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[RP] L'effet papillon

Maegorn55
[...]

La nuit est courte lorsqu'il n'y a plus de repère. Il ne lui a rien affirmé mais son esprit déjà se remémore les merveilleux moments qu'elle a vécu avec lui. Sa décision est une trahison silencieuse, qui lui meurtrit le coeur. Pourtant Cendre est un être tendre, sa trahison serait douce, maladroite, presque faite par erreur... Or ce choix lui glace l'âme et son coeur ne bat plus. Vous vouliez des cris, des pleurs, de la tragédie ? La révolte d'Antigone ? Il n'y aura rien. Il n'y aura jamais plus rien. Elle a appris ces derniers mois à ne plus dire, à ne plus émettre de sons quand le coeur ou le corps tremble sous une épreuve trop forte. Pire, Maegorn sait désormais qu'on peut survivre à tout. Là est le drame.

Et il vécut heureux, marié et eut pleins d'enfants. Voilà qu'elle serait la fin de l'histoire de Cendre. La sienne... Disons que le récit serait surement plus court et nettement plus sombre. Aucun parent ne souhaiterait un jour le raconter à un enfant.


Comme sur un marbre sculpté, la lumière baisse et revient. A-t-elle dormi ? Elle l'ignore. Son esprit est sur lui-même, l'extérieur importe peu.


Peut-être aurait-elle pu sursauter. Cela demande beaucoup d'énergie un sursaut. Cela demande de donner encore de l'attention au monde un sursaut. C'est un peu de vie qui se réunit en la peur d'un mouvement inattendu. C'est un réflexe. Un geste pour la survie. Non, il n'y a pas eu de sursaut.


-Tu devrais manger pardi, on a de la route aujourd'hui té. J'ai pas trop envie de trainer dans le coin pardi. On va finir de se soigner, on rassemble les affaires, et on s'en va, d'accord pardi ?

Oui, on va s'en aller Sam. "Tu es celle qui a su chercher et attendre, on ne sera pas désagréable à ton égard."

Le sourire doux de la guerrière crée-t-il une légère fissure dans l'Amertume qui l'habite ? Une hésitation naïve et le sentiment sombre reprend ses droits sur son corps.

-Je n'ai pas de plans pour la suite pardi. Que veux-tu faire té ? Où veux-tu aller pardi ? Il y a en tout cas un point non-négociable pardi, c'est que je t'accompagne té, et je ne te lâcherai que lorsque tu iras mieux té.

Ses oreilles écoutent, comme un animal attentif à la suite, à la situation qui évolue. De l’opportunisme.
Je n'y vois pas d'inconvénient, allons à Alençon.

Le ton n'est pas dur, elle ne souhaite pas blesser son amie. Mais il est froid, calme et bas, dénué de toutes émotions. Doucement, ses membres se déplient et Maegorn se lève. Son corps fin est pâle. Sa peau est violacée par endroit, déchirée par d'autres mais la chair a séchée à l'air. Ses os tentent de percer l'enveloppe humaine. Cet état l'indiffère. Peut-être n'a-t-elle plus d'énergie, mais son corps ne tient qu'avec sa détermination. Elle n'a conscience du monde que dans la mesure nécessaire, pour atteindre son but.
Il me faudra des vêtements pour voyager. Je me nettoierai quand tu auras fini.

Soigner les apparences pour éviter qu'on ne la gêne, qu'on ne l'arrête. Maegorn retrouve son attitude dure d'autrefois. Les temps n'ont pas autant changés qu'on le dit.
Samsa
    "Les coeurs sont tristes et les yeux fatigués
    Et tout ce Red Bull nous maintient câblés
    Ça nous donne des ailes,
    Et des poches sous les yeux."*
    (Passengers - Staring at the stars)



Elle l'avait écouté cette fois, attentive, et Samsa n'avait pas comprit. D'un autisme avancé la veille, Mae était passée à l'attention. La Cerbère se demandait si cela était une conséquences de cette année de captivité, ou plutôt de ce qu'elle avait dit la veille. Elle pensait pourtant ne pas avoir été entendue. Franchement, elle aurait peut-être préférée, parce que vu comment Mae parle maintenant, c'est à se dire que c'était mieux avant. A présent, ce n'est plus Mae-l'estropiée, ni Mae-l'enjouée, c'est Mae-l'engagée, et s'il va falloir s'y faire, la Cerbère n'est pas absolument certaine de réussir à la contenir d'un point de vue autre que physique.
Samsa laisse son amie se relever, prête à l'aider. Maintenant qu'il fait jour, elle la voit parfaitement, la femme cadavérique, blessée de partout, jusqu'au coeur à présent. "Mae, t'es un putain de miracle". Et si les autres étaient pareil, ils étaient tous des putains de miraculés. Étaient, ou avaient été ? Qui sait ce qu'ils sont devenus après son coup d'éclat. Elle aurait tant aimé rendre ces gens à la vie, à leurs êtres chers et aimés. Depuis combien de temps étaient-ils -avaient-ils été- là, eux ? Est-ce que leur vie, leur ancienne vie, était ancienne ou en pause ? Des questions, et des visions, pas prêtes de quitter la tête de la Bordelaise.
Samsa étudie Mae du regard, se demandant comment elle va voyager jusqu'à Alençon, se demandant même si c'est une bonne idée. Mais qu'est-ce qu'elle en sait, elle ? Chacun réagit comme il veut. Comme il peut. Le pire, c'est quand les réactions s'opposent, ne se comprennent pas.


