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[RP] Encore et encore

Torvar
Les jours étaient vivables car l’été avait été clément. Trop peut être, la douceur de la saison lui manquait et ne laissait rien présager de bon. L’hiver serait en avant, tous les signes étaient là mais Torvar pensait que ça serait un mal pour un bien. Une sélection naturelle pour les êtres les plus faibles car beaucoup ne passerait pas la froidure provoqué par la saison. La main de Matveï sur l’épaule du cosaque et ce dernier tournait son visage dans sa direction tout en tenant le courrier qui venait de lui parvenir.

Citation:
Torvar,

Je ne sais ni quand ni où le messager te trouvera, mais il te trouvera.
Je voulais te donner un peu de nouvelles de nous, et de Zéphir ... ton magnifique cadeau.

Percy pense tous les jours à Vorobei et toi, il a dit qu'il n'était pas inquiet, que tu étais le meilleur Chevalier qu'ils ne vous arriveraient rien et que tu avais promis de revenir le voir. C'est marrant la confiance qu'il a en toi, je le trouve de plus en plus calme. Enfin faut le dire vite ...

Nous sommes revenus nous installer à Sarlat. Dolgar n'y est pas. Elith, une jeune fille de 13 ans rencontrée à Toulouse, s'occupe de lui quand je travaille et continue son enseignement des lettres. Bien sur, Percy reste un lève tôt. Et dès qu'il se lève, il va voir Zephir. J'ai pris une petite bicoque près d'un lac. Le coin est calme, j'y avais des champs de céréales, ça sert à nourrir Zephir. J'ai trouvé un ouvrier pour les foins, et le reste du temps Zephir gambade librement.

A nos heures perdues, nous allons pêcher. On se baigne également, comme en Provence, et Percy nage comme un poisson dans l'eau désormais. Il aime toujours autant qu'on lui raconte des histoires, et reparle souvent de la venue des cosaques. Il aimerait être avec vous, et comme je n'ai pas suffisamment d'argent pour meubler rapidement la maison, il m'a répondu que c'était pas grave, il préférait dormir sur sa natte ou des coussins, comme les "vrais cosaques". Bon sur ce coup là, faut dire que ça m'arrange bien !

Tous les soirs on fait un feu de camp, ça m'permet de réchauffer ou cuire la nourriture ; et tu peux être sur qu'à chaque fois, c'est l'occasion de reparler du campement cosaque. Je crois que tu lui manques, je sais que tu me manques ...

Et toi ? comment ça se passe ? J'imagine que le voyage est éprouvant. Oh j'ai toujours ta pierre autour du cou et ta robe. Donne nous un peu de tes nouvelles Torvar ... et celles de Vorobei bien sur. As tu du te battre, comme tu me l'avais raconté ? Vas tu bien ? Vas tu rester dans ces royaumes ? ...

Percy te serre tout fort,
Je t'embrasse,

Maryah



- Mauvaises nouvelles ?

- humm… non, juste des nouvelles de Percy et de son cheval. Il semble devenir un bon dresseur.

- bien. Il se pourrait qu’un jour il bénéficie de ton enseignement ce gamin. Même si de cosaque, il n’a aucune sang…



La tête de Torvar hocha de façon affirmative face à celle de son neveu. Les choses avaient été dites, avaient été mise à plat. Le cosaque ne pouvait mentir à Matveï et même si les choses avaient été faites pour ne blesser personne mais surtout permettre à Torvar de rester au royaume de France, ça ne valait pas un mensonge à son propre sang. Le voyage sur la tombe de sa fille lui avait permis de remettre les pendules à l’heure. Mais pour le moment, le cosaque abandonnait les siens quelques instants afin de répondre à l’Epicée qui se faisait un lien particulier.



Maryah,

Je te remercie de prendre le temps de me donner de vos nouvelles à toi et à Percy. Et je suis heureux de constater que ton fils devient un vrai petit homme. S’il continue ainsi, il sera un bon dresseur et peut être qu’il pourra en faire son métier vu que tu ne souhaites pas qu’il devienne homme de guerre. Tu sais qu’à l’heure actuelle, il ne pourra jamais rester sans savoir se défendre sinon tu le condamnes avant d’avoir vécu.

Ton fils mérite de tout savoir et de tout connaitre. Je sais que tu as peur de le perdre à nouveau mais le confiner dans une vie qu’il ne souhaite pas, tu vas finir par l’éloigner de toi alors fais bien attention à ce que tu veux pour lui Maryah… Il est petit et encore malléable mais bientôt, avant que tu ne t’aperçoives que le temps à passer, il sera en âge de prendre ses propres décisions et là, tu risques de tomber de haut. En attendant, prends soin de lui et de toi bien entendu.

J’ai été surpris de voir que tu étais retournée à Sarlat. Avais-tu un secret espoir de retrouver Dolgar à nouveau ? Arrête donc de vivre dans le passé et avance. Ce n’est pas ce que tu me chantes depuis des mois ?
Je trouve ça triste de voir que ce que tu préconises tu ne l’appliques pas à toi-même… A croire que tu aimes donner des conseils mais pas en recevoir. Un jour il faudra que tu baisses un peu ta garde et surtout que tu sois un peu plus regardante dans ce que les autres disent. Mais je ne suis pas là pour te faire la morale, je pense que tu n’as pas besoin de ça et moi je n’ai pas envie de passer mes derniers jours avec les miens frustré et en colère contre toi parce que tu m’auras répondu avec ta plume acérée.

D’ailleurs, je ne vais pas tarder à rentrer… ici ou ailleurs… peut être la Bourgogne qui n’est guère loin de la Savoie où repose Kallista… je pourrais m’y rendre plus souvent… si l’envie m’en prend… Sinon pour le collier, garde-le le temps qu’on se revoie. Tu me le rendras à ce moment-là. D’ailleurs, Cette pierre est tout autant une protection pour les voyages qu’un gage de mariage donc si tu dois bouger espérons qu’elle vous protège. A ce sujet, tu n’as plus rien à craindre de mon neveu, il est au courant de tout. On ne ment pas à sa famille et encore moins à celui qui tient dans ses mains les rênes de son clan. Cette histoire l’a d’ailleurs bien fait rire surtout en m’imaginant lié à toi. Il pensait ne rien me dire afin de continuer à subir ton caractère volcanique comme punition mais il a fini par entendre raison.

Je ne sais pas si nos chemins se recroiseront à nouveau Maryah. Comme d’habitude, toi là-bas, moi ici… c’est quelque chose que l’on a joué maintes et maintes fois. Et puis ce n’est pas comme si on était véritablement marié et que l’on éprouvait de réels sentiments… c’est ainsi que vont nos vies…

Je te fais confiance afin de t’occuper de Zéphyr et d’éduquer Percy. Tu y arriveras. Et ne t’oublies pas.



Voilà une bonne chose de faite. Torvar n’avait plus qu’à trouver un coursier puis il retournerait auprès des siens pour les quelques jours qui leur restait à vivre ensemble.
Maryah
{ Autant de peine que de toi ...} *Zazie



    "Jje fais tour à tour
    la moue et l'amour
    je suis ce que tu veux bien faire de moi
    et tu fais tout et n'importe quoi
    Est-ce que tu m'aimes dis-moi
    Pour que tu m'aimes comme ça
    Pour que tu sèmes sur moi
    Autant de peine que de toi "


" Cccccrrraaaaaaaacccccc-tttttcccccchhhhhhhhhhhheeeeeeee "
ça c'est le bruit de son p'tit cœur qui s'déchire par endroit. Un pas en avant, deux pas en arrière : la politique relationnelle du Cosaque, et on comprenait pourquoi la solitude était sa plus fidèle compagne.
Les jolis rêves de Maryah s'envolaient comme les feuilles mortes : non il ne reviendrait pas, non elle ne lui montrerait pas ses progrès avec le petit cheval, non Percy ne lui sauterait pas au cou en lui montrant sa fausse balafre, non ils ne parleraient pas des cosaques, non, non, non et re non. D'où la poupée qui dit non.
Comment pouvait-il quelques semaines plus tôt être dans sa vie, dans son corps, et faire le plus beau des cadeaux à Percy, et l'instant d'après être si loin, ne pas répondre aux questions de la Bridée, et ignorer les sentiments qu'elle avait eu pour lui ... puisque de toute évidence, lui n'en avait pas.

Pouvait-elle l'en blâmer ? Aucun homme n'avait de sentiments sincères envers elle. Peut être sa basse naissance, ou ses anciens réflexes d'esclaves, ou sa différence ... ou sa marque au fer rouge ; si, si, elle l'avait encore vu, ça dégoutait vite. Peut être qu'elle n'était pas bonne cuisinière, ni bonne amante ... une mauvaise femme quoi. Du coup, c'était bien pour passer l'temps, décorer la solitude d'un homme, ou pire ... elle était juste un faire-valoir doublé d'un dévidoir, un passe-temps doublé d'un passe-nerfs. Humpf ... encaisse.

Torvar ... ça d'vait faire ... quoi ... 9 mois qu'ils se connaissaient, se côtoyait, une vraie douche écossaise : un coup chaud, un coup froid. 9 mois, le temps d'une naissance tient. Et de quoi avaient-ils accouché ? Un p'tit cheval blanc, Zéphir. Humpf. Pourquoi s'évertuait il à garder à distance ceux qui faisaient de toute façon partie de sa vie ? Pour ne pas les perdre ? A quoi bon vivre sans amour, sentiment aux multiples formes.
Se faisant ces révélations, elle secoua la tête en s'disant qu'elle devait quand même être un sacré mauvais coup pour qu'les gars autour d'elle débarrassent le plancher, plus vite qu'il ne fallait de temps pour le dire. ça c'était cadeau aussi.

