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[RP] Marche ou crève.

--Adryan
Ce soir je vous quitte
[…]
Pour la farce des puants
Je suis sale et plein de tiques
Je prends l'exil des corbeaux blancs
[…]

Tais-toi ce soir je vous quitte

De cette fièvre romantique
Je rends ma couronne à vos dents
A vos mâchoires robotiques
A vos ventres de géants

Je sais que ce soir je vous quitte
Je vous le dis encore vivant
Je ne reviendrai pas des cimes
De là où la neige se pend

Julien Doré – Corbeau Blanc


[4 mai 1463, maison haute, aux alentours de 15 heures]

Gloire au Pape. Il a vaincu.

Ombre grise, glissant dans les couloirs. Castillon n’était plus qu’un nom flottant au hasard de sa conscience brouillée. Un souvenir. Un mirage. Nuage de cendres, décharné de lui-même autant que des autres. Son temps s’étirait, linéaire, usant ses yeux et ses doigts sur des colonnes de bouteilles dont les noms pimentés n’avaient que la fadeur de l’eau à son palais quand Osman ne lui faisait pas respirer l’opium tout juste bon à le faire sombrer dans un coma aussi vide de rêves que de cauchemars. Avare, sa voix enrouée de ne plus parler, s’ornait des accents robotiques d’un engrenage programmé, sans que ses prunelles absentes, perdues dans un visage trop lisse, ne daignent se poser ailleurs que dans un lointain peuplé de molles volutes incolores.

Jour après jour, mois après mois, à chaque séances, le Pape plantait le clou plus profondément dans le crane nobiliaire. Saccageant les tissus, dépeçant la fierté. Jusqu’à les briser avec patience. Plus de colère. Plus de révolte. Plus d’envies. Plus douleur non plus. Ombre flottante, sa seule surprise était d’entendre encore son pas résonner sur le plancher.

Aujourd’hui, le Pape, encore, réclamait son du, pour deux heures. Battement implacable d’un marteau sur l’enclume. Deux heures à se recroqueviller plus profondément encore au fin fond de lui, jusqu’à s’éteindre et oublier. Tout. Les chiens n’avaient plus même besoin de grogner pour qu’il se salisse, et pourtant, ils mordaient sans relâche sous le regard inassouvi du Pape.

Pourtant, en ce 4 mai 1463, en traversant le salon, une lueur alarmante planait dans le regard défait, au point d’embrasser la pièce cramoisie de l’esquisse d’un sourire soulagé et bienveillant à l’instant de sortir.
Esmee_
Maison Basse - Aux environs de 15hoo

Le navire tanguait dans la tempête et j'avais le mal de mer. Accrochée au bastingage, je luttais. Soudain une vague géante retourna le bateau. Il coulait. En bas, une sirène en marbre m'attendait, gants de boxe aux poings. Elle chantait et elle frappait. Fort.

Réveil en sursaut sur la causeuse, dans le discret coin de la salle où je m'étais installée. Et probablement assoupie. J'ouvre les yeux difficilement.
Je me levais et manquais trébucher sur le cadavre d'une bouteille au sol. Oh la bouteille. Je me remémorais maintenant pourquoi j'avais si mal à la tête.
Je jette un regard triste sur la bouteille, exsangue, par terre, victime innocente de ma Damnation actuelle. J'avais pris la première qui me passait sous la main et c'était un alcool grec. Je me serai bien resservi un godet mais j'aperçois alors la silhouette d'Adryan qui s'éloigne.

J'attends qu'il soit sorti avant de lui emboîter le pas au loin. Depuis des semaines maintenant, je suis Adryan comme son ombre. Et aujourd'hui, le rituel se poursuit. Et ce qui est certain. C'est qu'Adryan a une sale gueule. Bien pire que celle que je peux tirer.

Il est 15h oo passée et le devoir m'appelle.
--Dacien2
[Maison Basse, au détour de couloirs, il est aux alentours de 15H]

Prêt. Prêt pour garder son conscient dans l’inconscient. Pas une once d’amertume quand le velours ambre caressait bien souvent ses jades translucides qui ne devenaient plus rien alors qu’au fond, Elle lui rendait tout. Se maintenir à ses envies premières pour rester funeste entre deux nuits de plaisir. Mais tellement vivant sous ses yeux. La vie avait ses défauts. Il préférait avoir ses avantages sans pour autant les déguster. Garder cette barrière pour en enlever d’autres.

Le passage de la Maison Basse à la Maison Haute quand certaines fois, l’entreprise d’apprécier un cidre seul, dans le calme, se faisait imminent. Dacien entreprit de se rendre au salon quand, au détour d’un des couloirs, il vit Esmée prendre la sortie. La fenêtre se présentant à lui, il ne put que jeter un œil au dehors pour constater que Adryan se trouvait devant elle et que le même chemin fut prit par la femme de mains. Le puzzle comportait encore des pièces manquantes alors que certaines s’emboitaient. Dacien avait bien compris que la Blonde suivait le Brun depuis quelques temps à présent. Quelque chose ne tournait pas rond dans tout cela. Pour quel compte travaillait-elle cette femme…Pourquoi manquait-il autant au bar……Quelles raisons pouvaient être énoncées de l’absence du Nobliau…Ses pupilles se dilatèrent et l’esprit s’embruma au point de prendre la décision de suivre la Blonde qui suivait Adryan. Dacien voulait en avoir le cœur net et, pour sûr, il l’aurait…..


