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[RP] Première nuit

Kachina
A-t-elle à ce point perdu ses réflexes, ou se laissait-elle simplement aller à l’instant sans vraiment prendre garde ?

Toujours est-il qu’elle se retrouve tout à coup collée au torse masculin, respirant l’odeur inconnue de cet homme contre lequel elle vient de se cogner. Etrange et soudaine promiscuité qui la fait se figer, crispée, alors qu’elle cherche en vain, à sonder le regard sombre dans la nuit bien trop noire.

Avant qu’elle n’ait pu répliquer une boutade à sa remarque moqueuse, il récidive et l’entraine sans ménagement, lui imposant silence de sa main dure écrasant sa bouche. Le gémissement qui s’échappe de la gorge de Kachi, vient mourir dans un souffle étouffé sous la paume calleuse.

Elle s’imagine déjà tombée dans le plus idiot des traquenards, maudit sa folle témérité, alors qu'il l’immobilise d’une poigne ferme dans ce recoin obscur qui les isole des regards.
Le cœur de la Brune s’affole et bat la chamade dans sa poitrine, et la peur s'insinue en elle, quand elle réalise que l’inconnue à la cape ne les suit plus. Se cabrant comme une pouliche bien trop rétive au dressage, elle tente de le repousser d’une main ferme posée sur sa poitrine , songeant déjà à lui mordre sauvagement la main. Et son autre main s’inquiète déjà fébrile, de quérir la dague. Elle n'est pas de ces proies dociles qu'on mène à l'abattoir sans qu'elles rechignent. Il va l'apprendre à ses dépends.

Jusqu’à ce que ses sens aiguisés perçoivent les pas qui s’approchent dans la ruelle. Elle réalise la situation et relâche ses muscles crispés, s’abandonnant alors comme une poupée de chiffon contre cet inconnu qui devient du coup son allié du moment.
Un point pour lui, il est plus rapide qu'elle à déceler les bruits insolites ce soir. Elle se traite silencieusement d'idiote.

Le regard vert s'ouvre en grand pour scruter la nuit et deviner la silhouette de ce jeune homme à l’allure gracile et à la singulière tignasse claire presque blanche qui passe sans les voir. Il n’a rien d’un gueux hantant les ruelles à la recherche d’une proie à dépouiller. Sa mise est soignée et la démarche a cette assurance de ceux qui fréquentent les biens nés. Mais bon sang, ce freluquet-là est bien imprudent à sortir seul par cette nuit d’encre.

Un rire muet la traverse toute entière quand elle admet qu’elle n’est pas plus avisée de son côté.

Elle aimerait tout à coup souffler à Loras un nouveau jeu alors que le noeud dans son ventre se dénoue. Provoquer à nouveau pour qu'il oublie qu'elle se serait laissée prendre au piège comme une novice.
Qu’ils suivent celui-là, pour voir ce qui le conduit à user ses chausses dans cette ruelle déserte à cette heure tardive.
Mais la main du Brun scelle sa bouche mieux que le plus puissant des vœux de silence.

Elle proteste à nouveau dans un gémissement agacé, cherchant à écarter de ses doigts cette paume insolente qui la force à se taire…

    - Mmmmmm !!!!

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Loras.

Quelle furie! Tandis qu'il regarde passer ce qui semble être un inoffensif jouvenceau, Loras essuie les ruades de la captive, vaines, mais non sans fougue. Les épingles qu'elle a soigneusement glissées dans sa crinière piquent le menton du renégat mutique, Kachina abriterait-elle le démon à tenter avec rage de se dégager de son emprise marbre avec autant de véhémence? Impassibles les bras geôliers ne mouftent pas, jusqu'à l'accalmie heureuse où les muscles fins finissent par capituler, dans la possible assimilation de la manoeuvre alliée, préventive et protectrice.

Sitôt le passant éloigné, il relâche l'étau de sa prise, noirs rivés sur elle comme pour la deviner, dévisager dans la pénombre, presque surpris et contrarié. Tant d'énergie dans un corps de femme. Les soldats apprennent bien tôt, souvent à leurs dépends à économiser leurs forces pour les situations qui le nécessitent. C'est dans un calme plat qu'il tend une main moqueuse vers le visage de Kachina.

L'index remet en place derrière l'oreille une mèche brune, décoiffée tandis qu'elle cherchait à s'évader.


- Le garçon cherchait quelqu'un...


Et tandis qu'il observe de nouveau la rue, le Novgorod ajoute:


- On ne devrait pas trainer par ici.


La mise du jeune blond annonçait sa noblesse, et une milice privée qui n'allait sans doute pas tarder à débarquer sur ses pas, cherchant sans doute la même personne que lui. Les nobles ne se baladent pas seuls dehors la nuit. Sans arme et allié d'une femme, Loras ne souhaitait pas se faire "interroger" à la discrétion de la brune; moment pendant lequel tout était permis... Il le savait. que trop. Il revint à sa voisine, encore étonné de sa ressource. L'idée qu'elle fut mercenaire zébra dans son esprit, loin de celle qui aurait pu la trahir faible à se laisser surprendre comme il l'avait fait. Il avait senti son parfum, là dans ses cheveux lorsqu'il la tenait. Il avait ressenti le palpitant affolé cogner à sa gorge. Un mélange de danger et de féminité exhalant dans la chaleur de la nuit de juillet. Loin de rester de glace face aux pièges des femmes, Loras gardait pourtant ses émotions pour lui, ou pour une autre fois, préoccupé.

- Ma chambrée est à deux rues. Viens.

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Kachina
Le geste est brusque, presqu’ agacé quand en réponse au doigt masculin qui remet de l’ordre à sa chevelure mise à mal par les derniers instants passés à se débattre de la poigne du Brun, elle recale à nouveau cette foutue mèche. Comme pour signifier que cette tignasse-là n’appartient qu’à elle. Et la nuit dissimule à merveille le regard d’orage qu’elle pose sur Loras. Morveuse de s’être laissée surprendre comme la dernière des jouvencelles, elle marmonne sur un ton boudeur :
    - On aurait pu le filer, lui faire les poches. Peut-être porte-t-il sur lui, une fibule bien plus précieuse que la nôtre !

