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[RP]Thérapie d'une sicaire dans son bain.

Anaon


      L'Anaon écoute, oreille tendue, bouche toute conquise par le breuvage qui y coule en un mince filet continu. Pensées se posent sur le petit silence qui prend forme …

    Bouh !

    Sursaut dans son eau, elle se jette à l'autre bout du baquet en entend le paravent branler et manquer de lui tomber sur la poire.

    _ NaaoooOoOooOOOoOn !


    Ô désespoir ! Dans la précipitation, au milieu des petites plumes surnageant l'eau parfumée, l'hypocras s'est versé, diluant parmi les fragrances de rose un filet d'une teinte toute vinasse. Déconfite, elle lorgne sa coupe vide et son bain maintenant dilué. Et c'est avec déconvenue et résignation qu'elle empoigne le drap de bain à sa portée.

    Naon, vous flanquez les j'tons ! J'ai l'impression d'avoir six ans quand vous haussez le ton....

    Un sourire en coin s'étire brièvement sur sa mine désillusionnée par ce bain écourté, passant en même temps la jambe par-dessus le rebord alors qu'elle s'enroule dans le coton. Elle se sèche lentement, ôtant les minuscules rémiges qui auraient eu la bonne idée de lui coller à la peau, non sans s'esclaffer à l'entente du dégoût soudain du Renard:

    _ Humf ! Gonzesse !


    Le drap s'échoue à ses pieds, les mains se posent sur ses hanches, et nue comme un vers, elle détaille consciencieusement les flacons d'huile étalées sous ses yeux.

    _ Tout d'abord Sabaude, sachez que lorsque que vous vous retrouvez sous le nez de Calyce, vous pourriez vous clamer puceau et innocent que je vous croirais volontiers et sans même douter ! Après tout, dans ces instants vous êtes plus charmant encore qu'une adorable jouvencelle... et puis vous n'avez pas de descendance, et je n'ai jamais glissé mon nez dans votre chambre pour voir ce que vous pouviez ficher avec les donzelles que vous rameniez ! Alors ma foi, vous avez tout le bénéfice du doute...

    La rose a eu sa préférence, elle a recueilli une fine perle huileuse au creux de sa paume et ses mains en oignent soigneusement sa peau qui se ravie du subtil parfum.

    _ Du reste... Sachez que je ne chante pas si mal que ça ! Je ne saurai donc en faire une torture.

    Les mains s'ancrent à son cou avant de l'abandonner, pour attraper la robe alanguie sur le haut d'un paravent. S'il n'en tenait qu'à elle, elle se serait couchée en Ève sur son lit, satin de sa peau en seule couverture pour y ronronner comme un chat béat d'avoir été choyé. Mais le "cadeau" de Sabaude est passé docilement, ronchonnant un instant de constater que le décolleté bien choisi par le Vicomte ne s'est pas refermé depuis.

    La main se tend pour agripper son baluchon réservé plus tôt, et l'Anaon emmène ses pieds nus de l'autre côté des paravents.

    _ Comme il est dommage ! Mais dans mes souvenirs – excellents au demeurant - il n'a été fait nulle mention... de... fromage et...

    Le nez se pose sur le décor et surtout sur le tapis de plume qui jalonne le sol. Combats de poules ou dévêtement d'un ange ? Voilà une ambiance des plus idylliques dites-moi. Chimérique surtout. Jouant des orteils dans le duvet, ses pas la mènent bien vite à la cheminée repérée et surtout à l'écrin de coussins dans lequel elle se vautre allégrement. Ouvrant le sac de toile, elle étale ses victuailles réservées. Un hrydromel, un saucisson au beaufort, un bout de pain et dans une boîte en étain, le Saint Graal : Le chèvre frais à la ciboulette ! Le sésame est rapproché d'elle pour couper toute tentative de chapardage du goupil... Et de tendre le bras.

    _ Apportez-donc le couteau, faites pas l'radin !

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    | © Image Avatar : Eve Ventrue | © Image Signature : Cristina Otero | Anaon se prononce "Anaonne" |
Sabaude
Tout d'abord Sabaude, sachez que lorsque que vous vous retrouvez sous le nez de Calyce, vous pourriez vous clamer puceau et innocent que je vous croirais volontiers
et sans même douter !


Coup bas.
A l’arrêt, il grommelle entre ses dents. Peut-être perd-il un peu, beaucoup, énormément ses moyens dès qu'il est en présence de sa Dame Canarde. Mais de là à dire que...


Après tout, dans ces instants vous êtes plus charmant encore qu'une adorable jouvencelle...

Elle vient de l'achever!

et puis vous n'avez pas de descendance, et je n'ai jamais glissé mon nez dans votre chambre pour voir ce que vous pouviez ficher avec les donzelles que vous rameniez ! Alors ma foi, vous avez tout le bénéfice du doute...