--Gauvin_
[15h30, rue Thibautodé]

Des mois que ça durait. A faire le planton. Pour l’ancien soldat, c’était du pain béni. Soit, il existait peu de boulot aussi ennuyeux, mais de la même façon, il était rare de s’en foutre autant dans les poches à ne rien fiche d’autre que d’être présent.

La mission était simple, être ponctuel, muet comme une carpe, et devant une porte toujours différente, chaque semaine, prendre garde à ce qu’aucun curieux ne vienne déranger ce qui pouvait bien se tramer entre les murs des hôtels particuliers qu’il surveillait. D’ailleurs, ce qui se complotait entre ces murs, lui-même n’en savait fichtre rien et s’en moquait bien, tant qu’après le travail fait, la paye grassouillette était remise. Il n’avait permission de pénétrer dans les hôtels qu’en cas d’alerte urgente, après avoir régler le problème dans un coin sombre. Par chance, cela n’avait jamais été nécessaire. Indistinctement, il pressentait que ça ne sentait pas bon. Ca puait toujours quand tant de précautions étaient prises, et se trouvait assez satisfait de rester relativement éloigné de ce genre d’affaires.

Qui l’engageait, il n’en savait pas davantage. Ce n’était qu’une silhouette adipeuse, sans nom, aux traits dissimulés sous un masque, rencontrée une seule fois, tout au début, pour être jugé. Rien d’autre. Pourtant de cette rencontre, bien que furtive, jamais il n’oublierait l’éclat du regard perçant le masque. Gauvin n’avait eu besoin de rien d’autre pour comprendre qu’il fallait se tenir à carreau sous peine qu’une lame glacée ne s’invite à sa gorge durant son sommeil.


Chaque jeudi, un billet était glissé sous la porte de la chambrée discrète qu’il occupait, avec une adresse. Rien de plus. Rien de moins. Gauvin savait que trois heures après, exactement, il devait être à son poste.

Et cette fois ci, c’était rue Thibautodé.


Le planton était en poste depuis peu quand l’église sonna la demi-heure. Gauvin tourna la tête, et sans la moindre surprise, vit l’homme à la tenue sombre et aux cheveux longs apparaitre au coin de la rue. Ponctuel lui aussi, toujours, dans un ronron engourdissant. Ainsi, chaque semaine, Gauvin voyait l’homme entrer, sans jamais le voir sortir. Il ne voyait personne d’autre d’ailleurs, jamais, hors le gars mutique qui lui glissait en douce une bourse dans la main après les deux heures à poireauter. Si les premiers temps, la silhouette brune lui avait semblé pleine d’arrogance et de fierté, confusément elle semblait s’être ratatinée sur elle même, comme absente, le regard ne se relevant plus du sol.


L’homme franchit le seuil de la demeure, et Gauvin se frotta les mains. Dans deux heures, il pourrait se rincer le gosier, et peut être même s’amuser d’une ribaude. La perspective le fit furtivement sourire. En plus le temps était clément.
Esmee_


Lentement j'écarquille les paupières. Adryan vient de s'engouffrer dans un bâtiment dont la façade ressemble à un hôtel particulier. Un claquement m'indique que la porte s'est refermée derrière lui.

Je ne le connais pas Adryan et pourtant, après toutes ces heures de filature, me voilà curieusement inquiète pour cet homme. Ce n'est pas dans mes habitudes, en temps normal, je fais ce pour quoi je suis payée sans état d'âme aucun. Mais avec cet homme là, c'est différent. Peut-être parce qu'il s'agit d'un membre de l'Aphrodite. Et ce n'est pas tout. C'est que j'ai vu les ravages sur lui jour après jour. Et j'ai bien conscience qu'il se passe quelque chose de grave, pour le voir ainsi devenir une loque vivante. Toute énergie, toute volonté semble s'être envolées chez le responsable des boissons de l'Aphrodite. Un homme torturé et avili. Voilà ce qu'il me semble percevoir chez lui.

Je ne peux m'empêcher de me demander à quoi tout cela rime. Depuis des semaines que je le suis, les lieux où il se rend sont différents. Mais les heures elles, s'égrènent toujours de manière identique.
Que se passe t'il donc lorsqu'il disparait de ma vue ?
J'ai promis à Alphonse de lui apporter des réponses et aujourd'hui, je ne partirai pas sans les avoir.

Mes jades se font perçantes autour de moi mais je ne vois rien. D'un pas décidé, je me dirige vers la porte. Je m'approche essayant de l'ouvrir, mais le clenche ne bouge pas. Je me recule légèrement afin d'observer l'endroit.

Du regard, je tente de déceler une autre entrée dans laquelle je pourrai me faufiler. Il n'est pas question que je reste ici sans tenter d'en savoir davantage.
--Dacien2
Dacien n’en perdait pas une miette. Adryan s’engouffrait dans les ruelles à une allure soutenue. Esmée essayait de faire de même en prenant soin de se protéger dans les coins pour ne pas être vu. Quant à lui, il se fondait dans le décor du mieux possible.
Une ruelle sombre, des pavés ayant perdu leur couleur et une odeur spéciale qui s’en dégageait. Le Nobliau entra dans une grande bâtisse. Un homme devant cette porte qui venait de se refermer. La femme de mains faisait le tour afin de voir ce qu’il pouvait se passer sûrement. Chaque ouverture était scrutée par ses soins.