-... D'accord pardi, on va à Alençon té...
Mange un peu, lave-toi si tu veux pardi, je vais aller te chercher des vêtements té, et de l'onguent. Tu peux garder le tabard en attendant pardi.


Samsa va chercher ses gantelets qu'elle enfile, remet le bouclier à son épaule. Sait-on jamais, toujours. La barbute, elle, est trop cabossée pour être agréable à porter, alors elle reste sur la table. La Bordelaise attrape sa bourse et s'éloigne vers la porte. Sa main se pose sur la poignée, reste en suspension un instant, et la jeune femme se retourne vers Mae. C'est important de la prévenir, quand même.

-Mae ? ... Je sais pas ce qu'on trouvera à Alençon pardi.

Elle pourrait ajouter "réfléchis bien", "prépares-toi", "n'imagines rien", "prends soin de toi", mais elle ne dit rien, elle se contente d'esquisser un bref sourire et de reprendre son geste.
Samsa n'a pas menti. Elle sait que Cendre est parti, d'une certaine façon, mais elle ne sait pas dans quel état il est, dans quel état est son nouveau départ, si tant est qu'il ait vraiment réussi à le prendre. L'irrégularité perpétuelle de leurs échanges, ses mots contradictoires laissent Samsa dans une sorte de perplexité constante. Elle a bien comprit que se relever, ce n'est pas simple; elle le sait, elle l'a vécu, cet état du "ouais je vais bien. Hein ? Je pisse le sang et mes entrailles se barrent ? Mais naaan !". Mais si, tiens, et on est tellement convaincu, on essaie tant de se convaincre qu'on peut même finir par convaincre les autres. Le fameux coup du "ça passe ou ça casse". Et Samsa ne sait pas si Cendre passe ou casse.

Elle sort de la chambre, un peu raide à cause des coups et des courbatures imprévues, ferme la porte derrière elle et rejoint la salle commune où quelques rares voyageurs font une halte temporaire, de quelques minutes à quelques heures. La Cerbère amochée aborde le tenancier de la veille -de la nuit- et lui demande de préparer son cheval comme il l'a trouvé la veille. Il faut s'y reprendre à deux fois, tant il reste bloqué sur le côté couleur dégueulasse du visage bordelais.


-C'est pas vrai ça pardi...

La Cerbère sort, direction la cabane qui sert d'abris aux gardes et veilleurs de ce petit village fortifié de bois. Dehors, le froid mordille, et bien que les nuages clairs laissent légèrement passer la chaleur du soleil derrière, Samsa se presse. Elle n'a pas envie d'avoir froid plus que nécessaire, d'une part, et d'autre part, laisser Mae seule ne la rassure pas. Elle trouve le responsable des gardes, lui achète une tenue de jeune recrue, entendre écuyer. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, des braies amples, des bas, des poulaines fermées, une tunique et une ceinture. Ça convient à la Bordelaise, et ça convient au responsable qui gagne de l'argent sans avoir une bouche de plus à nourrir, ni une personne de plus à payer. La bonne affaire.

-Vous avez pas un peu d'onguent en plus pardi ?
-J'sais pas...


Samsa roule des yeux et lui tend un peu plus d'écus. Il reste de quoi acheter à manger, tout va bien, c'est le plus important, et le garde lui donne une petite quantité d'onguent. C'est rare par ici, il faut le comprendre, et la Cerbère comprend.
Elle se hâte pour retourner à l'auberge, au quartier général, paquet dans les bras, tout en marmonnant. C'était habituel de marmonner chez Samsa, dès qu'elle rencontrait une difficulté. Elle se plaignait, elle grognait, elle jurait, elle insultait... Que des choses qu'elle ne pensait pas. Ça l'aidait à faire passer la crise, à reprendre courage.


-Je savais bien que buter tout le monde était une solution à tout pardi...