Elle emploie le mot "nôtre" pour le lier inconsciemment à elle. Alors qu'elle pense "la mienne". Parce qu'il ne fait aucun doute que cette broche lui reviendra avant la fin de la nuit. Et un rire libérateur de la tension des derniers instants affleure à sa bouche. Elle le retient cependant, alors que les derniers mots de son compère nocturne font mouche sous son front décoiffé. Il a raison, à tout bien réfléchir, la démarche du damoiseau aux mèches pâles ressemblait à celle d’un limier pistant une proie. Il se joue ici une autre histoire, et possible qu’elle soit sombre.

Elle s’étonne d’être aussi docile quand il prend sa main et l’entraine à son auberge. S’amuse aussi de ne pas être offusquée par le tutoiement. Après tout, pour l’instant, ne sont-ils pas complices du même larcin ? Il marche vite et elle court presqu’à sa suite. Jusqu’à ce qu’il s’en rende compte et ajuste son pas au sien. Un chien errant poursuivant un rat vient soudain traverser devant eux alors qu’ils arpentent une ruelle sombre et étroite. Elle se crispe malgré elle, sens en alerte, attentive au moindre bruit. Quelle idiote, dans quelle galère encore s’est-elle fourrée ? Elle devrait être en train de dormir à l’abri du danger, reposer entre les bras d’un amant, assouvie et comblée. Mais non, la voici à déambuler dans les venelles d’encre, à suivre un parfait inconnu pour un morceau de métal qu’elle revendra en douce sous le manteau. De plus, une légère pluie vient se mêler à l’histoire, s’infiltrant dans la trame de leurs vêtements, agaçant leurs nuques... Bon sang…
    - Foutre dieu, il pleut !

Malgré elle, alors qu'elle proteste, elle ne peut s'empêcher d'offrir son visage à la pluie, laissant les perles d'eau dégouliner de ses joues à ses lèvres. Savourant la fraicheur de l'eau qui vient mourir au creux de son cou. Elle serait seule qu'elle danserait sous la pluie, déesse païenne célébrant un culte bien à elle.

Le mendiant qui croupit sous le porche d'une église qu'ils longent en silence suit de son regard éteint cet étrange couple. Regard envieux sur la cape que tient l'homme et qui lui tiendrait chaud pour l'automne à venir...et légèrement libidineux sur le déhanchement féminin de celle qui l'accompagne.

Une odeur de soupe au lard vient soudain chatouiller les narines de Kachi, se mêlant à d'autres que la pluie vient attiser, mélange hétéroclite de fleurs d’été et du cuir mouillé de leurs chaussures. Et à quelques pas de là, alors qu’ils viennent de dévaler quelques marches de pierre, quelques torches allumées éclairent le lent balancement d’une enseigne que le vent s’amuse à faire danser sous la pluie. Elle le sent presser le pas à nouveau, devine qu’ils arrivent.

Et c’est alors, qu’un ivrogne vient rouler à leurs pieds, s’étalant de tout son long dans une flaque boueuse. Sur le porche, un tavernier à la mine furibonde semble être celui qui vient de le projeter là. Cette fois, elle ne retient pas son rire, le laisse fuser - moqueur et libérateur - sans plus se soucier de rien.

Parce qu’ainsi en va la nuit et ses sortilèges, une précieuse, un élégant limier, un chien amateur de rats, un ivrogne et ……

Et celui qui détient l’enjeu du moment……
La fibule………

Elle s’entend affirmer, levant ses amandes vers Loras :
Je parie que c’est ici que se trouve votre chambrée !

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Loras.
- Lui faire les poches? Quoi, Brune, penses-tu vraiment que je sois de ce bord là?

Léger rire, écartant le sérieux. Et de laisser planer sur son fin visage un vague sourire, déçu peut-être, étonné sans doute. Taiseux, réellement. S'il n'est pas voleur, il n'est pas non plus un modèle de sainteté. La brutalité qui l'habite malgré lui, encore, celle qui l'a forgé en homme vaut-elle mieux qu'un geste filou, dérobant bien mal acquis? Loras observe la brune sous un nouvel angle.

    Alors tu serais celle-là. Mi voleuse, mi zingara.


Et pourtant l'oeil se dénue encore de jugement. Stérile, maté au tout vu. Renégat ne s'interroge plus. Il récolte. Compile et fait des provisions. Au delà des apparences, il y a toujours Autre. Autre chose. Autrement. Kachina a sans doute connu la faim, l'opulence aussi. Comme un soldat, vivant au gré des gages et de la folie des hommes. Renégat serait mal placé pour y songer. La pluie commence à tomber sur son visage. Novgorod presse le pas. Il lui dira. Plus tard. Que l'issue du jeu est tracée. Que sa saveur est particulière. Comme une douceur qu'on laisse fondre sous le palais. Patient.

Etranger à tout, faisant fi des mendiants, des ivrognes et de la bruine qui s'épaissit le renégat pénètre dans une écurie, soufflant l'intuition Kachinienne.


- Tout juste !


Le corps serpente entre les montures au repos, qui ne semblent jamais dormir, flanquées sur deux sabots. La senestre calleuse trouve l'encolure , dans la pénombre, et la flatte d'un claquement de paume viril. Jetant un oeil derrière lui, assuré que sa voisine suive sa progression, Loras s'introduit dans l'auberge par un escarpé escalier de service. Gravitation à l'aveugle, pour cette route là, Brune devrait lui faire confiance. Chacun de leurs pas semble faire un vacarme d'enfer, tant la lourdeur de la nuit a tout avalé, le bruit et la vie, pour ne laisser que son poisseux néant de silence , brisé à leur passage. Souffles courts. Main qui retient la chemise. Craquement du plancher. Lumière.