Il foutait quoi là-dedans le Adryan bordel….L’homme devant la porte n’était pas des plus rassurants. Cela ne présageait rien de bon. Et la posture du Castillon n’était pas des plus entrainantes non plus. Ses mâchoires se crispèrent quelques secondes. Il regardait la Blonde arpenter chaque pan de mur pour trouver une entrée. Puis, il traversa la rue pour arriver à sa hauteur. La retenir au préalable. Dacien se posta devant elle, l’arrêtant dans sa course folle du savoir. Son regard à terre qui se releva vers elle. Cet endroit ne présageait rien de bon et l’autre qui faisait les cent pas pour attendre on ne savait quoi. Ou alors, il gardait le précieux sésame pour éviter tout étranger.


Vous feriez mieux de faire demi-tour Esmée. En sourdine. C’est pas un endroit pour une femme. Vous ne savez pas ce qu’il y a à l’intérieur.

Lui tenant le bras pour l’empêcher d’avancer un pas de plus, l’Arrogant ne semblait pas des plus détendus. Il venait de voir Adryan pénétrer dans ce bâtiment gris sombre. La ruelle déserte à part un gaillard qui piétinait et le silence autour.

Et j’pense pas que l’autre là-bas, en montrant le bonhomme dans la ruelle, vous laisse entrer comme une fleur. Renoncez à cette idée.

Pourtant, la curiosité était bien présente. Même pour lui. Il voulait savoir ce qui se passait, comprendre le pourquoi du comment. Les pièces du puzzle avaient beau être en sa possession, il n’arrivait pas à les remettre en place. Adryan marchandait sur le compte du Lupanar? Non. Impossible. Il avait bien trop de respect pour le Bordel. Quelque chose ne tournait pas rond. Un regard sur la Blonde pour savoir ce qu’elle allait faire et tenter de la dissuader. Pour l’heure, ce n’était pas le moment de se faire repérer.

--Gauvin_
[15h30 et des poussières rue Thibautodé]

Tout aurait dû être simple, encore. A empocher sa prime sans rien foutre et filer en dépenser un dixième. Le reste rejoindrait le pécule déjà amassé pour racheter la ferme du vieux, qu’il puisse finir ses jours en paix, tout vouté et perclus qu’il était devenu à force de gratter la terre rocheuse des Abruzzes pour y faire pousser quelques maigres grains.

Oui, simple, ça aurait dû l’être encore si une blonde et foutrement désinvolte donzelle, là, presque sous son nez, n’avait tenté d’ouvrir la porte, sans même se soucier de la présence du soldat. Rodé à la discrétion, Gauvin ne cilla pas même à l’incartade. L’insolente témérité serait sa faute.

Sans s’entêter davantage, la blonde se glissa dans la ruelle adjacente. Le planton allait la suivre quand un homme le rejoignit. Un de ces bellâtres dont la capitale regorgeait. Alors, le soldat entendit encore, peu pressé, devinant sans mal qu’aucune issue n’était laissée au hasard d’une porte imprudente baillant devant le tout venant. Le couple se rejoignit bientôt, décidant enfin la carcasse guerrière à s’avancer, sans même prendre la peine d’amortir le claquement de ses lourdes semelles.

Un léger sourire s’esquissa à sa bouche. La venelle farouche interdisait la promenade plus avant d’une grille rouillée. Cul de sac, les curieux se trouvaient coincés entre les pics rouillés et peu avenants, une porte close, certainement. Et lui. Ce ne serait finalement pas si compliqué.

Dextre sur le pommeau de l’épée, main gauche à portée d’un geste, Gauvin fit encore un pas avant de s’enraciner au sol de ses deux jambes légèrement écartées. Il aurait pu les prendre par surprise, d’un coup d’un seul, et régler le souci sans plus de sursis, comme deux rats pris au piège. Mais deux macchabées à trainer jusqu’à la Seine n’était pas un programme réjouissant quand c’était la croupe d’une ribaude qu’il avait prévu. Mais surtout, rien ne prouvait que les deux indésirables ne fussent pas de simples maraudeurs, ou juste égarés dans une ville où tout se ressemblait tant.

Aussi, d’une voix calme et rugueuse de ses montagnes ritales, il décida de ne les embrocher que d’un simple.


Vous n’avez rien à foutre ici. Fichez le camp.
Esmee_
[15h30 et des poussières rue Thibautodé]

Y'a pas à dire. Dacien, c'est un emmerdeur de première. Pourquoi a t'il fallu qu'il me suive et qu'il vienne faire foirer tout mon plan ! Moi qui le trouvait tout de même sympathique malgré ses airs arrogants, je vais peut-être réviser mon opinion aujourd'hui. Et non seulement il me suit mais il ose venir me dire que ma place n'est pas ici parce que je suis une femme.
Et si tu me laissais faire mon travail et aller voir ailleurs si j'y suis, ce ne serait pas une bonne idée ?
Mais je décide de l'ignorer et de rester concentrée sur ma tâche. Et je fais bien de ne pas lui répondre parce que voilà un espèce de garde qui se pointe. Et j'ai beau zyeuter au fond de la ruelle je ne vois rien d'autre que ce qu'il me semble être une impasse.