Elle avait ce goût amer d'éternel recommencement avec Torvar. Comme une bête sauvage qu'il fallait réapprivoiser tous les jours, en sachant qu'il vous mordra tous les 10 matins. Et puis, ils en avaient d'bonne les gars ... Oui elle est repartie à Sarlat, vu sa cote sentimentale, l'Epicée peut pas vraiment s'permettre de vivre d'amour et d'eau fraiche. Ils croient quoi ces gens ? Qu'l'argent tombe du ciel ? Qu'une femme célibataire avec un enfant ça vit d'la générosité d'la communauté ou quoi ? Non ça galère. Elle quand ça veut travailler pour rapporter un peu de sous, bah faut trouver quelqu'un pour garder le petit, et ce quelqu'un faut l'payer. Alors faut travailler plus, pour gagner plus, et dépenser plus. Et recommencer.

Flûte de flûte et gnark ! Bref, on s'en fout. Tout l'monde s'en fout, et qu'elle soit telle ou telle, rien ne va, et rien n'ira jamais. Autant s'en faire une raison. Et comme pour Eliance, elle ne s'amuserait pas à contre attaquer, toute cette haine tout l'temps, cette agressivité, ça commençait à la laisser de glace. Tient, comme lui.

Levée de bras, trempage de plume et griffonnage.



Citation:
Torvar,

Je suis ravie de savoir que tu es en paix avec ton clan et avec Matvei ; contente aussi qu'il ne t'ai pas contraint à retourner d'où tu viens. ça n'm'étonne pas que tu veuilles rester loin, mais le choix de la Bourgogne est des plus surprenants, quand on sait que le clan du Joker y est. As-tu un secret espoir de retrouver Appollina ? Et de renouer les liens familiaux ? Après tout, après ce moment partagé avec ton clan, ça ne serait pas étonnant.

Tu parles peu de toi dans la lettre, dois je penser que tu rencontres des soucis et que tu préfères ne pas m'en parler ?

Dis-moi quand tu seras installé, j'ai dit à Percy qu'il te reverrait et je ne compte pas mentir. Car oui, comme je te l'avais dit, mais peut être ne m'écoutais tu déjà plus, je suis remontée à Sarlat, non dans le secret d'y revoir le Serpent, mais tout simplement pour vendre mes sacs de céréales et récupérer des sous. Malheureusement, on n'a pas encore trouvé le moyen de faire des enfants qui ne coûtent rien, et j'ai comme fantaisie de me nourrir deux fois par jour ... ce qui engendre un coût.
J'ai encore environ 200 sacs à écouler. Préviens moi quand tu seras installé, et je préparerai le voyage pour venir te rendre visite, si tu acceptes de nous voir ... bien entendu.

Tu sais, que tu n'aies pas de sentiments réels pour moi, c'est normal, c'est ton quotidien. Mais ne me range pas dans le même sac. Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours. Je suis comme ça. Et si je n'avais pas cet amour, je serai morte depuis bien longtemps, alors ne critique pas ça, s'il te plait ...
Permets-moi, ou pas d'ailleurs, d'avoir de réels sentiments pour toi, et de te souhaiter le meilleur,


Maryah



Elle posa la plume tremblante. Vraie qu'elle était un "pot fêlé" mais elle laissait entrer la lumière, et sortir l'eau. Les fleurs continueraient à fleurir là où elle était portée, comme le disait l'emblème réformé, coûte que coûte, et goutte que goutte.

Elle n'avait par contre pas le cœur à prévenir Percy, qui s'entrainait chaque jour pour faire "ses preuves" devant le Cosaque.
Alors elle repensa aux mots d'Eliance, d'un précédent courrier : " Si Torvar partait, ton gamin apprendrait juste que les gens restent jamais au même endroit. Il apprendrait qu'on fait pas toujours ce qu'on veut, que les gens manquent, quand ils s'en vont. Il comprendrait aussi que c'est pas parce qu'on est loin qu'on aime pas ... ". Tant pis, elle allait le dire à Percy, elle mentirait juste un peu, et elle lui dirai que Torvar l'aime. Parce que quand on fait un cadeau comme ça, et qu'on protège les mêmes personnes pendant des mois, c'est forcément qu'on aime un peu. Et un peu, pour un Cosaque, c'est déjà beaucoup ...
Elle regarda le collier autour de son cou, s'en saisit et l'embrassa.


Toi, t'es bien là. Tu restes sur mon cœur.
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Torvar
Il arrivait au bout du voyage. Dans un jour ou deux, il serait à bon port et pourrait souffler. Sa décision ne concernait personne en tout cas personne qui l’entourait. Après avoir passé des jours avec son neveu et ses hommes, Torvar relativisait sa vie et surtout tout ce qu’il avait perdu jusqu’à maintenant. Matveï avait mis le doigt là où ça faisait mal et le cosaque n’était plus vraiment au mieux de sa forme. Qui plus est, il avait reçu entre temps des nouvelles de la rouquine ce qui rajoutait à son état d’esprit. Mais bon, il devait lui répondre à l’Epicée parce que sinon, allez savoir ce qu’elle serait capable de faire.




Maryah,

Pourquoi est-ce que dès que je ne parle pas de moi tu imagines que je ne vais pas bien ? Je n’ai absolument pas envie de parler de ce que je ressens après le départ de Matveï et certainement pas envie de parler de ma fille. Si je me suis installé en Bourgogne ce n’est pas pour elle, d’ailleurs pour ta gouverne elle n’y est pas… pas plus que Kachina ou le Joker… Si je suis ici c’est par commodité. Et puis, moi le sud, je n’aime pas. Là, je suis sur la route pour partir en direction de chez moi si quelque chose me réclame là-bas. C’est tout.

Tu peux compter un jour ou deux et je serais à Nevers. Là je m’y installerais jusqu’au jour où je serais sur le départ… Un jour tu m’as reproché de m’en aller quand ça n’allait plus… c’est comme ça que je vis depuis que je suis né. Nous sommes attachés à notre mère la Terre mais quand la guerre est finie, nous rentrons dans nos pénates. Pour moi, la guerre est terminée depuis longtemps et je pense m’occuper de chevaux là quelques temps. J’ai le jeune snih qui n’attend qu’à être dresser afin de devenir un merveilleux compagnon et je verrais par la suite…

Tu sais que Percy peut venir me voir autant qu’il le souhaite, où que je sois. Tu ne m’as jamais offert un statut à ces côtés. Je suis un « ami » de passage mais il vaut mieux un ami qui lui soit fidèle plutôt que quelques pères potentiels qui ne jouent pas leur rôle. D’ailleurs, aujourd’hui tu dis que tu as des sentiments pour moi mais arrête donc de te mentir ! Quand je pouvais être quelqu’un dans ta vie, tu m’as repoussé… à chaque fois…. Tu t’es débarrassé de moi en me droguant avec quelques potions pêchées on ne sait où, tu m’as fais passer pour un bouffon en m’embrassant puis en me faisant jurer le silence devant Niallan parce que tu voulais construire une nouvelle vie, tu as tenté aussi avec Dolgar et là… tu me dis à moi que tu as des sentiments pour moi… là je ris.

Parler de sentiments à mon égard n’est pas juste et même réaliste. Tu n’aimes que ton fils Maryah et c’est tout à ton honneur. Mais je t’en prie, ne viens pas me mêler à ça. Je ne suis rien ni personne pour toi. Juste un vieux guerrier que tu as rencontré un jour, avec qui tu as pris du bon temps et c’est tout. Je suis une épaule si tu as besoin de parler, je suis un protecteur si tu le souhaites, pour toi et ton fils, je peux essayer de te conseiller si j’ai la réponse à tes questions mais ne viens pas dire que tu as de réels sentiments pour moi, je ne te le permettrais pas. Toi et moi, on a loupé le coche mais je serais là pour Percy, si tu le souhaites. Je t’ai promis de ne jamais l’abandonner alors je ne l’abandonnerais pas. Au moins, de ceux qui voulaient être son père, il ne lui reste rien, il saura qu’un ami est présent malgré les lieues de séparation.

Maintenant, à mon tour je te souhaite le meilleur à toi aussi… à toi et à ton fils… de la part d’un ami sincère.




Le cosaque signa et fit porter le courrier par un coursier. Il était fatigué de devoir mettre les points sur les i à tout le monde et que cela ne serve à rien… Et après on disait qu’il avait mauvais caractère…
Maryah
Alors qu'elle traverse le Rouergue, Maryah relit toujours la même lettre. Torvar. Sa boîte de Pandore rien qu'à elle ! Dès qu'elle s'adresse à lui, les maux du Cosaque se déversent : la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l'Orgueil ainsi que l'Espérance.
Dur dur d'avoir des sentiments pour lui, quand il ne voit en elle que l'incarnation du Mal. Mais le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Et les souvenirs du passé sont bien présents : la rencontre avinée au feu de camp, les heures de voyage sur le dos de Vorobei, les instants de confidences, sa protection et sa sécurité, le premier soir sous la tente ...
Il peut bien dire et croire ce qui l'arrange. Elle, elle sait. Même si c'est une mauvaise femme, même si c'est le pire cauchemar de tous les hommes, elle sait ce qu'elle ressent. Elle n'a peut être pas été élevée comme lui, elle a certainement appris à retomber sur ses pattes coûte que coûte, mais elle sait.

