et se renseigna dans la salle commune sur la propriété du vieux chien.
Il apprit qu'effectivement, il avait appartenu à un marchand mais que celui ci l'avait abandonné suite à une rencontre avec les loups, ce qui avait coûté la jambe de la pauvre bête. Le marchand l'avait abandonné, le croyant au bord de mourir. Après tout, ce n'était qu'un chien de troupeau, comme il en avait d'autre et il n'y était nullement attaché.

Tanatloc se dit que la pauvre bête avait du souffrir le martyr et que, si le lendemain, elle était encore attaché à lui, il lui bricolerait une jambe en bois et l'adopterait.


Et effectivement, le lendemain, le chien vint l'accueillir à la sortie du village, et lui faire la fête comme un vieil ami. Cela fit sourire le vieil homme et ils repartirent ensemble, direction Orthez.

Sur la route, Tanatloc chanta une vieille chanson, elle aussi héritée de son grand-père Tapion. Il y était question d'elfes des bois, accueillant les voyageurs après un long voyage. Voila ce qu'elle disait.


Ah ! que faites-vous
Et où allez-vous
Vos poneys ont besoin d'être ferrés !
La rivière coule,
Ah, tra la la lally,
Ici dans la vallée ;

Ah ! que cherchez-vous
Et où allez-vous ?
Les fagots fument,
Les pains cuisent !
Ah ! tril-lil-lil-lolly,
La vallée est joyeuse,
Ha ! ha !

Ah ! où allez-vous
Avec vos barbes dodelinantes,
On ne sait pas, on ne sait pas
Ce qui amène Mister Baggins
Et Balïn et Dwalïn
Dans le fond de la vallée
En juin,
Ha ! ha !

Ah ! resterez-vous,
Où volerez-vous ?
Vos poneys s'égarent !
Le jour est mourant !
Voler serait folie,
Rester serait joyeux
Pour écouter et entendre
Jusqu'à la fin de la nuit
Notre air,
Ha ! ha !


Qui était Mister Baggins, Balïn et Dwalïn, cela il l'ignorait. Mais c'était ce que disait la chanson, alors il le chanta, sans sourciller, et cela lui donna du baume au cœur. En tout cas, il aurait bien aimé avoir un poney pour avancer, comme dans la chanson...

A midi, il fit une pause près d'une rivière qui longeait le chemin, tout comme dans la chanson. Son compagnon de route vint se frotter à lui, tout à fait friand de la viande froide que mangeait le vieil homme. C'est alors que Tanatloc se rendit compte que la pauvre bête était rongée de puces !

Ni une, ni deux, il enleva quelques épaisseurs, puis l'embarqua dans le torrent et commence à la frotter, la frotter, et cela lui fit penser à une autre chanson sur la vaisselle, que sa mère et son grand-père chantait avant lui, pour se donner du cœur à l'ouvrage. Il ne s'en rappelait pas tout exactement, mais voila ce que cela faisait :


Ébréchez les verres et fêlez les assiettes !
Émoussez les couteaux et tordez les fourchettes !
Voilà exactement ce que déteste Belladone Tapion
Brisez les bouteilles et brûlez les bouchons !

Coupez la nappe et marchez dans la graisse !
Versez le lait sur le sol de la dépense !
Laissez les os sur le tapis de la chambre !
Éclaboussez de vin toutes les portes !

Déversez les pots dans une bassine bouillante,
Martelez-les d'une perche broyante ;
Et, cela fait, s'il en reste d'entiers,
Envoyez-les rouler dans le vestibule !


Un instant; il se retrouva dans sa caraque, et juste à ce moment il se sentit plus las qu'il n'avait jamais été auparavant à son souvenir. Il pensait une fois de plus à son confortable fauteuil au coin du feu dans le petit salon de sa caraque, et au chant de la bouilloire.
Ce ne serait pas la dernière fois !

Mais soudain, le chien s'ébroua et l'éclaboussa tous les rochers, comme dans la chanson. Puis, il alla se percher sur un rocher sec et se roula dessus, afin d'écraser les dernières puces restantes. C'est alors que Tanaloc se rendit compte qu'il avait à faire à une femelle et à pas à un mâle !