Je suis en train de réfléchir lorsque l'inconnu se met à parler et je reconnais fortement l'accent. Pu-ta-na ! Il est de chez moi le gars ! C'est un Rital.

Je reste immobile quelques secondes et je pense à Adryan. Gagner du temps avec ce type et permettre à Dacien de filer s'engouffrer par l'une des portes de devant qui ne doit plus être surveillée si le type est ici. Par contre est-ce que l'Arrogant aura la même idée que moi, ça c'est moins sûr et je sais pas faire dans la transmission de pensée.


" - Hey l'amico! sono contenta di vedere qualcuno! Questo uomo, mi segue da tutto all'ora! Non lo conosco e cercavo un luogo dove nascondermi! Non lo lasciate farmi del male!"*

Je me tourne vers l' Arrogant et je le fusille du regard, tout en lui faisant de grands signes de la main.

" - Vous avez entendu ? Déguerpissez de la ruelle et cessez de me suivre ! Stronzetto ! **

Je me fige devant l'Italien et je lui adresse un de ces sourires à vous faire tomber la mâchoire d'un mâle mais que je qualifie pour ma part de totalement niais, de ceux qui me font paraitre vraiment blonde et qu'en temps normal je ne supporte même pas de voir sur les lippes d'une blondasse.
Mais là il s'agit de jouer la comédie et de gagner du temps. J'espère tout de même que Dacien ne parle ni ne comprend l'italien parce que je ne viens rien de moins que de l'insulter de petite merde. Et qu'il ne doit pas être homme à oublier si aisément ce genre de parole.
Mais le moment est mal choisi et il n'avait qu'à pas me suivre après tout ! Espérons qu'il saura tout de même déchiffrer mon sous-entendu. Après tout, on est toujours plus fort à deux que tout seul.


" - Vous êtes italien vous tout comme moi ! De quel coin ?"

*Hey l'ami ! je suis contente de voir quelqu'un ! Cet homme là, il me suit depuis tout à l'heure ! Je ne le connais pas et je cherchais un endroit où me cacher ! Ne le laissez pas me faire du mal !
**petite merde
--Dacien2
[Dans les alentours de 15h30, passage ouvert]

"Punaise….Vas-y n’écoutes pas ce que j’te dis surtout…Saleté de bonne femme qui n’en fait qu’à sa tête….."Aucune réponse de sa part. La voilà, fixée sur un point, une seule idée. Il les savait têtues mais à ce point, cela n’était pas pensable. Et la laisser seule à cet instant précis était loin d’être dans ses pensées. Dacien ne savait guère pourquoi elle était obnubilée par Adryan mais une chose était sûre, la Blonde était belle et bien embauchée pour surveiller les faits et gestes du Nobliau. Bordel, y avait pas à dire….L’art et la manière de se foutre dans le pétrin. Quelle idée aussi de la suivre. Mais que voulez-vous….La finalité de finir ce puzzle devenait plus important que tout le reste.

Rester derrière elle, couvrir ses arrières au cas où et, ce qui devait arriver arriva. L’autre Colosse s’avança vers eux. Pas commode du tout le Gars et sa main qui glissait dangereusement au pommeau de son épée pour s’y poser en enserrant sa poigne. Ses deux pieds s’encrèrent au sol à quelques pas d’eux et retentirent la tirade de déguerpir promptement avec un accent de rital. Et Esmée qui s’avança et qui commença à lui causer dans une langue qu’il ne connaissait pas. Mais elle le connaissait ou quoi….Était-ce un guêpier pour le foutre dans un guet-apens sans nom à lui aussi? La voilà qui se tourna vers Dacien en faisant des grands mouvements avec ses mains. Et son regard qui pourrait le tuer s’il possédait une épée. Un coup d’œil vers le Bonhomme, vers la Blonde qui insistait et, enfin, le Bonhomme. Déguerpir qu’elle lui sommait elle aussi. Et d’un coup. La lumière qui jaillissait de nulle part. Celle dont vous ne saviez en aucun cas comment elle avait surgi mais elle était là. Bordel, la porte. "Stronzetto!" Qu’elle lui cria. Il ne savait pas ce que cela voulait dire mais il avait un doute sur la gentillesse de l’appellation. Pourtant, à cet instant-ci, il s’en fichait allègrement parce que cette lumière qui s’était allumée d’un coup lui illuminait la porte qui devait être déserte vu que l’Autre était devant eux.


Dacien déguerpit, comme indiqué par la Blonde. Il déclencha la poignée doucement pour éviter de se faire repérer, laissant Esmée amadouer l’autre Nigaud et de tenter de s’infiltrer dans la bâtisse pour trouver Adryan et de savoir enfin ce qu’il se passait. Merde. Porte fermée. Verrouillée certainement à double tour. Dacien fit volte-face et revint au coin du bâtiment. Il se mit juste à l'angle, attendant que la Blonde fasse déguerpir le Colosse, guettant si un danger pourrait se présenter. Esmée était une femme de mains mais, face à l'énergumène, il se pourrait qu'elle ne fasse pas le poids. Attendre, il n'y avait que cela à faire...