*= paroles traduites, initialement anglaises

_________________
Maegorn55
[...]

Il aurait été plus facile d'être seule. Seule, on peut avoir des actes répréhensibles qu'on assume d'abord et qu'on oublie ensuite. Seule, les événements ne sont pas perçus. Ils nous touchent moins... Parce qu'on peut ne pas avoir conscience du tout qui nous entoure. La perception d'autrui ne nous atteint pas parce qu'autrui est étranger. Seule, on peut oublier, s'oublier enfin. Les pensées bourdonnent tant et si fort que ça n'est plus qu'un écho de l'âme, un son intemporel omniprésent qui met fin à l'écoulement du temps. Oui, il aurait été plus facile d'être seule pour aller à Alençon. Cela aurait pu taire ses émotions, les tuer et les jeter aux vers nécrophages qui les auraient déchiquetées jusqu'à ce que, pour finir, il ne reste rien.
Au fond, il aurait surtout été plus facile d'être morte quand on y pense. Morte, on ne ressent plus. On ne pense plus. Morte ou Absente, qu'est-ce que cela avait changé pour Lui ? Qu'est-ce que cela aurait changé surtout ? Rien, autant ne pas se voiler la face. Le monde est dur et froid, si l'on ne donne pas, il ne faut rien attendre. Qu'importe l'histoire partagée vécue. Si tu n'es pas disponible pour Autrui, Autrui te tue métaphoriquement en t'oubliant de son quotidien, en t'exilant de son esprit. Etait-ce qu'il avait fait ? Une douleur diffuse se tord encore dans sa poitrine. Plus pour longtemps.

Être une enveloppe charnelle qui nie son existence à défaut d'avoir pu la perdre. Quelle drôle de vie. Dans d'autres temps, elle aurait souri à cette ironie. Il y a quelques jours, elle aurait ri à gorge déployée de cette cruauté sans nom. Aujourd'hui, pas de réaction. Non, là vous demandez trop.

-... D'accord pardi, on va à Alençon té...
Mange un peu, lave-toi si tu veux pardi, je vais aller te chercher des vêtements té, et de l'onguent. Tu peux garder le tabard en attendant pardi.


Enfin, elle cède. Son esprit se brouille. Non. Samsa accepte leur demande plutôt. Les réactions s'opposent déjà, Maegorn discipline le spectre de sa lucidité d'une main qui se veut de fer. C'est assez. Va. Or Samsa, sa seule attache au monde réel se fige pourtant si proche de quitter la pièce.
-Mae ? ... Je sais pas ce qu'on trouvera à Alençon pardi.

Qu'importe Samsa. Nous sommes au de-là de ces états d'âme. Seul son souffle témoigne d'un être dans ce corps. Et quel corps !

Le tabard, elle l'a oublié. Ses mains sèches apparaissent comme corrodées. Le tissu que sa peau ne sent plus tombe au sol sans le moindre bruit. Il fut trop porté. Trop abîmé. Trop léger. Il s'est aminci sous les intempéries du temps et celles de sa vie des derniers jours. Ses yeux se posent sur ce tissu qui recouvre désormais une partie de ces pieds bandés. Pourquoi a-t-elle eu dans sa vie tant de pudeur pour cette chair ? C'est une ironie du vêtement qui se trouve à ses pieds. La peau de son corps a tout subi directement, les chocs et les secousses. Ce tissu ne cache rien une fois porté. Ce constat en amène un autre : Jamais plus on ne la fera rougir. Son être ne vit plus, son souffle peut être oublié, et son corps... délaissé. L'émotion en sera bientôt absente, vite.

Maintenant indifférente à son vêtement comme au tabard, Maegorn traverse la pièce sans hâte jusqu'au seau d'eau froide. Son bourreau la tient encore et Cendre pétrit son coeur maladroitement, lentement. Elle ne porte pas attention à son reflet et glisse ses doigts dans l'eau sans que ceux-ci ne perçoivent le contact aqueux. La peau de la jeune femme s'humidifie, comme ses blessures. Elle frotte et le sang coule de nouveau. Ces gestes machinaux et leurs conséquences n'éveille pas son instinct ou une quelconque peur. La peau conserve sa couleur grisâtre par endroits rouge sombre. Quelques agglomérats tombent. La poussière se mélange à l'eau. L'eau est salie et la personne apparemment nettoyée. Elle prend un linge pour tamponner les blessures ouvertes avec indifférence. L'apparence doit être sauve et la peau, sèche à nouveau. Les bandages des pieds rougissent légèrement, rien de très flagrant. Ça ira. Ce qui compte est d'être présentable pour qu'aucune âme ne se mette sur son chemin. Elle a oublié ses cheveux. Pour un apparat typique des dames, ils sont actuellement un tout filandreux. Ses doigts tirent pour dénouer les fibres mais ce sont des touffes de cheveux qui tombent sur le sol. Un soupir d'exaspération transperce ses lèvres. Après une fouille brève de tiroirs qui n'ont pas été refermés après avoir été ouverts, Maegorn tombe sur un outil suffisamment tranchant. Sans aucune réflexion préalable, elle coupe de moitié la longueur de ses cheveux. La majeure partie des noeuds rejoint le plancher. Voilà qui n'est surement pas mieux, mais elle est moins irritée. L'objet est posé sur la table dans un geste oublié.

