[RP] Une canne à pêche, la Loire et des loustics en goguette

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"- Tu parles, doit bien y'en avoir hein !! C'est de la flotte... Pi c'est vrai que c'est grand dis donc. T'es sûre que c'est naturel tant d'eau comme ça ? Moi ça me fait toujours peur...
Tu me protègeras hein si y'a un gros poisson qui s'accroche à ma queue... euuuuh à ma canne !"

A ces mots, la belle brune ne peut s'empêcher de pouffer en bousculant un peu son amie à ses côtés.

"- Raaa lala j'en manque pas une moi hein..."

Elles se rapprochèrent de la berge, et avancèrent sur petite plage sablonneuse et garnie de joncs. Elé ôta bottes et bas puis laissa glisser ses braies à terre regardant alentours à la recherche de voyeur se rinçant l'œil plutôt que de regarder bouchon.
Un rapide tour d'horizon la rassura et elle incita Suni à en faire de même avant de plonger ses pieds dans l'eau.

"- Rhoooo elle est bonne là, juste rafraîchissante comme il faut. Allez viens !! Pi promis je ferai attention à ton homme hein... J'voudrais pas qu'il se vexe à force..."
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"Pleure : Les larmes sont les pétales du cœur" P. Eluard

Prudente, c'est sur la rive que Suniva se dêvétit. Elle ota chemise, braies, bas, les plia puis posa ses chausses et sa toque par-dessus. Le tout arrangé en un paquet bien installé sur sa besace de cuir, qu'elle dissimula du mieux qu'elle put près d'une souche.

Un clin d'oeil complice à Eleane et en chemise de dessous, elle s'avança...

"- Tu ne devrais pas laisser tes vêtements là, on n'sait jamais !"

Sa canne à la main elle rejoignit la belle brune puis se mit à rire brusquement les yeux fixés sur l'hameçon qu'elle tenait entre deux doigts prudents.

" - Madoué !! Quelles oies ! On a pas d'vers de vase ! T'aurais pas un quignon de pain dans ta besace, Ele ? "

Les prunelles allaient ici et là cherchant la silhouette de Ducho...
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Les mirettes plissées, la belle brune revint vers la berge en ronchonnant. Décidément la normande n'avait pas de tête hein. Elle ramena ses vêtements vers ceux de Suni et farfouilla dans sa besace à la recherche de quignon et trouva au milieu des cierges qui peuplaient son havresac non seulement morceau de miche mais également épi de maïs à moitié rongé.

"- Bah tu crois que ça peut servir ça ?" cria-t-elle en exhibant ses découvertes vers la brune aux pieds trempés.
"- Moui pi faudra que ça aille parce que j'ai qu'ça t'façon"

Elé, revint et rejoignit Suni qui trempait ses mollets blanchâtres dans le fleuve. La brune regardait au coin des méandres que dessinait le cours d'eau espérant voir autres mèches brunes de la belle Frances mais les myriades étincelantes sur la crête des vaguelettes l'empêchaient de voir quoi que ce soit.
C'est donc tout normalement qu'elle posa son pied sur branche qui lui fit perdre l'équilibre comme elle arrivait à hauteur de Suniva. Se raccrochant maladroitement à l'épaule de son amie, elle déchira partie de sa tunique, dévoilant bonne partie du flanc gauche de la normande et lâchant en pestant épis de maïs qui partit à la dérive sur le faible courant.

"- Mouaaaaaarf ! Ça fait maaaaal !"

Elé dansait en se tenant le pied tandis que quignon et morceau de tissu dans l'autre elle se raccrochait désespérément à Suni.
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"- Bah tu crois que ça peut servir ça ?" cria-t-elle en exhibant ses découvertes vers la brune aux pieds trempés.
"- Moui pi faudra que ça aille parce que j'ai qu'ça t'façon"

" - Vouai mais ! Pffffff... T'aurais pu y penser aussi aux vers, toi la "graaaaaande" voyageuse hein !! M'enf...."

