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Un ménestrel à Millau

Legende_
Citation:
Vous voilà ici, vous ?


Un instant qui s'arrête, une voix qui l'interpelle, qui l'a fait tressaillir ... se reprendre ne pas montrer son émoi, le rouge qui monte à ses joues, respirer profondément, calmer les battements de son coeur ....

Elle ne l'a pas entendu arriver, toute à l'écoute de la voix envoûtante de l'artiste. Lentement elle détourne son regard de la place, se tourne à demi et répond d'une voix basse

oui me voila la .......

Et la voici qui bafouille bêtement, tourneboulée qu'elle est, par la voix du troubadour et par celle qui vient de lui murmurer quelques mots. Elle serre ses poings, les enfonce dans les poches de son mantel. Ce faisant, ses doigts touchent son lance pierre caché dans les replis de ses jupons, une présence rassurante qui lui permet de recouvrer ses esprits.

Elle répond d'une voix toujours basse mais un peu plus assurée

Je suis de retour, j'ai lutté contre la fatalité qui a failli m'emporter mais je suis la et je compte bien ne plus me laisser surprendre

Elle laisse traîner son regard dans le vague puis revient le poser sur l'homme au milieu de la place. Il a terminé sa chanson, discrètement elle applaudi ...
Theobaldletroubadour
Au jugé, Théobald évalua son public. Les gens venus l'écouter semblaient plutôt attentifs. Mais, à la faveur de sa pause, leur attention se dispersait. Il devait enchaîner, sous peine de les perdre. Ce qu'il fit sans hésiter :

Pendant de nombreuses années, j'ai accompagné un grand homme. Lorsqu'il est mort sous les remparts d'Angers, en 1460, j'ai été fort triste. L’apathie est en Angers. Pour me réconforter, le sergent m'a alors dit : « L’ennui porte conseil ».

Mon défunt ami était un joyeux drille. D'ailleurs, il disait souvent "Toute salade vit aux dépens de celui qui l’égoutte". Il n'aimait pas les philosophes. Il considérait que les philosophes ressemblaient sans le savoir aux fourrures. Tous deux attirent les mythes. Il préférait les tavernes, et enchaînait bière sur bière. Il avait de la cuite dans les idées.

Comme il fabriquait des chausses, tout le monde, dans le village, l'appelait « le chausseur sachant chausser ». Il vivait dans le Duché de Savoie. Là bas, le chasseur alpin, le boulanger aussi.

Un jour, quelqu'un frappe à sa porte. Il ouvre : deux soeurs lui demandent : "Pourriez-vous nous faire un don pour notre asile de vieilles dames?" - "Certainement" leur répond t-il, "je vais vous donner ma belle-mère".

Moi, je n'ai jamais été marié. Pourtant, je me suis cherché une âme soeur, mais je n'ai trouvé qu'un confrère. Pas grave : on dit que l'amour est à la portée de toutes les bourses.


Theobald s'arrêta de nouveau, cette fois ci pour boire un peu d'eau. C'est qu'être ménestrel, cela donnait soif...
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Théobald
conteur, chansonnier, amuseur

"La vie...est une histoire racontée par un idiot, pleine de fureur et de bruit, et qui ne signifie rien" (William Shakespeare)
Ellen..
A l'évidence, elle n'avait pas encore perdu cet accent si marqué de son pays. Et les mots du musicien la firent s'empourprer quelque peu. Repoussant une mèche rousse que le vent s'amusait à faire glisser sur son nez, la jeune angloyse se contenta d'un sourire à l'attention de l'homme. Elle n'était pas bavarde. Surtout pas à Millau.

Ellen ne vit pas arriver les autres personnes et lorsque le troubadour se remit à chanter, elle l'écouta, tout en tapant légèrement du pied au sol, en rythme. La musique était un art que la jeune femme avait appris. Mais le seul instrument qu'elle avait jamais maîtrisé ne sortait pas dans les rues. Tout en écoutant, elle observait avec attention les doigts du ménestrel. Ceux de sa main gauche couraient sur les cordes, les pinçant en divers endroits tandis que les doigts de la main droite tiraient en rythme sur celles-ci. Petit à petit le rythme de la chanson doucement s'accéléra. L'envie de danser titilla la jeune femme et elle s'autorisa, sourire aux lèvres, un léger mouvement de balancement.
Le rythme s'accélérant, Ellen osa même tourner sur elle-même, une ou deux fois, telle un tourbillon de vent d'automne. Quelques feuilles volèrent d'ailleurs, dans le sillon de sa longue jupe grise, virevoltante.