Un bruit de porte se fait entendre. Son être ne réagit pas tout de suite, les cheveux sont désormais plus seyants. Lorsque son instinct lui fait prendre conscience d'une présence, elle se tourne vers la personne qui doit être Samsa. La guerrière est effectivement revenue avec des vêtements. Maegorn marche insensiblement vers elle et s'en saisit. Sans s'écarter de Samsa comme l'ordonnent les bonnes moeurs et sans pudeur -de toute façon, qui sait depuis combien de temps Samsa est dans la pièce ?- l'esclave s'habille avec des gestes absents, posément, comme tant d'autres fois. "Tant d'autres fois" ? On ne sait pas. Et puis, qui ça intéresse d'ailleurs ?

Habillée, Maegorn finit par croiser le regard de la Cerbère comme si elle découvrait sa présence morale en tant que personne.

Tu avais un cheval hier, est-il reposé ?

S'il devait reprendre encore des forces, elles ne l'attendront pas.
Malone
[Il a piqué mon annonce ! Ou alors serait-ce moi qui la lui ai envoyée ?]

Le Poitou avançait, comme il pouvait, et la blonde aussi, de la même manière. S’acharner, s’activer, ne jamais penser, tel devenait son obsession. Elle ne mangeait jamais ou presque chez elle, ou alors en courant d’air dans les cuisines. Elle ne dormait que quand ses yeux devaient s’y reprendre à quatre fois pour la même ligne, et encore attendait-elle un peu.
Et le pigeon revint. Pas celui pour le tribunal. Pas celui pour la prochaine annonce à rédiger. Pas non plus celui pour la pastorale qui trainait, ni celui pour le Secrétariat d’Etat. Celui-là était arrivé voilà un moment et se trouvait posé là à côté … ou dessous, pas loin.
Non, le seul correspondant privé qu’il lui restait : Cendre. Et celui-là passait au-dessus de tous les autres.


Mais je le savais que je l’avais pas oubliée cette annonce ?!

Le cri éclata dans le bureau vide, faisant lever en sursaut une chatte paresseuse au ventre rebondi, qui n’y était pour rien, pas plus que sa future progéniture secouée.

Misère de misère, je l’avais faite, je le savais !

Ma Dame, le greffier du tribunal est là ! Il affirme que vous seriez en retard ?!
Par la porte du bureau, le visage de la seule à n'avoir pas quitté la maisonnée, Margilie, apparut. Des cris dans le bureau de sa maîtresse seule ne l’émouvaient plus depuis longtemps, c'était même bon signe : elle y était encore vivante ...
Hum, oui, c’est probable … J’y passerai plus tard, faites-lui renvoyer l’audience à ce soir.

Nous sommes déjà le soir ma Dame … Le soleil est couché depuis belle lurette, vous lisez à la chandelle !
Les prunelles émeraude dans le visage livide parcoururent la pièce avec un air de la découvrir, ah oui !
Alors ce sera demain, j’ai un courrier urgent à rédiger. Et il faudra que nous rangions cette pièce, c'est un capharnaüm ! A ce train là, Minette y perdra ses petits sous peu ! Ainsi sera donc notre programme de demain : nous rangerons ce bureau, et puis vous ferez planifier l'audience du tribunal ensuite.
Margilie se dépêtrerait-elle du greffier ? Sans nul doute. Elle avait l'habitude. Et la blonde revint à ce qu'elle faisait, d'un air surprise et heureuse pour la seconde fois de découvrir le courrier de Cendre.
Et les prunelles parcoururent une, deux, trois fois le vélin. A la lueur de la chandelle, Margilie n’avait pas tort : la nuit était bien avancée.




Très cher Cendre,

Si c’est le travail qui te manque, viens donc en Poitou ! On a tout ce qu’il te faut ! Et je promets de t’accabler de travail comme Zelha n’aura jamais osé, si c’est ce qui te manque !

Mais trêve de plaisanteries, si je reprends bien, j’ai peut-être l’explication la plus farfelue, et la plus plausible à notre problème commun.
Maegorn t’avait peut-être parlé de mon parrain ? Un grand homme, de convictions et d’engagement, qui a subitement rallié le monastère alors qu’il s’était engagé dans une élection comtale. Lui qui n’a jamais failli, démissionné peut être mais jamais abandonné ceux auprès de qui il s’était engagé, sur toute une vie, a soudainement été pris d’envie de monastère comme d’autres d’envie de latrines à la saison hivernale des maux intestinaux, et ne refit jamais la moindre apparition.
Mon tendre Choupi, époux attentif, père aimant, nous joua sensiblement la même scène.
Ma belle enfant, ma petite Malvinaa, pleine de vie et de charmes, m’écrivit un jour qu’elle partait rejoindre son père en retraite spirituelle, mais je n’ai pu la trouver dans aucun couvent, dans aucun monastère, dans tous les lieux de culte ouverts ou fermés. Son père, mon parrain, aucune âme connue ne s’y trouvait. Et pourtant, j’en ai escaladées des murailles, forcées des serrures, certaines par un sourire, d’autres par un crochet à cheveux…
Et si le problème, la source de ces disparitions, n’était pas la religion, mais les hommes ou femmes d’église qui pour quelque raison emportaient les âmes pieuses à je ne sais imaginer quelle fin ? Cette idée saugrenue me trotte dans la tête depuis quelques temps sans que je n’ose la formuler à qui que ce soit. Il n’est pas dans ma nature de remettre en question mes frères et sœurs qui se donnent corps et âmes pour notre église.
Mais avoue que la question se pose ? Sans doute, si rien n’apparaît même en fouillant les registres, les Pères et Mères supérieurs des différents ordres concernés n’en savent-ils rien, mais quelques brebis galeuses se cacheraient dans ces vénérables institutions ? J’y pense sans oser y croire : tu es même le seul à qui j’aie fait part de cette théorie jusqu’aujourd’hui : si nous ne pouvons plus avoir foi en nos clercs, en qui aurons-nous foi ?