Et là elle vient de le déterrer et de le tuer une seconde fois. Les joues renardes sont en feu. Mierdasse, a-t-il vraiment l'air si inexpérimenté? L'esprit fait des bonds et des noeuds. Depuis combien de temps n'a-t-il honoré une femme?
Par tous les vents, presque une année, depuis la Bretagne qui l'a plongé dans un marasme emotionnel et placé face à ses démons et ses envies inavouables et refoulées.


Vous étiez là quand il y a eu Félicie ou Nikita, Louise et... se défend-t-il sans grande conviction... pour la troisième je ne suis plus certain, je ne sais plus ce que j'ai fait pour l'occuper la nuit et l’empêcher de s'en prendre à Judas...Mais je suis certain que nous n'avons pas joué aux dés! continue-t-il sa plaidoirie, museau bas. Et ne vous avisez pas de venir vérifier un jour car pour le coup c'est vous qui finiriez attachée à un lit et laissée là deux bonnes journées pour méditer! Sans picole et sans fumette! Hein hein. est asséné l'avertissement avec un coup de pied dans un tas de plumes. Adorable jouvencelle mon cul oui! Et...

La suite reste en suspension dans sa gorge. La moqueuse vient de passer la ligne protectrice des paravents, apparition sanguine nimbée d'une indifférente assurance, foulant avec légèreté un sol jonché de traits blancs à peine dérangés par l'avancée. Une femme dont la beauté altérée n'a rien à envier à celles trop immatures des jeunes pousses, l'éclat rehaussé d'un regard sévère et sans âge. Les prunelles du jeune homme suivent l'évolution gracieuse, brise fraîche et parfumée traversant la pièce. Le territoire devant la cheminée est conquis et aménagé. A l'injonction il sursaute, tiré de sa léthargie.

Un couteau!

Docilement il obéit et vient présenter l’ustensile, manche vers son invitée après s'être assis devant l'âtre à distance raisonnable. Genoux ramenés vers son torse, son menton se pose à leur sommet et ses bras enlacent ses jambes tandis que le feu dans l'âtre illumine son regard lointain.

Vous allez vraiment faire vôtre peau de vache à ne pas partager votre fromage, Naon? sont enfin rompus les crépitements et discrets déplacements d'étoffe.

Dites-moi, est-ce de la pudeur, un code d'honneur, ou de la peur de me voir fuir quand vous gardez le silence sur vos activités? Vous savez, vous pourriez égorger un bougre à chaque déjeuner que je ne vous apprécierais
pas moins...enfin je crois.


Le corps douloureux est légèrement déplacé pour adoucir la position.

Jouons à un petit jeu. Associez trois qualificatifs à chacun de ces noms.

Sur un fin sourire les voilà égrainés avec lenteur, savamment remis à l'oreille.

Rikiki, Judas, Joseced, Chimera, Sabaude, Anaon.
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Anaon


      La main se referme sur le couteau tendu quand la tête acquiesce dans un remerciement muet. Consciencieusement, la charcutaille est détaillée en tranches fines sur l'étoffe faisant guise de nappe.

    Vous allez vraiment faire vôtre peau de vache à ne pas partager votre fromage, Naon?

    Le regard ne se détourne pas de sa tâche, et le visage garde le même calme sérieux, seulement lézardé par un sourcil se perchant sur son front à l'adorable qualificatif. La pointe métallique se plante dans le ferme de la chair, et la lame apporte aux dents la rondelle convoitée. Les azurites couvrent le vicomte, et déjà elle médite sur sa réponse à donner quant à ses tendances exacerbées à taire toujours ce que tous supposent. Pourtant, Sabaude semble ne pas vouloir attendre et la lance sur un tout autre terrain de verbes. Surprise, la mine se trahit, l'oreille écoute... et c'est une crispation détestablement visible qui affleure à ses traits à la mention de la Redoutée Rousse. L'Anaon se racornit, comme de vieux pétales qui se recroquevillent sur un cœur qui ne veut plus voir la lueur du soleil. Le sujet est tabou, et Renard est bien fourbe d'user de ce qui a pu tant la blesser. Totalement fermée, la sicaire n'ouvre pendant un moment la bouche uniquement pour y enfiler des rondelles de nourriture. Puis un soupir s'échappe, résigné, comme celui d'un parent cédant au caprice de son enfant.

    _ Bon... Rikiki...

    Mine de rien, voilà un jeu qui prête à réflexion ! Un coude se plante dans le moelleux d'un coussin, faisant du poing dressé un appui pour la tempe en pleine agitation. Immobile, la balafrée joue les odalisques alanguies sur quelques sofas exotiques. Et on s'y croirait presque... Si l'on exceptait cette odeur de cochonnaille qui vous reste dans le nez et couvre les odeurs de capiteux que l'on imaginerait volontiers.

