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[RP] Toutes les mauvaises choses ont une fin aussi.

Ellya
Ellya s'était régulièrement trouvée à la place d'Eloin. En officiante.
Quelques fois, elle s'était tenue en amie ou famille du défunt. Jamais, pourtant, elle n'avait eu de pincement au cœur. Jamais depuis Myrtillia. La mort de son aînée lui avait ôté tout cadrage dans sa candide vie, lui avait laissé un goût amer dans la bouche. Puis le temps avait fait son office. Elle avait oublié.

Mais quand vint le cercueil, elle n'eut pas à prétendre un visage grave pour l'adopter. Elle croisa ses doigts dès qu'Eloin prit la parole. Si elle savait... Si elle savait qu'elle enterrait un Spinoziste. Certes, au cours de son frauduleux mariage, elle avait bien fini par le baptiser. Il n'en restait pas moins un hérétique et c'était bien une des rares choses sur lesquelles il ne lui avait jamais menti.
Ses phalanges blanchirent. Elle serrait fort. Et si le Créateur avait détourné son regard et envoyé Georges purger ses péchés sur Sélène? Avant cet instant, elle pensait s'en moquer. "Qu'il brûle" crachait-elle en silence, depuis des années quand, éreintée de coups, elle s'effondrait sur sa couche.
Alors pourquoi cette crainte qui faisait trembler ses genoux? Cette terreur qui torturait son bas ventre?

Les cierges prirent feu. La croix fut posée. Elle était terrorisée. Elle-même n'était plus prête. Elle-même ne savait plus sur quel Astre elle finirait. Elle eut presque envie de se rouler en boule pour verser toutes les larmes de son corps.
Heureusement, Eloin l'interpella.


O... Oui. Oui. J'ai quelques mots.

Elle aurait pu lâcher ce papier qu'elle avait chargé un Gascon qu'elle ne connaissait même pas d'écrire. Oui, elle aurait parler librement, sans contrainte, de son époux, de ses faiblesses, ses démons, ses rares marques de tendresse. Elle aurait pu raconter le pourquoi de ce mariage, se débarrasser de ce fardeau.
Elle aurait pu être forte. Elle aurait pu croire en ceux qu'elle avait conviés.

Elle porta le papier à ses yeux. Le lut pour la première fois.


Mes amis, je regarde cette ....

Il avait écrit "salle", l'écrivain. Il ignorait. Son hésitation pouvait passer pour de l'émotion. Elle se reprit.

... ce cimetière où vous êtes venus ...

"nombreux"? Adjectif inutile. Elle s'en épargna la lecture.

... et je me dis que la mort à ce pouvoir étrange de nous rassembler. Je vous vois tous ici et cela me fait chaud au cœur de nous sentir ainsi tous unis. Comme si au moment où un être cher nous quitte, nous nous rassemblons tous, pour mieux mesurer l'importance de notre union.

Quel miel! Allait-elle passer pour l'amie parfaite?

Moi qui fut son épouse pourtant aujourd'hui je me sens partagée. Partagée oui, entre la peine et la joie. Entre la tristesse d'avoir perdu un ...

"être cher"? Non, non, elle ne pouvait pas lire cela! Vite, vite, un mot de substitution!

... cheval. Heu. Non. Non. Pardon. Je... Je reprends.

Raclement de gorge. Elle déraillait.

Entre la tristesse d'avoir perdu un confident...


Il avait partagé nombre de ses secrets. Le reste, elle s'obligea à le lire vite, sans pause. De crainte de dire de nouveau n'importe quoi.

... et la joie de le savoir enfin libre. Georges était un homme remarquable, nous le savons tous, mais il était à l'étroit dans cette vie. Son génie, son talent et sa fougue en étaient la preuve et c'est sans doute pour cela qu'il était si débordant de créativité. Sa vie, il l'a menée comme il était, avec entrain et brio, mais toujours de manière décalée. Comme si les voies tracées étaient trop faciles pour lui. Il avait besoin d'autres espaces, d'autres possibilités. Il était à l'image de ses parures : éblouissant.
Comme toutes les personnes brillantes il était vu, remarqué et admiré. Ce n'est pas toujours facile de vivre au coté d'une personne si forte, mais c'est toujours passionnant.