Les deux protagonistes entrent dans la chambrine étroite comme semblant s'extirper des enfers. Main du noyé dans l'abysse tentant de retenir de ses profondeurs le ténu halo de la surface. Une chandelle menace de mourir, toute consumée, flammèche soudain agitée par l'appel d'air de l'entrée. Il referme la porte, mais promesse donnée, n'en possède pas la clef. Chassant du pied la ferraille cognant contre le baquet. Novgorod mouillé tâtonne, laissant Kachina se trouver la place qu'elle préfèrera , se saisit d'une bougie nouvelle, l'allume à la précèdente. Dévoilant la pièce désordonnée, quittée promptement il ne tente pas de ranger. La clartée ainsi retrouvée, le jeune homme attire à lui une couverture qu'il glisse sur les épaules de son hôte. Bien que l'endroit soit spartiate, le locataire a encore quelques manières...

Et les sombres de se figer dans les clairs.


- Dire que je venais de prendre un bain.

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Kachina
Et les clairs de se noyer un instant dans les sombres avant de revenir balayer l’espace et se cogner aux murs de cette pièce exiguë. Elle souffle un merci, resserre machinalement la couverture autour d’elle. A un autre instant, elle apprécierait tant de sollicitude de la part d’un inconnu.
Mais aucun sourire n’affleure à ses lippes serrées. Le ventre est bien trop noué et le cœur bien trop occupé à cogner comme un fou dans sa poitrine.
Elle reste là… Figée, campée sur ses deux pieds, sans dire un mot. C'est un peu en pénétrant ici, comme si elle était revenue des années en arrière.
Juste avant la fin. Juste avant qu’ils ne lui prennent pour le pendre.

Elle avait quoi...14-15 ans. Elle avait supplié son père qu'il l'emmène avec lui. Il avait cédé. Savait-il déjà que ses jours étaient comptés ? Ils avaient occupé ce genre de chambre. Elle avait appris à grimper l'échelle sans avoir besoin d'une torche. Appris à reconnaitre chaque craquement, chaque bruit insolite qui aurait pu signifier un éventuel danger.

C'est tout naturellement qu'elle se dirige vers un vieux coffre en bois, y pose ses fesses, retrouvant les gestes d'avant. La gorge sèche, luttant contre les émotions qui l'assaillent, le souffle irrégulier, elle réfléchit en oubliant qu’elle est seule par une nuit d’encre avec un homme qu’elle ne connait que par l’intérêt commun qu’ils portent tous deux à la broche.

La flamme renvoie danser sur le mur en torchis, l'ombre de Loras, silhouette masculine si semblable à celle d'un autre temps. Un soupir qui ressemble à un gémissement retenu s'échappe de la bouche de Kachi.

    - Cette chambre…elle est presque pareille que celle...

Elle se redresse avec un mouvement d’épaules qui signifie que ça n’a pas d’importance. Délaissant le bois dur du coffre, la Brune fait quelques pas, effleurant au passage le rebord du baquet, le dossier d’une chaise bancale du bout des doigts. Elle s’approprie l’espace, le fait sien, l’apprivoise. Féline...Telle une chatte cherchant la meilleure place.

La chandelle de suif diffuse assez de lumière pour qu’elle distingue la cotte de mailles jetée sur les planches mal jointes. Sans un mot toujours, elle se penche, s’empare du casque abandonné sur la paillasse, le dessine du bout des doigts, regarde la bâtarde.

Alors seulement, elle semble se souvenir de la présence de son hôte, tourne sa frimousse vers lui, sans sourire, le front plissé, songeuse. A nouveau les amandes fougères fouillent le regard sombre, le sondent et l’interrogent. Quelle histoire, quels secrets au fond de ces iris ? Qui est-il ?

Jusqu’à ce que l’évidence accompagne la question qui lui brule les lèvres et qu’elle l’interroge d’un ton intrigué. La voix est douce quand elle brise le silence :
Vous n'êtes pas voleur, c'est vrai. Vous êtes soldat ! Ce n’est pas une chambre ici, c’est une cache. Dites-moi Loras, de quoi, de qui peut bien se cacher un soldat ? Vous avez fait quoi bon sang ?
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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Loras.
Un rat gratte ses dents quelque part, non loin d'eux. Dedans ou dehors. Au moins, avec ses deniers il avait pu se payer une chambrine sans puces de paillasse. C'est toujours cela.

Le renégat débusque derrière l'édredon sa flasque d'eau, loin d'ignorer le brusque changement de comportement de l'inconnue. Quelque chose semble la gêner... Sans doute son coté bordélique. Ou ce lieu lui rappelle certainement un autre homme. Un amant sans doute. La joliette ne devait pas en manquer... Et les femmes ont cette mémoire des odeurs, qui leur rappellent le plaisir ou la douleur, celle des objets, qu'elles fétichisent au passé... Cette nostalgie dont il manquait. Novgorod. Droit dans ses bottes, vivant au jour le jour. Et l'art de faire des raccourcis...

Cette chambre est pareille à cent mille autre. Les chambres d'auberges sont comme les quais de port; à tout le monde et à personne à la fois, balayés par l'incessant flot des voyageurs.

Il élude, repoussant la question dont il ne tient pas à connaitre vraiment la réponse. Il la regarde se dérober à son tour pour se concentrer sur ses effets. Et autant dire que cette femme là n'a rien d'une enfant. Il le sent dans la gravité qu'elle a à mettre le doigt sur les choses. Corréler des évidences. Assembler les pièces de sa personnalité mâle pour les coudre du fil de son intuition femelle. Si elle n'avait pas les seins aussi fiers d'être frileux, il lui donnerait plus que son âge.

Loras accueille sa remarque sur la cache avec un hoquet moqueur, se sent l'envie oppressante d'ôter cette chemise mouillée par la bruine dont il devait se débarrasser aux jeux et qui lui colle à la peau mais n'en fait rien. Non par pudeur, simplement pour ne pas donner plus de grain à moudre au fin museau de Kachina, avec sa peau marquée de stigmates. Après tout, si elle est là ce soir à ses côtés, n'est-ce pas pour qu'il les oublie?


- Rien qui ne t'attirera l'ennui, Brune.