Certes, elle ne l'aimait pas comme il voulait être aimé. Mais elle l'aimait tout de même. Elle ne s'enquillait pas une quinzaine de jours de voyage pour rien, mais elle saurait garder ça pour elle. Un ami sincère, disait il. Mouais 'fin s'il pouvait éviter d'lui envoyer toute son amertume à la tête ça pourrait p't'êt'le faire. Ce qui la travaillait c'est pourquoi Percy, lui, voulait voir Torvar ? ça la chiffonnait, et le gamin ne lâchait rien.
Enfin chaque chose en son temps, et déjà le revoir ; juger par elle-même s'il allait bien ou pas. Elle n'avait que trop constater son changement d'attitude à l'arrivée de Matvei et restait persuadée que celui-ci avait dit des choses horribles sur elle. Une sorcière, une profiteuse, une empoisonneuse ...ou quoi d'autres ! Allez savoir ! En tout cas, ça avait bien fonctionné, et Maryah s'était littéralement décomposée en apprenant qu'à son retour de Savoie, Torvar ne passerait pas la voir. Les voir.

Bref, aucun intérêt à alimenter ces animosités. Il fallait répondre et annoncer leur arrivée. Ah et surtout, ne pas parler de ses problèmes, de faute de se voir encore enfoncer un peu plus. L'instinct animal du Cosaque le poussait à bouffer les faibles, alors même en prenant la plume, elle se força à un grand sourire ...


Citation:
Torvar,

Je suis contente que tu sois bien installé, et il me tarde de voir les prouesses du jeune Snih.
Voilà deux jours que nous avons pris la route avec Percy, et nous voyageons à dos de Zéphir ; c'est une bonne bête, et ma foi, je ne m'en sors pas si mal.

Nous sommes déjà en route pour venir te voir. Percy veut te parler, un sujet que j'ignore totalement. Certainement, un truc d'homme à homme. Je prie juste pour qu'il ne t'avoue pas être tombé amoureux, ou te demande comment on fait les bébés. Il dit qu'il veut parler au chevalier ; et puis, je le soupçonne de vouloir voir Vorobei aussi, ils ont passé beaucoup de temps ensemble. D'ailleurs, comment va t-il ce vieux compagnon de route ? S'entend-il bien avec Snih ?

Je te trouve particulièrement injuste quand tu dis que tu n'es rien ni personne pour moi, mais j'ai compris depuis bien longtemps que tu ne comprendrais jamais mon point de vue, et que je n'avais aucune chance de te faire changer d'avis. Je te remercie de rester fidèle à Percy, tu es son modèle guerrier je crois. Je pense qu'il t'imagine te battre contre des monstres et dragons en tout genre, l'apanage de la jeunesse.

En tout cas, nous devrions être là d'icy une dizaine de jours. Tu n'auras qu'à me dire quand tu aspireras à retrouver ton calme et nous reprendrons la route.

Te souhaitant la bonne journée,

Affectueusement,


Maryah

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Torvar


Torvar,

Chacun de nos actes a des conséquences.
Je l'ai appris à mes dépends. Nos derniers jours étaient tumultueux, froids, distants. Je ne peux pas vivre comme ça. J'ai compris que nous avions un passif, tu te méfieras toujours de moi et de la vie, en digne mercenaire. J'aurais toujours besoin d'amour, de joie et de valorisation, en digne esclave que je suis.

Je crois que tu n'peux pas concevoir l'idée du bonheur. Je crois que tu n'peux plus t'attacher à qui que ce soit, par peur de le perdre, de le conduire à sa perte. Je comprends.

Je t'aime, comme jamais tu ne pourras m'aimer. Ces choses là ne sont pas contagieuses, malheureusement. J'ai aimé vivre chez toi, j'ai même pensé m'y installer. La pression des derniers jours m'a montré que ce n'était tout simplement pas possible.

Tant pis. Je t'aimerai à mes dépends, et quoique tu en fasses.

Nous sommes sur les routes. Percy va bien, même si la biquette et ses chevreaux lui manquent, et je ne parle même pas de toi ou de Vorobei. Nous sommes en Alençon pour voir un ancien ami Comtois, nous arrivons en pleine scène de ménage. L'Amour est décevant, c'est partout pareil. On n'aime jamais la Liberté de l'être aimé, il en va ainsi en ces royaumes.
Nous avons trouvé une jolie petite auberge, au cœur de la forêt, et Percy adore observer le passage des animaux. Nous avons même pisté un Cerf, une bête magnifique, qu'il s'est empressé de dessiner. Le dessin est pour toi, tu le trouveras ci joint.

Le voyage exotique est repoussé. Ignace et Ober veulent participer au tournoi à Genève. Nous les rejoindrons quand j'aurai suffisamment pris l'air. Je crois que mon fils n'a pas besoin de racines, il a des ailes, il virevolte. C'est un bonheur de le voir grandir et de partager des moments avec lui, comme tu le sais. Nous repasserons certainement au retour par Nevers. A toi de me dire si tu veux nous y voir, ou si dans ton besoin de protection, tu préférerais que j'évite. Il va de soi que je ne dirai rien à Percy. Il me raconte souvent ce que vous faisiez en mon absence, et cela me fait beaucoup rire. Tu le sais, et je t'en remercie, tu es un Père pour lui. Il ne t'oublie pas, et je ne l'oublie pas.

J'espère que tu vas bien, et que tes mains ne souffrent pas trop du froid,
Je repense à nos nuits et cela me réchauffe le cœur et le corps,

Prends soin de toi,
Je t'embrasse,
Nous t'embrassons pardon,

Maryah et Percy

PS : ci joint le dessin du cerf aperçu en forêt



Elle était partie et avec elle son fils. Le petit Percy avait pris la route après quelques semaines aux côtés du cosaque et depuis un vide immense ne faisait que lui rappeler que sa vie n’était qu’un hiver sans fin. Tant pis, il l’avait choisi ainsi. Torvar n’avait pas su mentir ni même jouer la comédie comme la plupart des gens dans ce bas monde. Faire semblant d’aimer Maryah pour garder Percy lui était intolérable. Il avait pourtant éprouvé des sentiments à l’égard de l’épicée et ce dès leur rencontre mais les actions de chacun les avaient séparés… Aujourd’hui, Torvar reprenait la plume pour répondre à celle qui était donc à nouveau partie sur les chemins à la recherche d’un meilleur… Puisse-t-elle le trouver…



Maryah,

Merci de me donner de vos nouvelles à tous les deux. Et tu diras à Percy qu’il n’oublie pas de remercier la nature pour lui avoir laissé observer ce roi de la forêt. Ces derniers ont tendance à ne pas sortir lorsqu’ils sentent l’homme si proche… il devait sans doute se douter que ton petit homme n’avait pas de mauvaises intentions à son égard…

En ce qui concerne ton amour pour moi, que veux-tu que je réponde à tes douleurs et ta tristesse de constater que toi et moi ça ne marche pas ? Je pourrais te donner toutes les raisons du monde, tu ne m’entendrais pas parce que tu ne veux pas le faire. Je ne t’ai jamais caché que je ne voulais pas refaire ma vie même si quand je t’ai rencontré, mes sentiments pour toi dépassèrent rapidement le cadre du travail que tu m’offrais. J’étais charmé par cette femme aux origines lointaines qui pouvait déplacer les montagnes pour arriver à ses fins…. Sauf que j’ai vite été confronté à ton besoin de réconfort comme tu le dis si bien toi-même. Ce fut le borgne que tu choisis pour ça et le reconquérir devenait une obsession. Alors tu me diras que tu voulais donner un père à ton fils et moi je me suis rendu compte que je n’avais pas d’importance… juste un guerrier là pour assurer tes arrières… puis tu m’as drogué pour mon bien, tu te rappelles. Cette foutue maladie qui me ronge de l’intérieur et qui se manifeste de temps à autre… et tu es partie trouver ce que tu désirais, un homme, un vrai, un qui pourrait t’apporter la sécurité à toi et à ton fils… les choses sont ainsi, tu as fais des choix, j’en ai tiré des conclusions. Les mois ont passé, les sentiments que j’éprouvais se sont éteints et même si tu es revenue dans ma vie, cela n’a rien changé.

Je pourrais te mentir, t’affirmer que tout pourrait revenir comme à nos débuts ou quand tu étais chez moi mais non, je ne dirais rien. Tu seras toujours éprise de liberté même si tu essaies de te persuader du contraire. Tu te sentirais comme un oiseau en cage à rester trop longtemps au même endroit même pour le bien de ton fils et moi, moi je n’ai pas la patience de te faire comprendre les choses, ce que je suis, ce que je deviens, ce qui m’a meurtri dans ton attitude, ce qui ne fonctionnera jamais entre nous, ce qui pourrait mais ne saura pas… Tu peux penser que je ne veux pas aimer, t’aimer, tu peux penser que tu n'es pas digne de moi parce que tu as été esclave alors que ça n'a jamais été un poids pour moi alors je dirais simplement que nos actions ont des conséquences, il faut les assumer. Maintenant, tu sais que ma porte t’est ouverte si tu as besoin de te poser quelques jours ou juste une nuit. La chambre de Percy est toujours là, elle vous est réservée à vous deux.