Pendant qu'il, enfin, qu'elle se roulait au soleil, le vieil homme chercha dans les arbres au alentour un morceau de bois de la bonne taille, qu'il se mit à tailler, afin d'en faire une jambe de bois acceptable, comme dans les récits de pirates du vieux Tapion ! Il y fit un trou, y fixa quelques morceaux de tissu puis appela le chien, enfin, la chienne pour l'y attacher.
Quand le travail fut fini, il la regarda marcher, d'une démarche moins misérable, mais toujours aussi comique.


Ah, ce n'est que misère tout cela ! Je demanderai à un charpentier ou à un forgeron de te faire quelque chose de mieux lorsque nous arriveront à une grande ville ! Ah tiens, Misère, ça te va bien comme nom, tu ne trouve pas ?

La chienne, qui s'habituait à sa nouvelle jambe frétillait de joie.

Contente qu'elle te plaise. Et je pense qu'avec un peu de soins et une nourriture adaptée, tu devrais vite reprendre du poil de la bête ! Qui sait, peut-être me protégera tu des brigands et des animaux sauvage un jour ou l'autre !

Le soir, ils arrivèrent à Orthez, en suivant le petit sentier. Nul charpentier au village ne pu aider Misère, et ils repartirent pour Pau dès le lendemain matin.



Inspiré de Bilbo le Hobbit par J.R.R.Tolkien. Ici, les deux chansons sont les œuvres originales (avec très peu de modification pour coller à l'histoire, sur la chanson de la vaisselle), écrites par J.R.R. Tolkien, et traduites en français par F. Ledoux.

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Misere_la_chienne
Que j'étais contente d'avoir rencontré ce vieil homme ! Et qu'elle joie j'avais de m'être enfin débarrassée de mes puces ! Ah, quelle liberté ! Et je ne parle même pas de ma nouvelle jambe ! Une vrai joie de courir à quatre pattes et non plus à trois ! Ça y est, je l'ai adopté, c'est mon nouveau maître !

Un soir, nous sommes arrivé dans la plus grande ville que je n'ai jamais vu ! Que de grandes maisons et ces rues, immenses ! Et toutes ces décorations, que c'est beau ! Il y a même un grand sapin avec des guirlandes sur la grand place ! J'ai eu envie de me soulager à ses pieds mais on me l'a interdit. Dommage...

Mon maître fit le tour de plusieurs artisans, et l'un deux fut d'accord pour bricoler ma nouvelle jambe. Il me fit une armature bien solide avec du bon bois, plus lourd que la brindille que m'avait fixé le vieil homme. Et pour l'attacher, de belles lanières en cuir et non plus des bois de tissus usés.
Ah, je me sens en sécurité maintenant et je n'ai plus peur qu'elle se détache !

Et nous revoilà parti, alors que la neige commence à tomber et que le froid arrive. J'espère que nous redescendront dans la vallée pour ne pas se retrouver bloquer sur un petit sentier en pleine tempête de neige !
Heureusement, ce ne sont que les premiers flocons ici, et rien de tout cela n'est à craindre. Ouf !
Je dirais même plus, wouf !
Tanatloc
De Pau, où Misère a été réparée, les deux voyageurs gagnent Lourdes.


[Noël 1461 à Lourdes]


Comme on était déjà près de Noël, les tempêtes d'hiver étaient à prévoir, mais lorsqu'ils partirent de Pau, le soleil était au beau fixe et ils ne craignirent rien pour le moment.

Tout alla bien jusqu'à la fin de l'après-midi, où ils se heurtent à un orage - plus qu'un orage, un combat orageux. Vous savez combien terrifiant peut être un vraiment gros orage dans les terres et dans une vallée ; surtout quand deux orages se rencontrent et s'entrechoquent. Plus terribles encore sont le tonnerre et les éclairs la nuit, dans les montagnes, quand les tempêtes montent de l'est et de l'ouest pour se faire la guerre. L'éclair éclate sur les sommets, les rocs tremblent, de grands fracas fendent l'air et vont rouler dans toutes les cavernes et tous les creux ; et les ténèbres sont remplies de bruits accablants et de lumières brutales.

Tanaloc n'avait jamais rien vu, jamais rien imaginé de semblable.
Bien sur il connaissait les tempêtes et les orages sur l'océan, mais rien ne l'avait préparé à ce qu'il vivait ici.
Ils se trouvaient très haut, sur une étroite plate-forme, avec, sur un côté, une terrifiante chute dans une vallée obscure. Ils s'abritaient là pour la nuit, sous un rocher en surplomb et, enveloppé dans une couverture, Tanatloc frissonnait de la tête aux pieds, Misère également, roulé en boule contre lui.