    _ « Brut de pomme »... « Amusant »... et « Charmant » !

    La balafrée sourit en coin en lorgnant son voisin. En connaissant le nain, mis à part le premier coup de pinceau, ce tableau pourrait sembler fort surprenant ! Mais comment l'Anaon pourrait-elle le voir autrement quand ce dernier, si bourru, ne manquait pas pour autant de lui servir compliments à sa sauce en plus d'alliances dans l'espoir qu'elle réponde favorablement à sa demande ?

    _ Et je pourrais même dire « déterminé », c'est que le bougre est bien décidé à me marier. Et j'ai rarement connu pareil acharnement.... Hum... Ensuite José.

    Une tranche, à nouveau portée aux lèvres, ponctue un bref instant sa réflexion.

    _ « Taquin », « protecteur » et... « affectueux » ?

    Moue sur les lèves indiquant l'hésitation. Puis la tête hoche vivement, confirmant que là est bien son dernier mot.

    _ Oui, « affectueux » ! Chimera...

    Les lèvres se pincent. L'estomac se pique d'une sensation d'acide bien désagréable et le visage se trouble visiblement. Il y a à la fois tant à dire et absolument rien. Rien, tant Anaon veut effacer cette bonne femme de sa mémoire et ne vouloir plus jamais entendre la moindre évocation de son existence. Qu'avait-elle eu à lui reprocher avant Judas ? Sans doute rien, si ce n'est la même déconvenue qui l'étreint à chaque fois qu'elle rencontre une soi-disant druidesse bretonne. A cette heure de bain, le mépris éprouvé pour cette dernière est bien moindre, et si l'Anaon a matière à reprocher, c'est bien à l'Amant. Cependant, les jours à venir à Alençon ne manqueront pas d'exaspérer leur inimitié. Et l'Anjou à venir, qui lui avouera l'acharnement Chimerien à retrouver Judas, finira de sceller son envie de lui faire bouffer le coin d'une table à leur prochaine rencontre.

    _ « Imposteur »... « Fausse»... « Méprisable »... N'est pas druide pour moi, celle qui n'a pas même l'ombre d'un respect...

    La tête tournée vers le vague se pointe brusquement vers le Renard.

    _ Sabaude : Importun, sournois et cruel !

    Les sourcils se froncent, reprochant clairement au vicomte d'avoir osé lui sortir ce nom-là et lui causer pareil tourment ! Pourtant, sitôt fâchée l'aînée se radoucit, embrassant à nouveau son calme habituel.

    _ Sinon j'aurai pu dire « Espiègle »... « réjouissant »...  « Important »...

    Les prunelles caressent un instant les courbures de l'hydromel pris dans son verre, avant qu'elles ne se concentrent sur la pointe du couteau qui maltraite une rondelle de saucisson sur le pauvre torchon.

    _Judas... « Inconstant », « détestable »...

    Ne lui a-t-elle pas si souvent dit qu'il était homme exécrable ? Ce genre d'hommes nocifs qui ne prétendent jamais cacher ce qu'ils sont, que l'on sait pétris de vices, mortifères, délétères, que l'on voudrait écharper, gifler ; hommes, dont ne peut pourtant jamais - au grand dam jamais ! - s'empêcher d'embrasser ?

    _ « Beau »...

    Le mot est lâché dans un souffle pensif. Le regard se perd dans les flammes. Là est un qualificatif bien banal. Car après tout, quelle femme amoureuse ne trouverait-elle pas son amant beau ? Ça n'en reste pas moins une réalité bien vraie. Son premier fiancé était le mélange parfait entre un Sabaude et un Judas. Et l'Anaon avait toujours préféré les hommes aux allures de soldats et de bucherons, ces armoires à glace, qui lorsque qu'elles se recroquevillent sur vous pour vous prendre dans leurs bras, vous donne l'impression d'être à l'abri dans une coquille dont on ne voudrait jamais ressortir. Judas n'est pas foncièrement immense. Il n'a pas les épaules larges et bien bâties par le labeur. Aucune couture du galbe d'un muscle saillant sous sa peau. Ni cicatrices pour lui donner des airs de conquérant. Et pourtant... Il lui arrivait bien souvent de se perdre dans ces moments de pleine vérité, autour d'une conversation où elle écoute, d'une silencieuse contemplation souvent... Ces moments, où elle regarde à nouveau Judas comme si elle le voyait pour la première fois. Elle ne revoit ni les instants douloureux, ni les blessures. Ni même les souvenirs de jouissances et de béatitudes. Elle le voit simplement Lui, et alors le prégnant lui claque au visage comme une évidence et son crâne résonne toujours d'une simple et unique phrase qui la met pourtant en émoi : « Putain... mais qu'il est beau ».

    _ Anaon...

    L'image de Judas est confié aux flammes. La mercenaire revient à la conversation.

    _ Je crois que ce n'est pas à elle de se juger elle-même.