Voilà Maryah, aucun cri, aucune remontrance, juste une constatation de nos échecs et de ses résultats. C’est ainsi, nous ne pouvons aucunement changer le passé alors avançons tel que nous sommes avec chacun nos objectifs et nos contraintes.

Je te souhaite que du bon et du meilleur, à toi et à ton fils. Prends soin de vous deux.




Le cosaque avait envoyé le coursier volant rapidement. Remuer le passé, lui avouer qu’elle l’aimait n’avait pas de sens à ses yeux. Il n’était pas dupe, il le savait mais jamais ils n’arriveraient à s’entendre assez pour vivre ensemble. Elle avait besoin d’amour, il était trop froid… conjuguer le feu et la glace ne fait pas forcément des étincelles !
Maryah
Plume en main, Maryah était absorbée par l'application de Percy dans son dessin de dragon. Elle était restée un peu étonnée de l'empressement de l'enfant à faire un dessin pour Torvar. Combien de fois pouvait-il parler de lui ? Et encore ... quand ce n'était pas pour demander pourquoi Maryah avait dormi dans la chambre de Torvar, ou de sourire quand il disait les avoir vu s'embrasser et demander s'ils allaient se marier. Les enfants sont parfois cruels, sans le savoir. Mais la patience de Maryah avec son trésor était infini ...

Maisssss euh môman ! tu fais quoi ? Ecris-toi, moi je dessine !
- Oui, oui ... mais je sais pas quoi écrire.
- Dis lui qu'on a rencontré Diego et les jumeaux, c'est trop marrant !
- Euh ... pas sûre que ça le fasse rire ... hum ...
- Hé bah si, quand t'étais pas là, moi et Torvar on rigolait tout fort. Il aime bien ça. Allez maman vite ...
- Rho ça va ... il va pas disparaître ...
- Tu lui dis que Zéphyr va bien et qu'il fait des gros progrès. Et aussi tu lui diras qu'il a volé les carottes du marché. C'est pas bien hein. Vorobei il le disputera. Tu dis aussi à Torvar qu'on va venir le voir avant le grand lac, t'oublie pas maman.
- Non, non ... je n'oublie rien ... rien de rien ... pfffff ...


Et elle posa la plume sur le parchemin.



Torvar,

Je me vois dans l'obligation de VITE te répondre, avant que Percy m'en fasse tout un foin. J'ai eu le malheur de lui lire quelques passages de ta lettre et bien sur j'ai ordre de passer à Nevers, quand je prendrai la route pour Genève.
Il n'a de cesse de me parler de tout ce que vous avez fait ensemble, et il s'est mis dans la tête de devenir dresseur de dragon, comme toi. Encore une de ces histoires à perdre la tête, mais bon, ça distrait.

Je suis d'accord avec ta lettre, nous avons fait notre possible, ça n'a pas marché. Nous devons aller de l'avant. Pas la peine de tourner ça dans tous les sens. J'aimerai toutefois qu'un jour tu deviennes son Parrain, ce serait quelque chose de fort pour moi et pour lui. Alors, je te le demande, accepterais tu d'être son Parrain, envers et contre tous ?


Elle s'arrêta là un instant, regardant la forme de l'aile du dragon, souriant en coin. Devait-elle pour la millième fois lui assurer qu'elle n'avait pas voulu fricotter avec Enguerrand, pour la simple et bonne raison, qu'en la faisant sortir de prison il l'avait tout d'même enfermée dans un bordel ... Et qu'avoir été sa chose pendant des mois, n'était pas un traitement des plus honorables.
Devait-elle encore abordé le fait qu'étant orpheline, elle avait une motivation sans pareil, à en procurer une à son fils ? Pouvait il seulement le comprendre, lui qui avait un clan comme famille ? Lui qui avait eu femmes et enfants ?
Soupir. Non, c'était inutile, ça ne servirait à rien. Elle réapprendrait à porter le masque.
Les gros yeux de Percy se posèrent sur elle, voyant bien qu'elle n'écrivait plus, et elle s'empressa de reprendre l'écrit avec un joli sourire.




Je t'informerai de notre venue à Genève. Puisque nous ne pouvons pas changer le passé, construisons l'avenir. Il y a fort à parier que Percy sera content de t'avoir pour lui tout seul, ne t'embête pas pour les histoires de chambre, j'irai à l'auberge. Ce sera bien plus simple pour tous.

Quant à nos vies, elles sont faites de beaucoup de marche, tant mieux le petit a besoin de se défouler. Le voyage à Alexandrie va prendre un peu de retard, je dois voir encore deux amis avant de reprendre la route pour Genève. Percy veut y revoir sa tata Léa, et je pense trouver de quoi lui faire faire une petite initiation bateau sur le lac de Genève.
J'ai acheté une petite charrette, et Zephyre est un bon cheval, on se régale.
De plus, quand nous retrouvons Ober et Ignace, nous retrouvons aussi deux enfants, Lena et Tinig, qui sont devenus amis avec Percy ; le temps passe plus vite pour lui, qui se rêve en pirate.

Après le voyage à Alexandrie, je pense mettre Percy au service d'un Chevalier. J'vais suivre ton conseil, on verra ce que ça donne. Si tu as des noms à me proposer, je suis preneuse. C'est pas franch'ment le monde que je fréquente. Je finis par me rendre compte que forgeron dans un village est loin d'être son souhait, et je ne ferme pas la porte à ses rêves. Je sais que la séparation sera cruelle pour moi, mais comme tu dis, il faut que je le laisse devenir un homme.

Voilà l'essentiel ...


L'exercice était difficile, et Maryah ne s'y sentait pas franchement à l'aise. Il fallait choisir et peser ses mots, cacher ses émotions, taire ses activités dangereuses ... Que dirait-il s'il savait qu'elle avait repris ses vieilles activités, parce que c'était le seul domaine dans lequel elle excellait ? que dirait-il s'il savait qu'elle s'était perdue dans les méandres d'une rencontre facile, qu'elle envisageait de payer un courtisan ? Sûr qu'elle en prendrait pour son grade. Mais parfois lui traversait l'esprit qu'elle pouvait mourir en paix, que le Cosaque serait là pour s'occuper de l'enfant, sans lui refiler aucun vice. Ni vol, ni alcool, ni tuerie.

Comment finissait-on une lettre écrite en toute retenue ?




Amicalement,

Maryah


PS : j'ai oublié de te dire que Zéphyr a volé les carottes qu'on avait achetées au marché. Mais Percy oublie de dire qu'il les avait laissées sur le bord de la fenêtre pour aller jouer avec ses copains. hé hé.

PPS : ci joint le dessin de dragon que Percy t'adresse, il m'a demandé de te dire qu'il te faisait de gros câlins, comme après l'histoire du soir, et que tu pouvais dire à Vorobei qu'il serait bientôt là. Me voilà passeuse de messages.
Tu trouveras le dessin du dragon, et Percy quand il sera chevalier, dresseur de dragons comme toi ... Avec la marque sur le torse et le p'tit bouc ... (ça me fait beaucoup rire, mais chut)
Prends soin de toi.





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Torvar
Torvar, assis devant sa table, la porte grande ouverte afin d’avoir un œil aux aguets permettant de visualiser la prochaine connerie de Raspoutine, le visage sombre et les doigts perdus dans la barbe plus blanche que grise dorénavant se posait mille questions. Des rumeurs étaient parvenues jusqu’à lui… rumeurs auxquelles il n’attachait aucune importance mais qui le contrarierait le cas échéant si une vérité devait sortir de cette triste affaire. Oh il ne fallait pas rêver, ce n’était pas pour lui qu’il était attristé mais pour une rousse qui s’était rappelée à son bon souvenir quelques jours plus tôt par sa présence. Et même s’il avait fait des choix et les assumait, il n’en était pas moins contrarié… les mots dévoilés quelques semaines plus tôt n’en prenaient que plus ample d’amertume. Soupirs exhalés au cœur de volutes de fumées qui s’élevaient, le cosaque coinça sa pipe dans le coin de sa bouche avant de s’activer sur le vélin tout neuf posé devant lui.



Cher Percy et chère Maryah,

Merci pour ce merveilleux cadeau que sont les dessins du petit bonhomme. Je vois que l’imagination de ce jeune chevalier n’est pas en reste et que le coup de crayon se fait plus sûr. Avec le temps, il deviendra un grand artiste si tel est son destin. D’ailleurs, en parlant de destinée, si je le peux, bien évidemment je serais heureux de pouvoir glisser le nom de Percy à quelques chevaliers de ma connaissance afin que l’un d’entre eux puisse le prendre comme page. Je ne promets rien… mes contacts étant plus qu’aléatoires. On aime difficilement se rappeler ma présence parmi les connaissances que l’on a et moi-même ne suis pas assez à l’aise pour prendre Percy à mon service. Je n’ai pas les connaissances qu’il faut pour lui apprendre ce qu’il devrait savoir. Et c’est Percy lui-même qui en souffrirait bien plus que moi et de ça, je ne le permettrais pas.