D'où il tirait ça, le Gerei? Elle aurait pu rire jaune.

La passion, encore un de ses traits. Il n'était pas, vous le savez, dans la demi mesure. Il vivait complètement, entièrement, de tout son être. Ses batailles il les a menées sans peur, sans hésitations et sans regrets. Il taillait dans l'ennemi comme s'il s'agissait d'éclaircir une forêt, comme pour y voir plus clair, toujours à la recherche de plus d'espace et de liberté.
Il n'était pas difficile d'être sous son charme.


Sous son joug aurait été plus juste.

Si l'on pouvait mesurer l'intensité de la vie, assurément la sienne aurait été des plus denses et lorsque le T... Le T... Le Tout Puissant l'accueillera cette densité comptera encore plus que toutes ses magnifiques créations.

Si seulement cela pouvait être vrai. Combien d'autres mensonges allait-elle devoir prononcer pour paraître une bonne épouse?

C'est forcement le cœur plein de peine qu'on le regarde aujourd'hui s'en aller vers le Soleil, rejoindre la pure lumière d'Aristote. Lui qui a tellement brillé dans sa vie il va enfin maintenant pouvoir être à sa juste dimension.
Il m'est extrêmement difficile de quitter cet être aussi prenant, même si je sais que là où il est il continuera de nous éclairer et d'une certaine manière de nous guider. Maintenant qu'il est au près du Tout Puissant.


Sa gorge se noua.

Georges, mon ami, j'aimerais te...

Quoi?! Du tutoiement? Gerei ne lui épargnait rien.

... dire un dernier mot. Puisses tu là où tu te trouves, enrichir ma foy et guider mes pas. J'aurai peut-être ainsi encore par moments la chance de te sentir à mes côtés, et me savoir ainsi accompagnée dans ma quête.

Elle porta une main à ses lèvres. Nauséeuse. Ce discours était beau. Trop beau. Quand tout était laid.
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Lanceline
La lettre lui était venue comme un cheveu dans la soupe. Quoi que ce n'était pas plus mal. La Blonde était heureuse de quitter un instant la Bretagne pour rejoindre Paris la malheureuse. Elle n'avait pas répondu à Ellya, mais peut-être la lettre s'était-elle perdue dans la fuite éperdue que la noble avait entrepris depuis le Béarn. Depuis Ernst.
Depuis, elle était en chute libre, s'étant toutefois raccrochée in extremis au breton rencontré en chemin. Et elle avait bien fait -ou presque-.

Parce qu'elle n'avait malheureusement pas réalisé qu'épouser cet homme la pousserait à aller en Bretagne. C'était pourtant logique, un breton ne pouvait vivre qu'en Bretagne. Pourtant il était fourbe celui-ci. Parce qu'il parlait
sa langue. Il avait des faux airs d'homme du sud. Raté.

Regrettait-elle ? C'était difficile à dire. Un mariage n'est jamais facile à juger. Et certainement pas celui-là, parce qu'il avait réussi à la mettre enceinte alors qu'elle s'était dit que plus jamais.
Mais cet homme était bon. Pouvait-on reprocher quelque chose à quelqu'un quand on l'aimait ? C'était difficile à dire. Peut-être que la haine en surgissait plus facilement. Cette haine venant de la Malédiction, celle qu'elle se répétait à chaque fois. Celle qu'elle avait vu rejaillir à son grand désespoir sur Ermelne. Elle n'était pas sa fille. Mais le sang Duranxie coulait, bien malgré elle, dans ses veines.

La Balafrée enfin, arriva au lieu de rendez-vous. Tout juste pour le discours d'Ellya. S'avançant discrètement, elle resta à l'arrière. Sans prêter attention à qui l'accompagnait. Elle ne faisait plus attention à rien ces derniers temps...

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Sashah
Sashah vit encore quelques têtes inconnues puis la cérémonie commença. D'ailleurs personne ne s'était présenté à personne et elle encore moins. Elle nota ça mentalement et sentit son esprit vagabonder, alors que ce n'était ni le moment, ni le lieu. Elle se reprit et se concentra sur la cérémonie.