Pas le temps de terminer qu'une Ele part en arrière, se raccroche à Suniva la dénudant à moitié. Dansant sur une de ses pattes de héron, la brune se tient le pied en braillant comme enfançon, toujours accrochée à l'épaule de sa partenaire de pêche.

" - Aieuuhhhh ! Mais tu m'griffes, brûtasse !!! "

Mouvement réflexe, la main part et repousse celle d'Eleane qui perd l'équilibre. Elle sautille un moment sans voir où elle va et tout en reculant entre dans l'eau....
Jaillissement de goutellettes, autant d'étincelles de soleil s'élèvent... Va tomber... Pas tomber ?!!

Suniva rit à en perdre haleine en tentant tant bien que mal de dissimuler sa gorge dévoilée sans se préoccuper du devenir de la brune.

" - Madoué !! Mais !! Ma chemise de corps !!! "
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" - Madoué !! Mais !! Ma chemise de corps !!! "

Balançant les bras comme moulin à vent pris dans tempête furieuse, la belle brune semblait tenir étendard fou en main tant le morceau de la tunique de Suni était conséquent. Mais malgré gestes désespérés, un cri montait dans le ciel faisant fuir les quelques goélands qui trainaient à la recherche de pitance.

"- Aaaaaaaaaaaaaah !!

Éclaboussures ! Serrement des lèvres pour retenir gémissement... Regard de reproches à son amie hilare et un grand éclat de rire vint ponctuer cette chute sur séant.

"- Mouahahahahaaaaa !
- Rhooo alors ça, ça va se payer hein ! Tu m'as poussée... J'avais pourtant pas le feu aux fesses hein !"

Elé se releva d'un bond, courut vers la jeune femme secouée de spasmes d'allégresse et enroulant ses épaules d'un bras, mit ses hanches en opposition pour lui faire joli placage qui se termina dans nouvelle roulade au fond de l'onde. Elles roulèrent dans le fleuve toutes les deux, telles deux naïades joyeuses. Tandis que Suni tentait de se débattre et de reprendre pied, Elé riait, riait comme une baleine, la bouche grande ouverte en montrant la brune qui lui faisait face du doigt...
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"- Mouahahahahaaaaa !
- Rhooo alors ça, ça va se payer hein ! Tu m'as poussée... J'avais pourtant pas le feu aux fesses hein !"

" - C'est ta faut..... Heyyyyyyyyyyy !"

Avant d'avoir pu réagir, Suniva se retrouva à son tour immergée dans l'eau fraîche. Passé le premier moment de surprise, la jeune femme reprit ses esprits goûtant avec délice à la douceur de l'onde qui la portait. Elle ignorait pourquoi mais aussi loin qu'elle se souvienne, Suniva avait toujours eu des rapports privilégiés avec l'élément aquatique. L'agitation incessante de la mer ou le cours paisible d'une rivière ou simplement la fraîcheur chantante d'une source : L'eau, sous toutes ses formes, l'attirait.

Elle se laissa porter, respiration bloquée et mirettes grandes ouvertes sur les flots troublés par le plongeon inopiné. Devenu poisson pour quelques instants, bras et jambes s'agitant doucement, elle avisa Eleane non loin de là. Souriante, ses boucles s'agitant autour de sa tête au gré du courant, la jeune femme se prit l'espace d'un instant pour une ondine et d'un large et gracieux mouvement fusa vers les pieds de son amie qu'elle tira vers le fond puis s'échappa prestement pour aller reprendre souffle quelques brasses plus loin en riant.

Mèche brunes précédèrent le regard rieur d'Ele qui s'ébroua en faisant surface. Suniva n'attendait que cela pour se moquer

" - Tu disais ma belle ? Faudra p'tet que je t'explique comment il faut pêcher !!! Ta technique ne me semble pas la meilleure !"