Pour ce qui est d’être le parrain de ce jeune garçon. Il n’y a pas à réfléchir plus longtemps…. Maryah, tu sais très bien que je serais ravi de le prendre sous mon aile donc merci de me l’avoir demandé. Je ferais mon possible pour apporter ma petite contribution à sa vie ce que j’ai toujours fais depuis que je le connais. C’est un enfant qui mérite de réussir dans la vie et si je peux l’y aider, j’en serais encore plus heureux. Malgré ce que tu peux penser, Percy compte véritablement pour moi. Ce n’est pas parce que toi et moi ne sommes pas un couple que je dois l’abandonner… encore faut-il que tu arrives à me faire confiance sur tout ça… à toi de voir si tu arrives à mettre tes griefs contre moi de côté pour me laisser une place dans sa vie sans arrière pensée… ça serait un grand pas pour nous mais passons…

Sinon ici les nouvelles sont toujours les mêmes … ou non en fait… J’ai eu la surprise de croiser Eliance il y a quelques jours. Toujours aussi rêveuse, toujours aussi amoureuse, toujours aussi écœurante avec son espoir rivé au fond des yeux et au cœur concernant ce mari qui soit dit en passant sait profiter de la vie selon la rumeur… à force de faire prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages*, j’espère qu’un jour ça retombera sur le coin de la gueule à qui de droit… j’aime bien les rumeurs en ce moment même si certaines me surprennent, d’autres m’étonnent et quelques unes m’écœurent ouvertement… enfin, ça passera avec le temps… tout change il parait, moi autant que les autres donc aujourd’hui j’écoute d’une oreille attentive ce que l’on me dit, demain j’aurais oublié… ou pas…

Bon je ne vais pas t’embêter plus longtemps, de mon côté j’ai un voyage à préparer. Et puis je pense que tu as d’autres chats à fouetter avec tes compagnons de route. Percy doit être heureux de se sentir autant entouré. Je sais l’importance que cela a pour lui de se sentir ainsi… presque en famille…

Prenez soin de vous deux autant que possible et faites attention à vous. Même si parfois on semble connaitre les gens, on peut se retrouver trahi en une fraction de seconde par un acte ou une parole… la confiance se perd de nos jours…




Le cosaque enroula le courrier et balança le pigeon par la porte. Aujourd’hui, il ne paierait pas pour que Maryah reçoive cette missive. Si l’oiseau la trouvait tant mieux sinon tant pis, elle aurait encore des reproches à lui faire et il saurait lui répondre… comme à l’ordinaire. Sifflant Raspoutine, Torvar se décida à aller faire un tour au lac de Nevers histoire de se changer les idées.



Phrase tiré d’un titre de film de Michel Audiard « Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages ».
Maryah
L'Epicée relisait encore une fois la lettre, tout en surveillant les enfants du coin de l'œil. Leur chasse aux dragons était des plus mouvementée ce matin, et le banc transformé en barque magique risquait à tout moment de chavirer, emportant les jumeaux qui étaient encore bien jeunes. Diego dormait encore, vrai qu'ils s'entendaient bien pour le partage des tâches, Chu était parti régler quelques affaires qui allaient encore le rendre plus riche que riche. Et la vie coulait tranquillement.
Plus d'excuses pour ne pas répondre. Elle trempa la plume dans l'encre et se décida enfin à répondre à l'Ours :




Torvar,

J'espère que tu vas bien, et je te souhaite une bonne nouvelle année, ainsi que tes vœux exaucés. Mais il semblerait que ceux là en prennent bonne voix. Moi, au delà des rumeurs, j'ai reçu la missive d'une amie qui me disait qu'une jeune fille te recherchait. Une enfant à toi, qui se rappelle à son père. Au début je ne savais pas trop quoi en penser, et puis quand elle m'a parlé d'une impétueuse rousse, les doutes se sont envolées. Tu vas donc ... ou tu as peut être déjà retrouvé ta fille. Catnys, c'est un joli prénom ; je ne sais pas si sa mère sera avec, peut être pourrez vous reprendre là où vous avez arrêté. Bref, cette fin d'année te ramène une famille et j'imagine la joie que ça peut faire.

De mon côté, ayant repris quelques activités d'avant, j'ai eu à rencontrer un commerçant aisé et étranger. La vie est folle et follement surprenante. Il est bridé comme moi, même plus ; il a la même peau. Nous avons longuement parlé. Il y a tout lieu de croire qu'il est le frère de ma défunte mère. J'ai un oncle ... Moi qui pensait ma famille décimée, et ne plus jamais avoir à rencontrer de compatriote, voilà que je rencontre un Oncle, venu tout droit des royaumes d'Orient où il a longtemps commercé. Percy était sous le choc de voir que d'autres gens "différents" existaient et il se réjouit d'avoir de la famille.

Tu as raison, Percy aime à être entouré. Nous voyageons avec Chu Lai, mon oncle, mais également avec Diego, le mari d'Eliance et ses deux jumeaux, dont on s'était déjà occupé au haras. Les retrouvailles des enfants ont été magiques, ils jouent à longueur de journée ensemble, et Percy se révèle être un bon animateur. Il est plein d'inspiration, et les entraine dans des histoires (et des parcours) abracadabrantes. De temps à autre, il s'isole, pour lire et écrire. Il fait d'énormes progrès, il dit que bientôt il t'écrira ... si tu regardes pas trop les fautes d'orthographe.

Bref, la vie s'écoule tranquillement, rythmé par les repas et le coucher des enfants. Il fait très froid sur les routes et je dois reconnaître que j'ai mis en suspens la reprise de mon entrainement. J'ai repris un peu les affaires. J'ai répondu à Eliance aussi. Nous traversons en ce moment même la Franche Comté, je vais revoir mon ancienne bicoque et je ne sais pas trop comment je vais réagir. Peut être y ferai je un saut, il faudra qu'un jour j'oublie ce que j'y ai perdu. Les années passent et on oublie parait il.

Je te laisse le temps de retrouver ta fille, j'imagine que cela va te demander du temps et de l'engagement. Tu me diras si tu acceptes toujours d'être le parrain de Percy. Sois tranquille, je suis en paix avec notre relation ; l'important pour moi est de te savoir heureux et en bonne santé. Je note ta proposition pour les chevaliers, car je dois être honnête, les milieux nobles ce n'est vraiment pas mon fort ; et il est hors de question que Percy soit élevé dans une famille impériale.

Tu me parles d'un voyage à préparer ? Mais où vas tu donc en ces mois d'hiver gelés ?
Prends soin de toi Torvar, et n'oublie pas de te couvrir chaudement. Ta peau d'Ours est indispensable en ce moment, et une paire de gants ou deux aussi.

Percy t'embrasse,
Moi aussi,

Chaleureusement,


Maryah


PS : je n'ai jamais été très douée pour la confiance ...
On ne change pas, on met juste les costumes d'autres et voilà ; on ne change pas, on ne cache qu'un instant de soi *.



Elle releva sa plume immédiatement. Comme elle avait envie de partager les affaires qu'elle remettait en route, fidèle à son passé. Deux dettes sur lesquelles elle ne pouvait cracher. Si l'Ours avait été moins ours, peut être aurait elle pu. Mais à quoi bon ? Qu'il lui rappelle le danger encouru ? L'enfant orphelin qu'elle risquait de faire ? Elle espérait qu'il n'avait plus trop contact avec le milieu mercenaire et qu'il n'avait pas entendu parler d'une certaine Apeau. Il ne fallait absolument pas que leur chemin se croise. Après tout ce serait bien moins grave s'il apprenait pour Diego, elle avait bien le droit de se consoler de l'Ours.
Non, elle ne changeait pas, même blessure de rejet, même comportement dangereux. Mieux valait être acteur de sa vie, pour ne plus jamais être victime.
Non, on ne changeait pas. Et les autres ne décideraient pas pour elle.



On ne change pas, Celine Dion *

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Torvar
Le cosaque soupira lors de sa lecture. Maryah avait le don de ne pas comprendre ce qu’il disait ou ce qu’il écrivait sans compter sa propension à tourner sa vie à la tragédie. De guerre lasse, usé de devoir se justifier ou d’argumenter, il s’installa à sa table et commença à écrire… une lettre qui sera cette fois-ci le reflet de ce qu’il était actuellement.



Maryah,

Je te souhaite à toi et à ton fils une bonne et heureuse année. Il semblerait que vous l’ayez fini en beauté et donc ce nouvel an ne soit qu’une formalité.
Pour ce qui est de Catnys, je te remercie de me faire la leçon quant à ma vie future avec sa mère mais sache que Rosaline n’est plus de ce monde. Et si Catnys a fait le choix de me retrouver c’est qu’elle est consciente aujourd’hui que je suis la seule famille qui lui reste. Je la laisse décider de ce qu’elle veut faire, pour ma part je suis au courant de sa naissance depuis un certain temps déjà mais ce n’était pas à moi de m’imposer. On n’impose pas à son enfant un père qui n’en a jamais été un !

Pour ce qui est de Diego, ses enfants, ton fils et toi… tu es maitresse de ta vie Maryah. Je n’ai rien à redire. J’ai mes convictions sur cet homme, je sais qu’il est persuasif avec les femmes et qu’aucune ne lui résiste et je te sais quémandeuse d’affection… à vous deux vous allez certainement vous entendre à l’horizontale comme à la verticale. La seule chose que je déplore dans cette histoire c’est que c’est à nouveau Eliance qui va en souffrir… encore et toujours. Et toi qui te dis son amie… je pense que la notion de ce mot t’échappe.