La réponse est à double tranchant, et le sourire s'élève, facile, égayant son faciès taillé dans un bois trop dur pour son âge. Loras s’évertue à chauffer à la flamme un godet de fer, qu'il a préalablement rempli de l'eau de sa flasque, penché au dessus et la main suspendue. Les yeux noirs s'évadent par delà l'horizon du godet, détaillant les mimiques et les interactions de Kachina avec la pièce. Sa façon de chercher les détails, et surtout, de les trouver. Ceux qu'il aurait pu mieux repousser du pied. Ou prendre le temps de dissimuler. Où? Diable savait, vu la taille de la pièce. Mais cette diablesse là aurait pu mettre à nu le moindre grain de sable échoué dans sa botte pour y lire la mer. Cela... Il l'avait rapidement compris.

- Alors, on joue?


Minet ferait presque mine de s'impatienter. Et de repousser sur la paillasse les dés libérés.

- Je répondrais à tes questions si tu gagnes.


Rien de bien franc en la manœuvre. Pas voleur, pour autant, filou à son heure.

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Kachina
Ils ont apporté dans la pièce ces parfums que la pluie a abandonnés sur eux. Senteurs de cuirs, d’étoffes et de cheveux mouillés. Etrange amalgame mêlé à d’autres odeurs, en provenance de la grange qu’ils ont traversée précédemment, qui s’infiltrent par les fentes de la porte. Foin et crottin de cheval.
Avec ses mèches humides qui pendent lamentablement le long de ses joues et la courtine qui réchauffe ses épaules, elle ressemble plus à un chaton qu'une bonne âme aurait sauvé d’une rivière en crue qu’à une amazone sur le point d’accrocher au revers d’un col une broche chichement gagnée.

Néanmoins, la frimousse s’éclaire d’un sourire provocant quand elle se laisse choir sur la paillasse. Sans façon, elle retire ses chausses que la pluie a détrempées, les envoie valser à quelques pas. Et la Brune de s'installer à genoux sur ses talons, rassemblant ses jupes autour d’elle. Le buste s’incline, pour permettre aux doigts fins de capturer les dés. Quand elle se redresse, les amandes fougères s’attardent un instant sur les muscles noueux du Brun que la chemise humide souligne. Elle l'observe sans mot dire, alors qu'il s'applique à chauffer l'eau. Petit haussement d'épaules avant qu'elle ne rétorque dans une petite moue :

    - Soit ! Jouons, mais nul besoin de tes réponses, je vais imaginer à ma guise.
    Je dirais que tu es un soldat…Un soldat en fuite, un déserteur. Ou alors tu as trahi les tiens !

Les dés en bois dansent, prisonniers au creux de ses paumes jointes. Elle les secoue, leur impose sa cadence sans quitter Loras des yeux.
Préliminaires qu’elle fait durer, le plaisir du jeu commence ici. Tout comme la brûlure d’une étreinte commence souvent par le bruissement d’une étoffe dévoilant une épaule, une cheville. Bien avant les caresses.

Elle tient dans sa main les heures à venir, victoire ou défaite, broche brillant de tout son éclat au creux de sa poitrine ou éclat de rire moqueur d’un Loras victorieux.
Tout est possible à cet instant-là.
Elle le défie du regard, autant que de son menton arrogant qu’elle pointe vers lui et de ses canines qui viennent mordiller sa lippe inférieure, comme une fillette sur le point de commettre un larcin.
Se voulant déjà victorieuse.

Pourtant la voix est douce quand elle poursuit, comme se parlant à elle-même :


    - Non pas pour de l’or, ta mise est simple…Mais tu aimes les belles choses pour convoiter ainsi cette fibule. Ou alors tu songes à la revendre sous le manteau à bon prix ? Hum.....moi je pense que tu ne viens pas du petit peuple, je pense que tu es habitué au beau monde.


Oubliée l’auberge pleine leur offrant un terrain de jeu neutre. Ils sont seuls face à face, deux inconnus que le hasard a réunis. Elle pourrait s'en inquiéter. Elle n'a rien perdu de la maitrise dont il a fait preuve avec le bellâtre du tripot. Il est fort, souple et rapide. Donc dangereux.
Quelle importance, elle se contrefiche du danger. Elle danse plus souvent qu'à son tour avec le Diable ou la Dame à la faux. Comme si elle n'attendait plus que ça, que l'un ou l'autre la prenne et l'emporte au vent maudit.

Elle poursuit, implacable dans sa logique de femme, employant à son tour le tutoiement, désireuse de l'affronter en égale.


    - Tu vois, je n’ai nul besoin que tu m’expliques. Je te regarde et je sais ! Et si j’ai raison, on peut s’attendre à tout moment à voir surgir une escouade de soldats en armes qui enfonceront cette porte. Alors….


Elle laisse retomber son bras, ouvre la main, écartant ses doigts fins pour libèrer les deux jumeaux qui viennent à nouveau échouer sur les draps. Un sourire insolent fleurit à sa bouche quand elle termine sa tirade...
    - Alors... Je vais avoir besoin d’autre chose qu’une simple dague pour me défendre. Au diable cette foutue broche. Jouons ta rapière, tu veux bien ?

Et comme si la chose était acquise, elle délaisse le visage de son adversaire, plie la nuque pour contempler son œuvre. Le visage se fend d’un nouveau sourire, dévoilant une rangée de dents blanches...quand elle annonce, déjà sûre de l’emporter : 6
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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Loras.
Sous le lit , une bouteille est tirée de la main paresseuse d'un Loras qui s'est installé plus confortablement, à la romaine. Il en déverse une partie du contenu dans son godet fumant, créant une liqueur chaude qu'il tend à la brune qui ne semble pas avoir froid... Aux yeux. Focus sur les bottes qui abandonnent de menus pieds. Le jupon qui s'étend. La main de la chance, certainement pas celle du débutant. Loras boit une gorgée à la bouteille de gnôle en tirant momentanément le rideaux brun de ses mirettes.

Que la nuit est douce.