Quand, à la lueur des éclairs, il jetait un coup d'œil au-dehors, ils vinrent le vent et la pluie, et le vent fouettait la pluie et la grêle en tous sens, de sorte qu'un roc en surplomb ne représentait aucune protection. Ils ne tardèrent pas à être trempés et se dépêchèrent de trouver une grotte pour les abriter tous deux.

Le vent hurlait, le tonnerre grondait encore, et ils eurent de la peine à avancer. Mais il n'eurent pas loin à aller et, avant peu, ils parvinrent à un grand rocher qui faisait saillie dans le sentier. En passant par-derrière, on découvrait une voûte basse ouverte dans le flanc de la montagne. L'ouverture était tout juste assez large pour qu'un homme la franchisse. En passant sous l'arche, ils eurent, le chien et le maître, le plaisir à entendre le vent et la pluie au-dehors et non plus tout autour d'eux, comme à se sentir à l'abri des géants et de leurs rochers. Le sol était sec et il s'y trouvait des coins confortables. C'était plus que ce qu'ils en avaient espérés l'un et l'autre.

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Anne_du_val
Votre histoire m'a plu, merci
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Tanatloc
Le lendemain, les deux vieux sortirent de la caverne pour découvrir ce que tous les montagnards connaissaient. Les orages vont et viennent et ne s'attardent guère longtemps. Le ciel était donc bleu limpide, lavé de tout nuage, la tempête partie au loin.

La journée s'annonçait même chaude pour la saison et les vêtements encore humides ne tardèrent pas à être complètements secs.

Comme ils avaient déjà fait plus de la moitié du chemin jusqu'à Lourdes, il ne resta guère de route à faire et, en fin de matinée, ils arrivèrent dans le village de montagne.

Ici, comme à Pau, un énorme sapin se dressait au milieu de village, bardé de décorations. Une des personnalités importantes du village, dame Azilize, je ne sais plus qu'elle poste elle occupait exactement à cette époque sans doute celui de tribun, accueillit le vieil homme a bras ouvert, lui proposant des petits pains ou des rafraîchissements, et lui expliquant que tout le monde pouvait déposer des cadeaux pour ceux qu'ils aimaient au pied de ce grand conifère.

L'époque de Noël y fut chaleureuse et gaie ; des hommes vinrent de partout festoyer sur l'invitation de ce personnage. Les voleurs et les brigands des monts brumeux, comme Tanatloc aimait les appelés, étaient en nombre restreint, de sorte que les hommes allaient et venaient sans crainte.

Tanatloc y resta une semaine entière à se reposer et à festoyer pour les fêtes. Il n'avait guère de cadeaux à faire, mais il bu et mangea de tout son content et vit avec plaisir Misère reprendre des muscles et même un peu de gras. Quelques poils repoussèrent tant bien que mal aux endroits où elle en était dépourvue, mais il faudrait sans doute encore de nombreux repas complets avant qu'elle ne retrouve une tonsure parfaite.


[La route en compagnie - Armagnac et Comminges, Toulouse et Languedoc - Janvier 1462]


Puis, Noël fut passé et les deux vieux reprirent la route. Tanatloc avait maintenant besoin d'un bâton pour avancer au mieux sur les chemin glissants de givre et de glace, si il ne voulait pas choir.

Si ils avaient été dans un comte ou une chanson, on les aurait appelés tous deux "La compagnie à 5 pattes et 2 bois" ou quelque chose dans ce goût là. Lorsqu'il y pensa, Tanatloc ne pu s'empêcher de rire aux éclats, tant et si bien qu'il fallut qu'il s'arrête et s'asseoit sur une pierre pour reprendre son souffle. Le nuage blanc devant sa bouche mis plusieurs minutes à s'estompé et Misère le regarda d'un air plutôt perplexe, ce qui ne fit que ne le fit que rire plus fort.

C'est ainsi, en chantant des chansons sur la compagnie à cinq ou sept pattes qu'ils arrivèrent à Tarbes, par un soir de Janvier.


Il n'y a guère de chose à dire sur cette ville, mis à part que l'on y rencontre des gens forts agréables. C'est ici même qu'il rencontra le groupe d'Aphykit, avec qui il fit un bout de chemin.

