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[RP fermé] Aller et Retour, récit d'un voyageur par Tanatloc

Tanatloc
Et le voyage reprit en juillet, direction : le sud.

Au bout de quelques jours en mer, ils arrivèrent en vue de la belle Barcelone, que le vieil homme mourrait d'envie de visiter, tant il en avait entendu parler en Provence. Mais le port était plein et ils durent accoster à Tarragona, plus au sud.

Se repérant sur la carte qui était présente dans la cabine de pilotage, il repéra des futurs voyages à pied et arriva à la conclusion qu'il devrait revenir dans cette région plus tard pour avoir le temps de tout voir, de tout sentir, de tout entendre...
Il resta donc au port, à pêcher et à boire, en mangeant de la viande après chaque corrida, et à écouter les spectacles de rues et les à regarder les danseuses de flamenco.
Il lui arriva même une mésaventure dans un certain quartier de la ville, la veille du départ, mais je vous renvoie au livre de bord si vous voulez tout savoir là dessus !

Ils restèrent donc une semaine, puis le Sirius remis les voiles vers le détroit de Gibraltar, par un beau matin de 14 juillet. Le vieil homme et sa chienne ne virent rien de l’amarrage car ils étaient alités dans leur cabine , ce que tous les lecteurs du livre de bord savent déjà.

En ce départ de la terre ferme, vint au vieil homme un poème oublié qu'il avait lu un jour dans un livre, chez un libraire. Il avait une assez bonne mémoire, pour les chansons et les poèmes, et se le récita en regardant la mer par la fenêtre de sa cabine :


Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui ! *



Afin d'économiser ma plume, voici le récit de leur voyage vers Porto, au Portugal, tel qu'il était indiqué sur le tableau de bord du Sirius :



Lundi 14 juillet midi : Lever des amarres.
Mardi 15 juillet : Ça y est le vent s'est levé, nous pouvons hisser la grand'voile!
HISSEZ HAUT!
Mercredi 16 juillet : Nous passons au large d'Ibiza, une île de la mer Méditerranée.
Jeudi 17 juillet : Passage devant les dernières zones de notre civilisation avant de poursuivre plus au Sud.
Vendredi 18 juillet : Au Nord, la chaîne montagneuse la "Sierra Nevada" - signaux amicaux du Phoenix,navire de l'amirauté royale.
Samedi 19 juillet : 1er jour dans la mer d'Alboran.
Nous croisons une caraque de guerre El Català Sifilític, menée par le Capitaine Lazaro puis l' Étoile Blanche, une nave génoise dont le capitaine est Dame.blanche.
Dimanche 20 juillet : 2ème et dernier jour dans la mer d'Alboran.

Lundi 21 juillet : Passage du Détroit de Gibraltar.
Mardi 22 juillet : Nous croisons une armada composée par deux cogues de guerres le Good Fortune dirigée par le capitaine Yrone, le Hic Sunt Leones dirigée par le capitaine Vitruvio et la cogue l' ATM Enterprise dirigée par le capitaine William.
Mercredi 23 juillet : Au matin nous croisons une nave génoise la Stella Marina menée par Strontium; en début d'après-midi nous passons le cap Saint Vincent.
Jeudi 24 juillet : Nous passons le Cap Espichel, et apercevons les premières villes portuaires du Portugal : Setubal, Lisbonne...
Nous croisons le mauvais marcheur BSC Sapphire mené par le capitaine Fabian.lahague et la nave génoise ICHNUSA menée par le capitaine Statler.
Vendredi 25 juillet : Arrivée à Porto.


*L'appel du large, Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

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Tanatloc
[Reino du Portugal - Juillet et août 1462]

L'arrivée à Porto s'est donc faite par un matin de juillet, sous une chaleur écrasante, par le rio Douro, à l'embouchure duquel la ville est construite, principalement sur la rive nord.

Tout le monde descend ici : Tanatloc et Misère, mais aussi tous les autres passagers du Sirius, car l'escale est promise à durer un mois entier. Chacun prends alors une chambre à l'hôtel en patientant et le vieil homme fait ainsi ses adieux au navire et à son capitaine.
En partant, il lui transmet ses bons vœux à Yousseph le gascon, le premier capitaine à avoir fait monter le vieux sur un grand et fier navire.