Pas une de celles où l'esprit ne se repose jamais, corps en alerte. Contre celui des autres.
Pas une à partager avec les rats. Les insectes. La morsure du froid et la caresse humide de la rosée.
Pas une à attendre de savoir. Dernière ou avant dernière.
Pas une où la crasse tiraille les plaies.
Pas une à écouter les catins murmurer leur fallacieux plaisir monnayé dans la marée masculine. Armée payant son réconfort.
Pas une à boire pour l'illusion qu'elle soit douce.

Juste une piaule, une brune, et sa victoire. Il sourit en écoutant Kachina lui brosser le portrait, paupières closes savourant leur moment d'accalmie. Soldat il est. Soldat il fut. Comme si le simple mot définissait sa vie, ses envies, ses besoins. Ce foutu mot , soldat de plomb, jouet à taille humaine. Lorsqu'il ouvre un oeil minet sur elle, il la trouve belle d'être si éloquente. Si sûre d'elle. Comme un miroir. La jeunesse leur confère à tous deux cette désinvolture ardente, elle a le verbe, il a les gestes. Il rit un peu. Saisit les dés.


- Au beau monde? Je crois que tu ne m'as pas bien regardé... Mais je te donnerai ma rapière si tu y tiens. De toutes façons, j'ai déjà gagné.


    Pour ce que j'en ferai désormais... Mes mains calleuses, les as tu vues? Mon dos ruiné, l'as tu deviné? Petite voyante est bien aveugle, à regarder la fin sans deviner les moyens.


Le lancé stoppe se course contre le jupon de la brune. Le Novgorod penche un peu la tête; yeux revenant à leurs vis à vis.

- Cinq.


Et de reboire une gorgée, sourire vissé à la commissure de ses lèvres.


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Kachina
L'alcool vient lui bruler la langue, avant de lui enflammer la gorge.
Les yeux se ferment, Brune concentrée sur ce plaisir-là. Curieusement en confiance. Détendue. Epaules et reins réchauffés par la couverture.
Imprudente...Qui sait ?
Mais peu importe si cette nuit-là est la dernière. Elle a souvent imaginé de quelle façon viendrait la chercher la Faucheuse. Jusqu'à s'en moquer.
Quelle importance après tout de savoir quand et comment sonnera l'heure !
Elle est lasse de tout.
Elle a envie de tout...


L'instant est là, dans cette liqueur qui dénoue ses muscles, réchauffe son ventre. Dans ces dés qui viennent cogner son mollet à travers le jupon, pour y terminer leur course. Instant parfait au côté de cet inconnu allongé, posé sur un coude, nonchalant, souriant à je ne sais quelles pensées. Agaçant à sembler si indifférent à tout, si sûr de lui.

Les paupières s'ouvrent, balaient encore l'endroit d’un regard intrigué. Il vit seul ici, et à tout bien considérer, le foutoir qui règne-là ne ressemble en rien à un homme en fuite prêt à déguerpir au premier bruit suspect. Une bête traquée a toujours sur soi l'essentiel.


Une gorgée encore avant de reposer le gobelet au sol, et de s'entendre dire, tout en saisissant à nouveau les dés avec au fond des prunelles tous les défis du monde :

    - On est bien, non ? Peu importe après tout qui tu es ... Ce soir tu es celui qui perd au jeu contre moi !

Peu importe, oui. On est là…Ensembles et je n’ai pas envie de rentrer. Il reste des parties à jouer.

Et d'ajouter sur un ton moqueur : La broche est mienne, t'as perdu ! L’épée à présent.
Après l’épée, peut-être jouera-t-elle ses frusques, la bouteille ou la première question qui lui viendra en tête. Elle vient de le décider, l'insolent demandera grâce avant l'aube.

La flamme de la chandelle vacille, menace de rendre l’âme pour cèder à la nuit avant de reprendre force, s’élever à nouveau pour éclairer le visage du Brun en demi-teintes. Etrange bougre pour qui une rapière représente bien moins qu’une fibule…Elle n’aurait qu’à tendre le bras pour effleurer cette mèche qui lui barre le front d’indécente nonchalance. Elle y renonce...
Les dés attendent leur course, au chaud entre les doigts de la Brune. Elle s’apprête à les lancer, suspend son geste, sondant le regard qui lui fait face. Sous les mèches brunes, les derniers mots de Loras s’attardent, la laissant perplexe et curieuse.

La voix est douce - Ne pas briser le charme - Quand elle questionne :

    - Déjà gagné ? Comment ça ? Quel est donc ton gain, homme de mystère ? Je n'ai rien à cèder de mon côté !

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Loras.
Il rit, buvant une nouvelle gorgée d'alcool qui éveille la partie la plus nébuleuse de ses sensations. L'esprit qui étire ses pensées cotonneuses, l'éclat facile, que tout stimule. Pupille noire sur iris noir, étendue. Les douleurs musculeuses qui deviennent secondaires, éclipsées par les lourdeurs analgésiques que l'on se prendrait à confondre avec du repos. Kachina est une adversaire de choix, son emportement maladroit une aubaine. Loras essuie ses lèvres d'un revers de main, la fixe d'un regard qui n'a rien d'indifférent. Elle, menue, semble occuper tout l'espace par ses gestes vifs, sa voix posée et ses regards inquisiteurs aux moindres éléments qui composent la garçonnière. Novgorod semble redécouvrir la joie simple de partager un moment avec quelqu'un, et bien que son visage eut apprit à se taire, son esprit se réveille d'un long hiver. L'épeire du souvenir , insidieuse compagne grignotteuse d'âme semble se noyer dans l'alcool fort...

L'ancien soldat sorti dilapider son argent est revenu avec une femme. Une Femme dans toute sa splendeur. Aucun signe extérieur de richesse. Elle l'a suivi pour le jeu. Ou pour dilapider, elle, sa nuit. Tout posé qu'il est, l'Ex savoure sa victoire,d' Elle ou de l'objet qu'il convoitait. Ho non... Loras n'a rien d'indifférent sous le vernis. Il a depuis le début fait durer un plaisir qui n'a rien d'inconscient. Il aurait pu rectifier le cours des choses... Mais il a pris un plaisir presque légitime à regarder l'allant de Kachina. Suture personnifiée.