Il se rencontrèrent en halle, plusieurs fois par jours, puis, dans un premier temps, reprirent leur route chacun de leur côté, sans penser à se revoir. Mais, le lendemain, à Saint-Bertrand de Comminges, l'évidence les frappa : ils allaient dans la même direction, vers l'est.

La jeune femme proposa donc au vieil homme ainsi qu'à sa bête une place dans un des chariots, contre l'assurance d'une aide pour monter le camp ou pour soigner les bêtes, ce que Tanatloc accepta sans hésiter.


Il firent donc un bout de chemin ensemble, allant à Saint-Lizier, Muret, Toulouse, Castelnaudary, Carcasonne, Narbonne, Béziers et Montpellier.

A Tarbes, il avait voulu goûter aux bains, biens connus de la ville, mais malheureusement, ne les trouva fermés pendant son séjour.
A Saint-Lizier, il fit la connaissance d'un jeune livreur au courrier-relais, et il but avec lui plus que de raison.
A Saint-Bertrand-de-Comminges, il joua avec les hommes du village contre les femmes au jeu de la corde.
A Muret, il déposa un doux poème à sa femme disparue sur l'arbre à cœurs. C'était un sonnet d'amour, dont voici une copie ici :



A toi qui est là haut,
Mes pleurs sont sans écho.
Dans la voûte étoilée,
Ma chère femme ailée !

Pourquoi es-tu partie,
Loin de moi, mon amie ?
Sans toi je reste vide,
Et je prends rides sur rides...

Je t'aimerai, ma mie
C'est un ode à la vie !


Il fit encore moult choses, avec ou sans eux, et c'était un bon bout de route ensemble, il faut bien le dire.

Mais c'était pour le vieil homme si agréable d'avoir des compagnons de route à qui parler, une carriole où s'asseoir lorsqu'on était fatigué et qu'il l'abritait la nuit, lorsqu'ils dormaient à la belle étoile.

Et puis, dans un groupe, fini la peur des brigands ! Quoique ceux ci ne l'ai jamais vraiment inquiété car, n'étant qu'un vieil homme marchant à pied, épée et sans rien de valeur à vue, les brigands le laissent passer sans même l'arrêter. Un jour, il avait faillit acheter une bien belle épée, mais il s'était ravisé en se disant que cela pourrait inciter les voleurs à la lui dérober...

Il chanta avec eux, ceux-ci lui apprenant des chants de leurs contrés, tel que celui-ci :


Le vent soufflait sur la lande desséchée,
mais dans la forêt pas une feuille ne remuait ;
là, les ombres règnent la nuit et le jour,
et de noires choses rampaient silencieusement dessous.

Le vent descendait, froid, des montagnes
et, comme une marée, rugissait et roulait ;
les branches gémissaient, la forêt lamentait,
et les feuilles étaient répandues sur l'humus.

Le vent passa de l'ouest à l'est ;
tout mouvement dans la forêt cessa,
mais, sur les marais, aigres et stridents,
furent lâchés ses tons sifflants.

Les herbes bruissaient, la tête courbée
les roseaux vibraient - il passa,
par-dessus la mare ridée sous les cieux froids,
où les nuages rapides étaient déchirés.

Il franchit la Montagne solitaire et nue
et battit la surface de l'antre du dragon :
là, noires et sombres, gisaient des pierres rigides,
et dans l'air flottait une fumée.

Il quitta le monde et prit son vol
au-dessus de l'océan de la nuit.
La lune mit à la voile sur la bonne brise
et les étoiles furent emportées devant la lumière jaillissante.


Celle-ci parlait de dragon, comme dans les contes pour enfants, et cela plut bien à Tanatloc. C'est également pendant ce voyage qu'il apprit une chanson sur les orages, qu'ils chantèrent maintes et maintes fois cet hiver là.

Soufflent les vents, tonne l'orage
Pleurent les enfants
Dans leur lit sans bouger
Nul ne sait jamais les consoler
Sans raconter l'histoire de Lady Fae

Soufflent les vents, tonne l'orage
Jusqu'à l'horizon les badauds envoutés
Nul ne sait les ignorer chanter
Les vertus magiques des souliers de Lady Fae

Soufflent les vents, tonne l'orage
Lorsqu'on l'apperçoit on ne peut l'oublier mais
Nul ne sait jamais la rattraper
En suivant les traces des souliers de Lady Fae

Soufflent les vents, tonne l'orage
En haut de la colline elle a sa maisonnée
Nul ne sait espérer l'approcher
Sans porter les souliers de Lady Fae