--Gauvin_
[Pas loin de 16 heures, rue Thibautodé]

Les sourcils épais se haussèrent furtivement de surprise tant à l’italien qui coulait de la bouche blonde que par la nature des propos. Il était malin de parler une langue que le bellâtre ne comprenait certainement pas et chapeautait le tout de crédibilité. Surtout quand le gus en question s’esquivait, sentant sans doute le vent tourner. Le planton le laissa aller, n’ayant aucune intention de se mêler de ces histoires quand il était grassement payé pour une toute autre affaire. Toute autre… cela restait cependant à prouver. Et aussitôt, les sourcils revenus barrer le visage rital, ils se froissèrent sous la suspicion gangrenant son esprit en observant la fine silhouette face à lui.

Familière à y regarder de plus près, sans pourtant encore parvenir à y associer un lieu, ou même un temps. Les rouages de sa cervelle grincèrent en se mettant en branle, peinèrent alors que le temps se suspendait sans que Gauvin ne s’en préoccupe, jusqu’à ce qu’enfin, il parvienne à resituer la femme dans son contexte. Ce n’était nullement dans des bouges où la bière frelatée coulait à flot entre les seins blanc et lourds de catins qu’il avait déjà aperçu ce minois là, mais lors de ses surveillances. Et catimini, discrète, elle avait été confusément présente, assez habile jusqu’à lors pour ne pas éveiller les soupçons du brun. Assez finaude jusqu’à aujourd’hui.

Un pas lourd vers la grille, puis deux, sans précipitation alors qu’un sourire trouble animait la bouche du soldat. Arrivé à la hauteur de la porte basse, trois coups secs et rapides résonnèrent d’un poing vigoureux sur la porte, suivis d’une pause pour mieux faire retentir quatre coups plus lents. L’alerte donnée, le planton resta un instant l’oreille aux aguets, et ce ne fut que lorsque qu’il entendit des pas précipités s’éloigner du battant de bois qu’il poursuivit son avancée, avec un calme aussi équivoque que le sourire planant à ses lèvres pleines.


Mutique toujours, il approcha de la blonde jusqu’à sentir son souffle sur sa joue bleutée d’être mal rasée. La main gantée de cuir rustique effleura la ligne fine de la mâchoire de l’intruse avant de saisir avec douceur son menton délicat entre le pouce et l’index pour relever le visage compatriote vers le sien.

Il n’a rien de surprenant à ce que l’on suive, vous êtes plutôt jolie. Très jolie même. On n’a guère le loisir de croiser de belles plantes comme vous, au point même qu’on ne puisse vous oublier.

De la mâchoire, la dextre chuta au coup gracile pour le serrer sans plus douceur, effaçant le sourire pour ne laisser planer dans le regard qu’une béance inextricable.

Je viens d’un coin où l’on n’aime pas les malignes qui pensent pouvoir se foutre du monde impunément. La poigne se resserra progressivement sur la gorge de la blonde. Je vous avais dit de foutre le camp. La questionner ne faisait pas parti du contrat.
--Dacien2
[Moins le quart de 16h]

Il les observait doucement, lentement, du coin de l’œil. Le Gars ne lui inspirait aucune confiance et la Blonde tentait de lui faire du charme pour gagner du temps. Pauvre Esmée, le barratin ne servirait à rien. Les portes étaient belles et bien condamnées. En aucun cas, Dacien ne pouvait la prévenir de peur que l’Autre ne le revoit et puisse soupçonner quelque chose. Il attendit encore au coin de la ruelle, scrutant chaque geste du Colosse. Il réfléchissait en même temps à ce mot Stronzetto. Il ne savait ce que cela voulait dire mais, bizarrement, il avait un doute sur la douceur de la traduction. L’Arrogant demanderait plus tard à la Blonde, Italienne de surcroit, quand tu serais redevenu calme et qu’ils seraient au Lupanar.

L’Autre s’avança en faveur de la femme de mains. Sa dextre tomba à son menton, soulignant la beauté de la femme en face de lui. Pour un homme aux détails suspects, il avait bon goût ce con. Pourtant, elle n’arrivait pas à la cheville de Lucie. Esmée avait cette façon de mettre les pieds dans le plat sans le savoir et de faire partie de cette catégorie de femmes qui faisaient trop marcher leurs cervelles. Dacien se concentra sur les mouvements du Colosse, fronçant les sourcils, un quart de visage franchissant le coin du mur et sa main, emprise à son menton, descendit à la gorge Blonde pour mieux s’en emparer. Son sang ne fit qu’un tour. La famille. Même s’il ne la côtoyait pas énormément, elle en faisait partie de cette famille bancale. On ne laissait pas un des nôtres dans des circonstances dangereuses. On lui prêtait mains fortes.

Il avait dépassé les bornes l’Autre. Dacien décida de sortir de sa cachette. Compromis? Tant pis. Elle l’était déjà. Il venait de lui souffler de son accent rital au creux de son oreille et vu le Colosse qu’il était, sa poigne ne devait pas être celle d’une fillette. Il s’avança encore, d’un pas rapide pour que l’Autre ne puisse trop réagir et d’une voix rauque……


Ohh! Lâches-la!