Plongeant à nouveau sous la surface, Suniva nagea contre le courant pour rejoindre le banc de sable et vint s'y asseoir. D'un œil critique, elle évalua les dégâts causés à sa chemise de dessous qui n'était plus qu'un lambeau de fin tissu mouillé.

" - Par les chausses de mon Père, tu m'en dois une !"

Avisant Ele qui barbotait toujours, les prunelles pétillèrent et la lippe prit un pli moqueur...

" - Alors ?! Elle est bonne ? 'Tention à toi, on dit la Loire traîtresse sous ses dehors sages... Un peu comme moi, quoi !!"

Et de laisser fuser à nouveau un rire clair et persifleur en ajoutant.

" - Chuis certaine que t'as perdu le pain et comme appât, ben toi, c'est pas ça hein ! Pov' poissons ! "

La tête auréolée de boucles brunes dégoulinantes se pencha un peu, Suniva prit un air sérieux démenti par les mirettes rieuses...

" - A moins que ça ne soit les pêcheurs que tu veuilles attirer, hum ?!"
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Ça faisait deux fois qu'elle lui faisait le coup... Elé ronchonna, toussota, avala un peu d'au aussi bien sûr. Et c'est tout crachant et se frappant sur la poitrine qu'elle sortit des flots purs de Loire.

"- Mouerf ! J'en ai bu ! Tout ça par ta faute...
- A moins que ça ne soit les pêcheurs que tu veuilles attirer, hum ?!
- Moui ben M'dame la moqueuse ferait bien de regarder sa tenue avant de parler hein. Là c'est pas des poissons ni des pêcheurs qui vont accourir en voyant tes seins hein ! Mais plutôt tous les polissons du coin... Ou les polissonnes..." ajouta la jolie brune dans un sourire taquin.

Elle posa ses fesses à côté de son amie et s'étira langoureusement sous la caresse du soleil qui dardait rayons brûlants avant de s'installer confortablement la tête sur un grosse touffe d'herbe. Elle ferma les yeux, s'abandonnant au plaisir de lézarder là en agréable compagnie et taquina encore Suniva en chatouillant son flanc dénudé.

"- Cache donc ce sein que... Que rien du tout... Pas obligée de le cacher il est pas mal finalement..."

La brune s'autorisa un sourire taquin. Après tout elle considérait Suni comme sa plus proche amie. Et si elle adorait la taquiner plus que tout, ce dont elle ne se privait jamais, elle regrettait parfois de ne pas partager plus d'instants tel que celui-ci avec elle. Seules... Il y avait long que l'ancienne béarnaise ne s'était plus confiée à son amie et il lui restait encore aveu qui lui pesait.

"- Tu sais... Ça fait longtemps qu'on a pas parlé un peu toutes les deux tranquilles, ça me manque pas mal j'dois dire en fait... Et pis j'ai aveu à te faire..."

Elle la regarda avec un brin d'anxiété...
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Ducho après avoir coupé du bois dans les villes précédentes songeait à l'activité fort lucrative que représentait la pêche.
Les bords de la Loire permettaient de bonnes prises, la pratique permettait la méditation et surtout la récupération quand les soirées en taverne arrosées s'enchainaient.
Le matin même il avait laissé sa compagne Suni et Elé partir plus tôt.
Il lui vint à l'esprit qu'il est parfois important dans un couple de laisser respirer et s'aérer les sentiments.
Il les rejoindrait. Et puis les femmes aiment à se dire certaines choses qui ne regardent que peu les hommes. Il en était de même pour lui, les discussions masculines avaient un ton particulier qu'il aimait avoir parfois.
Ces derniers temps, elles avaient secoué un peu sa virilité, s'attaquant de front à ses aptitudes physiques dans la joute amoureuse.
Il n'y avait vu que taquinerie sans fondement puisque la plus directement concernée semblait satisfaite.