Soufflent les vents, tonne l'orage
Elle prend de sa main la vie des étrangers
Nul ne sait fouler la route aux souliers
Sans trouver la mort aux portes de Lady Fae

Soufflent les vents, tonne l'orage
Celle qui tient le fort reste une fille à marier
Elle attend le jour où l'un deux va passer
La porte de la demeure de Lady Fae

Soufflent les vents, tonne l'orage
L'un d'eux s'est épris de la belle aux souliers
Il traverse les champs de fêlons statufiés
Sans quitter des yeux le chateau de Lady Fae

Soufflent les vents, tonne l'orage
Il n'a que faire des légendes oubliées
En poussant la porte il espère trouver
Ces yeux qui le hantent ce sont ceux de Lady Fae

Soufflent les vents, tonne l'orage
En voyant sa promise il s'est agenouillé
Puis demandant sa main déposa un baiser
Sur les souliers enchantés de Lady Fae

Depuis ce temps tous les enfants sages
Ont écoutés mille fois cette chanson du passé
Par delà le fort ils se sont épousés
Laissant derrière eux les souliers de Lady Fae...


Les paysages étaient splendides, tous recouverts de neige immaculée ; des fées disposant les cristaux de neige n'aurait pas mieux fait le travail ! La montagne, les vallées, les torrents, tout était recouvert d'une poudreuse amicale qui leur servait de cocon chaud lorsqu'il devait dormir dehors.

Bien sur, cela ne resta pas ainsi et, sur le chemin fréquenté, la neige se transforma en un boue marron gelée qui transperçait les chausses, les rendant froides et humides et vous gelait les doigts de pieds jusqu'à l'os.

C'est dans ces cas là, où les os même de Tanatloc semblaient eux même de glace qu'il regrettait le confort de sa caraque, la cheminée crépitant, ses couvertures chaudes et sa bouilloire qui sifflait !
Et ce n'était pas la dernière fois qu'il se dirait ça !


C'est arrivé à Montpellier que les chemins de Tanatloc et du groupe se séparèrent et en voici les circonstances.



Comme précédemment, la première chanson est de J.R.R Tolkien. La seconde est du Naheulband, "les souliers de Lady Fae" dont une version audio est disponible ici.


Edit : j'ai retrouvé quelques noms ainsi que quelques liens en fouillant un peu afin de détailler mes propos !
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Tanatloc
[L'armada vers l'Orient : Montpellier - Alexandrie - Marseille - Février à mars 1462]

La première préoccupation du vieil homme, ainsi arrivé, fut de se renseigner sur les navires et leur destination. En effet, cette mer au bleu azur et à l'absence de marée existait au plus haut point son côté Tapion ainsi que ses gênes de marins.

Il trouva là un navire qui parait pour Alexandrie dans moins de trois semaines ainsi que quelques autres bâtiments, dont un qui parait pour sa terre gasconne. Cela le fit sourire de se dire qu'après avoir parcouru des lieues et des lieues, à travers les montagnes embrumées et les vallées profondes il pouvait encore rentrer chez lui simplement en montant à bord d'un navire.

Mais c'est le bâtiment de messire Getsumi Harper, celui en partance pour les terres éloignées, qui retint son attention. Après quelques négociations avec le capitaine concernant le prix et la date exacte de l'embarquement, tout cela fut réglé et le départ fixé au 5 février.
Cela laissa au vieil homme le temps de louer les services d'un homme qui prendrait soin de Misère, de louer également un bon cheval, de galoper à bride abattue jusqu'à Mont-de-Marsan pour y vendre le champs qu'il avait acheté en arrivant en ville le temps qu'il avait vécu à l'auberge, et de repartir avec le gain de la vente ainsi que 60 épis de maïs, reliquats des différentes récoltes effectués pendant son absence.

Sur le chemin du retour, pendant qu'il galopait par le chemin qu'il commençait à bien connaitre pour l'avoir prit trois fois en à peine deux mois, il se mit à fredonner une vieille chanson, triste et mélancolique, que sa mère lui chantait pour l'endormir lorsqu'il était enfant.


La maison est derrière,
Le monde est devant,
Nombreux sentiers ainsi je prends,
A travers l'ombre,
Jusqu'à la fin de la nuit
Jusqu'à la dernière étoile qui luit
Brume et nuages,
Noyés dans l'obscurité,
Tout va se mêler,
Yoh, tout va... se mêler.