La chanson prit fin et Ellen s'arrêta elle aussi, les joues rosées et la joie au visage. Déjà le jeune homme s'était lancé dans un récit dont elle ne perçut pas toutes les finesses. Quand il s'interrompit pour boire quelques gorgées, la jeune Angloyse s'approcha de lui .


Votre oreille ne vous a pas trompée au sujet de mes origines. Je viens en effet de plus loin que la Normandie. Dans mon pays, on ne parle pas françois et les gens aiment la bière. Le temps est pluvieux mais nous chantons beaucoup pour garder l'enthousiasme et la joie de vivre. Peut-être connaissez-vous l'une ou l'autre balade ...

Les yeux de la jeune rousse s'illuminèrent à ce souvenir. Elle s'interrompit puis ajouta

Les balades sont évidemment plus ... mélancolique ...

L'émotion causée par des souvenirs soudain revenus à sa mémoire envahit Ellen.
Elle sourit au ménestrel, hésita un instant puis comme il restait silencieux, elle ferma les yeux et entonna un air de là-bas


Theobaldletroubadour
La jeune femme rousse dont le ménestrel avait brièvement brossé le portrait semblait sensible à ses chansons, plus qu'à ses pitreries. Et elle s'autorisa même un pas de danse.

Theobald sourit : tout le bonheur de son métier consistait à en apporter aux autres. Marchand de bonheur : un métier que, malgré les difficultés et les aléas, il n'échangerait pour rien au monde.

Ses propos concernant ses origines confirmèrent ce qu'il avait intuitivement deviné. Oh, pas si intuitivement que cela, d'ailleurs. L'homme avait ses ficelles, qu'il n'entendait pas révéler à son public. Cette part de mystère faisait partie intégrante du divertissement qu'il procurait.

Mais le charme n'était pas l'unique atout de son interlocutrice. Sa voix pure et profonde lui procurait des frissons. Et son accent acheva de confirmer ce qu'il subodorait :


Anglaise, écossaise ou irlandaise, damoiselle. Votre accent me rappelle le voyage que je fis aux côtés d'un grand homme, aujourd'hui disparu. A ses côtés, j'ai parcouru le pays du sud au nord. De ce périple, je garde le souvenir d'une chanson apprise en taverne, dont j'ai modifié les paroles en français pour les habitants de ce Royaume.

Et s'emparant de son luth, l'homme entonna :

Lorsque j'ai la boulasse
Le soir en taverne
Hey, Hey, l'amour me prend
Je conte fleurette
à toutes les belles
Fuyez loin si l'amour me prend

Alors je me trouve seul
Sans femme à aimer
Hey, Hey, l'amour me prend
La tristesse me gagne
Je pleure dans ma bière
Fuyez loin si l'amour me prend

Et quand le lendemain
A jeun j'y repense
Hey, Hey, l'amour me prend
Je vais voir la belle
M'excuse à ses pieds
Fuyez loin si l'amour me prend


Parachevant sa chanson de quelques accords supplémentaires, Théobald se fendit d'une révérence, tout autant pour son auditoire que pour celle avec qui il conversait.
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Théobald
conteur, chansonnier, amuseur

"La vie...est une histoire racontée par un idiot, pleine de fureur et de bruit, et qui ne signifie rien" (William Shakespeare)
Theobaldletroubadour
Les personnes sur la place partaient vaquer à leurs occupations, alors que le ménestrel terminait sa chanson. Etait-ce à dire que Sainte Boulasse n'était pas en odeur de sainteté en cette cité ? Peut-être quelqu'un devait-il en avertir les autorités ecclésiastiques.

Si, donc, le spectacle était terminé, une autre tâche devait débuter, celle qui permettrait à Theobald de dîner et, pourquoi pas, souper. Le ménestrel remit derrière son dos son fidèle luth. Lui, au moins, ne tentait pas de filer à l'anglaise. Il harangua les auditeurs :


Merci pour votre attention. Et maintenant, arrive le grand moment. Le moment où chacun essaie de partir le plus discrètement possible, le moment où chacun dévisage son voisin, pour savoir que faire, le moment où chacun ouvre sa bourse afin de compter ses deniers.