Je crois que je n’inventerai que des sornettes aujourd’hui, n’oublie pas que ces quelques lignes jetées à la hâte ne sont que le fruit d’un esprit fatigué qui ferait bien d’aller dormir, ou de rédiger une autre annonce comtale sans te l’envoyer cette fois, elles sont réduites au minimum depuis que je suis en plus de Porte Parole Procureur. Mais à faire trop de choses à la fois on ne fait rien de bien. Et je crois que je n’invente que des bêtises, enfin, tu me diras si tu peux y croire.

Profite bien de ton retour à Alençon, et n’hésite pas à faire un détour par le Poitou sur la route : un peu de compagnie sera toujours bien accueillie !

Amitiés,

Malone


La plume se posa, le buvard en effaça les excès d'encre, et le pliage fut rapide. Si elle se relisait, elle renoncerait à sa confidence, et ne répondrait que quelques banalités pour masquer la gêne. Maegorn méritait bien cet effort. Choupi, Jehan et Malvinaa aussi. Si tous autour d'elle disparaissaient, peut être y était-elle aussi pour quelque chose. Le buvard prit la direction du feu, et le vélin celle du pigeon. pas de relecture, envoi rapide.
Et pour une fois elle irait dormir avant le chant du coq.

_________________
Cendre1886
[Le sage n'a ni maison, ni parenté, ni patrie.](Philon d'Alexandrie)


Loin d'être sage, Cendre était retourné chez lui, à Alençon. Malone l'ignorait mais, comme elle, il ne restait jamais vraiment dans sa maison, dans ce qui fut Leur maison, même si les chemins et les étoiles l'étaient plus souvent. C'était des souvenirs trop délicats, trop douloureux, qu'il ne pouvait pas encore traiter. Comme Malone, il passait, des œillères les plus serrées possibles. Tout, pour que rien, ne lui rappelle tout et rien. Il ne dormait plus chez lui, chez eux, car son sommeil s'en retrouvait inexistant ou cauchemardesque, plus agité encore que lorsqu'une tranquillité relative l'habitait. Quand il ne dormait pas avec Octobre, il lui faisait croire qu'il était chez lui, mais il errait plus de chambres d'auberge en chambre d'auberge, ou de ciel étoilé en ciel étoilé. Il avait juste besoin de temps, un peu de temps. Beaucoup, peut-être, mais du temps. Ça ne servait à rien d'alarmer tout le monde, il devait surmonter cette épreuve tout seul, et il y arriverait. N'est-ce pas ?
Cendre reçut un matin un nouveau pigeon, qui devait être arrivé la veille dans son pigeonnier. Ou il y a deux jours, peut-être. Il prit le message et s'assit par terre pour en lire le contenu. Ce qu'il déchiffrait était, comme Malone l'écrivait, insensé. Insensé à ses yeux. Il n'était jamais rien arrivé à Mae dans ce couvent, alors pourquoi est-ce que cela serait arrivé ? D'un autre côté, cela expliquerait tellement de choses... Pourquoi Cendre n'avait pas trouvé trace de Mae, pourquoi nul part il n'en avait trouvé. Cela expliquerait tout, pour Malone, et pour lui.
Immédiatement les défenses se remirent en place dans sa tête, et Cendre grimaça. Ça aurait pu juste suffire, que tout s'arrête là, mais les mots de Malone étaient percutants, les défenses morflaient, et Cendre morflait. Si les défenses cédaient, si les mots de Malone s'ancraient dans son esprit et prenaient sens, c'était la fin. Il avait depuis quelques temps la sensation de développer des troubles, des sortes de symptômes d'évitement et parfois d'hyperactivité nerveuse qu'on pourrait caractériser, bien plus tard, de stress post-traumatique. Recroquevillé comme un enfant, Cendre attendit. L'attente, encore, toujours, finalement sa seule véritable défense, son seul véritable remède. Lorsque sa respiration s'apaisa, il releva la tête. Sa main avait littéralement broyé la lettre qu'il déplia avec soin. "Un esprit fatigué"... Oui, un esprit fatigué. Comme le sien. Assis, dos au mur du pigeonnier, il reprit sa respiration avant de sortir de quoi écrire. Ce serait difficile, mais il fallait répondre maintenant, tant que les défenses de sa tête avaient le dessus.