C'est chantonnant qu'il prit la direction des bords de Loire.
Alexandrie, Alexandra....
Ah Aaah
Ah Aaah
Voiles sur les filles
Et barques sur le Nil
Alexandrie Alexandra
Ce soir j'ai la fièvre et tu meurs de froid
Ce soir je danse, je danse, je danse dans tes draps.
Il s'entrainait appliqué espérant produire ses duchettes lors de la réception au château. Chichi et Elé avaient des aptitudes à la danse tout à fait extraordinaire, dévoilant une sensualité qui mettait en avant leurs formes arrondies... il se dit que ses piètres qualités de chanteur s'en trouvaient du coup éclipsées.

Il marcha longeant la rive sans voir l'ombre d'une pêcheuse. Le soleil prenait de la hauteur dans le ciel et la chaleur estivale invitait plus à la baignade qu'à la pêche.

Au loin il vit éclaboussure et clapotis...
Il comprit assez vite que les deux comparses avaient troqué les hameçons pour le caleçon. Se rapprochant il constata avec ravissement que les caleçons avaient eux mêmes disparus dans la bataille aquatique.

Il contourna les saules qui bordaient le fleuve pour se dissimuler et profiter du spectacle.
Bien allongé dans la sable mou il contemplait les deux femmes. sortant de l'eau. Elles affichaient leurs attributs avec nonchalance. Il trouva sa compagne encore plus attirante que jamais se promettant de faire trembler les murs du château ce soir aux souvenirs des sirènes aperçues ce jour...
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vagabond, là où m'emmènent mes rêves

- Moui ben M'dame la moqueuse ferait bien de regarder sa tenue avant de parler hein. Là c'est pas des poissons ni des pêcheurs qui vont accourir en voyant tes seins hein ! Mais plutôt tous les polissons du coin... Ou les polissonnes...
Cache donc ce sein que... Que rien du tout... Pas obligée de le cacher il est pas mal finalement..."

L'heure était à la gaieté bon-enfant, la complicité entre les deux jeunes femmes était évidente depuis longtemps. Se retrouver ainsi, tranquille, avec Eleane était un réel plaisir pour Suniva qui la vit venir s'installer tel un gros chat au soleil en continuant de la chicaner.

" - Bah, c'est pas grave hein ! Tant que tu es la seule à le voir !"

Riant, elle frappa doucement sur la main qui chatouillait puis les mots engendrant les pensées, Suniva se redressa un peu, regard divaguant sur les berges alentours.
N'apercevant aucune silhouette gênante, la jeune normande prit le temps de bien essorer ses boucles entre ses mains puis s'allongea à son tour ; ventre posé sur le sable chauffé par un soleil désormais haut dans le ciel, menton au creux de ses bras repliés, elle laissa échapper un soupir d'aise...

" - Ce qu'on est bien là, après un bon bain..."

"- Tu sais... Ça fait longtemps qu'on a pas parlé un peu toutes les deux tranquilles, ça me manque pas mal j'dois dire en fait... Et pis j'ai aveu à te faire..."

" - Et bah figures-toi que plusieurs fois j'ai eu envie de te questionner sur ta vie d'avant... Alors je suis ravie, dis-moi donc...Après si tu veux bien, ça sera à moi de parler, j'ai besoin de ton avis..."

Les prunelles noisette avaient pris une teinte de tendresse en se tournant vers la brunette alanguie à ses cotés.
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Le belle brune tira sur sa tunique et se retourna sur le ventre pour être en même position que son amie. Elle commençait à sécher et la peau de ses cuisses la tirait délicieusement sous les grains de sable qui adhéraient à ses mollets. Elle agita un peu les jambes, laissant dégringoler le surplus et commença à parler d'une voix hésitante.

"- Ben en fait pour commencer, je dois te dire que... Ben... Je, je suis bretonne de naissance..."