Sa voix, vieille et rogue d'avoir trop fumé, se cassa à la fin de la chanson, et il pu à peine finir car les larmes lui montaient aux yeux. Que de souvenir cela lui rappelait-il ! Il revoyait sa mère, penché sur son lit, à la lueur d'une chandelle ! Il se souvint qu'elle la chantait lorsque son père parait plusieurs jours pour la ville, elle le regardait partir en fredonnant ce refrain pour elle même.
Est-ce elle qui lui soufflait les paroles comme cette douce brise qui soufflait dans son dos, le regardant partir à l'aventure, laissant définitivement tout derrière lui ?


On peut dire que ce voyage se fit sur un coup de tête, une impulsion. L'occasion se serait sans doute représenté un jour ou l'autre, mais, cédant à l'attrait d'un voyage en bateau ainsi que de la belle et mystérieuse Alexandrie, il avait fait l'aller-retour, vendu tous ses biens et embarqué sans même réfléchir si le capitaine n'était pas un escroc !

Et le 5 février au soir, il avait rendu le cheval, récupéré sa chienne en parfaite santé et même avec quelques livres en plus, résultat d'une bonne chaire sans exercice, et embarqué à bord du Sirius, une caraque de guerre à belle allure et dont l'armateur, Deubs0, originaire de Mont-de-Marsan, avait tout de suite eu la sympathie du vieil homme.


Pendant ce voyage, qui mena Tanatloc et Misère aux confins du monde connu, il fut question du sanctuaire Taurin, d'Alexandrie, il rencontra quelques personnes remarquable comme Héloïse du Mas-du-Puy, damoiselle d'Ahetze (_heloise_) avec qui il lia connaissance rapidement au mess ou sur le pont.

Tout le récit de ce voyage est consigné dans le livre de bord, toujours présent sur le navire, et pour ne pas se répéter, rien d'autre ne sera dit ici sur le sujet.



La chanson est issue du film Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi, chantée par Pipin. Je suppose qu'elle est issue du livre et donc traduite d'une chanson originelle de J.R.R.Tolkien. On peut l'écouter si on ne la connait pas, par ICI avec un extrait du film.

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Tanatloc
[Sur les routes de Provence - Marquisat des Alpes Occidentales et comté du Languedoc - Mars à Juin 1462]

C'était le printemps, un beau printemps à la température douce et au clair soleil, quand Tanatloc et les autres voyageurs finirent par prendre congé du Sirius à Marseille et, malgré son vif désir de d'explorer la Provence, Tanatloc partit avec regret, car les voiles du navire qui avait été son foyer pendant de longs mois n'étaient pas moins merveilleuses au printemps que pendant l'été éternel de la mer dite Méditerranée.

Sitôt arrivé à terre, il prit une chambre dans une auberge sur le port, observant les arrivées et les départs des autres navires, écoutant les palabres des matelots dans des langues exotiques, les marchands négociant entre eux les meilleurs tarifs pour leurs marchandises.
Le vieux Tanatloc avait lui aussi acheté quelques denrées rares à Alexandrie ! Il portait maintenant sa belle tenue légère, qui lui garantissait de ne jamais avoir chaud, où qu'il aille dans le monde. Il avait aussi un magnifique filet de pêche, souvenir des pêcheurs du sanctuaire Taurin qui lui permettait de manger à sa faim aussi longtemps qu'il resterait à bord d'un bateau.
Dans sa besace, il possédait quelques barracudas et des sacs entiers de dattes, des fruits aux saveurs inconnues. Pendant qu'il se reposait quelques jours à Marseille, il en profita pour vendre ces quelques produits sur le marché local et récupérer ainsi quelques pièces d'argent. Il en profita aussi pour faire un tour aux thermes qui, cette fois-ci, étaient ouvertes !


Mais bientôt, il trouva le temps long à Marseille. La ville lui rappelait trop son Mimizan, sans l'odeur salée, les tempêtes d'hiver et la marée et son côté Tapion l'emporta bientôt. Après être bien sur que le Sirius ne rapparierait pas sans lui, il parti en ballade en Provence.