Rien n'était plus attristant de voir un être cher rejoindre sa dernière demeure. Et ses coups d’œil vers la veuve lui serrèrent le cœur. Elle était complètement effondrée, elle même sentit le chagrin l'envahir. Non pas d'avoir perdu cet homme là, même si elle compatissait et que sa disparition était une tragédie, mais elle avait plusieurs êtres chers qui avaient rejoint le Très Haut. Elle savait que trop la douleur que cela procurait de se sentir seule, de ne plus sentir leur présence... Elle pria en silence, se signa et suivit la cérémonie religieuse avec attention.

Puis le discours de son amie, débuta. Les mots étaient puissants et forts et bizarres par moment ce qui lui fit pencher la tête sur le côté par moment. Elle n'aurait pas douter un instant que ce couple était si soudé, car finalement elle les avait vu souvent séparément, rarement ensemble et elle connaissait peu leur vie. Somme toute la vie privée des gens ne l’intéressait pas le moins du monde.

Elle eut un sourire triste à la fin du discours. Dans la corbeille contenant les présents, elle avait déposé une petite fiole vide en verre qui contenait un message. C'est ainsi qu'elle l'avait rencontré quand elle avait mis une petite bouteille "à la mer", du moins dans le courant d'eau qui se déversait dans la Gironde. Bien qu'elle soit là bien avant lui, il avait alors râlé lui intimant de partir, la menaçant de sa canne, prétendait qu'elle le dérangeait. Le lavoir était public, elle lui avait tenu tête et au bout d'un nombre incalculable de jurons, il avait fini par accepter sa présence. Elle sourit mélancoliquement à ce souvenir, il avait même fini par lui donner des conseils et lui dire qu'en cas de doute, il serait là pour la guider. Drôle de bonhomme qui reposait là, elle espérait en paix et elle écrasa une larme bientôt rejointe par une autre....

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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Equemont
Le type à la droite de Lanceline, c'était le Breton. Il l'avait accompagné parce qu'il ne voulait pas laisser sa femme, proche d'un état dépressif, aller seule dans ce bouge de Paris. La dernière fois leur avait été préjudiciable.

Il restait à sa droite, doucement, sans la brusquer de trop. Etre là, être rassurant.

Une femme qu'il ne connaissait pas parlait. Lui n'écoutait plus. D'ailleurs, il ne savait même pas qui était le mort. Line lui avait dit pourtant. Equemont se concentra pour tâcher de s'en souvenir. Oh, ça prenait du temps !

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Lona
    Celui qui l'avait surnommé "la pintade" était alors donc mort ? étendu dans son cercueil comme il l'aurait été dans son lit aux heures du sommeil ? ça n'était pas une blague qu'il leur faisait pour de nouveau attirer l'attention sur lui ? Elle n'en avait d'abord pas cru ses yeux quand les mots se déroulaient sur le vélin qu'elle avait reçu. Et sa soeur lui avait confirmé la nouvelle. Plus aucun doute, il était mort, il avait passé l'arme à gauche, traversé le Rubicon ...

    Et évidemment, parce qu'il était Georges Watelse il partait au milieu d'une foule dense. Elle reconnait quelques visages mais se fit discrète. La cérémonie venait de commencer, elle resterait en retrait dans le fond du lieu sacré. Plus tard, elle irait présenter ses condoléances à son épouse, peut être retrouverait elle aussi sa soeur... Chaque chose en son temps.

    Elle se concentra sur les mots qui montaient de l'autel ...

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Alvira
Alvira était venu avec son frère. L'Armagnac et la Gascogne étant proche, ils avaient fait chemin ensemble. La famille qu'elle découvrait au fur et à mesure, dévoilait à Alvira un esprit qu'elle pensait ne jamais pouvoir vivre. Moteur de liens, le patriarche unissait cette famille dont les membres savaient se serrer les coudes et se montrer présent à la moindre difficulté, ainsi que dans les moments plus heureux.