    Une nouvelle tranche de pain est coupée, et l'Anaon attaque le fameux fromage, le tartinant en couche tendre dont l'épaisseur ferait passer celle du pain pour une feuille de papier.

    _ Pour en revenir à ma pudeur, code d'honneur ou peur... Sachez Sabaude, que ne vous dirai rien aujourd'hui et je ne vous en dirai jamais plus pour les années à venir. Comme je n'ai jamais rien dit, et ne dirai jamais rien à qui que ce soit d'autre. Vous êtes juge... Vous me direz alors, que je peux vous faire confiance, et que je n'ai rien à craindre de vous... Mais que se passerait-il si jamais vous appreniez que j'ai pu m'en prendre à quelqu'un que vous appréciez ? Ou que mes gestes ont été à ce point affreux, que l'aveu deviendra pour vous bien trop lourd à porter ? Peut-être que vous ne direz jamais rien. Mais il est aussi possible qu'un jour l'on sache que vous savez... et on décidera de s'en prendre à vous, pour que vous avouez ce que vous connaissez. On en viendra à vous torturer pour de malheureuses histoires que j'aurai pu vous raconter. Savoir, c'est se mettre un fardeau sur les épaules et je ne vous l'imposerai pas. Alors si je ne dis rien, c'est à la fois pour me préserver moi, et pour vous préserver vous.

    Dans sa boite en étain, le chèvre frais a pris une sacrée claque. Un index le pousse pourtant doucement vers le vicomte.

    _ Je suis blanche. Parce que tout le monde suppute sans aucune preuve. Je ne suis sur aucune liste noire... Je n'ai mon nom dans aucun tribunal. Je ne fais pas partie de ceux suffisamment imprudents, fous ou arrogants pour me vanter de mes actions. Égorger un bougre comme vous dites... ce n'est pas anodin... Un milliard de conséquences en découlent et toutes sont probables et peuvent se réaliser un jour. Ça peut vous retomber sur le coin de la gueule, à vous... Où sur ceux que vous côtoyez.

    Le timbre ne fait en rien office de reproche. Il n'en est pas moins extrêmement sérieux. Les prunelles observent calmement le jeune homme quand ses nacres viennent croquer avec avidité dans la tartine lourdement garnie. Bouchée avalée, le ton se fait néanmoins plus léger.

    _ Je peux cependant vous avouer l'officiel. Un jour, j'ai émasculé un condamné en lui contant la légende de Gwenaëlle et du satyre. Mais ça a été un échec. Il en est mort... A vous de qualifier ces noms sinon ! Et je rajoute Calyce à votre liste !

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    | © Image Avatar : Eve Ventrue | © Image Signature : Cristina Otero | Anaon se prononce "Anaonne" |
Sabaude
Pour en revenir à ma pudeur, code d'honneur ou peur... Sachez Sabaude, que ne vous dirai rien aujourd'hui et je ne vous en dirai jamais plus pour les années à venir. Comme je n'ai jamais rien dit, et ne dirai jamais rien à qui que ce soit d'autre. Vous êtes juge... Vous me direz alors, que je peux vous faire confiance, et que je n'ai rien à craindre de vous... Mais que se passerait-il si jamais vous appreniez que j'ai pu m'en prendre à quelqu'un que vous appréciez ?

Au risque de vous étonner, si je ne fais que l'apprécier, peu m'importe. Vous pourriez laisser la personne tripes à l'air que cela ne me ferait ni chaud ni froid. J'ai apprécié des ennemis sur les champs de batailles et cela ne m'a pas empêché de tailler dans la chair. Mais je vois où vous voulez en venir... quelle serait ma réaction si j'apprenais que vous avez fait du mal à quelqu'un qui m'est cher... ?

Pourrait-il s'en prendre en retour à la sicaire dont la présence est pour lui comparable à celle d'une mère ou d'une sœur aînée ? Il lui suffit de visualiser les visages d'Alphonse, Calyce, Cali, Brune pour trouver la réponse nouée à ses entrailles, serpent à sa gorge serrée : oui. Comment ? Il ne le sait guère, conscient des égarements nés du chagrin et de la colère. Les prunelles se croisent, les mots sont inutiles, ils ne sont que des hommes.
La suite étire ses labiales, ainsi donc l'Anaon veut le préserver? S'il n'était pas aussi frileux de ces contacts de peau, qu'ils soient de son cuir ou de celui de gants, avec la femme assise à côté de lui, celle-ci  aurait dans l'instant reçu l'embrassade.

Le nez se lève sur le chèvre frais poussé vers lui, remerciement sous forme de pitance convoitée. Heureusement pour lui elle ne l'a pas lancé à l'autre bout de la pièce pour qu'il court après. Tel un môme qui vient enfin d'obtenir ce qu'il veut, il délaisse le fromage, le choix de l'estomac et du palais porté sur une rondelle de saucisson.