Il repousse la cataplasmique gnole et fait craquer ses doigts, ceux là même qu'il étire vers la fibule tant convoitée par la brune. Il la lui tend, désignant l'épée batarde et ramenant à lui la noble cape brodée.


- La broche est tienne, et je t'offre l'épée. Mais j'ai gagné.


Rire silencieux, fossette creusée à sa joue.


- Une partie pour ta cape.
J'avais juste dit... Une partie pour la cape.


Il se redresse et s'en couvre les épaules qu'il a fines et dessinées, avant de s'adosser au mur, à la recherche des réactions de la brune. Il n'avait jamais été question d'obtenir la broche, bien trop clinquante pour un homme qui désirait passer inaperçu et se faire une garde robe neuve. Et de murmurer:


- Je n'ai pas eu le coeur de perdre une adversaire aussi inattendue et déterminée lorsque tu as rétorqué: Je veux cette fibule...


Car ce que femme veut. Dieu le peut.


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Kachina
Bon sang, il se moque. Elle ne sait si elle doit s’en ulcérer ou s’en amuser.
Elle pensait avoir gagné, il l’a devancée d’une bonne longueur.
Dangereux...Elle le savait, non ?

La voici donc plus riche d’une broche qu’elle ne portera jamais et d’une épée bien trop lourde pour elle. Lots qui soudain perdent tout intérêt, alors que c’est sur l’étoffe de la cape que se fixent les prunelles claires. Celles-ci vont du vêtement à Loras - enflammées d’un dépit contenu - alors qu’elle cherche une réplique pour reprendre un semblant de contenance.

Ses doigts viennent cueillir le bijou dans la paume du Brun et elle l’agrafe à son corsage dans un silence qui s’éternise, alors que le rouge lui monte aux joues.
Vexée...


Et la Brune referme soudain sa main sur le pommeau de la bâtarde. Se rapprochant d'un mouvement vif, de son hôte de la nuit, telle une chatte prête à donner le coup de griffes, elle vient pointer celle-ci sur le torse masculin.
Sourire retrouvé étirant les lèvres pleines. Carnassier.

Juste une pression pour, à travers le coton de la chemise sur laquelle la pluie a laissée des trainées humides, agacer la peau.
La voix est dangereusement calme et douce, quand elle prononce dans un souffle :
Joli cadeau ! Merci !

Les amandes fougères accrochent le regard brun, s’y invitent et s’y perdent en menaces, défis ou autre chose, elle seule le sait.
Sans se départir de son sourire, elle remonte la lame vers les lacets, les effleure comme pour les trancher, avant de la guider jusqu’au revers de la cape, ajoutant d’un ton moqueur :


    - Tu avais dit une partie pour la cape…Disons que la fibule était le tour d’échauffement alors. Ta couverture est confortable et chaude, Loras…
    Mais...

Et de s'interrompre un bref instant, occupée à soulever légèrement le tissu pour le soustraire aux épaules du Brun, avant d’ajouter :
    - A présent, vois-tu, compagnon...Il me faut cette cape !

Et sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce que la nuit est belle, qu’elle est d’humeur joueuse, ou qu’elle aime par-dessus tout marcher sur un fil…
Peut-être parce qu’elle n’a aucune envie que tout s’arrête ainsi à cet instant, aucun désir de retrouver les ruelles humides et le froid de la nuit… elle propose :

    - Choisis la façon dont nous allons la jouer ! Oublions les dés ! A toi l’honneur ! Dicte tes règles !

Le rire qui afflue à sa gorge, la libère de toute tension, tandis qu' elle murmure, moqueuse à son tour :
    - Et sois précis cette fois ! Aucun coup fourré !

Le jour n’est pas encore levé Loras… Jouons, veux tu ?
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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Loras.
Cette fille est folle à lier. Audace faite femme, plus tenace que toutes les femmes réunies. Le mouvement de recul est immédiat, l'estoc qui pique son torse le fait irrémédiablement tiquer, surpris. Et le murmure froid qui s'en suit sonne comme le tocsin de cette nuit de jeu lorsqu'il la dévisage, grave.

- Fais attention avec celle là... Elle a transpercé plus de poitrines qu'elle n'en a l'air...


Le geste est délirant. Cette fille n'a pas idée. Le regard sinistre a remplacé les yeux rieurs, Novgorod semble avoir perdu instantanément, dans la presque innocence de ce mouvement toute sa sympathie. L'Autre. Chien mordeur du passé refait surface, succinctement. Ce redoutable combattant passant au fil de l'épée homme, femmes et enfants, au bon vouloir de ceux qui le rétribuaient. L'homme qu'il avait rejeté et dont il tentait de se défaire était là; l'espace d'une seconde qui s'achève lorsqu'il quitte Kachina de ses prunelles noires. La lame qui appuie sur son coeur est un objet qu'il préfère avoir en main... Mais dont il aurait apprécié se débarrasser. Il la dévie de sa cible d'un paisible mouvement de senestre. Inspiration. sous la caboche, il tourne et retourne sa réponse, choisissant les mots opportuns pour ne pas froisser la jolie.

    Vois-tu, ce n'est pas possible . Cette cape est à moi. je l'ai gagnée presque à la loyale...


à moins que.


- Embrasse-moi.

Plutôt direct, Loras. Pour autant, il tient réellement à sa cape fraichement acquise... Objet fétiche, premier pas vers l'abandon de sa mise de soldat. Et icelle vaut bien d'être reconquérie au prix fort.


    Tu accuseras l'alcool demain pour ce baiser presque volé. C'est assez précis, là, non? Tu ne vas pas te tromper d'adversaire. Il n'y a que moi. Et toi. Toi qui n'a pas sommeil, et qui semble avoir besoin d'occuper ta nuit de jeux et de défis.


Et de nouveau ses yeux plus doux avaient changé son faciès d'agneau, pas plus rieurs, juste semblant dire...

Tu es vivante...

    Tu es vivante.


      Reste vivante.


        Sois vivante.