Une fois sur place, la jeune femme ne suivi pas son frère de suite. Le laissant dire quelques mot à sa nièce. Alvira n'osa venir que quelques instants plus tard, se glissant derrière Lanceline, alors que de léger signe de la mains, et d'un regard elle adressa un sentiment de compassion à celle qui faisait parti des siens.

Assise, elle se tenait plutôt droite, les mains qui se rejoignaient sur ses jambes, à l'écoute de l'oraison d'Ellya. Plus tard, elle ne manquerait pas de venir lui parler. Mais les instants avaient été si court, qu'elle n'avait pas réussi à le faire auparavant.

L'ensemble était assez vivant malgré ce moment de deuil qui s'amorçait, cet "au revoir" particulier, pour un homme qui semblait l'être tout autant. Les yeux de "La Duranxie", passaient lentement sur les quelques personnes présente, pour revenir sur sa nièce et s'y fixer avec douceur.

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Lona
Lona ne voyait pas clairement l'avancée de la cérémonie mais elle avait remarqué les cordes qui avaient fait descendre le cercueil au fond du caveau. Elle avait été attentive aux mots d'Ellya visiblement malheureuse. Comment ne pouvait on pas l'être à la perte d'un être cher... tout autant désagréable qu'il soit. Ne dit on pas que les morts ont toutes les qualités qu'ils n'avaient pas de leur vivant... et vu le monde présent, elle ne devait pas être la seule à penser ainsi.

Elle avait apprécié sa rencontre avec Georges Watelse même s'il était sans doute l'homme le plus imbuvable qu'elle avait pu rencontrer. Elle se dit d'ailleurs à ce moment la que la veuve était bien solide de rester sur ses jambes, quand d'autres n'hésitaient pas à poser leur séant. D'ailleurs à la vue d'une chaise, Lona ne put retenir un sourire. Watelse ne lui en aurait pas voulu, elle ne lui manquait pas de respect mais une chaise dans un cimetière lorsque l'on n'est pas la veuve, avouez que la situation a de quoi paraître cocasse.

La Blondine reporta son attention sur le trou que les fossoyeurs ne tarderaient pas à reboucher ... ad vitam æternam, une fois que le public serait dispersé. Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à cet enterrement comme à une représentation, la dernière, que donnerait l'orfèvre....

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Erasme
Le noble servit un léger sourire à son amie sans plus en ajouter puisque d'autres suivaient derrière. La cérémonie ne tarda pas à commencer et le moustachu fit en sorte de mettre son cerveau sur pause. Hormis pour le discours de la veuve qu'il écouta d'un bout à l'autre en retenant son rire à l'évocation du cheval. Il était certain qu'il eut également été plus triste de la perte de son cheval que de l'époux de cette dernière. Il fit cependant attention de ne rien laisser paraitre de son hilarité. Après tout à un enterrement ... et tant qu'il y avait du monde et surtout la religieuse cela n'était que peu correct.

Toutefois à force de faire du surplace et de ne rien avoir à faire, il commençait à réfréner une envie bien humaine de se lâcher. Il avait beaucoup bu le matin mesme, comme le disait son médicastre il fallait hydrater ce bon vieux corps ... Mais l'était malin celui là, le bon vieux corps lui avait du mal à retenir toute cette eau. Il essaya donc de penser à autre chose quand une idée lui vint à l'esprit. Une idée des plus indécentes mais qui se prêtait plutôt bien à la situation.

Il s'approcha du vieux patriarche, son suzerain, pour glisser quelques mots :


— Après l'enterrement j'aimerai que nous nous épanchions sur la tombe de son époux.

Mais que voulait-il bien dire par s'épancher ... oui bien sur lui donner quelques mots d'adieu. Évidemment. Le suzerain prévenu, il passa à Bretonne qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Il atteignit donc l'oreille de la Line pour lui murmurer à son tour :

— Riwenn et moi mesme devront offrir un dernier adieu à son époux après enterrement quand tous se seront retirés. Restez avec nous vous prie-je. Une présence féminine ne serait point de trop pour cette lourde tache qui nous incombe.