Sournois, hein? Tssss . Vous avez de la chance que je ne sois pas cruel, Naon.

L'extrémité de velours rose sort de son écrin pour pointer vers sa proie, provocatrice, impudente, puis se rétracte, suivant le fil de sa pensée. Affubler à son tour des noms d'adjectifs.... Plus facile à dire qu'à faire, pris à son propre mauvais jeu...
Le corps s’alourdit et s'allonge, la tête renarde posée sur deux coussins glissés entre eux. Ni trop prés ni trop loin, le regard vagabondant d'une flamme à l'autre.


Rikiki....Grossier, agaçant, pas si antipathique que cela...

Tout ennemis qu'ils soient il a fini par apprécier le nabot même s'il lui retournerait volontiers en l'instant les baffes dues. Par sa faute il en vient presque à sursauter dès qu'une main étrangère s'approche de lui.... Foutu nain!

Judas....tête à claques, irritant, lui.... Foutredieu qu'il peut m'irriter parfois, cette andouille! Faut croire que je me prends d'affection pour les cas de ce monde avec un grand C. 

C'était venu du cœur, torrent de lave et d'eau.

Jose...Sympathique, honnête, aimable.... un être qu'il est plaisant de côtoyer. Et ce n'est pas vous qui direz le contraire, n'est-ce pas? Hein hein!

Aurait-il pu contenter l'Anaon? Non. La peine semblait appeler la peine, en cela Judas remplissait son office mieux que n'importe qui.

Chimera....

Les lèvres se pincent avant de se desserrer. Elle l'avait giflé, pour ce qu'il n'était pas... lui, l'autre....

Compliquée, amère, exaspérante.

Il n'en dit pas plus. Tous deux bouderaient le sujet.

Quant à me qualifier je vais faire comme vous et me défiler, voire doublement en ne vous nommant pas. Ça c'est pour avoir tardé à partager!

En réalité il ne sait définir son aînée, aussi impensable que la toucher.

Et Calyce.... seulement trois? Hum... Ébouriffée, vive, canarde.

Retour sur une fin d'année, de ses embardées dont il a le secret.

Ma cavalière au bal de l'Aphrodite, le Papillon, en a quelques caractéristiques, un peu trop sage, pas assez de folie, mais tout de même.... Le sort a fait que je l'ai revue en Alençon et que les deux jeunes femmes ne sont pas des inconnues l'une pour l'autre. Étrange comme le royaume est petit. Vous ne trouvez-pas ?

Le vicomte se retourne pour fixer son invitée, sourire en coin.

Imaginez qu'un jour nous apprenions que vous et mois appartenons à la même famille! 
Une tante.... une cousine.....  mouis non oublions... rien de plus encombrant que les liens familiaux. 

Au fait, vous ne m'avez pas dit où vous avez eu la ceinture que vous m'avez offerte à la Noël. Est-ce vôtre travail ou avez-vous inspiré celui d'un autre ?

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Anaon


      Mâchant goulument cette tartine qui met ses papilles en extase, la mercenaire n'en prête pas moins attention aux adjectifs Renard. Si elle avoue volontiers le carafon difficile du Von Frayner, entendre la critique sortir de la bouche d'un autre la pousse, par réflexe, à une irrémédiable envie de défense. Et pourtant, les dents se serrent dans le pain. Au vu de ce qu'elle a pu dire elle-même la seconde précédente, elle aura grande peine à trouver des excuses au seigneur ou des circonstances atténuantes.

     Jose...Sympathique, honnête, aimable.... un être qu'il est plaisant de côtoyer. Et ce n'est pas vous qui direz le contraire, n'est-ce pas? Hein hein! 

    _ Oh cha va hein !

    Et d'avaler sa bouchée de fromage. Quand vient Chimera, l'esprit s'est déjà monté bien trop de palissades pour s'émouvoir et réagir d'une quelconque façon.

    Quant à me qualifier je vais faire comme vous et me défiler, voire doublement en ne vous nommant pas. Ça c'est pour avoir tardé à partager!

    _Han ! Vous trichez Sabaude !

    Regard outré, le vicomte lui coupe néanmoins la chique en continuant naturellement. Affichant vaguement une moue insatisfaite, la mercenaire chasse sur le torchon quelque miette coller à ses doigts. Puis elle se retourne, s'allongeant sur le ventre, appuyée sur ses coudes enfoncés dans le moelleux d'un coussin et sur ses avants-bras repliés sous sa poitrine. Et de darder le visage de Sabaude allongé en contre-bas sur les coussins voisins.

    _ Le papillon. La fameuse donzelle voyageant avec vos « duduches » pour reprendre l'expression de Judas ? En effet le royaume n'est pas grand... Surtout dans la noblesse qui, si elle pullule, se connait bien souvent entre elle. Après leur connaissance vient sans doute du fait que Calyce est une Dénéré.