….Pour se tenir à sa hauteur. Son poing s’arma. Son bras se prépara et une fois à hauteur de la cible, dégagea toute la puissance requise en plein dans sa face pour qu’il lâche sa proie. Dacien choppa le bras de Esmée pour la tirer vers lui et lui imposer de rester derrière lui afin que le Gars n’ait pas l’idée de recommencer.

Si t’as envie d’une catin, vas voir ailleurs. La touches pas.

Et un autre coup de poing tomba sur l’une de ses joues avec toute la force requise qui venait d’il ne savait où. Le Colosse venait d'être assommé. Non, on ne touchait à l’un des compatriotes de l’Aphrodite. La sentence était irrévocable. Esmée n’était pas une catin et ce n’était sûrement pas maintenant qu’elle allait le devenir. D’autant plus qu’ils n’avaient plus rien à faire ici, vu que tout le bâtiment était barricadé. Le corps du Gars gisait à terre, face au sol. Il n'avait pas envie de le voir se relever dans la seconde. Regarder autour de soi. Trouver ce qu'il fallait pour être sûr qu'il fasse un gros dodo pour quelques heures. Une pierre. L'affaire du siècle en ce jour. Une de ses dextres l'empoigna et Dacien se dirigea vers le Bonhomme pour lui asséner un dernier coup à l'arrière de sa tête. Un regard vers Esmée.

Maintenant, on est tranquille.

Ses émeraudes étaient devenues noires de colère et son visage figé par l'acte de violence. La pierre légèrement ensanglantée tomba au sol, un soupir soulagé.

--Adryan
[Dans l’hôtel de la rue Thibautodé, de 15h30 à 16h00]

“L'espoir des hommes, c'est leur raison de vivre et de mourir.”
André Malraux


C’était résigné que le Castillon avait passé le seuil de l’hôtel. Résigné à la seule issue possible pour que l’engrenage s’enraille et se brise. Résigné à les épargner, Tous, de la soif vengeresse du Pape. Résigné à ne plus souiller son nom, quand de lui, il ne restait déjà plus rien. Et cette décision ultime, curieusement, l’apaisait, détentrice à elle seule du pouvoir de le libérer des liens qui le retenaient captif depuis des mois. En l’échange de sa vie, l’Aphrodite serait épargnée, déesse impie aussi adulée que détestée, au dessus de la tête de laquelle se balançaient les menaces les plus affolantes. Que l’os se brise et la chiens iraient mordre ailleurs. Que l’os se brise, et Adryan pourrait enfin s’endormir, sans plus que les battements du temps ne vienne troubler son repos.


Que sonne le glas.


Devant le Pape, aucun mot n’avait franchi les lèvres nobiliaires. Droit, le menton haut, à l’injonction d’ôter sa chemise, le Castillon n’avait pas même cillé, le regard perdu dans un néant impalpable, quand même la savante mise en scène n’avait plus de prise sur lui. Le premier coup était tombé, rude et sec. Puis un second, brouillant sa vue d’une trainée rouge gouttant régulièrement au sol dans un agaçant cliquetis. Pourtant, agenouillé devant le maitre de cérémonie, ce n’était que le rouge du rubis de sa chevalière au doigt religieux qui lui crevait les yeux.

Le Pape avait osé s’insinuer dans l’enceinte païenne de l’Aphrodite. Il avait osé souiller de sa présence le bureau de l’Ennemi Intime malgré la docilité affichée. Il ne respectait plus sa part du contrat. D’une simple chevalière, l’alerte finale retentissait. Adryan aurait pu en être fou de rage s’il en avait encore eu la force. Mais au lieu de hurler et de se débattre, il se releva dans un silence absolu, essuyant de la manche de cette chemise qu’il refusait de quitter, le sang coulant de son arcade sourcilière. L’ordre tomba pour la seconde fois. Simple. Ridicule même après les humiliations plus imaginatives les unes que les autres qui s’étaient enchainées au fil des mois. Et pourtant, le Castillon laissa retomber son bras sans plus esquisser le moindre geste. Au fond du masque installé sur le trône de sa vengeance, une lueur d’incompréhension mêlée d’agacement luisait dans le regard du maitre. Furtive, mais bien présente, avant qu’il ne claque des doigts en direction des trois femmes aux seins lourds et aux hanches larges. Pires que les Chiens et leur poings, et leurs fouets, et leurs bâtons, elles revêtaient aux yeux du brun l’apparence d’un vautour, n’attendant qu’un signe pour fondre sur leur proie moribonde et le déchiqueter de leurs baisers, de leurs morsures, de leurs griffures, de leurs caresses. Si dans les premiers temps, les Succubes s’étaient parfois rassasiées des gerbes nacrées d’extase de leur proie marquée de la honte la plus absolue, le festin depuis plusieurs semaines leur était refusé tant le corps entier d’Adryan semblait endormi dans les profondeurs de son calvaire.