Tanatloc, ne voulant pas partir trop vite, visite rapidement la ville, et achète quelques bouteilles d'un vin cuit typique de la région, pour sa consommation personnelle pendant le voyage. En se promenant en ville, il s'extasie devant toutes les céramiques blanches et bleues, ce qui le passionne au plus haut point. D'ailleurs, le ciel et la mer sont du même bleu que ces céramiques, et les nombreuses maisons blanches, font croire un instant au voyageur qu'il est entré dans un monde bi-chromatique*.

Le lendemain, il était reparti, direction le sud, toujours le sud.
Mais que faire-je lorsque j'aurai tout vu et tout connu au sud ? Aurais-je l'envie de remonter au nord, là où il fait froid et humide ? Et ma pauvre Misère, aura-t-elle toujours l'envie de me suivre, moi un vieil homme cheminant avec un bâton sur les chemins du monde ?

Sur les chemins l'éloignant des amis qu'il s'était fait pendant ces longs mois de voyage, lui revint en mémoire un poème qu'il avait écrit pour sa femme, qui lui manquait terriblement**.



Je traverserai les villes
J’emporterai ta voix
J’irai chercher le feu dans le ciel
Et le vent dans nos voiles
Quand l’ombre des nuages
Démasquera nos souffles
Nous volerons sereins
Par les chemins du sort
Et nos songes en fuite
Éviteront les gouffres
Pour balayer ensuite
Les traces de nos morts
Je traverserai les villes
J’emporterai ta voix
J’irai chercher le feu dans le ciel
Et le vent dans nos voiles
Une étoile se repose
Dès qu’un ange s’endort…



*Tout pleins de photos de Porto, par ici.
** Quel présomptueux ce Tanatloc ! Ce poème n'est point de lui, mais d' Isaac Lerutan (2009), et il se nomme "L'ombre des anges".

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Tanatloc
De Porto, Tanatloc et Misère longèrent la côte vers le sud. Les journées chaudes étaient quelques peu éprouvantes pour le vieil homme qui n'était guère habitué ni à de telles températures, ni au vent brûlant qui le desséchait complètement. La pauvre Misère, qui avait toujours vécu à la montagne, dans l'humidité et la fraîcheur, avait, comme son maître, des difficultés d'adaptation.

Il descendirent à Aveiro, puis continuèrent sur Coimbrai, Leiria, Alcobaça, Santarèm et arrivèrent à Lisbonne, ou Lisboa comme les gens au tin hâlé et aux jambes poilues l'appelaient.

La ville possédaient encore les séquelles de son siège, 80 ans auparavant*, surtout dans sa campagne proche, mais la cité en elle même redoublait d'activité. Son port particulièrement car Lisbonne était l'une des plaques tournantes du commerce ibérique. Le quartier du port grouillait de monde, des marchands aux accents maghrébins ou même venus d'Alexandrie, des marins à la peau noir comme du charbon et aux muscles solides, les tavernes dégueulant de bruit et de bière à tout heure du jour où de la nuit, sans parler des nombreuses maisons closes qui parsemaient le paysages, des maisons de commerce, ou de maison de change.
Bref, la ville était en plein essor et l'on y parlait même d'aller naviguer à l'autre bout du monde, d'aller en Inde en coupant à travers les flots !

Le vieil homme trouva la ville bien trop importante et l'éternel bruit qui y régnait ne lui convenait guère, aussi ni séjourna-t-il qu'une seule nuit, préférant continuer son périple. Il traversa le rio Tejo et gagha Setubäl, de l'autre côté de la crique de formait le fleuve à son embouchure. Toujours accompagné de sa chienne, il continua vers Alcacèr do Sal où ils arrivèrent au village le plus au sud de leur périple -mis à part Alexandrie bien sûr !
La ville leur paru plus chaude et plus suffocante que le reste du royaume du Portugal. C'était sans doute une illusion d'esprit, ou peut-être était-ce du à l'arrivée du mois d'août... Personne ne le saura jamais sans doute.

Quelques jours dans ce charmant bourg puis ils remontèrent tous deux vers Montemor, Evora et Elvas. Ici, ils y restèrent deux semaines, profitant de l'agréable climat de l'intérieur des terres pour se ressourcer et prendre quelques repos après ces centaines de lieues parcouru en quelques jours.