Chère Malone,

Je ne crois pas que le travail me manque. Je suis rentré à Alençon ce jour, et je m'y sens... "Bien". Ce mot n'a pas vraiment de sens, pas plus que "en paix", ou "serein", mais je ne crois pas qu'un seul existant reflète ce que je ressens vraiment.

J'ai lu, comme toujours, ton courrier avec attention.
Mae m'avait en effet parlé de son parrain, un peu. J'ai, comme toi, cherché dans les couvents, mais je pense qu'elle -ils- ont trouvé une bien bonne cachette, loin de nous, là où nous ne pourrions les retrouver, à moins qu'ils ne pointent le bout de leur nez.
Comme toi, je fais confiance aux gens d'Église. Je n'ai guère de proches rapports avec eux comme tu as pu et peux en avoir, mais je crois en eux. De plus, quel intérêt à emporter des gens pour on ne sait où ? Perdre la confiance, susciter la crainte, perdre de la crédibilité, des âmes, des dons... Je ne sais.

Je n'ai jamais cessé de chercher et d'attendre Mae, depuis un an, tu le sais. Je suis un homme de valeurs, de principes, et de sentiments. Je n'ai pas épousé Mae parce que ça marchait entre nous, mais parce que c'était plus fort que ça, et je crois en avoir été digne. Tu es cependant sa marraine, et mon amie, et nous nous épaulons dans notre perte mutuelle. C'est pour cela que je dois te dire que... Je ne sais pas si cela pourrait se traduire par un "cesser d'attendre", car je crains toujours pour elle, je me demande toujours où elle est, ce qu'elle fait, pourquoi elle est partie. Je n'ai pas cessé de penser à elle, ni d'espérer son retour pour les gens qui l'aiment, s'assurer qu'elle va bien, et que tout redevienne comme avant. Mais tout ne redeviendra pas exactement comme avant.
Je dois t'avouer qu'Octobre, la rousse que tu as vu avec moi à La Rochelle, celle que j'escortais, partage à présent ma vie. C'est une amie de très longue date. Nous n'avons pas fait exprès, c'est arrivé, et je l'aime. Pour ce qu'elle est, mais aussi pour tout ce qu'elle est pour moi en cet instant instable et difficile.
Je n'ai pas tourné la page. Je ne commence, je crois, qu'à peine, et ces mots sont bien optimistes mais, comme tu me l'as dit à La Rochelle, il faut avancer; n'est-ce pas ? J'essaye, j'essaye de me dire que je suis quelqu'un de bien, que ça ne fait pas de moi quelqu'un d'indigne, que ce n'est pas ma faute et que je n'aurais rien pu changer, et même si je tombe, j'aurais essayé. En attendant, je trébuche et je vois souvent le sol de près.

J'espère que tu ne m'en veux pas, car ton regard m'importe, en tant qu'officiante, marraine et amie. L'une d'elle me jugera peut-être, et je l'accepterai, car tout n'est pas une porte de sortie où il fait bon de se débiner; simplement, certains choix n'en sont pas vraiment.

J'ignore quand je repartirai sur les routes, mais je te promets que lorsque ce sera le cas, je passerai en Poitou. Peut-être pourrais-je t'aider un peu dans ton travail, au moins pour classer les annonces ducales.

Amicalement,

Cendre



Épuisée, la tête brune et terne s'appuie sur le mur alors que les poumons se vident. C'est dit, c'est fait, c'est écrit. Est-ce que c'est vraiment fini ? Cendre déglutit, refoule et étrangle un sanglot. Il tente de retenir des larmes, mais elles lui brûlent les yeux à l'acide et finissent par couler malgré lui et sa grimace. Silencieux, il lutte contre tout ça, attend, encore. Sa respiration lui revient, repasse librement dans sa grande carcasse. Cendre roule le message, se relève et l'attache à la patte du volatile qui part en direction du Poitou, suivit par le regard du Brun, harmonieux mélange de vert et de noisette.

-"Cendre ?"
-"..."