Même encore maintenant, elle avait du mal à le dire. Elle déglutit péniblement et continua

"- Élevée à la dure jusqu'à mes quinze ans dans la ferme familiale, je me suis enfuie pour... pour un amoureux... Je te passe les détails. Mais il était beau, sublimement beau et encore plus beau parleur. Peu après il m'a vendue à un couple tenant lupanar..."

Elle s'arrêta, sa poitrine se soulevait spasmodiquement au gré de ses paroles et elle cherchait surtout à ne pas verser larmes amères en racontant cela.

"- J'ai été... Fille de joie, esclave... Tout ce qu'il te plaira... Spécialiste des plaisirs de la chair pour nombre d'hommes et même de femmes... Je... Je...
Mais toi ?? Que voulais tu me dire ou me demander ? Nous reviendrons plus tard à mon histoire..."

Elé regarda Suni droit dans les yeux, comme pour y chercher soutien. Comme pour lui dire que tout ne pouvait pas sortir d'un coup d'un seul ainsi. Elle avala sa salive se demandant comment sa plus chère amie allait prendre le début de ces révélations et lui fit brave sourire pour l'encourager elle aussi à se confier.
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Eleane se lança avec difficulté...
Suniva pour mieux lui offrir son attention, avait replié son bras et posé sa tempe sur sa paume.
Le début de sa confession fit se crisper le sang normand qui coulait dans les veines de Suniva, et elle allait lancer une taquinerie bien sentie qui mourut sur ses lèvres quand la suite arriva. L'aveu lui amena le coeur au bord des yeux qui se noyèrent un peu sous le regard implorant de son amie qu'elle avait observée.
Elle déplia son autre bras sans mot dire, la gorge nouée et posa une main amicale sur l'épaule d'Eleane. Prenant une grande inspiration pour refouler les larmes de compassion, elle répondit...

" - Voici donc le pourquoi de cette violente et démesurée réaction quand ce flamand te serrait un peu trop près l'autre fois... Je comprends mieux maintenant que ton humeur ait changé ensuite... "

Elle lui offrit un sourire et reprit...

" - Beaucoup de choses s'éclairent dans mon esprit mais tout ça n'enlève rien à l'amitié profonde que j'ai pour toi, tu sais... Tu as du en voir des sévères... "

Soupir s'éleva quand elle vit que son amie ne pouvait continuer et préférait l'entendre à son tour se confier...

Mais toi ?? Que voulais tu me dire ou me demander ? Nous reviendrons plus tard à mon histoire..."

" - Oh bah moi... C'est sans nul doute bien moins important au regard de ce que tu me racontes là... J'crois juste que mon Ducho ne m'aime plus autant, ou peut-être que je n'ai plus autant d'intérêt pour lui, maintenant qu'il a retrouvé ses amis... et surtout ses amies. Le désir est toujours là, ça... je peux pas le nier "

Les joues rosissent tandis que Suniva émet un léger gloussement...

" - Mais sinon, tu as bien du remarquer comme il est distant avec moi quand nous nous retrouvons le soir pour faire ripaille...'fin voila quoi... J'ai bien peur de le perdre..."

Les mirettes déjà voilées par l'histoire tragique d'Ele, se mettent à briller un peu plus tandis qu'elles se perdent sur les remous de la rivière. Et ce n'est pas le reflet du soleil qui les fait briller ainsi...
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Les larmes coulaient sur les joues des brunes alanguies. Malgré semi nudité, Elé n'hésita pas et vint serrer Suniva dans ses bras pour la consoler. Il est vrai qu'elle avait remarqué depuis quelques temps que Ducho semblait un poil plus distant mais de là à penser cela... Son coeur se serra et elle reprit le souffle un peu rauque.

" - Oui j'ai remarqué distance c'est vrai. Mais ça veut pas dire grand chose... Il vient de retrouver amis tu sais... Et puis d'abord qu'est ce qui te fait dire tout ça ??
A part la distance j'veux dire...