Nuée d’insectes morbides et obscènes elles le grignotaient petit à petit. La première ronronnait affreusement sous les effluves capiteux de son parfum en dénouant la chemise tachée, mordant les tétons mâles avec trop de voracité. La seconde, glissée dans son dos s’empara de la chemise pour la faire glisser sur les épaules amaigrie du Castillon et la jeter avec dédain plus loin sur le sol. Et la troisième, reine sournoise, faufilait sa main entre les cuisses de l’Offrande pour y dispenser des caresses aussi suaves qu’habiles, ne faisant monter chez le Castillon qu’un dégout si profond qu’il lui donnait la nausée.


Stoïque malgré la répugnance, Adryan attendait le prochain ordre pour le refuser et attiser la colère papale qui, espérait-il, sonnerait la délivrance, aussi âpre soit-elle. Mais contre toute attente, c’est une arrivée inopinée qui enrailla le déroulement prévu de la cérémonie.


Sept, toujours, ils avaient été. Durant plus de 5 mois. Le Pape. Les deux chiens. Les trois succubes. Et lui. Tous masqués, sauf lui. Et voilà qu’un homme, un simple homme, déboulait, visage découvert, pour murmurer à l’oreille papale. De ce qu’il pouvait bien se passer à l’extérieur, Adryan ne se doutait de rien, et ne voulait pas même le savoir, soudain hargneux à son tour en craignant que l’issue ne dévie de ce qu’il avait prévu. Il ouvrit la bouche mais le cri resta coincé dans sa gorge alors que le Pape se levait en ordonnant.


« Retraite »


Adryan n’eut le temps de rien. Les succubes reculèrent en désordre, gémissant de désarroi comme des bêtes apeurées et un éclair de douleur traversa le ventre castillon, le rompant jusqu’à s’écrouler au sol dans un râle étouffé. Il n’eut pas le temps de reprendre sa respiration que ses bras furent tirés vers l’arrière et ses poignets ligotés avec brutalité. Les yeux bandés, plongé dans le noir, il ne put que suivre ces poignes qui le tiraient avec force par les coudes. Soutenu et dirigé par les serres de ses geôliers, il trébuchait dans les lacets des couloirs, dévalait les marches escarpées plus qu’il ne descendait. Ca puait l’humidité et le martèlement des pas précipités bourdonnait entre les tempes brunes. Combien de temps déambulèrent-ils avant que le frais de l’air extérieur ne le fasse frissonner de froid ? Adryan n’eut pas le temps d’y penser, déjà poussé dans un coche s’ébranlant aussitôt…
--Dacien2
[ 16h passé d’une dizaine de minutes]

Esmée resta plantée là, sans vraiment savoir pourquoi. Le Colosse assommé pour un bon moment, laissait le reste de la ruelle vide, offrant à qui voulait le pouvoir de trouver enfin une entrée et de pénétrer dans ce lieu sordide. Dacien ne fit ni une ni deux. Il s’agissait d’Adryan. Non pas parce qu’il avait une place à part en son âme mais bien parce qu’il faisait parti à part entière de cette famille bancale. Inquiet? Peut-être. Sûrement même quand il ne savait de quoi il en retournait en réalité. Le tour fut fait de la bâtisse avec la tranquillité de pouvoir observer chaque parcelle afin de trouver une entrée. Et là, un soupirail s’offrit à sa personne. Ouverture cachée pouvant permettre d’épier bien des secrets.

Dacien ne se posa aucune question. Il s’engouffra dans cette ouverture donnant sur une petite pièce sombre. La porte légèrement ouverte en face de lui, il s’avança pour écouter mais n’entendit rien. Pas un bruit. Le silence absolu. L’Œil passa à l’échancrure pour s’assurer du maintien de non présence en ce lieu. Il tira la porte doucement, pour éviter le grincement s’il y avait lieu. Non, plus âme qui ne vive ici. L’endroit était bel et bien désert. Dacien pénétra dans une grande pièce lugubre et inquiétante. Tout paraissait bizarre en soi. Rien n’allait dans le bon sens de la marche. Une sorte de table contre un mur avec des bougies qui fumaient encore. De la cire ayant coulée au sol. Les murs recouverts d’un noir assez peu communs. Pour sûr, ce n’était pas une cave à alcools dont Adryan raffolait pour débusquer ce qu’il fallait en faveur de l’Aphrodite. L’ambiance fut pesante d’un coup. Rien n’émanait de bon en cette pièce. Deux trois pas pour s’avancer au milieu de la pièce et de marcher sur un bout de tissu qui se trouvait à terre. L’Arrogant le ramassa d’une main presque inquisitrice et la stupéfaction apparut en découvrant la couleur carmin. Bon sang….Il s’était passé quoi ici….Quelle était cette atmosphère étrange de se sentir en ennemi quand on observait le contenu de cet endroit.