Pom ... pom ... pom. Plus qu'à attendre patiemment que cette mascarade se finisse.
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Eloin
L'abbesse remercia la veuve d'un hochement de teste, sortit de la poche de son vestement son missel, qu'elle prit soin d'ouvrir à la page choisie pour la lecture pieuse.

Dialogue entre Aristote et Epimanos.

    Aristote lui dit: Mais si tu prends quelque chose qui n'est pas composé de matière, cela disparaitra-t-il?

    Epimanos répondit alors: Il ne me semble pas: si ce n'est pas composé de matière alors cela ne peut pas se désintégrer. Cela ne mourra pas. Ainsi la pensée d'un homme comme Pythagore sera éternelle et vivra encore dans plus de mille ans.

    Aristote le questionna de nouveau: Donc tu penses que ce qui est immatériel ne meurt pas?

    Et Epimanos de lui répondre: Avec tout ce que nous avons dit jusqu'ici, je crois que c'est une chose établie.

    Aristote: Alors notre âme, qui est immatérielle, doit elle aussi, ne pas mourir. Quand nous mourons notre corps disparaît, mais notre âme, elle demeure. Et c'est cette vie de l'âme qui est la vie future. C'est cette vie que notre vie présente, dans notre corps, doit préparer.

    Epimanos: Le roi qui meurt va donc vivre encore?

    Aristote: Oui, et c'est pour que cette vie de son âme soit heureuse que je vais prier ce soir.

    Epimanos: Nous prierons ensemble alors.

    Et sur ces mots les deux amis se séparèrent, Epimanos rentra dans le temple de Proserpine, pendant qu'Aristote se dirigea vers la sortie de la ville pour marcher dans la campagne.


"Quand nous mourons nostre corps disparaît, mais nostre âme, elle demeure", comme le dit si bien Aristote.

Ainsi donc, le corps de Georges n'est plus, et sera rendu à la terre. Mais son âme demeure, dans l'esprit de ses proches, dans le souvenir que vous en garderez, aussi n'oubliez point vostre parent. C'est le meilleur hommage que vous puyssiez luy rendre.


La moniale porta alors son regard sur l'assemblée.

Ceux qui souhaiteraient dire quelques mots peuvent à présent le faire.
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Héraldique
Ellya
La Duranxie regardait Eloin tandis que celle-ci lisait le dialogue. Elle la trouvait parfaite. Elle se souvint de Noirlac, quand l'officiante était mariée, alors. Elle se rappela son chagrin quand son époux s'en alla pour le Soleil. Elle se demanda si la Cistercienne n'avait jamais eu de mauvaise pensée.
Oui, Eloin semblait vraiment parfaite. Ellya eut un pincement au coeur. Comme elle aurait aimé lui ressembler!

Son esprit revint à la cérémonie.
Georges ne disparaitrait jamais, elle le savait. Toutefois, l'entendre dire la crispa davantage. A jamais l'orfèvre aurait le regard posé sur elle. Perfide.

Elle doutait que quiconque voudrait parler. Della, peut-être? Dame Saucisse? Les seules qui l'avaient aimé un peu...


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Eloin
Personne ne vint s'exprimer, lors, l'abbesse continua la cérémonie.

Avant de conduire Georges à sa dernière demeure, récitons le Credo.


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Héraldique
Ellya
Elle le lui avait appris, au quinquagénaire, le Credo. Longtemps de cela.

Je crois en Dieu, le Très-Haut tout Puissant, Créateur du Ciel et de la Terre, des Enfers et du Paradis, Juge de notre âme à toute heure. Je crois en Aristote, son prophète, le fils de Nicomaque et Phaetis, envoyé pour enseigner la sagesse et les lois divines de l'univers aux hommes égarés. Je crois aussi en Christos, né de Maria et de Giosep, qui a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis. C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce, il est mort dans le martyr pour nous sauver. Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut. Je crois en l'action divine, en la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, une et indivisible. Je crois en la communion des Saints, en la rémission des...

Elle se bloqua. Elle aurait tellement aimé y croire. Sincèrement. Mais...