Une fois de plus, ses valises cabossées s'empilaient sur le trottoir ; on avait du chemin devant nous. Mais qu'importe : la route, c'est la vie.*

A que c'était joli ! Les champs étaient mauve de lavande, l'odeur de cette plante, nouvelle pour lui, lui emplissant les narines. Et arrivé en forêt, c'était les résineux, les criquets et les grillons, le thym et le romarin ! Et ces petits villages colorés à flanc de montagne, que c'était pittoresque !

De Marseille, la route d'Aix passa par un petit col et, regardant en arrière, il vit un soleil blanc briller sur la vaste étendue des terres. Là, derrière lui, se trouvait la forêt de pins, toute verte dans le lointain, et d'un brun sombre, même au printemps, à l'orée la plus proche. Là, très loin à l'horizon, la mer brillant de milles reflets de son bleu turquoise.

D'Aix, il poursuivit vers le cœur des Alpes jusqu'à Forcalquier, une vieille ville abandonnée à l'allure sauvage et enchanteresse. Les murs ne tenaient que grâce aux arbres qui poussaient à l'intérieur des maisons, les pavés des rues étaient soulevés à cause des racines.
Mais, en plein midi avec le ciel d'un bleu éclatant, aucune cité en ruine ne pouvait faire hérisser les poils du vieil homme. Il trouvait tout magnifique, surtout grâce aux paysages montagneux qui se dessinaient à l'horizon. Sur les plus hautes cimes, la neige, non encore fondue, luisait d'une pâle lueur.


* "Sur la route", de Jack Kerouac.

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Tanatloc
Le vieil homme traversa toute la Provence et rien ne lui échappa en ce mois d'avril 1462 : Brignoles, Arles et Avignon, ainsi que les ruines de Draguignan et de Toulon, qui le charmèrent autant que Forcalquier.
Parti vers l'ouest, il fit même un détour par le Languedoc et visita Nîmes, Alais et Uzès en mai.


Puis, ce fut le départ de Marseille -enfin!-, toujours sur le Sirius, et toujours dirigé par la belle Héloïse. Ils firent un court arrêt à Narbonne, puis mouillèrent quelques jours de la golfe du Lion avant de partir, pleines voiles dehors, direction le sud.
Du temps passé à bord de ce navire, nous n'en diront pas un mot ici, car tout est consigné dans le livre de bord.

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Tanatloc
[La péninsule Ibérique - Catalogne, Portugal, Castille, Valencia - Juin 1462 à date inconnue à l'heure de l'écriture]

Le voyage vers les rivages les plus au sud de l'Europe débutèrent pour Tanatloc et Misère au mois de juin 1462, lorsque le Sirius mouillait à Narbonne. Le vieux et son chien prirent alors la poudre d'escampette vers le sud, en longeant la mer.
De ce fait, des Pyrénées, ils n'en virent guère que les sommets au loin, mais restèrent bien en bord de mer, avec les flamands roses, les chevaux sauvages, les lagons et découvrit même son premier spectacle de corrida !

Plus il descendait vers le sud, plus les terres étaient désertes et les villages petits. La mer était toujours aussi bleue, sans iode et sans sel, ce qui dépaysait le vieil homme à chaque fois qu'il la regardait. Je crois que jamais je ne m'y habituerai, se disait-il souvent...

Au bout de plusieurs jours de voyage dans la chaleur étouffante du mois de juin, il arriva à Girona, la première bourgade où le parlé changeait vraiment de celui du royaume de France. Ici, on parlait le catalan. Le vieil homme en comprenait certains mots, ayant grandit en Gascogne où les marchands d'Aragon passait de temps à autre...

Girona était une belle bourgade, dans les terres, à quelques dizaines de kilomètres de la côte. Elle était -et est toujours- traversée par un fleuve paisible, le riu Ter.
Tanatloc se promena sur ses berges puis monta jusqu'à la cathédrale Sainte-Marie, située sur un promontoire et finie quelques cinquante ans auparavant.* Tout comme en Provence, le vieil homme alla se prélasser pendant quelques heures dans les bains arabes, situés en centre ville.**
Il alla se promener sous les remparts de la ville, observant les gardes faire leur tour de garde, bien en cadence sous la chaleur catalane.

La ville contenait bien des attraits aux yeux des voyageurs*** et Tanatloc n'eu guère le temps de tout observer car il n'y resta qu'une journée, juste de temps de remonter vers le nord et Narbonne afin de reprendre la mer.


Girona - Gérone :
*Histoire de la construction de la cathédrale : par ICI.
** Bains arabes, histoire et photo
***Bourg médiéval, photos.

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