Vis. Maintenant.


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Kachina
"Embrasse-moi !"

Elle n’a pu ignorer le regard sombre s’invitant à l’orage. Le changement dans la voix. Celui-là n’aime pas être menacé.
Mais le jeu est ainsi Loras, fait de risque et de défis mêlés. Et tu le sais mieux que quiconque.

En parlant de défi, exiger un baiser en est un foutrement culotté.

Les amandes fougères se troublent un instant, se détournent des marrons qui déjà s’adoucissent, pour descendre à la mâchoire et venir caresser la bouche masculine.


Quel genre de baiser attends tu Loras en échange de ta foutue cape ?
Un baiser exigeant et gourmand qui te laissera affamé et fiévreux, prémisses à d’autres jeux interdits qui nous mèneront toi et moi jusqu’au bout de la nuit ?
Depuis combien de temps - soldat - n’as-tu pas gouté à la bouche d’une femme ?
As-tu pris à ce point l’habitude des catins pour songer que je vais t’embrasser comme ça sur un claquement de doigts ? A vrai dire j'en ai envie, j'avoue. Mais l'homme est chasseur avant tout. Si je t'embrasse, tu m'auras oubliée demain. Si je te refuse ma bouche, tu m'enverras au diable, mais tu te souviendras longtemps de moi.

Es-tu bon amant ? Ou prends tu ton plaisir entre les cuisses des femmes, sans te soucier du leur ?
Est-ce simplement un nouveau jeu ?
Appelles tu du plus profond de toi, un baiser tendre en effleurements, juste mon souffle sur tes lèvres pour savourer encore la douceur d'une fille ? Pour oublier le sang, les cris, les lames qui s'entrechoquent et l'odeur âcre et écoeurante de la Camarde qui emporte ses proies ?
Sais-tu que je songe, à cet instant - garce que je suis - à embrasser ta main, ton front…Tu n’as pas précisé, imprudent…



La voix est rieuse quand elle rétorque aussitôt :

    - Un baiser ou une cape…Tu gagnes à tous les coups là, non ?


Le rire se meurt très vite,parce qu'elle est malgré elle, quelque peu déconcertée par l'audace de cet homme-là.
Et un murmure s’échappe des lippes féminines :
Tricheur !

Ce n’est pas la bouche de la Brune qui vient chercher celle de Loras, quand elle se penche, mais son index qui dessine avec une exaspérante lenteur les lèvres qui s’offrent à lui. Pulpe du doigt, caressant de façon exagérément sensuelle, le sourire qui s’affiche sur le visage du joueur. Regard vert qui accompagne les contours dessinés, rivé à cette bouche, comme fasciné...ignorant celui de Loras.
Troublée…Le désir s’invite déjà dans ses reins.
Amusée… Il est beau.
Attirée. La nuit est faite pour aimer. Danser ou pleurer le passé. Mais pour dormir surement pas.
Hésitante…
Ou joueuse, qui sait ?


Doucement, comme à regret, elle éloigne sa main des lèvres masculines, la laisse glisser à sa cuisse droite, cherchant la fente de la poche à la jupe de toile encore humide. Et la paume s’ouvre, dévoile à la lueur de la chandelle une pièce de monnaie qu’elle vient d’en retirer. Elle relève la tête vers lui, lui offre un sourire mi- tendre, mi- joueur, alors qu'elle redéfinit à sa façon les règles du jeu :
    - Pile tu gardes la cape !
    - Face tu as la fibule en prime !


Refermant la main sur la pièce, elle se penche à presque le toucher et sa bouche vient murmurer dans un souffle contre celle de Loras.
Bouche caressante et douce, délibérément provocante :Je ne joue pas mes baisers, je les offre ou les refuse…
A présent que la cape est tienne, en as-tu seulement encore envie de ce baiser, Loras ?
Et cette fois, c’est de la pointe de sa langue qu’elle vient gouter aux lèvres masculines.
Que l'étranger devienne intime, s'il le désire !

Vivante. Je suis vivante encore. Malgré tout.

Vivants...
Encore une nuit…
Loras.
Peu importe demain…

La nuit est belle.

La pièce retombe sur le plancher dans un bruit sec…

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Loras.
Lorsque ses yeux se troublent, il pense avoir gagné le droit de garder sa cape.
Lorsqu'elle rit nerveusement, il se sent maître du monde.
Lorsqu'elle se penche sur lui, il la sent maîtresse du monde.
Lorsqu'elle sort la piècette de son vêtement, il a perdu.

Perdre fait partie du jeu. - Tricher aussi- Il l'accepte. Loras n'a que faire de cette foutue breloque... Il contient le coup de dent, plus doux, lorsqu'elle laisse ses lèvres trainer sur les siennes, provocation incarnée. Et lorsqu'elle lui murmure que ses baisers ne sont pas à jouer, il a résolument envie de les prendre sans demander. La pièce est tombée sur le plancher. Faut-il vraiment s'y pencher?


    Depuis combien de temps - brune - ta bouche n'a pas gouté à celle d'un homme?
    Imagineras-tu que je te trouve facile lorsque tu me cèderas malgré toi ? Si je t'embrasse, tu te seras sauvée demain. Si je ne goûte pas ta bouche, je ne me souviendrais longtemps de toi qu'avec le goût des regrets. J'ai trop expérimenté les regrets, raté ma vie, soldat bien rangé. Ce soir je déserte, toi tu me déconcertes. La nuit commence ici. Ne réfléchis pas.


Les noirs agrippent leur vis à vis verdoyant, juste avant que la chandelle ne se meurt. Les laissant tous deux dans l'obscurité la plus pleine. Peut-être que le sort est en sa faveur finalement. Pupilles qui se dilatent, sens qui prennent le pas. Mâle privé de sa vue, son sens le plus sollicité, Novgorod sent l'odeur significative de la cire brulée mêlée aux parfums de la brune. Entend le bruit de la pluie sur le toit régnant sur ce silence de mort. Sent la pression du corps de Kachina sur la paillasse, à chacun de ses mouvements. Il imagine sans mal ainsi, à scruter une Zingara qu'il ne voit plus, ses yeux verts, perçant l'opacité d'encre et accrochant les siens. Là. En face de lui. Les lèvres encore humectées de la pointe assassine et insolente de la langue inconnue.