Car, oui, maintenant arrive le moment où je passe parmi vous afin de solliciter votre remerciement en espèces sonnantes et trébuchantes pour le temps que nous avons passé ensemble. J'espère vous avoir diverti. Si tel est le cas, alors que votre bon cœur me le manifeste par quelques deniers. Et merci encore à vous.


Sur ces quelques paroles, Theobald sortit de son sac sa cébille, l'essuya avec son vêtement que la poussière des routes avait fait virer au gris et entreprit de faire la quête.
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Théobald
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Adhalbert
Une langue habile, un don pour les sonorités rassurantes, le poète avait fait mouche, sans aucun doute, à en juger par les joues rouges de plusieurs des auditrices. Pour sa part, le tribun, jeune homme avec une certaine éducation, mais sans aucun talent particulier à mettre publiquement en avant, n'en avait pas moins apprécié le cran de l'artiste. Cette cité si tant décriée par ceux qui la fuyaient pour faire fortune, ou devenir un animal politique, avait eu, ce jour présent, une belle animation. Une angloyse subjuguée, une pécheresse sans autre mot pour le jeune homme que ceux qu'il avait déjà entendu maintes fois...Bref, les réjouissances musicales étant terminées, il s'avança pour donner son du au troubadour.

Millau vous remercie, Messer. J'ose parler en son nom, même si son cœur est bien peu vaillant. Mais votre gout des mots saura trouver un sens à cette phrase.

Fouillant dans sa bourse peu garnie, il en sortit deux écus. La farce en valait bien cette ponction.
Ellen..
La sensibilité de la jeune angloyse fut une nouvelle fois touchée par les mots et la musique. Elle applaudit le ménestrel, dès la fin de sa chanson.

Elle attendit ensuite que les quelques personnes encore présentes déposent - ou non - quelques deniers d'encouragement au creux de la cébille. C'est alors qu'elle se rendit compte que l'ancien maire du village se tenait lui aussi non loin de l'artiste. Elle s'apprêtait à le saluer jovialement quand il s'avança, l'air préoccupé comme souvent, trop occupé sans doute à faire face à ses propres démons. Ellen écouta ses mots et attendit ensuite qu'il pose son don dans l'escarcelle du musicien.

Elle s'adressa alors au représentant de la ville et le gratifia d'un
Le bon jour vous va, Adhalbert. Que diriez-vous de passer un moment ensemble en taverne ?

Puis, elle se tourna vers Theobald et lui glissa à l'oreille
Je tiens à vous inviter, vous aussi, pas forcément en même temps que le tribun ceci dit. Les souvenirs que vous avez réveillés en moi valent bien un repas convivial au chaud et autour d'une table.


Theobaldletroubadour
Theobald reçut les deniers du Tribun et de la jeune angloyse avec un sourire et un hochement de tête, en guise de remerciement.

Il avait croisé le Tribun en taverne, en même temps que le Maire, et avait honoré la promesse faite aux deux hommes de se produire en spectacle. Une démarche qui portait ses fruits, puisqu'elle lui avait permis de croiser deux autres villageois. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Ou, comme l'aurait dit la jeune angloyse en sa langue maternelle, Little brooks make great rivers.

Mais voilà que cette dernière lui proposait de partager avec elle un repas chaud. Ah...Voilà qui devenait intéressant. Moins pour conter fleurette, quoique la damoiselle n'était point dénuée de charme, que pour apprendre un peu mieux à connaître cette cité et ceux qui l'habitaient. Et puis, un vrai bon repas n'était point à négliger pour celui qui vivait encore dans le taudis municipal.


Je serais enchanté de partager avec vous bonne nourriture. Et croyez bien que la présence de Messire Tribun ne sera point une gêne pour moi. Sauf si vous souhaitez discuter avec lui d'affaires privées. Bonne chair et bonne compagnie marchent en couple.

Tout en rangeant ses précieux deniers en un pli de son vêtement connu de lui seul, Theobald surveillait du regard les personnes présentes sur la place.
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Théobald
conteur, chansonnier, amuseur

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