... Je crois en la vie éternelle. Amen.

Aucune larme ne vint baigner son visage. L'amertume avait-elle déjà asséché son cœur? Ses doigts se mirent à faire rouler son alliance, autour de l'annulaire. Il lui pressait de la retirer.
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Chipolata
Planquée depuis un trop long moment derrière une grande croix recouverte de lierre jauni de manque de soins, la Saucisse hésitait toujours à s'avancer... Elle se décida enfin, bien malgré elle... Allez zou ! A la guerre comme à la guerre" se dit-elle tout en se pinçant la fesse droite pour allonger une jambe peu enfreinte à aller au casse-pipe !

Elle avait seulement parcouru quelques mètres qu'elle reconnut un dos, sautilla jusqu'à lui tel un Garenne aux aguets et glissa son bras sous le sien sans gêne, mais en douceur.


salut mon Riri ! T'inquiète, je ne fais que passer, j'essaie juste de me rapprocher avant la fin des hostilités ! chuchota t-elle à Riwen en souriant du coin gauche tandis que le droit maintenait un visage de circonstance... On se revoit tout à l'heure, tu me raconteras ce que tu as fichu pendant toutes ces années ! souffla t-elle encore en s'élançant au centre de l'arène...

Elle arriva enfin auprès d'Ellya, lui tapota la main en signe de réconfort, mais aussi pour qu'elle cesse de tripoter cette foutue alliance qui ne lui avait pas apporté que du bon...

Tu vas finir par te faire mal, douce Ellya, et c'est bien inutile maintenant... lui glissa t-elle en appuyant son regard, qu'elle souhaitait de consolation, point habituée qu'elle était à ce genre de circonstance...

Puis elle avança d'un pas vers le défunt et se lança d'une voix enrouée...


Mes amis ! ...mouarf ! Ça commencait bien ! Elle ne connaissait pas la moitié de la populace présente ! Trop tard, elle était lancée !

Nous voici tous réunis pour rendre un dernier hommage à cette vieille baderne mal embouchée qu'était ce drôle de paon, qui n'avait de cesse de remplir sa basse-cour, euh... Sa boutique, de jolies poulettes pleines aux as ! Lui qui les détestait, c'est un comble ! Mais saura t-on jamais ce qu'il adorait finalement le plus...? Des femmes ou de l'argent ? Ça restera un mystère !
Pourtant... Pourtant... Je soupçonne que malgré tout sa préférence allait aux femmes ! Oh pas pour la bagatelle ! Il en était bien incapable...
elle jeta soudain un coup d'œil incertain au cercueil... Le vieux ronchon était bien capable par contre, de faire sauter les gonds de sa caisse s'il l'entendait ! Elle étouffa un gloussement et patienta un instant... Point n'est donc besoin de croque-mort pour lui mordre l'orteil, il est bien mort !
Elle reprit donc rassurée...


S'il aimait les femmes, c'était pour leur esprit ! ...enfin, sauf certaines, celles qui en sont totalement dépourvues... Celles-là, il les pourfendait en trois mots ! Ainsi que les trop douces... Qu'il aneantissait sadiquement... Doux regard vers Ellya... . Bref, pour ma part, rien n'était plus jouissif que de tenir la dragée haute à ce vieux grincheux ! Et pour tout cela, ces longues soirées à se chamailler tels des chiffonniers, je vais le regretter le Wawa.... Oui, car je l'aimais bien sincèrement... ...elle essuya une petite larme, et mi-bouleversée, mi-rageuse, se recula de deux pas, ce qu'elle avait encore à dire serait pour Wawa tout seul car elle comptait bien lui dire sa façon de penser pour ce lâche abandon !
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Ellya
Entendre la voix de la Dame Saucisse près de son oreille lui fit manquer un battement de cœur. La surprise. Se faire mal? Elle aurait aimé lui rétorquer que depuis son mariage, elle n'était que souffrance. Elle s'épargna cette réponse. La Chipo n'avait pas tort. Techniquement, après ce jour, elle n'avait plus de raison de souffrir, si on omettait son Juste Parfait de fils qui se spinozistait davantage de jour en jour, loin d'elle.