Ils ne repartirent d'Elvas que lorsque septembre pointa le bout de son nez et que les chaleurs estivales quittèrent le continent. Profitant de quelques pluies chaudes, ils remontèrent vers Crato et Alvis puis, voulant remonter vers le nord du Portugal et les terres inconnues, il retraversa le Tejo, qui lui paru ridiculement petit après l'avoir vu, majestueux, à son embouchure, et rejoignit Guarda après de longues étapes dans des steppes désertiques.



Ici, il reçu une missive à laquelle il ne s'attendait guère et qui bouleversa le reste de son voyage dans la pointe ibérique. Son amie et capitaine du Sirius avait envoyé une missive à la maréchaussée de cette ville lorsque le navire avait quitté Porto, missive destinée à notre héros, et qu'il reçu lorsqu'il arriva à cette ville. Il la reçu en mains propres le 9 septembre 1462 lorsqu'il se présenta à la maréchaussée afin d'entrer en ville.




Héloïse du Mas-du-Puy, damoiselle d'Ahetze,
et
Florestan de Crevecoeur, seigneur de Saint Pé-de-Brocas
se jettent à l'eau le lundi 22 septembre 1462.

Le départ de leur nouvelle virée aqueuse sera donné en la cathédrale de Narbonne par la diaconesse Rozenn Caillavet, vicomtesse de Ladispolie.

Nous comptons sur votre présence à la cérémonie, et aussi aux festivités qui suivront.


Ni une ni deux, il répondit par l'affirmative au pigeon la damoiselle d'Ahetze.
Il jeta un coup d'oeil à la carte, calcula les distances et les itinéraires possibles pour être à l'heure à la cérémonie. En achetant un cheval avec ses quelques économies, il pouvait sans problème gagner plusieurs jours et être rentrer à temps en France.
Il pouvait même se permettre de visiter les quelques villes qu'il lui restait au Portugal.

Il acheta donc un cheval muni d'une grande sacoche, afin d'y transporter sans risque Misère qui ne pouvait guère soutenir le rythme d'un cheval au trot et s'attela - sans jeu de mots - à visiter les villes manquantes. Viseu, Lamego, Braga et Chaves passèrent très vite et il n'eut guère le temps de s'arrêter pour visiter.

Misère s'acclimata tant bien que mal à son statut de bagage. Elle fut très malade dans les premiers jours, ce qui obligea le vieil homme à ralentir son allure, puis s'y habitua avec résignation, profitant du balancement de la monture pour la bercer et l'endormir.



[Reino de Castilla - septembre 1462]



Quelques jours plus tard, il traversait le rio Douro et sorti ainsi du royaume du Portugal pour entrer en Castille, ou reino de Castilla comme disait les habitants, toujours aussi basanés mais un peu moins poilus. Il passa sans guère s'attarder à Valladolid, sans se douter qu'à peine un siècle plus tard se tiendrait dans cette ville l'un des plus grands débats du siècle**.

Il passa également à Aranda de Duero et arriva pour ainsi à la capitale de ce royaume : Burgos.
C'est pendant cette partie du voyage, entre ces deux villes séparées de 40 noeuds, que Tanatloc mangea ses dernières réserves de maïs qui venaient de ses champs, en Gascogne. Lorsqu'il croqua dans le dernier morceau, il du reconnaître que celui-ci était tout dur et n'avait plus guère de gout. Mais pour lui, il avait toujours un goût du pays, de sa patrie à lui. Misère y eu le droit aussi mais ce morceau de légume n'avait pas le même sens pour elle que pour son maître... Elle ne s'en délecta pas moins que lui pour autant !

A Burgos, ils prirent le temps de regarder la carte, tout en prenant une bière dans une auberge sur les rives du rio Pisuerga. Au nord, il n'y avait rien de civilisé. Il lui fallait retourner au sud et longer le rio Duero pour atteindre le Languedoc au plus vite.

Lorsque notre héros visita la ville, elle était calme et paisible, et peu de voyageurs s'y arrêtaient. Pourtant, quelques 30 années plus tard, lorsque le pape Alexandre VI déclare Saint-Jacques-de-Compostelle comme l'un des trois grands lieux de pèlerinage de la chrétienté, Burgos ne retrouvera jamais son clame, devenant l'un des lieux de halte des pèlerins de l'Europe entière***.


* siège de Lisbonne 1384. Une jolie enluminure d'époque par ICI
** Controverse de Valladolid, portant sur le statut ou non d'humain des indiens d'Amérique, ainsi que sur la colonisation du Nouveau Monde.
*** Histoire de Burgos

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