    Lier Calyce à Chimera ? L'Anaon le refuse catégoriquement ne voulant en rien associer cette jeunette qu'elle adore à cette femme qu'elle méprise plus que tout. Alors l'évocation de ce lien se fait bien vaguement et la sicaire passe sans attendre à autre chose. Une main se tend pour allez attraper la petite boîte mystère sagement délaissée par Sabaude. Et alors qu'elle continue, elle la fait tourner entre ses doigts.

    _ Quand au lien de parenté, j'ai beau avoir une famille qui se perd aussi bien aux Miracles que dans la noblesse, je doute que l'on nous trouve une quelconque affiliation... Enfin, vous me direz... J'ai eu l'oncle prolixe qui ensemençait bien plus que serf en laboure, prompt en plus à ramasser tout ce qui traînait comme gosse sur les chemins... Alors sait-on... Imaginez !

    Et de tendre la tête, sourire mutin, cils battants.

    _ Petit cousin... J'pourrai vous pincer les joues comme une tantine un jour de réunion de famille !

    Et de ricaner doucement. Le petit moraillon du coffret saute sous ses doigts et l'Anaon en entrouvre à peine le couvercle.

    _ Hum ? Votre ceinture ? Je ne sais pas travailler le fer, non. Il n'est sans doute pas trop tard pour apprendre. Mais dans ces cas-là, je dessine ce que je veux et je vais voir l'artisan capable de me le reproduire. J'ai fait de même pour votre ceinture. La boucle c'est de l'unique et du sur mesure ! Par contre évitez de faire du gras, sinon le cuir ne fera plus le tour.

    Petit sourire narquois.

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Sabaude
Le papillon. La fameuse donzelle voyageant avec vos « duduches » pour reprendre l'expression de Judas ? 


Eh ! Ce ne sont pas mes duduches !
Rétorque-t-il en reniflant de mépris, garnement mécontent qu'on lui prête telle accointance. Quant à la noblesse qui pullule... tant que ce n'est pas une maladie... Quoique pour certains c'est à se le demander. Avez-vous remarqué que le nombre de titres va parfois de paire avec la taille du balais que la personne a dans le cul ? Certains diraient la taille des dents aussi... et le tour des chevilles...Évidemment ce n'est pas toujours le cas. Heureusement... Voyez-moi, d'une souplesse à toute épreuve, des dents blanches et saines et la jambe d'un lutteur grec!


Renard choisit de s'étirer comme un chat pour donner corps à sa conclusion, allongeant tous ses membres et ronronnant presque auprès de ce feu geôlier, ses prunelles et son ardeur captives des flammes ondoyantes. Pincer les joues... travailler le fer.... fermer les yeux et dormir.
Mais le nez surprend des notes étranges dans l'air après l'ouverture du coffret, l'esprit se ranime, ainsi qu'un coussin lancé en direction de la face de la sicaire.


Faites un jour la tantine devant public et je vous rappellerai Oh combien un nain vous a passé l'anneau aux orteils. Sans oublier la baffe de Finam, la disparition de vos frusques remplacées par des robes. Vous êtes radieuse à ce propos, enhardit-il la conversation sur un clin d'oeil en passant du coq à l'âne avec l’aplomb de l'impudence.
Désormais assis en tailleur presque genou à genou avec l'Anaon, le jeune noble plaque alors ses mains sur son ventre résolument plat et ferme, fruit d'exercices quotidiens et d'une capacité à pouvoir engouffrer à peu près tout ce qu'il veut sans grossir.


Vos pâtés et fromages auront encore à craindre mon appétit, Naon.

L'oeil s'oriente alors vers la petite boite, curieux, défiant le bois d'être percé d'un seul regard pour l'éventrer et le déposséder avant l'heure de ses secrets. Joues balafrée accrochée et libérée par ses prunelles interrogatrices, il dresse le cou et le torse pour guetter l'ouverture depuis un meilleur angle.

Il faudra que je vous présente une amie qui m'est chère, une forgeronne , tantôt bergère tantôt peinturlurée de la couleur de l'or à distribuer des gâteaux pendant un bal. Je gage que vous vous entendriez à merveille et qu'elle pourrait vous enseigner son art. Le marteau et l'enclume sauraient trouver grâce sous vos mains, Naon.

Jouant du bassin et des fesses pour se mettre un peu plus face à son invitée, la mine ouverte du goupil à tout de celle de l'enfant admiratif, l'imagination féconde propulsant le parent dans les forges de Vulcain, entouré de foyers ardents, le poing levé défiant le métal de se courber à sa volonté.

En fait j'aimerais vraiment vous réunir, deux femmes exceptionnelles... Vous voulez-bien ?

Les paupières battent, ailes de papillon, complices du large sourire spécial Sabaude.