_________________
Samsa
    "Et maintenant, que vais-je faire [...]
    Vous mes amis, soyez gentils
    Vous savez bien que l'on n'y peut rien
    Même Paris crève d'ennui."
    (Gilbert Becaud - Et maintenant)



Samsa s'est dépêchée de rentrer, car elle ignorait tout des réactions possibles de Mae. Elle ignorait même si elle la retrouverait en rentrant. Avec hâte, elle a terminé de parcourir les rues, de traverser la salle et le couloir pour entrer dans la chambre. Mae est toujours là, mais elle est encore différente, physiquement cette fois. Elle en sursaute un peu, mais son amie ne remarque rien. Son amie ne remarque plus rien. Elle se déshabille devant elle, mais Samsa ne le remarque pas, pas vraiment. Ses yeux sombres glissent sans arrières-pensées sur la peau de Mae, constatant les blessures à soigner, les cicatrices qui seront ou qui sont déjà. Pour la première fois depuis qu'elle l'a revu, la Cerbère ne sait pas qui se trouve en face d'elle. Elle n'a plus rien de la Mae qu'elle a connu, elle pourrait s'en aller et la laisser là que ce serait pareil, mais Samsa est loyale. Elle n'écoute pas sa tête qui lui dit que ce n'est plus Mae, que ce n'est même plus quelqu'un, elle n'écoute que son coeur qui lui ordonne de ne pas la laisser tomber, pour tout ce qui a été.
Inutile de s'attarder plus ici, alors la Bordelaise hoche la tête à la question de Mae. En l'instant, ce n'est pas la première qui a le contrôle de la situation. Elle se laisse trimballer par son amie, ses questions, ses envies, et ne lui oppose aucune résistance. Aucune, sauf une.


-On ne part pas tant que tu n'as pas mangé un peu pardi.

Samsa s'adosse contre la porte et croise les bras. Sa décision à elle est sans appel, et elle ne bouge pas tant que son amie n'a pas quelque chose dans le ventre. Lorsque la Cerbère se satisfait assez des efforts visibles et obligatoires de Mae, elle libère le passage pour aller réunir ses dernières affaires. Les deux femmes sortent, Samsa règle la note et emmène Mae avec elle aux stalles. Elle songe aux esclavagistes qui pourraient passer, la reconnaitre, à la peur que Mae pourrait avoir même sans rien de tout cela. La Cerbère pense à ne pas perdre Mae de nouveau. Même si elle attend pendant que la Bordelaise prépare Guerroyant, le selle et l'harnache, au moins, elle est là. Le grand bai est sorti et Samsa le positionne pour Mae.

-Tu montes, je marche pardi. Non-négociable té.

Il n'y avait finalement pas que la nourriture qui était un point intraitable chez Samsa. La Cerbère l'aide à se mettre en selle malgré sa faiblesse et ses blessures, et elles quittent le village de palissades au pas.

Très soignée et organisée dans ses voyages, Samsa l'était plus encore cette fois. Jamais, durant tout le trajet qu'elles parcourèrent, elles ne dormirent à la belle étoile. La Cerbère trouvait toujours une auberge, un relais, une ferme ou un bâtiment abandonné. Un endroit où elles pouvaient avoir du feu, un abri contre le vent, la pluie, les rôdeurs et les animaux affamés. Elles ne s'arrêtaient pas durant la journée, mais la Cerbère veillait à ce que Mae mange et boive régulièrement, menaçant souvent de ne pas faire repartir la monture dont elle tenait solidement les rênes pour se faire obéir. Le soir, dans leur abri, Samsa s'approchait parfois de Mae pour s'occuper de ses blessures connues, s'assurer de leur état. D'autres soirs, elle ne faisait rien, et la laissait tranquille. La Bordelaise parlait en chemin, elle parlait de tout et de n'importe quoi sur un ton relativement monotone. Plus jamais cependant elle n'a d'elle-même abordé le sujet de Cendre, ni même celui de Millie, la soeur que Cendre disait également disparue. Jamais Samsa ne parla de Malone qui avait tout perdu, de Zelha dont le règne fut extrêmement court, et sa mort précoce. Jamais Samsa ne posa de questions à Mae sur ce qu'elle avait vécu, pourquoi, par qui. La Bordelaise ne parlait que de choses banales, qui n'avaient pourtant rien de particulièrement joyeuses non plus; elle avait plongé dans une neutralité totale qui n'avait pour but que de faire un fond sonore, un fond sonore humain.

Elles contournèrent l'Anjou, évitèrent le Berry, se firent petites en Bretagne. Aller du Nord au Sud, et inversement, n'avait jamais été aussi difficile que depuis ces derniers temps. Midi était passé lorsqu'elles parvinrent enfin en vue des murailles d'Alençon, abîmées en de nombreux endroits à cause du récent siège angevin, et Samsa arrêta Guerroyant, pour elle, mais aussi pour Mae.La Cerbère se demandait ce qu'elles y trouveraient, comment il faudrait réagir; trouver un plan à chaque situation. Cendre serait-il là ? Leurs échanges restaient aléatoires, vides aux yeux de Samsa qui, malgré ses questions, ne parvenait jamais à cerner l'état concret de l'Alençonnais. Parfois, elle se demandait s'il savait lui-même. Si elle le voyait aujourd'hui, peut-être saurait-elle. Mais elle ne savait pas si elle avait vraiment envie de le voir, même de loin, parce qu'elle ne savait pas comment elle réagirait. L'imprévu couplé à l'inconnu ne lui disait absolument rien qui vaille, mais sans doute faudrait-il prendre un risque, pour Mae.
Les petits yeux sombres se lèvent vers le visage de son amie, guettent une réaction, un sentiment lisible sur les traits qui ne parlent plus. Ils cherchent une indication, comme un "et maintenant ?". Oui, et maintenant ? C'est quoi le plan ?
La Cerbère, fidèle à son surnom canin, attend; ce n'est pas à elle de décider de la suite.