Maintenant concernant Percy. Je t’ai dis que j’acceptais de le prendre sous mon aile donc d’être son parrain. Il est où le problème ? Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans mes mots au courrier précédent pour me redemander à nouveau ? Ce n’est pas parce que j’ai une fille de plus que je ne peux pas être parrain de ton fils… mais si cela te dérange, dis-le moi carrément et arrête de tourner autour du pot. On gagnera du temps et de l’argent.

Quant à tes conseils pour mon voyage… n’oublie pas d’où je viens, le froid est pour moi une seconde peau, je ne le crains pas. Au contraire, je l’affectionne donc là où tu souffres, moi je me régale.

Ceci étant dis, prends soin de ton fils et fais attention à lui.



Il se relut vite fais peu enclin à vouloir en dire plus. Cela ne servait à rien. Le fait d’avoir écrit le nom de Diego avait eu pour conséquence de le détacher de toute émotion la concernant. S’il restait encore un semblant d’affection particulière, elle avait été balayée d’un coup violent… la nouvelle année était annonciatrice de changement à l’horizon.
Maryah
Maryah avait pris son temps pour répondre. Elle sentait à la relecture du dernier courrier que Torvar le glacial était à deux doigts de la jeter bien loin de sa vie ... si ça n'était pas déjà fait. Elle ne comptait plus les gens qu'elle avait déçus, mais elle travaillait désormais à s'accepter telle qu'elle était. La perfection n'existait pas dans les royaumes, et elle n'allait pas se laisser juger par un vieil Ours solitaire qui n'avait jamais eu assez de cœur pour l'aimer, et qui de surcroit avait passé sa vie à tuer des gens. Chacun ses travers, chacun ses défauts.

Pendant qu'elle tentait de s'en convaincre, une autre faible voix en elle, lui disait surtout qu'elle n'avait pas envie de le perdre. L'Ours avait beau être un Ours qui ne mâchait pas ses mots, elle appréciait sa droiture et le sentiment de sécurité qu'il lui avait toujours offert. Elle n'oublierait jamais, ce qu'il avait fait pour elle ; ce qu'il avait représenté pour elle. Ni même la confiance qu'elle aurait toujours en lui, un des rares à qui elle avait confié son fils.

Ce qu'il représentait pour Percy était aussi primordial, tout ce qu'il lui avait appris et l'équilibre qu'il lui avait apporté. Et maintenant que Mano et Lucrezia étaient là, ils entamaient parfois tous les 3 les chants cosaques, ce qui la faisait toujours autant rire.

Oui l'Ours c'était aussi ça.
Alors elle fit la paix avec ses sentiments, et mit de côté volontairement les sujets qui pourraient aboutir à un conflit sans retour.





Torvar,

Nous voilà en groupe pour rejoindre Fribourg. Nous y serons demain, et je vais m'offrir un bel appartement. Percy mérite de se poser un peu, et mon oncle habitué aux grands hôtels également. Après des mois de vie nomade, nous méritons tous un peu de repos.
J'ai trouvé mon binôme pour le Tournoi. Je ne sais pas si tu la connais, une ancienne noble déchue pour s'être opposé au pouvoir de l'Empire, une certaine Lothilde qui a été capitaine un bon moment. Une réfractaire qui me fait beaucoup rire, et qui n'a pas son pareil pour les coups à la pas-régulière !
Le tournoi commence le 18 et je m'entraine un peu tous les jours. L'avantage avec les voyages, c'est qu'on ne rouille pas. Il me tarde de commencer, on va voir si j'ai bien retenu les attaques. Tu te rappelles, tu m'en avais appris quelques unes sur les chemins de nos débuts ?
Bref, je te donnerai le résultat.

Percy va très bien, il me dit de te faire des gros bisous et que tu peux te rassurer, Zéphyre est en pleine forme. Il continue à faire ses tâches du matin ; d'ailleurs c'est rigolo quand on est en forêt c'est lui qui s'occupe de la corvée bois. La dernière fois, il a même posé des collets et on a attrapé un lièvre. Il grandit vite, tu sais. Quand tu le reverras il aura bien changé. Je n'ai pas changé d'avis sur le fait que tu sois son parrain. Je sais faire la part des choses, et je n'oublie pas ce que tu représentes pour lui. Tu lui as appris ce qu'un père apprend à son fils, et j'aimerai sincèrement que tu deviennes son parrain. Le truc c'est qu'il faut que je vois comment arranger ça, du fait que je sois réformée et qu'il faut que ce parrainage soit reconnu. Le but étant bien sûr que s'il m'arrive quoique ce soit, Percy puisse légalement vivre auprès de toi.

En parlant d'enfant, comment ça se passe avec ta fille ? Vous êtes vous enfin retrouvés ? J'espère que ça se passera aussi bien qu'avec Percy, tu sais il parle souvent de toi ; et quand il apprend des choses aux jumeaux, il a exactement tes intonations. Il me fait rire. Heureusement que l'été est fini, et qu'il n'arbore plus sa fausse cicatrice sur son torse de petit garçon. Hé hé.

Oserai je te demander comment tu vas et ce que tu deviens ? ça m'intéresse, et je pourrai donner de tes nouvelles à Percy. Oh dit moi aussi comment vont Vorobei et la biquette ! J'aimerai bien passer te voir avec Percy, après le tournoi et avant de partir pour Alexandrie, si tu es d'accord.

Je te tiens au courant,

Bonne semaine,


Maryah

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Torvar
Il avait eu d’autres chats à fouetter que de répondre à l’Epicée mais le cosaque savait que s’il ne le faisait pas, un jour ou l’autre cela lui serait reproché alors il se prit par la main et un soir, seul dans sa chambre à l’auberge, tandis qu’Eunice et les petits dormaient dans celle d’en face, il se mit à la tâche. Mais bien vite, la main se suspendit dans le vide, ne sachant quoi raconter. Sa vie depuis des semaines n’était qu’une succession d’attente, d’espoir et de déception… pourtant il se lança.



Maryah,

Tu me diras ce que tu souhaites faire finalement pour ton fils. Que je puisse me déplacer à temps. Je ne voudrais pas louper cet évènement qui marquera à jamais la vie du petit. Il va rentrer dans le monde des grands et c’est quelque chose qui se fête. Je pourrais lui offrir son premier verre de Gorsalka ! C’est comme cela qu’on devient homme par chez moi. Un bon verre, une femme et le premier sang versé… Je t’épargnerais le reste mais au moins son premier godet sera mémorable !

Pour le reste, ma foi, évite de me parler des jumeaux. Tu sais que j’en ai rien à faire et même si cela amuse Percy d’avoir des « frère et sœur » pour un temps, rien que de savoir de qui ils sont me met les nerfs en pelote. Mais je ne te savais pas une si grandeur d’âme pour jouer les nourrices le temps que leur père aille conter fleurette. J’ai vu Eliance dernièrement et je me doute qu’il est soit avec elle, soit entre les jupes d’une donzelle à qui il n’a pas pu refuser de lui rendre hommage. Remarque, il aurait tord de s’en priver, il sait qu’il y a toujours quelqu’un pour prendre soin des siens à sa place… bref, maintenant que ce sujet est clos, le tournoi. Je ne comprends pas ton envie de prendre une raclée toi qui ne veut même pas que ton fils se batte avec une épée en bois… quelle drôle d’idée tu as. Il faudra que tu m’expliques un jour, quand on se verra ce qui à mon avis n’est pas demain la veille. Tu vas partir pour Alexandrie, je suis sur les routes. Comme quoi, nos chemins se séparent d’eux-mêmes. Mais à ton retour, n’hésite pas à me faire signe. De mon côté, je ne sais quand je serais de retour en Bourgogne. Quelques obligations que me tiennent à cœur sont à l’ordre du jour mais je te tiendrais au courant.

Tu me parles de ma fille et que puis-je te dire, je me le demande. C’est une jeune fille qui n’a plus vraiment besoin de moi. Sa mère l’a très bien élevée mais de ça je n’en douterais jamais. C’était quelqu’un de très bien et qui avait beaucoup de douceur et de compassion pour les autres. Catnys a d’ailleurs beaucoup d’elle même si je trouve qu’elle a aussi de mon côté sauvage. Ce qui donne malheureusement un triste mélange qui, j’en suis certain, lui portera préjudice un jour ou l’autre. Mais je n’ai pas mon mot à dire, elle mène sa vie comme elle l’entend et moi de même… mais tout ceci est assez compliqué. Je doute de pouvoir être utile un jour ou l’autre à n’importe lequel de mes enfants… c’est ainsi…

Voilà pour les dernières nouvelles. Je vais devoir te laisser car j’ai encore quelques travaux à faire.
Prends soin de toi et de ton fils ainsi que de Zéphyr. Et bon voyage jusqu'à Alexandrie.