Loras est un prédateur, il ne chasse pas pour la faim. La faim est pour les faibles.

La senestre mâle vient s'enrouler autour de la gorge, la lippe reprend ce qu'elle croit être dû, baiser mordant et salé resté en suspend. Si ce n'est l'estomac c'est bien l'âme qu'il faut nourrir. Résurrection fauve. Il a envie d'elle, peut-être depuis le moment où elle est entrée dans le jeu, le défiant en public, accaparant l'attention, prenant en otage l'indiscipline programmée de sa nuit. Aimer une inconnue c'est être plus indiscipliné que jamais. Et aimer Kachina, qu'est-ce que cela fait? Est-ce comme un appel à recommencer demain, jusqu'à l’écœurement comme le font les gens sans demi mesures? Est-ce un plaisir abrupte et fugace, animal, fuyard aux premières lueurs du jour qui ne se joue que la nuit?

Passagère ou pas, elle a le goût de l'aventure. Assez pour qu'un peu cela dure. Consumé plus que consommé, Loras suspend ce baiser opportuniste, capturant le souffle raccourci de sa voisine. Et si l'oeil est aveugle, les pulsations du coeur elles... Rendent la vue.

    Quel genre de baiser... ? Ce genre de baiser là.

    Es-tu bonne amante ? Ou prends tu ton plaisir en te lassant des hommes, insaisissable audacieuse? Te joues du tout, même d'eux? De moi. As-tu soudain peur du regard que je porterai sur toi, de ce jeu, en est-ce un ? Qui oublie quoi ce soir?


Murmure

- Je dirais Pile.


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Kachina
    - On s’en fout !


Les mots sont lâchés dans le peu de souffle qui lui revient quand il délaisse sa bouche.
Comme une évidence, une invite...

    Pile, face, Loras quelle importance, nous avons entamé un autre jeu ne le vois-tu pas ? Et je ne sais même plus si j’ai envie de faire échec au Roy. Dans ce jeu-là, qui perd gagne parfois. Et puis, avoue, le noir nous va si bien. Noir de tes yeux avant que la chandelle n’aie rendu l’âme. Etait-elle complice ou trop pudique pour nous livrer ainsi au noir du velours sombre de l’obscurité ? Territoires inconnus où chacun avance les yeux bandés.
    Et ça, tu sais comme moi à quel point c’est bon, soldat !

Son baiser semblait affamé. Elle s’est un instant crispée à sa main sur sa gorge. Sur ses gardes toujours. Elle a songé un bref instant à se défaire de cette prise qui la capture comme un chasseur sa proie. Elle a failli ruer comme une pouliche rebelle, jouer les tigresses, mordre ces lèvres arrogantes et gourmandes de ses crocs de louve.

Pour encore garder le contrôle.

Mais dans le jeu, le plaisir n’est-il pas là ? Quand on risque le tout pour le tout ? En équilibre sur un fil.
    Ce n’est pas ta main qui me fait perdre le souffle, mais tout ce que je ressens en toi d’impatience et d’envie. Et le désir en moi, l'incendie dans mes veines et sous ma peau.
    Je ne te connais pas. J'ai envie de toi.

    Pile ou face, on s’en fout.
    Jouons le tapis, Loras…
    La nuit est si belle.
    Deux solitudes, deux errances, le premier luttant pour revivre, la seconde pour survivre. Vivons bordel.

Ses mains rudes et calleuses, cette bouche inconnue qui s’empare d’elle, exigeante et possessive... Par le Diable, elle aime.
Elle lui accorde - dans les méandres de son esprit que le désir embrume - un premier point quand déjà une chaleur sourde envahit son ventre.
    Ma main qui s’incruste sous ta chemise, fébrile et impatiente, maladroite et conquérante sens-tu comme elle est douce à dessiner tes muscles et tes creux, Loras ?
    Bon sang, je perds encore un point à m’enivrer de ton odeur d’homme et ta peau me brule les doigts.
    On s’en fout. Il n’est plus l’heure de compter les points. L’heure est à vivre. A vivre Loras. Aime-moi, je sais aimer.
    J’ai aimé à en crever si tu savais … Cédons cette nuit au désir. Réinvente le plaisir pour moi. Emmène moi au bout de la nuit de caresses en morsures, de mots tendres en mots interdits.

Duel à l’aveugle.
Parfums sur les peaux qu'on découvre, nouveaux, étrangers, d'autant plus enivrants.Halètements qui affolent l’ouïe que la nuit rend plus fine.
Un bref instant seulement, elle se veut dominante, réclamant encore le plaisir de cette bouche inconnue qui garde encore des saveurs d’alcool. S’abandonner et tout prendre de l’autre. Instant fugace alors que les doigts fins effleurent la balafre sur le torse avec une infinie lenteur. Cette boursouflure-là raconte la douleur et le sang, le corps qui devient traitre et faible. L’esprit qui s’égare dans les fièvres. Cet homme que la nuit lui offre est un survivant.

    Si tu dois renaitre à la vie ce soir Loras que ce soit dans la douceur et la chaleur d’une femme. Et que ta renaissance s’invite en un cri de jouissance. Je ne serai ni morsure, ni griffes. Pas de suite du moins. Simplement douce ...


Alors elle se fait tendre. Féline et liane. Ses bras s’enroulent à la nuque du Brun, ses doigts s’emmêlent dans les longues mèches sombres. Et déjà elle quémande et s’avoue vaincue dans un feulement plaintif : Encore….Embrasse-moi encore.
    Apprends-moi que je suis vivante encore Loras….
    La Reyne se découvre…
    Pour faire échec au Roy ou pour lui offrir un trône ? Le Diable seul le sait…
    Dieu nous a abandonnés tu sais ça Loras ? Prenons sa place cette nuit.

    Ne joue plus s’il te plait… Viens te perdre et mourir en moi !

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
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