Ca n'a, en fait, jamais été son rôle.

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Maegorn55
[...]

L'esclave s'était exécutée. Elle avait mangé. A toutes les demandes de Samsa qui veillait à son état, Maegorn cédait parce que finalement, ça n'avait jamais plus eu à ses yeux beaucoup d'intérêt.

Mais il y a une brèche. L'insensibilité de Maegorn vacillait lorsque quotidiennement la couverture sombre du monde s'abattait. Elle n'avait tenu que quatre nuits sans dormir. Un beau soir -c'est une expression, il n'avait rien de différents des autres et serait sensiblement le même aux suivants, c'est histoire de glisser de l'espoir dans l'écriture-, le corps avait repris ses droits et Maegorn avait chuté dans le sommeil. Une chute sans fin qu'elle n'avait pas même combattu. Non, c'était Sam qui avait bataillé pour elle. C'était elle qui l'avait réveillée violemment, craignant que sa personne ne s'éveille jamais plus. La réaction l'avait interpellée. Ainsi donc il y avait quelqu'un qui tienne à elle. Cette première étincelle agréable était passée sans qu'elle ne s'en aperçoive, comme le battement sourd d'un coeur que l'on ne remarque pas. Cette interpellation avait été soigneusement passée sous silence, qu'importait finalement qu'on la veuille en vie ? Ca éviterait juste qu'on ait à la porter. Ce fut le seul sommeil "réparateur".

Le confort du voyage lui était indifférent. Elle ne traînait qu'une pièce de viande sans espoir. Mais je l'ai dit, son insensibilité vacillait à la nuit. Elle rêvait de Lui, des moments passés ou de ceux qu'elle aurait voulu vivre. A Leur vie et à celle qu'elle aurait pu être. Ses moments de bonheur lui était arraché. Son espoir repris, elle était comme une droguée à qui on avait pris sa substance. Elle rêvait. Trop. A cette femme, plus femme, plus belle, plus préservée par la vie et sereine qui, chaque nuit, lui reprenait Cendre. La Jalousie la lapidait. L'Amour allait la tuer. Ils étaient heureux, et Il l'était sans elle. Son indépendance, elle l'avait enterrée pour lui. A tort. Chaque nuit, son esprit la martyrisait. L'amour qu'il Lui avait repris l'avait sauvegardé au Purgatoire. L'Enfer voulait reprendre ses droits, sur la vie à défaut de sa mort. La nuit, elle hurlait à pleins poumons en se débattant. Ses muscles transperçaient la fine couche de sa peau comme électrisés. Samsa ne dormait jamais vraiment. Le jour, Il lui apparaissait sur un chemin à côté d'elle. Dans une auberge. Parfois, son esprit lessivé lui accordait l'illusion qu'Il soit à ses côtés. Samsa n'avait rien dit les fois où Maegorn s'adressait à un Cendre inexistant. Et chaque nuit, la torture recommençait. Les cris. Le coeur qui se fendille. L'inconscience.

Elle mangeait, se lavait, s'habillait, montait à cheval ou marchait, se reposait mais ne dormait pas. Toute son énergie passait dans ses nuits. Son esprit lui repassait alors les mêmes images avec parfois quelques variantes comme une pellicule de film qu'on essaierait de raccommoder en fonction des réactions du public.

La journée ? Maegorn n'avait pas assez d'énergie pour entendre Samsa ou se préoccuper d'autre chose que d'avancer. Ce sont pourtant les bribes de paroles de la Guerrière qui la rattachait inconsciemment à ce monde. Les milles et unes attentions de Sam avaient réussi. La jeune femme n'était tout de même pas la même que celle qui avait été sauvée. Sa sensibilité la tordait désormais, comme une conscience du monde trop réceptive. Samsa était progressivement devenue son repère, celui avec lequel tout est possible. Celui qui est essentiel.

Et c'est avec la Cerbère qu'elle se trouvait face aux remparts d'Alençon. Alençon, ville du passé ? Les blessures dont elle tentait de se relever... Oui, Sam lui a parlé d'un siège lui semble-t-il. Ses yeux inexpressifs se tournent vers la Guerrière. Sur son visage, Maegorn peut lire l'inquiétude de son amie. Elle hausse nonchalamment les épaules, quoiqu'elle(s) trouve(nt) il aurait fallu y faire face un jour ou l'autre
.
Allons-y Sam.

Cendre, tiens toi prêt. Le passé revient se présenter devant toi.
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