Maryah
C'était bon de lire le Cosaque, comme s'il avait le pouvoir de la sécuriser et d'apaiser ses angoisses à distance. Finalement, elle se rendait compte que malgré ses rancoeurs et ses reproches, elle aimait le sentir juste là. Qu'il lui fasse la morale ou lui dise qu'elle était nulle, ou que ce qu'elle faisait était nulle, c'était un peu c'qu'elle avait toujours vécu.
Sa douceur, ou ses attentions, la déstabilisaient bien plus que l'habituelle ritournelle. Vrai qu'elle était un cas désespéré. Pourtant elle se rappelait avec tendresse, la nuit d'orage qui l'avait vu revenir chez lui, cette nuit où ils avaient fini nus, cette nuit où elle lui avait offert la peau d'Ours. Celle qui lui collait à la peau, qui lui allait comme un gant.
Elle revoyait le Cosaque dans toute sa bestialité faire un pas vers l'humanité. C'était l'image qu'elle voulait garder de lui. Et pour l'étreinte c'était la première nuit sous sa tente. Inénarrable, ineffaçable. Elle se voyait petite Louve entre les grosses paluches de l'Ours. Ce qu'il lui avait plu à l'époque, c'est qu'il n'avait pas envie d'elle, ni besoin d'elle. Et vous savez comme les femmes reprochent toujours aux hommes, ce qu'elles ont adoré chez eux à la première minute. Maryah n'y faisait pas exception. Qu'il n'est jamais eu envie d'elle passe encore ... mais qu'il ne l'ai jamais aimé ... même pas une petite seconde ... mouarf. C'est là que le bas blesse ; ça vient réveiller une blessure d'enfance, un sentiment d'être toujours la pire chose des royaumes qui puisse exister.

Toutefois, la pire chose des royaumes, avait engendré un magnifique trésor, nommé Perceval. Un petit être parfait d'innocence, d'envie de servir, de générosité et de soif d'apprendre. La religion posait problème, mais jamais Maryah n'aurait baissé les bras s'il s'agissait de son fils. En ce domaine, elle savait parfaitement où aller. Si la Foi n'était pas avec elle, la Loi le serait. Incontestable. Et compte tenu des récents problèmes de Maryah, elle comptait bien régler tout ça au plus vite. D'ailleurs, elle se demandait même si ça ne serait pas plus prudent de remettre Percy à Torvar ces temps ci ...




Torvar,

C'est bon de te lire, ça fait du bien. D'autant plus que j'avais cru comprendre dans une missive d'Eliance que tu étais malade et que je vois qu'il n'en est rien. Tant mieux.
Mmmh par où commencer ? J'aimerai te dire tant de choses. En savoir aussi ... mais je sais, je sais, ça n'me concerne pas.

Avec Percy, on traverse la Savoie là. J'ai une affaire à régler en Bourgogne d'icy une dizaine de jours, je pensais que tu y serais peut être. Pour le baptême de Percy, c'est compliqué. Et je n'ai plus de temps. Il faut que ça se fasse. Alors je vais voir avec un homme de Loi. Tu auras juste un papier à signer, un testament. De façon systématique et officielle, s'il m'arrive quelque chose, tu seras le tuteur de Percy. Il te reviendra de droit. Et je serai la plus heureuse des défuntes. Je pense souvent à la mort, pas toi ? Je f'rai le chemin qu'il faudra pour que tu puisses signer, rapidement. Mais euh ... j'suis pas sûre que Percy soit prêt à boire de la Gorsalka ... c'est amer et puissant ce truc là. Et c'est encore un enfant ... Je lui ai expliqué tout ça, il a dit que ce s'ra comme si tu signais ton intégration à l'Ordre des Dragons, il me fait trop rire avec ces histoires.

Bref ... pour ce qui est de moi ... ça va. M'enfin c'est pas toujours facile. Des fois, j'dois éloigner des gens et ça plait pas. Les gens doivent me trouver bizarre, instable, caractérielle ou j'sais pas quoi, mais c'est juste pour leur bien. Tu sais toi, tu le fais aussi parfois. Souvent. J'espère que ta fille va bien d'ailleurs et que vous avez pu partager de beaux moments. J'espère aussi qu'elle ne sera pas jalouse de ce que tu fais pour Percy.
Pour le tournoi ... c'tait amical, et j'comptais pas trop prendre une raclée. L'effet immédiat c'est qu'ça me défoule, l'effet second ça m'rend fière, et pour terminer ça m'détend, je me dis que j'suis encore bonne à quelque chose. C'est con tu m'diras, mais j'collectionne pas des victoires tous les jours. Au cas où j'm'attirerai quelques problèmes ou ennemis, ça m'fait penser que je saurai me débrouiller. C'est pour ça.

Et toi alors ? Tu as repris la route juste comm' ça ? Ou tu es en mission ? Reparti pour un peu de mercenariat ? J'aime pas trop l'idée qu'tu sois en danger. J'ai eu la frousse quand Eliance a parlé de médecin. Parait que c'est pour quelqu'un que tu connais, j'ose espérer que tout va bien et que tu as trouvé celui dont tu as besoin.

Mmmh ... Torvar ... ça fait du bien d'te parler, enfin de t'écrire. J'voudrais t'dire que ... j't'en ai voulu d'pas m'aimer, mais j't'en veux plus. J'sais que ça se commande pas. J'crois même que si j'étais fertile, j'te ferai un bébé rien que pour toi. 'fin c'est pas ça ... mais j'voudrais tell'ment qu'tu sois heureux, et qu't'aies ton héritier. Je vois bien ce que t'as fait avec Percy, cette confiance, cette assurance que tu as fait naitre en lui. Celle que tu m'inspires aussi, ce sentiment d'sécurité que tu diffuses autour de toi. Celui là même qui fait qu'j'aime bien t'avoir dans les parages. Je sais c'pavé de mots tordus doit t'faire halluciner, mais moi j'ai b'soin que tu saches.
Si un jour il m'arrivait quelque chose, j'voudrais que tu saches c'que j'ai tant apprécié chez toi. Et j'aim'rai aussi que tu racontes à Percy notre rencontre et c'que t'as fait pour moi. Un jour, il sera un homme et cette histoire devra lui servir de ligne de conduite, de modèle. Si j'devais disparaître plus vite que prévue, sache que même si je ronchonne, j'aim'rai que tu lui apprennes à se battre, et à manier différentes armes.
Voilà quelques propositions comme ça.

J'voudrais t'écrire encore et encore, que la nuit passe vite, que le jour se lève, mais j'sens que le long courrier va vite te saouler. J'suis contente qu'on ai réussi à s'apprivoiser, j'suis contente de t'connaître l'Ours, même si j'rale et peste quelque fois contre toi.

Prends soin de toi,
et dis-moi si tu seras prochainement en Bourgogne,

Je te dis rapidement pour les papiers,


Maryah

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Maryah
Du courage, un peu de concentration au milieu de la taverne agitée. Bref, pas d'quoi avoir la larme à l'œil. C'en est presque bizarre de compter sur quelqu'un, de surcroit pour confier son fils. Moment des plus inhabituels. Parce qu'icy, c'est pas les courriers qui affluent. On dit toujours qu'on voit ses amis, le jour où on s'éloigne d'eux. Bah là c'est tout vu ...

Grande inspiration, tandis que ça parle d'os et de miel en taverne. Faut pas chercher à comprendre.




Torvar,

Voilà déjà quelques temps que je suis partie. Tu me vois désolée pour ce départ précipité, mais je pensais que le navire était prêt à partir. En fait, c'était une fausse alerte. Nous avons errer de ci de là avec Percy, mais j'suis d'accord, pour un gamin c'est pas une vie.

En fait, j'ai réussi à avoir le fin mot de l'histoire. Les navires ne sont pas construits. Même que nous n'avons pas le bois nécessaire. Y a un regroupement pour aller bûcheronner, et vraiment c'est pas la place pour un enfant. ça parle gras, ça transpire, ça tape de tous les côtés, et les stères volent pour le chargement.
De plus, Percy se désole de la lenteur de l'avancée des travaux. Je pense qu'il se régalera bien mieux auprès des animaux à s'occuper, de tes chevaux, et je sais ... puisque j'ai vu ta seigneurie, je sais qu'il y vivra confortablement à l'abri des besoins.

Aussi, j'ai payé un escorteur pour qu'il te l'amène à bon port, avec sa Nounou ; son prénom c'est Constance, mais il l'appelle Nounou. Elle n'est plus toute jeune, mais Percy l'aime beaucoup, et elle est très maternante envers lui. Ils devraient arriver chez toi d'icy 6 jours ... à peu près.

Tu dois savoir que certaines personnes de mon entourage m'ont menacé et le petit avec. J'aimerai que tu le gardes à l'abri, de toute façon il ne supporte plus d'être sur les routes je crois. Bien sûr, je viendrai le chercher quand tout ça sera réglé et que les navires seront construits, mais compte quelques mois.

Tu sais ... je n'en reviens encore pas de ce que tu as fait pour lui. J'suis presque gênée. J'sais pas comment te r'mercier de cette chance que tu lui offres. Et de ce bonheur que tu nous fais. Il est ravi de te rejoindre, tu lui manquais et le départ précipité ne lui avait pas permis de faire et de te dire ce qu'il voulait. Voilà qui sera vite corrigé.

Et toi, comment se passent ces derniers jours ? Est-ce que tout va bien dans ta vie ? Parles-moi un peu de toi et de ta vie de noble, à laquelle j'ai tant de mal à me faire.

Je t'embrasse,



Maryah

PS : prends soin d'eux, ils le méritent.

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Torvar
Les nouvelles étaient ce qu’elles étaient et de voyage, seule la destination finale changeait. Torvar préparait quelques affaires dont il aurait besoin quand un jeune serviteur, Tobias, le fils de la cuisinière, entra pour lui tendre un pli… encore. Le cosaque leva un regard fatigué sur le gamin tout en l’interrogeant du regard puis de la voix.