Je vous écouterais deviser tout en dégustant vos préparations culinaires, me pourléchant les doigts avec gourmandise, hochant parfois la tête à vos rires et..... bon Naon, vous me montrez ce qu'il y a dans cette satanée boite!
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Anaon

      _ Ce que vous appelez balais dans le fion, j'aime à croire qu'il s'agit simplement d'éducation et d'étiquette, Renard. Si je serais la première à sourire à trop de raideur, j'aime quand les choses sont à leur place. La différence est cependant ténue, entre celui qui vous impose respect et celui qui s'accable de ridicule. Question de fierté à doser...

    Les azurites glissent un moment sur le fuselage d'un mollet grec, ma foy bien dessiné, avant de revenir sur les nervures du petit coffret de bois. La pulpe en redessine les angles, veillant à en cacher encore le contenu des prunelles curieuses.

    « . ..je vous rappellerai Oh combien un nain vous a passé l'anneau aux orteils... »

    La tête bifurque aussi sec, ouvrant la bouche pour riposter que jamais nain n'a réussi à lui ceindre l'orteil, tout comme jamais on a connu homme ayant baffé le minois déchiré Anaonesque sans en payer le prix à un moment ou à un autre. Mais Sabaude, fin stratège du dialogue ou indéniable fourbe, trouve le moyen infaillible de lui couper toute répartie. Au commentaire de sa « radieuseté » le nez se fronce un brin et les pommettes tendent à se teinter. L'Anaon n'est pas tant femme que l'on flatte, et si elle sait s'émouvoir tout en silence d'un compliment sincère, quand elle ne snobe pas les galéjades, elle en tique bien vite. La balafrée en robe, c'est tout une histoire, et Sabaude est expert dans le fait de le lui rappeler...

    Prenant l'air faussement indifférent de l'insensible, la mine exagérément hautaine d'un «  j'vous ai fait plaisir, soyez en ravi. Et de toute manière, vous ne m'atteignez pas » , la sicaire, bien féminine effectivement pour ce soir, darde à nouveau sur ses pupilles sur son petit coffret... Tout en feignant de n'avoir cure du reste des propos. La paume voile derechef l'interstice de la boîte quand le museau se rapproche.

    _ Une statue dorée...

    L'image alors d'une déesse de cuivre se distille dans son esprit. Elle revoit mieux que les autres, cette silhouette aux courbes de bronze, s'approchant d'eux ce soir de bal, sans n'avoir pour autant la raideur du métal qu'elle mimait. Ce costume qui n'était que peinture l'avait frappé par son originalité d'abord, par sa beauté et son ingéniosité ensuite. Oui, Tyché avait été des plus captivantes. Elle oserait même dire ensorcelante. Et de n'avoir eu que la contemplation de cette irréelle apparition, l'Anaon en aurait presque oublié qu'il y avait bien chair qui se cachait sous ce bronze. Deux femmes exceptionnelles... Le tête se tourne un brin, pour approcher l'oreille, avant que sourcil ne se perche pour regarder le Vicomte d'un air chafouin.

    _ Renard Renard Renard... Croyez-vous vraiment que je sois femme à me repaitre de flatteries ? Je suis bien trop âgée pour me faire avoir par de belles paroles...

    Et de rendre un battement de cil. Goupil déblatère, et sans crier gare, la sicaire ponctue sa phrase en enfonçant la pulpe de son index entre les lèvres mâles. Le doigt glisse lentement, jusque sous la lèvre inférieure où il demeure lové, déposant sur le charnu de la lippe quelques étranges parcelles organiques et sèches. Geste sensuel ? Sans doute. Petite vengeance de celle qui compte bien faire rougir quand il se plait si souvent à la rendre purpurine.

    _ Je suis néanmoins femme qui concède... Alors si cela peut vous faire plaisir...

    Un léger sourire vient étirer un coin de lèvres, subtil.

    _ Si vous avez peur de la sorcellerie... Ou que vous avez l'estomac fragile... Je vous conseille de recracher ce que je viens de vous offrir.

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    | © Image Avatar : Eve Ventrue | © Image Signature : Cristina Otero | Anaon se prononce "Anaonne" |
Sabaude
Renard Renard Renard... Croyez-vous vraiment que je sois femme à me repaitre de flatteries ? Je suis bien trop âgée pour me faire avoir par de belles paroles... 

Point de flatterie sous l' »exceptionnelle »mais un constat à la conclusion de son observation et de la chose éprouvée en présence des deux femmes. L'une et l'autre au ciel Renard ne sauraient briller moins qu'une étoile.

Les lèvres amorcent une désunion avortée à la visite inquisitrice d'un doigt qui n'est des siens mais d'elle, la sœur, mère, et en l'instant femme troublante.


Si vous avez peur de la sorcellerie... Ou que vous avez l'estomac fragile... Je vous conseille de recracher ce que je viens de vous offrir.