Ses pensées furent rapidement ramenées à la réalité quand la Saucisse prit la parole. Et marde. De l'honnêteté. Les mots serrèrent la poitrine d'Ellya. Elle tourna légèrement la tête vers Erasme. Elle espérait que l'avalanche de franchise de la Saucisse n'allait pas réveiller quelque élan chez cet homme qui n'avait jamais apprécié, au demeurant, son époux.

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Erasme
La tête du moustachu passa par de nombreux états suites aux différents discours prononcé lors du déroulement de la cérémonie. Les mots de la mère ... il les avait supportés. La prière ... il n'en fit rien et se contenta d'incliner la tête pour éviter de passer pour l'hérétique du jour. Vint ensuite le discours d'une dame qu'il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Celle-ci ne devait donc point être de la haute noblesse ... Il la dévisagea légèrement, pensif. Oui peut-être de la bourgeoisie. Si le statut social de celle-ci n'avait que peu d'importance pour le noble, ses mots eurent cependant le don de le faire tiquer, et pas qu'un peu.

Cela commençait par un « mes amis » fort peu à propos. Il n'était rien de cela, et ne souhaiterait jamais le devenir. Passons. S'en suivit le rappel de la situation « le dernier hommage », si les autres s'étaient réunis pour cela, ce n'était pas le cas de sa personne, qu'elle ne le mette donc point de ce panier qui rendrait grâce à un homme qui n'en avait jamais eu. Fut mentionné alors « les poulettes pleines aux as », lui arrachant un grincement de dent fort peu discret. Si pourrir la vie à son amie ne lui avait pas suffi, il lui avait en plus fallu la tromper ? Quel mécréant.

La seule chose qu'il accordait au discours était la mention faite au plaisir sadique du décédé de réduire à néant tout sentiment quel qu'il soit de son amie. Oui, ça c'était bien vrai, bien trop vrai. L'ours s'étouffa néanmoins aux derniers mots prononcés. Regrets et amour dans la même phrase ? Pour cet empaffé de première ? Certains ne manquaient vraiment pas de culot. Il se força alors malgré l'envie plus que présente d'intervenir. Ne dit-rien ... ne dit-rien ... ne dit rien ...


— De grâce Madame !

Eh merde ... c'était sorti ... et quand ça commençait ça s’arrêtait souvent. Il était trop bien parti. Quitte à passer pour le trouble-fête autant mener sa mission jusqu'au bout. Il reprit alors la voix portant haut et fort, sans honte aucune de ce qu'il allait prononcer :

— Épargnez-nous pareilles sottises. Cet homme était mesquin, vicieux, sadique et de la pire espèce. Sa seule naissance fut un fléau envoyé par le Très-Haut. Sa mort quant à elle est un cadeau de cette même entité à l'humour douteuse.

Oui oui il parlait rien de Deos. Et nafout de jurer :

— Il rejoindra bientôt les asticots et autres insectes qui boufferont son cadavre jusqu'aux os. Alors peut-être, si ceux-là ne sont point mort d'intoxication pourrons-nous trouvez une certaine paix. Si vous regrettez cet homme, je regretterai alors sa naissance. Car oui, il méritait cette mort plus que quiconque. Et si vous n'estes point assez clairvoyante pour vous rendre compte de cela, je vous invite à le rejoindre très rapidement.

Avant de conclure sèchement :

— Ne vous donnez pas la peine de répondre, cet homme ne vaut pas mesme vostre salive.

Il se tut alors avant de porter un regard légèrement désolé à son amie. S'il pouvait jouer la comédie un certain temps, il ne fallait tout de même pas pousser le bouchon trop loin. La chose avait été recadrée il ajouta d'un ton plus léger, comme s'il commandait un sanglier dans un auberge :

— Et si nous procédions à l’enterrement avant que le bonhomme ne pourrisse sur place et afin que nous puissions rapidement passer aux réjouissances, car après tout nous sommes tous présents iceluec pour cela, non ?

Miaaaaam ! un peu de sanglier pourri ! Qui veut qui veut ?
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