- Encore des mauvaises nouvelles ?
- Je ne sais point mon seigneur mais à première vue l’écriture semble tout aussi féminine…


Décidément, le vieux avait l’art d’attirer les femmes… moins dans son lit que dans ses courriers… il devait perdre du charme le vieux mais un sourire amusé trouva vite refuge sur sa bouche perdue au milieu de sa barbe grisâtre qui trahissait allégrement son âge. Sans aucun doute le pourquoi il n’avait plus de conquête depuis des lustres… trop vieux pour ses conneries…

La lecture se fit rapide et une barre d’inquiétude se logea au milieu du front de Torvar. Il n’aimait pas savoir Maryah en difficulté pour quelques raisons qui soient et le fait qu’on la menace était la seule et unique raison qu’il retenait. Percy était chez lui entre ses murs tout comme elle mais la menace… un grognement digne de ce nom fit fuir Tobias jusqu’à la porte avant que la main du cosaque ne se lève et le fasse se figer le gamin.


- Reviens dans une dizaine de minutes. Ma réponse sera prête.



Maryah, ma belle Maryah,

Je suis heureux de voir que tu te rappelles mon existence avec moins de colère qu’il n’en paraissait la dernière fois que nous nous sommes vus. Je sais que j’aurais dû te prévenir de mon accession à un titre de noblesse mais comment voulais-tu que je te l’annonce sans créer une crise d’incompréhension. Le mieux était encore que tu le constates par tes merveilleux yeux et finalement, tu vois que ça a du bon… au moins je peux vous aider toi et Percy et vous savoir à l’abri de biens des maux me rassurent… quoi que…

Explique-moi ce que tu entends par « certaines personnes dans ton entourage t’ont menacé et le petit avec ». Et ne tourne pas autour du pot, tu sais que j’en ai horreur. Si tu n’arrives pas à me donner de réponse satisfaisante sur qui s’en prend à toi je mènerais mon enquête moi-même et je serais obligé de fouiner même là où tu ne le veux pas… La raison je m’en fous ce que je n’accepte pas c’est que l’on fasse planer ce genre de menaces sur un enfant qui plus est mon fils !!! Si ces personnes ne savent pas que te toucher ou toucher Percy revient à m’avoir pour ennemi elles vont l’apprendre, crois-moi. Et tu peux les avertir d’avance qu’ami autrefois ne pardonne en rien ce qu’elles osent faire aujourd’hui. Je n’ai aucun pardon à leur accorder. Alors j’attends ton prochain courrier pour donner quelques directives et œuvrer pour te garder en vie, une fois de plus.

Tu sais que cela devient une habitude de te protéger. Peut être qu’il faudrait que tu envisages de rester ici toi aussi. Après tout, tu es la mère de Percy et tu peux profiter de ce qu’il y a ici. Je ne te demanderais rien en contre partie, juste être là. Mais je doute que tu acceptes… tu as toujours aimé ta liberté autant que moi alors je peux comprendre que rester enfermer à Cheny te pose problème… dans le cas contraire, tu sais que tu n’as qu’un mot à dire et tu seras à l’abri de tout !

Maintenant parlons sereinement. Une fois Percy arrivée sur mes terres, je t’en avertirais bien évidemment mais dis-moi, as-tu besoin de quelque chose autre que ma présence ? Je ne veux pas que tu penses que je te fais l’aumone Maryah mais je sais que tu en as bavé et que tu en baves encore. Alors si je peux te dépanner de quelques bourses… bien évidemment, si tu préfères penser que c’est un prêt alors vois-le comme ça mais en aucun cas j’exige un remboursement… juste que tu restes en vie pour voir ton fils grandir… alors n’hésite pas l’Epicée… baisse ta garde et ravale ta fierté. Je suis là aussi pour les coups durs.

En attendant, de nouvelles fraiches, il y en a peu tu sais. Je fais l’escorte pour ma suzeraine lorsque je le peux avec sa propre garde et puis j’ai trouvé le moyen de certainement faire couler le sang sans rester dans l’ombre…. Défendre nos terres reste une priorité lorsque tu accèdes à un titre et me voilà en première ligne pour faire mordre la poussière à quelques mal venus par ici… moi qui me désespérais de manier encore mon épée, il faut croire que je ne suis pas encore fini ! Mais inutile de te faire un sang d’encre, je te donnerais des nouvelles autant que je le peux ainsi tu sauras si je suis toujours de ce monde.

Ma belle Epicée, je te laisse pour le moment si je veux que tu me lises rapidement. Alors ne t’en fais pas pour notre fils, il est à l’abri...

...Et si le cœur t’en dit... reviens.
Maryah
Non, elle n'avait pas répondu. Trop d'émotions. Trop difficile. Trop tentant.
Si elle lui avait dit pour les menaces, il aurait su pour Eliance, pour Diego, il aurait compris. Et puisqu'il savait déjà lire ce qu'il y avait dans sa p'tite caboche, elle ferait en sorte qu'il ne sache jamais ce qu'il y avait dans son cœur.
Et puis si elle avait répondu quand elle était au fond du trou, il aurait su, il aurait compris. Alors elle s'était contentée de petites phrases pour remercier le cosaque, au travers des lettres adressées à Percy. Torvar la connaissait trop bien, pour la deviner.

La question du matin avait été foudroyante, un p'tit coup de tonnerre qui annonce le cyclone : " et toi, il n'y a pas un homme dans ton cœur ? quelqu'un qui t'attend quelque part ?"

Elle avait de suite pensé au Cosaque, alors que l'amie en question parlait de l'Italien. L'italien qui d'vait mener la vie douce avec son amante et leur bébé. Pfffffff ... Encore une illusion ! Elle repensait à la nuit à Cheny, elle repensait au doute ... à la tentation d'changer de vie. Mais elle s'était vite souvenue toutes les trahisons, toutes les déceptions, et l'engagement qu'elle avait pris de ne plus s'attacher à un homme.

Mouais ... enfin c'était bien beau tous ces discours, sauf que l'Cosaque il avait planté sa tente dans ce qui lui servait de cœur, et ç'avait été un déchirement de lire qu'il était parti à la guerre. Celle là même qui avait lieu contre l'Empire. Cet Empire qui lui avait tout pris. Impossible qu'il lui prenne encore le Cosaque. Non ...

Alors, oui, si les menaces et la compassion n'avaient pu pousser la bridée à répondre, la peur qu'Il lui arrive quelque chose elle, suffit.



Citation:
Torvar,

Non mais qu'est c'que j'apprends ? Percy m'écrit que tu es parti à la guerre !
Non mais franch'ment ... t'avais dit que c'était fini tout ça. C'même grâce à ça qu'j'ai fini par "tolérer" l'idée qu'tu sois Noble. A l'abri sur tes Terres, plus souvent dans les salons que les champs de guerre !

Je te confie notre fils,
Et toi qu'est c'que tu fais ? Tu t'barres à la guerre.
Tu parles d'un exemple !

...

Je sais, tu vas mal prendre mon courrier, me dire que j'ai rien à te dire et que tu vas pas changer pour moi. Que t'es un grand garçon, libre, que tu fais ce que tu veux, que personne ne décide pour toi mais bordel Torvar, j'suis profondément inquiète pour toi.
Et si tes mains faillissent ou faiblissent pendant le combat, tu y as pensé à ça ?
Et ta suzeraine, elle est pas folle de t'envoyer au combat ? Elle pourrait te garder en réserve ou en stratégie ! Par Déos, Torvar, j'veux pas que tu meurs ...
Jamais.
Et même que tant pis si ça te fait enrager, mais je t'interdis de mourir.
Voilà, c'est dit !

Pour faire plus calme, et te distraire un peu, j'ai reçu un long courrier de Percy qui me pardonne enfin. Je te remercie de lui avoir expliqué que je ne l'abandonnais pas. Il aime vivre chez toi, et je t'remercie pour les Cosaques autour de lui. Pour l'Arc aussi. Mais tu n'as pas besoin de faire de folies de ce genre tu sais. Il lui suffit d'être à tes côtés, pour être heureux.
Je sais pas trop lui expliqué pourquoi on n'est pas mariés, vu qu'il nous a trouvé dans l'même lit le lendemain de l'arrivée à Cheny. Il s'est mis cette idée en tête, il veut même demander une robe à ta Suzeraine. Tu pourrais peut être lui annoncer que tu ne peux épouser qu'une noble ? ça réglerait l'affaire sans heurt.

De mon coté, nous avons enfin, à peu près réuni le matériel. Reste plus qu'à se regrouper sur Marseille et payer les ouvriers pour construire le navire. J'aim'rai bien assisté à tout ça. Ce sera la seule chose que j'ai réellement bâtie, si on classe à part l'enfant à qui j'ai donné la vie.

Hummm ... Torvar si je pouvais te plaquer au sol et te séquestrer dans la forêt pour t'empêcher d'aller au combat, saches que je le ferai sans aucun regret.
Je regrette juste de ne pas être là pour t'empêcher de faire des folies, dont celle de te mettre en danger.

S'il te plait,
Ne meurs pas.
Mon fils a besoin d'un père.
Et moi j'ai secrètement besoin de toi ...

Je t'embrasse tendrement,

L'Epicée

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