Elle se recula un peu pour mieux observer le visage de son amie et lui essuya une larme d'un revers tendre de la main.

" - Rhoooo ! Et pas de ça !! Tu vas pas pleurer hein ?? Sinon suis sûre que je vais m'y mettre aussi !"

Elle claqua une grosse bise sur la joue de la belle Suniva et lui fit un grand sourire enjôleur pour la réconforter. Elle s'apercevait peu à peu la place qu'elle avait prise dans sa vie. Une amie, plus que cela même... Elle ne lui disait surement pas assez trop occupée à la taquiner outrancièrement. Mais oui c'est bien ce qu'elle ressentait pour la douce normande et elle se promit qu'elle irait tirer les oreilles du Ducho si seulement celui-ci s'avisait de faire souffrir sa belle amie. "Celui-là va m'entendre hein c'est moi qui vous l'dit !"
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Que c'est réconfortant d'avoir des oreilles attentives qui vous écoutent... Suniva était aux anges. Son Ele, elle avait l'impression de l'avoir toujours connue et cela depuis qu'elle l'avait rencontrée un jour là-bas, à Foix... Elle s'abandonna bien volontiers aux bras de son amie et la bise digne d'être normande tant elle retentit, adoucit la peine comme l'aurait fait un baume...

" - Tu sais... Peut-être que je me mets martel en tête... hum... par orgueil ? Mais ça fait mal de ne plus être sur un piédestal et d'avoir ses gestes sans réponses ou ses mots qui se perdent dans le brouhaha d'une taverne... D'avoir l'impression qu'on est là que pour aller tâter du moelleux de la paille... Je l'aime tellement Eleane et là... Je me dis que peut-être je l'aime trop ou pas bien... J'ai déjà eu le coeur meurtri deux fois tu sais..."

Les boucles accompagnent la tête qui se baisse. Un profond soupir se fait entendre marquant la détresse.

" - J'ai vraiment pas envie que ça recommence et surtout pas par ma faute... Qu'est ce qu'il faut que je fasse, tu le sais toi ?"

Une brise s'éleva depuis le fleuve, caressante, faisant bruire les joncs qui garnissaient les rives, là tout près. Elle fût comme une réponse à la peine des deux jeunes femmes. Les larmes ne furent plus que des sillons sur les joues roses de Suniva, seule une perle de tristesse restait accrochée à un cil baissé sur des iris aux tons mordorés...
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Ducho allongé dans les herbes hautes saisissait les bribes de la conversation des deux femmes.
Il ne fut pas surpris du parcours d'Elé... On a pas un caractère si trempé et si affirmé sans que la vie ne vous ai épargné.
Il comprenait ses positions parfois radicales sur la gente masculine , elle qui avait du subir les assauts des plus malfaisants.
Cela le confortait. Finalement il est agréable de connaitre les turbulences intérieures de l'âme. L'humain finalement traversait la vie agité en tout sens, comme repu, usé , buriné par les blessures.
Cela le rendait plus noble et plus disponible finalement.

Il est des jours où l'on est là où l'on ne devrait pas être.
Cela lui inspira un dicton.

Ducho derrière les saules
C'est du poids sur les épaules

Il écouta.

Il ne comprenait rien de ce qu'il entendait. Sa tête se mit à bouillir comme placée en surchauffe. Son nez respirait le sable, il pesait douze tonnes autant que le taureau du père Petsec qu'il avait du un soir transporter à la foire... Il ne réfléchit pas ne sachant quoi penser et surtout quoi dire.

Il fit un rampé digne des forces spéciales les plus expérimentées. Il rampa , rampa des minutes longues. A bonne distance il se releva.
Il prit une grande inspiration.

Alors bon ben oui heu bon ouai pfff oui heu et ben...

Il longea le fleuve, marchant en direction du couchant... Il ne rentrera pas ce soir.. tant que son cerveau serait ainsi en sur régime.
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