Dacien garda le tissu avec lui, le maintenant fermement dans sa poigne. Il fallait ressortir d’ici. Il fallait retourner au Lupanar. Ouais mais pour faire quoi. Il fallait en informer quelqu’un, apporter une aide à cet homme qui semblait en mauvaise posture. Mais qui……Un seul. Un seul pourrait éventuellement répondre à cet appel qui viendrait peut-être d’outre-tombe quand on connaissait le dénigrement qu’il lui portait. Alphonse. Le Comptable. Cet homme qui prenait soin de son Aide la plus précieuse pour les chiffres de l’Aphrodite. Tant pis. Il faudrait passer outre la violence des maux pour lui causer. La chose ne serait certainement pas évidente mais là, Dacien ne pouvait rester les bras croisés à attendre qu’un éventuel mauvais pas se fasse. Il décida de passer de nouveau dans ce soupirail pour regagner le Bordel. Esmée n’était plus dehors. Tant pis. Autant continuer dans son idée. Revenir là où tout ne semblait que solution aux problèmes.


--Adryan
[Quelque part dans la capitale, pas loin de 17h00]

Ballotté dans le raffut des roues battant les pavés de guingois de la capitale, le Castillon perdait la notion du temps, s’attachant parfois à quelques cris furieux d’être éclaboussés de boue sur le passage du coche anonyme. Son esprit tournait dans tous les sens, incapable pourtant de deviner la cause de cet incroyable revirement quand tout, jusqu’alors, était visqueux d’une routine narcotique. Arraché à la voiture pour mieux être jeté dans une salle invisible, le captif s’était recroquevillé à tâtons dans un coin, les cordes cisaillant ses poignets et les épaules agacées d’une douleur lancinante d’être tirées vers l’arrière.


S’il ne voyait rien, Adryan entendait des pas précipités ricochant au sol ou au plafond, à moins que ce ne soit à sa droite, et des ordres lancés dont il ne comprenait pas le sens mais percevait l’empressement. Frissonnant de froid, ses narines reniflaient les effluves de cire et de violette entremêlées, sirupeux mélange ne parvenant qu’à lui foutre la nausée.


Un grincement le fit sursauter, et tournant son regard aveuglé vers l’endroit d’où semblait parvenir le bruit, il resta aux aguets comme une bête traquée, alors que des pas s’approchaient sur le plancher grinçant. D’un geste brusque, le bandeau fut arraché de ses yeux. La lumière pourtant faiblarde sembla percer ses rétines, et il lui fallut quelques instants pour l’apprivoiser. Trois paires de bottes l’attendaient, cirées et lourdes. Le Castillon cilla encore et remonta enfin le regard sur les visages face à lui. S’il dédaigna ceux des chiens postés de chaque coté de leur maitre, il dévisagea celui du centre sans la moindre pudeur. Le Pape. Grateloup. Enfin. Sans plus de masque pour cacher ce visage dont l’embonpoint confiait aux traits épais une douceur que même les joues grenelées des cicatrices de la petite vérole ne parvenait à contredire. Mais le regard délavé, plein d’une haine sauvage, se heurtait avec une telle violence à cette bonhommie que c’en était terrifiant. Le bout du chemin était atteint. Le visage nu du pape en attestait. Pourtant, étrangement, ce fut d’un sourire qu’Adryan accueillit ses visiteurs de la dernière heure. Enfin il aurait ce qu’il voudrait. Enfin tout s’arrêterait, soulageant dans un même final l’Aphrodite, ignorante du voile menaçant qui s’agitait depuis des mois au dessus de sa tête de déesse. Famille boiteuse qu’il avait tant aimé détester. Ou tant détester aimer.

Ton frère m’a donné pleine satisfaction, à pleurer comme une gamine avant que je ne lui troue le crane. Les pendus de Montfaucon en ricanent encore. Le sourire castillon s’étira davantage, retrouvant dans ses derniers instants cette morgue fière que le pape avait failli parvenir à briser. Cette victoire là, tu ne l’auras pas. Un seul geste du religieux répondit à la provocation, et les bottes des Cerbères avancèrent…
--Dacien2
[17h et quelques, retour au Lupanar]

Tout le chemin, il regardait par-dessus son épaule. Une boule au ventre que l’on puisse découvrir qu’il avait fouillé ce qu’il ne fallait pas. La chemise à demi carmin dans sa main, tenue fermement pour ne pas lâcher la preuve de l’absolu vérité. Le Castillon avait l’air de s’être embarqué dans une source de problèmes où l’issu semblait confuse. Même pour lui. Encore fallait-il connaitre les raisons de cette bataille qu’il subissait seul. Peut-être que le Comptable savait quelque chose. Peut-être avait-il une vague intuition. Dacien maintenait bien trop son absentéisme auprès de la famille pour savoir de quoi il pouvait en retourner.
La lanterne rouge était encore atteinte pour l’heure. La grande porte fut atteinte. Poussée fortement par le poing contenant le tissu, Dacien pénétra dans la Maison Haute, lieu d’arrivage de la clientèle, pour la refermer avec la même force. Il était là le portier. Observant, farfouillant que tout était normal et que rien ne transpirerait quoi que ce soit de bizarre.

Il emmêla la chemise dans ses mains afin de cacher ce rouge parsemé et de ne lui laisser aucune chance pour savoir ce qui se tramait. Une inspiration prise quand sa face venait de se fondre dans l’enfermement de tout trait qui pourrait le trahir et Dacien alla se servir un verre de bochet avant d’héler le Blond.


T’as pas vu l’Comptable?

Quand il se maintenait debout au comptoir en le regardant s’assurer que rien de dissimuler ne se trouvait sous les tables ou dans les fauteuils par mégarde.

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