Le feu n'est plus seulement au foyer de la cheminée, il sourde des joues de l'intrigué et décontenancé du toucher et de l'invasion, permis depuis des mois à un seul.
Corps désordonné lors l'esprit s'agite, le réflexe de rejet se dissout à la source de la surprise et la matière différenciée, amère, se fend sous l'émail, colle au palais et disparaît vers les entrailles. Le visage se tord d'une dernière mimique, le dos de la main essuyant inutilement la langue.


Naon ! Humph !

Boudeur , le jeune vicomte se détourne ostensiblement, montrant le dos à son invitée, assis en tailleur , jambes et bras croisés. Il ne saurait dire ce qui le vexe le plus,
le peau à peau qu'il s'interdit et ne conçoit pas avec la sicaire, application de sa parole donnée à Judas et de son respect pour son aînée... ou de s'être fait avoir comme un débutant. Et ce goût infecte qui le harcèle et se moque !


Qu'ai-je avalé ? Je doute que ce soit pour lutter contre la gueule de bois au matin....

Un coussin est attrapé et glissé entre front affaissé et genoux relevés. La peur et la crainte l'enserrent peu à peu dans leurs bras, leur ombre le plongent dans une oppressante obscurité . Une seule fois, il y a quelques mois, l'ancien serviteur Ried le prit au dépourvu avec sa jusquiame, et la rencontre avec la substance ne fut pas sans laisser de traces. A la gifle reçue il opposa son poing et souilla le sol de ses vomissures. L'expérience passée a en commun l'amertume . Une sueur froide coule le long de son échine, la nuque soumise aux picotements inquiets.

Je ne sais pas ce que c'est, assène-t-il en se retournant d'un bloc, les yeux suppliant rivés aux azurs, ni si c'est assez fort pour me faire délirer. Mais si cela arrive, Naon, ne me laissez pas faire. Ne me laissez pas vous faire de mal.

Puis la tête s'incline, et derrière le rideau de mèches brunes, la fatigue étire l'angoisse aux coins des yeux de précieuses larmes dirigées à l'arête du nez et reçues une à une au creuset du plancher . La vue se brouille, l'esprit se drape d'un voile irisé, le corps cesse la lutte et s'affaisse. Devant la cheminée le Renard dort, la poitrine à peine soulevée par une respiration lente et silencieuse, les traits détendus, son sommeil laissé aux mains de Morphée et de l'Anaon.
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Anaon


      Les doigts reviennent fourrager délicatement dans la petite boîte, regard détourné du Renard, sourire fin toujours rivé aux lèvres. Fière de son effet, amusée de la bouderie. Avec précaution, elle prélève quelques lamelles racornies de l'ensemble, et de répondre avec évidence, sans plus relever la tête sur son comparse.

    _ Vous m'avez demandé d'apporter de quoi nous détendre... C'est ce que j'ai fait.

    Le couvercle est refermé. Et l'Anaon contemple les parcelles coincées entre le pouce et son index. Champignons. Petits et rependus, absolument infâmes une fois séchés, redoutables pourtant pour qui sait s'en servir. Sans faire la fine bouche, la mercenaire en avale une bonne pincée qu'elle finit de faire passer dans une large rasade de vin. Les azurites se posent alors sur le Goupil, et son visage soudainement tiraillé par l'angoisse. Et aux larmes qui coulent, seul un sourire rassurant répond. Sans qu'il ne marque aucune surprise. Aucune appréhension. Aucun jugement.

    _ Ce sont des champignons... Que vous n'avez pas pris en assez grands nombres pour atteindre de telles extrémités, sans doute.

    Aucune inquiétude dans la voix qui se pare d'une douceur rare. Et voilà que Sabaude s'affaissent bien vite, se rompant plus à la fatigue qu'aux effets des diaboliques champignons. L'Aînée couve le corps endormi d'un regard paisible, levant une main qu'elle glisse dans les cheveux du Vicomte. Le geste n'a pas le sensuel exceptionnel emprunté plutôt, non... Il est maternel. Les doigts caressent avec tendresse le crâne brun, comme on caresserait la tête d'un enfant. Et la sicaire veille, le sommeil de ce sacripant de Goupil qu'elle imagine perclus de bien de courbatures d'avoir rempli à lui seul ces trois grands baquets d'eau. Elle attend, appuyée sur un coude, surplombant son cadet, que les petites douceurs organiques veuillent bien la porter vers la latence d'une réalité engourdie avant de la laisser en proie au Miriphique.

    Le délicat parfum de rose. La douce chaleur du foyer. La respiration apaisée de Sabaude. Autant de détails lénifiants qui l'inciteront bien vite à s'allonger pleinement à son tour, une main glissant toujours dans les cheveux bruns de ce grand gamin qu'elle apprécie tant.

    Tendre métronome.

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